Résumé : Harry, à vingt-deux ans et ce même après la guerre, se voit être toujours obsédé par Malfoy alors que celui-ci est bien plus préoccupé à sauver sa peau. Harry l'admire « physiquement » et cette idée le dérange. Des Aurors se prenant pour des saints devant éradiquer le mal (rassemblés sous le nom de l'ODAM) partent en quête des prétendus mangemorts en liberté et les torturent : Draco sera une de leurs victimes, que Harry sauvera d'un viol, au manoir Malfoy. Les Aurors seront arrêtés sauf leur chef, la jeune Mira qui réussira à s'échapper. Celle-ci n'aspire qu'à se venger du blond.
L'année qui suit, Draco a perdu beaucoup de poids et une amitié conventionnelle le lie à Harry qui tente d'oublier leur ancienne rivalité. Jusqu'à ce qu'il découvre la supercherie : Draco fait semblant d'être son ami et « le baise bien profond » selon ses mots... La haine les poussera dans une ultime dispute : le blond, accidentellement, poussera Harry sur une route et le rendra paraplégique.
La vie de Harry semble brisée et Hermione lui propose de se reconstruire... Dans l'ancien château de Poudlard, presque détruit. Elle veut le rénover pour en faire un institut de suivi psychologique pour les enfants et Harry accepte d'y aller, suivant régulièrement une psychologue. Draco Malfoy est aussi là, pour se reconstruire... Harry ressent une attirance qu'il ne comprend pas pour Malfoy, lui qui est hétéro pur et dur. Il voudra tester s'il est homo avec un journaliste, un certain Wyatt, mais l'entreprise sera un fiasco.
Dans le chapitre II (le secret des Malfoy), on apprend qu'une prophétie les lie en tant « qu'âme sœurs » et que Draco avait eu le coup de foudre dans un supermarché moldu, à l'âge de ses cinq ans... Draco découvrira cette prophétie et sera anéanti.
Harry et Draco font enfin la paix et doivent apprennent petit à petit se connaître…Une potion aphrodisiaque va peut-être permettre à Harry de remarcher, mais beaucoup d'essais sont encore à faire... Draco tient à la réussir, parce qu'il est responsable de sa paraplégie.
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NINE YEARS AND A WHEEL-CHAIR
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Chapitre VIII : Rush for you
« Open your sensitive mouth
Hold out your delicate hands
With such a sensitive mouth
I'm easy to see through
When I come up
When I rush
I rush for you »
Depeche Mode, 1993.
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Cela allait encore être un essai raté.
S'épongeant le front avec la manche de sa robe, Draco souffla un bon coup pour relâcher la pression. Concentré, il versa une pincée d'une poudre jaunâtre et fit mijoter le liquide ambré jusqu'à l'obtention d'une potion parfaitement lisse et de couleur rose et or.
Satisfait, le blond se pencha et huma l'odeur de l'aphrodisiaque. Ca avait une senteur de fleurs, très agréable et très légère, qui enivrait les sens – et Draco comprenait facilement pourquoi Harry n'avait pas été repoussé par le mélange lorsqu'il en avait volé dans la réserve de Snape.
Cette « drogue » donnait envie d'en sniffer tout le temps, sans ressentir ne serait-ce que le besoin d'en avaler une goutte. Elle aurait été parfaite pour un parfum de femmes et Draco ne doutait pas que nombre d'hommes auraient voulu l'utiliser pour droguer leurs proies.
La potion les soumettrait à un désir violent et elles seraient capables de faire n'importe quoi tant l'esprit était embrumé. Heureusement que Snape avait été un homme bon, et qu'il n'avait pas commercialisé un tel aphrodisiaque…
Draco et Hermione avaient beau eu plancher sur les ingrédients, ils n'avaient pas vraiment trouvé lequel – ou lesquels – possédaient les propriétés curatives nécessaires pour contourner la paraplégie d'Harry. Deux ou trois étaient bien sûr mis en tête de liste mais en attendant d'être sûr, Draco préférait travailler sur la potion de Snape et diminuer le côté aphrodisiaque de celle-ci.
Toutefois, chaque ingrédient avait pour but d'augmenter cet effet et l'enlever était mission impossible. Les premiers essais avaient été un désastre complet et heureusement que le blond avait été prévoyant : trois gouttes seulement sur la langue d'Harry.
