Titre : Pinkuna Ichigo.

Auteur : Patpat.

Source : Gravitation.

Pairing : Shindou Shuuichi / Yuki Eiri.

Rating : M.

Genre : UA, Humour, Romance, OOC, Lime et Lemons.

Disclaimer : Je ne possède pas Gravitation, ni ses personnages hélas. Mais l'histoire vient de mon cerveau dérangé et Miri ainsi que la plupart des élèves du lycée en sont également issus.

Résumé : Et si Shindou Shuuichi était une star internationale qui ne peut pas mettre un pied dehors sans se faire harceler par des centaines de fans ? La question serait comment être un garçon de 17 ans normal dans ces conditions. Et si la solution était justement de ne pas être un garçon ? UA.

Notes : "Mwahahahahahahaha !" fut ma première pensée lorsque je me suis imaginée cette fic dans le bus, en rentrant chez moi. Aussitôt ça a été le fou rire avec ma meilleure amie quand je lui ai raconté en long, en large et en travers toutes mes idées pour cette histoire. Imaginez un peu Gravitation revisité par un scénario total UA inspiré de Hana Kimi et Tout Sauf un Ange... J'ai envie de tout vous dire mais en même temps je refuse de vous gâcher ce premier chapitre alors le seul moyen de savoir ce que j'ai eu derrière la tête en écrivant ça c'est de lire. Sachez uniquement que pour cette histoire j'ai fait un mix de deux scénarios que j'avais mis au "cimetière"... Bonne lecture.

PS : Je me suis relue plusieurs fois mais il se peut qu'il reste quelques fautes, désolée. Et je tiens à préciser aux "méchantes" revieweuses qu'elles peuvent s'abstenir de tout comentaire avec moi au risque d'y laisser des plumes.

ATTENTION ! Langage cru voir parfois vulgaire et Lime (scène à contenance sexuelle).

Dialogues en gras. Pensées en italique.

Chapitre 1 : La nouvelle élève.

C'était un matin comme les autres au lycée Tôhoku, à Tokyo. Il était 8h15 et les cours allaient commencer alors, profitant des dernières minutes avant l'arriver de leurs professeurs dans les salles, chacun contribuait activement à la vie sociale de l'établissement. Le sujet d'actualité chez les filles était les stars du show-business et chez les garçons, on parlait jeu vidéo et manga. Un seul élève restait dans son coin, volontairement à l'écart de tout ce bruit et de cette superficialité : Yuki Eiri.

Ce jeune garçon de 17 ans était ce qu'on pourrait qualifié d'associable, détestant être le centre d'attention et préférant être au calme qu'entouré de bruit. La foule et la présence des autres ne le dérangeraient pas plus que ça si seulement il avait des boules quiesces pour empêcher tout leur boucan d'atteindre ses timpans. Pourtant, malgré tout le mal qu'il se donnait pour que ces gens stupides qui l'entouraient le laissent tranquille, son charisme et sa belle gueule faisaient de lui la cible privilégière des pinbèches du bahut. Toujours collées à ses basques et papillottant des cils comme de vulgaires caricatures de Marilyn Monroe, elles tentaient de s'attirer ses faveurs. Il fallait dire qu'avec ses cheveux blonds comme les blés, son regard ambré et ténébreux, son aura pleine d'assurance et sa carrure de dieu grèc, le jeune homme avait de quoi faire tourner des têtes.

Mais personne ne semblait vraiment digne d'intérêt à ses yeux : les filles étaient trop fades, trop pétasses, trop collantes, trop intello... Il voulait une fille douce et naturelle, jolie et pleine de vie... Mais aucune de toutes les filles qui avaient rampé à ses peids ne correspondaient à ces critères. A croire qu'il ne trouverait jamais chaussure à son pied. Et puis, on ne pouvait pas dire qu'il avait beaucoup d'amis non plus. L'ensemble des mecs de ce lycée ne pensaient qu'aux filles, aux jeux vidéo, au skate-board ou à jouer au Pachinko (1). Lui qui préférait lire ou se balader simplement dans les parcs pour profiter de la nature ne se trouvait aucun point commun avec ces mecs débiles. Un seul garçon dans la classe trouvait grâce à ses yeux et c'était Serizawa Akira, un mec sympa mais un peu dans la lune parfois. L'autre personne qu'il parvenait à supporter restait son petit frère de 15 ans, Tatsuha, et habitant à Kyoto avec leur père. Malgré son crétinisme affligeant, Eiri devait admettre que ce baka lui manquait assez et qu'il aurait aimé que le jeune garçon fasse sa rentrée au lycée Tohôku et qu'il vive ici, à Tokyo, avec lui.

Lui, il avait la chance de s'être déjà plus ou moins affranchi de l'influence autoritaire de son paternel en se débrouillant, avec l'aide de son beau-frère, pour obtenir son émancipation quand il n'avait encore que 16. Ainsi, la semaine il vivait au pensionnat du lycée, le week-end chez Tohma et Mika et pendant les vacances, tout dépendait de l'endroit où travaillait car en générale, il se louait un petit studio meublé tout près de son lieu de boulot. En bref, il n'avait personne d'autres de qui s'occuper, et ne se soucier que de lui-même - sa Mercédès faisant exception, bien sûr - lui convenait tout à fait.

Il aurait préféré avoir de plus longues vacances mais les élèves de Terminale de tout le pays reprenaient plus tôt afin d'avoir le temps à la fin de l'année scolaire de finir le programme à temps pour les éxamens de fin d'année et d'entrée aux universités. C'est pourquoi un tiers des élèves du lycée reprenait les cours dès le début février au lieux de la mi Mars.

Ses lunettes sur le nez et plongé dans sa lecture du "Silmarillion" de J.R.R. Tolkien (2), il écoutait d'une oreille distraite tous les nouveaux ragots qui circulaient en ce lundi matin, jour de la rentrée après les vacances d'hiver. Du côté des filles on disait :

Non ? C'est vrai ?

Oui, oui ! C'est ce qui a été annoncé par le porte-parole de NG Record ! Après un an et demi d'absence, Bad Luck revient au Japon. Ce qui veut dire plus de concerts, de nouvelles chansons, des interviews télé et dans les magazines !

Imaginez les filles qu'on croise bêtement dans la rue leur guitariste ! Je trouve Nakano vraiment trop craquant !

KYAH !! Moi aussi !

Moi je préfère Shindou ! Il est tellement mignon ! Et cette voix qu'il a !

Et quand il est sur scène, il a tellement d'assurance ! On dirait un dieu !

Oh oui !!

Arrêtez de rêver deux minutes les filles, c'est pas comme si on allait croiser Shindou où un autre des Bad Luck au détour d'une rue ou d'un couloir !

En tous cas j'ai déjà acheté des billets pour leur concert au Tokyo Dome du mois de Mars.

Le Tokyo Dome ? C'est génial ! Il commence sur les chapeaux de roues ! Il faut dire qu'ils nous ont tellement manqué que le stade sera à coup sûr complètement rempli.

Attendez ! J'ai entendu à la radio qu'il n'y avait déjà plus de place et que tout le monde s'était rabattu sur leur concert à Osaka, Kyoto et d'autres villes de province.

J'aimerais tellement rencontrer Shindou. Je donnerais n'importe quoi pour aller à son concert et avoir un laisser-passer pour les coulisses.

Avec un sourire narquois, Eiri ne put s'empêcher de penser : Pauvres filles... En train de fantasmer sur quelque chose qu'elles n'auront jamais... Comme si ce mec allait s'abaisser à sortir avec un fille du "petit peuple". C'est parce que Seguchi avait commencé à sortir avec ma soeur avant de devenir le grand musicien et producteur qu'il est aujourd'hui qu'il s'est marié avec, sinon il en aurait épousée une autre.

Soudain, l'arrivée en trombe d'un garçon de la classe qu'on surnommait "Usagi" à cause de ses dents de devant proéminantes, attira l'attention de tous, y compris celle de Yuki.

Eh tout le monde ! Devinez quoi !! On a une nouvelle !

Hein ! C'est vrai ? s'exclamèrent tous les garçons, avides de sang frais.

Il fallait dire qu'un petit nouveau était toujours un grand évènement qui avait le mérite de rompre la routine ennuyeuse de la classe. Alors, quand en plus il s'agissait d'une fille, les garçons voyaient celà comme une occasion d'agrandir leur "harem".

Je l'ai vue en allant chercher les cahiers d'appel et en passant devant la salle des professeurs, affirma Usagi. Et Tsuda-sensei était en train de lui expliquer comment elle allait la présenter à la classe.

Tsuda-sensei ? Mais c'est notre prof principale ! Ca veut dire que la nouvelle ira dans notre classe, la Termianle C ! s'enthousiasma Kouga Jun, le délégué de classe, véritable courreur de jupons.

Eiri ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire en songeant : Pauvre fille... Elle va se faire sauter dessus avant même d'atteindre sa chaise. Surtout que Kouga est un chaud lapin et qu'il suffirait de mettre une jupe au concierge pour qu'il lui fasse du gringue.

Alors, comment elle est cette demoiselle ? s'enquit Serizawa.

Elle est trop mignonne ! s'enflamma Usagi, des étoiles dans les yeux. Elle est plutôt grande, environ cette taille, fit-il en désignant son menton, ce qui équivalait à environ un mètre 65 (3). Et puis elle a un très jolie minois. Un visage en forme de coeur, une belle petite bouche rose, de grands yeux...

