Descente Aux enfers

Résumé: Une mission tourne mal. Est-ce la fin de SG1 ?
Genre: Drame, Action et Romance S/J…
Spoilers: Fin saison 6…Avant « Pacte avec le diable » (Full Circle)
Disclaimer : Les personnages et l'univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

NB : Merci à Aurélia et Hélios pour leur aide.
J'ai écris cette fic pour faire le lien avec « Immortel ». Comment O'Neill prendrait la soi-disante mort de Carter ? C'est plus noir et violent… Un peu comme Jack, finalement.

Attention, cette fic contient des scènes violentes susceptibles de choquer les plus jeunes… (Déconseillée aux moins de 13 ans)

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- Carter ?! Que faites-vous ? Il faut y aller !

Sam se tourna vers son supérieur, troublée. Elle regarda de nouveau ses appareils et un violent frisson la traversa de part en part. Comme elle ne répondait pas, Jack se fraya un passage parmi les réfugiés qui attendaient patiemment qu'on les emmène loin du vaisseau Hat'ak qui menaçait d'exploser dans quelques minutes. L'autodestruction avait été enclenchée et ils devaient de toute urgence se mettre à l'abri.

Lorsqu'O'Neill parvint à sa hauteur, Sam tourna la tête vers lui et croisa son regard interrogateur. Elle sentit son cœur fondre et son assurance lui revenir. Sa décision était prise.

- Mon Colonel, la déflagration va être plus puissante que prévue.

Jack plissa les yeux :

- Plus puissante comment ?
- … Beaucoup plus puissante.
- Jonas, Teal'c, Jacob ?
- Même là où ils sont, ils ne s'en tireront pas, Monsieur. Mais j'ai la solution.

Exaspéré, O'Neill soupira :

- Vous ne pouviez pas commencer par là ?!... Que doit-on faire ?
- Il faut aller dans la salle du générateur et changer quelques cristaux.
- Très bien, répondit-il en regardant sa montre. Il nous reste quinze bonnes minutes. On a encore le temps.

Mais Sam secoua aussitôt la tête.

- Je vais y aller seule…
- Hors de question, la coupa-t-il aussitôt d'une voix tranchante.

La jeune femme parvint à sourire devant son empressement.

- Mon Colonel… Vous devez penser aux réfugiés. Il y a des vieillards et des enfants. Il leur faudra bien quinze minutes pour se mettre à l'abri. Seule, je serais plus rapide et j'aurais largement le temps de vous rattraper.

Jack la regarda en silence, sachant parfaitement qu'elle avait raison. Mais la laisser seule… Il détestait ça.

- Très bien, dit-il cependant avant de se tourner vers les réfugiés. Allons-y !

D'un geste de la main, il les incita à partir mais il regarda une nouvelle fois la jeune femme, hésitant. Elle semblait sûre d'elle. Rassuré, il lui sourit :

- Faites vite.

Et sans un mot de plus, il rejoignit le groupe.

Sam le regarda s'éloigner, incapable de bouger. Lorsqu'il fut à plusieurs dizaines de mètres, elle le vit se retourner et s'arrêter, inquiet de la voir immobile. D'où il était, il ne pouvait voir les yeux de la jeune femme se voiler et son sourire mourir peu à peu sur son visage. Consciente que par son comportement, elle risquait de le faire revenir sur ses pas, elle lui fit un dernier geste d'adieu et se détourna. C'était la dernière fois qu'elle le voyait. Elle espérait juste une chose : son pardon pour lui avoir menti.

D'une main tremblante, elle activa les anneaux de transport et se retrouva très vite sur le vaisseau. Les jambes en coton, elle suivit les couloirs menant à la salle du générateur. Modifier ces cristaux allait changer la donne. Au lieu d'un quart d'heure, il ne lui resterait que vingt secondes pour sortir. Autant dire qu'il n'était même pas envisageable qu'elle tente quoique ce soit. La salle des anneaux étant à quatre minutes au moins de celle du générateur, même en courant, elle n'aurait aucune chance. Regardant sa montre, elle erra un moment dans le vaisseau déserté puis finit par arriver devant la pièce des cristaux. Elle s'apprêtait à entrer à l'intérieur, lorsqu'un souffle sur son visage la fit brusquement se retourner.

Un courant d'air dans ce vaisseau ? Etrange...

S'apprêtant à faire demi-tour, elle jeta un œil distrait à quelques mètres d'elle et fut surprise par la taille d'une des portes. Le cœur cognant plus vite dans sa poitrine, elle s'avança et l'ouvrit.

