Résumé : Il est très difficile de faire un résumer de ce texte sans révéler "l'intrigue" que j'ai essayé d'y placer, je tiens à le souligner avant de me faire lyncher…
Tenir sa promesse. Tenir ses promesses. Mais comment faire lorsqu'elles sont contradictoires ? Comment choisir entre ce que l'on désir et le bonheur de ceux qu'on aime ? Et si, rien qu'une fois, rien qu'une nuit, ils oubliaient tous les serments, bravaient tous les interdits, qu'adviendrait-il ?
Disclaimer : Ichigo, Rukia et la bande de dégénérés qui leur sert d'amis ne m'appartiennent pas, ils sont à Tite Kubo, mais je les aurais un jour, je les aurais ! Exceptionnellement, vous trouverez dans cette fic des personnages que vous ne connaissez pas, ceux-là sont entièrement sortis de mon imagination !
Rating : 18+
ATTENTION : CE TEXTE CONTIENT UN LIME A LA LIMITE DU LEMON, IL N'EST DONC PAS A LA PORTEE DE TOUT LE MONDE !
Cela dit, le passage en question est en gras italique et ce n'est pas du Hentai (c'est à dire du cul pour du cul et rien d'autre) loin de là ! L'histoire se lit très bien en sautant ces quelques paragraphes. Mais bon, le recueil s'intitulant "Premières fois", je ne pouvais pas passer à côté de cette première fois-là, surtout qu'on me l'a demandée avec plus ou moins d'insistance…
Petite information : les *** sont là pour prévenir du changement de personnage, ce ne sont pas directement des POV, mais comme je change de point de référence… Pour une meilleure compréhension, je préfère diviser un peu le texte.
Sur ce, bonne lecture !
Première nuit…
- En réalité, je suis sûr que tu crèves de trouille Kurosaki !
Ichigo ferma les yeux d'exaspération une énième fois. Cela faisait au moins une heure que cet abruti lui répétait la même chose. Et quand il ne s'extasiait pas sur la soi-disant peur qui le terrassait intérieurement, il lui faisait tout un cinéma sur la vie qu'il allait mener et les responsabilités auxquelles il devrait faire face à présent. Le jeune homme avait l'impression qu'Uryuu, voyant Isshin muet, avait décidé de prendre la place du père d'Ichigo en lui prodiguant conseils et autres encouragements tout aussi déplacés qu'inutiles.
- Pour la quinzième fois, Ishida, mêle-toi de tes affaires ! Je ne vois pas pourquoi je devrais "crever de trouille" et je ne te demande pas non plus de m'expliquer en détail comment ça s'est passé pour toi ! Si tu pouvais simplement me donner l'heure et ne plus l'ouvrir, je t'en serais reconnaissant !
Pour une fois, le Quincy ne répliqua pas. Il pouvait comprendre qu'Ichigo soit sur les nerfs, lui-même l'avait été bien assez lorsqu'il était passé par la case "cérémonie". Il indiqua posément à son ami que treize heures trente approchait et qu'il était donc plus que temps de se mettre en route. Isshin se leva alors précipitamment, se jeta au cou d'Ichigo en criant qu'il était « le plus heureux des pères d'avoir eu un fils tel que lui » avant de quitter la pièce en courant.
Un soupir de plus vint ébranler les murs de la chambre, le jeune homme en avait plus qu'assez de cette agitation et de toutes ces exagérations. Il ne faisait pourtant que se marier aujourd'hui, ce n'était pas comme s'il se faisait couronner empereur du Japon non plus ! Pourquoi en faire une telle histoire ?
En effet, à vingt-six ans, Kurosaki Ichigo, nouvellement avocat dans un grand cabinet de Tokyo, se mariait. Rien de plus. Et il avait l'impression que serait le séisme de son existence. Aux yeux de ses amis et de sa famille, ça méritait clairement d'être un événement médiatique mondial. Lui, il le voyait plutôt comme l'accomplissement d'une promesse ou la suite logique de sa vie. Ça faisait maintenant plus de cinq ans qu'il était en couple avec la future madame Kurosaki et trois ans qu'ils vivaient ensemble ; ce mariage était en quelque sorte la preuve qu'ils ne considéraient pas leur histoire comme passagère ou dérisoire. Ils avaient décidé ça ensemble, presque sur un coup de tête, huit mois plus tôt, alors qu'ils fêtaient l'embauche du jeune homme dans un cabinet assez coté. Il n'y avait eu ni grande demande à genoux ni bague en diamant, ils n'avaient même pas réellement prémédité ce choix et ça leur convenait parfaitement, à tous les deux.
Ichigo se leva et se rendit, toujours accompagné d'Uryuu, son témoin, sur les lieux de la cérémonie. Ils avaient choisi un hôtel assez sobre pour la noce. Dans la salle se dressait un autel à l'occidentale*, Ichigo se plaça devant et attendit patiemment. Sa fiancée ne mit pas longtemps à arriver au bras d'Isshin. Alors que toute l'assemblée – pas plus d'une cinquantaine de personnes – était installée dans les bancs, elle entra. Ichigo ne put s'empêcher de la trouver encore plus magnifique que d'ordinaire. Elle portait une robe blanc cassé formée d'un bustier perlé de vert pâle qui se terminait en une jupe légèrement froncée, piquetée elle-aussi de perles de jade. Un diadème d'argent trônait sur ses longs cheveux laissés libres et savamment bouclés pour l'occasion. Elle était superbe. Tout simplement éblouissante.
Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle accorda à son futur mari un sourire avant de se tourner vers l'homme qui devait les unir. Isshin, passablement ému, ne consentit à lâcher le bras de la jeune femme qu'au moment où Ichigo lui promit, à voix basse, une mort douloureuse s'il ne se dépêchait pas d'aller s'asseoir. Ce qu'il finit par faire, aussi penaud qu'un enfant auquel on aurait refusé un bonbon, après avoir tenter d'embrasser une fois encore son fils.
***
La cérémonie en elle-même se déroula sans accro. De toute manière, Ichigo ne voyait pas vraiment ce qui aurait pu la faire déchanter. Ils n'avaient invité tous les deux que leur famille et deux trois amis proches. Le seul incident notable fut donc logiquement le sanglot qui traversa la salle lors du baiser final. Une nouvelle fois, Isshin avait été un peu trop expressif.
