Fiction : Liaisons, embrouilles et un rouleau disparu.

Auteur : Kumfu.

Bêta-lectrice : Cocoli.

Si, c'est possible !

Voici (enfin) le dernier chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous plaira.

Merci à tous pour les reviews, sinon, et bonne lecture !


CHAPITRE DIX

« Retour à la maison »

Ou

« Sasuke uke uke uke ! »

Les yeux de Sasuke. Cette profondeur. Ce gouffre...

Ce qu'il pouvait être beau, ce regard, tantôt cruel, tantôt si froid, dangereux et envoûtant. À tant se battre et refuser de reconnaître l'évidence, Naruto avait failli oublier à quel point il était bon de s'y perdre.

Il resserra inconsciemment la main sur la taille qu'il avait saisie. Le brun recula à peine, son dos prenant appui sur le chambranle de la porte où ils s'étaient arrêtés. Les cheveux à l'arrière de son crâne s'y froissèrent légèrement.

Le fait que ses yeux soient ainsi ouverts sur lui et l'attente, presque fragile, qu'il y décelait, mêlée à cette forme de provocation qu'était Sasuke et que Naruto reconnaissait si bien, lui semblait être un rêve qu'il avait cru hors de sa portée. Que leur avait-il fallu pour qu'ils puissent enfin se montrer ainsi l'un face à l'autre ? Pour que Sasuke accepte ce qui était pour lui une faiblesse, pour que Naruto soit prêt à s'avouer ce qu'il ressentait ?

Sur la bouche du blond se dessina un sourire. Il inclina la tête. Un profond soupir sortit de sa poitrine alors que son front s'appuyait sur celui de son amant. Puis, leurs lèvres se rencontrèrent, si simplement, naturellement, comme si, une fois aussi proches les unes des autres, elles n'avaient pu que s'attirer. Leurs bouches s'ouvrirent, leurs langues se cherchant doucement.

Le visage de Sasuke se pencha sur le côté. Ce dernier ferma les paupières. Tandis que le baiser s'approfondissait, il sentit les ténèbres de son esprit se dissiper.


Sakura s'essuya le front. Accroupi derrière elle, Naruto se tenait, vigilant. Sai attendait un peu plus loin. La tête de la jeune femme lui tournait tandis qu'elle injectait, agenouillée au sol, un chakra curatif dans les os de Sasuke.

Il s'agissait du premier point qu'elle avait remarqué en reprenant ses esprits : la difficulté de ce dernier à avancer. On ne pouvait pas se déplacer rapidement avec des côtes cassées. Les blessures de Naruto se soignaient déjà d'elles-mêmes. Sai allait bien. Les siennes guériraient à Konoha. La médecine, même ninja, ne pouvait pas remplacer le repos nécessaire dont elle avait besoin suite à son traumatisme crânien. Ses compagnons continueraient à la porter jusqu'au village.

Il leur fallait poursuivre leur route, maintenant. Vite. Bien qu'ils n'aient eu aucun signe de l'Akatsuki depuis leur fuite du lieu de bataille, bien que Pain et Konan n'aient pas manifesté d'intention de les poursuivre ou de récupérer le rouleau qu'ils avaient dérobé, il était temps pour eux de rejoindre le village. L'altercation qu'ils avaient eue avec ces deux personnages resterait dans leur esprit comme une expérience curieuse. Pourquoi s'étaient-ils confrontés les uns aux autres, finalement ? Ils n'avaient même pas su pourquoi les évènements avaient tourné ainsi, bien que Sakura ait fortement suspecté le jeune Uchiwa d'avoir lancé l'assaut le premier. Elle savait toutefois que les membres de ce groupe de criminels ne leur auraient certainement pas donné le rouleau uniquement parce qu'ils l'auraient réclamé. Sasuke ne s'était pas trompé sur ce point : le combat avait été inévitable.

Alors qu'elle se concentrait pour soigner le jeune homme assis devant elle, Sakura se demanda ce qu'avait pu provoquer en lui le fait de se retrouver face à ces êtres qui avaient été les derniers compagnons de son frère désormais décédé. Ce qu'il avait pu ressentir... Elle ne parvenait même pas à l'imaginer. Ce facteur avait-il joué dans la décision un peu folle qu'il avait prise en essayant de les affronter seul ? Avait-il voulu y trouver les réponses à des questions qu'il se poserait encore ? Jamais elle ne serait en mesure de le savoir. Qui pouvait bien se mettre à sa place ? Le poids qu'il trainait derrière lui dépasserait toujours les plus grandes capacités de compréhension.

La seule information qu'ils pouvaient finalement ramener au village était le peu d'intérêt que Pain et Konan avaient porté au fait de capturer Kyuubi et donc Naruto, du moins à ce moment-là. Quant aux objectifs de cette organisation déclinante, ils leur échappaient décidément complètement.

Elle pensa au retour à Konoha. Derrière les immenses portes, la mission serait enfin accomplie.

Sasuke tiqua en la voyant vaciller une demi-seconde.

« Ça ira, tenta-t-il de l'interrompre en commençant à se redresser.

Sakura le retint d'une tape autoritaire sur la cuisse.

— Pas encore. »

Le brun fronça les sourcils, la réprimandant plus durement encore dans son attitude silencieuse que s'il avait élevé la voix. En relevant le regard vers lui, la jeune femme se laissa une seconde captiver par les traits de son visage. Sous leur froideur, il semblait perturbé. Elle eut alors une pensée idiote.

« Tu es tellement pressé de rentrer pour te faire grimper dessus par Naruto ?

Si ses lèvres s'étirèrent dans un faible sourire, cela ne dura qu'une seconde avant qu'elle ne fronce le nez dans une grimace coupable. Bon sang qu'elle était lourde !

— Désolée, murmura-t-elle aussi vite.

Il fallait vraiment qu'elle soit fatiguée pour sortir de telles bêtises à Sasuke. Un temps, elle l'observa, inquiète, son expression glaciale ne lui permettant pas ne serait-ce que d'émettre une hypothèse sur ce qui pouvait bien se passer dans son esprit. Puis un rictus hautain se peignit sur le visage de ce dernier.

— Ne t'occupe pas de nos affaires de fesses. »

Sakura grimaça nerveusement.

Durant une fraction de seconde, le regard qui dériva ensuite vers le lointain lui donna cependant l'impression, fugace, de se retrouver non plus devant le jeune homme dur auquel elle s'était habituée ces dernières années, mais face à l'image oubliée du petit garçon qu'elle avait connu autrefois. Il avait paru tellement perdu sur l'instant... Elle s'en trouva perturbée. Malgré la sècheresse de son ton, Sasuke n'était pas du genre à se vexer pour ses paroles. Elle se rendit compte à quel point elle avait été idiote en craignant sa réaction.

La petite pichenette que Naruto lui donna à l'arrière du crâne la fit sourire.

« Même épuisée, tu arrives à être pénible », ironisa ce dernier.

Elle se tourna vers son compagnon.

Sur son visage, elle ne lut que tendresse.


Naruto ne pouvait plus se détacher de la bouche de Sasuke.

Tout le long du retour, il s'était retenu de le toucher, avait même veillé à garder une distance raisonnable entre eux, ne partageant avec lui que des regards lourds de sens, trahissant de manière évidente l'envie, maintenant, la volonté de se retrouver avec lui, en face à face, seulement. La façon dont le brun le laissait désormais voir en lui était troublante, lui qui s'était tellement protégé auparavant. Naruto comprenait ce qu'il ressentait : la perte de repères soudaine due au fait d'abandonner ses barrières et de se montrer vraiment tel qu'il était : pas dur, non, mais plutôt un être brisé en ébauche de reconstruction, presque fragile dans la façon dont il acceptait de s'exposer.

Doucement, il rectifia la position de ses hanches pour presser juste contre celles de son amant, leur provoquant un tremblement tandis qu'ils continuaient à s'embrasser. Naruto aurait pu le prendre dans l'instant. Il y pensa.

Dans un soupir, il se décolla de ses lèvres pour enfouir son visage dans la pente douce de son cou, goûtant la peau, juste là. Il aurait pu rester ainsi des heures. L'idée le fit sourire intérieurement. Quand il se redressa, le regard qu'il porta à Sasuke témoigna simplement d'un bonheur par lequel il se sentait encore dépassé. Puis le blond traça, d'une main, une ligne de la base de sa nuque jusqu'à la naissance de son épaule, remontant ensuite sur son cou pâle, sa pomme d'Adam exposée, l'angle de sa mâchoire... Le brun ouvrit les lèvres pour aspirer lentement la première phalange du doigt qui se présenta à l'orée de sa bouche. Les yeux noirs s'éclairèrent, cette fois, d'une forme de provocation. Le trouble n'en disparut pas. Naruto sourit.

Il aimait voir Sasuke ainsi, en fait. Ça lui plaisait. Ce dernier avait toujours été un insupportable vantard, hautain et sûr de lui, trop assuré de l'effet qu'il était capable de faire sur les êtres l'entourant et, plus encore, sur lui. Qu'il reste ainsi. C'était ainsi que Naruto l'aimait. Qu'il change n'était pas souhaité.

