Avant toute chose, je tiens à vous remercier pour votre merveilleux travail de lecteur : c'est uniquement grâce à vos chaleureuses reviews que j'ai pu pousser cette fanfiction aussi loin. J'ai beau ne pas répondre systématiquement aux reviews - je pense que vous préférez me voir écrire des chapitres que des réponses, d'autant plus que les reviews me comblent tellement que j'en reste sans voix - cela ne minimise pas l'importance qu'elles ont pour moi : elles me font briller les yeux et glousser comme une adolescente amoureuse.
Les reviews m'ont permis de constater que beaucoup de lecteurs avaient été touchés par ma fic, et ça me laisse vraiment un sentiment incroyable. Merci.
Sur ce, c'est sans vous mentir avec émotion que je tourne la page Neige - car oui, après près de sept ans, elle mérite une fin. Joyeuse Saint-Valentin.
Avenir
Hinata se laissa docilement habiller par Temari : le kimono qu'elle revêtait pour ce soir n'avait rien à voir avec ce qu'elle portait habituellement pour visiter son client, il était de grande qualité, sophistiqué et par conséquent impossible à enfiler toute seule.
Car ce soir, Neige n'allait pas voir un client – du moins, pas en tant que client. Elle allait dîner chez les Uchiha. Ambiance intimiste : rien que Fugaku, Itachi et Sasuke Uchiha – et Hinata.
- Pas trop nerveuse, Neige ? Demanda Temari en réajustant les cheveux de son amie une fois le kimono parfaitement en place.
- Pas le moins du monde, après tout ce n'est pas comme si je jouais mon avenir et surtout possiblement mon éternel bonheur sur cette rencontre, répondit Neige en riant nerveusement.
Temari la contourna pour se retrouver face à elle et prit les mains de la jeune fille dans les siennes.
- Tout ira bien. Tu le mérites. Il te mérite. Vous devez être ensemble. Et Fugaku tombera sous ton charme, c'est évident. Qui ne craquerait pas, petite fleur ?
Hinata rosit et sourit tendrement, sensiblement rassurée.
- Merci, Temari.
Temari lui sourit, mais elle semblait ailleurs.
- Temari, tout va bien ? S'inquiéta Neige.
- Oui, oui, excuse-moi...
Lorsque le téléphone de Temari sonna, elle descendirent toutes les deux devant l'agence et y découvrirent l'imposante voiture personnelle de Sasuke, Shikamaru adossé à la portière arrière, fumant une cigarette avec nonchalance. Lorsque les filles approchèrent, il jeta son mégot et l'écrasa en exhalant sa dernière bouffée avant d'ouvrir la portière pour Neige.
- Shika, il vaut que je te parle.
Il haussa un sourcil et une fois Neige installé, ferma la porte pour s'éloigner de quelques pas avec Temari.
Depuis l'intérieur de la voiture, Hinata vit son amie parler nerveusement, sans regarder Shikamaru dans les yeux. Celui-ci lui prit les mains, la rassura visiblement, et... s'agenouilla ?
- Eh ben, il était temps, commenta Asuma en soufflant la fumée de sa cigarette par la fenêtre entrouverte.
Estomaquée, Neige vit Temari perdre toute contenance et fondre en larmes en riant. Shikamaru se redressa et l'embrassa passionnément avant de revenir vers la voiture pour prendre place à côté d'Asuma, bras croisés derrière la tête.
- Asuma, je suis fiancé. Et je vais être papa.
- Félicitations, gamin.
Et la voiture démarra, emportant au loin une Neige qui n'en revenait toujours pas.
L'Employeur ferma son livre de comptes et se laissa aller dans son fauteuil, fermant les yeux un instant. Il sursauta lorsque la porte de son bureau s'ouvrit sans qu'on eut frappé au préalable.
- Cela va faire trois semaines que je suis là, et je n'ai toujours pas eu de client, danna, hn ~
- Deidara, Deidara... soupira Sasori.
Le jeune homme lui lança un regard espiègle.
- Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu n'y mets pas beaucoup du tien pour faire savoir que tu proposes un jeune éphèbe, hn – le taquina-t-il en s'approchant du bureau.
