Après une très très longue absence, à cause de l'université et de mes cours de psycho qui me rendent presque plus dingue qu'avant, sans compter des fics en anglais qui ont gruger sur mon temps et les fameux jeux vidéo dont je suis toujours adepte, me revoici avec enfin, la suite d'Honesty. C'est bizarre de poursuivre en connaissant la fin de fullmetal. J'ai presque eu l'occasion d'écouter l'anime de Brotherhood en entier. Ce que c'est bon! Enfin, je voulais remercier Ayma pour son retour et lui dire que sans ses nombreuses reviews, je n'aurais sûrement pas renouer avec cette histoire aussi vite. Et même à ça, j'ai pris full de temps pour m'y remettre vraiment. Désolée encore pour l'attente. Je devrais conclure Honesty bientôt pour me consacrer à d'autres projets, mais je veux que vous sachiez que j'aime toujours autant cette histoire qu'avant. Et je suis contente de voir qu'elle continue d'être lue et de faire le plaisir à des gens. Merci pour le soutien de tout ceux et celles qui ont pu passer sur la page d'Honesty pour voir les mésaventures de Roy et Riza. Et bonne lecture!

Chapitre 16 – Honesty

Roy s'assit sur la banquette arrière avec Hugo. Riza semblait légèrement mal à l'aise en face de lui, comme si elle l'avait traité comme un étranger pendant trop longtemps pour retrouver immédiatement l'espèce de connexion qui les avait toujours lié et permis de se comprendre quoi qu'il se passe. La voiture démarra doucement et Riza conduisait comme Roy se le rappelait, à une vitesse réglementaire que même sa nervosité ne parvenait pas à rendre excessive. Le petit parlait beaucoup et son père s'étonnait de l'entendre lui décrire les rues de Central. Il devinait les gens et leur chi à travers la voiture, mais il apprécia très vite de pouvoir s'imaginer l'aspect des architectures de briques et de pierre qu'il ne pouvait plus détailler lui-même. Il gardait une main autour des épaules du petit garçon assis à côté de lui, content de se sentir si facilement accepté par son fils. Il était profondément heureux, mais conscient également que pour l'instant, sa petite famille l'accueillait en faisant d'énormes efforts pour ne pas le mettre dans une situation embarrassante.

Il aurait voulu parler à Riza, mais devant son silence, il préféra s'occuper davantage de Hugo. Il ne pouvait se douter que l'apparente nervosité de la jeune femme ne masquait en fait que son ardent désir de voir le père de son fils nouer et développer une véritable amitié avec son enfant. Elle les regardait dans le rétroviseur. Hugo ressemblait tellement à Roy. Il était son portrait craché. Son bébé avait grandi si vite et agissait comme un enfant beaucoup plus vieux. Peut-être avait-il sentit que sa mère avait besoin de son appui le plus tôt possible? Peut-être que Jean et tous les autres soldats avaient trop stimuler le gamin. Il aurait du être encore un bébé, pourtant, il parlait, marchait et avait une compréhension du monde extérieur impressionnante. Il fallait dire que déjà à la naissance, c'était un gros bébé. Il semblait grandir plus vite que les enfants normaux. Était-ce simplement du au hasard ou à la nécessité de la situation de sa mère? Riza ne voulait pas trop s'interroger sur la question. Elle était contente de ne pas être la seule à pouvoir réconforter Roy de son emprisonnement. Elle ne se sentait pas prête à l'affronter avec Hugo pour les observer. Cette réalité n'avait pas encore pu s'imposer à elle. Elle voulait retrouver Roy seule à seul. Et elle attendrait d'abord qu'il apprenne à connaître son fils. Leur fils.

-Ça y est, on est arrivé. C'est l'appartement de maman. Oncle Jean dit qu'elle aurait pu déménager depuis le temps, mais elle n'a pas voulu, même si c'était petit. Hayate devrait être content de te revoir. Il était très excité quand nous sommes parti ce matin!

