Tout ce qui est en mon pouvoir
Traduction de la fiction de testingt disponible sur occlumency. sycophanthex. com/viewstory.php?sid5766
L'histoire et à testingt, les personnages et l'univers à Mrs Rowling.
Un souffle et un portrait
— Et si elle tombe sous sa coupe, reprit Dumbledore, presque en aparté, semblait-il, j'ai votre parole que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour protéger les élèves de Poudlard ?
Rogue acquiesça en hochant la tête avec raideur.
Voici l'endroit
Que tu préfèrerais ne pas connaître
Voici l'endroit qui va t'habiter
Voici l'endroit que tu ne peux imaginer
Voici l'endroit qui finira par te vaincre
Où le mot pourquoi se flétrit et se vide
Lui-même. Voici la famine.
« Notes pour un poème qui ne pourra jamais être écrit », Margaret Atwood.
La tour était protégée contre les balais mais ouverte au vol naturel. Ainsi, un phénix, un hibou ou un sorcier capable de voler pouvait entrer dans le bureau sans passer devant la gargouille. Rogue corrigerait peut-être ce manque de sécurité quand le bureau deviendrait le sien. Mais un sorcier en cavale ne pouvait passer que dans l'obscurité la plus profonde. Trois heures encore avant l'aube. Ils avaient établi le plan d'action immédiat de Rogue et l'histoire qu'il livrerait au Seigneur des Ténèbres. Il avait encore le temps de recevoir quelques instructions sur cette « autre question » avant de devoir partir.
— Monsieur le Directeur.
Dumbledore était tombé dans une rêverie silencieuse mais les yeux peints se focalisèrent à nouveau sur lui en entendant son titre.
— En parlant des… Carrow, j'aimerais passer en revue avec vous certaines des mesures que j'envisage pour la protection des autres élèves.
Une pause, brisée seulement par le bourdonnement de quelque jouet en argent. Puis le portrait murmura :
— Vous pensez que le Ministère tombera bientôt, alors ? Et que votre position sera assurée ?
— Oui. D'après notre estimation, d'ici quinze jours, peut-être. Certainement bien avant le début de l'année scolaire. Et après cet heureux événement, bien sûr, nous commencerons à accuser Potter pour le… l'événement qui s'est produit sur la Tour, afin de le pourchasser officiellement. Moi, une fois ainsi exonéré, je pourrai être placé ici sans aucun subterfuge. Le Seigneur des Ténèbres est, hum, capricieux dans les récompenses qu'il accorde, mais de fait, je suis son choix logique. Pour plusieurs raisons dont celle-ci : forcer votre équipe à accepter ma présence sera la démonstration la plus cruelle du pouvoir du Seigneur des Ténèbres. Comme vous l'aviez prévu, sans aucun doute.
Dumbledore inclina la tête, l'invitant à continuer. Sur les murs qui les entouraient, les autres portraits avaient cessé de faire semblant de dormir, ce qui leur avait donné une apparence de confidentialité. Des yeux peints les entouraient. Rogue prit sa respiration pour s'adresser à son auditoire élargi.
— Je crois que le Seigneur des Ténèbres espère pouvoir faire pression pour qu'au bout du compte, la plupart des élèves deviennent ses partisans. Il a plutôt bien réussi, après tout, à attirer des élèves par le passé sans l'avantage que lui donne un directeur à sa botte. À cause de cet espoir, il y a peu de chances qu'il se laisse aller à apprécier une boucherie de masse à Poudlard. Je mets à part, bien sûr, les élèves d'ascendance moldue, qui seront à mon avis exclus, ou pire. Je ne vois aucun moyen pour le moment de les préserver. Je doute qu'on les mette à ma portée.
— Un problème que nous devons envisager, acquiesça Dumbledore. Et ceux qui seront à votre portée ?
— Je n'ai pas encore reçu mes instructions, mais je m'attends à devoir interdire aux Carrow le meurtre direct. Au moins dans un premier temps, le Seigneur des Ténèbres aura l'espoir de pouvoir persuader. S'il décide que dans certains cas, il y a trop d'insensibilité – ou bien pour faire monter la pression sur les autres –, il fera naturellement baisser cette exigence.
Une pause pour reprendre son souffle.
— Dumbledore, avez-vous la moindre idée du temps que nous devrons tenir ?