- Idiot... ce n'est pas si simple – et je m'excuse profondément de ne pas être si pressé de te vendre.
- Pourquoi ? C'est ton occupation actuelle, le commerce du corps, non ?
- Oui, mais c'est différent.
- Pourquoi ? Parce que je suis un homme ou parce que tu es toujours dingue de moi ?
- Cela n'a rien à voir !
Sasori s'impatientait, son ton le trahissait – Deidara avait toujours eu cet effet sur lui. Il l'irritait, lui faisait perdre patience – l'exaspérait, souvent – le fascinait, le ravivait, l'inspirait.
- Tu commercialises ces femmes, danna.
- Elles sont ici de leur propre gré.
- Et moi aussi ~
- Tu veux rejoindre l'agence à cause de moi ! Tu veux me rendre jaloux pour me récupérer ! Tu es toujours aussi... passionné et impulsif !
Son ancien élève contourna le bureau pour s'asseoir avec nonchalance dessus, face à Sasori – et dangereusement près de lui.
- Je crois qu'il fut un temps où tu appréciais mon côté passionné et impulsif... Et ta réticence à me partager nous prouve bien que ce temps n'est pas tout à fait révolu, non ?
- Cesse de dire des bêtises, gamin...
- Gamin ? Hm, voilà qui me rappelle de nombreux moments chauds, danna... sussura Deidara en se penchant un peu vers lui.
- Arrête ça !
Sasori n'osait plus le regarder et se tortillait nerveusement sur son siège, mal-à-l'aise.
- On perd patience, danna ?
- Ne me provoque pas ! Ah... - Sasori soupira en levant les yeux au ciel, vaincu – tu avais gagné depuis le début. Si je t'avais attribué un client, tu aurais tout fait pour me rendre jaloux – et tu savais très bien que ça marcherait. Mais dans le cas où je ne t'en désignerais pas, tu aurais eu la quasi-certitude que c'était volontaire, et mon attitude te l'aurait – te l'a – confirmé.
Il dansait dans la paume de Deidara, comme toujours. Celui-ci affichait un sourire victorieux.
- Tout juste, hn, danna... sussura-t-il à l'oreille de son ancien professeur, avant d'ajouter : et j'ai fermé à clé.
Et – ce soir, du moins – Sasori n'y voyait aucune objection.
Sur la route, Neige tentait de se remémorer les souvenirs qu'avait Hinata des repas officiels chez les Hyuuga. Cette époque où elle était encore une riche héritière, de qui l'on attendait politesse, raffinement et dignité, lui semblait bien lointaine. Ses manières n'avaient pas dû beaucoup changer depuis, mais quand bien même : le moindre faux pas pourrait lui coûter le peu d'estime qu'elle serait susceptible d'inspirer à Fugaku Uchiha.
Elle avait à plusieurs reprises tenté de s'imaginer rejoindre la famille Uchiha. Le fait qu'elle ait psychologiquement banni ce genre de société après avoir quitté son clan ne calmait en rien son malaise de s'imaginer revenir précisément vers ce genre de société. D'un autre côté, l'idée d'être la compagne de Sasuke - la compagne officielle de Sasuke, son épouse - valait bien toutes les courbettes du monde. Peut-être même - qui sait ? - de porter ses enfants...
Neige sursauta sur son siège.
Temari était enceinte. Elle était tellement préoccupée par sa soirée qu'elle n'y pensait plus du tout - quelle bien piètre amie !
Enceinte de Shikamaru, de toute évidence. Et fiancée... Neige n'était pas encore arrivée chez les Uchiha que la soirée était déjà pleine de rebondissements.
Quand la voiture s'arrêta, il fallut que Shikamaru sorte et ouvre la portière pour que Hinata réalise qu'ils étaient arrivés. Lorsqu'en sortant de la voiture, aidée par Shikamaru, elle leva les yeux, Neige eut l'impression que la demeure des Uchiha ne lui avait jamais paru aussi imposante. Jusqu'à présent, elle n'était jamais entrée que de manière discrète et presque clandestine, se dirigeant directement vers les appartements de Sasuke.