Roy ouvrit la portière de la voiture à Hugo et le laissa débarquer le premier. Le petit était encore un peu incertain sur ses jambes, mais sa mère, déjà descendu de l'automobile le surveillait. Roy suivit et réussit tant bien que mal à verrouiller sa portière et la refermer sans se faire mal. Il eut cependant une certaine difficulté à grimper les marches avec Riza et Hugo dans les jambes. Pour la sécurité du petit, la jeune soldate marchait devant, alors que son père fermait la marche, mais pour un aveugle, gravir un escalier d'acier rendu légèrement inégale par la rouille et le temps ne représentait pas une tâche facile. Roy en vint pourtant à bout.

Il se fit une note mentale à propos d'exercice quotidien pour s'adapter aussi vite que possible à ce nouvel environnement. À la prison, sa condition d'aveugle ne l'handicapait pas tellement, puisqu'il arpentait presque toujours la même cellule et accomplissait les mêmes gestes mécaniques. Facile d'apprendre par cœur la position de chaque chose. Au-dehors, tout était comme une attaque à son intégrité. Une constante adaptation. Heureusement qu'il pouvait se fier au chi de sa femme et de son fils pour s'y retrouver un peu. Il repéra black hayate dans l'appartement en sentant son énergie d'abord, avant de percevoir des aboiements joyeux face aux bruits de clé que faisait Riza en débarrant la porte d'entrée.

Hugo lâcha la main de son père pour attraper Black Hayate, alors que Riza venait prendre le bras de Roy pour le guider sommairement dans l'appartement. Il ne put pas constater grand-chose, se sentant un peu bouleversé par tout ce qui se produisait soudainement dans sa vie. Il était libre, libre! Il était aveugle comme une taupe et faillit trébucher sur Black hayate qui s'était jeté devant lui dans son excitation à la vue de ce type familier.

-Tout doux, Hayate, tout doux, souffla Riza.

Hugo rit doucement et Roy essaya de se calmer en ressentant le besoin de se raccrocher à la main que Riza avait posé sur lui. Il ne voulait pas paraître faible. Pas devant Riza. Et encore moins devant son fils, et cela même si le gamin ne pouvait même pas en prendre conscience à l'âge qu'il avait.

-Est-ce que vous avez faim, les garçons?

-Oui! s'exclama Hugo.

Il semblait très éveillé et d'autant plus enthousiaste maintenant qu'il se retrouvait dans son élément. Roy acquiesça doucement, tout en craignant de passer pour un imbécile à table. Il était capable de manger aussi poliment qu'autrefois, mais malgré lui, il avait toujours l'impression que tout le monde le fixait et guettait la moindre de ses fautes depuis qu'il était aveugle. C'était idiot, peut-être, mais techniquement, il n'avait aucune manière de vérifier si on l'observait ou non. Soit la méfiance qui l'avait si longtemps suivi par le passé refaisait surface, soit il avait développé de nouvelles paranoïas pour remplacer ses anciennes peurs…

-Je vais vous préparer un petit quelque chose. Après ça, je vais devoir vous laisser pour l'après-midi. Tu te souviens, Roy, je t'en avais parler. Jean devrait se remettre à marcher aujourd'hui. La rééducation a été très difficile, mais il va faire ses premiers pas et il tenait beaucoup à ce que je sois avec lui. Il compte demander mon amie Rebecca en mariage s'il parvient à marcher.

-Oh oui, c'est vrai…

Malgré cela, et le fait que Roy soit on ne peut plus heureux de savoir que son ancien second lieutenant avait recouvré l'usage de ses jambes, il ne pouvait s'empêcher de trouver injuste que Riza l'abandonne aussi vite. D'accord, il était un grand garçon et dans d'autres circonstances, il n'aurait aucune raison de se plaindre. Après tout, il avait mérité son séjour en prison. D'un certain point de vue. Enfin…

Riza mitonna une énorme omelette, pleine de viande, de fromage et de légumes, mettant l'eau à la bouche de Roy rien qu'à l'odeur s'échappant de la cuisine. Il aurait bien voulu l'aider, mais elle lui avait refusé l'accès au four et au comptoir de cuisine, répliquant qu'il risquait de se blesser et de la gêner plus qu'autre chose. Comme il savait qu'elle avait raison, une fois de plus, il se plia à son commandement et resta dans le salon, pour jouer avec Hugo et Hayate. Il aurait cru qu'il serait maladroit avec son fils, puisqu'il ne l'avait jamais vu auparavant, mais Hugo n'était pas un enfant difficile. Il n'avait qu'un jouet de prédilection, c'était son imagination. Il demanda à son père de jouer aux alchimistes avec lui et Roy obtempéra volontiers, bien qu'il trouve surprenant qu'un enfant fasse un jeu de ce qui avait autrefois été un des métiers les plus militarisés de leur monde.