Ils se dirigeaient à présent tous vers la salle de réception de l'hôtel, pas bien grande au vu du nombre d'invités, mais chaleureusement décorée. Les nouveaux mariés se postèrent à l'entrée de la pièce, recevant pléiades de félicitations de tous ceux qui franchissaient la porte. Au bout d'un bon quart d'heure, ils parvinrent enfin à s'échapper. Tous les convives leur ayant présenté leurs vœux, ils s'éclipsèrent discrètement.
- Je sais que c'est un peu vieux jeu, mais tu es superbe… glissa doucement Ichigo au creux de l'oreille de sa femme alors qu'ils se retrouvaient seuls dans une petite réserve attenante à la salle.
Elle lui sourit en retour. Il n'était pas mal non plus dans son genre avec son costume noir et sa chemise pâle. Elle s'apprêtait d'ailleurs à lui répondre quand la porte de la remise s'ouvrit avec fracas.
- Vous êtes là ! On vous cherche partout depuis cinq minutes. Dites tous les deux, c'est pas le moment, la nuit de noce c'est ce soir ! Aller Ichi-nii, dehors !
Ichigo dévisagea sa sœur, la défiant du regard de trouver quoi que ce soit dans leur position qui put prêter à confusion. Sans ajouter autre chose, Karin quitta la pièce en prenant bien soin de laisser la porte grande ouverte. Le jeune homme lança un sourire d'excuse à sa femme, l'embrassa tendrement avant de lui prendre la main pour la ramener dans la salle de réception.
***
Ichigo, un verre à la main, ne prêtait pas grande attention à Keigo. Ce dernier, pour ne pas changer, lui rebattait les oreilles d'idioties auxquelles le jeune homme répondait par vagues hochements de tête de temps à autre. En réalité, il était trop occupé à regarder la jeune femme qui venait de l'épouser. Jamais il ne l'avait trouvée aussi belle, aussi souriante. Ses longs cheveux châtain clair que certains disaient même blonds, coulaient dans son dos en boucles soyeuses et disciplinées. Ses grands yeux d'un vert si profond qui ne manquaient jamais de le transpercer étaient rieurs, brillants de son bonheur d'être là. Oui, Kim était magnifique.
Sa belle européenne. C'était à cause de ses origines à elle qu'ils avaient choisi un mariage à l'occidentale. Elle avait grandi entre l'Angleterre et la France. Son père, grand banquier anglais avait cherché sa mère dans le sud de la France et Kim avait vécu à Londres toute son enfance, passant chaque vacance près de Nice. Elle était venue au Japon pour ses études et ils s'étaient rencontrés tous les deux durant leur première année d'Université. Ils avaient vite noué des liens. D'amis, ils étaient devenus amants puis concubins pour finir mariés aujourd'hui.
- Alors on rêve jeune homme ?
Ichigo se retourna vivement vers l'homme à la voix rauque qui l'avait interpellé dans un anglais impeccable. Grand, les tempes poivre et sel tranchant avec la carrure d'un homme d'une trentaine d'année bien qu'il en ait vingt de plus, John Evans, son nouveau beau-père, se tenait droit, l'allure fière, et le regardait avec un sourire évident. A ses côtés, Emilie, sa femme, était déjà plongée en plein débat avec Yuzu dans un mélange d'anglais hésitant et de japonais non moins brillant.
- Je plaide coupable, répondit Ichigo dans la langue de Shakespeare. Il faut dire que votre fille ne m'aide pas vraiment à rester concentré…
John partit dans un éclat de rire tonitruant en claquant le dos de son gendre. Dieu qu'il le comprenait ! Les femmes, c'est bien connu, se font toujours un devoir de faire tourner la tête des hommes !
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Il était aux environs de six heures trente lorsqu'on frappa à la porte de l'appartement. Kim se dirigea vers l'entrée, étonnée à l'idée d'avoir un visiteur le jour même de son départ. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle fut immédiatement soulagée. L'adolescente qui lui faisait face s'était ou trompée de porte ou se proposerait de lui vendre elle-ne-savait-trop-quoi, dans tous les cas, elle ne lui prendrait pas beaucoup de temps, ce dont elle manquait cruellement.
- Bonjour, excusez-moi, je cherche Kurosaki Ichigo, Tatsuki m'a dit qu'il vivait ici, lança la jeune fille.
- Et vous êtes ?
- Kuchiki Rukia. Une ancienne amie, nous étions au lycée ensemble. J'étais dans les parages et je me suis dit que je pourrais passer prendre de ses nouvelles. Il est là ?
- Il n'est pas encore rentré mais il ne devrait pas tarder. Vous voulez l'attendre à l'intérieur ?
Kim avait du mal à la croire. Cette fille paraissait à peine avoir la vingtaine et, à moins qu'elle ait fait ses années lycées à cinq ans, il était tout bonnement impossible qu'elle ait fait ses classes avec Ichigo. Mais le fait qu'elle ait mentionné Tatsuki, en utilisant le prénom de la karatéka de surcroît, l'incita à lui faire confiance. Et puis cette jeune femme ne semblait pas présenter un quelconque danger.
Une fois toutes les deux installées sur le canapé du séjour, Kim attendit patiemment que son invitée prenne la parole. Chose qu'elle ne semblait pas décidée à faire, trop occupée à laisser ses yeux d'un bleu hypnotisant faire le tour de la pièce avec application. Résignée, Kim brisa le silence.
- Vous semblez plutôt jeune pour avoir fait vos études avec Ichigo.
- Oh… oui… On m'a toujours dit que je ne faisais pas mon âge. La plupart des gens ne me donnent pas vingt-cinq ans et pourtant, j'en aurai trente-quatre en janvier prochain.
La voix de la jeune femme semblait assurée et, même si cette idée lui paraissait saugrenue, Kim fut tentée de la croire. Il se dégageait de son interlocutrice une sorte d'aura de confiance et son sourire aurait fait fondre le cœur du plus endurci des hommes.
***
Il pleuvait ce soir-là. Ichigo, trempé jusqu'aux os, se maudissait d'avoir préféré le métro à sa voiture le matin-même pour gagner son bureau. Il n'aspirait plus qu'à une chose, rentrer chez lui, prendre une douche brûlante et se coucher. Sa journée avait été épuisante et, pour parfaire le tableau, une pluie diluvienne s'était emparée de la nuit.