Fébrilement, il retira la main de la bouche qui l'invitait pourtant si gracieusement à s'en emparer, caressant d'un geste brûlant le plat de la joue blanche.

Il avait envie de se jeter sur lui… de le retourner sans plus attendre pour le courber là où il le pourrait. La table du salon attenant ferait un excellent support. Il ne lui faudrait que quelques secondes pour baisser son pantalon et s'enfoncer en lui. Qu'importe si Sasuke n'avait pas le temps de s'y préparer. Naruto savait qu'il l'accepterait. Pour lui.

Pour lui...

D'une certaine façon, l'idée était effrayante. Le jeune Uchiwa avait toujours été extrême dans ses agissements, qu'il s'agisse de refus ou bien d'acceptation. Vendre son âme à Orochimaru n'en était qu'un exemple. Le tuer, lui, bien qu'il ne soit pas allé au bout de cet objectif, en était un autre. Naruto savait qu'il en aurait été capable. Durant ses années d'errance, Sasuke avait montré une rare complaisance à se laisser manipuler, tolérant tout, fermant les yeux sur tout ce qui n'était pas son objectif, sur tout ce à quoi il avait dû se plier pour y parvenir… et les petits bouts de son âme qu'il avait laissés peu à peu se décrocher, émiettés sur le chemin de sa vengeance, il faisait désormais confiance à Naruto pour les maintenir, pour resserrer les bras autour de lui et remplacer de sa chaleur les morceaux égarés. Sasuke lui demandait trop, finalement.

Un temps, il ferma lui aussi les yeux, l'image du brun s'agrippant à la table, haletant sous ses poussées, planant avec insistance dans son esprit.

« Tu veux le faire ? », murmura-t-il.


Les rayons du soleil tombaient sur son visage, réchauffant sa peau. C'était agréable. Naruto ferma les paupières, la lumière filtrant entre les branches et les feuillages l'aveuglant à moitié.

Quand il se retourna vers Sakura, un petit sourire se nicha au coin de ses lèvres. Adossée à la porte sacrée, aux lourds piliers rouges, devant laquelle ils s'étaient arrêtés, elle était en train de boire à la gourde que Sai lui tendait. Elle aurait pu se débrouiller seule. Il était amusant de voir la façon dont le jeune homme s'occupait d'elle et aussi un peu attendrissant, par la maladresse évidente dont il faisait preuve. Était-il seulement possible d'être capable de tant d'indélicatesse, d'autant plus involontairement ? Le ninja avait décidément beaucoup de difficultés avec ce genre de rôle. Sur certains plans, il paraissait cependant posséder une finesse insoupçonnée. Dès le moment où il les avait rejoints sur l'herbe en bas de la cascade, il avait pris tout de suite la responsabilité de leur capitaine, comme s'il avait compris, en voyant Sasuke et Naruto tels qu'ils avaient été l'un contre l'autre, ce qui les liait. Le blond en avait eu l'impression, en tout cas, même si rien ne lui permettait de l'affirmer avec certitude.

Il se détourna de ce spectacle et avança lentement. L'herbe crissa sous la semelle de ses sandales, la terre du chemin attenant y succédant. Le murmure de la petite fontaine proche jouait telle une douce musique, traversée de temps en temps par le son plus fort de giclements d'eau. Le jeune homme s'enivra de l'odeur fraiche des lieux.

Konoha n'était plus loin, maintenant.

Il suivit la haie taillée qui le séparait du point d'eau aménagé pour les voyageurs, de petites taches de couleurs, noir et bleu sombre, familières, transparaissant parfois entre les feuillages. Puis il s'arrêta au bord des derniers arbustes qui lui avaient caché la vue sur l'être accroupi juste là. Sasuke était en train de rafraîchir les bandages avec lesquels il avait entouré ses côtes encore sensibles. Son buste pâle lui apparut, entièrement dénudé, les pans de son kimono court retombant sur ses hanches. Quelques hématomes diffus étaient visibles. Le blond se rapprocha de son dos. Alors qu'il parvenait juste derrière lui, le brun se redressa, tournant le visage vers son compagnon. Naruto se perdit un instant dans ses yeux noirs. Puis, parce qu'ils se trouvaient momentanément à l'abri des regards, il se laissa aller à l'entourer de ses bras, posant les lèvres sur l'arrière de son épaule. Naturellement, ses paupières se fermèrent. Sasuke ne chercha pas à se détacher de lui. Le jeune blond put même sentir la légère pression qui s'exerça contre son torse, comme s'il prenait appui sur lui. Le temps et la réalité se délayèrent doucement.

Ce fut Sai qui vint les rappeler à leur mission, les interpelant d'un petit bruit de bouche une fois parvenu à côté d'eux. Tous deux tournèrent brièvement le visage pour le découvrir, la main posée sur le rebord de la haie. Puis, le ninja aux vêtements noirs retourna, sans autre réaction, rejoindre leur capitaine et Sasuke recommença à bander son buste. Naruto se rapprocha à son tour de ses compagnons.


Le kimono court émit un son de froissement en se faisant repousser sur l'épaule blanche.

Le torse de Sasuke apparut. Les doigts de Naruto passèrent lentement sur sa poitrine, descendant pour frôler les bandages entourant les côtes de son amant. Celui-ci ne fit que pencher le visage, ses paupières se fermant à moitié.

« C'est guéri ?

— Ça ira. »

Le blond sourit : ça « allait toujours », avec Sasuke. Il se laissa captiver par l'étendue de peau claire s'offrant à lui. Puis, le vêtement finit d'un coup de descendre le long du buste découvert. Le brun ne s'offusqua pas du geste de son amant. Seul son regard se teinta d'une forme de provocation plus forte, semblant le défier d'aller plus loin et en même temps l'y inviter, trop tentante incitation. Les lèvres de Naruto s'étirèrent plus largement. Il passa de nouveau la main sur le visage de Sasuke.

Il aimait le voir ainsi : offert et en même temps arrogant, fier jusque dans sa façon de se donner à lui.

« Tu as aimé, la dernière fois ?

Le brun eut un bref rictus. Naruto s'amusa de tout ce qu'il lui faudrait accomplir pour que ce dernier soit capable de l'avouer. Quelques séances de tortures... sexuelles, peut-être ?

— Oui, répondit-il cependant, le surprenant totalement.

L'instant suivant, Sasuke l'attirait d'un geste possessif contre lui. La pression entre leurs bassins s'intensifia. Naruto expira lourdement. Il devait s'emparer des hanches de Sasuke… Maintenant. Et le retourner sur la table.

— Oui... C'était bon, précisa le brun en extirpant les bras de ses manches.

Son regard partit dans le vague, ses yeux noirs s'éclairant d'une lueur trouble.

— C'était bizarre, mais... je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé. C'était bon... C'était très bon.

Naruto ferma les paupières, savourant ses paroles. Son front se colla contre celui de Sasuke.

— Tu veux que je te prenne ?

Son souffle était brûlant.

— Oui. »

Le blond sentit son cœur battre plus fort. Il ne se ferait pas prier.


« Naruto ! »

Hop là ! Le jeune homme manqua de chuter les fesses au sol sous la masse débordante qui lui tomba soudain dessus, ne retrouvant son équilibre que tant bien que mal, heureux cependant. C'était qu'il les aimait ses petits monstres !

En arrivant aux abords du village, il avait directement pensé qu'il allait tuer Shikamaru, en fait. Mais même pas pour rigoler, hein ? Pour de vrai ! Oui oui : pour de bon. Voir ses trois jeunes élèves marcher avec un air malheureux à rendre la tronche que Naruto avait faite lui-même tout au long de sa propre mission totalement insignifiante, exactement du même pas, levant le pied droit en même temps, tout comme le gauche, les mouvements de bras identiques, visage bien droit face à la route, lui avait tordu l'estomac. Au sol, une ombre longue avait relié leurs pieds à, un peu plus loin, deux sandales de ninja...

Gloire à Sai et à Sasuke qui avaient réussi à le retenir de commettre un meurtre.

Enfin bon… Shikamaru s'était tout de même fait secouer vivement. Ça avait même été drôle, en fait, enfin... « cruellement » drôle, parce qu'il n'avait pas été le seul à balancer comme ça d'avant en arrière, du coup : les pauvres élèves de Naruto en avaient fait de même sauf que, ben... oui, là, ça avait été d'autant plus bizarre qu'il n'y avait eu personne pour les toucher, eux, concrètement. Ils avaient pourtant reproduit avec beaucoup de fidélité les mouvements d'avant en arrière du jeune Nara, mines d'intense désespoir associées. Sakura en avait clairement grimacé. Pauvres petits... Puis, le remplaçant forcé du blond avait parlé de mission de « rang D » — ce qui avait occasionné un frisson d'horreur chez ce dernier — et d'élèves ne voulant pas faire ce que leur avait ordonné leur Hokage et là... Naruto avait tout de même été pris d'une réelle compassion envers tout le monde. Il n'avait cependant lâché le col du vêtement de son ami que pour l'épousseter brièvement, avant de finir par une petite claque semi-amicale sur la joue de ce dernier, parce qu'il ne fallait pas déconner non plus.

