Le trajet avait été long, trop long pour Sasuke. Il ne comprenait rien ce qui se passait et ne savait pas non plus où ils s'en allaient. La raison pour laquelle ses parents l'avaient vendu, il n'en avait pas la moindre idée et n'arrivait pas à la deviner peu importe le nombre de fois qu'il retournait cette question dans sa tête. Pour ce qui était de ce qui allait lui advenir, il en savait encore moins que pour tout le reste.

Des larmes amères mouillaient ses yeux d'où l'incompréhension se faisait voir, refusant de glisser de leur refuge. Il ne voulait pas pleurer maintenant. Son frère lui avait dit tant de fois que lorsqu'il avait mal, il devait se montrer fort et ne pas verser de larmes. Pourtant, cette douleur qui résidait dans sa poitrine, elle lui faisait tellement mal que c'en était presque insupportable.

Il pouvait entendre les deux hommes parler entre eux, mais il ne pouvait distinguer ce qu'ils disaient. Ils parlaient certainement de lui. Il n'en avait aucune idée et il ne s'en souciait pas. Il ne voulait pas les écouter, car cela lui rappellerait sa situation qu'il tentait en vain d'oublier alors qu'il se disait que ce ne devait être qu'un mauvais cauchemar et qu'il allait se réveiller bientôt. Il le savait, il n'aurait pas dû manger un peu avant d'aller au lit. Il allait retenir cette leçon : il ne faut pas manger au lit au risque de faire des cauchemars un peu trop réalistes et effrayants.

Il réalisa bien vite que c'était la cruelle vérité quand il se cogna contre le dossier alors que la voiture s'arrêtait un peu brusquement. Se résignant à peine à son sort, il leva les yeux pour regarder au travers de la fenêtre.

Ils s'étaient arrêtés devant une grande bâtisse que Sasuke n'avait jamais vue d'où entraient et sortaient des hommes accompagnés d'autres hommes aux allures un peu plus débraillées. D'ailleurs, il ne reconnaissait pas non plus les alentours. Enfin, s'il était déjà venu dans les quartiers chauds, il l'aurait certainement reconnu en un clin d'œil.

Il n'eut pas le temps de se demander où il avait atterri qu'il sentit une pression sur son poignet : l'homme qui l'avait, semble-t-il, acheté l'invitait d'une façon un peu rude à le suivre en tirant sur son poignet.

Obéissant, car il ne pouvait faire autrement, Sasuke sortit avec lenteur du véhicule qui repartit quand il eut claqué la portière. Il regarda la voiture partir pendant l'espace de quelques secondes avant d'être forcés de suivre son « Maître » qui entra dans le bâtiment.

Ils montèrent plusieurs marches que Sasuke ne prit pas le temps de compter et ils atterrirent ensuite à un étage qui semblait bien être le plus propre que ceux que le jeune homme avait pu entrevoir dans leur escalade. Ils parcoururent un long couloir désert avant de s'arrêter devant une grande porte. L'homme lâcha finalement sa main et entra dans la pièce.

Ne sachant trop quoi faire maintenant qu'il était en terrain inconnu et probablement pas très sécuritaire, Sasuke suivit l'homme sans faire de bruit. Quand Orochimaru qui était derrière un bureau qui semblait être le sien lui fit signe de fermer la porte, il s'exécuta en silence et se retourna vers la pièce en restant droit comme un piquet devant la porte.

- Viens ne soit pas gêné, lui intima l'homme.

Sasuke hésita un long moment. Même s'il ne sentait pas au fond de lui que l'homme était une personne avec qui il pouvait avoir confiance, il ne pouvait faire autrement que lui obéir, car il n'avait aucune ressource. S'il lui arrivait quelque chose, il ne pourrait rien faire. Cet homme se trouvait être la seule chose qu'il connaissait dans ce nouveau monde qui lui était totalement inconnu.

Il se décida finalement à approcher bien que ce fut avec lenteur et méfiance. Il vint se poster entre les deux fauteuils qui faisaient face au bureau, ne voulant pas s'approcher plus.

