Note : Et voilà, c'est ici que nous nous quittons ! Cette fois, c'est vraiment la fin de Riders. Je remercie chaleureusement tous ceux qui ont pris le temps de me laisser un commentaire, ou qui le prendront encore. J'ai lu et lirai toujours vos remarques ou vos compliments avec un immense plaisir, et je suis très heureuse que cette fanfiction, qui de toutes celles que j'ai écrites jusque-là me semble le mieux refléter la maturité que j'ai pu acquérir dans le domaine de l'écriture, ait pu plaire et toucher tant de gens.

Je vous laisse une dernière fois en compagnie de Naruto, Sasuke et leurs amis (car après tout, le thème de Riders est bel et bien l'amitié), et vous dit à bientôt peut-être !


Soundtrack : Ecoutez Raise the Cup de X-Ray Dog (disponible sur Youtube).


« L'équipage de Konoha tente une remontée ! »

« Allez, bande de bras cassés ! » s'exclama Ino.

Elle sautillait avec tant d'enthousiasme contre la barrière de sécurité qu'un vigile devait peser de tout son poids contre l'autre côté de la clôture pour l'empêcher de basculer.

Sai adressa un sourire vide à leurs collègues journalistes qui coulait des regards outrés à la jeune femme.

« Les représentants de la presse ne devraient-ils pas être des modèles d'impartialité et d'esprit critique ? » coula-t-il calmement.

« Ne me fais pas chier avec ça ! » s'écria Ino, avec une vulgarité qui témoignait bien de son état d'excitation. « On n'a rien à faire jusqu'à ce qu'ils traînent enfin leurs fesses à la ligne d'arrivée, je peux bien me montrer aussi blonde que je veux ! »

Sai lui glissa un regard par en-dessous en faisant mine de vérifier les réglages de son appareil photo. Sa discrétion était bien inutile, tant Ino était focalisée sur l'écran qui retransmettait la course. Il avait pour une fois tout le loisir de détailler ses joues rouges, ses yeux brillants de passion et les fines mèches blondes qui, fait rarissime, s'échappaient de sa queue de cheval.

Il eut un sourire indulgent. Voilà à quoi ressemblait l'auteure du plus célèbre reportage sur la corruption dans le monde des riders, celle par qui l'effondrement de tout un système véreux s'était mis en marche.

Des éclats de voix attirèrent l'attention de Sai vers la tribune au-dessus d'eux. Une jeune femme à la flamboyante chevelure rousse, qu'il lui semblait vaguement reconnaître, s'était levée et agitait une bannière si grande qu'elle lui retombait sur la tête, tout en scandant tout haut les mots inscrits sur le tissu.

« Alleeez, Sasuke ! » crut entendre Sai.

Malgré le ridicule de sa conduite et les protestations de ses voisins, qui ne voyaient plus rien derrière ses simagrées, la jeune femme ― Karin ? ― arboraient une mine très sérieuse sous ses lunettes. Son compagnon aux dents pointues renonça à prétendre qu'il ne la connaissait pas et lui affligea un grand coup de pied dans les tibias, qui la fit retomber dans son siège. S'ensuivit une franche engueulade.

Sai se retourna. Quels gens bizarres.


« Oho ! Ce n'est pas passé loin. »

« En effet Kotetsu, le rider numéro sept échappe de justesse à l'aquaplaning ! La piste est détrempée, les équipages n'ont vraiment pas la vie facile ! »

Sakura lui enfonçait ses ongles dans le bras. Shikamaru grimaça, mais la laissa faire.

« Mais que fichent ces imbéciles ! » fulminait Tsunade à deux mètres d'eux. « Je leur ai dit d'y aller prudemment, non ? Ils ne se décideront donc jamais à m'écouter ? ! »

A ses côtés Shizune se rongeait furieusement les ongles, ses yeux écarquillés fixés sur l'écran mural. La pauvre infirmière ne s'était jamais habituée à la tension extrême des courses, et elle était pâle comme un linge. Mais Shikamaru soupçonnait qu'elle y prenait goût, tant elle semblait chaque jour plus passionnée.