Il craignait des débordements… De très, très, très mauvais débordements. Comme ne pas pouvoir le repousser s'il le branlait une nouvelle fois. D'autant plus que ça n'était pas évident de rester professionnel quand Potter lui disait avec un air un peu gêné mais courageux qu'il avait une belle érection au bout de quelques secondes.
Enfin, pour rester de marbre… Il n'avait aucun problème, à son grand désarroi. L'ancien Serpentard se maudissait d'être excité pour si peu, vénérant silencieusement les robes de sorcier larges et amples – ses sauveuses.
En plus ils étaient seuls au château.
La solitude avec le Survivant l'effrayait. Ca lui faisait peur parce qu'ils ne pouvaient s'empêcher de se rapprocher ; étrangement leur solitude était le lien qui les réunissait.
Cette fois, l'odeur était encore trop enivrante, Draco le savait. Il espérait seulement que le désir serait moins fort…
Vraiment, les premiers essais avaient été catastrophiques. Hermione avait dû ramener ses fesses au château pour lui donner ses conseils d'experte en la matière ; après tout Draco avait été un élève très doué, certes, mais ça n'était pas son métier. Ayant peur qu'elle n'accouche sur l'instant – son ventre était si gros – et blessé dans son orgueil – il voulait y arriver seul – le blond l'avait congédiée au plus vite.
Sortant des cachots, Draco se dirigea vers les dortoirs vert et argent puis déposa l'échantillon sur le bureau de sa chambre avant d'aller prendre une douche bien méritée. Certains ingrédients puaient et cette potion nécessitait une cuisson à forte chaleur, le faisant suer à grosses gouttes.
Il était dix-neuf heures quand il entendit le bruit caractéristique du fauteuil dans les couloirs. Harry tapa un coup puis pénétra dans l'antre des serpents, commençant à être habitué à ce petit manège.
C'était la même chose tous les jours : Draco finissait sa potion pour sept heures du soir tapante, ils constataient rapidement les effets et partaient manger ensemble aux cuisines où des elfes les régalaient. La Grande Salle était vraiment trop grande pour deux et Harry adorait parler à ces étranges créatures qui aux yeux de Draco restaient pourtant pitoyables – il taisait toutefois son opinion.
Ensuite ils finissaient la soirée dans une salle, la plupart du temps celle pour Demande ; mais la psy leur avait imposé un jeu pour diversifier leurs conversations. Tirer au sort une pièce de Poudlard.
Selon où ils atterrissaient, chacun devait raconter les souvenirs qu'elle leur évoquait, afin de se connaître mieux… Et c'était une excellente idée car ils n'étaient jamais en reste d'anecdotes – et souvent la nostalgie les prenait… C'était à la fois délicieux et douloureux, comme le meilleur des poisons.
La veille, elle leur avait même demandé de se souvenir de chaque endroit où ils s'étaient croisés, de chaque dispute, de chaque regard noir. Rejouer les scènes du passé. Draco avait trouvé cette idée complètement débile – quoi de mieux pour relancer leur inimitié ?
Ce stupide Gryffondor n'avait évidemment pas été d'accord. A croire que les coups lui plaisaient… C'est ainsi qu'à la bibliothèque, Draco s'était retrouvé à plaider une douleur horrible à son bras, insultant de tous les noms Hagrid et son maudit hippogriffe. Avec un sourire mauvais, il crachait à Potter combien il allait se régaler d'appeler son père pour qu'il fasse virer ce gros géant de Poudlard.
C'était si facile de replonger dans ce rôle… Ce soir-là, il eut même envie de remonter le temps et d'être à nouveau le Malfoy méprisant soumis au sort d'Oubliettes. A l'époque, ils se chamaillaient, mais tout était tellement moins grave…
Harry, quant à lui, avait repris son rôle de parfait héro et une joute verbale s'en était suivie. Le blond avait fait exprès de se tordre de douleur et de crier d'une voix aigüe lorsque Harry l'avait attrapé par le bras. A ce moment-là, la comédie avait cessé.
