Voilà le chapitre 6 ! Comme prévu, on repart du côté de Lloyd. Il y a énormément de dialogues dans ce chapitre, mais c'est un peu normal après ce qu'il s'est passé dans la forêt et aussi parce qu'il y a des nouveaux ! Enfin, presque nouveaux ^^".
Vous verrez qu'il y a un personnage qui s'appelle Ludovika. Je voulais vous prévenir que ce n'est pas un self-insert ( se mettre soi-même dans une fic ). En fait, j'avais déjà imaginé tous les personnages depuis longtemps et, un jour, alors que je cherchais un pseudonyme pour m'inscrire sur un forum rpg, j'ai pris le nom du personnage en question et j'ai un peu modifié son histoire. Par après, c'est devenu tellement habituel que j'ai utilisé le même pseudonyme partout et que je continue à le faire... J'ai ensuite rajouté un K, histoire de personnaliser. Bref, c'était juste pour vous prévenir, vous savez ce qu'on dit: "Mieux vaut prévenir que guérir !" Vous verrez d'ailleurs que nous n'avons rien en commun...
Assez parlé ! Bonne lecture !
Tales of Symphonia, Angelus
6. Les Exilés
La Licorne arrive avec le vent d'ouest
Pour rêver son enterrement
« Tu es né car Horus réside en Toi »
Je dors paisiblement avec le flux et le reflux
De cette tombe d'écume
« Tu es né car Seth réside en Toi »
- Nightwish, Oceanborn, The Pharao sails to Orion
Lloyd gémit. Une douleur sourde battait ardemment dans son crâne.
- Et ce Gerrius ? Fit une voix qu'il identifia comme celle d'Erika.
Erika ? Ca voulait dire qu'elle était en vie !
- Je ne sais pas, répondit une autre voix féminine, plus grave, adulte, mais douce à la fois. Depuis quelques temps, il a l'air de s'écarter des trois autres, mais il n'est pas avec les Renégats non plus. Nous devons être prudents.
Le garçon batailla pour rester conscient, malgré la douleur oppressante qui tentait de le faire à nouveau basculer dans les limbes, refusant de refluer.
Une troisième personne se manifesta, un garçon, sûrement un adolescent.
- Mais, le vrai cerveau de l'opération, ce n'est pas lui.
- C'est le docteur Elliane, compléta la femme.
- Docteur ?
Lloyd cligna des yeux plusieurs fois, la lumière repoussant lentement la pression qui faisait rage dans sa tête.
- C'est une scientifique, expliqua celle à la voix grave et suave. C'est elle qui..
- Hé ! S'exclama l'adolescent. Je crois qu'il se réveille !
- Suivez-moi, je connais un endroit où nous serons en sécurité, répondit la jeune femme.
Lloyd se sentit malmené, ballotté dans toutes les directions alors que les trois se déplaçaient – couraient sûrement, vers l'endroit que celle à la voix grave et douce avait indiqué. Des lumières défilèrent devant ses yeux, il les identifia rapidement comme des rayons de soleil se glissant entre d'épaisses et hautes frondaisons. La Forêt de Gaoracchia !
Un lance de douleur lui transperça le crâne. Des images défilèrent dans sa tête. Lui et Erika, poursuivis sous un ciel d'apocalypse, Baruch, le monstrueux colosse, le bourreau, Gerrius, Gerrius qui l'avait fait souffrir, Gerrius qui avait voulu le sauver, et... et...
Angelus. Angelus près des enfants mutilés. Angelus le serrant dans ses bras. Angelus le lumineux. Angelus le dangereux. Angelus le mystérieux. L'Epée Eternelle, l'attaque, la colère bouillant dans ses veines. La destruction. Totale.
La douleur revint, plus vive, brûlante comme un fer chauffé à blanc enfoncé dans sa tête. Un long râle sortit de sa gorge.
- N'aie pas peur, petit Ange.
Lloyd sursauta. La voix venait de résonner, non dans son oreille, mais dans son esprit.
- Tu n'as pas à me craindre, je suis avec toi.
- Qui... qui es-tu ?
- Un ami, un frère, un protecteur.
Ils marquèrent une pause alors que la douleur, qui harcelait le garçon depuis qu'il s'était éveillé, se dissipait, comme étouffée par un carcan de glace qui laissa une douce fraîcheur dans son coeur.
- Tu es... Angelus ?
- Oui, je suis celui qu'on appelle Angelus.
- Co... comment se fait-il que... ?
- Je suis avec toi.
- Depuis quand ?
- Depuis toujours. Dans ton coeur, dans ton sang.
- Je...
- N'aie crainte, je suis de ton côté.
- D'accord.
Lloyd remua. Cette voix lui était tellement familière. Il lui semblait y reconnaître le timbre de son père, Kratos, mais aussi certaines intonations, celles qui le rendaient méfiant, qui lui rappelaient, plus amèrement, Yggdrasill.
- Ne t'inquiète pas, aie confiance en moi, Lloyd. Je t'aiderai à surmonter les difficultés, je serai là.
Les doutes du garçon vacillèrent.
- Je te protégerai. Ensemble, nous y arriverons.
- Et... eux, que me veulent-ils ?
- Tu peux leur faire confiance. Fais-leur confiance, petit Ange.
- D'où viennent-ils ?
- Ils viennent de loin, et, quand le temps viendra, ils auront aussi besoin de toi, de ta clémence.
- Erika leur fait aussi confiance.
- Oui, Erika. Tu peux te reposer sur elle, fais-en un des piliers de ta renaissance. Tu auras besoin d'elle pour te relever, pour résister face au danger. J'aimerais que tu me fasses une promesse.
- Une promesse ?
- Oui, je ne peux pas encore t'expliquer le rôle qu'elle jouera dans ta vie, mais je veux que tu me fasse cette promesse. Ce ne sera pas une contrainte, sois en certain, mais ce sera une protection posée sur ton avenir. Es-tu d'accord ?
- Oui.
- Aie toujours confiance en elle et, Lloyd, ne la trahis jamais.
La demande inopinée de l'être de lumière le prit au dépourvu.
- Comment pourrais-je la trahir ? Je lui dois la vie et la liberté !
- Ne la trahis jamais, Lloyd...
La voix d'Angelus s'éteignait lentement, prononçant ses dernières paroles avec une pointe d'amusement.
- Je pense qu'il est temps de faire connaissance avec tes nouveaux compagnons...
- Maintenant ?!
Angelus disparut de son esprit au moment où la douleur, jusque là contenue, revenait lacérer sa tête, heureusement moins forte qu'auparavant.
- Waouh ! C'est génial ici ! S'exclama soudain Erika.
- Je protège cet endroit grâce à un sort. Toute personne qui s'en approche le contourne inconsciemment.
- Ma grande soeur est une sacrée pointure en magie ! Expliqua joyeusement l'adolescent.
- Bon, pose-le là, Skeggi.
Lloyd sentit qu'on l'allongeait sur un sol d'herbe fraîche et perçut même le bruit proche de l'eau. Il cligna quelques fois des paupières pour se réveiller, mais sans grand succès.
- Je vais chercher un peu d'eau ! Se proposa son amie.
Erika revint une poignée de secondes plus tard et les deux autres le redressèrent, tenant
sa tête droite alors que la jeune fille versait doucement le liquide dans sa bouche. Le garçon déglutit, l'eau froide éveillant son palais, hydratant sa gorge sèche, arrachant les dernières limbes d'inconscience qui le tenaient.