- Mon Dieu… murmura-t-elle reprenant espoir.

Devant elle se déployait la salle d'embarquement et une dizaine de planeurs de la mort que les Jaffas n'avaient eu l'opportunité d'emmener avec eux. Sam, fébrile, s'avança vers l'un d'entre eux et l'ouvrit. Tous les membres des équipes SG avaient été formés à piloter ce genre de vaisseau. Bien sûr, cela n'avait été que théorique mais les X302 leur ressemblaient suffisamment pour qu'un Major de l'Air Force puisse s'en sortir aisément. Ce qui était moins aisé, en revanche, c'était de rejoindre la salle, monter dans le planeur, sortir et s'éloigner suffisamment pour éviter la déflagration, le tout en moins de 20 secondes. Réfléchissant à toute allure, elle ouvrit le sas sans plus attendre, ainsi elle n'aurait plus qu'à sauter dans le vaisseau et fuir les lieux aussi rapidement que possible… Mais même ainsi, il lui manquerait encore quelques précieuses secondes pour se mettre à l'abri… Elle réfléchit encore un instant, les yeux fixés sur le planeur et se redressa soudain, l'espoir au ventre.

Elle avait trouvé ! En utilisant l'hyper-propulsion, elle pourrait s'éloigner suffisamment vite et éviter ainsi les dégâts de la déflagration. Bien sûr, elle n'aurait aucun moyen d'entrer des coordonnées stables ni définies mais le plus urgent était de partir le plus loin possible. Satisfaite de ce plan, elle déposa son sac à dos à l'intérieur du planeur et regarda sa montre. Il ne lui restait que peu de temps et maintenant, le Colonel et les réfugiés devaient être à l'abri.

Le ventre noué, elle sortit de la salle d'embarquement et rejoignit celle du générateur, juste en face. C'était quitte ou double.

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Jack jetait des regards nerveux dans son dos. Toujours aucune trace de Carter. Il fit les derniers mètres qui les séparaient, lui et les réfugiés, du camp improvisé et rejoignit Jacob qui attendait leur retour avec anxiété. Teal'c et Jonas s'approchèrent aussitôt pour l'accueillir. A peine arrivés à leur niveau, le Général Carter l'apostropha :

- Où est Sam ?

O'Neill se retourna pour la énième fois, espérant enfin l'apercevoir, en vain, aussi reporta-t-il son attention sur Jacob.

- Elle a juste fait un petit détour par la salle du générateur pour remplacer deux ou trois cristaux. Mais elle ne devrait plus tarder, maintenant…

Perplexe, il regarda Selmak prendre soudain le dessus.

- Comment ça, remplacer des cristaux ? demanda celui-ci de sa voix caverneuse.

Jack fronça les sourcils, de plus en plus inquiet.

- Elle m'a dit que si elle ne les changeait pas, l'explosion serait beaucoup trop puissante.

La panique se lut tout à coup sur le visage du Tok'ra et O'Neill sentit aussitôt une terreur sans nom lui broyer les entrailles.

- Non ! En changeant les cristaux, la minuterie…

Mais il ne put finir sa phrase. Jacob, suivant le raisonnement de son symbiote, reprit violemment le dessus et se tourna vers le vaisseau.

- Sam ! s'étrangla-t-il, en faisant un pas vers le Hat'ak, prêt à partir la chercher sans réaliser qu'il était déjà trop tard.

Jack, comprenant enfin ce qu'il se refusait d'imaginer, regarda à son tour le croiseur spatial, sentant un froid glacial se répandre dans ses veines. Elle ne lui avait pas menti ? Elle n'allait pas…

C'est à cet instant précis que, dans un tremblement violent et un bruit assourdissant, le vaisseau explosa. Plus immobiles que jamais, les quatre hommes regardèrent avec un mélange d'horreur et d'incrédulité, les débris du Hat'ak enflammer le ciel, provoquant une énorme boule de feu, avant de se répandre aux quatre coins de la plaine. Le souffle de la déflagration parvint bientôt jusqu'à eux mais ils ne bronchèrent pas, assommés par l'atroce, l'impensable vérité.

Elle était morte.