Son ancienne lieutenant l'observa alors qu'il se prenait au jeu et sentit une bouffée de chaleur envahir sa poitrine à la vision du père et du fils jouant ensemble. Ils gardaient une certaine distance, qui s'effaça bien vite quand il fut décidé que Black Hayate était le méchant alchimiste Écarlate qu'il devait éliminer. Roy jouait le fullmetal et Hugo avait décidé qu'il était le flame alchemist. Peut-être que les hommes de son père avait raconté trop d'histoires impossibles au petit garçon, mais le gamin avait un bon sens de l'humour. Riza faillit les rejoindre pour les aider à vaincre le méchant homoncule qu'Hayate devait maintenant incarner, mais son omelette la rappela à sa tache.

Quand ils mangèrent tous les trois, assis tous ensemble, Riza sentit ses yeux se mouiller de larmes pour la seconde fois de la journée. Elle était si heureuse, que c'était comme si toute la tension retenue pendant ses trois longues années retombait enfin. Roy la regardait avec des yeux particulièrement doux et leur iris était encore si foncé et brillant qu'un instant, elle ne put pas croire qu'il était aveugle. Elle en voulait tant à ses monstres d'homoncules de lui avoir fait tout ce mal. À chaque fois qu'elle rendait visite à madame Bradley, elle avait de la difficulté à regarder Selim dans les yeux et à lui sourire. Pourtant, il était réellement devenu doux comme un agneau. Et c'était tant mieux pour la pauvre Amélia, qui, autrement, aurait tout perdu en quelques jours.

-Maman? Dis, est-ce que je peux venir voir onc' Jean marcher avec toi?

-Non, je voudrais que tu restes avec ton papa et Hayate. Si tu veux bien, mon trésor.

Le petit acquiesça doucement. Il avait pensé que son père pourrait venir aussi, mais maintenant qu'il y resongeait, le pauvre ne pourrait même pas voir Jean marcher pour de vrai. Cela lui ferait sûrement de la peine. Il se rappelait quelques-unes des discussions qu'il avait eu avec sa mère au sujet de l'infirmité de son père. Il était très mélangé à ce sujet, car Riza avait beau l'avoir bien élevé, il n'était encore qu'un tout petit garçon. Le dîner passa à toute vitesse et Riza du reprendre Hugo, qui mangeait avec ses doigts, s'esclaffant devant la colère de sa mère. Roy ne dit rien, se contentant de ressentir leur présence et de manger sa propre part d'omelette. Riza réussit à remarquer combien ses gestes étaient normaux malgré son handicap. Comment faisait-il pour repérer ce qu'il y avait dans son assiette?

Elle ignorait que Roy avait développé son odorat depuis le temps et s'y fiait presque constamment. Cela servait après tout. Une fois la table débarrassée, Riza les quitta avec un fugace baiser sur la joue de Roy et un autre sur le front d'Hugo.

Le petit s'accrocha à la main de son père et lui tira sur le bras, lui suggérant de lui faire visiter l'appartement. L'attention était touchante, même si elle rappelait à Roy qu'il ne connaissait même pas la configuration des lieux qui avaient vu son fils grandir jusqu'à aujourd'hui. Il avait eu une enfance difficile et un père inconnu, ce qui ne l'aidait pas à apprécier la situation. Père absent, fils manqué. Le petit Hugo semblait parfaitement normal cependant et Roy savait que ce n'était que des racontars de vieilles mégères. Mais il était quand même triste de ne pas avoir pu rencontrer Hugo avant, de ne pas l'avoir bercé quand il pleurait pour soulager sa mère du poids de cette nouvelle obligation qu'il lui avait légué.