Lloyd toussota en portant une main à sa bouche et ouvrit enfin les yeux. Ses paupières papillotèrent, s'habituant à la clarté ambiante, alors que la mécanique de ses sens s'engrenait au fil de sa découverte, composée de trois maîtres-mots: bleu, vert, lumière.
- Lloyd, est-ce que ça va ?
- Il m'a l'air un peu sonné, fit l'adolescent, sans doute Skeggi.
Etait-il mort ? Etait-ce ça le paradis ? Il était près d'une rivière bordée de rivages de gravier clair. Un peu plus loin, une cascade d'environ sept ou six mètres de haut, effilée, presque sourde, déversait ses eaux limpides dans un bassin d'une dizaine de mètres de diamètre qui alimentait la rivière. Des rochers gris, presque blancs, pointaient, ci et là à travers la surface, certains, plus gros et plats, d'autres ronds et polis par le temps et l'eau. La scène était entourée d'arbres robustes aux feuillages bien fournis, comme de gros nuages verts paresseux, où de petits oiseaux colorés piaillaient innocemment, voletant joyeusement de branche en branche. Paisible, l'endroit était paisible, absolument paisible, ensoleillé, rayonnant de paix et de vie.
- Lloyd ?
Le garçon secoua la tête, reprenant ses esprits.
- Je... je... où ?...
Au moment où ses yeux tombaient sur Erika et les deux autres, Lloyd bondit en arrière, en position de combat, tâtant le bas de son dos à la recherche de ses dagues.
- Ne t'inquiète pas, Lloyd, ils sont de notre côté ! S'écria Erika.
Ces deux personnes, c'étaient celles qui les avaient attaqués près d'Ozette !
L'adolescent à la carrure impressionnante et la grande femme aux longs cheveux blonds avec la hallebarde.
Erika s'approcha et posa sa main sur son épaule.
- Ca va Lloyd, ils veulent nous aider.
Le garçon baissa lentement sa garde.
L'adolescent fortement bâti se tourna vers sa comparse. La femme fit un pas en avant.
- Nous avons été trompés, ils nous avaient égarés en disant vouloir venger le Seigneur Yggdrasill et reprendre son projet d'Âge des Demi-Elfes. Nous ne savions pas... ce qu'ils voulaient réellement.
Lloyd fronça les sourcils.
- Je m'appelle Ludovika et voici mon frère cadet, Skeggi.
- Appelle-moi Skeg, fit le principal intéressé en le gratifiant d'un clin d'oeil.
- Je crois qu'ils ont beaucoup de choses à nous révéler, lui dit calmement Erika.
- D'accord... Consentit-il finalement.
- Allons nous asseoir, ça risque d'être long, proposa leur ancienne ennemie.
Ils se dirigèrent tous les quatre vers le bord de l'eau où ils s'installèrent sur de grosses pierres blanches et polies disposées en cercle sur le gravier. Lloyd se tourna vers Ludovika.
- Je suppose que vous savez tout à propos de ce qu'ils m'ont fait.
- Non, pas vraiment.
Le garçon écarquilla les yeux. Son interlocutrice inspira profondément.
- Nous ne faisions pas partie du Consortium.
- Le Consortium ?
- Oui, c'est le nom de leur organisation, le Consortium de Kharlan.
- D'accord, continue, l'incita Erika.
- Comme je le disais, nous ne faisions pas partie de leur organisation. Ils nous employaient, disons, comme des mercenaires. Ils nous donnaient des missions et nous les exécutions.
- Mais pourquoi faire ça ?
- On faisait partie du Cruxis, expliqua Skeggi.
- Oui, nous étions, disons, des fidèles du Seigneur Yggdrasill.
Lloyd ouvrit la bouche pour parler mais Ludovika leva la main pour le prier de la laisser continuer.
- Nous ne soutenions pas particulièrement l'Age des Demi-Elfes, mais plutôt son idéal de monde sans discrimination. Quand il est mort, nous nous sommes alliés au Consortium de Kharlan, un regroupement d'anciens Desians et membres du Cruxis qui nous ont assuré suivre le même projet que le Seigneur Yggdrasill. Comme nous le disions à ton amie, il y a quatre personnes à la tête du Consortium. Elliane, celle que nous considérons comme le cerveau des opérations, est une ancienne scientifique et conseillère d'Yggdrasill, c'est elle qui a organisé le projet Angelus 2 et qui a réussi à réunir tous les partisans de l'organisation. Il y a également Ernylste. Lui, c'est un pur scientifique, un vrai savant selon certains. Il est assez... peureux, très soumis à Elliane. Le troisième s'appelle Gerrius, un guerrier d'exception, très droit et loyal, ce qui est assez inhabituel pour quelqu'un qui était vu comme le prochain chef des Cardinaux après Pronyma. Au départ, il soutenait entièrement les projets du Consortium, mais, après quelques mois, il était de moins en moins présent, et il a commencé à prendre de la distance par rapport aux trois autres.
- Gerrius... Murmura doucement Lloyd en se remémorant le visage du Demi Elfe aux cheveux couleur de neige.
- Oui, et le dernier se nomme Baruch. Nous ne savons presque rien de lui, ni d'où il vient, ni ce qu'il a fait, ni même s'il a un jour travaillé pour le Cruxis. C'est un homme... très cruel. Il aime faire souffrir ses ennemis, les écraser, les briser.
Son interlocutrice marqua une pause. Lloyd déglutit avec difficulté. Un frisson glacé lui parcourut le dos. Baruch... Erika croisa son regard et prit sa main entre les siennes, la serra. Secouant la tête, le garçon reporta son attention sur Ludovika.
- Ce qu'ils m'ont fait, c'est ce qu'ils appellent le projet Angelus 2 ? Demanda Lloyd, la gorge nouée.
- C'est exact, confirma-t-elle. Même s'ils l'appellent souvent simplement le projet Angelus.
Son amie lui pressa la main, lui faisant signe de lui laisser la parole.
- Que vous ont-ils dit sur ce projet Angelus 2 ?
- Ils nous ont affirmé qu'ils avaient réussi à extraire le gène angélique du sang et du mana de Lloyd.
Le garçon lança un regard incrédule à Erika.
- Un gène angélique ? S'étonna-t-il. Qu'est-ce.. que c'est ?
- Ce n'est qu'une théorie, je ne crois pas que ça ait été prouvé une seule fois, intervint Skeggi. D'ailleurs, on n'en a entendu parler qu'une fois avec eux. On ne sait pas d'où ils sortent ce truc.
- Et, à vrai dire, je ne pense pas que ça existe, confirma sa soeur.
- Mais qu'est-ce que c'est ? Insista Erika.
- Ils racontent, soupira Ludovika, que ce serait ce qui déclenche la transformation en Ange, ce qui les différencie des Humains, des Elfes et des Demi-Elfes. Ils disent que ce gène n'est pas présent à la naissance, mais qu'il apparaît au contact d'un cristal du Cruxis.
- Oh... Fit son amie, comme si elle avait soudain compris où la jeune femme voulait en venir.
- Apparemment, Lloyd, qui est le fils d'un Ange, aurait eu, lui, ce gène en état passif depuis sa naissance.
- C'est complètement fou, s'obstina Skeggi.
- C'est aussi ce que je pense, le soutint sa soeur.