Pendant un long moment de silence complet, Orochimaru le détailla de son regard vipérin, ce qui fit déglutir bruyamment Sasuke. Il sentait le regard de l'homme lui lécher le corps, le parcourir sous tous les angles et sans oublier le moindre endroit. Il se sentait véritable nu sous ce regard qui lui donnait des frissons glacials et désagréables.

- Étant donné que tu n'as probablement pas d'expérience vu ton âge, je vais devoir te former moi-même.

Sasuke ne comprit pas ce qu'il entendait par « former ».

- Je… je vais devoir travailler? fit Sasuke d'une petite voix.

Un sourire carnassier apparu sur le visage d'Orochimaru. Il semblait satisfait et même amusé de cette réponse.

- Hum, oui… On peut le dire comme ça. Tu vas travailler.

Vu le ton mielleux qu'il avait employé pour lui répondre, Sasuke n'avait nullement confiance en ce qui allait être son travail. Il ne savait pas ce que c'était, mais il savait déjà qu'il n'allait pas apprécier ce nouveau travail.

À ce moment même, le second homme qui s'était présenté chez Sasuke fit son apparition dans la pièce. Automatiquement, Sasuke se tourna vers lui et le fixa tandis qu'il allait se poster derrière Orochimaru comme son fidèle serviteur. Il venait de ranger la voiture dans le garage et s'était arrêté en chemin pour faire quelques arrangements comme Orochimaru le lui avait demandé avant même qu'ils ne ramènent avec eux Sasuke.

- Tout est prêt?

- Oui, répondit Kabuto.

Orochimaru sembla satisfait de cette réponse. Il hocha simplement de la tête en signe d'approbation et il se tourna une nouvelle fois vers Sasuke qui n'avait pas bougé et avait suivit l'échange en silence sans comprendre.

Quand le regard de l'homme se posa de nouveau sur lui, il dût réprimer un frisson et affronta ce regard sans sourciller. Orochimaru sembla amusé de cette réaction, mais il n'en fit aucun commentaire. Il se contenta plutôt de lui adresser un sourire carnassier avant de reprendre la parole sur un ton doucereux.

- Tu n'as qu'à suivre Kabuto. Il va te montrer ta chambre et t'expliquer certaines choses.

Kabuto contourna une nouvelle fois le bureau pour arriver à côté de Sasuke. Il posa une main sur son épaule et l'intima à le suivre, ce qu'il fit sans grande envie. Ils furent cependant arrêtés dans leur sortie par Orochimaru :

- À ce soir, Sasuke.

Son prénom prononcé par cette bouche, ça lui donnait la chair de poule. Simplement quand il disait son nom, Sasuke avait l'impression qu'il le considérait comme un simple objet et rien de plus. Quelque chose qu'il allait pouvoir utiliser comme bon lui semblait maintenant qu'il l'avait acheté. De l'argent pour un objet humain, pour une vie.

Sasuke n'eut pas le temps de demander ce que voulais dire ce « À ce soir » que Kabuto l'entraîna à l'extérieur. Après avoir fermé la porte avec douceur, il l'emmena avec lui.

Ils traversèrent plusieurs couloirs, mais restèrent toujours au même étage, ce qui permit à Sasuke d'observer les alentours, de se donner de repères afin de mieux connaître l'endroit. Après tout, il semblait bien qu'il allait rester un bon moment dans cet immeuble et spécifiquement à cet étage vu que si sa chambre avait été à un autre étage, ils auraient certainement prit les escaliers avant.

Ils s'arrêtèrent finalement devant une porte. Kabuto lui indiqua d'un simple mouvement de tête d'y entre après qu'il eut ouvert grand la porte. Le jeune garçon hésita un bref moment, mais entra.

La pièce n'avait rien de bien extraordinaire pour Sasuke vu qu'il avait été élevé dans un environnement qui permettait quelques extravagances au niveau des dimensions des choses et de la richesse de celles-ci. Elle était meublée simplement d'un large lit dont Sasuke n'aurait besoin que d'une petite partie, d'une table de chevet de chaque côté du lit avec une lampe sur chacune d'entre elles, d'un bureau, d'une bibliothèque, et d'une simple armoire avec à sa droite un fauteuil. Un peu après la porte d'entrée se trouvait au fauteuil qui était de dos à celle-ci et en avant se trouvait une petite table basse.