Une supplication désespérée dans une voix sans expression. Le vieillard mort espérait-il vraiment gagner cette guerre avec une telle médiocrité ? Les portraits qui l'entouraient bruissèrent, désirant une réponse presqu'autant que lui.
— Je ne peux qu'espérer, Severus, et il est possible que mes espoirs soient mal placés. Harry sait ce qu'il a à faire, en partie. Combien de temps lui faudra-t-il ? … Je ne peux en être certain. Sûrement plus qu'un semestre. Avec de la chance et de l'aide – et l'aide qu'il aura à sa disposition sera plus limitée que ce que j'aurais aimé –, dans l'année qui vient.
Ils étaient en train de discuter de la sentence de mort d'un gamin. Rogue parla sèchement :
— Peut-être devrions-nous rechercher les moyens de lui faire passer en douce du Felix Felicis. À moins que cela n'offense la sensibilité Gryffondor, puisque son usage est interdit dans les – ah – événements sportifs ?
— Gryffondor accepterait volontiers d'être offensé. Ça pourrait même être possible : nous avons besoin d'établir une meilleure liaison entre l'Ordre et vous. Quoique… une information anonyme peut être vérifiée. Et votre Patronus est connu, on lui fait confiance, bien que ce ne soit pas le cas de celui qui le lance. Quelle chance que tout le monde sache qu'un véritable Mangemort ne peut en lancer un !
Le portrait de Dumbledore eut l'audace de sourire à Rogue en disant cela.
— Mais une potion d'origine inconnue – je ne peux imaginer qu'Alastor prenne le risque, quels que soient les tests effectués. Personne dans l'Ordre n'a les compétences nécessaires pour s'assurer de sa pureté. Si nous pouvions leur faire parvenir par Horace, ou leur faire croire que ça vient de lui, et la faire passer au Terrier avant le déclenchement de la crise…
Rogue l'interrompit d'une voix sinistre.
— Je n'en ai pas sous la main, et il ne reste pas assez de temps pour en préparer. Quel dommage que je n'y ai pas pensé plus tôt ! Vous pourriez voir si Horace est plus chanceux sur le sujet. Inutile de m'impliquer.
— Revenons au retour des élèves à Poudlard…
Rogue parla froidement.
— Les considérations qui rendent le meurtre improbable ne s'appliqueront pas à la torture. Les Carrow ont été choisis en partie parce qu'ils suivent immédiatement cette chère Bellatrix dans l'aptitude à lancer le Doloris. On attendra de moi que je leur donne toutes occasions de s'y livrer, pour briser quelques élèves directement et amener les autres à se montrer conciliants, par peur. Voilà le premier danger dans l'immédiat, me semble-t-il.
« J'ai donc l'intention de garder la discipline dans mes mains autant que possible. C'est le privilège du directeur d'accomplir moi-même les – ah – tâches les plus agréables. Les punitions n'ont pas à être systématiquement physiques, bien sûr ; mais quand il en faudra, j'ai développé un sortilège informulé qui imite les effets extérieurs du Doloris. Le sujet se contorsionne, crie et perd conscience, avec toutes les apparences de la douleur et aucun souvenir ensuite qu'il y en ait eu, en réalité, la moindre. »
Le portrait de Dumbledore éclata de rire.
— Quelle approche extrêmement… euh… Serpentard du problème, Severus !
Le compliment fit sourire légèrement le portrait de Phineas. Mais pas Severus. Dumbledore prit un air songeur.
— Mais peut-être, Severus…
Les sourcils peints d'argent se froncèrent pendant qu'il réfléchissait. Après un moment, ses yeux peints dansant, le portrait dit :
— Je suppose que l'effet réel de votre sortilège est complètement neutre ?
— Le sujet peut se blesser en tombant.
— Pourrais-je prendre la liberté de vous suggérer une modeste modification ? Peut-être pourriez-vous introduire un sort Fortitudo ou un équivalent ? Je l'avoue, j'aime assez l'image d'un élève mis à terre par ce qui semble être un Doloris et se redressant pour cracher une provocation.
— Un Gryffondor, sans nul doute, pour être aussi stupide, dit Rogue en reniflant. Vous comprenez que je devrai enlever des points ?
Il croisa les bras, examinant le problème.
— Oui, ce devrait être assez facile – et indétectable, si je procède avec subtilité.
Dumbledore eut un sourire séraphique.
— Je pense que nous pouvons compter sur vous pour la subtilité.