De quelle couleur les yeux ? le coupa un autre garçon dont Yuki ignorait le nom.

A dire vrai, il prêtait tellement peu attention aux autres que, bien que celà faisait deux ans qu'il les connaissait, il ne retenait que le nom des personnes qui se faisaient le plus remarquer.

La couleur ? Je ne sais pas trop, j'ai pas bien vu. De là où j'étais, il m'ont paru bleus. Mais elle est vraiment belle. Et puis elle a de longues et jolies jambes. Elle a fait un ourlet à sa jupe mais elle ne l'a pas relevée trop haut. En fait elle en montre pas beaucoup mais juste assez pour nous laisser imaginer le reste.

En gros elle est féminine mais pas vulgaire.

Exactement, approuva Usagi. Et elle est fine et grâcieuse.

Est-ce qu'elle de gros seins ? s'enquit un autre garçon.

Non mais regardez-moi cette bande vautours, se moqua intérieurement Eiri avec mépris.

Bah... Elle a des seins mais pas tant que ça.

C'est pas plus mal ; puisqu'elle est si jolie, une grosse poitrine aurait gâché son charme, intervint Akira.

Et ses cheveux ? Longs ou courts ?

Plutôt courts. Ils lui arrivent à peine aux épaules. Et puis ils sont rose fuschia mais sur elle ça donne super bien !

En tous cas j'ai hâte de voir cette perle ! dit Kouga. Je suis sûr que j'ai toutes mes chances avec elle surtout si...

Silence tout le monde ! lança leur professeur en entrant dans la salle.

Tsuda Mayumi-sensei, professeur d'ancien japonais (Patpat : Hé oui... Ca vaut bien notre latin à nous ), était une petite bonne-femme toute fluette ne mesurant pas plus d'un mètre 50, âgée d'environ 50 ou 55 ans, avec de longs cheveux noirs ondulés, de petits yeux, un sourire chaleureux et une bouille de hamster. Elle était adorable et patiente avec ses élèves, même avec les plus agaçants, et elle adorait expliquer les choses par des mimes ou des dessins humoristiques au tableau. Sans aucun doute le professeur préféré de Yuki...

Elle posa sa sacoche sur son bureau et attendit que tout le monde retourne à sa place et se calme. Les élèves restèrent debout afin de saluer à l'unisson leur enseignante en la gratifiant d'un "Ohayo gozaimasu" avant de s'asseoir sagement. Lorsqu'elle fut sûre d'avoir l'attention de tous elle dit :

Celà fait deux ans que vous êtes dans ce lycée et deux ans que je suis votre professeur principale. Sachez que je suis très heureuse de vous avoir pour cette troisième et dernière année au lycée en espérant que nombre d'entre vous auront leurs examens à la fin de l'année. Elle sourit avant de reprendre : La dernière fois que nous avons eu un nouvel élève dans cette classe c'était au début du second semestre de Seconde, ce qui remonte à assez longtemps. Pourtant, aujourd'hui nous allons accueillir une élève tout juste arrivée de New York qui revient au Japon après une absence de près de deux ans. J'espère que vous vous comporterez correctement avec elle et que vous saurez l'aider à s'intégrer très vite parmi nous. Shimizu-san, vous pouvez entrer.

Sur l'invitation du professeur, la nouvelle élève fit son entrée dans la salle. Tous les regards se tournèrent vers elle, excépté celui de Yuki qui n'avait abandonné sa lecture que pour saluer Tsuda-sensei. Tous retirent leur souffle, observant la demoiselle avec autant de curiosité que d'admiration.

Ohayo gozaimasu, minna. Watashi wa Shimizu Shuu desu. Yoroshiku onegai shimasu.

Sa petite voix douce laissait deviner à Yuki qu'elle devait être en train de sourire timidement. Et lorsqu'il concèda enfin à lever le nez de son roman, il put constater que, non seulement il ne s'était pas trompé mais qu'en plus, la nouvelle élève était vraiment très jolie. Une fille douce et naturelle, jolie et pleine de vie... songea-t-il en détaillant la demoiselle tandis que Tsuda-sensei inscrivait son nom au tableau. Le kanji de la pureté, suivi de celui de l'eau et enfin celui de la mélancolie pour le prénom. En plus d'être belle, elle avait un nom ravissant.

Fidèle à la description qu'en avait faite Usagi, elle était plutôt grande et élancée, mais vu qu'il était lui-même très grand pour un japonais ça ne le gênait pas du tout. L'idéal pour la serrer contre moi. Elle avait un visage rayonnant. Un véritable petit ange. Ses cheveux roses qui tombaient jusque sur ses frêles épaules lui donnaient un air de petite fille sage. La douceur incarnée. De longues mèches tombaient sur ses grands yeux violets dont le regard sincère balayait la pièce dans l'espoir d'un quelconque signe de bienvenue. Elle est tout simplement magnifique.

Le coeur d'Eiri battait la chamade alors qu'il n'avait fait que lui jeter un simple coup d'oeil. Comment cette gamine dont il ignorait tout, excépté le nom, pouvait-elle créer si facilement et si soudainement en lui un tel tourbillon de sentiments. Jamais encore personne n'avait su attirer son attention de cette façon. S'il devait répondre à ses impulsions hormonales, qui étaient à leur paroxisme étant donné qu'il étant en pleine puberté, il se serait déjà levé pour aller embrasser la fille à pleine bouche. Arrête de t'emballer comme un idiot ! C'est uniquement parce qu'elle est nouvelle, qu'elle apporte une touche d'érotisme à cette classe que tu t'enflammes comme ça ! Ecarquillant les yeux de surprise, Eiri se réprimanda intérieurement : Erotisme ? Erotisme ! Espèce de triple buse ! Crétin ! C'est éxotisme que tu voulais dire ! EXOTISME ! PAS EROTISME !

Bien, maintenant que les présentations sont faites, tu peux aller t'asseoir Shimizu-san. Voyons voir... Oh ! Il y a une place juste à côté de Yamashita-kun, fit Tsuda-sensei en indiquant à Shimizu un siège à l'avant-dernier rang, une place juste sur l'avant-droite de Yuki.

Avec une démarche des plus grâcieuse, la jeune fille alla au fond de la classe et s'installa à gauche d'Akira. Le blond avait de quoi se sentir jaloux car, étant juste à côté de la fenêtre, il n'avait qu'une voisine. Et Kami-sama qu'il aurait adoré que son ignoble camarade, cette pétasse de Usami Ayaka, vire de là pour que Shimizu puisse s'y asseoir. D'un autre côté il était plutôt chanceux. D'abord parce qu'elle aurait pu être placé à l'autre bout de la classe et qu'il aurait eu toutes les peines du monde à pouvoir la voir. Ici, au moins il était assez proche pour sentir le parfum de fraise et de framboise qui semblait flotter autour d'elle, rappelant le printemps lorsque les arbres donnent leurs premiers fruits. Il pouvait aussi appécier sa jolie silhouette, son ravissant profile et... Et merde !

A en juger par ce qu'il sentait entre ses jambes, profiter à l'éxcès de sa proximité avec Shimizu lui causerait des troubles d'attention pendant les cours. Rien de pire qu'une érection en plein public ! Et pas moyen de m'éclipser pour aller aux toilettes et régler ce problème avant la pause de 10h30, gronda intérieurement le garçon en croisant les jambes avant que qui que ce soit ait pu remarquer son "petit" désagrément.

La deuxième raison pour laquelle il se sentait chanceux c'était que, si Shimizu avait été placée à l'autre bout de la classe, ça aurait été pour être la voisine de cet abruti congénital qu'était Kouga Jun. A choisir entre deux maux, il préférait le moindre. Au moins Yamashita était un garçon correcte et respectueux vis-à-vis des filles. Il pouvait être sûr que le garçon saurait se tenir, même à côté d'une fille aussi adorable que Shimizu.

En tous cas, Eiri pouvait être sûr qu'il n'était pas le seul à qui la jeune fille avait tapé dans l'oeil : tous les garçons semblaient dans un état de bavouillis avancé, les faisant ressembler à des légumes congelés sous un soleil de 40 degrés. Les demoiselles, elles, ne semblaient pas vraiment apprécier l'arrivée de cette fille tout droit venue des States pour leur piquer leurs garçons. Seules quelques unes paraissaient adresser un regard amical à Shimizu, alors que les autres... C'est bien simple : si leurs yeux avaient pu devenir des fusils sniper, la pauvre fille ressemblerait déjà à une passoire. Usami Ayaka faisait visiblement partie de la première catégorie, à l'évidence morte de jalousie que cette idiote de nouvelle parvienne si facilement et si rapidement à se faire remarquer aux yeux de Yuki, alors qu'elle ne parvenait qu'à lui tirer des regards dédaigneux.

De son côté, inconsciente de l'attention, bonne ou mauvaise, qu'elle sucitait au sein de la classe, Shimizu sortait ses affaires en faisant ami-ami avec Serizawa, un sourire radieux sur ses attirantes petites lèvres roses.

La cours sembla passer trop vite aux yeux d'Eiri qui n'avait pas retenu une miette de ce que Tsuda-sensei avait pu leur expliquer. En effet, il avait été bien trop occupé à jeter de petits regards à Shimizu tout en tentant veinement de calmer ses ardeurs. Evidemment, ne penser qu'à la jeune fille n'aidait vraiment pas le pauvre Yuki à faire passer son érection qui n'en devenait que plus douloureuse à chaque seconde qui passait. Lorsque finalement la sonnerie annonçant la fin des cours prit pitié de lui et sonna la pause de 10h30, Eiri prit sa veste dont il se servit pour dissimuler le plus discrètement possible son encombrante érection et se hâta de rejoindre les toilettes.