Complètement détrempé, il atteignit enfin le perron de son immeuble. Gis, sombre, froid, austère diraient certains mais il avait au moins le mérite d'être calme et confortable. Situé dans le centre de Tokyo, il était à une dizaine de minutes de métro de son bureau et tout aussi proche de la fac dans laquelle Kim donnait ses cours. Dédaignant l'ascenseur, Ichigo gravit les trois étages séparant le rez-de-chaussée et son appartement. Il fouilla ses poches une poignée de secondes à la recherche de ses clefs avant de déverrouiller la porte et de s'engouffrer dans la chaleur réconfortante de l'entrée.
Il n'avait pas fait trois pas dans le couloir qu'une furie châtain lui fonça dessus.
- Papa ! s'écria le petit garçon qui avait traversé la maison aussi vite que s'il avait été poursuivi par un fantôme.
Ichigo se baissa et attrapa au vol le gamin qui se jucha d'autorité dans ses bras en remuant devant son nez une feuille barbouillée.
- Un dessin pour toi ! clama-t-il victorieusement.
Lorsqu'Ichigo parvint à faire le point avec sa vision, il distingua le chef d'œuvre que lui tendait le garnement. Des formes étranges s'entrecroisant dans un ensemble de silhouettes où l'on parvenait à discerner une sorte de monstre et un personnage en face de cet amas de lignes. En entête figuraient les mots « Cé papa qui tu le dargon ».
Tout en examinant le dessin et en félicitant l'artiste en herbe, Ichigo parvint, son fardeau toujours dans les bras, à atteindre le salon. Et ce qu'il y trouva faillit lui faire perdre la raison.
***
Au bout d'un quart d'heure de bavardage, Kim s'était excusée auprès de son invitée. Elle repartait le soir même pour l'Angleterre et n'avait pas achevé ses bagages, chose qu'elle devait faire de toute urgence. Rukia se retrouva donc seule dans le salon. Elle avait bien proposé de repasser plus tard, mais la jeune femme avait catégoriquement refusé. Depuis que Rukia avait expliqué sa longue absence du Japon par des voyages aux quatre coins de l'Europe, Kim avait tenu à en savoir plus sur elle. Il fallait dire qu'elle n'avait que rarement l'occasion de parler de cet autre bout du monde avec des gens qui y avaient passé plus d'une semaine de vacances. Et elle adorait ça. Reprendre, ne serait-ce que pour quelques secondes, le français de son enfance et l'anglais de tous les jours, ô combien différent de celui qu'elle enseignait, c'était tellement agréable !
C'est ainsi que Rukia se retrouva plantée, seule, devant une collection de photos surplombant un buffet. Toute la vie qu'elle avait ratée s'étalait là, face à elle, toutes les années qu'elle avait perdues et que rien ne pourrait rattraper s'offraient à ses yeux.
Picotement au niveau de la poitrine. Un simple pincement au cœur. Ce fut tout ce qu'elle ressentit en voyant ce qu'elle avait manqué, ce qu'aurait pu être sa vie si elle avait tenu sa promesse. Rien de plus. Pas de tristesse. Pas d'amertume ni de remords. Pas de regrets. Avait-elle oublié ce qu'elle ressentait dix-huit ans plus tôt ?
Elle en était là de ses réflexions quand elle entendit un cri. Un cri aigu, perçant, à vous glacer le sang. La jeune femme crut d'abord au hurlement d'un Hollow mais c'était beaucoup moins bestial, et surtout beaucoup trop proche. Elle n'identifia la plainte qu'après avoir entendu le : « MAMAN !!!!!! Y A L'AUT'E IDIOTE QU'A PRIS MES FEUTRES !!!! » qui la suivit quelques secondes plus tard.
A n'en pas douter, le cri venait d'un des deux enfants que Rukia voyait sur les photos devant elle. Ce devait être le garçon qui paradait devant une peluche grandeur nature d'un lapin rose répondant au doux nom de Chappy. Rukia en déduisit par la même occasion que « l'aut'e idiote » devait désigner la petite fille qui trônait dans les bras de Kim sur un autre cliché.
Alors que, dans l'une des chambres de l'appartement, Kim entreprenait d'expliquer à son fils la signification du mot « partager » et par la même occasion qu'on ne parle pas de sa sœur de cette manière, Rukia fut sortie de sa contemplation des cadres posés sur le buffet par un bruit de pas. Une petite fille d'à peine trois ans courrait dans la pièce, se préparant inévitablement à se jeter sur les jambes de l'inconnue. Elle avait les cheveux assez court et des yeux d'un vert si profond qu'ils semblaient vous transpercer mieux qu'un Zanpakuto.
Rukia n'eut pas le temps de l'examiner plus longtemps que le choc arriva. Ses cuisses se retrouvèrent prises dans un étau juste au-dessus des genoux alors que la gamine se serrait contre elle dans une façon très expressive de dire bonjour.
Rukia sourit discrètement. La fillette était le résultat indéniable de la fusion d'Ichigo et Kim, leur juste milieu. Une moue sérieuse dessinée sur son visage enfantin contrastait avec son sourire désarmant. Ses mèches désordonnées qui lui tombaient devant les yeux étaient d'un blond tirant dangereusement sur le roux. L'étincelle qui dansait dans ses pupilles d'émeraude était, elle, l'exacte réplique de celle qui allumait les yeux chocolat d'Ichigo, des années plus tôt.
- Bonjour toi. Comment tu t'appelles ? demanda Rukia en s'accroupissant à hauteur de la petite.
- Rukia ! clama-t-elle avec un énorme sourire.
La jeune femme n'eut pas le temps de répondre. Elle entendit le cliquetis d'une serrure qui s'ouvre et entraperçut une silhouette furtive traverser la pièce à toute allure pour foncer dans l'entrée. Avant qu'elle n'ait pu comprendre quoi que ce soit, un « PAPAAAAAA ! » sonore retentit dans tout l'appartement.
Pas surprise pour deux sous, la petite qui lui faisait face ne s'était pas départie de son sourire et ne semblait même pas troublée par le cri de son frère. Elle avait toujours ses deux éclats de jade plantés sur Rukia et attendait simplement que celle-ci lui réponde.
***
Vacillant légèrement sous le poids du petit garçon qu'il n'avait pas lâché, Ichigo franchit l'entrée de son appartement pour se retrouver dans le salon. Il s'attendait à ce que, comme tous les soirs, sa fille vienne se jeter dans ses jambes en réclamant elle-aussi son attention. Ce ne fut pas le cas. Il balaya alors la pièce du regard jusqu'à ce que ses yeux se posent sur la petite. De stupeur, il faillit laisser tomber Hatori par terre. Dans son salon, accroupie devant sa fille, se tenait la seule personne qu'il n'aurait jamais cru revoir. Kuchiki Rukia.