Hugo ne montra pas la chambre de sa mère à Roy. Il y avait quelque chose en lui qui trouvait que ce n'était pas convenable. La chambre de Riza était son seul refuge et bien que sa mère semble aimer cet homme, Hugo ne l'inviterait pas à profaner l'unique retraite de sa mère. Pas tant qu'elle n'aurait pas invité elle-même Roy à le faire.

-Ça, c'est ma chambre! déclara Hugo. Quand je suis sage, maman laisse Black Hayate dormir avec moi.

Roy suivit le petit garçon dans la pièce, en regrettant de ne pas pouvoir deviner la couleur des murs ou prévoir où traîneraient les jouets du petit pour ne pas trébucher dessus. Hugo lâcha un instant la main de son père et revint presque aussitôt, pour lui mettre un objet entre les doigts.

-C'est mon jouet préféré, expliqua le gamin.

Roy sourit tout en comprenant qu'il s'agissait d'une toupie. Lui-même en avait déjà eu une à l'âge de son fils. Ça lui semblait si loin. Et si irréel. Son fils. Tout d'un coup, il avait l'impression de comprendre un peu mieux pourquoi Maes ne le lâchait pas avec les photos de sa petite Alicia.

-Je l'ai peinturé moi-même avec maman. Elle a dit qu'un jour, tu pourrais peut-être la voir, puisque le docteur Marcoh a aidé Jean à guérir.

-Le docteur Marcoh?

-C'est un drôle de monsieur, son visage est tout tordu. Mais il est gentil. Pas comme oncle Jean ou maman, mais il est plutôt gentil.

Hugo reprit sa toupie et alla la ranger dans un coin, avant de rattraper la main de son père pour le guider à travers le reste de l'appartement. Il lui montra le coin de Black Hayate, la bibliothèque de Riza où elle avait conservé tous les traités alchimiques de Roy, à sa grande surprise, -Hugo disait que c'était des livres de magie- et enfin, il y avait le salon.

Roy était un peu distrait à l'idée que le docteur Marcoh soit toujours en vie et qu'il ait aidé à soigner Jean. Cela signifiait donc qu'il ne serait peut-être pas aveugle toute sa vie? Lui qui croyait qu'il avait réussi à s'y faire! Il se trompait, bien entendu. Il détestait sa condition et regrettait constamment d'avoir traversé les portes de la connaissance. Pas qu'il aurait pu faire grand-chose, il avait été carrément obligé de faire une simili transmutation humaine…

-Dis, papa, ça fait longtemps que tu connais maman?

L'ancien colonel fut surpris par la question de son fils cette fois. Riza devait déjà lui en avoir parler. À moins qu'elle pense que leur histoire n'intéresserait pas un gamin.

-Ça fait très longtemps, déclara-t-il, essayant un instant de se rappeler quand il avait vu Riza pour la première fois.

C'était comme s'il l'avait toujours connu en fait. Et pourtant, presque à chaque jour, elle continuait de le surprendre.

-Est-ce qu'elle était heureuse quand tu l'as rencontré pour la première fois?

-Pourquoi est-ce que tu me demandes ça Hugo?

-Elle sourit souvent, mais au fond maman a presque toujours l'air triste. Elle a dit que ça changerait et que les choses reviendraient comme avant. Comme avant que je sois là…

La voix d'Hugo changea à cet instant, comme s'il avait peur. Et Roy comprit que l'enfant était aussi inquiet que lui par rapport à l'avenir. Ils ne se connaissaient pas beaucoup. Ils s'entendaient bien, mais Riza était leur seul véritable lien pour l'instant. Et elle avait souffert de l'absence de son colonel. Le petit garçon n'avait pu que le sentir. Et il se demandait comment les choses pourraient redevenir comme elles étaient avant avec lui dans la balance. Il avait peur d'être mis de côté. Sa mère n'avait toujours été qu'à lui. Et maintenant…

-Les choses ne seront jamais comme avant, mais ça ne veut pas dire qu'elles vont empirer, tu sais? Je crois que ta mère voulait dire que l'avenir serait meilleur.

