Eh bien nous voilà au dernier chapitre de cette fic. Dans cet épilogue Drago se réconcilie enfin avec sa fille...et son passé
Chapitre 10 : Réconciliations
Le lendemain matin dans le dortoir, les garçons regardaient d'un air curieux les tentures tirées du lit à baldaquins de Tim. Avait-il enfin renoncé à sa pseudo chasteté ? A l'intérieur du lit, Roxane s'éveillait doucement, sous les yeux de Timothy qui la couvait du regard. Elle ouvrit les yeux et lui sourit.
-Salut, murmura-t-elle dans un bâillement.
-Bonjour mon amour, répondit-il avant de prendre ses lèvres. Prête pour une nouvelle journée ?
Elle hocha la tête et le jeune homme ouvrit les tentures. Allan et Richard les regardèrent d'un air triomphant et chuchotèrent entre eux avant de se laisser aller à quelques ricanements.
-Alors qui c'est qui avait raison ? demanda Allan.
-Bande de tocards, répondit Tim en le fusillant du regard. Peut-être qu'un jour vous comprendrez ce que c'est que les sentiments.
Les deux garçons lui lancèrent des regards outrés, tandis que Mylène et Marc arboraient un air ravi en leur lançant un clin d'œil. Les deux couples quittèrent le dortoir d'un même mouvement pour aller prendre leur petit déjeuner.
Leur premier cours de la journée était celui de Défense contre les Forces du Mal, et Harry sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine en voyant Tim et Roxane ensemble. Il la considérait déjà comme sa fille et voilà qu'elle entrait pour de bon dans la famille… Il estimait également que cela ferait le plus grand bien à son fils, le faisant enfin grandir. Bref, le professeur Potter était euphorique, il distribua des quantités de points aux Gryffondor et annula le devoir prévu le jour même. A la fin du cours il se dirigea vers son fils et lui glissa à l'oreille :
-Je suis content pour vous. Mais je te préviens t'as intérêt à assurer, on ne croise pas une fille comme elle à chaque décennie.
-Je sais papa, sourit Tim.
Timothy et Roxane sortirent de la salle de classe, main dans la main, et se retrouvèrent nez à nez avec Drago, qui arborait un air grave.
-Je vous laisse, souffla Tim, donnant un baiser à Roxane avant de s'éloigner.
-Je…chérie…tu veux bien me parler ? demanda Drago d'un air inquiet.
-Si tu n'es pas venu pour me faire des reproches oui.
-Dans le parc ?
-Ok.
Roxane et Drago marchaient depuis un bon quart d'heure, et pour l'instant aucune parole n'avait été échangée. Il désigna finalement un banc à sa fille et ils s'y assirent tous deux.
-J'ai appris ce qui s'est passé hier avec Zabini, dit-il enfin. Princesse s'il t'était arrivé quelque chose je ne l'aurais pas supporté…
-Tout va bien papa, répondit-elle avec une certaine froideur. Grâce à Tim, ajouta-t-elle avec une pointe de provocation.
-Je sais… Roxane, je m'excuse. Je n'ai pas à te dicter ce que tu dois faire, d'autant plus que je ne suis pas un modèle à suivre.
-Ça je ne te le fais pas dire, répliqua-t-elle, toujours en colère malgré elle.
-Chérie…supplia-t-il en lui prenant le menton pour la forcer à le regarder. Je sais que je ne suis pas à la hauteur, que je me conduis comme un crétin, ça a toujours été le cas avec les femmes… Mais…je…je t'aime princesse.
Roxane le regarda comme si elle ne l'avait jamais vu, un trouble immense dans ses yeux glaciers. Son père ne lui avait pas dit ces mots-là depuis des années, depuis qu'elle s'était mise à grandir. Elle scrutait son visage et voyait qu'il était sincère et ému, qu'il avait vraiment eu peur pour elle. Incapable de soutenir son regard plus longtemps elle se serra contre lui, dans une étreinte inhabituelle pour eux, mais qui était pour tous deux un soulagement.
Dans les jours qui suivirent ils prirent soin de combler le fossé qui s'était creusé entre eux, de passer du temps ensemble tout en évitant les sujets sensibles. Ils y viendraient plus tard, ils avaient le temps.