Avant que le moindre mot ait pu franchir les lèvres tant d'Ichigo que de sa visiteuse inattendue, Kim entra dans la pièce, apparemment désireuse d'observer la réaction de son mari. Réaction qui se laissa attendre. Longtemps. Pendant un interminable moment, il se contenta de fixer la jeune femme qui lui faisait face, les yeux écarquillés, sans bouger. Puis il se baissa, déposa sur le sol le petit garçon qui le regardait, ébahi.
- Ru… Rukia ?!
La voix était tout sauf assurée, la surprise suintait de son ton et tout son corps, crispé, criait un mélange de stupéfaction et de colère.
Dix-huit ans.
Dix-huit ans qu'il n'avait eu aucune nouvelle, qu'il n'avait pas entraperçu ne serait-ce que l'ombre d'un Shinigami. Dix-huit ans que ces ingrats l'avaient foutu à la porte, sans un merci alors qu'il avait manqué d'un cheveu de sacrifier sa vie pour eux face à Aizen. Et tout ça pour quelles excellentes raisons ? Parce qu'il était humain. Parce qu'il n'était pas l'un des leurs. Pourtant cette différence ne les avait pas gênés lors de la bataille, quand il se battait pour leur garantire la victoire, pour préserver leur monde !
Dix-huit ans qu'elle n'était pas revenue, qu'elle avait trahi sa promesse. Dix-huit longues années qu'il cuvait sa colère, sa rancœur. Et sa douleur avait largement eu le temps de se transformer en haine…
Rukia ne répondit que par un sourire piteux à l'exclamation de celui qui avait été son ami. Elle se releva, doucement, elle ne voulait pas le brusquer davantage. La surprise de la voir ici devait déjà être inimaginable, elle ne tenait pas à ajouter à son trouble.
- Ça fait longtemps, sourit-elle, brisant enfin le silence lourd de sens.
Ichigo ne répondit pas, hésitant visiblement entre la rage qui semblait pulser en lui et le soulagement qu'il éprouvait de la revoir. Rukia crocheta ses yeux dans les deux volcans de miel qui lui faisaient face et reprit d'une voix douce :
- Je ne suis revenue que depuis une semaine. Et j'ai rencontré Tatsuki à Tokyo, par hasard. Elle m'a dit que tu vivais ici, et je… j'ai voulu voir com…
- Tu n'as rien à faire ici.
Fouet invisible, intangible mais tellement venimeux, la voix, blanche, avait claqué dans la pièce. Rukia referma instantanément sa bouche. Elle baissa les yeux et croisa le regard de la petite qui, manifestement, ne comprenait pas la colère et la déception qui résonnaient dans le salon.
Doucement, Kim s'avança, elle attrapa la main du garçon, enjoignit sa fille de la suivre jusque dans la chambre. Elle revint quelques secondes plus tard, visiblement mal à l'aise.
- Ichigo, dit-elle en s'approchant doucement de lui, ton… amie repart pour l'Italie demain, elle a fait beaucoup de chemin pour te voir, tu ne veux pas essayer de passer outre vos différends et profiter de ces retrouvailles ?
Une nouvelle fois le silence suivit la tirade. De toute évidence, Ichigo était perdu. Il ne savait plus s'il devait hurler de rage ou offrir un sourire à la jeune femme devant lui. Finalement, il posa les yeux sur Kim qui acquiesça d'un hochement de tête, et se tourna vers Rukia.
- Pourquoi maintenant ? demanda-t-il, presque du bout des lèvres.
- Parce que c'est la première fois que Nii-sama me permet de revenir, répondit-elle avec un faible sourire.
***
Cela faisait maintenant près d'une heure qu'Ichigo était rentré chez lui et qu'il avait trouvé Rukia dans son salon. Il referma la porte sur Kim, Hatori et Rukia, après que les deux garnements aient manqué d'ameuter tout l'immeuble à coup d'« Au revoir papa ! » et de « Tu viens bientôt chez papy, hein dis ? » plus ou moins bruyants. Leur avion pour Londres décollait dans un peu plus de deux heures et lui-même ne les rejoindrait que la semaine suivante. Kim était vraiment courageuse de partir seule avec ces deux terreurs !
Ichigo soupira et retourna dans la pièce à vivre. Rukia était toujours là, face au buffet, ses doigts glissant doucement sur les cadres qui s'y étalaient. Pour la première fois, il laissa son regard la détailler. Elle avait changé. Moins que lui, certes, mais les différences qu'il relevait lui semblaient énormes. Elle avait troqué ses cheveux mi-longs pour un chignon lâche d'où s'échappait toujours sa mèche rebelle et ses incontournables robes simples avaient cédé place à une jupe plissée bleu marine et un chemisier habillé.
- Ils sont adorables, lança-t-elle sans se retourner.
- Mmm ? Oui… Ils le sont encore plus quand ils ne se crient pas dessus.
- Quel âge ont-ils ? demanda-t-elle jetant un coup d'œil au jeune homme par-dessus son épaule.
- Hatori a fêté ses sept ans en octobre et Rukia… en aura trois le mois prochain.
- Rukia ?
- C'est Kim qui a choisi ce nom. Un soir, Orihime et Uryuu dînaient ici et Orihime m'a demandé si j'avais eu de tes nouvelles. Ton prénom a tout de suite beaucoup plu à Kim, quand elle l'a proposé à la naissance de Rukia, je n'ai pas protesté…
Rukia esquissa un sourire. Peut-être que sa venue ne serait pas aussi catastrophique que l'avait laissé présager la première réaction d'Ichigo. Il lui parlait presque aussi librement qu'avant !
Elle avait longuement hésité à venir. C'était par hasard qu'elle avait rencontré Tatsuki au coin d'une rue. Elle était sous sa forme de Shinigami. C'était la première fois qu'on lui confiait une mission dans le monde réel depuis la guerre, et elle avait dû insister un bon moment pour l'obtenir. Quoiqu'il en soit, Tatsuki l'avait immédiatement reconnue. Et quand Rukia avait osé lui demander des nouvelles de ses anciens alliés, la karatéka lui avait tout de suite indiqué l'appartement d'Ichigo. Orihime et Uryuu s'étaient mariés et habitaient près d'Osaka. Keigo était resté à Karakura et s'évertuait à percer en tant que mangaka tandis qu'elle-même avait fini par reléguer le sport aux loisirs et travaillait avec Ichigo en tant qu'avocate. De Mizuhiro et Chad, elle n'avait plus aucune nouvelle, ni de la plupart des autres lycéens, d'ailleurs.