Ils s'étaient regardés comme deux ronds de flanc avant d'éclater littéralement de rire, à en avoir mal au ventre. La comédie du blond était si risible désormais… A treize ans, ça passait encore mais, à leur âge, même Draco trouvait ses caprices ridicules.
Rejouer ce genre de scènes leur faisait réaliser à quel point ils avaient été idiots, adolescents. Finalement, c'était bénéfique et la psy avait encore réussi un coup de maître.
Lorsqu'Harry rentra, l'ancien Serpentard l'attendait, fraîchement lavé.
« Salut », commença le brun, s'efforçant de ne pas sourire stupidement.
Harry n'arrêtait pas de penser à la nuit précédente et à leur jeu de rôles. Le cri perçant de Malfoy résonnait encore dans ses tympans et c'était difficile de ne pas pouffer – un tel bruit n'était pas digne du Malfoy adulte froid et cynique, ça cassait le mythe. Ca lui faisait presque penser à certains gays moldus aux allures efféminées mais motus et bouche cousue ; Malfoy prendrait sûrement très mal l'insulte.
« Salut », répondit Draco en fronçant les sourcils. Potter lui souriait niaisement ou il était en train de rêver ? « Tu as passé une bonne journée ? », enchaîna-t-il, suspicieux.
« Parfaite. »
Le Survivant semblait rayonner.
« Pas de drogue, d'alcool, de potion foireuse ? Pas de cachets non plus, j'espère ? »
Le blond se faisait l'effet d'une Madame Pomfresh pointilleuse avant de donner une potion à ses élèves mais il s'en fichait. Certes ils avaient compris qu'un lien amical pouvait se tisser entre eux mais passer de « je voudrais que tu crèves » à un tel sourire… C'était anormal !
« Oh, déride-toi Malfoy… », soupira le brun. « Je pensais juste à ta comédie d'hier soir. »
« Et tu te fendais la poire, merci bien Potter. Je me tue à faire une potion pour un ingrat, c'est typiquement Gryffondor ça ! »
« Et c'est tout à fait Serpentard d'avoir un Brossdur coincé dans le cul… »
Les yeux gris se plissèrent légèrement, cherchant le sarcasme dissimulé sous cette phrase mais n'y trouva que de la taquinerie. Les yeux verts brillaient d'une lueur amusée et Draco commençait sérieusement à se demander si Potter n'était pas maso sur les bords. Les piques semblaient vraiment lui plaire, car il le cherchait à chaque fois.
En même temps il ne pouvait imaginer une amitié « normale » entre eux. A défaut de s'offrir des roses, ils s'envoyaient les épines.
« Généralement, ce n'est pas un balais que j'ai à cet endroit. », reprit Draco, un sourire narquois sur les lèvres.
Il vit le brun perdre immédiatement ses moyens et détourner les yeux, affreusement gêné. Potter avait décidemment beaucoup de mal avec l'homosexualité et le blond se demandait comment il avait pu aller aussi loin avec Wyatt – se faire sucer, l'embrasser… « Stupide boule de nerfs imprévisible. »
Il était à des années lumière des pensées d'Harry… S'il avait rougi ; c'est parce qu'il venait de se faire une sacrée image mentale assez osée, remplaçant le balais par une certaine partie de son anatomie.
Pour venir à la rescousse de son nouvel ami, Draco fit glisser la fiole entre ses doigts. « Le mélange apparaît plus rosé qu'à l'ordinaire ; j'ai plus forcé sur les doses de l'aphrodisiaque donc le désir devrait être assez fort en premier lieu. L'avantage c'est qu'on a constaté ces derniers jours que les feuilles de Narcodin avaient un effet sur la durée du désir. J'en ai donc fortement augmenté la dose : ça va être violent mais les effets vont très vite s'atténuer, ton organisme s'y habituera rapidement. Je pense que c'est sur le temps que je peux jouer. Il vaut mieux que tu supportes une petite érection après la prise de potion mais que tu sois tranquille ensuite plutôt qu'être excité toute la journée, tu ne penses pas ? »
Harry, tout à fait d'accord, hocha la tête fébrilement et ouvrit légèrement la bouche, signifiant qu'il était prêt à avaler. Il avait tellement hâte de pouvoir marcher à nouveau qu'il se fichait pas mal des effets secondaires.