Shikamaru échangea un regard avec Chouji, puis ses yeux glissèrent vers les ombres au fond du hangar. Kakashi était appuyé contre le mur dans une parodie de ses habituelles poses alanguies, mais il était penché en avant et tendu comme un athlète sur le bord du plongeoir. Son unique œil visible était fixé sur l'écran avec une férocité qui rappelait soudain le roue-libre extraordinaire qu'il avait jadis été aux côtés de l'Eclair Jaune.

Devant lui, Konohamaru et Moegi ne remarquaient rien, concentrés sur la course. L'adolescent piétinait sur place en serrant les poings.

« Allez, les vieux ! » pouvait-on l'entendre grommeler entre ses dents, lui qui avait fait tant d'efforts pour prétendre ne pas être intéressé du tout par le résultat de la course quand Kakashi les avait traînés ici.

« Konoha a perdu une nouvelle place ! »

« Ah, mais c'est pas vrai ! » geignit Sakura.

Et elle coupa définitivement la circulation dans son bras. Shikamaru eut un soupir de martyr, et pensa plutôt à sa petite amie dans les tribunes.


Le grand éventail de Temari provoquait des mini-tornades au-dessus de sa tête.

« Allez Konohaaa ! » beugla-t-elle, assourdissant tous ses voisins.

Kankuro plaqua les mains sur ses oreilles, consterné.

« Non, mais tu ne peux pas te calmer ? En plus tu encourages un concurrent, là ! Qu'est-ce que c'est que cette tactique foireuse ? »

« Vous n'êtes plus en course pour la saison, de toute façon. J'encourage qui je veux ! Et je suis sûre que Gaara le ferait aussi s'il ne risquait pas de provoquer une crise cardiaque chez tous ses fans. »

Assis près de son frère et de sa sœur, Gaara semblait se soucier comme d'une guigne des gens qui l'avaient reconnu et se retournaient toutes les minutes pour l'apercevoir. La mine patibulaire, il fusillait si vicieusement l'écran du regard que Kankuro s'attendait à le voir fondre d'une minute à l'autre.

« Ah, c'est une autre occasion manquée pour Konoha ! »

« Tout à fait Izumo, Kiri semble particulièrement chanceuse aujourd'hui ! »

Un muscle saillit dans la mâchoire de Gaara. Il courba encore les épaules en avant et ses doigts se refermèrent comme des serres entre ses cuisses. Les adolescents assis devant eux pâlirent et cessèrent tout à coup de se retourner.

Kankuro rassembla tout son courage, puis tendit le bras derrière Temari et donna une petite tape sur la tête de son frère. Gaara réagit en clignant des yeux, ce qui était plutôt bon signe. Il semblait avoir oublié comment faire depuis que Konoha s'était prise cette claque à la sortie du premier virage.

Gaara lui adressa un regard interdit, les yeux écarquillés par la confusion. Il ressemblait soudain plus à un petit garçon surpris qu'à un psychopathe en puissance, et Kankuro se souvint de pourquoi il n'avait jamais pu dire non à son frère.

Il lui sourit.

« Ils nous ont battu, Gaara. Ils vont gagner. »

« Hé ! » s'écria Temari. « C'est les amis de Naruto ! »

Elle agita le bras. En contrebas, Lee lui répondit avec enthousiasme.

« Ce ne sont pas ces riders de Suna ? » demanda Neji, surpris.

« Mais si, c'est les frères du Sable ! » s'exclama Kiba. « Pourquoi est-ce que la fille a écrit "Konoha" en gros sur son éventail ? »

« C'est très aimable à eux d'être venus soutenir Naruto et Sasuke ! » dit Lee, ravi de tant d'esprit sportif.

Une exclamation d'Hinata ramena leur attention sur la piste. Un arbre venait de s'écrouler en travers du passage, juste derrière le peloton de tête. Le souffle avait été si proche que les trois équipages avaient été projetés à terre, mais ils se relevaient déjà.

« Hé bien ! » fit l'un des commentateurs. « Voilà encore un curieux hasard, n'est-il pas Genma ? »

Tenten renifla, le bras passé autour de la taille de Neji.