-Je ne veux pas la déranger, fit le petit garçon.

Roy se sentit particulièrement troublé par cette réponse. Comme si Hugo se sentait de trop. Comme s'il prenait conscience qu'à lui seul, il avait transfiguré la vie de sa mère. D'un seul coup, Roy se sentit encore plus proche de son fils. Lui-même avait été abandonné à la naissance avant d'être adopté. Bien qu'il ne se souvienne pas de ses véritables parents, il avait toujours songé qu'il était un poids pour eux, autrement, il ne parvenait pas à comprendre pourquoi on l'aurait laissé tomber.

-Tu ne nous dérangeras jamais Hugo. Si Riza est triste, c'était uniquement de ma faute, pas de la tienne.

-Maman dit que ce n'est la faute de personne.

Roy ne put s'empêcher de sourire. La Riza d'autrefois n'aurait jamais accepté de dire quelque chose de semblable. Elle savait ce que c'était que d'être un coupable. Elle s'en voulait pour tous les morts qu'elle avait rajouté au terrible bilan de la guerre d'Ishbal. Et si Hugo savait, si le petit avait seulement une idée des centaines de dizaines de personnes que le colonel avait réduites en cendre. Le pauvre petit serait terrifié en croisant le regard de son père. Et rien que d'y songer, Roy avait honte. Rien n'effacerait jamais ses crimes. Et un jour, son fils prendrait conscience de cette vérité. Mais parce qu'Hugo le rattachait à ces humains qu'il avait détruit par le passé, parce que le petit le rattachait au monde réel et le rendait plus humain par sa seule existence, Mustang l'aimait déjà.

-Elle a raison, soupira Roy.

Ils restèrent un long moment en silence, avant que le petit ne tire son père par la main et ne le fasse s'asseoir sur le divan du salon. Il s'assit à côté de lui et Black Hayate sembla venir s'installer sur les genoux du gamin, puisque Roy sentait les halètements du chien sur son bras. Hugo tourna la tête vers lui et à travers sa vision du ki de l'enfant, Roy perçu son regard perçant sur lui et tenta de le soutenir, bien qu'il n'ait aucune idée du résultat de sa tentative.

-Dis, tu me raconterais comment tu as rencontré maman?

-Oui, Hugo, si tu veux…

Et Roy s'entendit narrer le tout premier jour de sa première visite chez son maître Hawkeye. Hugo fut surpris d'entendre que sa mère avait déjà été une toute petite fille, comme lui était un petit garçon. Il fut plus étonné encore de comprendre que Black Hayate n'était pas avec Riza à l'époque. Et il interrogea son père pour en savoir plus sur son grand-père. Il lui demanda s'il avait un papa lui aussi, qui serait son autre grand-père. Comme Roy ignorait si ses véritables parents étaient toujours en vie, il préféra s'en tenir au plus simple et à la vérité. Il avait une grand-mère. Elle serait sûrement enchantée de le rencontrer si le colonel pouvait la retracer. Elle devait être en train de se faire dorer aux soleils avec ses filles…

Hugo était terriblement curieux et intelligent. Roy le trouvait jeune pour en demander autant. Il ignorait que le gamin avait atteint l'âge des questions, mais il s'efforça de lui répondre tout du long, avec un plaisir grandissant. C'était si incroyable de se retrouver ici, de découvrir le petit garçon qu'il ne verrait jamais, de l'entendre parler, de pouvoir lui répondre. Pour la première fois. Roy avait peur que son émotion ne paraisse dans sa figure. Mais peut-être qu'à l'inverse, il risquait de demeurer impassible. Il s'efforça de sourire. Il avait peur de mal répondre à Hugo, de dire quelque chose qu'il n'aurait pas du. À un moment donné, il prit l'enfant sur ses genoux. Et quand ses questions se furent taries, le fils du colonel préféra demeurer lové contre son père, l'écoutant lui parler de sa mère, de Black Hayate, de Jean et de missions incroyables. Et avant qu'il ne le sache, le père et le fils s'endormirent l'un contre l'autre, comme incapable de se quitter malgré la fatigue. Ils avaient attendu longtemps pour se voir. Dès le premier jour de sa vie, Hugo avait entendu sa mère lui parler de son père. Il n'avait pas compris à l'époque, mais il avait toujours senti que quelque chose manquait à leur bonheur. Et maintenant, il était là.

