Disclaimer: Les personnages sont la propriété exclusive de CLAMP.

Certains personnages sont issus de deux autres mangas des CLAMP, Tsubasa reservoir Chronicles et XXXHolic. J'essaie de respecter au maximum les caractères et relations des personnages, mais le début de cette histoire à été écrit il y a bientôt deux ans, alors pour certains, ce n'est plus valable. Les quinze premiers chapitre sont écrits, mais je tiens à les reprendre entièrement avant de les publier, les mises à jours seront donc plus ou moins régulières, mais j'irai au bout de cette histoire, étant donné que la fin est déjà au brouillon.

Sur ce, bonne lecture...

Une nuit d'attente.


Un souffle d'air paisible balayait paresseusement la vallée de Tomoéda, apportant une fraîcheur bienfaitrice dans cette chaude soirée d'été. Appuyée contre le shôji, une jeune femme laissait errer son regard vert sur cet endroit qu'elle aimait tant.

Elle ne réalisait toujours pas le changement de vie que lui apporterait le lendemain, un jour pourtant attendu de longue date par tous dans le domaine des Kinomoto. Elle regardait toutes ces choses aimées comme si c'était la dernière fois qu'elle pourrait les contempler. Elle voulait fixer chaque détail de ce paysage, de sa chambre, de sa demeure, à tout jamais dans son souvenir.

Une chose cependant échappait à sa contemplation. En fait, Sakura évitait inconsciemment de laisser son regard s'attarder sur le somptueux kimono de soie blanche qui trônait à une extrémité de la pièce, soigneusement disposé sur son support en bois. Toute la parure était prête. Naoko avait passé la nuit dernière à la terminer, pour que tout soit parfait pour la cérémonie.

La cérémonie de son mariage. Demain, elle revêtirait sa parure de mariée pour quitter le domaine de son père, et ne pas y revenir avant longtemps. Ce qui était sûr, c'est qu'elle ne serait plus jamais la même en y revenant.

Bien sûr, une vie certainement toute aussi paisible et heureuse l'attendait certainement aux côtés de son fiancé, mais c'était tout de même une partie d'elle même qu'elle allait quitter.

Bientôt, plus personne ne l'appellerais Sakura Hime, comme tous désignaient la fille du seigneur Fujitaka Kinomoto. Elle allait devenir Sakura Tsukishiro, l'épouse respectée du seigneur Yukito, qui se retrouvait depuis la mort de son grand-père, l'an dernier, à la tête d'un des domaines les plus riches et prospères de la région.

Laissant échapper un soupir de bien-être, elle fini par quitter son poste d'observation, lissant de ses mains son yukata en se relevant. Elle jeta par réflexe un coup d'œil dans le miroir et replaça quelques mèches de cheveux miels dans son chignon, avant de quitter sa chambre, refermant le shôji derrière elle. Seize ans… Les faisait-elle seulement?

Son sourire lui paraissait encore si enfantin, lorsqu'elle évoquait son reflet dans son esprit. Elle n'avait certes pas encore la grâce et la féminité qui émanait des nombreuses estampes de sa mère qui peuplaient la demeure de son doux sourire. Comme elle aurait aimé pouvoir l'avoir auprès d'elle à ce moment, cette mère dont elle ne connaissait que les portraits…

- Sakura Hime…

- Naoko?

La jeune dame de compagnie s'inclina avec respect devant sa maîtresse.

- Toya Sama vous fait demander, Hime, dans la cour.

- Mon frère est enfin arrivé! Merci Naoko, veux tu m'accompagner?

- Avec plaisir, Hime Sama.

- Voyons, ne soit pas si cérémonieuse, Naoko Chan, nous sommes toujours amies, non?

- C'est que…

- Pas de mais, mariée ou non, je serais toujours Sakura, non?

- Oui, c'est bien vrai, Sakura Chan.

- Allons-y, ou mon cher frère va encore trouver à redire sur ma conduite indigne d'une dame…

- Vous savez bien qu'il ne fait que plaisanter, Sakura Chan, Toya Sama est si protecteur, avec vous.

- Bien sûr, c'est aussi pour ça que j'épouse son meilleur ami, n'importe quel autre prétendant n'aurait pas survécu cinq minutes après avoir fait sa demande, acheva la jeune fille en riant avec espièglerie.

Naoko l'accompagna de bon cœur, en repensant aux innombrables scènes de jalousie fraternelle qu'elle avait eu l'occasion de voir, au vu de la grande beauté de sa jeune maîtresse.

Certes, elle n'avait pas la grâce et la distinction incomparable dont faisaient preuve certaines nobles dames de la cour, mais sa fraîcheur et son innocence faisaient plaisir à voir, et son charme agissait souvent irrésistiblement sur tous ceux qui croisaient sa route.

- Naoko, dis-moi, tu as fait un voyage à Edo, toi aussi, récemment, non?