Rukia avait mis trois jours pour se décider à venir voir Ichigo. Avant qu'elle ne parte, elle avait juré à Renji et son frère qu'elle ne tenterait pas de le retrouver, ni lui ni les autres. Mais après tout, ce n'était pas sa faute si Tatsuki lui était tombée dessus !
- Qu'est-ce que tu fais là ? Réellement…
La question sortit Rukia de sa torpeur. Elle se retourna vers Ichigo et le regarda sérieusement pour la première fois.
- Tu ne t'en doutes pas ? Je suis en mission. On a mis Tokyo sous ma garde pour la semaine.
- Toute seule ?
- Non, j'ai une escouade de la treizième sous mes ordres, expliqua-t-elle avec un sourire.
- Sous tes…
- Oui, sous mes ordres, le coupa Rukia, narquoise. Je suis passée cinquième siège il y a peu, mais je ne suis pas venue ici pour t'annoncer ma promotion. Je… Je voulais voir ce que tu devenais…
Rukia baissa la tête. Elle s'était retenue de justesse d'ajouter « sans moi » à la fin de sa phrase. Ça aurait sonné comme un reproche et ce n'était pas son intention. Ichigo, lui, observait son manège. Pourquoi, d'un seul coup, son sourire s'était-il envolé ? Pourquoi ses yeux venaient-ils de se ficher sur le parquet de son appartement ? Il n'eut pas le temps de trouver les réponses à ses questions que Rukia relevait les yeux.
- Tu sembles avoir tourné la page… En vérité, c'est tout ce que je voulais savoir, avoua la jeune femme. Je vais te laisser, tu as certainement des choses à faire… continua-t-elle en se détournant pour se diriger vers la porte.
- Non ! s'exclama soudain Ichigo. Enfin… je veux dire… tu ne me déranges pas… reste…
Rukia se tourna vers Ichigo, elle le détailla comme si c'était la toute première fois qu'elle le voyait. Elle ne comprenait plus rien. D'abord il manquait de la mettre à la porte et maintenant, il lui demandait de rester avec lui ? Qu'est-ce qui différait de son arrivée pour qu'il change si soudainement de comportement ?
Un silence pesant s'installa dans la pièce, une fois de plus ; jusqu'à ce que Rukia laisse un sourire se graver sur son visage. Elle attrapa négligemment un des cadres posé à proximité et traversa la pièce en direction d'Ichigo. Le cliché représentait Kim, sa fille dans les bras et Hatori debout à côté d'elles, visiblement peu ravi d'être sur la photo, au regard de son air boudeur que le sourire des deux filles démentait .
- Parle-moi d'eux, Ichigo. Comment vous-êtes vous rencontrés, Kim et toi ? Depuis combien de temps ? Je ne sais même pas si vous êtes mariés… Et tes enfants, qui sont-ils ? Où aiment-ils aller ? D'où leur vient un tel sourire ? Ils semblent si heureux. L'es-tu autant ? Est-ce que…
Les réponses à ses questions ne lui parvinrent jamais. Ichigo s'était approché d'elle tout le long de sa tirade, doucement, comme pour ne pas la brusquer, mais l'espace les séparant venait bel et bien d'être réduit à néant. Rukia se retrouva acculée au mur, le jeune homme tout contre elle. Elle sentait son souffle brûlant sur sa joue, chaque parcelle de son corps ressentait la présence de celui d'Ichigo à quelques millimètres à peine d'elle. Et soudain… plus rien…
Plus rien n'exista pour elle. Plus rien mis à part les deux lèvres qui venaient de se poser sur les siennes… Plus rien d'autre ne comptait que la chaleur qui s'emparait d'elle, que les sensations qui se bousculaient dans tout son corps… Plus rien hormis Ichigo.
La surprise, le soulagement, la fièvre, tout se mélangeait dans sa tête. Le cadre qu'elle tenait à la main se fracassa sur le sol, répandant à leurs pieds une multitude d'éclats de verre. Elle ne le remarqua même pas, trop obnubilée par ce qu'elle ressentait. Il lui semblait qu'un torrent d'or en fusion s'était déversé dans ses veines. Pourtant, ce n'était pas la première fois que leurs lèvres se découvraient. Mais cette passion oubliée, cette étincelle qui n'appartenait qu'à lui, que les autres ne posséderaient jamais… Rukia se sentait devenir folle. Un simple baiser. Et pourtant…
Ichigo se consumait. Il ne savait pas ce qui lui avait pris, mais il n'avait su résister à l'appel muet des lèvres de Rukia. Et maintenant, il ne pouvait empêcher les siennes de les caresser avidement, ni sa langue de parcourir doucement l'ourlet rose, quémandant un accès moins limité à sa bouche. Inconsciemment, il passa une main dans les cheveux de jais de la Shinigami tandis que l'autre accrochait sa hanche.
Dix-huit ans que Rukia ne s'était pas sentie aussi vivante, aussi entière. Elle entrouvrit doucement la barrière de ses lèvres et laissa le baiser s'approfondir. Ses deux bras vinrent d'eux-mêmes s'enrouler autour du cou d'Ichigo, comme s'ils y étaient à leur place.
Ils restèrent ainsi un long moment, enlacés, sans rien voir du monde au-dehors. Jusqu'à ce que le souffle leur manque. Ce fut Rukia qui rompit l'échange. Doucement, comme pour repousser le plus possible cet instant, elle rouvrit ses paupières. Elle savait qu'elle allait regretter ce geste, qu'ils le regretteraient tous les deux.
- Ichigo, je… pardonne-moi… je n'aurai jamais…
Le doigt qui se posa sur ses lèvres la dissuada de poursuivre ses excuses. Un sourire tendre éclairait le visage de l'homme qui lui faisait face, preuve supplémentaire s'il en fallait qu'Ichigo avait changé, qu'il avait mûri. Il pencha encore une fois sa tête vers elle et reprit le baiser là où il l'avait abandonné.