Draco déboucha la fiole et en versa précisément trois gouttes – il avait hésité à passer à deux, l'aphrodisiaque risquant d'être trop enivrant… Seulement il avait peur que la potion ne dure moins longtemps. Et il aurait dû s'écouter…
Car presque aussitôt, les joues du brun avaient viré rouge carmin et ses oreilles sifflaient comme avec la pimentine. Le blond toucha son front brûlant et moite et grimaça. La potion n'était pas censée donner la fièvre et encore moins l'air hagard et tourmenté qu'affichait Harry.
Ses pupilles étaient dilatées et ses yeux étaient incapables de le regarder fixement. Ils bougeaient dans tous les sens, comme durant une transe, puis enfin l'excessif contrecoup de la potion sembla s'atténuer.
Potter avait gardé la bouche légèrement entrouverte et haletait, de longs frissons lui parcourant encore l'échine dorsale. Il bandait totalement – il lui semblait que c'était dur comme de l'acier, et que son érection rattrapait en une seule toutes celles perdues depuis l'accident.
L'impression de chaleur qu'il ressentait devint alors suffocante et Harry, ne parvenant pas à avoir la moindre pensée cohérente, se leva souplement et se déshabilla frénétiquement. Tout y passa, jusqu'au dernier sous-vêtement et il dut s'appuyer contre un mur pour s'imprégner du froid que conservait les vieux cachots.
Il ne pensa même pas au fait qu'il marchait sans tituber, qu'il pouvait courir s'il le souhaitait. Que le dosage était parfait pour sa paraplégie. Par contre, il se sentait plus maître de lui-même, ayant conscience que personne ne pourrait le forcer contre son gré.
Sauf lui… Lui, il avait une envie de faire l'amour si forte… Et il avait l'impression de mourir de chaud. N'en pouvant plus, Harry rejeta la tête en arrière et posa sa main sur son sexe, le faisant gémir de bonheur. L'aphrodisiaque lui imposait le désir violent de se soulager, aussi ses gestes se firent rapides et sans aucune pudeur.
Le carrelage était sûrement plus froid pensa t-il, et il se laissa glisser sur le dos, arquant son corps et se mordant la lèvre quand le plaisir était trop fort. Ce fut à ce moment-là qu'Harry, les yeux vitreux, croisa un regard au dessus de lui.
De délicieuses lèvres entrouvertes, une bouche asséchée. Deux perles grises écarquillées de stupeur. Et un souffle coupé, entre halètements et gémissements d'incrédulité… Harry voyait bien que la voix de Malfoy s'était faite la malle et ce pouvoir qu'il avait sur le blond le fit se lécher les lèvres de convoitise.
« Hm, Malfoy… »
Ce son était tellement lourd et érotique que Draco faillit en jouir dans son pantalon.
Et cet appel le ramena à la réalité plus violemment qu'une gifle. Avec de telles visions dans la tête, il allait fantasmer à mort sur son âme sœur et il fallait mieux qu'il sorte de cette pièce avant que l'imaginaire ne devienne réalité.
Harry était incapable de se concentrer sur autre chose que Malfoy. Lui qui aimait les femmes n'arrivait pas à s'en représenter une pour l'aider à mettre fin à ce cauchemar. Non… C'était le Serpentard dans la même pièce qui accaparait tous ses fantasmes. Tout le monopole.
Et c'est à ce moment-là qu'Harry le perçut. Le lien.
Cet espèce de truc qui les unissait, ce lien si fort, si fort qu'il pouvait en crever. Si fort qu'ils n'avaient jamais pu se séparer, les ennemis. Ce truc que sa conscience avait toujours inhibé, caché sous des tonnes de haine.
Ce lien qu'une fois révélé s'évacuait en tension sexuelle, lui donnant l'envie de vénérer une chute de rein et de s'y enfoncer jusqu'à plus d'heures.
Et les larmes lui montèrent aux yeux. Car il ne comprenait rien à rien.
Draco de son côté n'avait pas attendu que le Survivant atteigne l'orgasme. Il était sorti prendre l'air – il en avait bien besoin – et la tête appuyée contre un mur, reposant sur son avant-bras, Draco réfléchissait à toute vitesse.