Puis, Shikamaru avait relâché avec un grand soulagement les trois terreurs qui s'étaient jetées au cou de Naruto comme des détenus découvrant pour la première fois depuis des années la lumière du soleil. Si si. Ce que les mômes pouvaient être capables de faire du cinéma... Le volume avec lequel ils s'étaient plaints ensuite directement dans l'oreille du blond lui avait fait penser que la mission qu'il venait de se taper n'avait peut-être pas été aussi pénible qu'il l'avait cru, finalement... et le regard qu'il avait échangé avec Shikamaru lui avait fait comprendre à quel point celui-ci avait dû en baver. Quant aux autres membres de son équipe, ils s'étaient tous, sans se concerter, faits la réflexion qu'il n'y avait bien que Naruto pour être capable de supporter un tel volume sonore. Oh que oui !

Enfin bon. C'était encore ce que Sakura était en train de se dire, tandis qu'elle observait, appuyée contre un rocher juste devant l'entrée du village, les trois petites terreurs en action, version survoltage et pleins de la bonne énergie de la jeunesse, comme l'aurait dit Lee ou... Gai, qu'importe : c'étaient des clones, ceux-là, de toute façon. On aurait effectivement dit trois répliques de sa bombe explosive de coéquipier, dans le sens petits « pénibles » en l'occurrence.

Le « Évidemment qu'ils n'obéissent pas ! Ce sont mes élèves ! », que ce dernier sortit à ce moment à Shikamaru, la fit rire sincèrement.

Puis les pauvres « martyrs », ayant déjà oublié leurs malheurs, attaquèrent en rigolant leur maître adoré. L'un d'eux se mit à conter en braillant démesurément leurs « aventures » des derniers jours, enfin... surtout toutes les misères qu'ils avaient fait subir à celui qu'ils avaient de toute façon décidé de refuser comme remplaçant du blond, tandis que les autres enrichissaient l'histoire de nombreux détails, entre deux essais pour toucher le jeune Uzumaki.

« Encore vivant ? lança Sasuke à Shikamaru.

Ce dernier soupira comme si le poids du monde déjà posé en permanence sur ses épaules s'était encore alourdi.

— À peine... Tu sais que je n'ai pas réussi à les faire m'obéir une seule seconde ? « Maître Naruto » par ci, « Maître Naruto » par là. Elle m'a fait un sale cadeau, la cinquième Hokage, en fait. J'en jurerais que c'était pour me punir.

— Possible, ponctua le brun.

Shikamaru acquiesça pensivement.

— Et vous, alors ?

—- Ninja paumé récupéré. Rouleau avec. On l'a ouvert...

— Il n'y avait rien ?

Seul un rictus, amer, répondit à la perspicacité du jeune homme. Celui-ci reprit la parole.

— J'ai cru entendre que le vrai rouleau était déjà parvenu à la frontière.

— Oh que j'aime ces missions qui visent à te faire croire que tu portes un objet de la plus haute importance uniquement pour attirer l'ennemi sur une fausse piste...

— Utile, pourtant, remarqua Shikamaru.

— Mouais. »

Sauf que leur Hokage aurait pu les informer de la supercherie. Si elle avait un défaut à relever avant les autres, il s'agissait certainement de ses crises de colère par lesquelles elle se laissait plus que facilement dépasser, associées à son sale caractère, bien sûr. Ça n'étonnait même pas Sasuke que, vu le niveau d'énervement avec lequel elle les avait accueillis, elle n'ait pas pris la peine de les avertir que, si ramener Sai et le fameux rouleau contenant une technique d'illusion de haut niveau qu'il valait mieux garder secrète pouvaient être importants — il voulait bien le concéder —, il ne valait certainement pas le coup de prendre le risque d'affronter deux membres de l'Akatsuki pour le récupérer une fois ouvert. Ce type de comportement l'agaçait. Tous deux restèrent un moment silencieux, observant Naruto se battre avec ses élèves : celui-ci s'amusait à retourner chacune de leurs attaques du même mouvement pour les envoyer systématiquement baiser le sol et rire de les voir enrager. Sasuke constata que ça faisait longtemps qu'il ne l'avait plus vu aussi heureux.

Lorsque le blond se tourna vers eux, les yeux plissés d'amusement, Sai lâcha une de ses réflexions.

« Tu ferais un bon père, tu sais.

Le blond en manqua la syncope. S'il avait été en train de manger, il se serait étouffé. « Mort consécutive à l'obstruction de la trachée par une boule de ramens », aurait dit l'avis de décès. Il n'aurait même pas pu avoir son nom sur la stèle des héros du village. La honte. Il se figea d'une manière si nette que le bon coup dans les côtes qu'il permit à un de ses élèves de lui placer le fit se plier en deux, la respiration coupée, avant de sourire face à la réaction de victoire du petit renégat qui était tout fier d'avoir profité de l'instant pour réussir son coup.

— Allez, c'est bon, vous avez gagné », finit-il par admettre en rigolant.

Puis, il les renvoya à se comporter un peu mieux avec Shikamaru qu'il présenta comme « son ami très cher » devant un « oh » admiratif des petits qui partirent rejoindre ce dernier tels de très sages soldats. Il se rapprocha ensuite, encore essoufflé, de son collègue.

« Non mais franchement, Sai, 'fais gaffe avant de balancer des trucs comme ça. Tu sais que ça aurait pu être dangereux si on avait été en mission ?

Celui-ci ne lui adressa qu'un regard plein d'incompréhension.

— Il n'a pas tort, renchérit Sakura.

La remarque fit rire le blond une seconde, incrédule.

— Parle pour toi, oui : tu ferais une très jolie maman, je suis sûr.

Son ton clairement taquin et séducteur fut accompagné d'un clignement d'œil suggestif.

— Avec toi ?

Le jeune homme sourit.

— Tu me ferais des petits ? »

Il partagea ensuite un rire avec sa collègue qui leva brièvement les yeux au ciel avant de le pousser amicalement d'un coup d'épaule, sauf que Naruto en fit un pas énorme de côté. Mais quelle brutasse...

En se rapprochant de Sasuke, il articula ensuite silencieusement un « elle doit avoir ses chaleurs » qui lui valut un bref sourire complice de la part de ce dernier et un méchant coup dans les côtes de la part de la jeune femme. Ouch... Si ce n'était les mots, elle avait dû comprendre au moins l'idée de ce qu'il venait de dire. Tous les trois sourirent ensuite, enfin... même si celui de Naruto ressemblait surtout à une grimace douloureuse.

Plus loin, Shikamaru observait le spectacle.


Le sol se fit froid sous eux. Les cheveux de Sasuke s'y étalèrent alors que leurs corps y glissaient lentement, ceux de Naruto en suivant le mouvement.

Ils n'avaient pas été capables d'aller jusqu'au salon, encore moins à la chambre. Tout était bien trop loin. Ils s'étaient seulement étendus sur le parquet de l'entrée. Savoir lequel des deux avait amorcé le geste était superflu.

Les mèches claires et ébène s'étaient mêlées aux couleurs vives de l'amas de vêtements froissés sous eux. Leurs lèvres ne se quittaient plus.

Le haut de kimono bleu sombre et le t-shirt orange furent arrachés en des mouvements empressés, rejoignant les autres tissus épars. Leurs jambes s'entremêlèrent, le son de leur respiration rapide emplit le vide des lieux. Des traces de corps furent laissées ci et là au hasard de leurs mouvements et de la façon dont ils se crispaient l'un contre l'autre. Le lien d'un habit se détacha, des mains avides se pressant sur des muscles nerveux.

En sentant les doigts de Naruto se glisser à l'avant de son pantalon, le brun se cambra vers lui. Le premier ne prit qu'une seconde pour savourer l'image que son compagnon lui offrait, avant de frôler son membre, le faisant frémir alors qu'il s'étendait de nouveau sur lui. Sa langue s'insinua à l'intérieur de sa bouche. Sous ses caresses, Sasuke se tendit, ses mains trouvant la peau lisse de son dos, sa cambrure masculine et la surface rebondie de ses fesses. Puis Naruto se redressa légèrement pour défaire le jeune homme sous lui de ses derniers vêtements. Il n'avait pas envie d'attendre.


Sasuke, assis sur le perron de sa demeure familiale.

C'était l'image qui était revenue à l'esprit du blond tandis qu'ils passaient devant le quartier resté fantôme de l'ancien clan Uchiwa : un jeune homme aux coudes posés sur les genoux, au visage baissé et aux épaules saillantes..., un garçon, aux traits marqués à force d'avoir trop vécu. Devant lui, le mur fendu là où un kunai, que son frère avait lancé des années avant, s'était planté dans l'éventail peint. Et, dans ses yeux : le vide.

Naruto se demandait parfois à quel point ce qui était advenu ce jour-là avait pu affecter ce dernier, influant sur la suite des évènements.

