"After the Dream" By Ruth M. King

Auteur : Ruth M. King

Traducteur : Aybarra

Rating : PG-13

Archive: Sam and Jack, anyone else please ask

Spoiler : le film !

DISCLAIMERS: Stargate SG1 is the property of MGM, Showtime, Double Secret and Gekko etc. I'm just playing for a while !

Notes de l'auteur : Voici mon essai pour réécrire Stargate, le film, avec une addition importante... Sam participe à la première mission. Maintenant, beaucoup de dialogues que j'ai utilisés viennent du film, mais quand le DVD commençait à faire de drôles de bruits, j'ai commencé à utiliser la nouvelle pour les références... d'où tout ce que vous voyez qui ne semble pas correct vient de cette source... De surcroît, la nouvelle affirme que la première mission a eu lieu deux ans après la mort de Charlie... puisque nous n'avons aucune autre confirmation dans SG1, je me suis servie de cela aussi.

Note du traducteur : C'est une de mes fics préférées. Un thème abordé maintes fois (la rencontre de Sam et Jack au cours de la première mission sur Abydos) mais traité de manière absolument magistrale par Ruth, avec notamment l'insertion de flashbacks (en italique) et de réflexions de Sara. J'ai beaucoup aimé Sara et les descriptions de ses sentiments.

Concernant les dialogues, je n'ai pas repris exactement ceux du film (j'avais la 'flemme' de repasser les scènes, surtout que je n'ai pas le DVD). J'ai traduit du mieux que j'ai pu (donc si vous remarquez des différences avec la VF, n'en soyez pas surpris ! lol).

Tout comme pour 'The truth between friends', je n'ai pas réussi à obtenir de réponse de Ruth. Je publie donc cette traduction sans son autorisation.

Bonne lecture !

oOoOoOo

Chapitre 1

Ils étaient venus pour Jack.

Sara O'Neill avait peu de doute dans son esprit, alors qu'elle regardait les deux officiers de l'Air Force monter les marches vers la porte d'entrée. Elle songea sérieusement à ignorer le coup bref sur la porte. Si elle ne répondait pas à la porte, il n'était pas question que Jack fasse cela... mais son instinct était trop finement affûté. Sara avait été l'épouse d'un officier de l'Air Force depuis quinze ans et elle connaissait son devoir. Ceci n'était pas différent de tous ces appels téléphoniques, de ces lettres, de ces vacances familiales interrompues... aucune différence du tout.

« Mme. O'Neill ? » questionna le premier officier.

Elle aurait pu le nier, mais ça ne servirait pas à grand-chose. Sara recula pour les laisser entrer. Retournant vers la cuisine, elle reprit ce qui restait de sa cigarette.

« Euh, est-ce que votre mari est à la maison ? » continua-t-il.

« Oui, il est ici, » répondit-elle.

Les officiers se regardèrent. Ils étaient mal à l'aise, mais Sara ne les mit pas à leur aise. Elle se tint simplement là, attendant que l'un d'eux pose l'évidente question.

« Pensez-vous que nous puissions lui parler ? »

« Vous pouvez essayer, » répondit-elle. « En haut des marches, première porte à gauche. »

Son mari était dans la chambre de Charlie. Sara n'avait pas besoin de l'avoir vu pour savoir où il était. Il semblait avoir passé au moins les six derniers mois là... Au début, Sara avait essayé de l'en sortir, mais il avait refusé. A la fin, elle l'avait simplement laissé là, supposant qu'il sortirait quand il serait prêt. Elle attendait toujours.

Dès que les deux hommes disparurent, Sara laissa glisser son masque d'indifférence. Elle écrasa avec colère sa cigarette et, appuyant ses coudes sur le comptoir, laissa sa tête tomber dans ses mains.

Elle l'avait perdu. La lutte était terminée.

Regagnant un peu de son calme, elle grimpa l'escalier, s'arrêtant près de la chambre de son fils. La porte était entrebâillée et elle pouvait entendre le faible murmure des voix.

« Est-ce que vous n'êtes pas inquiets du fait que je sois encore 'instable' ? » demanda la voix de Jack.

C'étaient les premiers mots qu'elle l'entendait prononcer depuis trois semaines.

« Je ne crois pas que vous compreniez, monsieur. Nous vous voulons pour ce projet, à cause de votre condition, » dit l'un des officiers.

Sara se rapprocha d'un peu plus près, regardant à travers l'embrasure de la porte, rencontrant les yeux de son mari. Elle voulait qu'il voie combien elle était effrayée, combien elle l'aimait encore... mais Jack se détourna. Sara en fit de même. Ces hommes étaient venus offrir à Jack une dernière opportunité de gloire. Une mission suicide. Et plus c'était dangereux, plus il était probable qu'il accepterait. Le Ciel savait qu'il avait essayé dur de se tuer lui-même, il n'avait pas vraiment besoin que l'Air Force le fasse pour lui.

Voilà comment leur mariage était destiné à se terminer... un appel téléphonique d'un officier subalterne lui disant d'une voix douce que Jack ne rentrerait pas à la maison. Déjà été là, déjà fait ça... pensa-t-elle. Il était peut-être temps de lâcher. Si ceci était vraiment ce qu'il voulait, pourquoi devrait-elle essayer de l'arrêter ? La bataille était terminée, il avait gagné. Elle redescendit les marches, s'arrêtant dans le salon. Il y avait des photos sur le manteau de la cheminée, des souvenirs de temps plus heureux... Sa préférée était celle de Charlie et de Jack dans leurs habits de baseball, agrippant le petit trophée du championnat. Jack avait été si passionné en entraînant cette équipe, si vivant. Cette photo avait capturé tout ce qu'elle aimait le plus en l'homme.

Des pas sur les marches lui dirent que les officiers partaient. Elle ne se donna pas la peine de les raccompagner et ils se gardèrent bien de lui parler. Là-haut, elle pouvait entendre Jack se déplacer dans leur chambre. Sans vraiment le vouloir, Sara alla voir ce qu'il faisait. Son uniforme était étalé sur le lit. Il brossait les grains de poussière du col et des épaules.

« N'y va pas, » dit Sara, bien que n'ayant pas eu l'intention de parler.

Jack ne répondit pas. Il la regarda seulement pendant quelques secondes.

« S'il te plait, » ajouta-t-elle.

« Ils attendent, » répondit-il.

« Tu n'as pas à faire ceci. »

« J'ai des ordres. »

Il enleva sa chemise et se dirigea vers la salle de bain. La douche se mit en route. Sara le suivit.