Samantha Carter était morte…

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Sam coupa l'hyper propulsion et soupira bruyamment. Elle n'avait pas remarqué qu'elle retenait sa respiration depuis qu'elle avait manipulé les cristaux, déclenchant ainsi l'explosion du vaisseau. Dans un grondement angoissant, le planeur décéléra et des voyants rouges ne mirent à clignoter un peu partout sur le tableau de bord. Même chez un engin extraterrestre, ça n'avait rien de rassurant. Elle jeta un œil vers l'extérieur et remarqua que les ailes du vaisseau étaient abîmées. Elle n'était pas allée assez vite…

Prête à faire demi-tour pour rejoindre la planète où se trouvait son équipe, elle découvrit avec angoisse que l'hyper propulsion était dorénavant hors service.

- Et merde…

Pianotant sur le tableau de bord, elle chercha une planète susceptible de pouvoir l'accueillir le plus rapidement possible. En effet, en plus des voyants, une alarme stridente se faisait à présent entendre… La jeune femme découvrit rapidement son bonheur car dieu merci, elle n'était pas trop loin d'une terre habitable. Elle entra les coordonnées tout en cherchant dans ses souvenirs comment éteindre cette foutue alarme qui commençait à la rendre folle. Bien que n'utilisant pas l'hyper propulsion, Sam parvint rapidement jusqu'à la planète, espérant secrètement que les Anciens aient eu la riche idée d'y mettre une Porte. C'était après tout très probable puisqu'ils semblaient l'avoir fait sur quasiment tous les mondes susceptibles d'accueillir des humains. De plus, comme elle était répertoriée dans le registre des Goa'ulds, cela ne rendait cette possibilité que plus certaine.

Tandis qu'elle s'apprêtait à entrer dans la couche atmosphérique de la planète, Sam prit cependant le temps d'envoyer un message de détresse. Avec un peu de chance, les Asgards le recevraient peut-être...

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Le Colonel Reynolds jeta un coup d'œil vers les membres de SG1, ou du moins ce qu'il en restait. Jonas était assis sur un monticule de roche, perdu, la tête entre les mains. Teal'c s'était éloigné du groupe pour se réfugier dans sa douleur, seul. Quant à O'Neill, il n'avait pas bougé d'un millimètre depuis l'explosion. Il restait droit comme un « i », les yeux fixés sur les débris du vaisseau, le visage figé, comme s'il n'arrivait pas à réaliser, et pourtant. Il suffisait de regarder Jacob, les mains posées sur son visage, la souffrance qui ressortait du moindre de ses gestes, du moindre de ses sanglots… Même en tant que soldat rompu à ce genre de spectacle, il ne put empêcher son cœur de se serrer. Combien d'hommes et d'amis avait-il lui-même perdu, fauchés en un instant… ?

Un éclat de voix le fit tout à coup reprendre ses esprits. Jacob venait de se jeter sur O'Neill et le tenait à présent au col. Toujours immobile, celui-ci semblait incapable de bouger le petit doigt pour se défendre. Jonas se leva aussitôt et Teal'c courut rejoindre son coéquipier.

- C'est votre faute tout ça ! s'exclama le Général Carter, injuste. Vous êtes tellement réfractaire à tout ce qui est scientifique ! Si vous aviez écouté un minimum ce que disait ma fille, vous auriez su qu'en changeant ces cristaux, elle risquait sa peau !! C'est vous qui auriez du y aller !!!

Devant le silence et le regard fuyant de Jack, Jacob ne put contenir plus longtemps sa colère et le frappa violemment au visage. Teal'c réagit aussitôt et repoussa brutalement le Tok'ra, tandis que Reynolds et deux de ses hommes s'avançaient pour l'immobiliser.

Du sang perla sur la lèvre fendue de Jack mais celui-ci ne sembla pas s'en soucier.

- O'Neill ! intervint le Jaffa en posant un main sur son épaule pour attirer son attention. Il a tord. Vous n'êtes pas responsable.
- C'est vrai, Jack, acquiesça de suite Jonas, qui s'était rapproché. Ce n'est pas votre faute.

Toujours silencieux, O'Neill reporta son attention sur l'épave encore fumante du Hat'ak.

Si. Il était responsable. Il n'avait pas compris.

Depuis tout à l'heure, il revoyait en boucle l'image de Carter devant le vaisseau, immobile, le fixant de ses grands yeux brillants. Son instinct lui avait aussitôt dit qu'il se passait quelque chose. Que tout ça n'était pas normal.

Bien sûr que ce n'était pas normal ! songea-t-il tandis qu'un son étrange s'échappait de sa gorge. Elle lui faisait ses adieux !

