Auteur: Elbée

Beta-lectrice: Tibre

Rating: M

Warning: Relation entre deux hommes (slash): malades du genre s'abstenir . Lemon à venir.

Couple: HarryxDraco

(L'histoire se passe après le 6ème tome, Harry et Draco ont donc 17 ans. Tout les éléments du roman ne sont pas pris en compte cependant, et certains faits modifiés)

Un très gros merci à Tibre, qui a bien voulu beta-lire cette fanfic. Pour ses précieux conseils, et à l'aide qu'elle m'a apportée dans ce chapitre , merci à toi, Tibre ) .


Crépuscule

Chapitre 1


Froid.

Dur.

Douleur.

Voilà quelles furent les premières sensations d'Harry Potter lorsqu'il reprit péniblement conscience, allongé comme un pantin sans vie contre la pierre glacée et humide du sol. Il cligna des yeux, avant de se rendre compte que l'obscurité partielle qui l'environnait n'avait rien à voir avec le mal de crâne aigu dont il était victime. Il se trouvait dans un endroit qui lui était tout à fait inconnu.

Alors que l'évidente question concernant la nature du lieu où il se trouvait jaillit dans son esprit aussi furieusement que les courbatures qui l'élançaient dans chacun de ses membres, Harry eut soudain le souvenir fugitif de ce qui s'était produit avant qu'il ne sombre dans l'inconscience, avant qu'il ne se réveille dans cet endroit austère et sombre.

Des souvenirs d'horreur, de sensation de douleur, de goûts. A vrai dire, un seul goût. Un goût chaud et épais, doux comme de la soie qui avait coulé dans sa gorge quelques secondes avant qu'il ne sombre dans ce qu'il avait cru être la mort, et qui se révélait à présent comme les nimbes épais de l'inconscience.

Il se souvenait de la douleur alors que son crâne avait heurté le bitume glacé de la rue adjacente à Privet Drive, de sa vision floue qui tanguait beaucoup trop pour qu'il puisse distinguer les traits de son agresseur. Cette sensation de suffoquer dans du coton et d'étouffer, impuissant. Et la douleur. La douleur dans son cou, qui l'avait irradié plus que n'importe quel supplice de torture.

Qu'est ce qu'un vampire pouvait bien faire à Privet Drive ?

Harry n'avait pas eut besoin d'être un excellent élève en cours de défense contre les forces du mal pour avoir deviner ça, il n'y avait aucun doute concernant la nature de celui qui l'avait pris par surprise alors qu'il rentrait tranquillement chez les Dursley, juste avant le couvre-feu.

Un suceur de sang, une créature des ténèbres.

En bref, un vampire.

Un vampire.

De toute évidence, il en était devenu un lui-même, réalisa Harry. Il fit ce constat avec une parfaite extériorisation, détaché, comme s'il ne prenait pas véritablement conscience que cet état de fait le concernait directement.

Très lentement, Harry porta sa main droite à sa jugulaire. Du bout des doigts, il effleura les deux petites boursouflures, attestations irréfutables de la véracité de ses élucubrations. Il s'était fait mordre par un vampire.

Pour preuve, il était toujours conscient. En fait, il avait l'impression d'être vraiment vivant. Pourtant...

L'adolescent fit lentement glisser la main qu'il tenait toujours au niveau de sa gorge, et la porta à sa poitrine. Après une minute entière de recherches infructueuses, Harry se rendit à la poignante évidence : son cœur ne battait plus.

Il était mort.

Harry inspira une longue bouffée de l'air humide et glacé qui l'environnait. Le calme qui l'avait habité quelques instants auparavant s'évapora doucement, laissant la place à une irrépressible panique qui montait en lui, sourde et profonde, telle le roulement d'une vague, grossissant de plus en plus pour se muer en un incroyable tsunami.

Il était mort, il était un vampire, mais l'horreur ne s'arrêtait pas là: Harry était à l'évidence prisonnier dans une cellule qui aurait parfaitement illustré un livre d'histoire du moyen-âge.

Le sol était en pierre dure et froide, et les murs taillés à même la roche. Pas une seule fenêtre ne venait éclairer l'endroit. La seule source de lumière, qui provenait du couloir, passait à travers la porte aux barreaux de métal étroits. C'était une porte à l'allure solide qui suffisait dès le premier coup d'œil à arracher au captif tout espoir d'évasion.

-Réveillé, Potter ? » Fit une voix lasse que Harry reconnut immédiatement. « Ça fait un jour complet que t'es là. »

Malefoy Junior.