« Ne me quitte pas, Jack, » plaida-t-elle, « pas maintenant. »

Des larmes coulaient sur son visage. Des larmes de colère... elle était si en colère contre lui qu'elle pouvait à peine parler. Comment pouvait-il faire cela ? Comment pouvait-il la quitter ? Jack l'ignora. Il entra dans la douche, nettoyant des semaines de sueur et de crasse. Son corps était toujours ferme, malgré les deux années d'abus. Si Sara ne connaissait pas la vérité, elle aurait juré qu'il s'était entraîné tous les jours... pourtant, elle ne ressentit aucun frisson de désir. Il semblait que cette partie de leur mariage était finie également.

Il la serra dans ses bras une fois, avant de partir... Ecrasant son corps contre le sien dans un dernier geste désespéré. Sara se rendit compte qu'elle aurait pu l'arrêter à cette seconde... mais elle avait épuisé tous ses mots. Elle ne put le regarder sortir de la maison et monter dans la voiture qui l'attendait. Pour autant qu'elle était concernée, Jack était mort et il n'y avait aucune raison de croire différemment.

La maison sembla étrangement vide sans lui. Sara se retrouva en train de se diriger vers la chambre de Charlie, s'asseyant sur le lit à l'endroit que Jack avait occupé si récemment, et pleura toutes les larmes de son corps.

oOoOoOo

Ce n'était tout simplement pas juste.

Samantha Carter faisait les cent pas dans ses quartiers exigus, essayant de gérer l'amère déception d'être laissée en arrière.

Et comment se faisait-il que Jackson ait une place dans l'équipe ? Pourquoi le prendre lui et pas elle ? Il pouvait peut-être traduire les symboles, mais si la Porte des étoiles de l'autre côté était endommagée pour quelque raison... merde, ils avaient besoin d'elle... Mais Sam semblait être la seule à penser cela.

Elle avait déjà essayé d'en appeler à Kowalski, mais il n'avait pas et de loin l'autorité nécessaire. Catherine avait bien essayé et Sam avait été incapable d'obtenir un rendez-vous ni avec le Colonel O'Neill ni avec le Général West... Non pas qu'elle voulait spécialement parler à O'Neill. Il était presque l'homme le plus difficile à approcher. Elle l'avait rencontré le jour précédent au mess. Quand elle s'était introduite elle-même, il l'avait presque ignorée. L'homme avait un sérieux problème de comportement. Ca aurait pu être simplement une aversion des femmes officiers, mais il y avait quelque chose derrière ses yeux... ou n'était-ce rien ? Sam avait vu des cadavres qui semblaient avoir plus de vie. Il dirigeait cette mission, n'était-il pas au moins un tout petit peu excité ?

Après deux ans, la Porte des étoiles fonctionnait. Il est vrai que cela avait nécessité la perspicacité de Jackson, mais Sam n'en avait pas vraiment cure. La Porte avait été le centre de son existence et maintenant elle allait être laissée derrière. Son état de service était bon, ses capacités scientifiques sans égales. Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Dans trois heures il serait trop tard. Il devait y avoir quelque chose qu'elle pouvait faire, quelqu'un qu'elle pouvait contacter.

Elle cessa de faire les cent pas.

Elle n'était pas le genre d'officier à se servir de pistons. Elle était fière du fait que ses réussites ne soient dues qu'à elle-même, mais cette situation nécessitait une action drastique. Prenant le téléphone, elle composa le numéro de son père. Comme d'habitude, elle ne réussit à obtenir que son secrétaire, qui lui dit expressément que le Général ne pouvait pas être dérangé. Même en faisant valoir son grade ne persuaderait pas cet homme irritant de changer d'avis, et il lui conseilla simplement de rappeler. La seule fois où elle voulait l'aide de son père et il était coincé dans un quelconque problème pontifiant.

Se jetant sur son lit, Sam fixa le plafond, toujours furieuse. Quel jour était-ce ? Parfois il était difficile de s'en rappeler. Un rapide calcul lui permit de se rendre compte que c'était jeudi. Auquel cas son père n'était pas dans une réunion, il jouait au golf ! Elle dut passer par les renseignements, mais elle réussit finalement à obtenir le numéro de son club. Naturellement, elle dut encore affronter un autre idiot, mais après être restée en ligne presque quarante minutes, elle fut récompensée par le son de la voix de son père.

« Sammie ? Qu'y a-t-il ? »

« Papa... J'ai besoin d'une faveur. »

« Ca doit être quelque chose d'important. »

Il y avait de l'amusement dans la voix de son père. Sam inspira profondément, elle ne pouvait pas laisser débuter une dispute avec lui... pas maintenant.

« Ca l'est... Papa, connais-tu un certain Général West ? »

« Oui... piètre golfeur. Qu'y a-t-il à propos de lui ? »

« Il y a une mission et je dois y aller. »

« Quelle mission ? »

« C'est top secret. »

« Je suppose que ça a quelque chose à voir avec le fait que tu t'es terrée à Cheyenne Mountain pendant deux ans ? »

« Oui. Ecoute Papa, ils ont amené ce type, O'Neill... mais c'est ma mission. Je ne veux pas la commander, je veux seulement y participer. »

« Sam, tu n'as cessé de me répéter de rester loin de ta carrière. Pourquoi est-ce que ceci est différent ? »

« Ca l'est simplement. S'il te plait, Papa... »

« Je vais voir ce que je peux faire. »

« Merci... oh... et si tu pouvais te dépêcher. »

« Alors, raccroche ! »

Sam sourit à elle-même. D'accord, alors ce n'était pas la façon dont elle aimait fonctionner, mais cette mission était trop importante. Elle n'avait pas l'intention de se sentir coupable.

oOoOoOo

Son Père avait dû s'y mettre tout de suite, car une demi-heure plus tard, Sam était convoquée pour voir le Général West. Le Général n'était pas content. C'était visiblement un homme qui avait horreur d'être manipulé.

« Je viens d'avoir une conversation très intéressante avec un membre de l'Etat Major, » commença-t-il.

« Vraiment, monsieur ? » répondit Sam, essayant de paraître innocente.

« Ne jouez pas à cela, Capitaine. Vous savez très bien ce qu'il a dit. »

« Monsieur ? »

« Capitaine... vous passez encore une fois au-dessus moi et je vous renverrai au camp des cadets... vous m'avez compris ? »

« Monsieur, oui, monsieur ! » répondit Sam.

« Et peu importe que votre papa l'apprenne. »

« Oui, Monsieur. »

« Maintenant, allez rassembler vos affaires. Vous partez dans vingt minutes. »

« A vos ordres, Monsieur ! »

Toute la conversation n'avait pris que deux minutes, mais Sam réalisa qu'elle ne s'était pas faite un ami. Peu importe... elle avait obtenu ce qu'elle voulait, ce qui était la seule chose qui importait. A cet instant, elle aurait pu embrasser son père.