Insensible à ce qui l'entourait, il leva une main tremblante et essuya le liquide qui s'échappait de sa lèvre endolorie et donnait un goût métallique à sa salive. Incrédule, il observa le sang sur sa paume. Le sang, la vie. La preuve qu'il était toujours en vie. Et pourtant, quelque chose venait de se briser en lui. Il connaissait cette sensation. Il l'avait déjà subie. Mais comment ferait-il pour s'en sortir, cette fois-ci ?

Elle n'était plus là.

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Sam se réveilla peu à peu, une douleur abominable lui martelant le crâne. Elle se redressa en grimaçant mais fut plutôt soulager de constater que mis à part sa tête, elle était en un seul morceau. Elle regarda autour d'elle, hélas de la terre avec recouverte les vitres du cockpit. Avec appréhension, elle en enclencha l'ouverture et fut soulagée de découvrir autour d'elle une végétation luxuriante mais pas hostile. Du moins, à première vue. Elle sortit du planeur avec difficulté, le métal étant encore brûlant de sa traversée de l'atmosphère. Attrapant son sac à dos, elle attacha son P90 à son gilet par balle et jeta un œil autour d'elle.

Des arbres, des arbres et encore des arbres… Elle était tombée au milieu de nul part, sur une planète à des millions d'années lumières de la Terre et personne ne savait où elle se trouvait. Ni même qu'elle était encore vivante, à tous les coups.

Ne perdant pas courage, elle prit ses instruments et chercha un quelconque signe de vie.

- Ah ! réagit-elle aussitôt.

Elle recevait quelque chose. A plusieurs centaines de kilomètres d'ici. Une longue marche en perspective...

Sam reporta cependant son attention sur le vaisseau. Que devait-elle faire ? Rester à proximité ou pas ? Si jamais les Asgards étaient parvenus à recevoir son appel de détresse, il valait mieux qu'elle n'aille nul part. Attirés par la balise du planeur, ils la trouveraient aussitôt. En revanche, si elle s'éloignait…

D'un autre côté, elle ne pouvait pas attendre là ad vitam aeternam. Les Asgards étaient trop peu fiables pour qu'elle perde du temps inutilement à patienter sans rien faire.

Dans un soupir, la jeune femme s'approcha du vaisseau tout en réfléchissant.

- Teal'c… Qu'est-ce que vous m'avez dit à propos de cette balise ? grogna-t-elle en grimaçant.

Elle avait mal jusqu'aux cheveux. Pourvu qu'elle n'ait pas une commotion cérébrale ou pire, une hémorragie interne… Sans plus attendre, elle sortit quelques outils de son sac et se mit au devoir de démembrer le planeur devenu inutilisable. Une fois qu'elle aurait la balise, elle pourrait partir et rejoindre la civilisation de cette planète. Quelle qu'elle soit.

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Les membres de SG1 passèrent la Porte d'un pas raide, presque hésitant. SG3 était restée sur P8X845 afin de s'occuper des réfugiés et Reynolds avait poussé O'Neill à rentrer sur Terre, comme il était conseillé en pareil cas : à la mort d'un membre d'une équipe. Selmak avait finalement pris le dessus sur Jacob et s'était excusé auprès de Jack mais celui-ci, presque éteint, l'avait à peine entendu.

Hammond les attendait en bas de la passerelle et pâlit violemment lorsqu'il vit le visage décomposé de ses hommes. Le vortex se referma et une sourde angoisse lui étreignit le cœur.

- Où est le Major Carter ? demanda-t-il aussitôt, d'une voix étrangement faible.

A ce nom, Jack reprit quelque peu ses esprits et s'arrêta devant son supérieur.

- Elle est morte, Mon Général… en sauvant tout le monde, dit-il d'une voix monocorde et incroyablement impersonnelle compte tenu de ses liens avec la jeune femme.

Hammond acquiesça seulement, le visage soudain crispé. C'était une chose à laquelle il était préparé. A chaque fois qu'une équipe rentrait, il y avait le risque qu'un des membres du SGC ne revienne pas. Mais là... Il s'agissait du Major Carter.

Il se reprit cependant très vite.

- Passez à l'infirmerie. Débriefing demain matin à 8h00.

Et sans un mot de plus, il sortit de la salle et partit s'enfermer dans son bureau.

SG1 se dirigea d'un pas lourd jusqu'à l'infirmerie. A voir leurs visages décomposés et leur groupe amputé d'un membre, il était facile de deviner que la personne manquante n'était plus. Ce fut ce qu'en conclu aussitôt Janet en les voyant arriver. Ses yeux s'embuèrent aussitôt et Jonas, comprenant sa peine et la partageant, la prit aussitôt dans ses bras.