Rattachée à cette chambre se trouvait une salle de bain qui était meublé avec la même modeste richesse. Rien de digne d'un roi, mais des choses que tout le monde ne pouvait pas nécessairement se procurer facilement.

Au bout d'un moment, Sasuke s'avança un peu plus dans la pièce.

- Tu devrais te compter chanceux. La plupart des personnes qui travaillent ici n'ont pas ce genre de luxe, les nouveaux compris. Si tu ne deviens pas le préféré d'Orochimaru, tu t'en rendras bien vite compte après ta formation.

- Préféré?

Sasuke ne comprenait pas comment il pouvait être le préféré de l'apparent patron s'il faisait le même travail que tous les autres. Il voulait dire qu'il devait jouer le lèche-botte? Il n'était pas vraiment tenté de faire ce genre de chose. Le moins de contact il pourrait avoir avec son maître, mieux se serait pour lui, il le savait.

Kabuto ne répondit pas à son interrogation. Il se disait bien qu'il le saurait bien assez tôt. Du moins, il le saurait de toute évidence le soir même, lors de cette première séance d'entraînement.

- Ton souper est sur la table basse. Je viendrai te chercher quand ce sera le temps de ta formation. Avant ça, tu ne dois pas sortir de cette chambre. En fait, à moins que quelqu'un vienne te chercher, tu ne dois jamais sortir de cette chambre.

- Ah?... D'accord.

Il se doutait que même s'il avait dit qu'il n'était pas d'accord, qu'il voulait pouvoir être libre de ses mouvements et n'être sans restriction, Kabuto lui aurait clairement dit qu'il n'en avait pas le droit et qu'il ne pouvait même pas y penser. Il le savait. Il savait qu'il n'aurait pu la même liberté qu'avant après être entré dans la voiture qui l'avait amené jusqu'à cet endroit.

Kabuto resta un moment dans la chambre comme s'il attendait de voir s'il pouvait y avoir un potentiel problème ou si Sasuke pouvait avoir une question, mais rien ne vint. Il devina qu'il pouvait à présent retourner auprès de Orochimaru sans avoir à plus se soucier de si la nouvelle recrue allait amener des ennuis. Les prendre jeunes pouvait autant être une bonne chose qu'une mauvaise.

Il s'en alla et referma bien la porte derrière lui. Puis, il retourna dans le bureau d'Orochimaru pour voir si ce dernier avait encore des tâches à lui remettre.

Maintenant seul dans ce qui était sa nouvelle chambre, Sasuke se donna le droit de la visiter un peu plus en profondeur. Il examina un peu plus la pièce. Il ouvrit l'armoire et découvrit qu'il y avait déjà des vêtements de mis. La vérité lui revenait alors en pleine face : ses parents avaient déjà prévus de le vendre. Cela faisait un moment qu'ils en avaient même parlé à l'acheteur. Tout avait été réglé avant même qu'Orochimaru mette un pied dans leur demeure, dans l'ancienne maison de Sasuke.

Il referma les portes de l'armoire rapidement et chassa prestement ces idées de sa tête. Pour le moment, il voulait oublier cette réalité. Il voulait oublier le fait que sa propre famille l'avait trahi pour son propre bonheur et qu'il n'avait jamais eu un mot à dire dans toute cette histoire, parce qu'il n'était simplement considéré comme une marchandise.

Il s'éloigna de l'armoire pour aller s'aventurer dans la salle de bain qu'il n'avait pas encore vu, la porte de celle-ci étant fermée. La pièce était relativement petite, mais on pouvait y circuler assez librement. L'ameublement était constitué de quelques armoires, d'un lavabo, d'un support à serviette et bien entendu d'une toilette et d'un bain-douche.

Après sa petite exploration de la salle de bain, Sasuke revint dans la salle principale. Se souvenant que son repas était posé sur la table basse, il se dirigea vers celle-ci et s'assit sur le divan. Lentement, sans très grand appétit dû en grande partie aux malheureux évènements qui s'étaient produits dans la journée, il engloutit le repas qui aurait pu être moins bon vu son statut d'objet.