Malgré le fait qu'elle avait quelques minutes d'avance, le reste de l'équipe l'attendait dans le couloir à l'extérieur de la salle de la Porte des étoiles. Ses excuses marmonnées furent accueillies par un silence de tombe par O'Neill. Elle pouvait dire qu'il n'était pas impressionné par sa soudaine réaffectation et son humeur semblait avoir affecté tout le reste de l'équipe. Tout au moins, elle s'était attendue à quelques taquineries bon enfant de Kowalski.

Sam elle-même pouvait à peine contenir son excitation. Ceci était l'apogée de ce qui avait été sa vie de travail. La triste vérité était que, si elle se faisait vaporiser, Sam ne croyait pas qu'il y aurait beaucoup de personnes qui s'en soucieraient. Son Père mettrait cela sur le dos de l'expérience militaire, son frère Mark blâmerait le gouvernement et son ex-fiancé... Sam rit, elle ne savait même pas où il était, Dieu merci. Mais Sam n'avait pas de dernière volonté, elle voulait seulement être la première. Etant enfant, elle avait rêvé d'aller dans l'espace, mais ceci... C'était une toute autre planète de l'autre côté ! Même si le reste de l'équipe n'appréciait pas ce fait, Sam certainement l'appréciait. Elle avait passé assez de sa vie à observer les étoiles, imaginant comment c'était là-haut...

« Si quelqu'un a quelque chose à dire, maintenant est le moment de le faire, » commença O'Neill.

« Atchooom ! »

Daniel Jackson éternua. La réaction lui valut un regard noir d'O'Neill, mais l'archéologue resta imperturbable. Sam eut un grand sourire, mais elle se ressaisit lorsque les yeux du Colonel pivota pour rencontrer les siens. Elle dut physiquement s'empêcher de frissonner. Quelque chose en cet homme était morte et enterrée.

« En route, » ordonna-t-il, les menant à travers la porte glissante.

La Porte était déjà active. Sam retint son souffle... le cercle miroitant de lumière était tellement magnifique. La voir du dessus n'était rien comparé au fait de se tenir vraiment devant elle. Elle jeta un coup d'œil dans la salle de contrôle. Catherine était là, sa main agrippée à sa poitrine, le Dr. Shore, le Dr. Myer... Sam ressentit un instant d'amers regrets. Ils devraient être ici aussi...

Leur matériel passa en premier. Sam retint son souffle alors que le FRED passait à travers l'anneau et s'évanouissait. La surface se rida...

« Vous pouvez vraiment voir les fluctuations de l'horizon des événements, » s'entendit-elle murmurer.

O'Neill pivota et lui jeta un regard noir. Il se tenait sur la rampe, silhouetté dans la lumière de la Porte. Sam pensa à s'excuser, mais quelque chose l'arrêta. Pourquoi le devrait-elle ?

« La Porte, monsieur, » expliqua-t-elle, « nous pensons qu'elle génère un vortex stable. »

Il la regarda. La regarda vraiment, et Sam vit l'émotion danser sur son visage.

« Si vous le dites, » murmura-t-il.

Il fit sauter la sécurité de son arme et commença à se diriger vers la Porte. Le reste de l'équipe attendit alors que leur chef s'avançait à travers la surface miroitante et disparaissait.

A cet instant, Sam se sentit plus proche du Dr. Jackson que de ses homologues militaires. Il marchait un peu devant elle et Sam resta en arrière lorsqu'il toucha la surface, son visage se fendant d'un sourire. Il y avait quelque chose de presque enfantin dans cette action. Il passa son visage dans la Porte, son corps suivant rapidement.

C'était son tour. Maintenant que ça y était, elle ressentit vraiment un frisson de peur. Comme Jackson l'avait fait, elle laissa ses doigts effleurer la surface. Cela semblait la saisir, l'aspirant à l'intérieur. Elle jeta à nouveau un coup d'œil en arrière, saisissant les yeux de Catherine.

« Bonne chance, » articula la femme plus âgée.

Sam sourit et s'engagea dans la Porte.

oOoOoOo

Jack O'Neill atterrit sur quelque chose de solide. Il resta étendu là pendant quelques secondes, essayant de garder son déjeuner dans son estomac... et il avait froid... sacrément froid... Les autres seraient juste derrière lui, donc il devait bouger... devait bouger... si Kowalski atterrissait sur lui, il s'en rendrait compte, vraiment. Oh Dieu, il devait vraiment bouger, mais ses membres refusèrent de coopérer. Il se demanda si c'était ainsi que ça allait se terminer... mort écrasé par des soldats des forces spéciales ? Quelle ironie. Sara avait raison après tout. Elle l'avait supplié de ne pas accepter cette mission, pleuré même, mais il n'en avait tenu aucun compte. Elle ne comprenait pas. Il faisait cela pour elle, pour Charlie, pour toutes ces vies qu'il avait réussi à bousiller. Sara n'aurait plus à le voir, elle pourrait alors peut-être commencer à lui pardonner. Sentant ses yeux s'humidifier, Jack refoula ses émotions avant qu'elles ne viennent à bout de lui et se concentra sur où il était effectivement. C'était une sorte de bâtiment. L'air était sec, poussiéreux, presque... frais. Bien que cela aurait pu être le froid résiduel de la Porte.

Il devait se lever... ou il n'y aurait personne pour achever cette mission. D'une manière ou d'une autre, Jack réussit à se remettre tant bien que mal sur ses pieds et sortir du chemin avant que le premier soldat n'atterrisse. Le mouvement rendit la nausée pire, mais il fut reconnaissant de voir que le voyage les affectait tous aussi durement. Même... quel était son nom ? Crater ? Non, Carter, c'était ça. La scientifique... ou disons l'autre scientifique. Il ne savait pas qui elle était, mais avait réalisé qu'elle devait avoir des amis hauts placés. Il n'avait même pas eu le temps d'examiner son dossier, aussi pour autant que Jack fût concerné, elle était une quantité inconnue et donc une responsabilité. Dieu, elle était... Toute en yeux bleus immenses et blonde. Son apparence semblait irradier un enthousiasme interminable. Et qu'est-ce que c'était que ce fichu charabia scientifique qu'elle était en train de débiter ?

Qu'importe. Il était légèrement surpris de voir qu'elle était debout et se déplaçait autour d'elle tandis que Jackson était toujours allongé en un tas informe au pied de la Porte.

« Jackson, tout va bien, c'est fini, » dit Jack, s'assurant d'une main que l'archéologue respirait toujours.

« Restez avec lui, » ordonna-t-il à Brown, s'éloignant pour suivre Carter.

« Jackson, écoutez-moi, bougez. Ca disparaît en une minute, » dit Brown.

« Quelle chute, » souffla Ferretti.

« J'ai l'impression que j'ai été à travers un blizzard... nu, » ajouta Kowalski.

« C'est dû à la décompression que subissent vos molécules, » murmura Carter à elle-même.