Au début du mois de juin, alors que l'année scolaire touchait à sa fin et que les ASPIC approchaient à grands pas, Drago pénétra comme tous les matins dans sa salle de cours. Mais il y découvrit un objet incongru. Il s'agissait d'un grand miroir, posé sur des pattes griffues, qu'il reconnut comme étant le fameux miroir du Riséd. Après une courte hésitation, il s'en approcha, curieux de ce qu'il pourrait y voir.
Quand Drago se regarda dans le miroir, il eu le souffle coupé. Il s'attendait à tout sauf à ça. Ce qu'il voyait dans le miroir auprès de lui, c'était Hermione lui tenant la main et le regardant tendrement. Auprès d'eux, il y avait Roxane, mais aussi deux autres enfants, un garçon et une fille. Ce n'était pas possible, vivre avec Hermione ne pouvait quand même pas être ce qu'il désirait le plus au monde ! Quoi que…
S'il était honnête avec lui-même, il devait s'avouer que la nuit passée avec elle avait été magique, peut-être la plus belle de sa vie. Non, il en était même sûr. Mais la froideur de la jeune femme au matin l'avait déstabilisé, et son amour propre l'avait empêché de réfléchir sérieusement à une relation avec elle. Il avait tout rejeté en bloc, l'enfant qu'elle portait tout autant qu'Hermione elle-même. Et s'il avait fait une erreur ?
Drago tomba assis par terre, la tête dans les mains. Il se rappelait ce qu'il avait ressenti quand il avait vu Hermione tomber à terre, telle une poupée désarticulée. De l'horreur, une pure et simple horreur. Qui l'avait paralysé dans un premier temps, puis l'avait forcé à se mettre en mouvement pour sauver Londubat. Qu'elle ne soit pas morte pour rien… Pourtant, cela avait été presque facile après le combat de ranger tous ces évènements dans un coin de sa tête, enfermés à double tour. Pendant dix-sept ans, il s'était consacré à Roxane et avait refusé de repenser à tout ça.
Il comprit que quand sa fille avait commencé à le questionner, il avait eu peur. Peur de se replonger dans les souvenirs, peur de ce qu'il y trouverait. Peur de ce que cela soulèverait en lui. Il avait été égoïste il s'en rendait bien compte, laissant le soin à Potter de répondre aux questions de Roxane pour préserver sa petite tranquillité. Il avait été lâche, encore une fois… Comme il avait été lâche dix-sept ans plus tôt en refusant de se demander ce qu'il éprouvait pour Hermione.
Car la réponse aurait été une évidence, il le comprenait à présent.
Il se leva d'un bond, sortit de la salle de cours sans prendre le temps de refermer la porte, et marcha à grandes enjambées en direction du parc. Il se rendit à l'extrémité du lac, et pour la première fois depuis dix-sept ans, pénétra dans le mausolée. Il jeta un bref regard à la tombe de Ron, avant de s'agenouiller auprès de celle d'Hermione.
-Hermione, murmura-t-il en caressant doucement la pierre blanche.
Drago était assailli par les souvenirs. Il revoyait leur nuit, leur nuit d'amour. Il revivait le moment où elle lui avait annoncé être enceinte, ainsi que celui où elle était morte. Il repensait à ces dix-sept années pendant lesquelles il s'était parfois senti étrangement désemparé. Si seul.
-Tu me manques, souffla-t-il.
Il pensa à ce qu'ils auraient pu vivre si elle avait survécu au combat. Ils auraient pu dépasser leurs réticences et leur mauvaise foi. Si elle avait été d'accord ils auraient pu avancer ensemble, élever Roxane dans une vraie famille. Ils auraient pu osé s'aimer. A cette idée, Drago sentit son visage le brûler et des larmes perler au bord de ses yeux. Depuis combien de temps n'avait-il pas pleuré ? Une éternité, il avait toujours eu peur de ne pas pouvoir s'arrêter s'il commençait. Les sentiments n'avaient jamais été quelque chose de facile à appréhender pour lui.