Combien de temps allait-il pouvoir encore vivre à Poudlard avec une telle attirance pour son âme sœur ? « Saloperie de prophétie. » Combien de temps avant de violer Potter ?
Parfois, durant leurs soirées confidences, il suffisait que le binoclard lui sourie pour qu'il ait envie de lui faire l'amour. A contrario, si Potty l'énervait – comme trop souvent encore – cette colère se transformait en rancœur et lui donnait envie de lui faire payer… En le baisant.
Finalement, la potion n'était pas ratée. C'était un véritable désastre.
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29 Mars 2004 – Pré-au-Lard, Angleterre
Les deux garçons marchaient côte à côte dans le village sorcier. C'était une belle journée ensoleillée, un peu fraîche et les arbres portaient encore un doux manteau blanc, dû aux températures relativement froides de ce mois-ci.
Draco ne réalisait toujours pas qu'il était sorti de l'enceinte du château. Avec Potter.
Ce type pouvait être si borné que c'était à se taper la tête contre un mur pour lui faire changer d'avis. Le brun avait réussi à l'embobiner pour qu'il accepte de passer une journée dans le village sorcier, pour qu'ils se détendent, rencontrent du monde.
Et selon lui, c'était l'occasion pour qu'ils réalisent que le Survivant avait pardonné à son « assassin ». L'occasion de faire jaser.
Potter s'en foutait peut-être mais Draco n'était pas prêt à affronter à nouveau le regard des autres – il en était presque devenu agoraphobe quelques mois plus tôt. Heureusement, Pré-au-Lard n'était pas un village très grand et il n'y avait plus grand monde depuis la fin de la guerre, avec tout ce qui s'y était passé…
Le pire avait été de ne pouvoir dire à son nouvel ami – eux qui étaient censés ne plus avoir de secrets l'un pour l'autre, selon la psy – qu'il craignait de se faire agresser. Par Mira, par l'ODAM, par n'importe quel psychopathe sur qui il avait le chic de tomber.
Draco, ne pouvant plus se protéger par magie, avait glissé un couteau dans sa poche, au cas où…
Pour essayer de dissuader le Survivant, il l'avait morigéné sur les effets négatifs de la potion et cela avait bien marché au début.
Le brun ressentait beaucoup de honte vis-à-vis de sa réaction de l'autre fois à l'aphrodisiaque et il n'arrivait pas à croire qu'il avait pu allumer Malfoy de manière aussi… Ddégradante, sale, débauchée. Mais l'argument n'avait pas suffi.
Potter avait voulu une dose suffisante pour qu'elle lui permette de marcher toute la journée, et il s'était enfermé juste après la prise, pour préserver son intimité. Draco lui avait dit que même si les effets s'atténueraient rapidement, il risquait d'avoir des bouffées de chaleur et de désir à Pré-au-lard.
Potter, ne supportant plus de rester enfermé, lui avait dit que ce n'était pas grave, qu'il parviendrait à se contrôler – après tout, en septième année, il avait bien réussi à porter l'Horcruxe médaillon sans céder à la tentation du mal.
Et voila comment à force de prises de tête, de cris, et de désaccords, ce satané Potter avait gagné. Draco lui-même avait très envie de changer d'environnement, car Poudlard avait beau être vaste, cela restait une prison. Une prison aux cages dorées.
Pour l'instant tout se passait bien. Très bien, même. Draco se retenait de sourire à tout va et c'était la même chose pour Harry. Qui aurait cru qu'ils puissent s'entendre aussi bien ?
Le blond ricana intérieurement en remarquant un peu de neige qui n'avait pas fondu dans les cheveux désordonnés de Potter. Vers le milieu de la journée, après avoir mangé, ils avaient fait un petit détour par les bois et la cabane hurlante, ce qui leur avait rappelé des souvenirs de la troisième année.
N'ayant pas sa cape d'invisibilité sur lui, Harry avait dû cette fois affronter la bataille de boule de neige de face et Malfoy s'était dignement vengé. Comme des gamins à qui on aurait volé la fin de leur enfance ; les deux vieux ennemis jouèrent à cache-cache dans les buissons, dans les arbres. Tous les coups étaient permis mais Malfoy refusait de salir ses beaux vêtements alors Harry avait pris non sans mal l'avantage.