Se pécipitant dans la première cabine libre qu'il y trouva, il déboucla sa ceinture et dégraffa son pantalon pour libérer son membre durci. Avec un soupir de soulagement, il s'empara de sa hampe et commença aussitôt à la frictionner. Etant déjà bien excité, il lui fallait prendre les choses en mains très vite (4), donc pas besoin de prendre de gants. La simple pensée de cette fille suffisait à faire monter en lui un désir incensé. Il pouvait presque s'imaginer qu'elle était là, dans les toilettes avec lui, et que c'était ses jolies petites mains et non les siennes qui lui procuraient du plaisir. Ses joues rouges en feu, presque honteux de prendre son pied en pensant à cette délicate et innocente jeune fille, Eiri accéléra néanmoins ses gestes, étouffant du mieux qu'il pouvait ses gémissements et ses grognements.

Il finit par se libérer, réprimant un grognement rauque. Une main sur le mur lui permit de garder l'équilibre, sans quoi il serait sans doute tombé au sol sous le coup de sa jouissance. Tandis que, lentement, il regagnait ses esprits, que son souffle haletant se calmait, il pensa : Ok, j'ai désespérément envie d'elle... Putain, je suis trop pitoyable ! Depuis quand je dois me contenter de me branler pour soulager mes envies alors que j'ai qu'à prendre la première greluche qui passe ? C'est clair que j'y arriverais avec aucune autre qu'elle tant que je l'aurais dans la tête. J'ai deux solutions possibles : soit j'attends que mon entichement pour Shimizu passe, soit je lui met le grapin dessus. D'un autre côté, j'ai pas vraiment envie qu'elle ne soit que le coup d'une nuit, de quoi sustenter mes envies. Elle est trop belle et trop douce pour que je lui fasse un coup comme ça. Une chose est sûre, c'est moi qui l'aurait et personne d'autre !

C'est sur ces bonnes résolutions que Yuki rangea son "matériel" et entreprit de redonner son aspect originel au mur face à lui, sur lequel le blond avait malencontreusement laissé un peu de sa fertile semence. Il prit un peu de papier toilette, nettoya ses traces, et jeta le tout avant de tirer la chasse, laissant l'endroit dans l'état où il l'avait trouvé. C'est-à-dire pas vraiment propre non plus. Je me contente de suivre à la lettre ce qu'il y a sur la pancarte, songea-t-il en faisant référence à l'écrito acroché sur chaque chasse d'eau de chaque toilette de ce foutu lycée : "Laissez cet endroit dans l'état dans lequel vous l'avez trouvé, merci".

Revenant enfin en classe, il retourna s'asseoir à sa table, évitant consciencieusement de regarder Shimizu, de peur d'éveiller de nouveau en lui sa libido hyper-active. Malheureusement pour lui, il semblait que le ciel en ait décidé autrement... Avec un petit sourire avenant, la jeune fille vint se poster devant lui et s'inclina respectueusement.

Salut ! Tu t'appelles comment ?

Qu'est-ce que ça peut te faire ? répondit froidement Eiri, se contentant de regarder la grande cours du lycée par la fenêtre.

Visiblement étonnée par l'agressivité de la réponse, la jeune fille resta silencieuse un instant.

Et bien, je voudrais bien m'entendre avec tout le monde, et puisque nous sommes assis assez près l'un de l'autre, j'avais pensé que ce serait une bonne occasion pour devenir amis, répondit-elle finalement.

J'aime pas m'encombrer d'amis, ça sert à rien.

C'est vraiment ce que tu penses ? s'enquit Shimizu.

Pourquoi je te mentirais ?

Parce que je suis nouvelle et que tu trouverais amusant de te moquer de moi et de ma crédulité, répondit-elle simplement.

A son tour étonné par les paroles de la jeune fille, il se tourna vers elle, fixant son regard doré et perçant dans ses yeux violine. A sa grande surprise, son visage se trouvait étonnemment près du sien, aussi eut-il toutes les peines du monde à se retenir de l'embrasser et à empêcher son taux d'hormones d'atteindre un point de non-retour.

Si je te dis mon nom, tu me fouteras la paix ?

Je crois bien que je te laisserais tranquille de toutes façons puisque tu n'as pas envie de devenir ami avec moi.

Yuki Eiri.

Alors la jeune fille lui adressa un des sourires dont elle avait le secret, le genre qui faisait bondir le coeur d'Eiri si fort qu'il redoutait que quelqu'un l'entende.

Contente de te rencontrer Yuki-kun. Tu viens de me dire que tu ne voyais pas l'utilité d'avoir des amis mais si tu changes d'avis, tu peux toujours me faire signe.

Le blond n'en croyait pas ses oreilles, il venait de se montrer des plus froid avec elle et malgré tout elle persistait à vouloir être amie avec lui... Elle est vraiment bizarre cette fille.

Pourquoi vouloir être ami avec une quiche dans ton genre ? lâcha-t-il alors.

Et oui... Chassez le naturel, il revient au galop. C'était un des proverbes qui décrivait le mieux Yuki. Et bien qu'au fond de lui il ait regretté ses paroles presque aussitôt, il n'en laissa rien paraître. En revanche, Shimizu semblait vraiment blessée. Se redressant, elle dit sur un ton dur qui allait vraiment mal avec la douceur de ses traits :

Pourquoi forcer un crétin à se débarasser de sa stupidité ?

Avec ça, elle lui tourna le dos et retourna auprès d'Akira qui discutait avec deux filles et un garçon. Bien joué mon vieux, se congratula ironiquement le blond. Tu désires cette fille et au lieu de faire en sorte qu'elle ait envie de se rapprocher de toi, tu l'envois proprement bouler. Comme con on fait pas mieux dans le genre.

Le reste de la journée se passa à peu près sans anicroches pour Shuu, à l'excéption de quelques mauvaises blagues jouées par certaines filles de la classe qui à l'évidence ne l'appréciaient pas vraiment : elle avait retrouvé ses cahiers recouverts d'encre en revenant du réféctoire après la pause de midi, de la colle liquide dans ses chaussures de gym, et le mot "catin" écrit au marqueur indélébile sur son casier. La lycéenne rejoignit son dortoir, puisqu'elle était pensionaire dans cette école, et une fois dans sa chambre elle claqua la porte et se laissa tomber sur son lit.

Ce n'est pas un mauvais bilan pour une première journée... marmonna-t-elle en se passant une main dans les cheveux tout en ôtant ses chaussures du bout des pieds. Je me suis fait pas mal d'amis, surtout parmi les garçons. A croire que je plais beaucoup en tant que fille. Et certaines filles ont été vraiment gentilles avec moi ; je me suis fait déjà des copines dans ce dortoir. En fait à part quelques crétines jalouses et ce garçon bizarre, je me suis plutôt bien intégré.

La simple pensée de ce garçon mit Shuu mal à l'aise. Il était grand, contrairement à la majorité des japonais. Puis il était blond avec les yeux châtains clairs, voir même dorés, ce qui était carrément atypique pour un asiatique. Certes il était mignon mais avec son regard froid et ses paroles acerbes, il savait parfaitement comment faire de la peine au coeur d'une fille.

Heureusement que je ne suis pas une fille... Et hors de questions que je me laisse marcher sur les pieds par cet idiot, affirma Shuu. Je vais lui montrer qu'une fille peut tenir tête aux hommes, même dans ce pays de machos !

XXX XXX XXX

Quelques jours plutôt...

Shindou Shuuichi, jeune chanteur du groupe Bad Luck, aujourd'hui connu au niveau internationale, venait d'arriver chez ses parents après plus d'un an et demi d'absence au Japon. Il avait choisi de partir à 16 ans pour New York après avoir été découvert par le grand producteur Seguchi Tohma afin de profiter de sa jeune notoriété pour faire monter son groupe au sommet. Et c'est exactement ce qu'il était parvenu à faire. Désormais Bad Luck était au moins aussi populaire que Madonna ou les Rolling Stones.

La contre-partie, en revanche, avait été de laisser derrière lui sa famille, ses premiers fans et son pays bien aimé. Mais il avait beaucoup gagné aux Etats-Unis : il avait amélioré son jeu de piano (même s'il n'en avait plus vraiment besoin puisque Fujisaki Suguru, leur pianiste, les avait rejoint), il y avait fait la rencontre de Kitazawa Yoshiki qui était devenue sa batteuse et sa confidente, il avait eu l'occasion de travailler avec les plus grands comme par exemple Miri Johanson qui avait produit le deuxième album de Bad Luck, il avait commencé à se mettre à la guitare grâce à Hiro et Miri et il avait appris l'anglais, le français et l'espagnol en un temps record et grâce aux tournées il avait vu plus de pays qu'aucun autre garçon de son âge. En plus de s'être enrichi culturellement, Shuuichi avait acquis une certaine maturité et énormément d'assurance.