-Ma... Malefoy ? » Demanda Harry d'une voix incertaine qu'il aurait voulu plus ferme.

Harry focalisa son attention vers le coin d'où provenait la voix. Là où aucune vision humaine n'aurait pu distinguer autre chose que le noir le plus complet, Harry perçut distinctement le visage fin et désormais très creux de Draco Malefoy. Qu'est-ce qu'il foutait là ?

Maintenant qu'il le voyait, Harry se demanda comme il n'avait pas pu le remarquer avant. Même d'où il se trouvait, il percevait la faible respiration de l'autre.

Et également, aussi incroyable que cela fût-ce, ses battements de cœur, nota aussitôt Harry malgré lui.

Malefoy ne répondit rien, et Harry pouvait voir qu'il était très mal en point. Il tenta de bouger pour se mettre dans une position plus confortable, mais ne parvint qu'à attiser davantage ses courbatures, et ne put retenir le faible gémissement de douleur qui s'échappa de ses lèvres.

-Alors comme ça, toi aussi ils t'ont gentiment foutu sur la gueule ? »

-Qui ça 'ils' ? » Répliqua aussitôt Harry. « Où on est ? »

Draco se mit à rire nerveusement, ce qui énerva profondément Harry. Même dans les situations les plus désastreuses, Malefoy ne pouvait s'empêcher de faire son malin.

Le faible rire de l'adolescent blond se mua rapidement en une quinte de toux, et quand celle-ci se calma, il répondit d'un ton beaucoup plus sérieux:

-Dans la plus belle cellule du Seigneur des Ténèbres, Potter. » Lâcha t-il sombrement, chaque syllabe traduisant son amertume d'une manière presque tangible.

Voldemort ? Quel lien pouvait-il y avoir entre le vampire qui l'avait mordu et Voldemort ? Ce pouvait-il que le vampire fût un fervent partisan du Seigneur sombre, et qu'après s'être rendu compte qu'il avait mordu le très recherché Harry Potter, il l'ait directement apporté à son maître ?

Harry frissonna. Dans ce cas, il ne devait sa survie, même en temps que vampire, qu'à son nom. Rien de réjouissant à cela, car quelque chose lui laissait pressentir que le sort qui l'attendait ne promettait en rien d'être meilleur que la simple mort que le vampire de Privet Drive aurait pu lui offrir.

-Et toi qu'est ce que tu fais là ? » Demanda t-il abruptement à Malefoy.

Harry sentit l'autre se tendre. Une minute entière passa, sans qu'il émette la moindre réponse.

-Malefoy ? »

-J'ai déçu le Seigneur des ténèbres. »

Harry leva les yeux. Malefoy avait dit ça comme s'il parlait d'un dieu quelconque dont il aurait trahi le dogme.

-Il a décidé de punir notre famille par mon intermédiaire. »

Harry sentit que Malefoy essayait de rester neutre et de ne pas se faire trahir par sa voix, mais son amertume devait être trop forte car son ton laissait nettement transparaître sa rancœur. Harry n'était pas sans savoir que Lucius Malefoy avait commis une faute grave, et qu'il était désormais prisonnier à Azkaban.

Même s'il ne pouvait pas affirmer apprécier le fils du mangemort en toute bonne foi, le fait que Voldemort le punisse à simple titre de vengeance et d'exemple, ne lui laissait pas assez de mot pour décrire son aversion.

C'était injuste, mais après tout, c'étaient les méthodes du grand Lord Voldemort.

Harry ne répondit rien. Qu'aurait-il eu à dire ? Quelques mots de réconfort ? Non. Entre Malefoy et lui régnait une animosité bien trop grande pour que la fierté de l'un encaisse la pitié de l'autre. Et il était inutile dans cette situation de chercher les embrouilles.

-Et toi? » Fit dans un souffle Malefoy, dont l'isolement semblait attiser le besoin de conversation. « Comment ils t'ont eu ? »

Ce qui c'était passé avec le vampire lui revint aussitôt en mémoire. Durant une fraction de seconde, il pensa à lui dire ce qui s'était véritablement passé. Le fait qu'il s'était fait mordre et transformer (oh Merlin, transformer), puis amener ici sans même qu'il ne s'en rende compte. Puis il abandonna l'idée aussi rapidement qu'elle lui était venue.

C'était Malefoy, après tout. Il avait déjà lui même le plus grand mal à assimiler ce fait, il n'allait pas commencer à discuter du sujet avec son pire ennemi.

-Je... Je sais plus trop. J'ai mal à la tête, je n'arrive plus bien à me souvenir... » Fit-il évasivement.