En apprenant son retour à Konoha, il s'était précipité vers lui avec tellement de joie. Il avait été tellement heureux... Il s'était épuisé à courir vers le village, en avait abandonné sa mission, avait oublié de boire ou même de ménager son souffle. Le choc qu'il avait ressenti en le découvrant alors ainsi avait été trop brusque. Le voir à ce point perdu, détruit, lui avait été insupportable : c'était le voir mort, avoir égaré son âme quelque part entre son errance et le meurtre fratricide que personne n'avait pu empêcher, qu'il porterait désormais, à vie. À vie... C'était la marque de son propre échec, balancé à sa figure.

Alors il s'était jeté sur lui, bêtement, bien sûr : ça n'avait pas été raisonné. Et il avait frappé. Il n'avait pas su réellement pourquoi, à ce moment-là. Il s'agissait seulement de tout ce dont il avait été capable pour effacer cette expression du visage de Sasuke, pour se convaincre qu'il était encore là et qu'il était vivant, et celui-ci s'était empressé de répondre.. Lui-même n'avait pas dû comprendre pourquoi il agissait ainsi. Comment auraient-ils pu le savoir ?

Ils s'étaient battus comme deux diables, roulant au sol, la terre entrant dans leur bouche, laissant la trace de leurs corps s'emmêlant là où avaient été leurs pieds auparavant. Quant au regard du brun, il avait été tout ce que Naruto avait eu besoin d'y voir, qu'importe qu'il se soit agi de colère et de violence, de souffrance trop palpable : il avait été empli. Ils s'étaient bagarrés avec rage, avec douleur. Leur affrontement avait même été plus cruel que celui de la Vallée de la fin, dans un sens, parce qu'il n'y avait plus eu là de technique, de but ou de réflexion, mais seulement le désespoir et l'échange brouillon de deux êtres ne faisant plus preuve d'aucune raison. Ils avaient frappé fort, sans retenue, dans une lutte grossière qui les avait menés à l'épuisement, jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus que soulever leurs membres las qu'avec la plus grande peine, se renvoyer des coups malhabiles, forcer inutilement pour se dresser sur leurs genoux, incapables de se remettre debout, et ramper dans la terre qu'ils avaient raclée de leurs talons. Luisants de transpiration, ils ne s'étaient plus empoignés que comme l'auraient fait deux mômes à la cour de l'école, leurs cheveux collés sur leur front, ne se redressant qu'au prix d'efforts démesurés, crachant leur sang et leur salive, suant à grosses gouttes, grognant et se tordant à cause de leurs multiples blessures... cherchant peut-être aussi dans ce contact à se sentir l'un l'autre, à savoir qu'ils étaient là, qu'ils étaient vivants, et que la chair à la teinte cadavérique pouvait saigner, bleuir...

Puis la situation avait merdé. Inconsciemment, le porteur de Kyuubi avait laissé sa paume se charger d'un chakra dangereux, de vent pur, et Sasuke avait pris peur. Dans sa main, était apparu un kunai. Ils n'avaient pas vraiment compris comment Sakura avait pu apparaître à ce moment-là entre eux. Au fond de l'esprit de Naruto, il avait perçu les cris d'alarme qu'avait poussés juste avant la jeune femme, qu'il aurait dus entendre, qui avaient pourtant été évidents, mais qui n'étaient pas parvenus à son esprit tant seul Sasuke l'avait empli...

Des deux mains de leur amie plaquées sur sa poitrine, s'était échappé une quantité de sang absolument effrayante.

Ensuite, tout avait été pire encore.

Et Sasuke, assis inlassablement sur le perron de sa demeure familiale, était resté figé à observer la tache brune que personne ne s'était souciée de laver ce jour-là, comme imprimée dans la terre sèche où l'arme qu'il avait tenue en main avait ouvert en deux la poitrine de Sakura.

Ses yeux étaient redevenus vides.

Naruto y avait pensé, que la façon dont le village avait réagi à cet évènement n'avait fait que précipiter le brun dans l'isolement vers lequel il tendait déjà à aller. Lui-même avait été bien autant responsable de l'accident que Sasuke, mais le jeune Uchiwa n'était pas aimé. Le dernier descendant de ce clan maudit était un déserteur. Il avait trahi. Puis le brun ne souriait pas, son regard se posait avec trop d'indifférence sur tout ce qui l'entourait, trop de mépris. Sa force était trop effrayante, aussi.

Il était dangereux.

La haine et la colère qui avaient besoin d'une cible sur laquelle se décharger avaient trouvé en lui un réceptacle idéal. Et Sasuke avait été parfait dans ce rôle. Parfait.

Naruto n'avait pu qu'observer ce qu'il avait vécu enfant, incapable d'en enrayer le processus : les regards noirs, les insultes murmurées dans le dos. Lui-même avait aussi appelé son ami « salaud », oh, pas par rapport à cet évènement, bien sûr : il avait même essayé de tout faire pour empêcher les villageois de lui en mettre la responsabilité sur le dos, et ce en vain, mais parce que Sasuke n'était pas venu une seule fois voir Sakura à l'hôpital, bien qu'elle ait été gravement blessée. Parce qu'il n'avait pas bougé, même quand Naruto lui avait hurlé, ivre de colère, de le faire. Parce qu'il n'avait pas été là quand leur amie aurait eu besoin de le voir, simplement de le voir, même pas de l'entendre, mais juste de savoir qu'il était là. Parce que les sourires de la jeune femme lui disant de ne pas s'en faire pour ça l'avaient blessé plus que si elle s'était laissée aller à exprimer réellement sa peine. Parce qu'il n'avait pas été là pour elle ensuite, quand elle était rentrée en convalescence dans sa famille. Parce que les fois suivantes, toutes les fois suivantes où Naruto avait essayé de le secouer, le jeune homme n'avait répondu que par des verbes acerbes et des propos assassins, cherchant à l'éloigner de toutes ses forces de lui, refusant chacune de ses tentatives, chacun de ses efforts, le rejetant, lui aussi. Parce que Sasuke avait été salaud, infiniment salaud et, en même temps, puisque tout le monde ici le traitait de tel, il n'avait qu'été à l'entière image de ce mot par lequel on le qualifiait.

Puis le blond l'avait traité de salaud parce qu'ensuite, était venu le temps où, au lieu de se battre, ils avaient enterrés tous deux leurs souffrances dans le mélange de leur chair. Parce que Sasuke n'avait pas répondu la moindre seconde aux sentiments que le blond avait pourtant eu tellement besoin d'exprimer et que, plus il s'était ouvert à lui, plus il avait essayé de l'aider, plus le brun avait été cruel.

Et Sasuke avait été pour Naruto le salaud contre lequel celui-ci n'avait fait que lutter.

« À quoi tu penses ?

Le blond mit une seconde à reprendre ses esprits. Son regard se porta sur les clefs de son appartement qu'il tenait entre les mains. Il y resserra les doigts brièvement avant de les glisser dans la serrure de la porte d'entrée.

— À toi, sourit-il simplement.

Le coin des lèvres du brun se releva dans une sorte de rictus.

— Tu penses toujours à moi.

— Tout le temps. »

Puis, Naruto poussa la porte. Il prit quelques secondes pour observer Sasuke.

Si le regard de ce dernier semblait encore perdu, il y planait désormais une forme d'apaisement qui lui paraissait presque improbable. Le spectacle qu'ils découvrirent ne leur permit cependant pas de se détendre. Au milieu du couloir, gisaient encore les traces du dernier rapport qu'ils y avaient eu, leur rappelant la tension qui avait régné entre eux de façon si palpable.

Après un instant de silence, Sasuke se baissa pour ramasser quelques-uns des vêtements froissés au sol. Surpris, le blond se précipita pour l'aider.

Ils avaient laissé Sai et Sakura se charger de faire le compte rendu de leur mission à Tsunade. Celle-ci en serait fâchée. Tant pis. Ils faisaient confiance à leur amie pour veiller à ce que, toute en pétard que leur Hokage puisse être, elle ne vienne pas les importuner tout de suite.

Les doigts de Naruto glissèrent sur un rouleau de bandages à moitié défait.

Ils avaient eu tellement d'autres rapports dans cet appartement, déjà… Ils s'étaient étreints dans chacune des ces pièces, du salon à l'entrée, contre les murs, dans la salle de bains, sur la table de la cuisine... À chaque fois, Naruto avait voulu ne pas montrer à quel point il l'avait désiré. À chaque fois, son attitude l'avait pourtant trahi. Il avait aimé infiniment la présence de Sasuke contre lui, ses mains sur sa peau, son sexe à l'intérieur de son corps…

La voix froide de ce dernier le fit tourner le regard vers lui, pensif.

« Ç'aurait été tellement facile de continuer comme on le faisait auparavant.

Naruto se figea un moment.

— Tu l'aurais voulu ?

— Non.

Un petit sourire naquit sur le visage du blond. Il passa une main dans sa chevelure avant de se laisser aller à une douce taquinerie.

— C'est l'idée d'être pris par moi qui te fait y penser ?

— Peut-être », déclara le brun.

Naruto l'observa quelques secondes, encore. Il était tellement inhabituel de le voir à ce point perdu.