Pourtant malgré sa popularité, sa fortune, son physique qui plaisait à toutes les filles (et même aux garçons), son talent... Shuuichi sentait qu'il lui manquait quelque chose de fondemmentale : une vie normale. Quand il y avait pensé pour la première fois, il avait aussitôt repoussé cette idée absurde. Mais au fur et à mesure, ce sentiment de louper quelque chose de primordial à son développement en tant que personne avait fait son petit bonhomme de chemin et aujourd'hui, il cherchait désespérément un moyen d'y remédier. En fait il avait déjà un plan : ne plus suivre de cours privés à domicil mais aller au lycée public avec d'autres élèves de son âge comme n'importe quel adolescent.

Il aurait déjà soumis l'idée à son producteur si seulement il savait comment la mettre en oeuvre. En effet, aller au lycée public sans que les profs nous fassent un traitement de faveur parce qu'on est riche et célèbre ou que les autres élèves nous adorent ou nous jalousent parce qu'ils nous perçoivent comme un dieu vivant au lieu de nous considérer comme un humain normal peut se montrer particulièrement difficile lorsqu'on s'appelle Shindou Shuuichi et qu'on est une star. Pourtant, malgré les difficultés, il ne pouvait rennoncer car cette année serait sa dernière occasion de profiter d'un semblant de vie normale, après quoi il devrait se consacrer à sa carrière et entrer définitivement dans le monde des adultes sans aucune autre chance de faire la joyeuse expérience du lycée.

La rentrée des classes étaient dans seulement dix jours et, étendu sur son lit alors que ses parents venaient de le ramener de l'aéroport, il tentait avec détermination de trouver une idée pour lancer l'éxécution de son plan. Cette rentrée scolaire lui tenait tellement à coeur et personne ne semblait comprendre qu'il avait besoin de savoir ce que c'est que de vivre normalement avec des amis normaux... Les garçons le mettaient toujours à l'écart à cause de sa célébrité et les filles n'avaient d'yeux que pour lui, le mettant sur un pied d'estale pour la même raison.

Avec un lourd soupir, Shuuichi tourna et retourna ses pensées dans tous les sens, tentant de trouver LA grande solution miracle. Esquissant un sourire amusé, il repensa à ces pubs stupides qu'on voyait à la télé, pour des détâchants moquettes promettant la solution miracle à tous les problèmes... Si seulement il me suffisait d'acheter un bidon de ce nettoyant pour que tout aille mieux... Mais là aussi ça pose problème : comment aller jusqu'au centre commercial alors que je ne peux même pas m'acheter une boîte de pokkii sans me faire courser par une douzaine de fans hystériques ? Le seul point positif à ces courses poursuites à répétition c'est que maintenant, grâce à ça, je cours aussi vite que Katy Freeman.

Il me faut un moyen de pouvoir passer l'année dans n'importe quel lycée public, comme n'importe quel ado de mon âge, marmonna-t-il tout haut.

On dit que parler tout seul est le premier signe de la folie chez un génie, fit remarquer une voix.

Se redressant d'un bond, surpris, voir carrément effrayé de cette présence dans sa chambre, Shuuichi s'exclama :

Putain ! Hiro, tu m'as fait peur ! T'es malade d'entrer dans la chambre des gens aussi sournoisement !

Sournoisement ? J'ai culbuté contre ton bureau, ta chaise, ta valise et ton armoir avant de pouvoir atteindre ton lit, et tu ne m'as même pas entendu ?! s'étonna le dénommé Hiro.

Il s'agissait de Nakano Hiroshi, le meilleur ami et esclave attitré de Shuuichi, accessoirement guitariste du groupe. Les deux garçons se connaissaient depuis le jardin d'enfants et partageaient depuis toujours le même rêve, la même passion : la musique. Hiro et Shuuichi étaient si proches qu'ils en étaient comme deux frères. Deux frères de coeur seulement car ils ne se ressemblaient pas le moins du monde. Si Shuuichi mesurait un mètre 65, Hiro en faisait un mètre 78. Si le chanteur avait les cheveux naturellement châtains clairs, le guitariste les avait auburn. Si les yeux du premier étaient violets, ceux de son ami étaient bruns. L'un avait un charisme hypnotisant et un charme naturel, l'autre était de la carrure d'un mannequin et d'un séducteur. Et enfin, alors que Shuuichi avait un caractère extraverti et impulsif, Hiro était plus posé et réfléchi.

Invitant silencieusement son ami à s'asseoir à côté de lui, Shuuichi demanda :

Depuis quand tu es là ?

A peine deux minutes. Alors, c'est quoi le soucis ? s'enquit le guitariste en passant sa main dans ses longs cheveux rougeoyants. Encore la même lubie ?

Je veux aller au lycée ! bouda le chanteur à la façon d'un gamin gâté.

Tu sais que y'en a qui tueraient pour avoir ta chance ?

Je vois pas en quoi j'ai de la chance !

Laisse-moi réfléchir... Pas besoin de demander une ralonge sur ton argent de poche. Les gens se prosternent à tes pieds. Chacun de tes mots, chanté ou non, est considéré comme parole d'évangile. Tu es si doué que tout ce que tu touches se tranforme en or. Les filles sont prêtes à s'entretuer pour un sourire de toi... Et surtout, pas besoin de te prendre la tête à aller en cours...

Ouais... C'est vrai qu'être Shindou Shuuichi a ses avantages. Mais, je voudrais tellement être comme tout le monde, ne serait-ce que le temps d'une année, se lamenta Shuuichi, comme s'il quémandait la clémence à un tribunal.

Allons Shuu... Ce que tu demandes là est impossible et tu le sais bien. D'abord parce que où que tu ailles, quoi que tu fasses, tu resteras aussi sacré que la reine d'Angleterre aux yeux du monde. Et quand bien même, Seguchi a déjà toléré qu'on revienne au Japon alors il n'accèptera jamais que tu mettes ta carrière en suspend pendant une année complète.

Mais en me débrouillant bien, je pourrais donner des concerts et enregistrer des CDs, participer aux interviews et aux séances photos, continuer à écrire et composer...

Et quand trouveras-tu le temps de faire tes devoirs ?

Avec la vie ultra-active qu'on a menée ces dernières années, j'ai appris à bien géré mon temps et de toutes façons, peu importe que j'ai ou non mes examens, c'est pas comme si j'en avais besoin. Ce dont j'ai besoin c'est de cette expérience. Il faut que je vive ça... S'il te plait Hiro, aide-moi... Je dois trouver une solution... Je veux que le temps d'une année, mon statut de musicien n'empiète pas sur ma vie privée. Je ne veux pas que les profs me favorisent ou que les élèves me regardent avec admiration ou envie... Aide-moi à passer mon année de Terminale comme je l'entends.

Après le petit monologue que son ami avait prononcé sur un ton si sérieux et presque supplicateur, le guitariste se dit qu'il fallait répondre aux attentes du jeune homme. En effet, cette attitude désespérée ne correspondait pas du tout à sa personnalité si déterminée et à son attitude de combattant. Shuuichi avait toujours été quelqu'un de volontaire qui ne se laissait jamais abattre. Hiro détestait voir son meilleur ami dans cet état car c'était le prémice à une dépression nerveuse, ce qui n'augurait rien de bon pour le chanteur, ni pour le groupe d'ailleurs car un Shuuichi déprimé ça signifiait des retards dans les délais pour les enregistrements, un Seguchi furax et donc, la quasi-totalité de leur temps libre consacré au rattrapage des pertes de bénéfice.

Le guitariste réfléchit un instant et, comme frappé par la lumière de la sagesse divine, il trouva l'idée idéale. Si Shuuichi la refusait, il arrêterait une bonne fois pour toute de prendre la tête à tout le monde avec ses idées sogrenues et si au contraire il accéptait, il fouterait enfin la paix à son entourage. Auquel cas, il resterait à voir les modalités de mise en place de sa génialissime mais ô combien diabolique idée. Quoi qu'il advienne, les proches de Shuu seraient gagnants sur les deux plans.

Et bien, pour mon meilleur ami, j'ai bien une petite idée... Mais honnêtement, je ne suis pas sûr que tu l'accéptes. Ca pourrait ne pas te plaire...

Une idée ? Dis toujours ! Au point où j'en suis je pourrais accépter n'importe quoi.

Hummm... Et bien... Peut-être simplement que tu n'as pas pris le problème du bon côté...

Qu'est-ce que tu veux dire par là ? s'enquit le chanteur, sa curiosité piquée au vif.

Je pense que tu devrais élargir ton champs de possibilités en envisageant non pas d'être un garçon comme les autres mais d'être plus basiquement quelqu'un comme les autres.

Le silence qui s'en suivit laissa comprendre que le stupide animal qui lui tenait lieu de leader ne parvenait pas à suivre son train de pensée.

Ne le prends pas mal Hiro mais, j'vois pas vraiment la différence...

Choisissant d'aider un peu le cerveau lent de son camarade à comprendre où il voulait en venir avant qu'il fasse un grillage de neurones à cause d'une surchauffe, le bassiste fit calmement :

Bon, je vais t'expliquer... Tu pars du principe que tu te feras toujours reconnaître en tant que Shuuichi et que là est tout le problème. Jusque là tu me suis ?

Oui.

Donc, si on enlève à Shindou Shuuichi ce qui justement fait qu'on le reconnait comme tel, il ne sera plus Shindou Shuuichi. Tu me suis toujours ?

Oui.

Donc, le tout est de t'ôter ce qui fait de toi ce que tu es. Tu me suis ?

Non.

Quoi "non" ?

Non, je te suis plus.

C'est pourtant pas compliquer ! Qu'est-ce fait la base même de ce que tu es ?