Elle ne sembla pas remarquer que tous les autres membres de l'équipe s'étaient tournés pour la fixer.

« Quoi ? » demanda Freeman.

« Oh... eh bien, quand vous passez à travers le vortex... »

« Préparez-vous à sortir ! » Jack la coupa avant qu'elle ne puisse se lancer dans ce qui serait probablement une leçon très longue et ennuyeuse. Elle avait manifestement besoin d'apprendre à garder sa bouche fermée.

Avant qu'ils ne puissent suivre ses ordres, la lumière de la Porte mourut, les laissant dans un noir complet. Jack sortit une fusée éclairante, l'utilisant pour illuminer la salle. Le reste de l'équipe e, fit de même.

« Les trois équipes, on y va ! » ordonna-t-il.

« Equipe blanche, go, » ajouta Kowalski.

Lui et Ferretti menèrent la voie en avant rapidement suivis par Carter et Reilly. Elle semblait suffisamment rapide quand il en venait à suivre les ordres, lui concéda Jack, et elle pouvait se déplacer silencieusement... comme certains gros chats. Seul Jackson hésita, regardant autour de lui en complète fascination.

« Brown, Freeman, fermez la marche, » ordonna Jack, espérant qu'ils feraient avancer Jackson.

Ils sortirent de la chambre, dans une autre similaire, puis une autre... leur chemin conduisant vers le haut. La lumière commença à devenir plus forte et l'air perdit la trace de fraîcheur que les pierres fournissaient. Ils étaient dans une sorte de galerie... la taille de cela inspirait le respect... si Jack avait pu encore trouver l'inspiration dans quelque chose. Ils passèrent à travers une sorte de hall d'entrée, brillamment éclairée comparée à l'obscurité précédente. Au bout il y avait une porte, à travers laquelle ils entraperçurent du bleu, le bleu du ciel. Soudain, de longs après-midi chauds d'été, à jouer au baseball avec Charlie se rappelèrent à Jack... Sara observant du porche.

« Libre. Pas de contact. »

« Figez. Ecoutez. »

Jack fit une pause pour mettre ses lunettes de soleil, cachant ses yeux au monde.

« Un, deux, proportion stable. Conditions similaires à l'intérieur, » rapporta Brown.

« Je veux faire le tour... Kowalski, Ferretti. »

Les deux soldats, firent ce qu'il leur était demandé, menant la voie vers l'extérieur. Ils prirent position juste à l'extérieur de la porte. Carter et Reilly sortirent ensuite, avec Brown et Freeman couvrant toujours l'arrière.

Jack fit alors ses premiers pas dans ce monde nouveau. Mince, mais il faisait chaud. Rien que de descendre la rampe suffit à le faire suer. C'était un monde de désert. Vaguement conscient que Jackson le suivait, Jack grimpa la dune la plus proche. Seulement alors regarda-t-il vraiment autour de lui. Du sable, du sable, encore plus de sable et puis...

Une pyramide. Pendant une seconde, Jack cessa de respirer. Il y avait peu de doute maintenant qu'ils n'étaient plus sur Terre. Trois immenses lunes s'accrochaient dans le ciel au-dessus, assez grosses pour être vues malgré le soleil éclatant. Un autre monde, une autre planète...

« Je le savais, » murmura Jackson.

Jack avait entendu parler de la théorie de l'archéologue... et il semblait que le gamin avait raison... présumant qu'il pourrait rentrer sur Terre et pourrait le dire à quelqu'un. Ce qui ramena les ordres de Jack à son esprit. Pendant une seconde, là, la splendeur de son environnement avait obscurci son jugement.

La première chose qu'il devait faire était de s'assurer que son équipe retourne à la maison en sécurité. Jackson redescendit précipitamment la dune, vers la pyramide, manifestement faisant l'expérience d'une sorte de révélation archéologique. Le reste de l'équipe s'était répandu au pied de la dune, exécutant leurs tâches. Jack aperçut les cheveux blonds de Carter alors qu'elle disparaissait à un coin du bâtiment. Il se retrouva encore à se demander ce qu'elle était exactement venue trouver ici. Peu importait. Elle n'allait pas avoir le temps.

Il tourna son dos à la pyramide et prit une cigarette. Il avait arrêté pendant un temps, mais cela ne semblait pas vraiment valoir l'effort maintenant. La plus faible trace de brise agita les dunes, remuant le sable à ses pieds. Ses yeux scrutèrent l'horizon, cherchant un signe qu'ils n'étaient pas seuls sur ce monde. Rien. Pourtant, il se sentait mal à l'aise. Pourquoi quelqu'un se donnerait-il la peine de construire un bâtiment de cette taille au milieu du désert ? Il y avait quelque chose ici qu'il ne comprenait pas... ne voulait pas comprendre. Pas la peine d'y penser... Nerveusement, il redescendit tant bien que mal la dune, « Rapport, » ordonna-t-il.

« Notre périmètre de surveillance vient d'être bouclé, monsieur, » répondit Kowalski.

« Remballez tout ça et tout le monde rentre à l'intérieur. Je vous veux tous à travers la Porte des étoiles dans moins d'une heure. »

« Vous venez avec nous, n'est-ce pas mon Colonel ? »

Jack ignora cette question, choisissant de se diriger vers Jackson.

« Monsieur ? » répéta Kowalski.

L'archéologue descendait la rampe, sa concentration fixée sur le calepin dans sa main.

« Jackson ? Commencez à travailler sur la Porte des étoiles, » ordonna Jack.

Au bord de sa vision, Jack remarqua Carter s'avancer vers Kowalski.

« Pourquoi cela ? » l'entendit-il demander.

« Je ne sais pas, Carter. »

Elle semblait déçue. Eh bien, c'est trop dommage. Ce n'était pas une mission pour les scientifiques, malgré le fait qu'il avait été forcé d'en emmener deux.

« Je vais avoir besoin de plus de temps. C'est obligé qu'il y ait plus de constructions ici, ou d'autres traces d'une civilisation, » protesta Jackson.

« Pas pour ce voyage, revenez là-dedans et rétablissez le contact, » répondit Jack.

Sa conversation attira l'intérêt des autres membres de l'équipe. Ils formèrent un demi-cercle lâche autour de leur supérieur, fixant l'homme qui osait remettre en cause un ordre direct.

« Ce n'est pas si simple, ceci est une réplique de la Grande Pyramide de Gizeh. Nous ne trouverons pas d'inscriptions en hiéroglyphes ou de bas-reliefs. Je veux dire que nous devons vraiment regarder autour de nous davantage, » continua Jackson.