Il ne lui fallut qu'un instant pour se relever et franchir la distance qui les séparait.


Un long déhanchement fit se crisper Sasuke. Son crâne partit à l'arrière. Leurs peaux entièrement découvertes glissèrent l'une contre l'autre.

Étendu de tout son long sur lui, le corps de Naruto appuyait sur ses côtes encore sensibles et les bandages séchés de son torse s'étaient déroulés sous les passages nerveux de sa main, se répandant au sol. Le jeune brun ne s'en souciait pas, vaguement conscient, seulement, de la manière dont chacun de ces gestes le poussait à s'abandonner.

Il paraissait si simple, soudain, de se laisser aller et en même temps tellement curieux.

Son visage se tourna sur le côté et il ferma les paupières. La peau de son cou frémit sous les lèvres qui s'y jetèrent aussitôt. Ses mains se resserrèrent sur les fesses de Naruto, intensifiant leur contact, provoquant chez celui-ci un nouveau mouvement de hanches qui les firent se contracter ensemble. Le désir l'étourdissait. Il n'avait besoin de rien ressentir d'autre. En cet instant, la présence du blond était tout ce qui lui importait. Que les lèvres de Naruto balaient ses doutes et ses craintes…

« Sasuke... »

Qu'il prenne de lui ce qu'il voulait.

Le souffle empli d'envie lui fit rouvrir les yeux. S'ils furent embués, il ne les détourna pas, offrant à son amant l'entière image de son trouble, s'il s'agissait de ce qu'il attendait de lui. La façon dont le blond s'en montra perturbé l'amusa cependant et il se recomposa une figure plus assurée, le dévisageant avec une sensualité pleine d'arrogance, le défiant de continuer. Son attitude fit sourire Naruto, doucement, puis il appuya les lèvres contre celles de Sasuke et pressa plus fortement le bassin contre le sien. Leurs membres nus roulèrent l'un contre l'autre, faisant haleter le brun qui enfouit son visage dans le creux de l'épaule de son compagnon, trouvant la peau mate qu'il aspira durement.

« Sasuke... J'ai envie de te prendre... »

Quelques coups de reins plus rapides suivirent, les poussées s'intensifiant, mimant l'amour, le sexe ou toute autre action susceptible d'apaiser, ne serait-ce qu'un peu, le feu qui les dévorait... ne faisant que l'attiser, pourtant. Leurs verges étaient pressées l'une contre l'autre. L'excitation était massive, vidant leurs esprits pour ne plus laisser de la réalité que celle de la chair, et elle était suffisante, cette réalité-là. Ils n'avaient pas besoin d'en connaître d'autre. Lorsque le brun attrapa les cheveux de Naruto pour repositionner son visage face au sien, ce dernier se laissa totalement aller au baiser impétueux qui lui fut donné, répondant aux lèvres par la pression des siennes et à la langue en l'enrôlant dans une bataille qu'il n'eut pas conscience de livrer. La seconde suivante, le déhanchement qu'il eut fut bien plus agressif, témoignant de la force avec laquelle le désir le dirigeait, exprimant avec son corps ce qu'il ne dirait pas avec des mots puisqu'il était désormais superflu de parler. Puis il se détacha de la bouche de son amant, sa main s'enroulant autour de son sexe alors qu'il se redressait déjà pour chercher fébrilement, de l'autre, le pot qu'il avait ramené dans son sac de voyage. L'expression avec laquelle le brun s'étendit plus encore sous ses caresses, faisant crisser la couche de vêtements répandus au sol, l'étourdit légèrement. Il devait la garder en mémoire, la graver dans son esprit. Puis ses doigts tremblants firent sauter, d'un coup, le bouchon de l'objet dont il venait enfin de parvenir à se saisir.

L'instant suivant, leurs lèvres se trouvaient à nouveau en contact et le pot de lubrifiant émettait un son mat en tombant à côté du corps de Sasuke.

Un doigt s'enfonça aussi vite en lui. Si le brun se raidit légèrement, Naruto n'y prêta pas plus attention. Il n'était plus temps d'hésiter. Il voulait être à l'intérieur de Sasuke, maintenant. Maintenant. Il descendit le visage contre le torse glabre pour baiser les grains de chair offerts à sa bouche et à ses dents, les aspirant avec envie, provoquant des réactions dont il se délecta tandis que son doigt luisant du produit qu'il y avait déposé se déplaçait dans sa chair.

Depuis combien de temps n'avait-il plus éprouvé la sensation de s'enfoncer dans un espace si chaud ? Combien de fois y avait-il pensé, en avait-il rêvé, avait-il vu le visage de Sasuke se teinter d'expressions inconnues tandis qu'il se mouvrait en lui ?

La respiration du brun s'était faite plus audible et les mains qui caressaient son crâne tremblaient désormais faiblement.

Puis Naruto descendit prendre le membre tendu qu'il aimait tant sentir contre lui, en lui... à l'intérieur de sa bouche et il l'y fit entrer profondément. La façon dont Sasuke se tordit sous lui fit se durcir plus encore son propre sexe. Il ne se sentait plus capable de se contrôler. La sensation de la chair gonflée glissant entre ses lèvres ne faisait que l'échauffer, les soupirs s'échappant de celles de Sasuke finissant d'engourdir son esprit et il ne releva la tête que pour pousser plus loin une des cuisses du brun et enfoncer, cette fois, deux doigts à l'intérieur de son corps. La main de ce dernier ne courut plus que de manière superficielle sur ses cheveux. Ce que voulait le blond était totalement impérieux. Il n'était plus le temps d'attendre ou d'hésiter mais de prendre. De prendre. De se saisir de ce que Sasuke lui donnait. De s'en emparer. Il regarda quelques secondes encore ses doigts entrer et sortir de son amant, la vision achevant de lui faire tourner la tête, puis il se redressa pour enduire, cette fois, son propre sexe de lubrifiant.

D'un coup, le brun se retrouva repoussé sur le ventre. S'il en fut surpris, il ne fit rien pour le montrer et laissa Naruto embrasser son cou avec empressement, prenant appui sur ses coudes pour se cambrer sous la présence, captivant le blond par la façon dont ses muscles roulèrent sous sa peau pâle, sa chute de reins se faisant plus marquée et ses épaules saillantes. La lumière traversant les persiennes s'accrochait aux reliefs de son dos dans un contraste saisissant de clair-obscur. Les mains de Naruto agrippèrent ses fesses et il y positionna son membre. Une seconde, il l'observa. Le visage appuyé au sol, il lui offrait l'entière image de l'être fier s'abandonnant à lui. Puis il poussa des reins vers l'avant.

Sa verge entra. Sasuke se raidit, son souffle se faisant plus sonore. Si la sensation de la pénétration arracha un soupir de contentement à Naruto, il ne put ignorer la crispation qui se produisit chez son amant. Il ne s'arrêta cependant pas, incapable de se retenir, et ne marqua une pause qu'une fois parvenu au bout, son bassin butant contre ses fesses. Là, il prit le temps de reprendre son souffle. Son visage tomba dans le cou pâle et il essaya de retrouver ses esprits.

Le corps du brun s'était contracté et Naruto pouvait l'entendre respirer fort. Il s'était tellement serré contre son invasion. Ses lèvres frôlèrent un instant ses mèches sombres et il pencha la tête pour observer son expression. Le visage tourné sur le côté, Sasuke semblait chercher l'apaisement dans la fraîcheur du sol. Le pendentif du blond glissa de l'épaule pâle au menton de son compagnon et caressa une seconde sa bouche. Ce dernier ouvrit les paupières. Leur regard se croisa. Les yeux sombres étaient devenus brillants.

Naruto sourit :

« Ça va ? »

La tendresse était évidente. Le coin des lèvres de Sasuke se releva un peu. Une ombre douce parcourut un instant ses pupilles, puis son visage se tendit vers lui, l'invitant à l'embrasser. D'une main, le blond attrapa son menton pour baiser suavement sa bouche. Puis Naruto posa le front contre son épaule et lui souffla un « désolé » qui fit sourire brièvement ce dernier.

L'instant suivant, le blond se retirait lentement pour commencer à se mouvoir en lui. Sasuke pressa plus fort le front contre le sol.

Cette sensation... Cette sensation, bon sang. Naruto avait failli l'oublier. Ce qu'il pouvait être bon de sentir son sexe glisser dans ce corps… d'être à l'intérieur de Sasuke. Quant à l'image que ce dernier lui donnait, elle lui paraissait presque irréelle. Les muscles de son dos roulaient, ses hanches s'inclinaient, sa respiration prenait des accélérations brusques et ses épaules s'affaissaient ou se raidissaient sous ses coups de reins. Voir Sasuke ainsi était bien plus que tout ce dont il aurait pu rêver. C'était le voir se perdre, passer progressivement de la crispation à la détente, puis à l'abandon. C'était voir ses mèches brunes naviguer au sol, ses paupières se fermer, sa bouche s'entrouvrir parfois au gré de ses mouvements. C'était le voir se donner si entièrement à lui, devenir faible sous lui et avoir progressivement du plaisir. C'était le voir ouvert et plus ouvert qu'il ne l'avait jamais été, et si intensément qu'il en était troublant. C'était le voir offert.