Malefoy parut se satisfaire de cette réponse vague, car il n'émit aucune autre question, et se contenta d'un reniflement.

Harry hésita encore un instant.

En toute connaissance de cause, Harry savait que dans très peu de temps, la soif de sang surviendrait. Très bientôt, même, compte tenu du fait qu'il était un tout jeune vampire, et qu'en temps normal, il aurait dû boire sitôt son réveil pour faire disparaître les cuisantes courbatures qui l'irradiaient à l'instant même. C'était étrange, car il n'avait pas eu besoin d'apprendre qu'il devait boire, il le savait.

Malefoy étant la seule personne avec lui... Harry ne se faisait pas trop d'illusion quant à son sort. Il aurait probablement dû avertir Malefoy du danger qu'il courait, et pourtant, il n'osait pas. Sans doute l'espoir que quelqu'un vienne les délivrer et qu'ainsi il n'aurait pas à subir le dégoût de l'autre, qui suivrait immanquablement la révélation.

Harry ferma les yeux. Deux choses rompaient la monotonie et le silence pesant des lieux:

Les courbatures lancinantes qui le transperçaient de part en part, et le son sourd que produisait le coeur battant de Malefoy.

C'est à ce moment-là qu'Harry comprit que la douleur qu'il ressentait dans sa gorge et dans son ventre était également due à l'envie de sang.


Draco Malefoy laissa échapper un soupir inaudible. Voilà trois jours que Potter était arrivé égailler sa vie de captif. Enfin, si on pouvait considérer quelques gémissements de douleur poussés à intervalles réguliers comme une tentative de mettre un peu de joie dans leur charmante cellule toujours aussi froide et glacée…

Draco avait rapidement remarqué qu'Harry ne s'était encore jamais nourrit. Lorsqu'un mangemort venait apporter un peu de pain et d'eau, pas une seule fois Harry n'avait touché aux aliments. Ni même à l'eau.

Tout d'abord, il avait cru à une grève de la faim, image parfaite du héros tourmenté qu'Harry s'efforçait d'être à chaque instant, mais aujourd'hui, Draco était pris doute. Un doute qui le rongeait peu à peu.

Aux rares moments où la lumière lui avait permis de distinguer véritablement le Gryffondor (soit les moments où on leur apportait à manger et que donc la lumière du couloir s'allumait), Draco était persuadé d'avoir vu là où deux yeux verts émeraudes auraient du se trouver, deux prunelles aussi rouges que le rubis.

Et cela ajouté au fait qu'Harry ne mangeait ni ne buvait, Draco avait réellement de sérieux doutes pour le moins angoissants quant à l'humanité de son compagnon de cellule.

-Potter. » Fit Draco d'une voix enrouée à force de ne plus faire usage de la parole. « Faut que tu bouffes. »

Ce n'était pas un besoin d'aider le Survivant qui poussait le Serpentard à lui faire une telle sollicitation, en fait Draco aurait donné très cher pour voir Harry s'alimenter. Car aussi dément qu'une telle idée puisse paraître, Draco pensait que le célèbre Survivant était un vampire.

Amusant, non ? Tout à fait ridicule, n'est ce pas ?

Pourtant, Draco ne trouvait pas ça du tout amusant, et le simple fait de s'imaginer sous les crocs d'un homme devenu une bête assoiffée de sang suffisait à ôter toute notion de ridicule à la chose.

Potter ne bougea pas d'un cran, et comme à l'accoutumée, il ignora le pain et l'eau que Nott venait de leur laisser, un quart d'heure plus tôt, comme on donne à deux chiens leur pitance.

-Potter... Tu... » Débuta t-il sans parvenir à terminer l'acheminement de sa phrase.

Il avait du mal à le dire. Comme si prononcer les mots rendrait la chose aussitôt vraie, aussitôt inéluctable.

-Tu n'es pas humain, pas vrai ? »

Voilà. Il l'avait dit. Restait à savoir si Potter lui laisserait le droit de connaître la vérité.

De toute façon, songea Draco, le fait d'être certain ou non ne changerait rien. Il finirait probablement vidé de son sang si ses hypothèses se révélaient vraies. Oh Salazard.

-Potter ? » Réitéra t-il d'une voix plus ferme.

Il fallait qu'il sache. Depuis plus de 48h, depuis que Draco se questionnait, il s'empêchait de sombrer dans le sommeil. Si l'autre venait à lui sauter à la gorge, il préférait être conscient, et défendre coûte que coûte sa vie, même si face à un vampire assoiffé il ne ferait certainement pas le poids.