« Votre job est de réaligner la Porte des étoiles. Pouvez-vous faire cela ? »

Jackson sembla acquiescer avant de répondre... « Non, je ne peux pas. »

« Vous ne pouvez ou ne voulez pas ? »

« Je peux déchiffrer les symboles sur la Porte des étoiles, mais j'ai besoin d'une séquence d'alignement. Ces coordonnées étaient sur des tablettes sur Terre. Il doit y avoir ici quelque chose comme cela et je dois simplement les trouver. »

Jack aurait dû être surpris, mais quelque part il ne l'était pas. Jusque-là, la mission avait été bien trop facile. Il se sentit sourire. Le reste de l'équipe n'allait pas être si calme.

« Les trouver ? Que voulez-vous dire par les trouver ? Vous n'aviez pas parlé de trouver quelque chose, » cria Kowalski.

« Eh bien, je présumais que les tablettes seraient ici, » protesta Jackson.

« Vous présumiez ! » Jack arrivait à peine à croire ce qu'il entendait... Présumé ! Jackson avait juré qu'il pourrait les ramener à la maison. C'était la seule raison pour laquelle cette mission avait eu le feu vert. Il jeta un coup d'œil au reste de ses hommes, enregistrant leur déception. Ils avaient tous de la famille et une vie, ils ne voulaient pas être coincés ici.

« Vous êtes un putain de salaud de menteur ! Vous n'aviez pas dit un mot à propos de trouver quelque chose ! » continua Kowalski. S'avançant il mit à terre Jackson. Il aurait probablement sérieusement blessé l'archéologue et, aussi tentant que cela semblât, Jack ne pouvait pas laisser cela arriver. Le jeune homme représentait toujours leur seule chance de rentrer sur Terre.

« Kowalski ! » Jack interrompit la tirade, « Montez le camp ici. Organisez nos provisions. »

« Monsieur... ! »

« Vous avez vos ordres. »

Il semblait que l'insubordination s'étendait. Jack garda son visage impassible lorsqu'il fit face à Kowalski, laissant peu de doute dans l'esprit de l'autre homme sur ce qui se passerait s'il ne suivait pas les ordres. Ce fut suffisant pour raisonner Kowalski, et le reste de l'équipe suivit. Ils ne feraient pas de mal à Jackson, mais ils feraient probablement de sa vie un enfer jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de rentrer à la maison. Seule Carter parut légèrement compatissante. Elle hésita quelques secondes et il sembla qu'elle allait offrir à Jackson quelques mots de soutien, mais à la fin elle se retourna et suivit les autres dans la pyramide.

oOoOoOo

Elle déposa sa dernière charge dans le sable et s'écroula à côté. Il faisait chaud ici... plus que chaud. Elle résista à la tentation d'essuyer la pellicule de sueur de sa peau. Le reste des gars avait ôté leur veste, mais Sam était réticente à les imiter. Elle ne portait qu'un haut court sous son t-shirt, lequel montrait un peu trop son nombril à son goût. De plus, sa peau était sujette aux coups de soleil et elle n'avait pas pris tellement de crème solaire. La sonde du MALP n'avait été d'aucun intérêt quant à prédire les conditions à l'extérieur.

Le reste de l'équipe était allongé paresseusement à l'ombre de l'abri qu'ils avaient érigé... éloigné du Dr. Jackson, qui était assis sous le soleil, grignotant une barre chocolatée. Il ne semblait pas remarquer la chaleur. En fait, il semblait assez inconscient de tout ce qui se passait. La seule autre personne qui semblait manquer était O'Neill. Elle l'avait vu rentrer dans la pyramide après qu'ils aient fini de décharger les provisions. Cependant, ce qu'il espérait trouver à l'intérieur, elle n'en était pas certaine. Il n'avait pas l'air d'être du type intellectuel.

« Hé, Carter ! » elle leva les yeux pour voir Kowalski debout devant elle.

Il lui lança une gourde d'eau et sourit.

« Merci, » dit Sam.

Elle prit une gorgée d'eau... elle était chaude, mais c'était mieux que rien.

« Je pensais, » continua Kowalski.

« A quoi ? » demanda Ferretti.

« Planète Kowalski. »

« Planète Kowalski ? »

« Oui. »

« Qui a dit ça ? »

« Tu as une meilleure idée ? »

« Je pourrais en trouver une... et pourquoi pas Ferretti ? »

« Nan... ça ne sonne pas bien... Qu'en penses-tu Carter ? »

Sam fut surprise d'être incluse dans leur conversation. Elle ne s'était pas attendue à être acceptée si facilement... bien qu'elle se demandât s'il lui parlait dans le but d'exclure davantage le Dr. Jackson, pourtant une part d'elle fut pathétiquement reconnaissante.

« Je suis désolée... il faut que ce soit Samantha, » sourit-elle. « Pas de protestation. »

Ils se regardèrent les uns les autres puis elle, avant de secouer leurs têtes tous en même temps.

« Alors, » continua-t-elle, « O'Neill... quel est son problème ? »

« Je ne sais pas, » Ferretti haussa les épaules.

« J'ai servi avec lui en 82, il était un type totalement différent, » ajouta Kowalski.

« En quel sens ? » demanda Sam.

Elle ne savait pas pourquoi elle était si curieuse de son nouveau supérieur, mais elle semblait ne pas pouvoir s'en empêcher. Il l'intriguait ? Il y avait quelque chose en lui... Bien sûr c'était un bel homme, mais c'était plus que cela.

« J'ne sais pas... » continua Kowalski. « Il était simplement... c'était un type vraiment drôle. Il avait l'habitude de dire des trucs pour nous faire rire et alléger la tension. Laissez-moi vous dire, certaines des missions que nous avons faites... nous en avions besoin. Je veux dire il était seulement Capitaine à cette époque, mais nous l'aurions suivi en enfer s'il le fallait. Il était toujours là pour ses hommes. Ne jamais laisser personne en arrière, peu importe le prix. »

« Et maintenant... ? » interrogea Sam.

« Apparemment... quelque chose lui est arrivé. Quelque chose de mauvais... pas seulement les forces spéciales... Mais il a sauvé mes fesses plus d'une fois, ce genre de choses vous attache aux gens, quels que soient les problèmes qu'ils peuvent avoir. »

« Je suppose. »

« Bon Dieu, qu'est-ce que fait ce con... ? » interrompit Ferretti.

Son attention était fixée sur Jackson... qui était maintenant occupé à vider les poches de sa veste, à la recherche de plus de sucreries. Il jetait des objets sur le sable. Sam se sentit légèrement désolée pour lui. Sous d'autres circonstances, elle serait peut-être allée lui parler, mais elle ne voulait pas risquer la fragile alliance qu'elle avait bâtie avec le reste de l'équipe. Jusqu'à un certain point, elle partageait leur mécontentement. Il y avait des occasions où elle était si impliquée dans ses propres projets qu'elle se fichait des précautions... mais elle n'avait jamais coincé un groupe de personnes sur une planète complètement différente. Oui, elle comprenait leur colère... même si elle ne partageait pas totalement cette émotion.