Trop heureux d'user de ses jambes à sa guise, le jeune brun en avait même profité pour grimper à un arbre et bombarder le blond par en dessus. En bon Serpentard, Malfoy préféra user de ruse – en vérité son corps « d'asperge » comme il le désignait lui-même n'était pas aussi endurant que celui musclé d'Harry, et il avait du mal à tenir la distance, ce qu'il n'avouerait jamais même sous la torture.
Il fit donc semblant d'avoir reçu une pierre sur le crâne, soit disant bien dissimulée dans la boule de neige, et posa sa main à l'endroit de la dite blessure, s'effondrant au sol. Il n'en fallut pas plus pour Potter qui, inquiet, descendit aussitôt de sa branche.
Quand il se pencha sur lui, murmurant fébrilement des : « Tu vas bien ? » à tout va ; il écarquilla les yeux lorsque le blond lui décrocha le sourire le plus malicieux de la Terre. Une seconde plus tard, il était en train de bouffer la neige à même le sol.
Refusant de laisser passer ça, Harry surprit son ennemi quelques minutes plus tard, alors que Malfoy reprenait son souffle, caché derrière un énorme tronc d'arbre.
Il surgit brusquement et se plaça tout près de lui, provoquant un hoquet de stupeur à l'ancien Serpentard. Malfoy eut un geste de recul qui le fit cogner contre l'arbre et Harry leva les mains en signe de paix, un sourire trop innocent sur les lèvres.
« On fait une pause. », parvint-il difficilement à dire, l'intérieur des joues en feu. « J'arrête de jouer. »
Constatant les mains vides de Potter, le blond sembla être soulagé. Un court moment. Parce que les dites mains attaquaient déjà ses joues et une bouche gercée se posait sur la sienne. Les yeux gris restèrent démesurément ouverts et ceux d'Harry riaient.
Profitant de la bouche de Malfoy qui s'était légèrement entrouverte sous le choc, Harry propulsa du bout de sa langue un morceau de neige presque fondu. Malfoy cria sous la sensation et le repoussa de toutes ses forces, outré.
Il y a peu Harry aurait hurlé avec hargne qu'il ne désirait pas cet homme ; autrefois, faire ça l'aurait rebuté, mais là, c'était naturel, il se sentait bien, comme s'il s'amusait avec n'importe qui. Il ne savait pas si ça venait de la potion, ou du fait qu'il avait finalement accepté que Malfoy et lui puissent être des amis. Et il s'en fichait : l'important c'est qu'au soir il n'aurait pas de regrets. Et qu'il était heureux – comme ça faisait longtemps qu'il ne l'était plus.
Bref, Draco avait été aux anges après ce baiser, même s'il ne voulait rien dire… La neige dans les cheveux hirsutes lui donnait envie de les secouer, comme pour lui montrer son affection – il avait toujours aimé les vrais bruns, et il préférait amplement quand Harry avait les cheveux longs.
Epuisés, ils cherchèrent un coin où boire un coup, Draco n'étant pas trop chaud pour aller aux Trois Balais ; Harry eut une autre idée foireuse et le tira jusqu'au Pied Dodu.
« Potter, je ne mettrai jamais les pieds dans un truc aussi… »
« Niais ? Rose ? Plein de froufrous ? »
« Lamentable résumerait assez bien les choses, je crois. », siffla-t-il en regardant dédaigneusement les quelques amoureux qui se tenaient la main à travers la vitrine. « En plus, les gens vont croire qu'on a un rendez-vous. Tu es prêt à affronter les préjugés sorciers sur l'homosexualité, Potter ? Je ne donnerais pas cher de ta peau… », ricana le blond.
« Personne ne sait que tu es gay. », rétorqua Harry en haussant les épaules. « Et moi, je suis tellement apparu de fois avec Ginny dans les journaux que… »
« Que tu ne peux pas virer bi ? », le coupa Draco en haussant un sourcil. « Et tu te trompes. Il y a des rumeurs qui courent sur ma maladie. »
« De quoi parles-tu ? », souffla Harry, incrédule.