Ce soir, c'était différent. Hinata était une invitée officielle. Les domestiques s'occupaient d'elle, et on la conduisit dans les quartiers traditionnels du domaine. Neige retira ses getas, et soupira de soulagement en voyant Sasuke se diriger vers elle, souriant légèrement. Il pris tendrement ses mains dans les sienne.
- Je suis si nerveux... mais c'est merveilleux que tu sois là.
Prenant conscience de la présence des domestiques, il la lâcha et s'éclaircit la gorge.
- Mon frère est déjà là, et mon père descendra bientôt.
Il l'invita à la suivre jusqu'au salon, où Itachi Uchiha leva les yeux du journal sud-américain qu'il étudiait. Son regard croisa celui de Neige. Hinata se figea.
- Non... souffla le fils aîné.
Hinata soutint courageusement son regard, puis s'inclina respectueusement, les mains sur les genoux, pour saluer Itachi qui s'empressa de l'imiter, les mains le long du corps. En se redressant, elle se tourna vers son client.
- Sasuke-san, si vous me le permettez, je souhaiterais m'entretenir quelques instants avec Itachi-san.
Le lendemain matin, on frappa doucement à la porte de l'Employeur.
- Entrez.
Après avoir refermé la porte derrière elle, Cerisier s'inclina respectueusement. Sasori lui fit signe d'approcher, cessant de s'intéresser à la figurine d'argile qu'il examinait pensivement.
- Monsieur... je viens vous remettre ma démission.
Sasori l'examina par-dessus la fine monture de ses lunettes.
- Pour quel motif ?
Sakura s'inclina une nouvelle fois, pour exprimer ses excuses.
- Mon client souhaite me voir m'installer avec lui afin de permettre à notre relation d'évoluer.
- Hatake-san?
- Oui, monsieur.
Sasori soupira en retirant ses lunettes et se laissa aller dans son siège.
- Décidément, c'est une épidémie. Temari nous quitte également, et elle a laissé entendre l'éventualité qu'il en serait possiblement de même pour Neige.
A la grande surprise de Cerisier, l'Employeur s'autorisa un sourire - un vrai sourire, un sourire franc - lorsqu'il déclara :
- Je suis ravi - pour vous toutes. Va, Sakura. Fais ta vie. J'espère que ton ancien client te rendra heureuse.
- Merci, monsieur ! - Cerisier s'inclina de plus belle - Je serai à jamais reconnaissante de tout ce que vous et Akasuna avez fait pour moi.
Tandis qu'elle se retirait, elle crut entendre l'Employeur rire doucement - mais elle avait dû rêver.
Me voilà tout ému et allègre, songea Sasori. Je dois me faire trop vieux... bien que j'aie au contraire l'impression de rajeunir.
Toutes ces jeunes filles qui quittaient Akasuna la tête haute et le coeur pris... Sasori aurait tout aussi bien pu être le patron d'une agence matrimoniale !
Quant à moi, il est temps que je me remette à sculpter.
La matinée était déjà bien entamée lorsque la voiture de Sasuke déposa Hinata devant Akasuna. Dans sa chambre, elle fut accueillie par une Temari en nuisette qui jaillit du lit aussitôt que la porte fut ouverte.
- Alors, alors ?
- Temari, du calme !
- Alors, Neige ?
Les yeux brillants, Hinata craqua.
Plusieurs résidentes furent réveillées en sursaut au son du cri perçant de Temari.
- Oh mon dieu Neige, je suis tellement heureuse pour toi !
Temari la serrait si fort que Hinata avait l'impression qu'elle allait lui broyer la colonne, mais elle lui rendit son étreinte de bon coeur.
- Et toi donc, petite cachottière ! Un bébé ?
- Et des fiançailles, ajouta fièrement Temari. Une décision un peu impulsive, certes... mais depuis le temps qu'il me demande, je n'avais plus de raison valable de refuser. Pour ma grossesse, je comptais attendre ton retour pour te l'annoncer, mais je n'ai pas pu me retenir quand j'ai vu Shika...