Pour elle-même, la chance d'un séjour prolongé sur cette planète n'était pas une perte de temps. Si O'Neill avait eu son mot à dire, il n'y aurait pas eu l'opportunité pour l'étude. Malgré le fait qu'elle ne reverrait peut-être jamais sa maison, Sam était excitée par la perspective d'explorer ce nouveau monde.

Mais Jackson devrait vraiment faire quelque chose, réalisa-t-elle. Rester assis sur le sable à fixer l'horizon n'allait pas le faire aimer par le reste de l'équipe. Tous le regardaient maintenant...

« Hé ! » Ferretti appela Jackson.

« Hé... salut, » répondit-il.

« Est-ce qu'il n'y pas quelque chose que vous devriez faire là tout de suite ?... Comme nous sortir de là ?! »

Ramassant la valise de l'archéologue, Ferretti la lança violemment vers l'homme, le heurtant presque. Jackson esquiva et regarda avec mécontentement alors que ses livres étaient éparpillés sur la dune. Ferretti était presque fier de lui-même lorsqu'il revint vers le reste de l'équipe. Brown lui tapa dans la main, tandis que Freeman lui tapait dans le dos. Sam ne dit rien. Se mettant sur ses pieds, elle tourna son dos aux hommes et se dirigea vers la pyramide, supposant que la compagnie du Colonel O'Neill serait plus agréable là maintenant.

Même la petite marche la laissa dégoulinante de sueur. Levant les yeux vers le soleil, elle souhaita avoir le cran d'enlever son T-shirt noir. Une fois à l'intérieur, elle prit un moment pour savourer la fraîcheur de l'obscurité. L'endroit était un labyrinthe, réalisa-t-elle alors qu'elle retournait vers la Porte des étoiles. S'ils n'avaient pas marqué le chemin, il serait facile de se perdre à l'intérieur. Alors qu'elle marchait à travers les couloirs sombres, Sam ne put s'empêcher de se sentir légèrement impressionnée. Jackson a peut-être trouvé l'endroit fascinant, mais il lui donnait la chair de poule. Une fois seule, les pensées d'anciennes malédictions continuèrent de traverser son esprit. Elle ne pouvait s'ôter le sentiment que quelque chose de terrible s'était passé ici. Sam accéléra son pas, supposant qu'elle ne voulait pas être seule ici plus longtemps qu'il n'était absolument nécessaire...

« Le camp de base est monté, mon Colonel. »

Jack sursauta lorsque la voix de Carter flotta hors de l'obscurité. Il se leva, cachant le mécanisme de contrôle de la bombe à côté de lui.

Carter se tenait à l'entrée de la chambre, silhouettée par les torches qu'ils avaient laissées dans le couloir. Depuis combien de temps se tenait-elle là ? Jack ne l'avait pas entendue approcher... Soit le capitaine était meilleur que sa formation scientifique ne l'impliquait, soit il était rouillé. Après sa longue période hors service, il souhaitait penser que c'était la seconde raison.

« Quelque chose que je peux faire pour vous aider, mon Colonel ? » continua Carter, entrant dans la chambre.

« Non. Retournez au camp de base, » répondit-il.

« A vos ordres, mon Colonel... est-ce que vous venez, mon Colonel ? »

« Vous avez besoin que l'on vous tienne la main, Capitaine ? »

« Non, monsieur, je vous verrai au camp. »

Il vit son visage se rembrunir à sa remarque, et Jack se sentit très légèrement coupable. Une part de lui savait que Carter avait dû travailler très dur pour être là où elle était, et elle n'avait pas besoin qu'il lui rende la vie plus difficile. Malgré la courte période durant laquelle ils avaient travaillé ensemble, ça devenait plus difficile pour Jack de se détacher émotionnellement de son équipe. Etant donné ce qu'il devrait peut-être faire, ce n'était pas une position dans laquelle il voulait se mettre.

Carter avait déjà suivi ses ordres, le laissant à nouveau seul. Il supposa qu'il devrait la suivre et voir si Jackson avait trouvé quelque chose qui ressemblait vaguement à des écritures. Ramassant son arme, il commença à refaire son chemin hors de la pyramide. A sa surprise, Carter se tenait juste à l'extérieur de l'entrée de la chambre. D'abord, il pensa qu'elle l'attendait, mais ensuite il réalisa qu'elle fixait quelque chose à l'intérieur.

« Que pensez-vous que c'est, monsieur ? » demanda-t-elle, montrant un disque circulaire au sol.

« Je ne sais pas, » répondit-il, « mais il y en a un autre là-haut. »

Elle suivit son regard.

« Je me demande en quoi c'est fait, » murmura-t-elle faisant un mouvement pour rentrer à l'intérieur.

« Vous pourrez jouer plus tard, Capitaine, » lui dit-il. « Venez. »

Pour la première fois, il se retrouva le bénéficiaire du sourire de Carter. Ses yeux s'illuminèrent, ses joues se creusèrent avec des fossettes, et Jack sentit son cœur battre d'une façon étrange. Il l'avait fait sourire et il se sentait bien.

Ils sortirent du bâtiment ensemble, traversant le sable vers le camp de base. Alors qu'ils s'approchaient, Jack fit une reconnaissance mentale de son équipe... il ne fallait pas être un génie en mathématique pour réaliser que quelqu'un était manquant.

« Où est Jackson ? » demanda-t-il.

Ferretti, sans un mot, tendit un doigt à travers le désert et Jack jura pour lui-même. Il aurait dû savoir que laisser Jackson seul était une erreur. Ses hommes lui en voulaient et bien qu'ils ne l'eussent pas blessé délibérément, ils ne feraient rien pour rendre sa vie agréable.

« Kowalski, Carter, avec moi, » ordonna-t-il. « Le reste d'entre vous... gardez vos yeux ouverts. »

Il se mit à descendre la dune, les deux autres officiers se hâtant pour le rattraper. Heureusement, les traces de Jackson étaient nettes et il n'avait pas réussi à s'éloigner trop loin. Mais il avait trouvé quelque chose... Un animal... ça ressemblait à une sorte d'horrible vache poilue. Et Jackson lui offrait une barre chocolatée.

« Je ne nourrirais pas cette chose ! » hurla Jack.

« Il a un harnais ! » répondit Jackson en criant. « Il est domestiqué ! »

Mais sa trêve momentanée avec la bête avait été brisée. Qu'il ait été effrayé par Jackson ou par l'arrivée des autres personnes, c'était difficile à dire. Quoi qu'il en soit, il s'emballa. Jackson se tenait trop près et eut son pied pris dans le harnais. Lorsque l'animal se mit au galop, l'archéologue fut entraîné derrière.

« Merde ! » jura Jack. La seule personne qui pouvait les ramener à la maison essayait de se faire tuer.