Euh...

Shuuichi sembla réfléchir profondemment mais le connaissant, ça ne devait pas être si profond que ça : le chanteur savait se donner des airs intelligents mais ce n'était qu'une illusion d'optique. Ce qu'on prenait pour de la réfléxion était en fait du pédalage de semoule intensif et Hiro le savait bien. Aussi fut-il surpris de voir une lueur de compréhension dans le regard de truite morte de son ami.

Mon talent ! Hahahahahaha ! Euh... Hé ! Hiro ! Tu ne vas pas me prendre mon talent quand même ?! Traître d'ami ! Je savais que depuis toujours tu étais jaloux de mon génie !

Mais non, crétin fini ! lui lança son musicien avec amusement, agacement et désespoir en lui donnant une tape derrière la tête. Quant à ton génie, tu n'arriverais même pas à le vendre sur ebay tellement il est inéxistant !

Eh ! Ne manque pas de respect à ton maître, esclave ! ordonna le garçon aux yeux violets d'une voix ferme. Et si mon génie n'est pas assez brillant pour toi alors tu n'as qu'à me dire clairement ce dont tu parles ! éxigea-t-il avec cette fois tout son sérieux.

Shuuichi savait être autoritaire car il savait ce qu'il voulait et c'était un de ses traits de qualité. Au fond, on ne pouvait en attendre moins de quelqu'un ayant un tel tempérament de feu. Malgré sa petite taille et sa silhouette fluette, le chanteur était tout ce qu'il y a de masculin. Bagareur, coureur, bon vivant et joyeux fétard, extraverti et sûr de lui, il savait aussi être respectueux des autres et surtout des filles. Il se donnait à cent pourcent dans chaque aspect de sa vie (carrière, famille, amitié ou amour). Il ne fallait surtout pas se fier à son apparence androgyne et ses attitudes parfois gamines. C'était quelqu'un d'entier, de nature. C'était justement ce qui faisait qu'avec lui il n'y avait pas de demi-mesure : Shuuichi était un personnage qu'on adorait ou qu'on aborait.

Avec un sourire, Hiro dit :

C'est vrai que dire franchement les choses auraient évité à ton cerveau de souris quelques court-circuits. A vrai dire, je pensais à ton sexe. Tu es basiquement un garçon alors la solution serait que tu deviennes une fille. Aux yeux de tous Shindou Shuuichi est un homme alors jamais ils ne soupçonneront une demoiselle.

QUOI ?! Hiro tu... tu... tu veux... M'EMASCULER ?!

Hiro manqua d'en tomber à la renverse. Là c'était sûr, Shuuichi avait été bercé trop près du mur...

Non mais t'es pas fini comme garçon, toi ! T'es né con ou tu t'entraînes chaque matin ? La débilité n'est pas un sport de compétition, Shuuichi. Contente-toi de te travestir.

Hgné ? fit le garçon face à lui avec une tête d'ahurie congénital.

Tu es si mignon qu'avec une jupette, des nattes, une fausse poitrine et un peu de gloss, tu passeras sans mal pour une fille.

Je ne suis pas sûr de savoir si je dois prendre ça pour un compliment ou pas... fit Shuuichi, une grosse goûte sur sa tempe.

Tu n'as aucune autre alternative et puis, comme tu l'as dit toi-même, ce ne serait que pour un an.

Mais je devrais changer ce que je suis. Et je veux justement être accépté pour ce que je suis, tu comprends ?

Personne ne te demande de changer de personnalité. Reste toi-même quoi qu'il arrive. Tout ce que tu dois faire, c'est changer d'apparence. Et quoi de mieux que de devenir la fille que tu as toujours rêvé d'être ?

Me confonds pas avec toi, vieux ! J'ai jamais voulu être une fille ! se défendit férocement Shuuichi.

Et pourtant tu as toutes les qualités pour être une fille douce et naturelle, jolie et pleine de vie. Parce qu'au fond c'est ce que tu es mais avec un pénis et pas de poitrine.

Shuuichi ne rétorqua pas et pendant un instant, il reprit cette expression trompeuse qu'était celle de la réfléxion. Pesant soigneusement le pour et le contre de cette proposition alléchante, il se décida enfin.

Je veux bien essayer mais... Je ne sais pas... Etre une fille...

Non Shuu, t'es sérieux ?! s'étonna Hiro.

Bien sûr. Je t'ai pourtant dit que j'étais prêt à accépter n'importe quoi, non ? fit simplement le chanteur en haussant les épaules. Tu vas m'aider ?

Avec un sourire, son ami répondit :

Evidemment. Et on va mettre Suguru dans le coup... A nous trois on va faire de toi une parfaite jeune fille. Après tout, il faut un bel emballage pour une belle praline...

Ca sort d'où ce proverbe à deux Yens ? grogna Shuuichi, pas convaincu.

De la tête de l'auteur de cette fic...

Vraiment bête cette fille !

XXX XXX XXX

Après avoir pris sa décision de se travestir pendant toute une année en fille pour pouvoir s'inscrire tranquillou dans le lycée de son choix, Shuuichi avait mobilisé son meilleur ami et Fujisaki Suguru pour l'aider dans son plan. Le jeune pianiste âgé de 16 ans ne comprenait vraiment pas pourquoi son leader complètement fracassé du cerveau s'entêtait à vouloir aller contre ce qu'il était et à vouloir aller dans un établissement public. Lui se contentait bien de cours privés dispensés par un tuteur à domicile. Mais d'un autre côté, qu'espérer d'autre de la part d'un mec "complètement fracassé du cerveau" comme Shindou ?

Suguru était encore plus petit que Shuuichi, à peine un mètre 60, et il était taillé comme une fillette. Mais son esprit cultivé et mature compensait largement. Shuuichi était le coeur de Bad Luck, Hiro sa sagesse et lui son intelligence. A eux trois il formaient un véritable trio de choc. Au cours des deux ans passés à courir le monde et notament les Etats-Unis, Suguru avait lui aussi pas mal évolué, passant de gamin méprisant et présomptueux à tête pensante dans un corps d'ado plutôt mignon. En effet, il fallait admettre que malgré son jeune âge, il avait énormément de succès auprès de la gente féminine. Et puis, vivre au jour le jour avec ces deux idiots qui lui servaient maintenant de grands frères lui avait permis de devenir plus tolérant. Il ne se serait jamais cuité s'il n'avait pas rencontré Hiro et Shuuichi. Il n'aurait même jamais songé à passer une nuit blanche pour faire la tournée des bars ou aller en boîte de nuit...

Suguru avait les cheveux noirs à l'origine mais il avait pris sur lui de suivre le mouvement lorsque ses deux comparses s'étaient colorés la tignasse (Shuuichi en violet et Hiro en rouge). Il avait donc opté pour le vert et maintenant que le chanteur et le guitariste étaient revenus à leur couleur d'origine, il avait décidé de revenir à une teinte plus naturelle : un brun aux reflets vert foncé. Ses grands yeux émeraude et sa bouille de gamin lui donnait un air innocent que malgré sa maturité précosse il avait su garder.

Les trois musiciens étaient installés sur le sol d'une des salles de réunion du bâtiment de NG Record, alors que la journée s'était arrêtée à 15h, pour chercher ce qui leur paraissait être le plus fondamental pour la transformation de Shuuichi : un nouveau nom, symbole d'une nouvelle identité. Parce qu'il était évident que le nom de Shindou attirerait l'attention et que Shuuichi était un nom plutôt masculin.

Ok, qu'est-ce que vous pensez de Rika ? proposa Suguru, complètement blasé après à peine 15 minutes de recherche dans un dictionnaire des prénoms.

C'est pas très glamour... fit Hiro, avec un air songeur.

C'est sûr ! J'sais pas pour vous mais moi ça me fait penser à Rika Zarai, cette vieille chanteuse de variété française ! râla Shuuichi (5).

Bien évidemment, les autres eurent toutes les peines du monde à réprimer un fou rire. Le pianiste fit tourner les page du livre et en choisi une au hasard avant de désigner du doigt le prénom :

Ochobo ?

Mais là c'en fut trop pour eux et les trois garçons explosèrent de rire. Shuuichi se roulait carrément par terre en trépignant comme un fou échappé d'un asile psychiatrique et Hiro se tenait les côtes comme s'il avait peur d'en perdre une ou deux. Quant à Suguru, il en pleurait de rire littéralement, le visage enfouit dans le bouquin.

Mwahahahahahahahahahaha !! A putain les gars ! J'ai jamais entendu un prénom aussi moche !! se moqua le chanteur en se tordant de rire comme un dément.

C'est vrai que c'est laid ! approuva Fujisaki.

Ca ressemble un peu à "chocobo", vous trouvez pas ? renchérit le guitariste.

Aussitôt, le leader du groupe se leva et se mit à se dandiner avec exagération, se comportant de façon maniérée comme les greluches qui pètent plus haut que leurs fesses.

Salut ! Mon p'tit nom à moi c'est Ochobo ! fit-il avec une voix super aigue, la bouche en coeur.

Oh oui ma belle, dandine-toi encore !! l'encouragea son meilleur ami en sifflant comme un mec en chaleur devant Pamela Anderson.

Shuuichi s'éxécuta en mimant un défilé de mode, se déhanchant comme une catin faisant le trotoir.

On dirait que tu fermes les tiroirs ! s'exclama Suguru, en acclamant son chanteur.