— Dumbledore, les Carrow n'utiliseront pas ma version améliorée du Doloris. Pourquoi Poudlard n'a-t-il jamais été protégé contre les Sortilèges Impardonnables, comme il l'est contre le transplanage ? Je ne peux pas croire que c'était impossible ! Mais si je le fais maintenant, je trahis le faux-semblant. Le Seigneur des Ténèbres sait que les trois sortilèges ont fonctionné ici – Croupton les a utilisés – ah. À moins que nous puissions le faire passer pour une protection posthume de votre part ?
Le défunt directeur secoua la tête.
— Vous avez raison de penser que c'est possible. Pour le directeur, avec la coopération de l'école ; vous verrez s'il est nécessaire de renouveler la protection anti-transplanage. Mais pour en créer de nouvelles, il faudrait ajouter la force de plusieurs sorciers à celle du directeur. Je crois que la dernière révision d'importance…
Il s'interrompit, jetant un regard inquisiteur au portrait d'une sorcière à l'air hautain. Ses cheveux de bronze et ses yeux bleus glaciaux étaient assortis à sa robe : Rogue avait toujours été amusé par le fait que les nuances n'étaient pas les teintes de Serdaigle mais les couleurs naturelles de Selwyn – une affirmation aussi subtile de l'insistance de Serdaigle sur l'individualité que l'on pouvait espérer en voir. Tous les autres qui choisissaient les couleurs de leur Maison portaient les nuances de leur bannière, même cette malheureuse Derwent, dans son attirail de bourdon.
Selwyn répondit à la question sous-entendue.
— Quand j'ai mis au point les protections actuelles, j'ai utilisé quatre autres sorciers pour l'installation initiale, mais c'était pour m'accorder une large marge de sécurité et un juste équilibre entre les Maisons. Trois auraient amplement suffi ; deux auraient pu convenir ; mais un seul, ah, c'eût été dangereux pour nous deux. Le principal souci du moment, j'imagine, est de savoir combien de sorciers peuvent cacher leur implication à Vous-savez-qui à la fois sous la torture et la Légilimencie ?
— Il y en a exactement un seul d'encore vivant sur qui je peux compter, soupira Dumbledore. J'aurais dû, peut-être, prendre ce problème en considération il y a longtemps. Mais en tout cas, il ne serait pas raisonnable de le faire à présent. Réfléchissons. Si les Carrow ne peuvent pas utiliser le Doloris sur le territoire de Poudlard, cela ne les empêchera pas de se livrer à la torture. Ils utiliseront d'autres méthodes, contre lesquelles il n'y a pas de telles défenses, ou ils traîneront les élèves hors des limites de l'école, loin de votre protection.
Rogue plissa les yeux.
— Serait-il alors possible d'atténuer les effets des sortilèges ? de les étouffer ? De même qu'un bouclier lancé par un mauvais sorcier ne lui fournira pas une protection totale mais réduira la sévérité du coup ? Il n'y a pas de bouclier possible contre l'Avada Kedavra – mais l'Imperium comme le Doloris peuvent être contrés ou bloqués, en partie ou complètement. Une protection partielle, donc, contre ces deux-là…
Rogue passa un long doigt sur sa lèvre, plongé dans ses pensées.
— Nous voulons que les Carrow continuent à les utiliser, continuent à les croire efficaces.
Il fronça les sourcils, le regard distant.
— Si je dressais des protections dans les murs des salles de classe où ils vont donner cours… deux pièces seulement, ce doit être faisable.
Rogue hocha la tête avec décision et son regard retourna se fixer sur le portrait de Dumbledore.
— Une protection minable, mais c'est mieux que rien.
— Et si les Carrow s'aperçoivent que leurs élèves montrent plus de résistance en classe qu'en dehors ? fit aussitôt remarquer Dumbledore.
Rogue leva la tête pour le regarder du haut de son large nez d'un air intimidant.
— La discipline dans les couloirs s'applique aux enseignants aussi bien qu'aux élèves. Davantage, en fait. On ne saurait discipliner les autres si l'on ne peut se discipliner soi-même. Les mesures disciplinaires devraient toujours être exécutées en classe ou pendant les retenues. Vous, Dumbledore, si je peux ainsi parler, vous montriez du laxisme en accordant aux professeurs une trop grande marge de manœuvre sur ces sujets. Je suis à-peu-près sûr que Potter et ses amis diraient que vous me laissiez les punir avec trop de souplesse. Je ne répèterai pas votre erreur.