Jack, serrant les dents, s'assit machinalement sur l'un des lits et attendit qu'on s'occupe de lui. Il refusait ces épanchements publiques. Il ne voulait qu'une seule chose, se retrouver enfin seul.

- C'est quand vous voulez ! s'exclama-t-il au bout d'un moment, d'une voix rageuse.

Il sentit tous les regards converger vers lui mais peu lui importait. Il voulait juste s'isoler rapidement.

Janet se redressa donc et ordonna à ses infirmières de commencer les tests sans plus attendre. O'Neill crut que ça n'en finirait jamais. Enfin, lorsque tout fut terminé, il sortit sans un mot et partit s'enfermer dans ses quartiers.

Seul.

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Jack passa la nuit assis sur le bord de son lit, fixant le mur, se passant, en boucle, les dernières minutes à « ses » côtés. Il entendait sa voix résonner dans son esprit, si vivante, si résolue… alors qu'elle savait ce qui l'attendait.

« Je vais y aller seule… »

Il revoyait son regard bleu accroché au sien, à peine voilé, si déterminé. Comment aurait-il pu deviner… ?! Comment aurait-il pu imaginer qu'elle lui mentait ?!!

« Seule, je serais plus rapide et j'aurais largement le temps de vous rattraper… »

Il revivait encore et encore cette scène, s'accrochant désespérément à ce court moment à ses côtés. A elle, encore si vivante dans son souvenir. Il s'accrochait à ces précieuses secondes pour ne pas devenir fou… avant que la mémoire ne s'estompe et que peu à peu, il la perde définitivement.

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A huit heures exactement, Jack, les traits tirés, se trouvait entouré du reste de son équipe en salle de Briefing. D'une voix monocorde, il raconta les évènements tels qu'ils s'étaient déroulés, toujours aussi frais dans sa mémoire grâce à ses efforts pour ne rien oublier.

Hammond ne demanda que peu de détails, le rapport de son second étant particulièrement précis. Il finit par se tourner vers SG1 et leur ordonna de prendre deux semaines de congés. Tous regardèrent Jack, attendant sa réponse. A la mort de Daniel, il avait refusé d'arrêter les missions et au contraire s'était plongé dans le travail. Mais cette fois-ci, il resta silencieux et sortit de la salle sans un regard en arrière. Il fila jusque dans ses quartiers, prit quelques affaires et, indifférent aux œillades désolées des personnes qu'il croisait dans les couloirs, sortit de la base et partit s'enfermer chez lui.

Il savait ce qui l'attendait. Il avait déjà vécu ça auparavant. Mais Parviendrait-il à y survivre, cette fois-ci… ?

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Sam avançait le plus vite possible tout en essayant cependant de garder un minimum ses forces. Ses provisions s'amenuisaient et se rationner alors qu'elle faisait des heures de marches la fatiguait énormément. Mais Dieu merci, elle ne manquait pas d'eau.

Malgré sa grande fatigue, cette promenade forcée lui faisait du bien, l'empêchant de trop penser. Lorsqu'elle avait ouvert son sac à dos afin de faire l'inventaire de ce qui était ou non encore en état, elle avait découvert avec désespoir que le GDO était hors service. Et impossible de le réparer, les puces ayant été gravement endommagées par le froissement de la tôle du vaisseau lors de son atterrissage de fortune. Bref ! Aucun moyen pour elle de franchir l'iris… si jamais elle trouvait une Porte des Etoiles, bien sûr. Mais elle ne devait pas penser à ça, surtout pas ! Elle avait été dans des situations bien plus désespérées. Enfin… Tout était relatif mais inutile de craindre le pire. Elle devait juste positiver ! C'était ce que lui répétait sans arrêt le Colonel dans les pires moments.

Songeant à son supérieur, elle revécut les quelques instants, juste avant leur séparation. Elle avait lu de la peur dans son regard. La peur de la laisser aller seule même si son professionnalisme avait pris le dessus et avait fini par le faire céder. Que ressentait-il à présent ? La croyait-il morte ou avait-il vu son planeur fendre le ciel pendant l'explosion et entrer en hyperespace. Elle doutait cependant que ce soit le cas. A cette distance, comment aurait-il pu faire la différence entre un vaisseau et un débris en flamme ?

Sam soupira et s'arrêta un instant, le souffle court. Le soleil était déjà haut mais la température était relativement correcte. Parfaite pour une marche en forêt. De ce côté là, elle avait eu de la chance. Elle aurait très bien pu tomber sur une planète glacière ou désertique. D'un autre côté, un tel climat laissait présager un monde susceptible d'intéresser fortement les Goa'ulds.
Restait plus qu'à espérer qu'il n'y ait pas de Naquada ici.