Drago ne se doutait pas que Roxane avait observé toute la scène. La jeune fille était en train de courir autour du lac afin de s'échauffer pour le cours d'entraînement physique. Elle avait vu son père entrer dans le mausolée, et s'était avancée à pas de loup. La Gryffondor fut bouleversée quand elle vit des larmes rouler sur les joues de son père. Son apparente indifférence envers sa mère n'était-elle qu'une façade ? Elle s'avança doucement et posa sa main sur l'épaule de son père. Drago sursauta et se tourna immédiatement vers elle.
-Oh tu es là chérie, remarqua-t-il en essuyant vivement les larmes sur ses joues.
-Ça ne va pas ? demanda-t-elle en le regardant avec inquiétude.
Un long silence s'installa. Drago remarqua que sa fille le regardait avec une tendresse qu'il n'avait pas vue depuis longtemps dans ses yeux. Il essaya de lui sourire faiblement, sans succès.
-Je n'étais pas venu ici depuis l'enterrement, dit-il enfin. C'est…je ne m'attendais pas à ressentir tout ça.
-Tu ressens quoi ? questionna-t-elle d'une voix douce. Tu n'es pas obligé de me répondre, ajouta-t-elle en souriant.
-Si, je vais te le dire. J'aurais du répondre à tes questions beaucoup plus tôt. J'ai été égoïste et je le regrette princesse, poursuivit-il en lui caressant la joue.
-Tu n'étais pas prêt, et même si ce n'était pas facile pour moi je peux le comprendre.
Ils échangèrent un sourire et la discussion laissa place à un nouveau silence. Drago avait une expression douloureuse sur le visage, il semblait réfléchir intensément. Mais en vérité il n'y avait pas à réfléchir, simplement à admettre l'évidence.
-Je crois que j'aimais Hermione…non j'en suis sûr, commença-t-il. Je viens seulement de le comprendre, ou plutôt de l'admettre. J'avais peur d'y réfléchir, parce qu'elle me méprisait. Ou peut-être que je me méprisais moi-même… Quoi qu'il en soit je n'avais pas l'impression d'être assez bien.
-Je crois que tu te trompes papa, elle t'estimait beaucoup.
Pour appuyer ses dires, elle sortit de sa robe le morceau de parchemin qu'elle ne quittait jamais et le tendit à son père.
-J'ai obtenu ça il y a quelques mois, grâce au miroir du Riséd. J'aurais sans doute du te la faire partager plus tôt…
Drago saisit la lettre et se mit à la parcourir. La jeune fille vit de nouvelles larmes se former dans les yeux de son père et rouler sur son visage, sans qu'il ne se soucie de les cacher. Quand il se tourna de nouveau vers elle, elle vit qu'il était toujours bouleversé, mais que son expression était apaisée.
-On aurait pu avoir une belle vie, souffla-t-il, la voix pleine de regrets.
-Nous avons une belle vie, assura Roxane en lui prenant la main. Nous sommes ensemble et à présent nous nous comprenons. Elle veille sur nous.
Le père et la fille partagèrent une étreinte. Depuis la fenêtre de son bureau, Dumbledore les observait et son sourire s'élargissait.
-Je crois qu'on peut dire mission accomplie ! s'exclama-t-il avec entrain en se tournant vers l'intérieur de son bureau. Je dois dire que tu as eu une idée de génie Albert, continua-t-il en s'adressant au Choixpeau magique. Le miroir du Riséd dans la salle de Drago, j'aurais du y penser beaucoup plus tôt.
Sur ce, le directeur de Poudlard s'assit derrière son bureau et reprit son tricot (à première vue une chaussette), tout en chantonnant « L'histoire de la vie », le générique du Roi Lion.
La nuit qui suivit, malgré toutes les pensées qui tourbillonnaient dans sa tête sans vouloir s'arrêter, Drago s'endormit rapidement. Les révélations que lui avait apportées cette journée l'avaient épuisé nerveusement, et son corps s'abandonna avec reconnaissance au repos.
Drago rêvait. Il était assis sur un banc de pierre, au bord du lac de Poudlard. Le soleil brillait de tous ses feux, faisant étinceler la surface de l'eau. Drago devait plisser les yeux pour ne pas être ébloui. Soudain, il vit quelque chose s'avancer dans la lumière. Ou plutôt quelqu'un.