Quant au plaisir qui se faisait à l'intérieur de lui, il était indescriptible. Naruto ne pouvait plus s'arrêter, son bassin butant contre la chair de Sasuke. Le corps en nage, il ne faisait que se pencher, sans cesse, pour l'enlacer, déposant des baisers maladroits sur son dos pâle, pressant les lèvres sur le haut de ses épaules et s'étourdissant de ses gémissements lorsqu'il trouvait le bon angle avec lequel le pénétrer. Le « plus fort », à peine murmuré entre deux halètements, qui parvient plus tard à ses oreilles acheva de lui faire perdre la tête et il cessa enfin de se retenir, se laissant entièrement aller aux coups de reins qu'il brûlait de donner. L'univers autour d'eux devint flou.

Puis le plaisir s'intensifia, brutalement. Naruto ne remarqua qu'à peine le brun glisser une main sous lui pour se toucher et se déhancha plus rapidement. L'orgasme monta, le faisant resserrer les doigts sur les hanches de Sasuke alors qu'il se mouvait en des gestes plus hachés, plus secs. Sa voix s'éleva, des fourmis parcoururent ses paumes et il succomba à la jouissance, tremblant sous sa puissance. Il ne vit pas tout de suite que Sasuke était encore en train de se caresser. Il se retira simplement de lui et chuta de côté, découvrant ensuite, hagard, ce dernier rouler sur le dos, sa main se mouvant vivement.

Son expression, paupières fermées sous les mèches brunes les traversant, lèvres ouvertes et pommettes un peu rosées, le fascina.

Sans réfléchir, il se releva pour s'agenouiller juste devant lui, écartant ses cuisses pour se réinsérer dans son corps, se sentant plus étourdi encore en le voyant se tordre d'un surplus de plaisir avant de se répandre à son tour, la manière dont son corps se serra manquant de le faire atteindre une nouvelle fois l'orgasme.

Puis les yeux noirs s'ouvrirent et le jeune blond y vit, non seulement le voile du plaisir, mais une forme de surprise et surtout d'apaisement…, une certitude, aussi, comme si tout ce qu'ils vivaient pouvait être désormais simple. Si simple et si évident.

Puis il s'échoua sur son torse.


« Encore. »

Sasuke ouvrit les yeux, chassant comme il le put la brume qui s'était installée sur sa vision.

« Encore », murmura Naruto en s'allongeant sur lui.

« Encore », réclama-t-il plus tard en le positionnant sur le côté pour lui relever la cuisse et s'enfoncer de nouveau à l'intérieur de lui.

« Encore. »

« Encore. »

« Encore... »

Sasuke avait perdu le compte des fois où le blond avait recommencé à le prendre. Il commençait à avoir mal. La sensation du sol, sous eux, malgré la couche de vêtements, se faisait dure, le froid devenant plus présent.

« Encore. »

Et Naruto le tirait par la main pour l'entraîner jusqu'à la chambre.

« Encore. »

Son corps était désormais entièrement endolori, sa volonté ailleurs... partie il ne savait où, le laissant malléable dans les bras de l'être à qui il se donnait... et si curieusement apaisé de se laisser aller à ses désirs et ses gestes possessifs.

Naruto l'avait pris tellement fort la dernière fois… Ses reins le faisaient encore souffrir.

« Encore... »

Le jeune blond ne semblait plus capable d'exprimer quoi que ce soit d'autre et Sasuke commençait à douter de le voir un jour rassasié. Et, encore, il l'avait laissé le pénétrer. Encore, il avait joui sous ses caresses. Encore... Il s'était laissé complètement aller, curieusement comblé par la sensation, oh combien enivrante, d'être ainsi pris, comme si Naruto avait pu emplir, de sa bouche et de son sexe, le vide à l'intérieur de lui.

« Encore. »

Un rire nerveux finit par sortir de sa bouche. Ses doigts passèrent lentement essuyer la transpiration de son front, puis il ouvrit ses yeux sombres sur son amant, lui adressant un regard vaguement moqueur.

« Tu veux vraiment rattraper en une seule fois tout ce que tu as eu envie de me faire avant ?

Naruto sourit, enfouissant le visage contre son épaule pour la mordiller doucement.

— Oui.

— Tu… te souviens quand même que je n'ai pas de démon renard ? observa le brun. Et qu'il ne me suffit pas de fermer les yeux dix minutes pour récupérer comme toi ou... me faire soigner à tous les endroits abusés ? »

L'ironie évidente fit rire légèrement Naruto. Ses lèvres s'étirèrent, son regard s'étant empli d'un bonheur si vif qu'il en était troublant, puis il se hissa au-dessus de Sasuke.

En un instant, les battements cardiaques de ce dernier s'accélèrent. Il le regarda le chevaucher, décontenancé par ce geste auquel il ne s'était pas attendu et n'attrapa que par réflexe les hanches qui se positionnèrent sur lui. La sensation du bas du corps de son amant contre son membre tendu le fit pousser un long soupir.

« Naruto... »

Puis ses doigts se resserrèrent et ses yeux se fermèrent alors qu'il se sentait glisser à l'intérieur de lui.


Sakura s'arrêta devant la porte de l'appartement de Naruto.

Pour la première fois de sa vie, elle se sentait gênée à l'idée d'y frapper. Elle aurait pu se trouver devant celle des quartiers de la section tortures et interrogatoires, ç'aurait été pareil. C'était dire ! Elle resta un long temps, hésitante, sur le perron.

Ça faisait maintenant plus d'une semaine que Sasuke et lui s'étaient enfermés ici. Personne ne les avait vus en sortir... personne parmi les ninjas, en tout cas : en faisant le tour du voisinage, elle avait tout de même appris que le blond s'était rendu brièvement, une fois, chez un commerçant de la rue pour y faire quelques courses. Depuis, personne ne les avait aperçus de nouveau.

Tsunade avait failli leur envoyer un bataillon d'ANBU. Les jours précédents, elle s'était énervée au point que Sakura avait fini par se décider à intervenir. Grâce aux explications de la jeune femme, leur supérieure avait bien voulu passer sur le fait que ses compagnons aient sauté la case « rapport de mission », mais qu'ils ne soient pas venus ne serait-ce qu'une fois se présenter à elle depuis leur retour, elle considérait ça comme du pur « foutage de gueule », pour reprendre ses propres mots. La jeune medic-nin avait bien essayé de calmer le jeu — non mais un bataillon d'ANBU... là-bas, dans l'appartement de Naruto, alors que lui et Sasuke étaient certainement en train de... Non non, mais elle ne voulait même pas l'imaginer ! — et avait, du coup, proposé de leur rendre visite elle-même. La cinquième Hokage avait donc ravalé quelque peu sa fureur, la laissant — ouf — essayer de gérer. Sauf que, là, elle avait parfaitement conscience d'être sur le point d'entrer dans un domaine qui était de l'ordre de l'intimité, et quelle intimité !

Du bout des doigts, elle tâta nerveusement l'objet qu'elle avait emporté avec elle, glissé dans un pan de ses vêtements. Puis, elle prit une longue inspiration et se décida à faire preuve de courage en toquant à la porte. Sa main libre lissa sa jupe dans un geste mal assuré. Le temps durant lequel elle attendit que le bruit de la serrure daigne se faire entendre lui sembla une éternité.

À moitié dévêtu — en caleçon moulant pour tout vêtement, pour tout dire, ce qui était toutefois loin d'être dégueulasse à regarder, on constatera — Naruto lui apparut enfin, mal rasé et les cheveux en pétard, dans la pénombre de son appartement.

« Sakura, fut tout ce qu'il fut capable de dire.

Un incroyable bazar s'étendait derrière lui, accumulé dans quelques coins du couloir, recouvrant la table du salon qu'elle voyait dans la pièce adjacente. Bien qu'ils soient au milieu de l'après-midi, le jeune homme se présentait face à elle comme s'il venait à peine de se réveiller, ne s'étant même pas soucié d'ouvrir les volets.

— Je peux entrer ?

— Euh...

Naruto passa distraitement la main sur son ventre, considérant l'état de son appartement avant de décider, les yeux ouverts dans l'évidence que son amie en avait déjà une bonne vue, qu'il n'avait pas grand-chose à cacher de plus.

— Ben... Oui. »

Puis il partit, encore hagard, ouvrir les fenêtres du salon et de la cuisine pour faire entrer le soleil et renouveler l'air vicié. Sakura l'observa naviguer dans son appartement tout en cherchant où elle pouvait bien poser les pieds. En parvenant devant la porte de la cuisine, l'accumulation de bols de ramens entassés un peu partout qu'elle y remarqua la fit sourire doucement.

« Sasuke est là ?

— Euh... Oui.

— Je peux le voir aussi ?

Le blond eut un instant d'hésitation.

— Bien sûr. Là il est... couché mais... Bon, enfin, il ne dort pas », expliqua-t-il, se frottant la tête comme si ce geste pouvait l'aider à reprendre ses esprits.