« Lâchez-le ! » cria Kowalski, inutilement.

Jackson criait à l'aide, mais personne ne pouvait rien faire. La bête était simplement trop rapide, et avait l'avantage d'être adaptée aux conditions du désert. En peu de temps, les humains furent forcés de ralentir pour suivre à un rythme plus normal. Cela ne leur servirait à rien s'ils succombaient à la chaleur avant de trouver Jackson. Même ainsi, la foulée de Jack était exigeante. Ils suaient tous abondamment le temps qu'ils atteignent finalement l'animal. Jackson était évanoui sur le sable, son visage léché par l'animal.

« Beuuurk ! » s'exclama Carter, fronçant le nez.

« Ne le rejetez pas, Capitaine. Ca pourrait se révéler être le traitement ultime pour la beauté, » lui murmura Jack.

Carter lui fit un grand sourire, et bon sang, mais il voulut lui sourire en retour.

« Ca va, Jackson ? » demanda Kowalski.

Jack laissa le groupe, marchant vers le sommet de la dune la plus proche. Cet animal devait se diriger vers quelque part, supposait-il et le bercail était un pari plutôt sensé.

« Kowalski ! » cria Jack par-dessus son épaule, ordonnant à l'homme de le rejoindre.

« Vous avez laissé tomber ça, » dit Sam, en tendant à Daniel ses lunettes.

« Carter ! »

Elle vint le rejoindre au sommet de la dune. Il lui jeta un coup d'œil, voyant sa mâchoire béer à la vue au-dessous d'eux. Carter se laissa tomber au sol, levant son arme. Jack resta debout tandis que Kowalski s'accroupissait sur un genou.

Il y avait des gens. Des centaines de gens. La plupart d'entre eux étaient rassemblés sous une sorte d'abri, mais il y avait une longue procession qui semblait déplacer une roche d'une mine à ciel ouvert. Ils semblaient primitifs selon les standards terrestres, aucune arme n'était visible. Jack fit signe à Carter et à Kowalski de se lever. Alors qu'ils se relevaient, une des personnes au-dessous d'eux les vit. Il cria au reste des mineurs.

Jack commença à descendre la dune. Si Jackson voulait des signes de civilisation, c'en était une. Il doutait qu'ils eussent la connaissance pour activer la Porte des étoiles, mais il ne pouvait se laisser aller à négliger ce qui était une source possible d'information.

Alors que le reste des personnes se levait et les fixait, l'une d'entre elles vint vers eux. C'était un jeune homme, ses cheveux rassemblés en d'étranges tresses. Contrairement au reste de son peuple, il ne semblait pas avoir peur. Son attitude était pour une raison ou une autre familière, mais pendant quelques secondes Jack ne put se rappeler où auparavant il avait déjà vu cette expression. Alors, cela le frappa. Charlie. Son fils avait cette expression quand il rencontrait quelque chose de nouveau. C'était le même regard innocent. Jack essaya de ne pas laisser le soudain malaise paraître sur son visage, et il se tourna vers Jackson.

« Très bien, Jackson. C'est à vous de jouer, » ordonna-t-il.

« Moi ? » questionna Jackson.

« Vous êtes le linguiste, essayez de leur parler. »

Daniel fit quelques pas hésitant en avant et dit, « Bonjour. »

Tout le monde se contenta de le dévisager. Ca ne se passait pas bien.

Quelque chose étincela dans la lumière du soleil, et pour la première fois, Jack remarqua que Jackson portait un médaillon sur son treillis. Un des autochtones le remarqua aussi et immédiatement se jeta sur le sol, criant aux autres d'en faire autant.

Il y eut alors davantage de silence.

« Que leur avez-vous dit ? » demanda Jack, s'avançant pour se tenir juste derrière Jackson.

« Rien, » répondit l'archéologue.

Jack regarda autour de lui, remarquant le garçon qui était venu en premier vers eux. Il marcha vers lui. Alors que l'ombre tombait sur lui, le garçon leva les yeux. Jack présenta sa main, paume en l'air.

« Hé... hmm... ça va, tu vois ? » dit-il, utilisant la voix qu'il avait toujours usée avec son fils quand il avait peur.

Le garçon leva la tête et Jack prit sa main, la serrant. Pendant quelques secondes, le garçon ne fit rien, puis il cria et s'enfuit. Jack le regarda s'en aller, essayant de cacher sa déception. Il jeta un coup d'œil vers Carter qui immédiatement commença à examiner la roche collectée.

« Le quartz est l'élément de base, » dit-elle en regardant son appareil.

C'était étrange, mais les gens ne semblaient pas avoir peur de cela, mais une simple poignée de main les effrayait. Carter semblait étudier les données avec intensité, mais l'attention de Jack fut rapidement distraite par l'approche d'un autre animal. De la même espèce que celle que Jackson avait découverte, s'il ne se trompait pas. Celui-ci transportait une litière, sans aucun doute protégeant l'occupant des rayons du soleil. Le garçon courait à côté, mettant au courant quiconque était à l'intérieur à propos des étrangers. Jack ressentit une absurde sensation de fierté. Le garçon ne s'était pas enfui, il était simplement allé chercher son chef. Malin.

Alors que l'animal fut mis à l'arrêt, un rabat fut rejeté en arrière et un vieil homme commença à descendre. Malgré les conditions rigoureuses, il paraissait en bonne santé. Pas de doute, son âge lui donnait ici une certaine dose d'autorité. Il était certainement le plus vieux visage parmi eux. Malgré le fait qu'il portât un bâton, il ne semblait pas en avoir besoin pour marcher.

Il s'approcha d'eux, l'air curieux, prenant son temps avant de parler finalement.

« Je n'arrive pas à comprendre. Ca semble familier. Un peu comme du Berbère. Ou peut-être du Tchadique ou de l'Omotique, » marmonna Jackson à lui-même.

Réalisant que les étrangers ne le comprenaient pas, le vieil homme fit signe à son peuple de se relever. Il fit signe alors à trois femmes d'avancer, lesquelles offrirent de l'eau. Les trois humains n'étaient pas en mesure de refuser l'offrande et tous les trois burent avidement.

« Merci, » dit Jackson à l'une d'elles. Elle ne répondit pas, mais se détourna en rougissant, légèrement.

Jack réprima un sourire. Il semblait que Jackson plaisait aux dames. L'archéologue hochait et inclinait la tête à présent, un sourire fixé sur son visage. Puis ses mains se posèrent sur la poche de sa veste et en retirèrent une barre chocolatée. Jack jeta un coup d'œil à Carter qui haussa les épaules en réponse. Elle pensait apparemment la même chose que lui. L'offrande de sucrerie semblait être la méthode numéro une de Jackson en matière de communication. Il renifla et fit des mmmm avant de la tendre vers l'homme. L'aîné parut fortement dubitatif, mais renifla la friandise avant finalement d'en manger. Une expression de joie traversa son visage.