Une main glissa doucement dans son dos et, avant que Rukia ne s'en rende compte, elle s'insinuait sous le chemisier qui avait emprisonné sa peau jusqu'à maintenant. Les doigts hâlés traçaient des sillons brûlants le long de sa colonne vertébrale. Elle en oublia toute raison. Ses mains remontèrent lentement vers le torse d'Ichigo, caressant au travers du tissu, les pectoraux savamment dessinés.
Les lèvres qui s'acharnaient sur les siennes les délaissèrent soudain pour s'attaquer à sa mâchoire et descendre dans son cou. Rukia fut incapable de retenir son soupir. La deuxième main de l'avocat remontait le long de sa cuisse dans une douce torture.
Se laissant enfin guidée par ses désirs, la Shinigami se mit en devoir de faire glisser un à un les boutons de la chemise blanche de son vis-à-vis. Chaque parcelle de peau que découvrait Rukia lui semblait plus attirante que la précédente, chaque caresse qu'elle recevait, chaque baiser que les lèvres d'Ichigo traçaient dans sa nuque, contribuaient à lui faire perdre toujours un peu plus la tête. Bien vite, la chemise immaculée découvrit le torse bronzé du jeune homme.
Combien de fois avait-elle rêvé de ses retrouvailles ?
Les doigts qui achevaient dégrafer son soutien-gorge sous son chemisier et caressaient son dos, traçant des arabesques enflammées sur sa peau, brisèrent définitivement toute la résistance que Rukia tentait encore d'opposer aux évènements. Soudain prise d'une fièvre qu'elle n'était pas certaine de comprendre, elle envoya une de ses mains descendre lentement le long du torse glabre d'Ichigo, cherchant visiblement à s'approcher d'un fruit fermement défendu tandis que l'autre se perdait dans ses mèches orange pour attirer son visage vers elle. Leurs lèvres finirent par se rencontrer à nouveau, plus passionnément qu'elles ne l'avaient jamais fait.
La paume qui courait sur la cuisse de la Shinigami finit par trouver sa destination. Passant imperceptiblement sous l'élastique du boxer camouflé sous la jupe de la jeune femme, les doigts frôlaient, goûtaient la peau tendre de l'aine puis de ses hanches avant de décider de se débarrasser tout simplement du sous-vêtement.
D'un geste, le jeune homme hissa Rukia en hauteur alors qu'elle enserrait sa taille de ses jambes. Et, sans prêter la moindre attention aux débris de verre qui crissaient sous ses pas, Ichigo traversa l'appartement, ses lèvres toujours mêlées à celle de sa partenaire. Enfin arrivés dans la chambre, il se laissa doucement tomber sur le lit pour se retrouver allongé sur le dos, la cinquième siège assise à califourchon sur lui.
Le manque d'oxygène se faisant douloureusement sentir, Ichigo brisa enfin l'étreinte de leur baiser, ses mains longeant les côtes de la jeune femme.
Une étincelle incandescente embrasant ses yeux de nuit, Rukia caressait avec délice le torse glabre qui s'animait sous ses doigts. Elle longeait tendrement les restes des cicatrices qu'avait laissées Aizen sur la peau mate, retraçait de sa langue les courbes que dessinaient les muscles d'Ichigo. Puis, délaissant enfin le torse et les hanches fascinantes et diablement tentantes de l'ancien Shinigami remplaçant, elle attrapa les pans de son chemisier qu'elle fit remonter par-dessus sa tête fébrilement. Quand bien même elle aurait voulu prendre tout son temps pour rendre fou son partenaire, elle en aurait été parfaitement incapable. Plus rien dans son esprit n'avait de sens. La seule chose qu'elle percevait clairement c'était ses sensations… et Ichigo… sa présence, son corps, sa chaleur.
Envoyant baladé aussi loin qu'elle le pouvait et son vêtement et ce qu'elle portait en-dessous, elle fondit une nouvelle fois sur la peau de son vis-à-vis. Ses lèvres s'attachaient à découvrir impatiemment chaque parcelle de ce corps dont elle n'avait osé rêver pendant ces dix-huit dernières années tandis que ses mains s'affairaient à défaire le bouton du pantalon sombre qui l'empêchait d'admirer la physionomie du jeune homme.
Ichigo sentait les lèvres, la langue de Rukia l'embraser. Elle ne portait plus que sa jupe marine et rien que la voir ainsi aurait suffi à le rendre fou. Elle était un pur appel à la luxure.
Un grognement mourut sur les lèvres de l'avocat. La jeune femme avait fait remonter sa bouche contre son oreille qu'elle s'appliquait à torturer tandis que ses doigts ses faufilaient sous l'élastique son sous-vêtement. Frisson. Courant d'électricité pure qui traverse son corps de part en part. Morceau de paradis.
Un indexe mutin courait insidieusement le long de son désir exacerbé…
Les mains de Rukia avaient fini par se débarrasser de l'entrave que représentait le pantalon noir d'Ichigo et longeaient à présent son membre tendu. Se fiant aux soupirs qui franchissaient les lèvres de son vis-à-vis, la jeune femme laissa ses mains explorer son bas-ventre tout en faisant glisser ses baisers le long de son torse hâlé. Elle finit par imprimer un mouvement de va et vient le long de la verge fièrement dressée de son partenaire, lui arrachant une série de gémissements rauques.
Si Ichigo sentait qu'il ne tiendrait plus longtemps face à la torture que la jeune femme lui imposait, Rukia n'était pas en reste. Elle avait l'impression qu'un torrent de la lave coulait dans ses veines, qu'un ouragan titanesque dansait dans son ventre dans le but évident de la rendre folle. La tête renversée en arrière, elle s'avança jusqu'à ce que son intimité frôle le désir de l'avocat.
- Ichigo…
Plus qu'un cri, le gémissement qui lui échappa, sonna comme un signal d'alarme dans l'esprit du jeune homme. Pris d'une ardeur incontrôlable, il renversa sa partenaire pour se retrouver juste au-dessus d'elle.
Le poids du corps sur le sien lui semblait tellement brûlant… Les mains d'Ichigo s'aventuraient sur sa peau en fusion tandis qu'elle s'affairait à le délivrer une fois pour toutes de son pantalon si encombrant.