Le blond, mal à l'aise, expliqua brièvement : « Après ton accident en Août, tu sais qu'on a craché beaucoup de saletés sur mon compte. Un journaliste anonyme a publié une bombe dans un quotidien - peu connu, heureusement. Il s'était apparemment très bien renseigné sur ma vie d'après-guerre et a rencontré beaucoup de moldus avec qui j'avais couché. Je ne sais pas comment il a eu toutes ces infos, mais les rumeurs vont bon train depuis… »
« J'y crois pas… », gémit-il, scandalisé. « Qu'est-ce que je peux haïr ce genre de personnes. Et je n'arrive toujours pas à réaliser à quel point la société sorcière peut être étroite d'esprit… »
« Ca vient de loin, tu sais. C'est quelque chose qu'on ne pourra pas changer, parce que c'est comme avec les alliances de Sang-mêlé : les sorciers ont peur que la race ne s'éteigne s'il y a trop d'homosexuels. »
« C'est tellement… »
« Je sais. », concéda Draco, un triste sourire sur les lèvres. « Mais je pensais pareil qu'eux à cause de mon éducation, alors je préfère me la fermer. Enfin… Tu veux toujours entrer ? », ajouta-t-il, préférant changer de sujet.
Harry jeta un coup d'œil à l'intérieur puis esquissa un sourire amusé. « Je suis venu une fois ici durant ma cinquième année. Avec Cho Chang. Je pense que ça te ferait marrer d'écouter cette incroyable aventure ! »
Malfoy le fixait avec un dégoût certain, comme si être venu avec une fille était un truc honteux. Bon, sur ce coup-là, il n'avait pas tord… Si Harry avait su à l'époque que Cho voulait l'y emmener, il aurait fui en courant. Avec un sourire sadique sur les lèvres, le blond sortit deux fioles de sa poche.
« Je meurs d'envie d'écouter ton récit, Potter. » Harry déglutit, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que ça en fin de compte. « C'est du polynectar. », répondit Draco à sa question muette. « J'en avais emporté, au cas où on se serait fait huer dans la rue. On aura l'apparence de deux mioches. »
Une fois qu'ils furent transformés, ils entrèrent dans la boutique, une jolie jeune fille brune et un garçon maussade aux boucles blondes – Draco se faisait l'impression d'un caniche avec des cheveux pareils. Ses jeux avec Potter devenaient du grand n'importe quoi.
Heureusement il n'avait pas joué la fille – il avait failli cogner Potter quand ce dernier lui avait dit en riant : « Pour toi ça sera la fille, puisque tu es gay. »
« Oh, merde… », grimaça la jeune fille en se grattant le menton de manière très… Masculine. « Malfoy, faut qu'on se tienne la main, regarde autour de nous. Faut qu'on fasse amoureux transis. »
« Merlin, je vais gerber… »
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Loin de cette complicité naissante, il y avait une personne dont les pensées n'avaient rien de joyeux. Elles étaient plutôt meurtrières et cela aurait effrayé bien des sorciers si elle ne se cachait pas aussi bien. C'était une spécialiste en sort d'invisibilité et elle avait tué bien des « salauds ».
Du moins, c'est ainsi qu'elle voyait les choses et rien ne la ferait changer d'avis... Les anciens Mangemorts, et tous ceux qui s'étaient pliés aux ordres de Voldemort ne méritaient pas de vivre.
Et – saleté de Malfoy – elle aurait dû tuer le dernier héritier de cette famille il y a bien longtemps... Mais...
Poussant un sifflement rageur alors que Harry Potter et Draco Malfoy quittaient Pré-au-lard, la jeune Auror détourna les yeux pour s'empêcher d'exploser de rage. Ses poings se serrèrent si fort autour de sa baguette qu'elle faillit perdre sa concentration et redevenir visible.
Cette petite pute de Malfoy se permettait de sourire... Après la peur qu'elle lui avait infligée avec Lysander, Mirabella Wood espérait que le blond ne pense qu'à elle, n'en dorme pas de la nuit. Elle avait voulu accaparer son monde de la plus horrible des façons.
Elle, il ne se passait pas un instant sans qu'elle ne le haïsse. Voir son corps si dénudé, offert à n'importe quel type comme une vulgaire prostituée de bas étage... Sans parler de la façon dont il se laissait faire avec les jumeaux au Manoir... Tout ça l'avait véritablement écœurée.