Les jeunes femmes relâchèrent leur étreinte et Temari aida Hinata à retirer le gros de son kimono.
- Alors, comment ça s'est passé ?
- A vrai dire ...
- Je ne sais trop ce que la bienséance exigerait de moi dans une telle situation, sinon mes plus profonds regrets.
Hinata se remémora douloureusement cette nuit où, après un gala, plusieurs jeunes héritiers de familles plus ou moins fortunées et visiblement sous l'influence d'alcool ou de psychotropes - probablement les deux - l'avaient, lorsqu'elle était sortie prendre l'air, entraînée à l'écart et abusée. Suite à cela, elle n'avait pas gardé le souvenir des visages, mais ce soir, en voyant Itachi Uchiha, elle revit le visage de ce jeune homme qui, bien que manifestement mitigé par les actes de ses amis, s'était éloigné avec sa bouteille de champagne sans rien tenter pour l'aider.
A présent, Itachi Uchiha avait tout du respectable héritier de grande famille, digne et charismatique, et il était à genoux, le front posé au sol, en signe d'humilité.
Hinata n'éprouvait aucune satisfaction à le voir aussi humble devant elle - à vrai dire, elle avait tout fait pour ne plus penser à cette nuit, et la vengeance n'était pas dans son caractère.
- Relevez-vous, je vous en prie... il y a une faveur que vous pourriez me rendre et qui rattraperait cette faute à jamais.
Itachi se redressa et la regarda dans les yeux, tâchant de déterminer si ce qu'elle allait demander était à la fois raisonnable et à sa portée.
Hinata inspira profondément.
- J'aime sincèrement votre frère... et j'ai l'audace de croire que mes sentiments sont réciproques. Votre père reste profondément réticent à notre union, alors... si vous aviez la moindre possibilité d'influencer la décision de votre père concernant Sasuke, je vous en serai éternellement redevable.
- Disons qu'Itachi Uchiha me devait une faveur. Pendant le repas, leur père a été distant et peu bavard, assez froid dès qu'il parlait, mais Itachi tâchait à chaque fois de rendre un tournant agréable à la conversation et de tempérer les mots durs de son père, et au final, j'estime que le dîner s'est mieux déroulé que ce que j'espérais. Ensuite, nous nous sommes retirés, j'ai attendu Sasuke dans sa chambre et... il est venu me faire officiellement sa demande.
- Oh, ma petite Neige !
Les yeux de Temari brillaient d'émotion.
- Nous n'avons pas dormi de la nuit !
- Je m'en doute bien, gloussa la blonde.
En réalisant, Neige rougit violemment.
- Nous avons énormément discuté... beaucoup plus aisément qu'avant, à vrai dire, et le soleil se levait que nous n'étions même pas fatigués ! Temari je... je suis tellement heureuse !
- Et moi donc, Neige, et moi donc...
Ce fut avec un mélange de joie et de tristesse que la communauté d'Akasuna découvrit que trois femmes allaient quitter Akasuna. Si Cerisier ne prévoyait pas de partir dans les jours qui suivaient, le départ de Temari et Hinata était programmé au soir même : Shikamaru passerait les chercher avant le repas. La journée se résuma donc aux préparatifs et à de chaleureux moments de convivialité avec les autres filles - et Deidara qui, ayant tempéré son côté provocateur et insolent, se mêlait sans difficulté aux jeunes femmes.
Le moment venu, l'Employeur descendit en personne leur adresser ses félicitations et les saluer. Les filles étaient toutes profondément émues : contre toute attente, Océan versa une larme et Karin les serra contre elle si fort que Hinata était persuadée qu'elle allait en garder des marques.
Shikamaru ne tarda pas à arriver et les deux jeunes femmes quittèrent le bâtiment. Une fois dehors, Hinata s'arrêta et respira à pleins poumons.
- Allez, Hinata. Ne faisons pas attendre nos fiancés.
Le coeur léger, inspirée d'une confiance nouvelle en elle-même et en l'avenir, Hinata monta dans la voiture - sans un regard en arrière.
FIN