Voilà, ils étaient arrivés devant la porte de la maison Potter. Hermione tenait contre elle un paquet à l'intérieur duquel, Ron tentait dérisoirement de voir. Elle avait eu comme à chaque fois, à préparer un dessert. Seulement cette fois, il avait mis du temps avant de lui annoncer leur invitation chez leur ami. Il avait espéré qu'elle n'ait pas le temps de le préparer et ainsi, avoir une petite victoire sur cette fierté qu'elle ne cessait de lui mettre sous le nez. Seulement visiblement, rien n'était impossible pour celle qu'il avait décidé d'épouser, deux ans déjà auparavant.

Enfin, ils virent de la lumière passer au travers de la porte devant laquelle ils attendaient. Harry ne mit pas longtemps à leur ouvrir et les accueillit, comme à son habitude, en oubliant que cela ne faisait qu'une toute petite semaine que le couple leur avait rendu visite.

Comme à chaque fois depuis quelques mois, Ron suivit Harry dans la cuisine et Hermione se dirigea dans le petit salon des Potter. Ginny se trouvait là, assise sur l'un des fauteuils et tenant dans ses bras un bébé d'à peine un an. Hermione embrassa l'enfant sur le front sans pouvoir s'empêcher de penser que quelques jours auparavant, elle s'imaginait déjà dans la situation de sa belle sœur : elle, nourrissant leur fils, lui, lui mijotant un petit plat digne de ce nom dans la cuisine.

- Ca va ? Demanda la jeune maman en reposant son fils sur son transat.

Hermione hocha mécaniquement la tête.

- Je veux dire, mise à part l'énième dispute avec Ron.

La jeune femme ne put s'empêcher de froncer ses sourcils. Comment pouvait-elle déjà être au courant ? Les disputes étaient-elles si récurrentes dans son couple pour qu'on en devine la présence toutes les semaines ? Comme pour répondre à sa question muette, Ginny reprit :

- Harry m'a parlé d'un fameux dossier. De fil en aiguille et comme tu connais ma capacités à deviner les choses et sa non capacité à les garder… Qu'est-ce qu'il s'est passé cette fois ?

C'est au moment de lui avouer cette histoire de poudre que Hermione réalisa finalement, que cette histoire était loin d'être la plus grande des catastrophes. Comment avait-elle pu prendre de telle proportion. Etait-ce la pression de se savoir, ou pas, enceinte ? Mais pourquoi dans ce cas ? Ils étaient mariés depuis bientôt deux ans. Aux dernières nouvelles, ils s'aimaient toujours. L'enfant n'était que le second passage de leur vie de couple. Et puis, quand elle voyait James gazouiller, comment pouvait-elle ne pas souhaiter avoir un bébé avec celui qu'elle aimait ?

- Ron…

C'est fou comme la prononciation de son prénom lui semblait soudainement difficile. Elle inspira un court instant et reprit le plus calmement possible :

- Il a trouvé judicieux de mettre de la farine à la place de la poudre de roses.

- Poudre de roses ?! Tu… es…

- Non. Non, je ne le suis pas. Mais je croyais l'être. Est-ce que tu savais qu'en remplaçant cette fichue poudre par de la farine, tu rendais le test forcément positif ?

- Excuse-moi de te dire ça mais… jusque maintenant, je n'ai jamais eu l'idée d'essayer ça. Et puis vois-tu… mes tests ont toujours été positifs. Pour de bonnes raisons…

- Tes tests ?!

Le regard de Hermione se posa sur le ventre de la jeune femme. Devait-elle comprendre que James allait déjà devenir l'aîné de la famille Potter ?

- Tu as bien compris, Hermione. Enfin, n'en parle pas encore… je préfère attendre quelques semaines encore, avant de le crier sur les toits. Et en ce qui concerne mon frère… Je pense que tu as raison de lui en faire baver. Quand arrêtera-t-il de se comporter aussi puérilement ?

Hermione hocha vaguement la tête en s'imaginant la tête qu'aurait fait Ron s'il l'avait entendu dire ça. Mais, de toutes façons, la question ne se posait pas. Elle n'avait pas l'intention de tout arrêter là. Il devait comprendre…

A quelques pas de là seulement, les deux garçons discutaient sans le savoir du même sujet.

- De la salade de fruits en conserve. Et bien, se moqua Harry. Ta femme était inspirée pour le dessert !

- Disons juste qu'elle n'a pas vraiment eut le temps de se creuser la tête.

- Son boulot…

- Pour une fois non. D'ailleurs maintenant, que tu en parles, ça m'étonne de la voir rentrer aussi tôt le soir. Tu crois que…

- Ne rêves pas Ron. Elle tient trop à cet emploi et tu le sais. Attends… me dit pas que… C'est pour ça que vous vous faîtes la tête !

- Non. Pas cette fois. J'ai bien compris que si je voulais un semblant de calme à la maison, je ne devais surtout pas remettre le sujet sur le tapis.

Pourquoi n'avait-il pas décidé de choisir pour leur couple avant cette semaine ? Quand il y repensait bien, ça aurait pu lui être utile bien avant. Quoique… Si c'était ça qui la rendait heureuse, il ne pouvait tout de même pas le lui retirer.

- Non, c'est juste qu'elle a du mal à digérer cette histoire de poudre de roses.

- Je t'avais prévenu Ron… forcément, tu allais finir par te faire pincer.

- Ca je le savais. Mais je ne pensais pas que ça la mettrait dans un état pareil. Sans blagues, ça n'est que de la poudre ! Si c'est vraiment ça le problème, j'aurais pu aller lui en racheter !

- Bah justement vieux, c'est ce qu'elle t'avait demandé de faire…

- Sauf que c'était un dimanche et que pour trouver un magasin vendant de la poudre de roses un dimanche, il faut s'accrocher !

Harry ne put s'empêcher de sourire alors qu'il tendait quatre assiettes et les couverts à son ami. Il y avait visiblement des choses qui ne changeraient pas. Pourtant, il se permit de lui conseiller :

- Je suis d'accord avec toi. C'est un truc qui devrait être stipulé dans le contrat de mariage. Genre : « Les futurs mariés promettent de répondre aux exigences de leurs épouses. Notamment le je-veux-tout-tout-de-suite-et-maintenant ». Mais en attendant, si tu veux mon avis. Tu ne devrais pas laisser s'envenimer la situation. T'as fais une connerie, tu le sais. Alors montre lui au moins ça.