-Non. » Lâcha Harry dans un murmure.

Le brun laissa plusieurs secondes passer, qui parurent une éternité à Draco. Puis il lâcha à peine quelques mots, mais qui suffirent néanmoins à glacer Draco jusqu'à la moelle:

-Je suis un vampire. »

Draco eut alors la sensation qu'une enclume venait de se déposer au fond de son estomac, et qu'une main gantée de fer avait empoigné son coeur de toute ses forces.

Quand ? Quand était-ce arrivé ? Ça devait forcément être récent, car Draco était prêt à mettre sa main au feu qu'Harry n'avait pas été un vampire avant cet été, lorsqu'ils étaient encore à Poudlard. Le blond aurait bien voulu savoir les circonstances, mais à vrai dire, en cet instant l'urgence le poussait à ne se préoccuper que d'une unique chose:

-Tu... Tu as soif, là ? »

Draco pria muettement pour que la réponse soit négative, même si depuis longtemps il s'était rendu compte que si Dieu il y avait là-haut, la nature n'avait pas dû le doter d'oreilles.

-Oui. » Répondit le vampire dans un souffle.

Draco se ramassa sur lui même, et se demanda dans une angoisse silencieuse combien de temps Harry tiendrait encore.


Harry n'était plus vraiment Harry. Il l'était à peine. L'être qu'il était en cet instant, était une créature souffrante, blessée, et assoiffée. De sang.

Lorsque la fatigue l'étreignait, c'était à dire la plupart du temps, ses songes revenaient immanquablement sur un unique et même sujet: du sang. Il ne rêvait plus que de ça. De gorges fraîches offertes et consentantes, où planter ses crocs.

La seule chose qui le retenait de faire ainsi au blond ramassé dans le fond de la cellule et qui avait finalement succombé à l'appel du sommeil, à bout de force, était la dernière trace de conscience qui lui subsistait et qui le harcelait pour ne pas commettre l'irréparable.

Harry savait que bientôt cette raison se tairait, et qu'il ne serait plus en état de se retenir. En attendant il souffrait vaillamment, comme il l'avait toujours fait.

L'image fugitive de son pire ennemi gisant sur la pierre froide et sa propre silhouette au menton dégoulinant de sang lui vint subitement à l'esprit. Il trembla, frissonnant à la fois d'envie, et d'horreur face à ce qu'il était bel et bien devenu.

Oh Merlin, et cette soif. Cette soif. Il aurait tout donné, tout fait. N'importe quoi pour boire du sang. Même s'il n'avait expérimenté ce breuvage qu'une fois lors de sa transformation alors qu'il était à peine conscient, son instinct savait par lui même que ce qu'il goûterait aller être plus délicieux, plus doux et plus jouissif que tout ce qu'il avait jamais goûté jusque lors.

Il frissonna à nouveau, et ses yeux carmins se posèrent sur son compagnon de cellule, qui s'était réfugié de l'autre côté du cachot, comme si la distance entre lui et le vampire pouvait lui procurer une quelconque sécurité.

A l'instant où Harry se délectait encore de l'odeur humaine, promesse de sang, le concerné se réveilla en sursaut, comme conscient de la dangerosité de sa vulnérabilité face au regard fiévreux posé sur lui.

-Po...Potter ? » Fit aussitôt Malefoy, d'un ton fébrile et encore à moitié endormi où Harry perçut nettement l'angoisse non feinte.

Harry inspira légèrement. Inspirer était une chose qu'Harry ne pouvait s'empêcher de faire, même si à présent cette action ne lui était plus d'aucune utilité comme il l'avait remarqué assez rapidement.

Il haïssait ce qu'il était devenu.

-Malefoy, écoute... Je... »Bafouilla Harry comme prit en faute. « Il faut que tu saches... »

Qu'il sache quoi ? Qu'il avait envie plus que tout de planter ses dents dans son cou et de boire jusqu'à en perdre la raison ? La soif lui faisait tourner la tête et ses idées n'étaient plus très claires. Il fut coupé dans sa recherche des mots justes par le Serpentard :

-Potter. Si je te laisse boire un peu de... mon sang. Est-ce que... tu... tu m'en laisseras assez pour vivre ? » Le devança Malefoy alors que l'autre en était encore dans sa gamberge lente et difficile.

Harry fut surprit une demi seconde par la proposition du Serpentard, et la seule pensée de refuser lui parut tellement risible qu'il souffla aussitôt :

-Promis... »

Merlin, il avait vraiment très soif.