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Jack passa les jours suivants enfermé chez lui. La cérémonie en la mémoire de la jeune femme avait été repoussée, attendant le retour des membres de SG1. Il avait reçu de nombreux coups de fil de Jonas et même de Teal'c mais n'avait répondu à aucun d'entre eux. Il restait dans son salon, vidant sa cave avec une application toute particulière, ne se laissant que peu de moment de répit pour plonger dans un sommeil agité. Il essayait de ne pas penser. D'oublier ne serait-ce que cinq petites minutes, même si par expérience, il savait qu'il n'y parviendrait jamais.

Un jour cependant, le téléphone sonna mais il ne se leva pourtant pas, laissant faire le répondeur.

« Ici O'Neill, je ne suis pas là, laissez-moi un message. »

« ... O'Neill, c'est Teal'c. Le testament du Major Carter a été ouvert, il y a une lettre pour vous... »

A ces mots, Jack sortit de sa torpeur et plongea sur le téléphone.

- Teal'c ?

Un blanc accueillit sa réponse, mais vite rompu par la voix inquiète du Jaffa.

- O'Neill ? Vous allez bien ?
- Il y a une lettre ? demanda aussitôt Jack d'une voix pâteuse, revenant au sujet qui l'intéressait.
- En effet. C'est le Général Hammond qui l'a. Il attend que vous veniez la chercher.

O'Neill acquiesça, le coeur cognant à se rompre dans sa poitrine.

- J'arrive, dit-il avant de raccrocher.

Il se leva alors, titubant sur ses jambes faibles. Il n'avait rien mangé depuis des jours et son corps imbibé d'alcool protestait devant ce soudain effort. Comprenant qu'il n'arriverait à rien ainsi, se traînant jusqu'à la cuisine, il ouvrit un des placards et en sortit de quoi se sustenter. Après cela, se sentant un peu mieux, il grimpa d'un pas incertain à l'étage et prit une douche éclaire. Vingt minutes suivant le coup de téléphone, il était prêt, se demandant cependant comme il allait faire pour parvenir à la base en un seul morceau.

S'apprêtait à sortir, il entendit brusquement sonner à la porte. Dans un grognement rageur, il hésita un instant mais une voix s'éleva aussitôt de l'extérieur.

- O'Neill ? C'est nous.

D'une main malhabile, il ouvrit de suite et croisa le regard scrutateur du Jaffa et de Jonas. Les deux hommes l'observèrent un moment avec incrédulité. Il avait mauvaise mine avec sa barbe de plusieurs jours, des cernes violacées sous les yeux, le teint cireux... Teal'c fut cependant le premier à retrouver ses esprits.

- Nous sommes venus vous chercher. Le Général a pensé que vous ne seriez peut-être pas en état de conduire.

Jack se contenta d'acquiescer avec reconnaissance, prit machinalement les clefs de sa maison et sortit les rejoindre. Un airman les attendait au volant d'une voiture de fonction. Le trajet se fit en silence, ses amis comprenant qu'il n'avait aucune envie de parler et ils arrivèrent rapidement à la base.

O'Neill agissait comme un automate depuis l'arrivée de ses amis, calquant ses gestes sur les leurs. Tout ce qu'il voulait c'était cette lettre. Toutes ses pensées étaient tournées vers elle. Il brûlait de toucher ce morceau de papier qu'elle avait tenu dans ses mains, de regarder son écriture fine et dynamique, de lire les mots qu'elle avait écris, de partager ce qu'elle avait voulu lui dire. C'était une partie d'elle qu'il ne connaissait pas. Ce n'était pas un souvenir. C'était quelque chose qu'il allait découvrir, un peu comme si elle était encore en vie. C'était ça qui le faisait avancer ; qui, l'espace de précieuses minutes, lui redonnait l'impression d'être vivant.

Dans un état second, il entra en salle de Briefing où l'attendait Hammond. Son regard fut aussitôt attiré par l'enveloppe cachetée que son supérieur tenait dans ses mains. Il s'avança, le salua machinalement et écouta d'une oreille distraite ce qu'on lui disait. Finalement, se rendant certainement compte qu'il était inutile de tenter de lui parler, Hammond lui tendit la lettre et Jack s'empressa de la prendre et de sortir pour rejoindre ses quartiers.