- Ichi… go…
Ses lèvres torturant avec acharnement les perles de chair rosée qu'arboraient la poitrine de la Shinigami, il finit par accéder à la supplication implicite de Rukia. Savourant cet instant comme jamais il n'en avait savouré, il se fondit enfin dans son univers, tellement plus coloré que celui, morne, de la réalité, dans leur monde à eux, jusqu'à s'y perdre. Définitivement…
***
Lorsque le cri de la pluie sur les carreaux la réveilla, Rukia mit plusieurs secondes à se rappeler pourquoi elle n'était pas dans sa chambre ce matin-là. La soirée de la veille ne lui revint en mémoire qu'au moment où elle prit conscience du bras qui enserrait sa taille. Doucement, elle tourna la tête pour apercevoir le visage endormi d'Ichigo. Ce n'était donc pas qu'un rêve… Ils avaient réellement passé la nuit ensemble… Leur première nuit…
Rukia baissa les yeux sur la main de son amant. A son annulaire gauche brillait discrètement un anneau en or blanc. Kim… Délicatement, elle repoussa le bras d'Ichigo et se redressa. Elle était assise dans son lit, nue, aux côtés de son mari, du père de ses enfants. La Shinigami ferma les yeux une seconde avant de laisser une larme dévaler sa joue. Comment avait-elle pu laisser les choses se passer ainsi ?
Juste avant qu'ils ne parviennent à quitter le Hueco Mundo pour rejoindre la bataille de Karakura, ils s'étaient retrouvés seuls tous les deux, Ichigo s'était penché sur elle et l'avait embrassée. Et elle avait répondu à son baiser, elle l'aimait tellement… Il lui avait promis qu'après la guerre, il ne laisserait plus rien les séparer. Et elle avait juré qu'elle ne le quitterait jamais…
Sauf que lorsque la victoire avait été gagnée, le capitaine-commandant en avait décidé autrement. Ichigo était toujours inconscient, plongé dans le coma des suites de ses blessures, quand il avait été renvoyé dans le monde réel. Avec l'interdiction formelle de revenir tant qu'il ne serait pas bel et bien mort. C'était Rukia qui avait été chargée de l'en informer lorsqu'il sortirait du coma. Ce qu'il avait fait deux semaines plus tard.
Elle se souvenait parfaitement de la douleur qu'elle avait lue dans ses yeux quand elle lui avait dit qu'il ne pourrait plus approcher la Soul Society ni un Shinigami tant qu'il serait vivant, qu'elle n'était même plus autorisée à veiller sur Karakura. Ni elle, ni Renji, ni Ikkaku, ni Byakuya, ni aucun Shinigami qu'il avait rencontré.
Il n'avait pas hurlé, il n'avait même pas cherché à discuter les ordres. Il avait accepté, tout simplement. Et elle n'avait pas désobéi, elle n'avait pas tenté de le revoir elle non plus. Ils s'étaient trahis, tous les deux, mutuellement. Et avaient reconstruit leur vie… Chacun de leur côté…
- Rukia ?
La voix d'Ichigo sortit la jeune femme de sa torpeur. Discrètement, elle écrasa la larme solitaire qui roulait toujours sur sa joue. Elle tourna doucement son regard vers lui et le dévisagea. Il souriait ! Comment pouvait-il sourire dans un moment pareil ? Comment… Comment pouvait-il ne pas sembler éprouver le moindre regret ?
Une main caressa presque tendrement la joue de la Shinigami. Elle la repoussa brutalement alors qu'Ichigo la regardait, soudain surpris.
- Arrête !
- Rukia, pourquoi…
- Pourquoi ? s'exclama-t-elle, atterrée. Tu me poses la question ? Merde Ichigo ! Tu es marié ! Marié ! Tu as pensé à ta femme, à tes enfants ?
L'avocat baissa la tête. Il savait que cette nuit n'aurait jamais dû exister, et pourtant il n'arrivait pas à la regretter. Il savait que plus jamais il ne pourrait regarder Kim comme avant, mais il était persuadé que les choses devaient se passer ainsi. Rukia avait toujours été la première pour lui. Celle qui avait changé sa vie, la première qu'il avait sauvée, qu'il avait aimée, qu'il avait perdue… Au fond de lui, il avait toujours su que leur relation se terminerait ainsi.
- Tu vas me faire porter la couronne tout seul ? demanda-t-il enfin après une minute de silence.
- Je…
- Tu vas me dire que tu ne savais pas que j'étais marié avant qu'on couche ensemble ? Que tout est de ma faute, que j'aurais dû te le rappeler avant qu'on arrive au bout ? Je sais que je n'aurais pas dû tout déclencher sans prévenir, mais tu n'es pas blanche non plus, Rukia.
Ichigo était à présent assis sur son lit, au même titre que la jeune femme. Il avait posé sa main sur la cuisse de Rukia alors qu'il parlait ; cette fois, elle ne broncha pas. La tête renversée, appuyée contre le mur crème de la chambre, elle pesait les paroles de l'ancien Shinigami remplaçant. Jusqu'à ce qu'un rire sans joie s'échappe de ses lèvres. Ichigo était surpris, ses sourcils se froncèrent un peu plus qu'à l'accoutumée et il pencha la tête sur le côté, comme pour essayer de comprendre ce que signifiait cette hilarité soudaine.
- Tu es marié, je suis fiancée et aucun de nous n'a été capable de repousser l'autre. C'est tellement idiot…
- Fiancée ? Tu… tu t'es fiancée ?
- Il y a deux mois. Maïko Hiroshi-sam… -san est le nouveau capitaine de la troisième division. Je… Je dois l'épouser dans un peu plus de trois mois.
- Pourquoi… pourquoi tu ne me l'as pas dit ? demanda Ichigo, les yeux écarquillés.
- Ça aurait changé quelque chose que tu sois au courant ?
La voix de Rukia était froide, dure. Elle aurait souhaité pouvoir dire que si elle devait recommencer cette soirée, elle ne ferait pas la même erreur, mais elle savait que ce serait un mensonge. Pourtant le sourire d'Hiroshi ne quittait pas sa mémoire, lui rappelant sans cesse qu'elle n'aurait jamais dû partager une nuit avec un autre que lui. Elle s'en voulait… mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait toujours désiré que cela se passe ainsi entre Ichigo et elle …
- Rukia…
Le ton du jeune homme était caressant, au moins autant que la main qui glissait doucement sur sa cuisse au travers du drap. Rukia la repoussa et se leva précipitamment, ramassant ses affaires éparpillées dans la pièce en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et quitta la pièce. Elle s'habilla rapidement dans le salon et sortit en claquant la porte de l'appartement.