- C'est vrai que ça a l'air plutôt tiré par les cheveux ! S'exclama Lloyd, Erika acquiesçant à sa suite.
- Ils disaient donc avoir extrait ce gène de ton corps et de ton mana, et l'avoir utilisé pour fabriquer une enveloppe corporelle, cent pour cent Ange, pour servir au retour du Seigneur Yggdrasill.
- Mais le cristal du Cruxis d'Yggdrasill a été brisé ! S'exclama le garçon.
- Ils appelaient cet être Angelus, mais tu as raison et, pour être franche, je ne pense pas que le projet Angelus serve à ramener le Seigneur Yggdrasill. Ca m'a plus l'air d'être un moyen de prendre le pouvoir sur le nouveau monde, un arme en faveur des Demi-Elfes.
- Bingo ! Rit Angelus dans l'esprit de Lloyd.
- Une arme, c'est plus vraisemblable, répondit fermement le garçon, comprenant petit à petit ce qu'il se passait.
- Et cette arme...
- C'est moi.
Ludovika opina gravement.
- Tu as heureusement réussi à t'évader avant qu'ils ne terminent le projet Angelus 2.
Lloyd inspira profondément.
- Et je vais devoir continuer à fuir pour qu'ils ne puissent jamais le terminer.
- Oui, c'est vital pour la survie du nouveau monde, lui confirma son interlocutrice.
- Surtout quand on voit ce dont Angelus est capable ! S'exclama Skeggi.
Sa soeur lui lança un regard lui signifiant clairement de se taire.
- Je ne me souviens pas de tout ce qu'il s'est passé, fit timidement Lloyd.
- La moitié de la forêt, lui souffla Erika. Tu, enfin, Angelus, as détruit la moitié de la Forêt de Gaoracchia.
Le garçon se pétrifia.
- La moitié ?!
- Oui, Lloyd, en une seule attaque.
Il ouvrit la bouche pour parler, mais il resta muet, effrayé comme il l'était par la terrifiante puissance d'Angelus.
- Lloyd, tu nous as sauvés ! Ne te blâme pas pour ça ! Le secoua son amie. Si tu n'avais rien fait, tu serais entre les mains du Consortium de Kharlan, et qui sait combien de jours de liberté il resterait encore au nouveau monde !
- Elle a raison, petit Ange, et toi, comme moi, en sommes tout à fait conscients.
- Je sais...
Le garçon secoua la tête.
- Tu...
- Tu as fait ce qu'il fallait, d'accord ? Lui dit doucement Erika. Nous sommes en vie, en bonne santé, et nous avons encore l'espoir, Lloyd. Alors, maintenant, on va commencer par se reposer et puis, après, on prendra le temps de penser à ce que nous allons faire.
- Erika a raison, nous sommes en sécurité ici, confirma Ludovika. Nous pouvons panser nos blessures et prendre du repos sans tracas.
- D'accord...
- Et on pourra aussi s'amuser ! Renchérit Skeggi sur un ton joyeux.
Les trois autres le regardèrent pendant quelques secondes, puis des sourires s'étirèrent sur leurs visages.
- Allez, on va se baigner ! Lança son amie en se levant d'un bond.
- Ouais ! S'écria l'adolescent à la forte carrure.
Ludovika se tourna vers Lloyd.
- J'aimerais d'abord examiner et soigner tes blessures, avant que tu ne partes avec eux.
Le garçon acquiesça.
- Bien sûr.
Erika et Skeggi partirent, chacun de leur côté, enfiler leurs vêtements de plage. L'adolescent sortit le premier, habillé d'un large bermuda, et se jeta dans l'eau avec un cri de guerre. Quelques instants plus tard, Erika sortit de son fourré, vêtue d'un bikini de la couleur de ses yeux. Elle courut vers le rivage, prit appui sur une gros rocher, et effectua un plongeon léger et gracieux. S'en suivit alors une impitoyable bataille d'eau, ponctuée de cris et d'éclats de rire.
Se détournant, Lloyd inspira profondément, puis enleva sa tunique. La blessure sur son abdomen, certes moins gonflée, était toujours aussi repoussante, aussi hésita-t-il à laisser Ludovika l'examiner. Mais la grande femme soigna d'abord les écorchures causée par leur fuite dans la forêt, avant de poser avec précaution le bout de ses doigts sur son torse. D'un geste inconscient, elle remit une de ses longues mèches blondes derrières son oreille.
Lloyd écarquilla les yeux. Sur l'oreille de la jeune femme, un étrange bijou métallique brillait. L'armature de métal ouvragé englobait la partie supérieur de son oreille, un peu comme quelqu'un qui avait été blessé, et qui cachait ses cicatrices par un bijou. Un jour, Lloyd avait rencontré une femme qui, brûlée à l'avant bras lors d'un incendie, cachait les restes de sa blessure par un large bracelet. Le bijou de Ludovika lui rappelait cette rencontre.
- Tu as été blessée ? Demanda-t-il prudemment.
Elle le regarda quelques instants, puis comprit de quoi il parlait et toucha son oreille de l'index.
- Ah, ça, fit-elle sans paraître très surprise. Je suppose que je peux te le dire.
Ludovika haussa les épaules.
- Je suis une Elfe.
- Tu es une Elfe ? Et Skeg aussi ?
- Oui, c'est-exact.
Elle désigna son frère qui jouait dans l'eau du menton. Avec ses courtes mèches blondes mouillées, plaquées sur sa tête, ses oreilles elfiques apparaissaient nettement, petites, mais horizontales et effilées. Lloyd en restait bouche bée.
- Et tu travaillais pour le Cruxis ? S'étonna-t-il.
- En effet, pour des raisons personnelles.
- Je pensais que les Elfes détestaient Yggdrasill, tu viens bien d'Heimdall ?
- Oui, je suis bien originaire d'Heimdall. Mais j'y ai atterri par un concours de circonstances, tu sais.
- Comme mon père. Lui aussi, c'était un Humain parmi les Demi-Elfes.
Ludovika l'observa, puis sourit. Sans un mot, elle prépara son sort de soin, et les grandes cicatrices qui barraient son torse rapetissèrent à vue d'oeil. Quand Ludovika bougea ses mains, il n'en restait que deux petites zébrures rosées et sans gravité.
- Voilà, ça devrait disparaître dans quelques jours.
- Merci, dit Lloyd, envahi d'un élan de bonté envers l'Elfe.
Au premier abord, Ludovika lui avait paru froide et fière, mais la grande femme cachait surtout une douceur presque maternelle. Lloyd ne put s'empêcher de lui rendre un sourire redevable.
- Tu peux aller les rejoindre, je vais vous préparer quelque chose à manger.
Le garçon bondit sur ses pieds et partit se changer.
C'est alors qu'il enlevait sa tunique qu'il se souvint de la nuit précédente. Le goût de la défaite et de l'humiliation lui revint amèrement à l'esprit et, encore plus fort, le souvenir des ses côtes se brisant comme des fétus de paille sous la force de la poigne de Baruch, ce monstre, ce démon, ... qui le terrifiait. Un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale. Il fit prudemment glisser sa main sur son flanc, tâtant avec précaution ses os. Ludovika avait fait des merveilles, et dire qu'il ne s'en était même pas aperçu. La grande Elfe avait dû le soigner pendant son inconscience. Il ne souffrait, ni ne ressentait aucune gène quand il bougeait ou quand il poussait plus fort sur ses côtes. Il se frottait une dernière fois le côté quand il sentit, du bout des doigts, un relief inhabituel sur sa peau qui n'était pas là autrefois. Se tordant le cou, Lloyd fit pivoter son abdomen pour examiner ses stigmates. Sur son flanc, comme une marque indélébile, étaient dessinées trois petites étoiles noires, l'une au-dessus de l'autre.