Bon allez, un peu de sérieux les mecs, dit Shuuichi en reprenant sa démarche habituelle pour retourner s'asseoir auprès de ses camarades, il me faut un nom et un prénom potable. Quitte à être une fille, autant être une fille sympa et jolie. Hors de questions que je me traine un nom aussi ridicule.

D'accord avec toi, approuva Hiro. Il nous faut un nom qui colle à ta personnalité aussi bien que celui que tu portes déjà. Mmmmh... Réfléchissons... Bon, pourquoi pas Shuuichette ?

T'as fumé la moquette ou quoi ?! C'est pas un nom ça ! rétorqua le chanteur.

Continuons de chercher, marmonna Suguru refaisant tourner les pages du livre avant de tomber sur...

Aki ?

Aki ? "Automne"... C'est un filon à exploiter, ça. Quelles sont les autres lectures du kanji ? demanda Shuuichi.

L'autre lecture c'est "Shuu", répondit du tac-o-tac Suguru qui conaissait ses kanjis sur le bout des doigts.

Un long silence s'installa entre eux tandis que chacun cherchait un moyen d'utiliser le nom... Bien sûr, l'évidence même aurait été de conserver Shuu comme prénom mais il faut croire que leur fou rire d'il y a deux secondes avait grillé quelques parties de leur cerveau...

Hé ! Et si on conservait Shuu pour le prénom ! s'exclamèrent les trois musiciens à l'unisson (Patpat : ").

Aussitôt, Shuuichi prit la feuille vièrge qu'il avait réservé à la prise de note pour les détails de sa nouvelle identité et nota le plus proprement possible le kanji de mélancolie qui, comme celui celui de l'automne, se laisait Shuu.

Comme ça, on ne fait que couper une partie de mon prénom, affirma fièrement le chanteur en exhibant son kanji à peu près droit et qui ressemblait moins que d'habitude à un flasque pâté.

Bon, et pour le nom de famille ? On choisit quoi ? s'enquit Suguru.

C'est ce moment que choisit Yoshiki pour entrer dans la salle, son habituel sourire aux lèvres.

Salut les gars ! Qu'est-ce que vous foutez ? demanda-t-elle joyeusement en se laissant tomber au sol juste à côté de Hiro.

On choisit un patronyme d'emprunt pour Shuuichi parce qu'il veut se travestir en fille pour aller dans un lycée public à la rentrée, lâcha simplement le guitariste.

Hiro ! Pourquoi tu lui as dit ? Sale traitre ! Va mourir ! s'enflamma le chanteur en se levant d'un bond, jetant sur le crâne de son meilleur ami un marqueur velleda.

Ce n'est pas une si mauvaise idée que ça de lui en parler... Après tout, Yoshiki-chan est une vraie transsexuelle. Elle sait ce que c'est que de devenir une femme, expliqua le claviériste, son naturel raisonnable reprenant le dessus.

Toi aussi tu t'y mets, petit nain de jardin ! Vous vous liguez contre moi ?!

Et c'est un mec qui fait à peine cinq centimètres de plus que moi qui me balance ça ? gronda avec mépris ledit minipouce.

Cinq centimètres c'est toujours cinq centimètres ! se défendit Shuuichi. Et puis je suis ton senpai alors un peu de respect !

Tu restes un crétin dont l'intelligence ne dépasserait pas celle d'un hamster. Hamtaro n'a vraiment aucun soucis à se faire : comparé à toi qui ne sait même pas éplucher une banane, lui qui sait dépioter des graines de tournesol passe pour un grand génie !

Je croyais qu'on avait tiré un trait sur cette histoire de banane ! Et puis tu peux causer, face de schtroumpf ! Je te signale qu'il y a pas une semaine tu ne savais toujours pas comment mettre une capote et qu'il a fallu que je te montre comment !

Oh ? Voilà qui est intéressant... intervint Yoshiki. Et comment tu t'y es pris pour lui montrer, Shuuchan ?

Avec une banane, répondit simplement Hiro, un sourire commercial placardé sur son visage de top modèle.

Bon et si on arrêtait avec cette histoire de banane ? grogna le chanteur. Il faut finir de choisir un nom pour pouvoir aller faire du shopping et m'acheter des fringues de nana.

Je peux vous aider ? Oh, s'il te plait, laisse-moi participer Shuuchan ! Suguru-kun a raison, je pourrais t'aider en te montrant comment bien agir comme une fille.

Comme si c'était si compliqué que ça... se moqua Shuuichi.

Si tu ne te comportes pas comme une vraie fille, tu seras très vite démasqué aussi bien par les filles que par les garçons, insista Yoshiki. Onegai... Laisse-moi te donner un coup de main. Tu verras que tu ne le regretteras pas...

La jeune femme pouvait aussi bien se montrer sérieuse que totalement dépressive et entrer dans une phase d'auto-dénigrement. Mais parfois elle surprenait son monde en jouant le chaton bien sage pour obtenir des faveurs des autres avec un regard tendre et larmoyant auquel personne ne resistait, pas même ce malade de K ou cet homme impitoyable qu'était Seguchi Tohma. Pour ceux qui ignoraient que Yohiki était autrefois un garçon, il était impossible de le deviner. Elle était vraiment très féminine dans ses attitudes et ses gestes si bien que rien ne laissait parraître qu'elle possédait en elle le patrimoine génétique d'un mec. Elle s'était faite poser une poitrine généreuse, et les hormones qu'elle prenait avait fait pousser ses cheveux et régulé l'ensemble de son système pileux sur le modèle de celui d'une femme. Elle avait également entraîné sa voix pour qu'elle devienne douce et fine comme celle d'une adolescente. Résultat Yoshiki était une vraie fille, aussi bien physiquement que mentalement.

Elle avait de longs cheveux blond platine, de jolies yeux marron, un visage fin et un magnifique sourire. Elle était cependant assez grande puisqu'elle mesurait dans les un mètre 75. Mais malgré ses différences, elle n'en restait pas moins une amie chère au coeur de Shuuichi. Il n'en fallut pas moins pour rappeler au jeune homme qu'elle était une personne de confiance et pour ça, il était vraiment heureux de l'avoir dans le groupe avec eux. En effet, quand Bad Luck s'était tourné vers un registre un peu plus rock et un peu plus mature, Seguchi avait suggéré de trouver un batteur à qui déléguer une partie du travail de Suguru. C'est donc Miri Johanson qui s'était chargée de faire passer des auditions et de recruter Yoshiki qui était aujourd'hui un membre à part entière du groupe, appotant un peu d'elle même à leur musique.

Bon, c'est d'accord, tu peux aider, finit-il par céder. Bon ! Trouvons ce putain de nom puis on je rentre chez moi récupérer deux-trois trucs avant d'aller faire notre shopping.

C'est parti ! s'enthousiasma Yoshiki.

Au moins une que ça amuse... bougonna Fujisaki.

Si t'es pas content bah c'est pareil ! C'est un ordre de ton leader alors tu dois t'y plier ! Tous pour un et un pour un, moi en l'occurence ! imposa Shuuichi avec un regard de dangereux psychopathe à tendance narcissique au fond des yeux.

Finalement, au bout de plus d'une heure passée à chercher, le petit groupe avait opté pour Shimizu. Un magnifique petit nom pour la magnifique petite demoiselle que Shuuichi projetait de devenir. En effet, il était bien déterminé à devenir la plus belle fille qui soit. Ok, il n'était pas censé prendre son rôle autant à coeur ; quel garçon normalement constitué le ferait ? Et surtout quel garçon normalement constitué ayant célébrité et fortune choisirait le cross-dressing pour aller dans un lycée public comme n'importe quelle personne banale ? D'un autre côté, Shuuichi était tout sauf une personne normale. Seguchi aimait reconnaître en lui son grand ami Sakuma Ryuuichi qui, malgré son talent et son charisme légendaire était l'incarnation même de la débilité.

Comme prévu, le petit groupe retrouva la maison Shindou et transformèrent la chambre de Shuuichi en Quartier Général pour leurs petites manigances.

Bien, avant d'aller acheter tes vêtements, nous devons prendre en compte plusieurs paramètres. A commencer par le lycée où tu as choisi d'aller, expliqua savament Yoshiki.

Comment ça ? Pourquoi le lycée à de l'importance dans le choix des fringues ? s'enquit Hiro.

Parce que chaque lycée a ses moeurs et coutumes, un peu comme si tu allais à l'étranger. Cela depends surtout du quartier. Alors tu as le choix : ou tu choisis tes fringues en fonction du lycée, ou tu choisis le lycée en fonction des vêtements que tu comptes porter, répondit la blonde.

Ah... Je vois... Bon alors je veux être une jolie fille. N'importe quelle fille de 17-18 ans veut être la plus jolie, non ? Je ne veux pas paraître comme toutes ses filles artificielles qui n'ont que les mecs et le maquillage en tête. Je veux être comme ma soeur, décida Shuuichi.

A t'entendre ta soeur est la créature la plus parfaite du monde... se moqua Suguru.

Elle l'est ! Hahaha ! Ma soeur est comme moi : la perfection incarnée ! s'enflamma le chanteur avec un rire de maniac.

Pfff... T'éxagères, comme d'hab.

Le pire c'est qu'il a raison, approuva Hiro. Tu n'as encore jamais rencontré Maiko-chan mais, elle est douce et ravissante... Une sorte de version fille de Shuuichi.