- Oui, Sakura Chan, répondit la servante avec perplexité.

- Comment est la ville? C'est grand? Il y a beaucoup de monde?

- Ne vous inquiétez pas, Hime Sama, répliqua Naoko avec un sourire bienveillant, nous aurons tout le temps d'en parler demain, sur le chemin, ça nous occupera durant les longues heures du trajet.

- Tu as raison. Au fait, voilà Toya, n'est-ce pas?

- Oui, c'est bien lui.

Les retrouvailles avec Toya firent le plus grand bien à Sakura. Malgré ses taquineries incessantes, il serait certainement une des personnes qui lui manquerait le plus au domaine. Mais il aurait sûrement l'occasion de la visiter souvent, étant très proche du seigneur Tsukishiro.

Le repas du soir, pris avec leur père, débuta dans un calme inhabituel, et le seigneur Fujitaka eut plusieurs fois un regard inquiet pour sa fille, qui semblait perdue dans ses pensées bien plus que de coutume.

En s'apercevant de cela, Sakura fit un effort pour montrer son enthousiasme et sa joie de vivre habituelle à ses proches, mais le cœur n'y était pas. Elle aimait pourtant Yukito depuis si longtemps… Son premier et unique amour, elle aurait dû bondir de joie à l'idée d'être sienne dans si peu de temps, mais quelque chose la troublait.

- Tu me semble bien songeuse, Sakura Chan, y a-t-il quelque chose qui ne va pas?

- Sûrement l'idée de ne plus rentrer dans son kimono demain, Père, émit Toya avec un sourire en coin.

- Ça n'as rien à voir, nii-san, gronda Sakura. Tout va bien Père, juste un peu de fatigue, avec tous ces préparatifs.

- Tu es sûre?

- Oui, tout va bien. Je vais aller me reposer, j'ai une longue journée qui m'attend demain.

- Très bien, bonne nuit, Sakura Chan.

- Bonne nuit, Kaiju…

- Bonne nuit, nii-san, répondit Sakura en marchant ostensiblement sur le pied de son grand frère, qui étouffa une grimace de douleur.

Naoko apprêta avec tendresse sa maîtresse pour le coucher. Chacun de ses gestes étaient une sorte de tradition entre elles, chaque coup de peigne dans les cheveux soyeux, chaque pli du kimono lissé, chaque phrase anodine échangée.

La jeune fille laissa Sakura seule après lui avoir souhaité une bonne nuit, et s'en alla elle-même terminer ses préparatifs pour le lendemain.

Allongée sur son futon, la future mariée ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle ne cessait de repasser dans son esprit les mêmes pensées fébriles, sans parvenir à retrouver sa tranquillité habituelle.

Après s'être retournée une énième fois pour trouver le repos, Sakura fini par se redresser en soupirant. Elle qui dormait si bien d'habitude…

Mettant sa nervosité sur le compte de la chaleur, elle se résolu à quitter discrètement sa chambre, en passant par le shoji qui donnait sur le jardin. Une promenade l'aiderait sans doute à calmer ses angoisses.

Tout en savourant le contact de l'herbe fraîche contre ses pieds nus, la jeune fille reprit le fil de ses pensées désordonnées. Elle n'angoissait pas vraiment, en réalité. Un sourire effleura son visage, en pensant à l'inévitable critique que lui aurait fait son frère, s'il l'avait surprise dans cette tenue si peu convenable, pour une dame de son rang.

Non. Elle n'avait pas peur du lendemain. Elle était… En attente de quelque chose. Quelque chose qu'elle ne parvenait pas à discerner, mais qui lui manquait insidieusement. Son mariage lui apporterait-il ce qu'elle cherchait?

Le lendemain répondrait sûrement à cette question. Ses pas la menèrent inconsciemment jusqu'à la rivière qui baignait le fond de la vallée.

Pourquoi ne pas profiter de la fraîcheur de l'eau courante? Sakura n'hésita pas plus d'un instant, avant de plonger avec délices ses pieds dans l'eau glacée.

Le clapotis de l'eau se perdait dans les échos persistants des insectes nocturnes. Toute la nature semblait reprendre vie, après la lourde apathie de la chaude journée. Mais quelque chose d'inhabituel s'était mêlée à la symphonie nocturne…

Sakura interrompit ses battements de pieds pour tendre l'oreille, concentrée sur ce bruit étranger.

Un sanglot.

Des pleurs d'enfant, inquiets et désespérés…

Réagissant selon son instinct, la jeune fille se mit debout, et s'assura de la direction du bruit, avant de courir vers la personne qui semblait avoir besoin de son aide. Ecartant sans discrétion les buissons qui entravaient sa route, elle fini par apercevoir enfin l'objet de ses recherches.

Prostrée sur un rocher, en surplomb de la rivière, une petite fille pleurait, couverte de ses longs cheveux noirs de jais.