Il revint vers Ludovika, la mine soucieuse. Il désigna les dessins sur son côté.
- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il.
La magicienne secoua la tête.
- Je ne sais pas trop, Lloyd. Alors que nous quittions la forêt et que tu étais encore inconscient, j'ai préféré soigner tes côtes le plus vite possible. Ton corps a étonnamment bien répondu à mon sort et tes côtes se sont presque directement ressoudées et remises en place, mais, après quelques minutes, ces marques sont apparues, et elles ne sont pas de mon fait.
- Ce serait Baruch qui aurait fait ça ? S'inquiéta le garçon.
- Tu n'es pas sans ignorer qu'il a utilisé de la magie pour te blesser...
- Oui, je l'ai senti...
- Ces marques sont d'origine magique, je peux le sentir. Mais c'est une vieille magie, une magie vicieuse que je n'ai jamais eu l'occasion d'étudier en profondeur, que je n'ai jamais eu envie d'étudier à vrai dire.
Lloyd sentait le doute pointer dans la voix de l'Elfe.
- C'est... dangereux ?
- Je crains de ne pas être en mesure de répondre à ta question. Si nous étions chez moi, à Meltokio, je pourrais consulter des livres et trouver un sort capable de les faire disparaître, ou tout au moins en apprendre un peu plus sur ce mauvais sort. Mais notre première destination reste Sybak, et, si tu retrouves tes amis, je suis certaine que vous trouverez une solution. Je pense notamment à Yuan Ka-Fai, le Renégat. Pour avoir vécu plusieurs millénaires, il devrait pouvoir être capable de reconnaître ces marques et, avec son pouvoir, de résoudre le problème qu'elles causent, si problème il y a.
Ludovika le rasséréna d'un sourire.
- Ne t'enfonce pas dans la souffrance, Lloyd. Tu es jeune. Il y a tant de choses magnifiques à voir dans ce monde et tant de raisons d'être heureux...
--
Le souffle court, Lloyd força sur ses bras pour sortir de l'eau et s'assit sur un gros rocher plat. Le jeune garçon leva les yeux vers le ciel. Cet instant de paix lui rappelait Isélia. Ses pensées s'envolèrent vers ses amis. Où étaient-ils ? Que faisaient-ils ? Pensaient-ils seulement à lui ou étaient-ils encore trop occupés pour se soucier de lui ? Un soupir lui échappa. Répandant des gouttelettes partout, Erika sortit la tête de l'eau.
- Fatigué ?
- Un peu...
La jeune fille prit place à côté de lui, leurs pieds effleurant la surface miroitante de l'eau.
- Je pensais à mes amis, avoua-t-il, comme ressentant le besoin de se confier à quelqu'un.
- Tes compagnons, ceux qui ont combattu le Cruxis avec toi ?
- Oui. Tu sais, je ne me souviens peut-être pas de ce qu'il s'est passé, de comment je me suis retrouvé dans la base du Consortium de Kharlan, mais je devine pourquoi je ne suis pas resté à Isélia.
- Tu as un peu retrouvé la mémoire ?
- On dirait que ça revient, petit à petit.
- Tu veux en parler ?
Lloyd lui sourit. Il ne savait pas encore ce qui le liait à Erika, mais il régnait entre eux comme une harmonie paisible, une confiance tacite qu'il ne s'expliquait pas. Le jeune garçon décida de s'en ouvrir à elle.
- Après que nous ayons vaincu Mithos, je devais partir en voyage pour récupérer les exsphères du monde entier, empêcher les gens de les utiliser. Mon meilleur ami, Génis, était parti avec sa soeur aînée, le professeur Raine, pour rencontrer tous les Demi Elfes qui se cachaient et les convaincre de ne plus avoir peur. Zélos, l'ancien élu de Tesséha'lla, était rentré à Meltokio. Sheena, la nouvelle chef de Mizuho, était toujours en mission ou trop occupée dans son village. Régal, l'homme à la tête de Lézaréno, et Préséa, une fille d'Ozette, je ne les ai jamais revus. Et Colette...
Un soupir lui échappa.
- L'ancienne élue de Sylvarant, elle m'avait fait promettre de ne pas partir sans elle. Mais l'Eglise de Martel requérait sans cesse sa présence pour consolider les liens entre les deux Eglises qui devaient se réunifier. Je crois que, au final, je suis parti sans elle.
Erika l'observa, son regard fixé sur lui, concentré.
- C'est ça, confirma-t-il, je suis sûr maintenant que je suis parti seul.
- Tes amis te manquent ?
- Beaucoup ! Ils étaient comme une famille pour moi. Tu sais, je n'avais jamais eu que mon père adoptif, je ne savais rien de mes parents, ni de qui j'étais vraiment. Ils m'ont offert leur amitié, m'ont soutenu. Grâce à eux, j'ai eu le courage d'aller jusqu'au bout.
- Tu crois que Dirk est toujours en vie ?
- Je ne sais pas, je crois.
Lloyd marqua une pause.
- Je l'espère...
Erika posa sa main sur la sienne.
- Je l'espère aussi.
Leur regards se croisèrent pour ne plus se détacher. Dans les yeux rougeoyants du garçon, Erika lut toute la détresse de la solitude, de l'abandon et de la peur qui l'étreignait, mais aussi le courage vivace qui, comme une flamme, l'animait, la volonté de mettre fin aux atrocités du Consortium de Kharlan. Malgré sa détermination, elle savait également qu'il y avait encore une ombre noire sur le tableau. A l'image de la cicatrice qui, quelques heures plus tôt, barrait encore son torse comme la signature de ses bourreaux, elle sentait que son âme s'était fissurée, qu'il ne serait plus jamais le garçon simple, souriant et enjoué qu'il était autrefois, celui qu'elle n'avait jamais connu.
C'est alors qu'elle était perdue dans ses pensées que le l'éclat de rire tonitruant de Skeggi la tira de sa réflexion. Lloyd aussi avait tourné la tête vers les deux Elfes.
L'adolescent à la carrure de géant, avec un sourire jusqu'aux oreilles, venait de subtiliser quelque objet dans le sac de sa soeur ainée et se plaisait à courir en tous sens, hilare, tenant l'objet hors d'atteinte. Mais Ludovika n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds aussi facilement. La grande Elfe saisit sa Hallebarde, et Skeggi se mit à courir plus vite.
Lloyd et Erika s'approchèrent, tout en gardant une certaine distance.
Malgré son imposante carrure et ses muscles lourds, Skeggi se mouvait assez rapidement, balançant ses larges épaules. Son visage, fort, tout en angles et à la mâchoire carrée et saillante, était fendu d'un large sourire lumineux. Le jeune Elfe ressemblait à une montagne de bonne humeur, à un concentré de joie tant celle-ci était contagieuse. Mais son sourire s'effaça bien vite lorsque sa soeur ainée s'avança avec sa Hallebarde, beaucoup moins amusée que lui par son mauvais coup. Skeggi poussa un cri et se mit à courir en tous sens en feintant d'être terrifié. En fait, il l'était sûrement.