Il se dirigea vers la chambre.

La jeune femme le vit pousser précautionneusement la porte. La pièce était plongée dans le noir et il s'en dégageait une atmosphère moite. Elle tâcha de ne pas montrer à quel point elle se sentait mal à l'aise. À cause de l'obscurité, elle ne vit pas tout de suite clairement le brun. Seul le bruit du plissement des draps l'avertit de sa présence avant qu'elle ne distingue une silhouette à la peau claire se mouvoir lentement, jusqu'à s'adosser à la tête du lit. L'instant suivant, Naruto ouvrait, là aussi, les volets, faisant entrer une lumière agréable et l'air frais dans la pièce. Sakura réprima le sourire qui lui monta aux lèvres en le voyant se jeter avec effarement au sol pour essayer de ramasser, ne serait-ce qu'un peu, les traces de leurs activités des jours passés.

La voix obscure du brun s'éleva.

« Sakura.

Elle répondit d'un sourire crispé, minaudant un peu pour cacher sa gêne, et observa Naruto s'asseoir au pied du lit. Le regard bleu croisa un instant celui de Sasuke et la tendresse évidente qui y passa la troubla plus encore qu'elle ne l'était déjà. Elle fit un ou deux pas au milieu de la pièce.

— Tu... Tu vas bien ? se renseigna le blond.

— Oui. »

Un temps encore, elle resta silencieuse. Elle se sentait tellement nerveuse... Le souvenir du produit qu'elle leur avait préparé — mais qu'est-ce qui lui était passé par la tête, d'ailleurs ? — lui revint en mémoire et elle enfonça la main dans la poche de sa jupe pour en sortir une petite fiole au contenu huileux. Puis, elle se décida à s'asseoir à côté d'eux, leur tendant maladroitement l'objet.

« C'est un cadeau pour vous.

Tous deux écarquillèrent les yeux. Elle pinça les lèvres.

— C'est quoi ? l'interrogea Naruto en se saisissant du flacon.

Tandis qu'il tournait l'objet entre ses doigts, une bêtise lui vint en tête :

— Du lubrifiant ?

Ça aurait bien pu être le genre de Sakura, après tout, et puis la consistance du produit y faisait penser. Mais bon... la jeune femme n'était pas si lourde. Sur le coup, c'était même lui qui l'était plus qu'un peu, et il attendit, un petit sourire de gamin idiot niché sur le visage, qu'elle lève les yeux au ciel ou lui tape sur la tête, ou toute autre réaction similaire qui était habituelle chez la jeune femme, mais qui... ne se produisit pas… Un temps de silence, plein de malaise, se fit entre eux.

— Euh...

— Ben... Mais oui, mais qu'est-ce que tu crois, Naruto ? répliqua-t-elle alors que celui-ci se bloquait d'incrédulité. Non mais qu'est-ce que vous voulez que je vous offre, d'abord ? Il ne faut pas croire que je n'y ai pas réfléchi, mais je voulais vous confectionner un truc et puis... Non mais, franchement, vous avez fait quoi ces derniers jours à part manger, dormir et... et….

Bon ben, voilà, quoi !

Les yeux du brun se révulsèrent un instant.

— Tu es d'une délicatesse, Sakura...

Ce n'était pas faux.

La jeune femme haussa simplement les épaules. Ben oui, ils avaient bien raison, mais bon.

— C'est une préparation maison ! Et puis, en plus, le produit a quelques vertus « bonus » », ajouta-t-elle dans un sourire amusé.

La tête que firent alors Naruto et Sasuke valut tous les spectacles. Ouais, allez, elle était lourde, mais au moins c'était drôle. Le blond eut un rire nerveux et, s'il ne posa l'objet sur le meuble à côté du lit que dans une expression de douce moquerie, elle ne loupa pas la façon dont son regard s'en était éclairé. Ce serait peut-être lui qui apprécierait le plus…

Réprimant un sourire, la demoiselle s'installa plus confortablement sur le lit de ses amis. Il lui était pourtant bizarre de s'y trouver, en sachant ce qu'ils y avaient fait, selon toute évidence, peu de temps avant. Elle étira négligemment les jambes.

« Je crois que Tsunade est en train de péter un câble, lança-t-elle.

— Oh, réagit le blond.

— En fait, elle a bien compris le concept des réconciliations sur l'oreiller, je pense, se laissa-t-elle aller à les taquiner, mais vous savoir ici sans être passés ne serait-ce qu'une fois la voir depuis le retour de mission, ça lui vrille « un peu » les nerfs.

— Tant que ça ?

— Ouais ouais. Et puis je crois qu'il y a une rupture de saké, en plus, chuchota-t-elle... Enfin bon, tu la connais, fit-elle remarquer à Naruto avant d'adresser un regard lourd de signification au brun : si vous restez plus longtemps sans vous manifester, elle va vous envoyer une équipe de ninjas à la sauce Ibiki pour vous traîner par la peau des fesses jusque dans son bureau, c'est sûr !

Pour toute réponse, le blond se contenta d'un sourire amusé, tandis que Sasuke se redressait de manière à s'asseoir plus franchement en haut du lit. Sakura feignit de ne pas remarquer la façon dont ses mouvements étaient précautionneux. Son regard se fit accrocher un instant par le tatouage de serpent qui ornait toujours son avant-bras.

— Il faut donc qu'on aille la voir.

— Oui.

Le brun fit une légère grimace.

— Vous lui avez fait le rapport de mission, avec Sai ?

— Ben oui.

Naruto observa leur amie très attentivement. Le souvenir de la façon dont leur collègue s'était occupé d'elle lui revint à l'esprit.

— Tu as couché avec lui ?

La jeune femme s'offusqua.

— Mais… enfin, Naruto, je t'en pose des questions, moi ?

— Allez ! insista ce dernier avec hilarité.

— Mais ça ne te concerne pas !

Puis, comme elle ne réagissait encore qu'en faisant sa mijaurée, ce qui lui allait décidément bien mal, il se pencha pour l'attraper à la taille et l'envoyer entre eux sur le lit. Sakura se sentit plus gênée encore en se trouvant ainsi au milieu du lieu des ébats des deux hommes. Enfin... force était de constater qu'on pouvait décidément se faire à tout...

— Franchement, je ne peux pas l'imaginer, remarqua le blond. Il est tellement bizarre.

— Ben n'imagine rien ! Enfin... Bon, quoi qu'il en soit, ce n'est pas la question et puis il est... Il est... Enfin, il est...

Elle se perdit une seconde dans le regard bleu penché sur elle. Comment pouvait-elle parvenir à garder ses esprits, aussi ?

— Oh puis zut, quoi ! Je te demande, moi, de me raconter ce que vous avez fait cette semaine ?

Si Naruto eut un instant de surprise, le regard que Sasuke adressa à ce dernier fut à ce point glacial-dit-un-seul-mot-et-je-te-promets-mort-et-souffrances-infinies qu'il laissa tomber l'idée même d'ouvrir encore la bouche à ce sujet.

— Euh...

Parler d'autre chose, parler d'autre chose...

— Ben... Non... Rien, alors.

Puis il se recomposa une expression soudainement très sérieuse.

— On ira faire un petit coucou à mamie-Tsunade ! »

Sakura rit une seconde.

Le malaise s'était dissipé. Un petit sourire plana encore un temps au coin de sa bouche avant que la raison-bis de sa venue ici s'impose plus fortement à elle.

Il était temps d'en parler.

Elle se rassit plus dignement. Se tournant face à eux, elle s'installa en tailleur, une longue expiration sortant de ses lèvres resserrées. Puis elle extirpa de ses vêtements le rouleau scellé qu'elle y avait glissé.

L'attention des deux jeunes hommes se fixa sur l'objet, l'expression grave de leur amie leur faisant deviner son importance. Elle tendit l'objet à Sasuke, le regard bas. Celui-ci le saisit, sans la quitter des yeux.

« Ça te concerne, expliqua-t-elle simplement.

Le brun déroula lentement le document. Naruto se pencha sur lui.

— « Mission S », remarqua-t-il.

— Ça te concerne aussi, précisa la jeune femme. Enfin… Je pense. »

Le blond eut une expression plus étonnée.

Sakura essaya de contrôler sa respiration tandis que tous deux s'installaient pour décrypter le document, le silence pesant dans la pièce ne rendant l'angoisse qu'elle ressentait que plus forte.

« Un héritier, finit par constater le brun.

La jeune femme acquiesça. Si Sasuke était resté parfaitement calme tout le long de sa lecture, Naruto affichait une colère évidente.

— Mais ils ne lâcheront jamais l'affaire, avec leur « sharingan » ? Ce sont encore les membres du conseil…

Le brun l'arrêta simplement d'une main, lui adressant un bref regard l'enjoignant à ne pas s'appesantir sur ce sujet.

— Avec toi, poursuivit-il en s'adressant à Sakura.

La jeune femme haussa les épaules.

— Avec qui d'autre ? »

Sasuke ne sut que répondre. Un temps, il resta silencieux tandis que Naruto l'observait.