C'est pas flâteur pour elle ce que tu dis là, ricana le pianiste.

Qu'est-ce que tu veux dire pas là, sale mioche ? gronda Shuuichi. Ma soeur est sortie avec des copines mais aussitôt qu'elle sera rentrée je te la montrerai et tu verras ! affirma-t-il. Bon, un peu de sérieux ! Il faut choisir un lycée classe mais pas trop. Le prototype même du lycée banale avec un peu de tous les élèves dedans... Des crétins, des intellos, des musiciens, des matheux, des top modèles, des laidrons, des fashions victimes, des sacs à patate... De tout !

Tu pourrais aller dans le lycée où allait mon frère Yuuji, proposa Hiro.

C'est lequel ? demanda Yoshiki en sortant de nulle part un plan de Tôkyô qu'elle déplia et posa au sol.

Tous s'accroupirent pour pouvoir pleinement voir le large schéma de la capitale. Le guitariste pointa son doigt sur un point précis dans un quartier dans la périphérie de la capitale.

"Lycée Tohôku", lirent-ils à l'unisson la nanoscopique légende qui désignait un établissement scolaire.

Tous redressèrent la tête et se regardèrent dans le blanc des yeux.

C'est pas loin d'ici, ça... remarqua Shuuichi.

Normal, c'est le lycée de quartier. Dois-je te rappeler que mes parents vivent à trois rues d'ici ? répondit Hiro.

Pratique ça. En cas de problème, tu peux toujours revenir ici en urgence... ajouta Yoshiki.

Je suis sûr que tes parents accèpteront de loger K, approuva Suguru.

K ? Comment ça ? Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette affaire, celui-là ? s'exclama le chanteur.

C'est ton manager et il ne va pas laisser sa star sans surveillance...

M'en fous ! Hors de questions que ce malade me suive à la trace ! Je ne me ferais pas repérer de toutes façons. En revanche, lui et sa discrétion légendaire risquent de tout foutre en l'air ! J'en parlerai à Seguchi pour m'arranger avec ça, décida le garçon aux yeux mauves.

Voilà qui est réglé. Tu vas t'inscrire là-bas donc maintenant qu'on sait que c'est un lycée de bof et de ringards comme tu le souhaitais, on va pouvoir travailler ta tenue, s'enthousiasma son assistante personnelle. On va faire du shopping !! KYAH !!

Qui a parlé de shopping ? s'enquit la voix claire et douce de Shindou Maiko.

La jeune fille avait passé la tête par la porte qu'elle venait d'entre-ouvrir, intriguée par toutes ces voix provenant de la chambre de son frère aîné. S'invitant aussitôt, la cadette Shindou se laissa tomber grâcieusement au sol auprès de son frère, sa jolie robe bleue virevoltant autour d'elle. Elle avait les cheveux brun foncé et les yeux couleur indigo. Mais mis à part ça, elle était le portrait craché de Shuuichi. Les traits de son visage étaient fins, son sourire radieux, son regard lumineux, ses joues roses et sa peau légèrement halée. Elle avait de petites mains pourvues de longs doigts fins et bien manucurés, et elle était très légèrement maquillé. Rien qu'en la voyant, le pauvre Suguru se sentait déjà rougir comme un feu rouge.

Remarquant celà, Shuuichi se moqua à son tour :

Fujisaki-kun, je te présente ma petite soeur, Maiko. N'est-elle pas "parfaite" ?

Quelque peu décontenancée par la remarque de son frère, la demoiselle continua cependant de sourire à celui qu'elle avait reconnu comme étant le claviériste de son frangin.

Yoroshiku ! s'exclama-t-elle joyeusement.

Aussitôt, elle se tourna vers Shuuichi, l'attrapa par le col de son tee-shirt et commença à le secouer comme un pommier.

Et toi, frère indigne, tu allais faire du shopping avec tes potes et profiter des soldes sans m'avoir mise au courant !!

Cette soudaine hystérie fit sursauter tout le monde à l'excéption de Hiro qui connaissait la jeune fille aussi bien que son frère et s'attendait assez à cette réaction.

Laaaa...cheuuu... moiiiii... parvint à articuler le malheureux chanteur tandis qu'il pouvait presque sentir son maigre cerveau percuter encore et encore les parrois de son crâne.

Oui, Maiko-chan, si Shuuichi ne t'a rien dit, c'est parce qu'il ne voulait pas que tu le vois acheter des vêtements de fille et que tu découvres qu'il allait se faire passer pour une demoiselle pendant les prochains mois à venir au sein d'un lycée public, expliqua simplement Yoshiki, un large sourire aux lèvres.

Maiko s'arrêta aussitôt de torturer son cher aniki et se tourna vers la blonde, tout comme les trois misiciens d'ailleurs.

Comme tu l'as si bien fait remarquer, Yoshi, je ne voulais pas que ma soeur le sache ! grinça le leader, exaspéré par la stupidité de ses compagnons (m'enfin il était un peu mal placé pour critiquer quand même...).

Oups ! fit la jeune femme en remarquant sa bêtise, mais trop tard.

Tu... QUOI ?! s'exclama Maiko, avec sur le visage une expression de psychopathe.

Mymy... Ca se voit qu'ils frère et soeur ces deux là, constata Suguru qui cependant ne manquait pas de baver devant la sulfureuse mais en même temps chaste beauté de la petite Shindou.

Ano... Maiko-chan, c'est vraiment pas ce que tu crois, tu sais... commença à expliquer Shuuichi devant l'air ahuri et choqué de sa cadette.

Yatta ! Je vais enfin avoir la soeur que j'ai toujours voulu avoir ! s'écria sa soeur.

Euh... Alors là je sais pas si je dois pleurer ou t'envoyer dans un hôpital psy... marmonna le garçon.

Ne te vèxe pas, Shuuchan ! Tu es un grand frère génial ! Le meilleur dont on puisse rêver. Mais j'ai toujours voulu savoir ce que c'était que d'avoir une soeur et de faire du shopping avec elle, ou de lui raconter mes secrets et tout ! Oh, s'il te plait aniki, laisse-moi vous aider !

Oh non ! Tu vas pas t'y mettre aussi ! se lamenta Shuuichi en se rappelant très bien avec quel regard de chien battu Yoshiki l'avait amadoué.

Et c'est précisément le même regard que lui adressa Maiko.

Onegai shimasu, aniki... fit-elle avec une petite moue de chaton perdu, papillotant des yeux comme une biche égarée.

Ne me regarde pas comme ça, s'il te plait... bougonna Shuuichi en essayant de détourner le regard.

Mais peine perdue, sa soeur était au moins aussi déterminée et têtue que lui.

Bon... D'accord... céda-t-il.

SUGOI !! Oh, Shuuchan, anata ga daisuki ! s'exclama sa soeurette en bondissant comme un joyeux cabris.

T'as vraiment aucune volonté, Shindou, dit Suguru avec un air désapprobateur.

Oh ! Urusei ! se défendit le chanteur sous le regard amusé de Hiro et Yoshiki. Bon, et si on allait faire ces maudites courses ?

Génial ! Je déclare la première réunion du Comité de Transormation de Shuuichi en Fille ouverte ! s'enthousiasma la blonde.

Allons chez Star Mall ! proposa Maiko. Y'a plus de 150 boutiques rien que dans leur gallerie commerciale !

Faut pas oublier les casquettes, les gars ! Qu'on se fasse pas repérer par des fans hystériques ! fit remarquer Shuuichi en prenant son manteau.

Oui, manquerait plus que mon cousin nous fasse un sermont sur "On ne doit pas créer d'émeute dans un lieu public trop fréquenté", approuva Fujisaki en imitant la voix d'un vieux pépé radoteur.

Quelle joyeuse bande on fait... songea Hiro, un petit sourire fraternel aux lèvres.

XXX XXX XXX

Oh Kami-sama... fut la première pensée qui surgit dans l'esprit de Shuuichi lorsqu'il observa le résultat de son essayage dans le miroir de la cabine où il s'était enfermé avec une douzaine de tenues différentes. Il portait une petite jupette en jeans, des bottes en cuir lui arrivant jusqu'à mi-mollet, des collants noirs et un épais pull engorra blanc crème à col-roulé. Et le pire c'était bien qu'il se trouvait terriblement sexy habillé comme ça. C'était fou ce qu'une simple mini jupe pouvait le changer. Il ressemblait vraiment à une fille habillé ainsi, même sans maquillage.

Alors ? Ca donne quoi ? s'enquit Maiko, de l'autre côté de la porte.

Bah euh... Ca donne bien... Enfin je suppose, répondit son frère.

La cadette Shindou ouvrit la porte et Hiro, Suguru et Yoshiki admirèrent avec elle la métamorphose de leur chanteur.

Et voilà comment un crapaud devient princesse, ricana le guitariste.

C'est ça, moque-toi Hiroshi... fit Maiko. Pour la peine je vais te faire essayer des bas résilles et un porte-jartelles.

Hummm... Sans façons.

En tous cas ça donne vachement bien, décida Yoshiki. Maintenant qu'on a fait le tour des fringues, va falloir essayer la lingerie.

Gné ? firent tous les garçons.

Bah oui, aniki. C'est pas parce que tu es un mec que tu dois porter des sous-vêtements de mecs. De quoi tu auras l'air si une copine à toi entre dans ta chambre et qu'elle tombe sur des caleçons... Elle pensera que tu es une coureuse qui ramène des mecs en cachette pour coucher, affirma Maiko.