La course-poursuite dura encore quelques minutes, mais Skeggi remarqua à cet instant les regards moqueurs de Lloyd et Erika. Il pila net, sourit largement et leur fit signe en agitant l'objet de son vol. De loin, ils distinguèrent ce qui ressemblait à une enveloppe. Mais la fierté fut de courte durée. Ludovika leva la côté de sa Hallebarde qui n'était pas garni de lames acérées, et l'abattit en un arc de cercle implacable sur la tête de son frère. Le jeune Elfe s'écroula net, des étoiles dansant dans ses yeux. Sa soeur remit élégamment une de ses longues mèches blond pâle derrière son oreille, puis s'accroupit et ramassa la lettre avant d'en retourner à la préparation du repas, ignorant royalement son cadet.
Lloyd se tourna vers Erika.
- Tu crois qu'ils sont toujours comme ça ? Plaisanta-t-il.
Erika éclata de rire et ils marchèrent jusqu'au feu que la grande Elfe avait allumé sur la rive et d'où émanait une odeur de viande épicée. Skeggi les rejoignit. Quand ils arrivèrent, Ludovika leva les yeux vers les trois adolescents, toute trace de l'événement effacée de son visage et de sa voix.
- Installez-vous, c'est prêt.
Ils prirent place sur des rondins de bois qu'ils avaient trouvés dans la forêt toute proche. En effet, même s'ils n'étaient plus dans la forêt de Gaoracchia, ils avaient marché en direction du Sud, non en suivant la route vers Sybak, mais en longeant le pied des montagnes. Ainsi étaient-ils toujours entourés par de hauts arbres feuillus. L'après-midi avait commencé dans la chaleur, mais le jour déclinait lentement et l'atmosphère se rafraîchissait petit à petit, aussi les adolescents repartirent-ils pour enfiler leurs vêtements.
Quand ils revinrent, Ludovika leur avait servit à chacun un bol de ragoût épicé encore fumant qui les fit saliver, accompagné d'une grosse miche de pain. Lloyd prit sa cuillère et commença. Il ferma les yeux. Le goût de la sauce et la viande fondant dans sa bouche lui arrachèrent un gémissement de satisfaction. C'était délicieux. Il lui semblait qu'il n'avait rien mangé d'aussi bon depuis des années, sauf peut-être la cuisine de Régal ou de Génis. Quand il ouvrit les paupières, il vit que son amie était dans le même état d'extase que lui. Ils échangèrent un regard complice.
Brusquement, Skeggi tendit son bol vide. Alors que le fait que son frère venait de dévorer un bol entier de ragout en quelques secondes ne semblait pas le moins du monde étonner Ludovika, Lloyd et Erika ne purent s'empêcher d'écarquiller les yeux. Finalement, se pourrait-il que le jeune Elfe ne soit pas un géant, mais plutôt un ours ou un ogre ? Pendant la soirée, ils se resservirent plusieurs fois, jusqu'à ce qu'ils s'affalent sur leurs chaises de fortune, l'estomac rassasié.
Ludovika leur apporta des couvertures et ils s'allongèrent au pied d'un grand chêne. Les draps n'étaient pas bien épais, mais elle les assura que la nuit serait douce et qu'ils ne risquaient rien dans cet endroit. La grande Elfe s'en alla et sortit un petit objet de son sac. C'était l'enveloppe que Skeggi avait chapardée un peu plus tôt ! Lloyd crut d'abord qu'elle se dirigeait vers sa couche, mais elle marchait droit vers lui. Arrivée près de lui, elle s'accroupit et lui tendit l'enveloppe.
- Les hommes du Consortium avaient pris ça, chez toi.
- Chez moi, à Isélia ?
Ludovika acquiesça. Lloyd sentit son sang se glacer.
- Alors mon père est vraiment... ?
La grande Elfe ferma les yeux et resta silencieuse. Finalement, elle jeta un coup d'oeil à son frère avant de reprendre d'une voix plus douce.
- Il n'a pas souffert.
Le jeune garçon sentit sa gorge se nouer et ne retint ses larmes que grâce à un grand effort. Il ne voulait pas pleurer, pas ici, pas devant ses nouveaux compagnons, pour sympathiques qu'ils soient. Ludovika dut voir son malaise et enchaîna avec le plus de douceur possible.
- Ils ont brûlé la maison, mais ils ont aussi gardé cette lettre. Elliane et les autres l'ont sûrement déjà lue, mais nous l'avons volée avant de partir. Lloyd, c'est une lettre de ton père.
Lloyd avait l'impression que son coeur allait lâcher, que sa tête allait exploser. La douleur qui l'avait attaqué à son réveil s'était lentement estompée, mais, cette fois, il la sentait lourde, comme s'il avait passé des jours sans dormir. Un nœud se forma dans sa gorge.
- De Kratos ? Demanda Erika tout bas.
- Oui, répondit la magicienne sur le même ton.
Le jeune garçon hoqueta. Kratos... ?! Quand ? Comment ? Pourquoi ?! Les questions se mirent à bouillonner dans sa tête. Il ravala sa salive, comme pour défaire sa gorge nouée, avant de tendre une main fébrile et de prendre la lettre que lui présentait Ludovika.
- Tu peux aller la lire plus loin, si tu veux plus d'intimité, lui proposa-t-elle.
Lloyd et Erika se levèrent et marchèrent vers la rive.
- Où veux-tu aller, dans les bois ? Proposa la jeune fille.
L'adolescent serra les dents et déglutit.
- Tu connais un endroit où on ne m'entendrait pas hurler ?
Elle le prit par la main et l'entraina à sa suite. Ils avancèrent vers la cascade et Erika le fit escalader quelques rochers. Ils se glissèrent derrière le rideau d'eau. Comment elle l'avait découvert, il n'en savait rien, mais il y avait là une sorte d'alcôve assez grande pour qu'ils s'y tiennent tous les deux.
La jeune fille se prépara à le laisser, mais il raffermit sa prise sur la main qu'elle lui avait tendue. Il ne voulait surtout par rester seul. Erika acquiesça et ils s'assirent côte à côté sur la pierre humide.
Il manipula lentement l'enveloppe. Sur une des faces, d'une écriture fine, rapide, belle mais sans fioritures, était écrit son prénom: Lloyd. Avec précaution, il ouvrit l'enveloppe, dont le sceau de cire rouge avait déjà été brisé, et sortit la lettre. Sous ses doigts, le papier était doux, c'était un papier riche et immaculé, pas comme les habituelles feuilles d'écoles qui étaient jaunâtres avant même qu'ils ne les utilisent. Il fit glisser ses doigts sur la lettre et son coeur s'emballa. D'une main tremblante, il la déplia. Les phrases, de la même écriture fine, l'écriture de Kratos, s'étalaient sur une longue page, remplissant l'espace de mots qu'il n'était même pas certain de vouloir lire. Un instant, il hésita, voulu la remettre dans l'enveloppe et la fourrer au fond de son sac pour ne la sortir que lorsqu'il serait prêt, pas maintenant, mais son irrésistible envie de connaître les paroles du Séraphin était plus forte que sa peur, que la peur que ce soient ses derniers mots, et après tous ces événements il se savait incapable de surmonter un drame de plus.
Avec la première phrase tomba la première larme.
Lloyd,
Tu dois sûrement te demander ce qu'un homme tel que moi à encore à te dire. Peut-être avais-je simplement besoin de clore, enfin, le dernier chapitre de ma trop longue vie. Même si les mots sont bien peu de choses pour combler tout ce qui nous sépare.