Enfin.

Quand Riza rentra à la maison, ce fut pour trouver son homme à demi assoupi sur le divan, avec leur fils endormi contre lui. Elle faillit fondre en larme devant ce tableau qu'elle n'avait même pas osé espérer voir un jour. Mais c'était la vérité. Roy était de retour. Et il ne partirait plus. Il se réveilla en la sentant approcher, sans oser bouger trop vite, de peur de tirer Hugo du pays des songes.

-Laisses, je vais le prendre, murmura-t-elle en percevant son embarras, avant même de le saluer.

Ça lui revenait si simplement, si rapidement. L'impression de former une équipe avec SON colonel. Elle souleva Hugo dans ses bras et le porta jusqu'à sa chambre. Roy se leva, hésitant quant à ce qu'il devait faire, entre la suivre ou l'attendre. Il avait peur de trébucher sur quelque chose et de se couvrir de ridicule. Il ne voulait pas lui rappeler qu'il était aveugle. Il en avait déjà suffisamment conscience. Encore plus spécialement quand elle était là.

Derrière des barreaux, c'était plus facile. Il ne pouvait pas la toucher, sauf si elle lui tendait la main. Il n'était pas obligé de la regarder. Elle n'aurait jamais oser lui dire comment se comporter envers elle avec le garde qui les observait toujours. Et cela faisait trois ans maintenant. Trois ans et des poussières qu'il ne l'avait plus touché sans barrière pour l'empêcher de la serrer dans ses bras. Trois ans depuis qu'il ne l'avait plus revu de ses yeux. Trois ans à entendre sa voix et chercher son énergie pour savoir que tout cela avait vraiment valu la peine. Trois ans à ne revoir que l'image de sa souffrance et de son sang sur le sol, trois ans à se demander s'il n'avait pas rêvé qu'elle avait survécu à ce carnage… Tout ce temps sans elle, sans son corps, sans ses mains, sans son sourire. Ce qu'il aurait voulu savoir quand elle souriait. Il le devinait, mais ce n'était pas suffisant. Ça faisait mal.

Riza le retrouva debout au milieu du salon, l'air complètement perdu dans ses pensées. Elle réprima un sourire désabusé. Il ne changerait donc jamais?

-Roy?

Il eut comme un temps de retard quand il se retourna vers elle. Ses yeux étaient fixés sur le mur derrière elle bien que la jeune femme sache qu'il la cherchait.

-À quoi tu penses? lui demanda-t-elle, s'avançant vers lui de quelques pas.

Elle avait peur de se ruer dans ses bras. Il faisait face à beaucoup de changement à la fois et elle ne voulait pas le brusquer. Même si elle avait besoin de le sentir contre elle. Même si elle voulait lui dire combien il lui avait manqué et l'embrasser là, tout de suite, elle devait prendre en compte la nouvelle épreuve qu'il avait traversé. Il sortait tout juste de prison. Ses cheveux noirs ébouriffés lui donnaient l'air d'une bête effarouchée. Sous la carapace de soldat, il y avait un homme qui ne demandait qu'à être rassurer. Faisait-il encore le poids? L'aimerait-elle encore maintenant, alors qu'il avait été absent si longtemps, alors qu'il avait manqué à tous ses devoirs, alors qu'il était… aveugle?

-À trop de choses, Riz.

Il ferma les yeux un long moment, prenant une profonde inspiration.

-Je ne sais pas si… si je peux être l'homme que j'étais avant, avoua-t-il.

-Si tu n'avais pas été arrêté si longtemps et forcé à être inactif, tu ne te le demanderais même pas.