Je ne suis pas ce genre de fille, enfin ! s'indigna Shuuichi.

A vrai dire, t'es même pas une fille, lui rappela Suguru, tandis que Hiro se retenait de toutes ses forces pour ne pas exploser de rire.

Le chanteur rougit avant de gronder de sa voix la plus masculine :

Ok pour la lingerie. Mais comment on fera pour les faux seins ?

J'ai déjà ma petite idée, répondit Yoshiki, avec un large sourire. De même qu'il faudra dissimuler tant bien que mal ton... Enfin ton "machin", quoi... ajouta-t-elle en désigna d'un signe de la tête la virilité de Shuuichi. Avant ma chirurgie, j'ai eu recours à certains tour de passe-passe pour cacher ça. Et ça a toujours très bien marché.

Quoi ? Tu vas pas le faire disparaître comme David Copperfield l'a fait avec la Tour Eiffel ! s'affola Shuuichi.

Oh non, je ne suis pas assez bonne prestidigitatrice pour ça. Je vais juste te le couper ! fit Yoshiki avec un large sourire.

Ok, j'abandonne.

Mais non, baka ! On va juste le dissimuler aux yeux des autres mais elle sera toujours là ! se moqua la blonde.

Ce que tu peux être crédule, aniki, se lamenta Maiko, navrée.

XXX XXX XXX

Les jours qui avaient suivi, Shuuichi avait du partager son temps entre le bureau de son patron et la maison maternelle. Il avait été dure de convaincre Seguchi de le laisser aller au lycée public, et presque autant de lui faire promettre de tenir K en laisse. Mais bizarrement, il semble que l'argument qui soit pervenu à convaincre le pianiste de Nittle Grasper de donner son accord fut lorsqu'il lui avait dit dans quel lycée il avait choisi d'aller. Le producteur avait presque aussitôt accépté avec un large sourire aux lèvres ; le genre de sourire dont se méfiait toujours Shuuichi mais pour une fois, trop heureux d'avoir obtenu ce qu'il voulait, il avait fait fis de ce mauvais pressentiment. Il avait même volontiers accépté l'offre de Seguchi d'arranger son inscription et de s'assurer qu'il serait dans une classe pas trop horrible (Patpat : Devinez laquelle ).

Enfin, dans sa chambre, Shuuichi et son commité avait travaillé durement à faire de lui une véritable jeune fille. Ayant une grande faculté d'adaptation et apprenant très vite (sauf les maths et l'histoire, là c'était perdu d'avance), il avait rapidement assimilé ce que lui avaient Maiko et Yoshiki. Notons qu'il n'avait pas eu trop de mal à adoucir sa voix en parlant un octave au-dessus de son timbre normal. Si bien qu'aujourd'hui, Shuuichi était totalement passé inaperçu. S'être fait dragué par des mecs, emmerdé par des pétasse et accueilli à bras ouverts par des personnes aussi sympa que son voisin, Akira, et quelques filles de la classe... A ses yeux, tout ceci était une réussite tota de son plan. Il n'était plus Shindou Shuuichi, star de J-rock ici. Non, il était Shimizu Shuu, lycéenne de la Terminale C au lycée de Tôhoku.

C'est avec cette victoire à l'esprit, un sourire aux lèvres et le visage de ce chieur de Yuki Eiri calqué au fond de ses rétines qu'il s'endormit. Demain serait un jour plein de promesses...

Finalement, au petit matin, avec les premiers rayons de l'aube, Shuu se leva, alla prendre une douche à la salle de bain commune de l'étage, s'habilla et passa par la cafétériat du dortoire pour grignoter un morceau avant de partir en cours, le sac à l'épaule. Lorsqu'elle arriva quelques minutes plus tard dans la classe de la Terminale C (6), Shuu rejoignit son pupitre. Elle fronça les sourcils, déposant son sac à ses pieds, lorsqu'elle découvrit ce que quelqu'un de trop bien attentionné avait inscrit au gros marqueur noir sur sa table : le mot "salope" brillait encore tellement l'encre était encore humide, signe que cela avait été fait à peine quelques instants avant son arrivée.

Exibant un large sourire satisfait, elle se tourna vers la fille installée juste derrière elle, Usami Ayaka, et lui demanda bien haut et bien fort de sorte à attirer l'attention de tous :

Tu peux me prêter ton marqueur, s'il te plait.

Instinctivement, la brune s'éxécuta, ne se rendant pas compte sur le coup qu'elle venait de se dénoncer d'elle même. Shuu lui prit nochalament le stylo-feutre des mains, le débouchonna et ajouta au-dessous de l'insulte qui avait été inscrite "Et fière de l'être", accompagné d'un petit dessin représentant un chibi Shuu souriant et faisant un clin d'oeil, les mains sur les hanches. Admirant un instant son chef-d'oeuvre d'un air satisfait, elle se tourna de nouveau vers sa voisine qui regardait sa table avec étonnement.

Tu avais oublier d'ajouter ça alors je l'ai fait pour toi ! affirma Shuu en lui rendant le marqueur. Je suis vraiment heureuse que tu ais découvert ma véritable nature. On va bien s'entendre, j'en suis sûre. Après tout, toi et moi on est pareil. Deux véritables salopes. Seulement moi, j'assume !

Tout le monde explosa de rire. Pour sûr, personne ne s'attendait à ce que la nouvelle rembarre aussi facilement cette garce de Ayaka. Même Eiri sourit. Il avait eu l'occasion de voir ce qu'avait marqué sa voisine en arrivant à peine deux secondes plus tôt que Shimizu. Certes, il ne l'avait pas vraiment vu écrire l'insulte mais, l'ayant remarquée rangeant son marqueur dans sa trousse, il avait très vite compris. L'année promet d'être vraiment intéressante... se dit-il en jetant un petit regard dans la direction de Shuu qui papotait maintenant joyeusement avec Akira, son charmant sourire illuminant avec grâce son visage.

XXX XXX XXX

Ndla : (1) Sorte de flipper japonais où on peut gagner de l'argent, un peu comme avec une machine à sous. (2) Ce livre est une sorte de prélude au "Seigneur des Anneaux" publié à titre postum par le fils de Tolkien, en homage à l'oeuvre de son père. C'est une lecture un peu complexe mais vraiment très intéressante que je conseille aux fans de SDA s'ils veulent en savoir davantage sur les mythologies de la saga. (3) Les filles japonaises sont d'ordinaire plutôt petites alors 1,65m c'est quand même grand de leur point de vue. (4) Quel jeu de mot pervers, mwahaha ! (5) Désolée mais je ne suis pas vraiment sûre de l'orthographe du nom de cette chère madame. (6) Je tiens à préciser que, contrairement à l'occident, au Japon ce sont les profs qui changent de classe et non pas les élèves. Ainsi il y a une salle par classe.

Notes : Dans ce premier chapitre, j'ai glissé de nombreux clins d'oeil. Par exemple le nom de la prof principale est celui d'une de mes profs de japonais (d'ailleurs la description est celle de ma chère Tsuda-sensei), et pour Kouga Jun je me suis inspirée du nom de la mangaka de "Loveless", Kouga Yun. Quant à Akira, c'est l'un de mes prénoms préférés. Pour ceux qui aime bien Miri, et je sais qu'il y en a, je la ferai apparaitre vers la milieu de la fic mais elle sera de nombreuse fois mentionnée d'ici là. Vous aurez aussi remarqué que j'ai ajouté un membre dans Bad Luck. Dans "Quand tout bascule", j'avais déjà remplacé Suguru par Tatusuha et ici je fais entrer un de mes persos préférés dans le groupe. L'idée du batteur m'est venue très vite car les chansons que j'avais en tête en imaginant Bad Luck super star sur scène, c'était celles des groupes Pierrot, Sid ou Merry... J'espère que ce premier chapitre vous a plu et désolée pour cette horriblement longue note de fin mais j'avais pensé que vous voudriez savoir tout ça. Si ça vous ennuie, dites-le et j'arrête . Laissez-moi plein de reviews pour nourrir mon esprit retort afin que je vous conféctionne un deuxième chapitre parfait. Bisous à tous et merci de m'avoir lu !

Lexique :

Usagi : Lapin.

Shimizu : Eau pure (j'ai longtemps cherché pour un joli nom avec de jolis kanji )

Ohayo gozaimasu : Bonjour (le matin avant 11heures)

Minna : Tout le monde (plus généralement "toute chose").

Watashi : Moi, je.

Yoroshiku (onegai shimasu) : formule de politesse lorsqu'on rencontre quelqu'un pour le première fois, signifiant "J'espère pouvoir compter sur vous" et qui correspond un peu à notre "Enchanté de vous rencontrer".

Aki : Automne (le kanji se lit aussi Shuu).

Shuu : Détresse, crainte, désolation (le kanji présent dans le prénom de Shuuichi et qui se lit aussi Ure).

Senpai : Aîné, plus âgé, supérieur, come par éxemple un élève de Terminal face à un élève de Seconde.

Aniki : Grand frère (familier, voir vulgaire, particuliairement utilisé par les yakuzas).

Sugoi : Fantastique.

Yatta : Génial ! Cool !

Urusei : La ferme en language familier (issu de l'adjectif urusai "bruyant").

Anata ga daisuki : Je t'adore.

Kami-sama : Seigneur Dieu ou un machin dans le genre...

PS: Notez que le "ou" en japonais se prononce "oo".