J'espère que tu es heureux et je te souhaite tout le bonheur qu'un père peut vouloir pour son enfant. Je sais, cela ne me ressemble pas, j'ai été trop lâche, je n'ai jamais su te dire à quel point je t'aimais, je t'aime, et je t'aimerai, jusqu'à la fin. Mais je sais qu'un jour, tu sauras ce que je ressens pour toi, que tu seras un bien meilleur père que moi.
Voilà que je verse une larme en nous imaginant, en imaginant Anna qui aurait été si heureuse de te voir grandir, devenir un homme, et tenir ses petits-enfants dans ses bras. J'aurais tant voulu qu'on puisse vivre ensemble, vieillir ensemble, et finalement mourir côte à côte. La vie aurait été tellement plus douce, tellement plus belle.
Penser que tout est de ma faute, que je suis responsable de sa mort et de ce que tant d'autres ont enduré, me renvoie à l'image de ce jeune homme un peu naïf et casse-cou qui, il y a quatre-mille ans, a décidé qu'il ne voulait plus de la guerre. Ce jeune homme, je ne sais pas ce qu'il est devenu, il est certainement mort en même temps que son message de paix.
Pourtant, je me plais à penser qu'à ton âge, je n'étais pas si différent de toi. Mais tu vois comme les choses peuvent changer. Le monde lui-même était devenu malsain et j'ai accepté et contribué aux horreurs engendrées par des rêves devenus fous. Oui, je suis fou de n'avoir rien fait, et sûrement encore plus fou d'avoir imaginé que j'avais encore droit au bonheur.
Anna était si belle et douce. Elle m'a accepté comme j'étais, même quand je lui ai avoué qui j'étais vraiment. J'aurais tant aimé que tu la connaisse. C'était une femme exceptionnelle, unique, ... Si je ne l'avais pas approchée, peut-être aurait-elle vécu de longues années à rendre sa famille heureuse, à rendre le monde un peu plus beau. J'ai été égoïste, je l'ai précipitée vers la mort. Je n'aurais pas dû, j'aurais dû savoir que je n'y avais pas droit, que je la ferais souffrir. Mais, à ses côtés, mon bonheur était complet, rien d'autre n'existait qu'elle et moi, et enfin toi, notre fils. A une époque, je rêvais encore qu'un jour on puisse vivre en paix et former une famille, sans peur, sans se demander sans cesse si nous serions toujours réunis le lendemain. Encore souvent, je me demande comment c'est arrivé, comment les choses ont si mal tourné.
Au moins, je sais que, toi, tu es en vie et heureux. S'il y avait un moyen, crois-moi, je donnerais tout pour rattraper toutes ces années perdues, tout ce temps à ressasser ce que je n'ai pu éviter. J'aurais tant voulu rester encore à tes côtés, te raconter les étoiles et te dire, chaque jour, à quel point tu comptes pour moi. Mais je n'en ai pas eu le courage. Son sang sur mes mains et le souvenir de cette nuit-là me ronge un peu plus chaque seconde. Toutes ces années m'ont rendu lâche, m'ont laissé sans force, mais ce sera bientôt fini.
Lloyd, je vais mourir sur cette planète, et je ne veux pas que tu sois triste pour moi. Peut-être as-tu brûlé cette lettre avant même de la lire, et c'est ce qui serait le mieux pour toi, oublier jusqu'à mon existence. Même si je ne peux cacher qu'au fond de moi, j'ai cet espoir un peu fou que tu te souvienne de moi, que je t'aime, à chaque fois que tu regardes les étoiles, car je serai toujours là, même après la mort, parmi elles.
Je t'aime, mon fils,
Sois heureux pour moi.
Kratos
Lloyd posa une main sur coeur. Les larmes inondaient ses joues et il avait de plus en plus de mal à respirer. Sa vue se brouillait. Son coeur battait à cent à l'heure. Il aspira une grande goulée d'air avant de pousser un cri de douleur qui s'étrangla dans sa gorge. C'était comme s'il était orphelin pour la seconde fois, et cette solitude, qui s'opposait inexorablement à l'étau qui serrait son coeur, était mille fois plus insupportable que celle qui l'avait ravagé lors du départ de Kratos. Pendant une ultime seconde, il voulu ne plus être en vie, avoir été tué par le Consortium de Kharlan pour ne plus avoir à supporter aucun départ, pour être enfin en paix et auprès d'un être cher, pour que tout soit fini pour lui aussi.
Erika s'empressa de le serrer contre elle, le berçant de mots de réconfort qu'il entendait à peine.
Lloyd ne sut pas ce qu'il arriva ce soir là. Il se souvenait avoir pleuré, puis avoir été secoué de sanglots secs à force d'avoir trop versé de larmes. Certainement épuisé, il avait dû s'endormir au bout de quelques heures, saoul de chagrin.
--
Lloyd s'éveilla en dernier, alors qu'Erika, non loin de lui, s'étirait nonchalamment. Leur petit déjeuner les attendait déjà. La jeune fille replia ses couvertures et son sourire lui fit chaud au coeur. Il se frotta les yeux et se dirigea vers la rivière sans un mot. Il s'agenouilla sur la rive et s'aspergea le visage d'eau fraîche. Ses pensées étaient moins sombres que la veille, le sommeil l'avait aidé, mais il sentait qu'il avait une chose à éclaircir. Il revint vers Erika alors qu'elle rangeait leurs affaires dans leurs sacs. Il l'interpela.
- Erika, tu te souviens de la promesse que tu m'as faite, à Ozette ?
La jeune fille acquiesça.
- Et je la tiendrai, ne t'inquiète pas.
Lloyd soupira de soulagement.
- Viens, allons manger quelque chose ! Il faut aussi discuter de la suite des opérations ! Annonça joyeusement Erika.
Il trottina jusqu'à elle et ils s'avancèrent, côte à côte, jusqu'aux autres.
Skeggi bâilla à s'en décrocher la mâchoire et les salua d'un geste de la main.
- Je me suis levé pendant la nuit pour grignoter ce qu'il restait du dîner, mais, quand je suis revenu, ma couverture avait disparu, j'ai dû dormir sur des cailloux ! Expliqua-t-il. Lulu était furax, je crois que je lui ai marché sur la main en passant près d'elle...
L'Elfe se frotta l'arrière de la tête en maugréant. Les trois adolescents s'assirent en cercles et Ludovika vint rapidement les rejoindre. Elle leur présenta le programme de la journée.
- Bien, comme vous l'aviez déjà prévu, il nous faut rejoindre Sybak. Si je n'ai pas décidé d'y aller plutôt, c'est parce que je suis certaine que nos ennemis ont prévu ce déplacement et qu'ils ont cette ville bien à l'œil. Nous devrons donc être très prudents pour contacter les Renégats, bien qu'il soit également fort probable qu'ils aient déjà été infiltrés par des membres du Consortium. Ici, nous sommes en sécurité, aussi ne suis-je pas pressée de partir, en tous cas tant que nous avons encore des provisions. Je vous propose donc de nous mettre en route demain matin.
- Ca me va, opina Lloyd.
- Ca marche ! Confirma Erika.
- Ouais... Lâcha Skeggi dans un nouveau bâillement.
- Mais avant... Commença sa soeur ainée.
Ils se tournèrent vers elle.