« Il a bon dos, le hasard. »


« En effet, mon cher Izumo » répondit Genma sans quitter l'écran des yeux. « Presque aussi curieux que cet effondrement fatidique du passage au-dessus du précipice de la piste du Sable. »

« Accident qui, on s'en souvient, a valu à l'équipe des frères du Sable de Suna la suspension de sa participation à cette saison, sur décision de la fédération, au regard des suspicions de tricherie qui pesaient sur elle. »

« Et un bouchon de concurrents se forme déjà devant l'arbre tombé » annonça Kotetsu. « La confusion est totale ! »

Izumo couvrit son micro et jeta un coup d'œil à Genma. Son collègue avait déjà recommencé à mâchouiller son cure-dents, qu'il n'ôtait que quand il prenait la parole.

« Toujours aussi convaincu que ce pari n'était pas de la folie ? Il y avait au moins deux mois de ton salaire, là-dedans ! »

Genma lui adressa un sourire confiant.

« Konoha va gagner, je te dis. »

« Tu sais que j'ai toute confiance en toi, Dieu sait que tu as assez souvent raison pour ça. Mais Konoha, c'est sans doute le pari le moins sûr que tu pouvais faire. Ces types ont une chance insolente ! Ca ne m'étonnerait pas que la poisse les rattrape au pire moment possible… C'est-à-dire aujourd'hui. »

« Je te dis qu'ils vont gagner. Non, en fait, je peux même prédire mieux que ça. Et tu sais que j'ai toujours raison. »

« Quoi donc ? »

« Dans vingt ans, l'Eclair Jaune sera has been. »

Izumo le fixa comme s'il était fou.

« Neuf titres de champion du monde et vingt-et-une Coupe des Cinq Grands Circuits, has been ? A cause de deux gamins ? T'es dingue ! »

Genma se contenta de ricaner, et gesticula vers l'écran avec son cure-dents.

« Regarde. »


La plupart des équipages s'étaient dégagés de la masse et faufilés vers le bord de la piste où ils cherchaient prudemment un chemin à travers les arbres. Mais maintenant que la voie était libre, le rider de Konoha fonçait droit sur le tronc d'arbre couché en travers de la route.

Haku sera fort la main de Zabuza.

Au tout dernier moment, le rider pivota entièrement sur le côté et continua sur son élan en dérapage latéral. L'extrémité de la souche s'était échouée en équilibre précaire contre un hêtre de l'autre côté de la piste, de sorte qu'il restait un espace d'à peine un mètre sous le tronc. Penché à l'extrême vers l'arrière, ses passagers plaqués contre son armature, le deux-roues glissa sur la piste boueuse. Entraîné par son élan, il franchit la brèche comme une pièce qu'on jetterait dans un trou.

L'épaule de Naruto frôla la souche. A l'instant où ils émergeaient de l'autre côté, le tronc d'arbre s'écroula en projetant des giclées de boue partout.

Zabuza laissa échapper un grognement de satisfaction. C'était tout ce qui perçait chez lui de ce que cette course lui inspirait, mais Haku sentait bien l'excitation qui tendait sa grande silhouette. Il lui sourit et se blottit contre lui.

« Ils ont bien grandi » dit-il simplement, mais il y avait de la tendresse dans ses yeux.


C'était incroyable, ces extrémités que la chance vous permettait d'atteindre.

Le souffle de la chute de l'arbre avait été juste ce qu'il fallait pour redresser le rider numéro sept de quelques centimètres, juste ce qu'il fallait pour lui permettre de continuer sa glissade sur quelques mètres. Puis la piste plongea brutalement.

Le rider plana à peine deux secondes dans les airs, et il n'en fallait pas plus pour que pilote et roue-libre, d'une secousse instinctive et synchrone, ne redresse le rider exactement à la verticale. Ils atterrirent dans le ruisseau en contrebas avec un grand bruit d'éclaboussures, mais parvinrent à stabiliser leur lourde machine.

Et alors que juste derrière eux, les riders du peloton de tête redémarraient dans un concert de grondements de moteur, l'équipage de Konoha n'eut même pas besoin de pivoter pour reprendre le sens de la piste. Le circuit formait un coude précisément à cet endroit.

D'un même élan, pilote et roue-libre relevèrent les jambes, et le deux-roues redémarra dans dix centimètres d'eau sans le plus petit signe de déséquilibre. L'eau gicla autour des roues, les arbres défilèrent autour d'eux. Ils suivaient le ruisseau, droit devant.