Il referma la porte et s'assit à son bureau, posant l'enveloppe devant lui. Le coeur cognant à se rompre dans sa poitrine, il la fixa un long moment, craignant presque de l'ouvrir et de découvrir ce qu'il y avait à l'intérieur. Puis, se secouant mentalement, il finit par la prendre d'une main tremblante et la décacheta.

Il y avait deux feuilles.

Dans un soupir, il déplia la première et lut :

« Mon Colonel »

Son coeur se serra aussitôt devant la formalité de ces mots.

« Mon Colonel » reprit-il. « Je tenais à vous dire combien ces six années à vos côtés avaient été riches et exceptionnelles pour moi. Ce fut un grand honneur de servir sous vos ordres, Monsieur, et un immense privilège de vous avoir rencontré. Vous avez été un modèle de droiture et de courage qui m'ont insufflé le désir de toujours faire de mon mieux, de ne jamais abandonner et je vous serais éternellement reconnaissante de m'avoir autant apporté. J'espère sincèrement avoir été un bon soutien pour vous et je tiens encore une fois à vous remercier pour tout.
Major Samantha Carter. »

Incrédule, Jack leva les yeux de la lettre, l'estomac noué. Après toutes ces années, après ce qu'ils avaient vécu ensemble, il avait espéré un peu plus que ça. C 'était une lettre si... formelle.

Mais son regard se posa alors sur le deuxième feuillet, accélérant brusquement les battements de son coeur.

Et si...

Il posa la première lettre et déplia la seconde datée de trois mois à peine.

« Jack »

Il ferma aussitôt les yeux de soulagement. La première lettre était seulement destinée à son supérieur. Celle-ci lui était directement adressée.

« Jack,

Si vous lisez cette lettre, c'est que je ne suis plus et je ne peux partir sans vous avoir avoué ce que j'ai sur le coeur. Il y a tant de choses que j'aurais aimé vous dire. Tant de moments que j'aurais aimé partager avec vous. Je sais. Je sais que je ne suis pas censée vous parler ainsi mais quelle importance, à présent.

Je tiens absolument à ce que vous sachiez combien vous avez compté pour moi ; combien ma vie a changé depuis notre première rencontre. Je ne parle pas de l'aventure incroyable que nous avons vécue ensemble, mais de mes sentiments à votre égard. Vous les connaissez, je pense. Je n'ai jamais été très douée pour cacher mes émotions. Vous me l'avez assez souvent répété. Alors voilà. Je vous aime, Jack. Depuis si longtemps que je ne sais même quand c'est arrivé. Tout ce dont je suis sûre, c'est que mes sentiments pour vous, bien que rendu douloureux par certaines lois, n'en sont pas moins profonds et indéfectibles. Je ne sais pas et ne saurais jamais ce qu'il en est de votre côté, le test me semble si loin. Mais soyez sûr que votre amitié et votre respect m'ont suffit pour être heureuse.

Merci pour tout.

Sam. »

Jack s'arrêta, les mains tremblantes, le coeur si lourd et gonflé qu'il semblait sur le point d'exploser. Il avait du mal à respirer et le noeud dans sa gorge lui fit serrer les poings. L'esprit embrouillé, il replongea dans la lettre à la recherche de ces quelques mots :

« Je vous aime, Jack »
« Je vous aime, Jack »
« Je vous aime, Jack »

Il les lut, et relut encore et encore jusqu'à ce que les mots se mélangent dans sa tête. D'autres prirent alors le relais :

« Je ne sais pas et ne saurais jamais ce qu'il en est de votre coté, le test me semble si loin. »

Une douleur atroce vint lui lacérer le coeur.

Elle était partie sans savoir. Depuis deux ans, presque trois, il avait tenté de passer sous silence et d'oublier ses sentiments à son égard et du coup... elle était partie sans savoir. Il lâcha la lettre et s'appuya contre le dossier de sa chaise, le souffle court, une douleur presque insupportable dans la poitrine.

Elle était morte sans savoir... Elle était morte...

Egaré, il balaya la pièce, cherchant une solution quelconque, un remède à sa souffrance. Il ne pouvait pas continuer. C'était trop dur. Il avait tout perdu.

Son regard fiévreux se posa alors sur le tiroir de sa commode. Sans même s'en rendre compte, il se leva, s'approcha de lui et l'ouvrit. Elle était là. Prête et déjà chargée. Il la regarda un long moment, comme hypnotisé, puis tendit le bras et l'empoigna, surpris de se sentir soudain si serein.

Tout allait prendre fin, songea-t-il dans un soupir. Sa souffrance allait enfin disparaître.