« Je vous l'ai déjà dit, je demanderai la supervision et le contrôle sur toute la discipline – au nom du Seigneur des Ténèbres, bien sûr. Donc, quatre pièces à protéger, deux salles de classe, deux bureaux ; c'est encore possible.
« Il y a très peu de risques que les Carrow détectent directement les protections ; ils n'ont ni l'intelligence pour en concevoir l'idée, ni les compétences magiques pour les détecter, ni les pouvoirs d'observation pour déduire qu'elles existent. Il y a peu de risques que le Seigneurs des Ténèbres fasse une inspection aussi détaillée à moins que ses soupçons ne soient éveillés. »
Rogue releva le menton.
— Si jamais ses soupçons sont éveillés, les bureaux et les salles de classe sont les pièces standard pour ces postes. Il trouverait une protection posthume, manifestement en train de s'effacer. Albus Dumbledore était connu, après tout, pour sa subtilité et sa prévoyance. Sûrement, il aurait anticipé la chute de Poudlard dans les mains du Seigneur des Ténèbres et mis en place quelque protection pour ses élèves.
Je serais puni, bien sûr, pour avoir échoué à les détecter, mais il y a peu de risques qu'il me tue. À moins qu'il ne perde le contrôle de lui-même.
Une petite pensée privée d'un infime moment.
Le portrait de Dumbledore donna un regard plein à un Rogue bien vivant.
— Sûrement, j'aurais mis en place quelque protection pour mes élèves… je l'ai fait. Je vous ai installé. Un bon début, un excellent début, Severus.
Plusieurs portraits hochaient la tête pour approuver ce jugement. Phineas avait croisé les bras et pris une expression satisfaite, mais la modifia pour plisser les lèvres d'un air suspicieux quand Dumbledore continua.
— Cependant, je ne suis pas d'accord avec votre analyse selon laquelle la torture serait le premier danger dans l'immédiat.
Rogue leva les sourcils et attendit la correction du défunt. La voix de Dumbledore procéda doucement.
— Vous avez clairement considérablement pensé à la protection physique des élèves. Mais qu'en est-il de leurs âmes, Severus ? Bien plus que du fait qu'il devront subir le Doloris, je me soucie du fait qu'on leur demandera certainement de le lancer.
La voix du défunt était de plus en plus douce, à mesure qu'il capturait le regard noir de Rogue.
— Parmi les enfants qui sont à votre charge, combien seriez-vous content de voir répéter votre propre… terrible erreur ?
Rogue devint tout blanc.
Aucun.
Rogue ne le dit pas. Ce n'était pas nécessaire. Il se raidit contre le regard de Dumbledore, contre les yeux peints qui le transperçaient de toutes parts.
— Voilà pourquoi…
La voix de Dumbledore frappa durement pour ces deux mots, puis s'arrêta. Elle s'adoucit, continua gentiment.
— En dehors du problème des problèmes d'accès au poste, voilà pourquoi il faut que ce soit vous qui protégiez des ces enfants, et non Minerva, même s'il y avait un moyen d'arranger sa nomination. Severus je ne vous ai pas demandé votre parole comme le moindre mal ! Vous savez, mieux que quiconque, comment Voldemort va essayer de séduire et de forcer ces enfants. Vous savez combien il est habile à faire appel aux points faibles. À la colère. À la peur. Et même aux points forts – au courage, à la curiosité, à la liberté d'imaginer d'un enfant… Vous savez, Severus, sur quel chemin il essaye de les entraîner… Et vous savez, jusqu'au plus profond de vous, où ce chemin aboutit.
Dans un éclair de lumière verte. Détruisant la seule chose qui avait de la valeur pour lui.
Rogue se recroquevilla en avant dans sa chaise, ses cheveux plats dissimulant son visage. Dumbledore continua inexorablement.
— Severus, je vous ai fait défaut quand vous étiez mon élève. Je vous ai vu vous engager sur ce chemin et je n'ai pas pu penser à un moyen de vous arrêter. Je compte sur vous pour ne pas faire défaut à ces enfants maintenant.
Rogue acquiesça en hochant la tête avec raideur.
NdT : j'espère que ce premier chapitre vous a plu ! La suite est encore meilleure, avec un Rogue très conforme à lui-même et un plan absolument génial pour avoir l'air d'être le suppôt des Ténèbres tout en travaillant activement à mettre les élèves du côté de la Lumière... Ça vous dit ?