- Je voudrais que vous en profitiez pour vous entrainer et... Lloyd ?
- Oui ? S'inquiéta le principal concerné.
Un sourire énigmatique s'étira sur le visage de la grande Elfe.
- Je vais t'apprendre la magie.
--
L'estomac de Lloyd émit un grognement affamé.
- C'était obligé, de ne pas avoir pris de petit-déjeuner ? Grimaça le jeune garçon.
Ludovika acquiesça.
- Pour les première leçons, il te faudra être à jeun. La faim te fera prendre conscience des flux d'énergie de ton corps et, une fois que tu auras appris à les connaître, c'est-à-dire à connaître ton énergie vitale, ton mana, tu pourras les utiliser.
- Je ne suis pas doué pour la magie, j'ai déjà essayé et...
- Combien de fois ?
- Quelques fois...
- On n'apprend pas la magie en quelques fois, le coupa-t-elle net, et, qui plus est, ce n'est pas une magie conventionnelle que je vais t'enseigner.
De nouveau ce sourire énigmatique...
- Ca veut dire quoi conven... ?
- Ca veut dire qu'elle va t'apprendre un différent type de magie que tout ce que tu as pu voir ! Cria Erika, assise dans l'herbe à côté de Skeggi, trépignant d'impatience.
Ils étaient tous les quatre près de l'eau. Laissant la cascade et le campement derrière eux, ils avaient suivi le cours de la rivière jusqu'à une rive plus large. Ludovika et Lloyd étaient là, face à face, Skeggi et Erika, à une quinzaine de mètres, les observaient depuis un coin d'ombre sous un grand feuillu.
- Je n'ai jamais rien compris à la magie, avoua Skeggi à son amie.
Erika sourit, elle avait confiance en Lloyd, elle savait qu'il y arriverait.
Lloyd interrogea Ludovika du regard.
- Runologie.
Le mot résonna en écho dans l'esprit de Lloyd, comme une promesse.
- Ah ! La runologie !
Le garçon sursauta.
- Angelus !
- Bonjour, petit Ange, tu as bien dormi ?
- Euh...
- Ne t'inquiète pas, tout va bien. Je suis content que Ludovika Bellyndaria ait décidé de t'enseigner la runologie ! Maintenant, ressaisis-toi et apprend.
Lloyd secoua la tête. Les autres avaient du prendre son sursaut pour de la surprise, mais la runologie lui était totalement inconnue, il ne se souvenait pas d'avoir entendu ne serait-ce qu'une seule fois ce mot.
- Je vais devoir apprendre l'elfique ?
- Non, juste des runes.
Le jeune garçon se rembrunit.
- Les runes ne sont pas un langage, ce sont... des sortes de dessins, des dessins qui représentent des émotions, des actions, le rassura Ludovika.
- D'accord, fit Lloyd en inspirant profondément.
La grande Elfe hocha de la tête avant de demander à Erika et Skeggi de se retirer pour qu'il puisse se concentrer.
- Avant toutes choses, Lloyd, il faut que tu apprennes à sentir le mana, et pour cela, tu dois ouvrir ton esprit à tout ce qui t'entoure. Cela s'apprend en douceur. Petit à petit, tu vas commencer à percevoir l'énergie des êtres vivants, l'essence de leur vie. C'est par cet exercice que nous allons débuter. Ensuite, tu devra t'ouvrir à l'énergie du monde, comme l'énergie de l'arbre ou de la rivière. La compréhension du mana se déroule en trois étapes, les êtres vivants et la nature en sont les deux premières, le troisième pas consistant en la perception de l'univers même.
- Êtres vivants, nature, univers, d'accord, j'ai compris.
- Bien. Faisons donc le premier pas. Ferme les yeux.
Lloyd obéit et la voix de Ludovika devint un murmure.
- Commence par te détendre et vider ton esprit, ne pense plus aux problèmes ni à personne, mais tend tes perceptions, concentre-toi sur ce qui t'entoure.
La grande Elfe se tut et Lloyd se concentra. Il percevait la douceur du vent matinal, entendait la rivière et en devinait l'eau fraîche, sentait l'odeur de la forêt et les cris des oiseaux qui faisaient écho dans son esprit.
- C'est bien ça, petit Ange, un écho.
- C'est le mana des êtres vivants ?
- Pas encore, mais en percevoir la résonance prouve que tu as trouvé la bonne voie.
- Maintenant, Lloyd, tend ton esprit vers moi et sens ma présence.
Enivré par l'encouragement d'Angelus, il dirigea ses perceptions vers là où se tenait Ludovika. Le flot de sensations qu'il découvrait était tout simplement grisant, il avait l'intime impression d'apprendre à utiliser un nouveau sens, au même titre que l'ouïe ou le toucher, un sens qu'il voulait apprivoiser et explorer.
- Essaye de trouver son mana, sa trace.
Lloyd s'exécuta. L'effet fut immédiat. Le mana de Ludovika était comme une étoile en pleine nuit, l'Elfe rayonnait, baignée d'une lumière blanche et pure. Le mana elfique ressemblait à... du cristal, du cristal percuté par les rayons du soleil.
- Waw... lâcha mentalement Lloyd.
- Tu as de la chance d'avoir une Elfe comme professeur !
Ludovika rit doucement.
- A en juger par ton sourire, je suppose que tu a compris.
Lloyd ouvrit les yeux, un sourire émerveillé en effet peint sur le visage. Alors c'était ça, le mana ! Il avait tenté des dizaines de fois de comprendre ce qu'était la perception du mana en suivant les instructions de Génis, échouant lamentablement à chaque essai, et il suffisait que Ludovika, une Elfe qu'il connaissait à peine depuis un jour, et Angelus, cette étrange entité nichée à l'intérieur de lui, l'épaulent un tant soi peu pour qu'il y parvienne en quelques minutes. C'était tout bonnement incroyable !
- Bien, continuons la leçon.
Lloyd sentit sa confiance grandir en lui.
- Encore quelques exercices, puis tu apprendras ton premier sort de runologie.
--
Cela faisait plusieurs heures que Lloyd faisait des exercices pour percevoir le mana des êtres vivants, et même le sien. Il avait tout réussi avec brio, et il en était le premier étonné. Il était fier, et sa réussite était comme un nouveau départ.
- La particularité de la runologie ne réside pas dans le fait que les sorts soient puissants, mais parce que l'on peut préparer et lancer un sort tout en étant en mouvement.
- En mouvement ?
- Tout à fait. La puissance de ces sorts réside en son efficacité et sa précision. Les sorts de « zone » n'existent pas en runologie, mais tu créeras des lances de glace, des chocs électriques, des flèches de feu et tu pourras même utiliser les racines d'un arbre pour étrangler ton adversaire.
Un sourire ravi s'étira sur le visage de Lloyd.
- Une autre utilité de la runologie consiste à imprégner des armes de magie. Ainsi, tu pourras l'utiliser pour avoir des dagues enflammées ou des dagues électriques. Autrefois, la runologie était utilisée par une guilde très fermée d'assassins, une guilde qui a aujourd'hui disparu.
- Quel sera mon premier sort ? Jubila Lloyd.
- Les pieux de glace, lui sourit Ludovika, le regard dans le vague.
- Ca va ? S'inquiéta le jeune garçon.
- Tu me rappelle moi-même, quand j'ai appris mon premier sort, il y a très très longtemps.
- Qui te l'a appris ?