-Non, ce n'est pas… Ce que je veux dire Riza, c'est que je… Je suis terrifié. Je n'ai aucune idée de ce dont j'ai l'air. Quand je souris, j'ai l'impression que je fais peur à voir. Je ne sais même pas si mes yeux te regardent. Il nous a toujours suffit d'un regard pour nous comprendre. Et j'ai l'impression de sentir dans ton énergie ce que tu ressens, mais je ne peux pas m'empêcher de douter…

-Roy, tu sais très bien qu'il ne faut pas se fier aux apparences.

-Je n'ai plus l'impression de savoir grand-chose.

-Ne dis pas ça. Tu n'as pas le droit de baisser les bras maintenant.

-Ce n'est pas ce que je veux Riza. J'essaie seulement d'être honnête avec toi.

Elle tressaillit légèrement à cette remarque. Parce que l'honnêteté leur avait toujours été nié, depuis le tout début de leur association. Et à ce moment, il n'y avait plus de masque. Plus de barrière. Roy était fragile. Il avait toujours été trop sensible pour son propre bien, mais s'il feignait l'indifférence. Peut-être parce qu'il avait été abandonné si tôt, peut-être parce qu'il croyait en trop d'idéaux enfantins, peut-être parce qu'il n'était encore qu'un petit garçon à ce moment où elle le regardait.

-Tu m'as manqué, murmura-t-elle.

Si les aveux leur étaient permis, elle pouvait bien lui dire cela. Roy fit un pas vers elle. Elle percevait son hésitation, son incertitude. Le poids des trois dernières années, à ne plus pouvoir échanger de regard, à ne plus pouvoir se dire la vérité, à ressentir à distance; il pesait si lourdement sur leurs épaules fatigués. Il avait 34 ans depuis quelques semaines. Il se sentait terriblement plus vieux.

-Tu ne peux pas imaginer…

Elle ferma les yeux un instant, pour ne plus voir son visage baissé devant le sien. Pour ne plus voir ses yeux sombres qui n'arrivaient plus à se fixer sur elle. Elle voulait qu'il la regarde, elle le voulait tellement. Pourquoi avait-il été forcé à payer ce prix? Il n'avait même pas eu le choix… Elle fut surprise quand elle sentit ses bras l'encercler. En quelques secondes, il avait franchi la distance les séparant. Elle sentit son souffle sur son visage, dans son cou. Aussi chaud que dans ses souvenirs. Ses bras étaient encore musclés, encore forts. Tout d'un coup, le poids des années s'envola. Il était avec elle. Elle était dans ses bras. Elle sentait son cœur battre tout prêt du sien.

-Riza, Riza. Ma Riza…, soupira-t-il.

Elle lui rendit son étreinte, des larmes pointant au coin de ses yeux fermés. Ils restèrent serrés dans les bras l'un de l'autre longtemps, sans parler, sans bouger, juste pour sentir la présence de l'autre. Les épaules de Roy frémirent, comme si des sanglots le gagnaient. Et elle aurait pu comprendre. Mais avant qu'elle ne puisse dire un mot, il lui vola un baiser. Elle le réclama aussitôt et leur bouche semblèrent incapable de se quitter dès lors. Elle sentait un peu le tabac et Roy ressentit un mince élan de jalousie à l'égard d'Havoc, qui avait pu réconforter sa Riza tout le temps qu'il passait derrière les barreaux. Mais déjà, elle s'accrochait à sa nuque, s'abandonnant à lui, renversant la tête pour mieux répondre à ses baisers et malgré qu'il ne puisse la voir, Roy devinait comme elle devait être belle. Il détacha ses cheveux. Ils étaient plus longs que jamais. Les mains de son ex-lieutenant se mirent à jouer dans ses mèches folles. Il gémit dans sa bouche offerte.

Il cherchait ses vêtements dans le noir. Elle portait une jupe longue, maintenant il pouvait le dire. Et une blouse sous un veston. C'était vrai que l'automne revenait. Le temps passait trop vite. Il abandonna sa bouche pour parsemer son visage de baisers. Descendre le long de sa gorge. Les pensées se bousculaient dans leurs deux esprits. Il tremblait et elle frissonnait sous ses caresses. Leur corps ne s'était pas oublié. Mais l'attente avait été longue. Et personne n'avait pu les remplacer. La prison ne donnait pas le luxe d'avoir quelques compagnes de cellules et Roy n'avait pas trop le cœur à cela durant son emprisonnement. Il n'y avait plus que Riza dans sa vie.