La foule s'était levée devant Itachi, une gigantesque marée humaine. Les gens criaient, riaient, levaient les bras et les yeux au ciel. Encore un maudit coup de chance ! Ils sont vraiment incroyables. J'y crois pas, ces idiots vont gagner ! La prochaine fois, je parie sur Konoha, ils ont dix fois plus de chance que moi quand je joue !

Impassible, Itachi avait croisé un bras sur sa poitrine. Debout derrière la rambarde, tout en haut des gradins, il retenait d'une main les mèches que le vent tentait de pousser devant ses yeux.

Kisame se pencha vers lui.

« Tu réalises que ton frère va devenir champion du monde aujourd'hui ? »

Itachi ne put pas résister. Un sourire fier étira ses lèvres, et une lueur inhabituelle prit naissance dans son regard.

« C'est mon petit frère. Quoiqu'il fasse, il est comme moi : il ne pourra jamais se contenter de la seconde place. »

Kisame resta coi. Tout d'un coup, il ne trouvait plus rien à taquiner chez son patron et ami. Sous ses yeux, le masque de porcelaine d'Itachi avait pris vie. Une soudaine bourrasque de vent arracha les mèches noir corbeau à la main fine qui les retenait, vint gonfler sa chemise sombre, leur apporta plus fort que jamais les rumeurs de la foule, à l'instant où le rider de Konoha franchissait la ligne d'arrivée.

Itachi leva les yeux, et une expression de surprise se peignit sur son visage. Devant ce ciel bleu parsemé de nuages parfaits, c'était comme s'il venait de se souvenir que l'infini existait.


Quand Sakura attrapa le guidon du rider, Naruto vit à ses yeux pleins de larmes et à son sourire immense qu'elle se retenait de toutes ses forces pour ne pas les serrer tous les deux dans ses bras.

Mais déjà, la foule immense les acclamait et les saluait, les proclamait champions, et Naruto comprit avec un instant de vertige ce qui la retenait. Cette victoire n'avait rien d'intime. Ce n'était pas avec leurs amis qu'ils la partageaient, mais avec toute cette multitude de gens qui les avaient vu suer, saigner et triompher. Tout d'un coup, c'était un peu comme s'ils appartenaient à toutes ces personnes.

Il sentit comme dans une transe Sasuke se lever derrière lui. Mais Naruto ne bougea pas. Ses jambes lui semblaient si molles qu'il était certain qu'elles ne pourraient pas le porter. Puis deux mains lui ôtèrent son casque, et Naruto leva les yeux vers son partenaire.

Jamais le regard de Sasuke ne lui avait paru aussi brûlant.

Sasuke laissa tomber les casques qu'il tenait et referma le poing sur son blouson. Naruto se laissa entraîner, et se retrouva debout sans savoir par quel miracle il ne s'était pas encore écroulé.

Puis Sasuke referma la main sur sa nuque et l'attira dans un baiser passionné, et il arrêta complètement de penser.


... Et cette étreinte enflammée sur la ligne d'arrivée, devant des millions de personnes rivées à leurs sièges ou à leurs écrans de télévision, met fin au flou que les deux riders avaient savamment entretenu des mois durant sur leur statut d'amis ou d'amants, depuis que votre servante (j'ai nommé moi) avait osé les interroger sur le sujet au cours d'une conférence de presse. Gageons que dès la déception des fans des deux jeunes gens passée, on assistera à une recrudescence massive de signatures sur cette pétition qui circule sous le manteau, et exige que Konoha sorte enfin des calendriers mettant en scène ses plus fameux riders. Quant à moi, j'en salive d'avance.
Et pour clôturer cet article, je ne puis rien trouver de mieux que les mots de Naruto Uzumaki lui-même ; Uzumaki qui, rappelons-le, a avoué récemment son lien de filiation avec le célèbre Minato Namikaze. Une fois arraché à l'étreinte de son petit ami, et la coupe entre les mains, il nous accorda quelques instants. Nous lui demandâmes ses projets d'avenir.

Avec un grand sourire, il leva les yeux et la coupe au ciel et cria :
« Plus que neuf, Papa ! »
Et sa main chercha instinctivement celle de Sasuke.

Ino Yamanaka