- Mon père... Il s'appelait Bellyndar...
La grande Elfe secoua la tête comme pour chasser de vieux et mauvais souvenirs.
- Bien, mettons-nous au travail.
--
Les quatre compagnons marchaient dans les rues de Sybak. La ville était exactement comme dans les souvenirs de Lloyd. Des étudiants se pressaient vers la bibliothèque en un flot continu, le regard fixe, s'énervant à la moindre bousculade. Les hauts bâtiments de brique rouge n'avaient rien en commun avec l'extravagance des quartiers colorés de Meltokio, la ville respirait le sérieux, le travail assidu et l'étude. Rien n'attirait Lloyd dans cette métropole. Quelle idée de s'enfermer dans une ville entièrement dédiée à l'enseignement !
Ils progressaient lentement, évitant les axes principaux de la ville. Ludovika était en tête de leur petit groupe, son regard gris orageux voyait tout, examinait tout, captait le moindre détail qui pourrait s'avérer être une menace. Finalement, au bout de près d'une heure, il s'arrêtèrent sur une placette, la grande Elfe leur demanda de rester là pendant qu'elle partait en exploration avec Skeggi.
Lloyd et Erika s'assirent sur un banc près d'un grand saule. La journée était douce, le soleil haut dans le ciel et aucun nuage n'était en vue. Erika se tourna vers lui.
- Ta leçon avec Ludovika s'est bien passée ?
Pour toute réponse, Lloyd lui prit les mains et se concentra. Erika frissonna à la soudaine sensation de froid sur ses paumes et un cri lui échappa quand elle sentit un objet se matérialiser dans ses mains en coupe. Lloyd retira les siennes et observa le résultat d'un œil satisfait.
- Lloyd !
Dans ses paumes jointes brillait désormais une rose de glace aux pétales complexes et brillante comme un diamant. La création n'avait pas demandé beaucoup de mana, mais elle était d'une finesse à couper le souffle, témoignant d'un esprit pur, unique en son genre. La jeune fille sentit la rose cristalline se ficher dans son coeur aussi certainement qu'une flèche. Elle plongea son regard dans l'iris rubis du jeune garçon.
- Merci, dit-elle avec toute la sincérité qu'elle était capable de mettre dans un seul mot.
Un jour, elle se promit de lui raconter la vérité, toute la vérité, qui elle était, ce qu'ils étaient et le pourquoi de tout ce qu'on lui avait fait subir, un jour.
Lloyd se frotta l'arrière de la tête.
- Je ne suis pas encore capable d'utiliser la runologie en combat, mais j'espère que j'en serai capable très bientôt !
- C'est merveilleux, Lloyd, articula Erika, la gorge nouée, personne ne lui avait jamais fait un aussi beau cadeau.
Touchée par les rayons du soleil, la rose de glace projeta des éclats de lumière blanche entre eux. Lentement, ses fines pétales commencèrent à fondre. Erika en caressa une dernière fois la texture glacée.
- Beauté éphémère... Murmura-t-elle.
C'est à cet instant que Ludovika et Skeggi réapparurent. La rose avait complètement fondu. Jetant des coups d'oeil fréquents à gauche et à droite, le grand adolescent sortit un papier de sa poche et le leur tendit. Lloyd le déplia. C'était une affiche, un avis de recherche... pour lui ! Le jeune garçon écarquilla les yeux. Son nom s'étalait en grandes lettres noires au-dessus d'un dessin le représentant avant sa rencontre avec le Consortium de Kharlan, les cheveux en bataille, son épaisse veste rouge vif à boutons gris et l'allure d'un garçon qui s'avançait vers l'âge adulte... et l'air assez benêt aussi...
- C'était moi...
- Ah d'accord, je vois maintenant quand tu me parlais de changements ! S'exclama Erika.
- Au moins, personne ne te reconnaîtra ! Lança joyeusement Skeggi.
- Tu en es certain ? S'inquiéta Lloyd, loin d'avoir la même assurance que lui.
Pour toute réponse, le grand Elfe éclata de rire en lui assénant une énorme tape sur l'épaule qui le fit trébucher. Ludovika s'éclaircit la gorge.
- Si les Renégats ont collé ces affiches partout, je ne pense pas que nous serons en mesure de leur demander de l'aide, sauf si c'est pour nous faire enfermer.
- Mais pourquoi ? A cause d'Angelus ? Ceux qui sont morts dans la forêt étaient des Desians !
- Mais ils portaient des armures de Renégats, protesta Skeggi.
- Renégats ou Desians, c'est kif kif ! Répondit Erika du tac au tac.
- Oui, mais ils étaient accompagnés de deux des têtes du Consortium, Baruch et Gerrius.
Lloyd fit la moue. La situation devenait vraiment de plus en plus compliquée...
- Des Desians peuvent très bien avoir infiltré les Renégats, supposa Ludovika.
- On n'a qu'à aller voir ! Martela son amie.
Le jeune garçon se prit la tête entre les mains et récapitula tout ce qu'il savait. Dans la forêt de Gaoracchia, lui, ou plutôt Angelus, avait tué ceux qui le menaçaient et mis en fuite Baruch et Gerrius. Les soldats qui les accompagnaient avaient essayé de le capturer et ils pouvaient soit être d'anciens Désians qui avaient rejoint la cause du Consortium de Kharlan, soit des Renégats corrompus. Dans ce cas, ces avis de recherches visaient à l'enlever une nouvelle fois. Ses anciens amis ? S'étaient-ils au moins rendus compte de sa disparition ? Il avait dit partir en quête des dernières exsphères à Sylvarant et à Tesséha'lla pour empêcher les gens de les utiliser à tort et à travers, son voyage devait durer des mois ou même des années, il était donc normal qu'il n'ait pas donné de nouvelles. Mais la base des Renégats la plus proche -Ludovika lui avait expliqué qu'elle se situait dans le sous-sol de l'université et qu'on y accédait soit par la plage, soit par une porte dérobée dans un laboratoire– représentait un espoir inestimable, celui de contacter ses amis. Même s'il éprouvait encore de la rancœur de savoir qu'ils l'avaient tous oublié à Isélia, il se savait capable de l'impossible avec eux.
- On doit absolument savoir si les Renégats sont avec nous ou pas, conclut fermement Lloyd.
Ludovika acquiesça. Soudain, Skeggi bondit sur place en tapant des mains.
- Je sais ! S'écria-t-il.
- Tu nous expliques ? Demanda Erika en levant un sourcil.
- On va infiltrer leur base !
- Très amusant, mais je suppose qu'on ne va pas entrer et dire « Salut ! On voulait vous demander ce que vous pensiez du nouveau Lloyd, pas trop dangereux j'espère ? », mima la jeune fille.
- Mais non, mais non... on va se déguiser !
Tous tournèrent des yeux ronds comme des fonds de bouteille vers Skeggi.
- Quoi ?!
--
Ca va ? Je ne vous ai pas trop submergés de dialogues ?...
Petite annonce à vous faire: le chapitre 7 sera aussi avec Lloyd et co. En fait, j'avais écrit la trame du chapitre 6 et, arrivée à un quart de ce que je devais écrire, je me suis rendue compte que le chapitre allait être ( trop ) énorme. Du coup, je l'ai divisé en deux. Il va donc falloir attendre un peu plus longtemps pour savoir ce qu'il se passe du côté des autres ^^" ... Désolée !
A plus !