-Roy, Roy, attends, je t'en prie. On ne peut pas faire ça ici… Viens avec moi, parvint-elle à dire.

Le son de sa voix éveilla davantage de désir en Mustang, mais il pouvait s'accorder au jugement de la femme de ses rêves. Hugo serait légèrement traumatisé s'il surprenait son père tout juste revenu de prison avec sa mère dans une telle situation, si jamais il venait à sortir de sa chambre. Tout en continuant de l'embrasser, il la laissa le guider jusqu'à sa chambre. La pièce était petite selon les quelques relents de trace d'énergie que Roy pouvait pressentir autour de lui, mais il était trop absorbé par Riza pour faire attention au mobilier et au reste. Même s'il avait pu le voir, il ne s'en serait pas rappelé.

La porte se referma derrière eux avec un léger déclic. Elle l'attira sur le lit. Roy fit durer ses caresses et ses baisers, étirant les préliminaires, murmurant des mots doux à Riza. Elle se fit aussi câline et attentionnée que lui, chacun voulant savourer ses retrouvailles tant attendues. Elle observa qu'il avait maigri, encore. Il n'était que du muscle et des nerfs. Mais il n'était pas encore maigre. Et il était toujours beau.

À un moment donné, Roy se redressa au-dessus d'elle, comme pour mieux la regarder. À bout de souffle et de nerfs, ils échangèrent un très long regard. Et il acheva de la découvrir avec ses mains et sa bouche, pour mieux redessiner l'image gravée dans sa mémoire, pour vraiment la voir, au-delà de son énergie exacerbé, au-delà du chi qu'il avait appris à sentir. Et elle était belle. Belle à en pleurer.

Ils firent l'amour. Encore et encore, à en perdre la raison. La nuit semblait trop courte, comme autrefois, mais meilleure, car ils savaient qu'il y en aurait d'autres pour la suivre. Ils avaient le droit d'être ensemble. Parce qu'il n'était plus son colonel et qu'elle n'était plus son lieutenant. Il n'était plus soldat. Tout juste alchimiste d'état. Il n'était plus qu'un homme et il était le sien. Au bout de la nuit, alors que le soleil pointait à peine ses rayons à travers la petite fenêtre de la chambre, serrée contre Roy Mustang, Riza éprouvait une félicité sans commune mesure.

-Je t'aime, chuchota-t-il au creux de son oreille.

Elle sourit en se retournant dans ses bras. Elle lui répéta ses mots, comme elle les avait déjà dit et adorait les dire. Sa tendre voix mit un peu de baume sur le cœur fatigué de Roy. Ce n'était pas un rêve, ça ne pouvait en être un. Pas après tous les sacrifices qu'ils avaient fait. Ils étaient bel et bien ensemble. Ils s'endormirent ainsi, rassurés. Et au petit matin, quand Roy réveilla Riza à cause d'un cauchemar, elle souriait, bien qu'il ne s'en aperçu pas. Les cicatrices du passé étaient encore là. Toutes aussi douloureuses que lorsque leurs plaies étaient béantes. Mais aujourd'hui, elle pouvait soigner celles de son colonel. Et c'était déjà beaucoup.

F.I.N.

Eh bien, voilà. Je ne sais pas si j'aurais pu faire mieux, mais je vous laisse imaginer le reste. Je sais qu'au départ, je ne dis pas que c'est le dernier chapitre, mais j'ai mis plusieurs mois à le compléter, je travaillais sur beaucoup d'autre projet et finalement, j'en suis arrivé à conclusion que cette histoire, basé sur le principe de suivre le manga, ne pouvait pas s'en éloigner très longtemps. J'ai adoré l'écrire et m'excuse encore pour l'attente que vous avez subi pour lire la finale. Je vous remercie de l'avoir suivi tout du long et d'avoir reviewé. J'espère vous recroiser un jour, dans une autre fic.

Radiklement…