Ce n'est que lorsque la silhouette fut juste devant lui, masquant le soleil, qu'il la reconnut. Hermione. Une Hermione de trente-cinq ans environ, comme si rien n'avait jamais mis un terme à son existence. Elle portait une robe blanche vaporeuse toute simple, qui lui allait comme un gant. Ses cheveux étaient lisses et elle lui souriait. Son regard chocolat était chaleureux. Elle était si belle et si…réelle. Une boule se formait lentement dans la gorge de Drago. Il aurait voulu parler, mais ne savait pas quoi dire.
-Bonjour Drago…souffla Hermione.
Sa voix était douce et harmonieuse, et Drago n'y distinguait aucun accent négatif, aucune rancune envers lui. Il respira son haleine délicatement vanillée, cherchant quelque chose de cohérent à lui dire.
-Bonjour Hermione. Je…c'est un rêve n'est-ce pas ? Tu n'es pas réelle ? demanda-t-il avec des regrets dans la voix.
-C'est un rêve, mais ça ne signifie pas que je ne suis pas réelle (1), répondit-elle, toujours avec cette douceur.
-Pourquoi es-tu venue ?
-J'avais envie de te voir. De respirer ton odeur. De te toucher, ajouta-t-elle en lui caressant la joue. J'en avais envie depuis plus de dix-sept ans…
-Pourquoi n'être pas venue plus tôt dans ce cas ? s'étonna-t-il.
-Tu n'étais pas prêt à m'accueillir, dit-elle tristement. Tu m'avais fermé ton cœur et ton esprit.
-Je suis désolé, je suis un crétin, reconnut-il.
Elle lui sourit en entendant ces derniers mots. Il ressentit alors une envie pressante de la toucher, et leva une main au niveau de sa joue. Elle n'était même pas froide. Elle semblait vivante. Le cœur de Drago accélérait ses battements au fur et à mesure qu'il promenait sa main le long de la joue d'Hermione, de ses cheveux. Il traça du bout du doigt le contour de ses lèvres avant de descendre le long de son cou. Hermione lui tendit les bras et il vint s'y nicher avec reconnaissance.
-Tu m'as manqué, lui avoua-t-il en se serrant tout contre elle.
-Je sais. Je vois tout tu sais, répondit-elle en riant.
-Oh. Tu ne dois pas être fière de moi alors, dit-il d'une voix basse et honteuse.
-Si, au contraire. Tu es un père formidable et tu as beaucoup changé. Pour le reste, je n'ai pas à te juger. Si j'étais restée en vie, tout aurait été différent…
-Tu crois qu'on aurait pu s'aimer ?
-Oui, répondit-elle sans hésiter. Nous n'avons fait que ça. Moi en veillant à chaque seconde sur ta vie. Toi en ne faisant jamais ta vie avec une autre femme, n'enchaînant que les aventures de passage.
Drago savait qu'elle avait raison et il se tu. Il respira l'odeur de sa peau, et posa ses lèvres sur son cou, puis remonta jusqu'à atteindre ses lèvres. Ils s'embrassèrent doucement. C'était à la fois délicieux et douloureux, car Drago savait que cela prendrait fin, qu'il se réveillerait et qu'elle partirait.
-Tu reviendras ? demanda-t-il inquiet.
-Bien sûr, le rassura-t-elle en caressant son visage de ses deux mains. Chaque nuit tant que durera ta vie, promit-elle.
Alors Drago se sentit bien. Il ne serait plus jamais seul, et quand le dernier jour de sa vie se serait écoulé, il la rejoindrait pour partager l'éternité avec elle. Il n'avait plus de peur ou de doute à avoir. Alors, avec un retard de dix-huit années, Drago se mit à aimer Hermione sans retenue. Ses nuits lui seraient destinées, et ses jours seraient pour Roxane et son métier. Il ressentait un sentiment de plénitude, la boucle était bouclée entre passé et présent, nuit et jour, morts et vivants. Enfin réconciliés.
(1) petite phrase piquée à JK Rowling dans le tome 7, lors du « rêve » de Harry avec Dumbledore à King's Cross.
Voilà, c'est fini! J'espère que cette histoire vous a plu, merci de m'avoir lue et laissé votre avis. Je vais faire une longue pause dans les fanfictions, un peu de lassitude de ce côté là, l'envie d'écrire mes propres histoires. Bonne continuation à vous tous, bises!