« Bonni... » commença-t-il, « Bonniwe ! Bonniwe ! »

« Bonniwe, » répéta Jackson.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? » demanda Kowalski.

« Je n'en ai aucune idée. »

Le vieil homme fit alors un geste qui signifiait suivez-moi.

« Il nous invite à aller avec lui, » expliqua Jackson.

« Comment pouvez-vous en être sûr ? » siffla Kowalski.

Jackson le regarda comme s'il n'arrivait pas à croire que Kowalski ne comprenait pas, puis refit le geste et dit, « Parce qu'il nous invite à aller avec lui. Nous recherchions des signes de civilisation. Visiblement, nous en avons trouvé. Vous voulez que je nous ramène chez nous, alors c'est notre meilleure chance. »

Jack accepta la demande d'un hochement de tête.

« Mon Colonel, il a raison. J'ai pris quelques mesures de ce qu'ils extraient. C'est la même matière que la Porte des étoiles, » ajouta Carter, sa voix ayant le ton que Jack avait rapidement appris à associer avec l'excitation.

Mais il n'avait pas vraiment besoin d'être convaincu. Il était déjà arrivé à cette conclusion par lui-même.

« Appelez le camp de base par radio. Dites-leur de sécuriser la zone jusqu'à notre retour, » ordonna-t-il.

« A vos ordres, mon Colonel ! »

oOoOoOo

Pour le quatrième matin de suite, Sara O'Neill se réveilla en sursaut... se demandant pourquoi l'autre côté du lit était vide. Il semblait prendre toujours quelques secondes pour que la réalité lui saute au visage. Malgré le fait que Jack était parti, elle dormait toujours sur son côté du lit. Elle l'avait toujours fait... même quand il avait été absent pendant quatre mois. C'était sa façon de garder l'espoir en vie.

Même après l'accident, ils avaient toujours dormi dans le même lit. Bougeant à peine, ne se touchant jamais, ne partageant rien de plus qu'un espace pour dormir. Jack était trop bien entraîné pour parler dans son sommeil, aussi elle ne sut jamais s'il avait des cauchemars ou pas. Elle supposait qu'il en avait. Même au repos, il ne perdait jamais ce dernier verni de contrôle et la laisserait l'aider. Parfois, Sara mourait d'envie de le tenir dans ses bras... mais elle n'avait jamais eu le courage de franchir cette barrière invisible. S'il était venu à elle, cela aurait été totalement différent, mais c'était quelque chose que Jack ne se serait jamais permis de faire.

Quant à faire l'amour... Elle s'efforça de se rappeler la dernière fois. Ils avaient eu des rapports sexuels depuis la mort de Charlie, mais c'était tout ce qu'ils étaient. Un accouplement rapide, frénétique, rien de plus. Elle s'était servie du sexe dans sa tentative d'atteindre Jack, l'exciter jusqu'à ce que tout ce qu'il pût faire fut de lui répondre... et jamais ici... jamais dans leur lit. La tentative d'intimité ne fonctionna pas... cela avait même éloigné Jack encore plus.

Sara sortit du lit et ouvrit les rideaux. C'était un jour ensoleillé... le genre de journée que Jack aurait passée entièrement à l'extérieur dans le jardin…

oOoOoOo

Il adorait être à l'extérieur. C'était une des premières choses qu'elle avait apprises de lui. Aurait-il eu le choix, il aurait vécu à l'air libre. Pour leur premier rendez-vous, il l'avait emmenée au parc. Ils avaient marché des heures... malgré la pluie.

Sara se souvenait de toutes ces choses alors qu'elle le regardait attendre à l'extérieur des portes de l'école. Elle était en retard pour leur rendez-vous, et encore plus à chaque seconde.

« Tu travailles bien, mais tu n'as pas répondu à la question. Je ne peux pas évaluer ce test, je suis désolée, » Sara s'entendit-elle expliquer pour ce qui semblait être la centième fois. Elle jeta à nouveau un coup d'œil par la fenêtre. Jack la regardait, montrant avec de grands gestes sa montre. Elle lui sourit, faisant un petit signe de la main.

« Ce n'est pas juste ! » se plaignit la fille, ramenant l'attention de Sara vers l'élève.

« Réponds à la question et je serai heureuse de te donner un A. Puisque tu es nouvelle ici, je vais te faciliter un peu les choses. Tu as jusqu'à demain pour refaire le devoir. »

« Mais... »

« Accepte-le ou tu seras recalée, Samantha...(1) »

Regardant à nouveau l'extérieur par la fenêtre, Sara fut déçue de voir que Jack était parti. Pendant une seconde, elle pensa qu'il s'était fatigué d'attendre. Le coup à la porte de la classe la rassura. Jack passa sa tête par la porte.

« Excusez-moi, m'dame, mais vous avez un très vilain garçon là dehors qui attend d'être puni, » dit-il avec un grand sourire.

Sara sentit son visage rougir. Son élève pouffa de rire. Aucun doute que cette petite scène serait rejouée devant la plupart de ses camarades de classe avant la fin de la semaine. Le petit ami farfelu du professeur de maths... quel merveilleux sujet de commérages.

Mais Sara ne pouvait pas rester fâchée avec Jack, c'était impossible. Il lui avait fait ce sourire si mignon... comme un petit garçon qui avait été pris la main dans le sac. Elle était tellement amoureuse de lui, cela l'effrayait. C'était impossible d'imaginer aimer quelqu'un d'autre.

oOoOoOo

Le jardin avait été négligé pendant très longtemps. Sara payait un homme pour couper le gazon de temps en temps, mais les parterres de fleurs qui avaient été autrefois la fierté et la joie de Jack étaient tombés en délabrement. Elle n'avait pas le temps de s'en occuper elle-même. C'était l'été, les roses auraient dû s'épanouir, mais leur douceur était perdue dans le fouillis des mauvaises herbes.

La lumière éclatante lui faisait mal aux yeux. Sara tira à nouveau les rideaux et retourna se glisser sous les couvertures. C'était samedi. Elle ne devait aller nulle part, n'avait rien à faire, elle pourrait peut-être aussi bien rester au lit. Cela avait été en partie le problème de Jack. Sans l'Air Force, il n'avait plus aucune raison d'affronter à nouveau le monde. Tandis que Sara était, à la fin, retournée au travail, Jack avait été laissé à la maison n'ayant rien à faire... sinon pleurer Charlie.

Sara regarda l'autre côté du lit. Très lentement, elle s'étendit à travers, posant sa tête sur l'oreiller de Jack.

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(1)Ce serait trop gros que cette petite Samantha soit 'notre' Samantha… mais bon, ça ne me semble pas innocent de la part de l'auteur…

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