***
Assise sur le toit de l'immeuble, ses larmes coulaient sans qu'elle puisse les retenir, sans même qu'elle songe à les empêcher de tremper ses joues rougies. Lorsqu'enfin ses sanglots s'espacèrent, elle attrapa son soul pager et composa un numéro, la main tremblante.
- Allô ?
- Renji ? C'est Rukia…
- Rukia ? Quelque chose ne va pas ? Ta voix est étrange. La mission a mal tournée ?
- Renji… Viens… chuchota-t-elle, honteuse.
- Quoi ?
- Viens me chercher… S'il te plaît…
- J'arrive.
Le Shinigami raccrocha et Rukia effondra à nouveau.
La porte donnant sur le toit s'ouvrit soudain. La Shinigami ne releva même pas la tête, elle savait pertinemment qui venait d'arriver. Elle connaissait ce reiatsu par cœur. Depuis tellement longtemps.
La silhouette masculine se pencha vers elle et la prit dans ses bras, elle se laissa faire ; elle n'avait plus la force de résister.
Elle aurait voulu fermer les yeux et tout oublier. N'avoir jamais obtenu cette mission à Tokyo, n'avoir jamais croisé Tatsuki, n'avoir jamais été chez Ichigo, ne jamais s'être laissée berner par la chaleur de ses bras… Comme elle le faisait en ce moment même.
- Rukia… susurra Ichigo à son oreille. Je n'oublierai jamais ce qui s'est passé cette nuit, mais ne vois pas ça comme pas un serment… Garde-le juste en mémoire, comme si ça s'était passé il y a dix-huit ans, juste avant que tu t'en ailles. Comme si c'était le point final de la dernière phrase, au bas de la page de notre relation. Ce n'était pas une erreur, Rukia, juste une conclusion.
Elle releva doucement les yeux vers "son rouquin" comme elle aimait l'appeler à l'époque, il y avait si longtemps lui semblait-il. Ses mots… ses mots sonnaient dans sa tête comme une évidence, comme une déchirure. Il avait raison, elle ne pouvait de toute façon pas revenir sur le passé. Mais ça faisait tellement mal de savoir qu'on a trahi celui qu'on aime – car oui, elle aimait sincèrement Hiroshi qu'elle allait épouser – savoir qu'on l'a trahi et qu'on n'hésiterait pas une seconde à le refaire… Tellement mal de savoir qu'elle ne comptait plus que comme un souvenir, une histoire ancienne, pour Ichigo qu'elle avait aimé si fort, plus que n'importe quel autre.
Une dernière larme fila sur sa joue et Ichigo l'essuya délicatement avant de poser ses lèvres sur celles de Rukia, scellant leur pacte tacite.
Ce fut précisément à cet instant que le Senkaimon s'ouvrit sur Renji. Sur le toit de l'immeuble, Ichigo se détacha doucement de Rukia tandis que Renji réalisait avec difficulté la scène qu'il venait d'apercevoir. Rukia, prostrée à même le sol, recroquevillée sur elle-même, Ichigo penché sur elle, visiblement en train de l'embrasser… Le tableau était surréaliste.
- Ichi… Ichigo ?
- Renji, sourit l'interpellé. Content de te revoir. Et capitaine de surcroît.
Le Shinigami ne répondit pas. Il n'était pas certain de ne pas souffrir d'hallucination. D'abord, Rukia l'appelait, en pleurs, et quand il venait la chercher, il la trouvait dans les bras d'un homme qu'il ne pensait pas revoir avant une bonne cinquantaine d'années.
Agrippant son courage à deux mains, il s'avança vers son amie d'enfance qui n'avait toujours pas bougé. Elle était assise sur le parapet du toit de l'immeuble, ses bras encerclant ses genoux, la tête baissée. Il s'agenouilla devant elle en posant une main sur ses cheveux sombres.
- Rukia, commença-t-il doucement, que s'est-il passé ici ?
Pour toute réponse, la cinquième siège croisa le regard de son vis-à-vis pour le détourner tout de suite après. Elle était incapable de lui expliquer ce qu'elle avait fait. Elle se sentait tellement sale, honteuse.
- Viens, murmura-t-il en l'aidant à se relever.
Rukia ne fit aucune difficulté et se laissa faire. Elle avait tellement peur que tout le monde la laisse tomber en apprenant ce qu'elle avait fait. Qu'on la juge, que même Renji lui tourne le dos… Elle lui avait menti. Avant de partir, il lui avait fait jurer de n'entrer pour rien au monde en contact avec les humains de Karakura et elle avait promis, ajoutant dans un sourire qu'elle n'était pas assez folle pour rouvrir elle-même ses anciennes blessures.
Il l'aida à franchir la distance qui les séparait du passage reliant le monde réel et la Soul Society sans un mot. La porte se refermait sur eux quand une voix distante lança :
- Rien ne changera jamais ce qui s'est passé Rukia. Et rien ne me fera oublier ce que je ressens pour t…
Le Senkaimon se referma définitivement sur la phrase incomplète d'Ichigo. Mais Rukia n'avait aucun besoin d'en entendre davantage. Elle savait qu'elle resterait toujours la plus importante à ses yeux. Comme elle savait que jamais personne ne remplacerait Ichigo dans son cœur… Peu importe les années qui passeraient, les sentiments qu'ils avaient pour d'autres, aussi sincères qu'ils soient, jamais ils ne laisseraient personne surpasser ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre…
End
* Il y a beaucoup de façons différentes de célébrer un mariage au Japon et il est impossible de dégager une généralité de ces cérémonies. Certains organisent un mariage à l'occidentale, quasiment identique à un mariage chrétien, d'autres préfèrent une cérémonie occidentale mais un repas traditionnel ou inversement. Malheureusement, il est de plus en plus rare de célébrer un mariage traditionnel, rare mais pas impossible, heureusement.
Et voilà un nouveau chapitre de bouclé ! J'avoue que j'avais prévu de publier plus tôt, mais j'étais particulièrement occupée ces derniers temps. Je passe mon oral de TPE demain (et j'en crève de trouille) donc j'ai fini d'écrire ce chapitre aujourd'hui pour oublier ce qui m'attend… J'espère que ça vous a plu et pardonnez-moi si la "scène" Ichigo/Rukia n'est pas particulièrement magnifique, je suis loin d'être une fan de hard, donc j'ai fait au mieux !
Voilà, merci d'avoir lu !
Bisous !