Ça avait dû être dur, pour Sakura, de se voir confier une telle mission. Il se demanda comment elle l'avait vécue, elle qui portait tant d'attention au fait de mener à bien les tâches qu'on lui confiait. Elle était tellement disciplinée... Il repensa à la mission qu'ils venaient de terminer, certains faits lui revenant à l'esprit, notamment l'image encore imprécise d'une jeune femme en culotte à shurikens roses. Pas une seconde, il ne songea cependant à lui demander des explications. Sakura était son amie. Leur amie. Le fait qu'elle désobéisse aux ordres pour leur montrer un rouleau entouré d'un tel niveau de secret ne faisait que le confirmer. Quant aux choix parfois idiots qu'elle était capable de faire, et bon sang ce qu'elle en était capable, elle avait encore de la marge avant de parvenir ne serait-ce qu'à sa propre cheville. L'idée fit sourire Sasuke brièvement.

Il se tourna vers Naruto.

Ces derniers jours, ils avaient tellement discuté, tous les deux, le plus souvent dans l'intimité de leur lit. Ils avaient découvert, l'un l'autre, des épisodes qu'ils ne connaissaient pas de leurs vies respectives, s'en étaient remémorés d'autres, s'étaient souvent dévoilés plus que le brun ne l'aurait imaginé. Ils avaient même prononcé ce mot magique pour le blond et nostalgique pour lui : « famille ». Bien que Naruto s'en soit plus d'une fois amusé, celui-ci tenait à cette idée de maison. Il ne voulait pas retourner dans le quartier où avait été décimé son clan. Il aspirait à autre chose, un renouveau, une vie qu'il pensait lui avoir été arrachée. Il n'était cependant pas encore clair à ce sujet. Il était encore tôt.

Un temps, la vision du jeune blond jouant avec ses élèves lui revint en mémoire.

Dans le flou de son regard, sa mère lui sourit.

Une odeur de gâteau lui vint de la cuisine où elle s'affairait, le visage dur de son père se lissant alors qu'elle enlaçait ses épaules... Puis un jeune homme aux traits tirés lui donna une pichenette sur le front et l'image se troubla, pour être remplacée par celle d'un mourant aux yeux blanchis et au visage curieusement apaisé.

Sasuke soupira. Lorsqu'il reprit la parole, son ton fut celui de la confession.

« Je ne me sens pas prêt à...

Pourquoi se sentait-il obligé de s'expliquer ? La mission de Sakura avait pourtant échoué dès l'instant où elle leur en avait parlé. Il n'était pas question une seconde de s'y plier.

Nerveusement, sa main passa dans ses cheveux.

— Je ne me sens pas capable de m'occuper d'un enfant, poursuivit-il. Même en dehors de ces histoires d'héritier et de sharingan, je ne pourrais pas. Je ne saurais pas. Je...

Les souvenirs de sa famille et de l'enfance — de son frère — défilaient dans sa tête.

— Je ne pourrais pas seul, ajouta-t-il enfin en se tournant vers Naruto.

Celui-ci eut un temps d'hébétude, le dévisageant avec incompréhension. Le brun failli rire un instant devant son expression. Il ne savait même pas pourquoi il venait de parler ainsi.

— Et toi, qu'est-ce que tu voudrais, Sakura ? enchaîna-t-il ensuite.

La jeune femme mit quelques secondes à répondre.

— Je ne sais pas. Ce n'est pas pour moi, de toute façon.

Puis, comme Sasuke l'observait très sérieusement, elle précisa.

— Si c'est pour toi, pour... vous, ce serait évident, pour moi, de le faire. Je veux dire, ça ne me pose même pas question. Ce n'est peut-être pas normal que ça ne me pose pas plus question que ça, ajouta-t-elle en riant légèrement, mais bon : c'est comme ça.

Ce disant, son regard se baissa sur son ventre, son corps de femme… de kunoichi.

— Peut-être même que j'aimerais... Je ne sais pas. Ce n'est pas pour la mission, en fait. Je m'en moque de la mission. Et pour le reste, ce n'est pas à moi de choisir.

— Tu seras mère un jour quand même, lui fit doucement remarquer le brun.

— Peut-être, sourit-elle.

Son regard se perdit un instant dans le vague. Sasuke passa lentement une main dans ses mèches brunes. Il ne parvenait plus à cesser de penser à l'éventualité que ce cas de figure puisse se produire un jour, il ne savait pas pourquoi. Un jour, seulement. Un jour. Que de chemin avait-il parcouru pour pouvoir seulement songer ainsi.

— Et si... Si jamais on te mettait ça dans un petit bol, tu pourrais te débrouiller ? demanda-t-il soudain.

Naruto parut à peine reprendre ses esprits.

— Bien sûr, souffla la jeune femme.

Un rire nerveux éclata du côté du blond.

— Mais mais... mais Sasuke, mais avec toi c'est tout ou rien ! Non mais sérieux, tu sais que tu es dur avec moi ? Franchement. J'ai eu à peine le temps d'intégrer que...

— Je ne parle pas pour maintenant, le coupa celui-ci comme s'il était en train de dire une ânerie.

— Mais même ! »

Sasuke sourit ensuite devant son expression de désarroi. Il fallait dire que la situation était bizarre et, dans un sens, risible, oui. Lui-même ne savait plus où il en était, en fait. Un temps, ils s'observèrent tous deux avec autant de tendresse, de trouble, que d'une forme d'amusement, puis Naruto finit par éclater de rire et se retourna vers Sakura pour la plaquer sur le lit.

« Ou alors on t'invite.

Oh le petit salaud de lui dire des trucs pareil !

La demoiselle se sentit limite rougir. C'était vraiment cruel, ce qu'il lui faisait. Quant à la proximité avec laquelle ses yeux bleus se trouvaient juste au-dessus d'elle… L'idée soudaine que, lorsqu'elle raconterait ce qu'il venait de se passer à Ino, celle-ci serait folle de jalousie, la consola toutefois un peu : 'Sakura VS Ino. You win !' Qu'il était bon d'être une fangirl perverse… Puis elle se reprit pour tirer la langue à Naruto, boudeuse.

— Mais allez, moque-toi de moi, vas-y !

L'expression plus espiègle encore du jeune homme la fit sourire.

— Et à moi, tu me ferais un petit blond ?

Sur le coup, elle ne put se retenir de rire à son tour. Il la chahutait bien, le petit enfoiré ! La réponse lui vint pourtant tout de suite, là aussi évidente.

— Oui. »

Tous deux se turent alors.

Ça paraissait tellement logique, en fait. Il était décidément curieux de constater à quel point ils pouvaient être proches tous les trois, et à quel point la connaissance que, s'ils le voulaient, elle serait là pour ça, pour eux, était ancrée en elle, sans qu'elle ait besoin d'y réfléchir.

Encore un peu perdue, elle sentit alors le lit bouger et tourna le visage pour découvrir le brun en train d'y ramper, lui aussi en caleçon moulant — mais elle allait mourir ! — jusqu'à venir embrasser le cou hâlé de Naruto. La façon dont tous deux en fermèrent les paupières lui fit de nouveau prendre conscience de l'incroyable spectacle auquel elle assistait. Autant de sentiments était troublant. Sasuke lui adressa ensuite un regard simple, à l'affection évidente, et elle se rendit compte qu'elle était finalement la seule parmi eux à se sentir mal à l'aise.

Puis, un masque provocateur s'installa sur le visage du jeune brun et Sakura sentit que rien de bon n'allait sortir de ses lèvres.

La remarque qui fusa ensuite, moqueuse, déclencha rapidement entre eux une bagarre de gosses heureux.

« Si jamais il a les cheveux roses, Sakura, je ne sais pas ce qu'on te fait ! »


FIN

Et du blabla et du blabla :

Et voilà, cette fiction est terminée ! Bon allez, j'avoue que pas totalement, en fait : j'ai envie de faire un épilogue. Mais bon, comment dire... ? Je viens de rentrer dans une phase où la « vraie vie » devrait m'occuper plus qu'un peu durant un petit moment. Du coup, je ne me donne ni obligation ni délai à ce sujet et considère que cette fiction est terminée. Je la mets donc en « complete » et on verra si je peux le faire plus tard ou non.

Sinon, j'espère que cette fiction vous a plu. Je me suis inquiétée très souvent au cours de cette histoire du fait de faire une fiction fourre-tout avec autant de grosses bêtises et de jeux avec les clichés qu'une intrigue émotionnelle se voulant, là, bien plus sérieuse, alors n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, même si le temps passe et si elle finit par faire partie des « vieilles fictions » plus tard. J'adore toujours savoir ce que les lecteurs ont ressenti. Et si vous ne savez pas quoi dire, dites-moi toujours s'il y a un truc que vous avez aimé plus qu'un autre : un genre, un thème, un passage, une scène... on ne sait jamais ? (oui, je suis curieuse).

Un grand grand merci à tous ceux qui ont suivi cette fiction, en tout cas, et un merci particulier à ceux qui ont été là sur les presque trois ans que ça m'a pris pour l'écrire !

Bye !