Il leva l'arme qu'il posa sans plus d'hésitation sur sa tempe puis ôta le cran de sûreté d'un geste mécanique...

- Jack, arrêtez ! s'exclama alors une voix, le faisant violemment sursauter.

Il se retourna brusquement et croisa le regard bleu et suppliant de Daniel. O'Neill abaissa lentement son bras, la colère affluant en lui. Il ne l'avait pas revu depuis son petit séjour chez Ba'al.

- Foutez-moi la paix !
- Jack, je vous en prie. Vous ne devez pas faire ça.
- Et pourquoi donc ?

Daniel sembla hésiter un instant puis grimaça.

- Je ne peux rien vous dire mais je vous jure que...

Devant les balbutiements du jeune homme, O'Neill s'énerva un peu plus.

- … Que quoi ? Vous me jurez que quoi ?!!

Face à sa colère, Jackson se sentit incapable de poursuivre. Ils restèrent donc tous deux un instant silencieux, puis Jack redressa brusquement la tête, une lueur dangereuse dans le regard.

- Vous étiez là lorsque c'est arrivé ?

Incapable de répondre, Daniel détourna la tête, embarrassé.

- Vous étiez là ???!! rugit O'Neill, les yeux exorbités. Vous étiez là et vous ne m'avez rien dit ??!! Vous auriez pu m'arrêter ! Vous auriez pu me dire ce qui se passait, ce qu'elle s'apprêtait à faire !!
- Si je l'avais fait, vous seriez tous morts ! Il n'y avait que Sam pour changer ces cristaux. Elle le savait et vous le savez aussi.

La respiration haletante, la rage au ventre, Jack fixait son ami, les dents serrées.

Il avait raison mais...

Sans un mot, il leva de nouveau son bras et posa l'arme contre sa tempe.

- Non, Jack !!! hurla aussitôt Daniel.

O'Neill tressaillit à peine, le doigt sur la gâchette mais une idée lui traversa brusquement l'esprit. Il baissa de nouveau la main, accrochant le regard angoissé de son ami.

- Elle s'est élevée ? murmura-t-il, plein d'espoir. Est-ce que vous l'avez aidée à s'élever ?...

Si c'était le cas, à l'instar de Daniel, il avait encore une chance de la voir. Cela voudrait dire qu'elle n'était pas vraiment morte, qu'une partie d'elle survivait... quelque part. Mais il déchanta de suite devant le visage grimaçant du jeune homme.

- Pas vraiment...
- Comment ça, pas vraiment ??... C'est oui ou c'est non !
- Non, lui répondit-il alors.

Jack ferma les yeux, sentant la douleur affluer de nouveau en lui avec une puissance dévastatrice. Il acquiesça, sa paume se crispant de nouveau sur le pistolet.

Conscient de ce qu'il s'apprêtait à faire, Daniel intervint de nouveau.

- Jack !... Je ne peux pas vous laisser faire ça. Je... Je sais que ce sera difficile pour vous de me croire mais... votre avenir n'est pas aussi sombre que vous le pensez. Vous devez tenir le coup pendant quelque temps et je vous promets que tout ça va s'arranger.
- Comment ça pourrait s'arranger, Daniel ?! bredouilla-t-il de douleur avant de hurler : Je suis en train de crever !!!!!

Son ami s'approcha alors de lui, le regard déterminé.

- Vous avez confiance en moi, Jack ?

Celui-ci silla à peine mais resta silencieux.

- Allez, bon sang, Jack ! Vous avez confiance en moi ?
- Bien sûr ! s'écria finalement celui-ci à contre coeur.
- Alors, ne faites pas ça, répondit-il d'une voix posée. Je vous jure que vous avez tout à y gagner. Je vous jure que vos plus belles années sont devant vous.

Incrédule, O'Neill le regarda comme s'il avait perdu l'esprit.

- Vous plaisantez !

Mais Daniel ne se démonta pas et se permit même un sourire rassurant.

- Tenez le coup et tout s'arrangera pour vous. Faites-moi confiance.

Jack regarda longuement son ami, cherchant vainement des réponses dans son regard. Puis, ébranlé par tant d'assurance, il finit par acquiescer.

Dans un état second, il rangea son arme et s'assit sur le lit, la tête entre ses mains.

- Je ne sais pas comment je vais pouvoir continuer.
- Vous y arriverez, lui dit Daniel, avec assurance.

Mais Jack secoua doucement la tête.

- ... Vous ne savez pas ce qu'elle était pour moi. Même elle ne le savait pas...

A SUIVRE…