Où était passée la dignité de cet homme ? En avait-il eu une un jour ?
Après tout, la jeune Mira se fichait de cet adolescent qui n'avait pas grandi normalement. Tout ce qu'elle voulait, c'était le faire souffrir et l'observer alors qu'il prenait du bon temps avec Potter – Potter l'avait embrassé sous un arbre, Potter ! Comment avait-il fait pour toucher ses lèvres, alors que... ? La question effarait complètement l'Auror.
Elle s'était renseignée sur leur relation, et elle savait qu'il y avait quelque chose d'anormal entre eux, depuis toujours. Elle était là, d'ailleurs, le jour de leur rencontre. En train d'essayer sa petite robe de future étudiante à l'école de Magie. Elle n'avait cessé d'observer Malfoy depuis son entrée dans le magasin... Mais lui n'avait jamais eu d'yeux que pour le brun maigrichon aux cheveux en désordre.
Il n'avait d'yeux que pour les garçons. ... Les vieux... – elle eut une pensée pour le type qui l'avait baisé la première fois et se remémorer son âge lui donna envie de vomir. Malfoy était une vraie tapette, même pas un homme. Même pas capable d'embrasser une fille.
Cette nuit, elle mourrait d'envie de le tuer. Son mépris envers Malfoy allait au-delà des mots ; cette tapette avait même peur de respirer, ça se sentait à sa manière discrète de guetter les alentours, comme s'il craignait d'être attaqué. Ca se sentait à la manière dont il s'abandonnait quand on le baisait – Mira l'avait suffisamment regardé dans ces moments-là pour le savoir...
Il avait peur de vivre, ce couard. Dépendant à tout, et Merlin, heureusement qu'il n'avait pas aimé les femmes et qu'il ne s'était pas accroché à elle ; elle n'aurait vraiment pas supporté une mauviette pareille.
L'idée de goûter à sa langue et qu'il la pénètre lui donnait des frissons de dégoût. Forcément, qu'elle s'était imaginée ça...
Quand une personne vous obsède autant, on réfléchit à toutes sortes de moyens pour la détruire. Mais ça n'aurait jamais marché. Malfoy n'aurait jamais bandé pour elle... Mirabella eut un sourire cruel à cette pensée. Le pauvre.
Son père lui disait souvent d'épouser un sorcier puissant – et c'est pourquoi elle avait du respect pour Potter. Un homme fort, capable de lui donner de l'amour, avec un travail stable et l'envie de lui faire des enfants. Un homme bon, gentil.
Et à onze ans, il était clair pour l'écolière que le jeune Draco ne répondait à aucun de ces critères... Qu'est-ce qu'il était hautain... Elle avait eu envie de lui foutre son poings dans la figure dès l'instant où elle l'avait vu se pavaner... N'avait-il donc pas honte d'être ainsi ?
Ca aussi, Mira voulait le lui faire payer. Cher. Ce mauvais chemin qu'il avait prit, cette voie sans issue... Et maintenant, alors que c'était trop tard, il changeait, et ça jamais elle ne le lui pardonnerait. Qu'il meurt, qu'il meurt plutôt que d'accepter une telle chose. Draco Malfoy bon. C'était risible ! Son âme était noire !
Aussi noire que la sienne et les larmes dégoulinèrent le long de ses yeux, mais l'Auror les essuya sèchement. Pourquoi parlait-il si librement avec Potter ?
Au moment où le Survivant approcha sa main de celle de Malfoy, comme s'il voulait lui la prendre – elle devait halluciner, oui, c'est ça – Mira se saisit d'une fiole et la but cul sec, avant de se transformer en une femme sympathique avec des petites lunettes. Une journaliste sans importance, dont elle avait arraché une mèche de cheveux...
Se rendant à nouveau visible, elle se racla la gorge et s'approcha des deux garçons, faisant signaler sa présence. Il fallait virer Potter. Elle se doutait bien que Draco ne sortirait pas seul du château après ses menaces ; mais se débarrasser du Survivant n'allait pas être aisé – le brun avait toujours été une véritable épine dans son pied...
« Draco Malfoy ? »
Le polynectar lui donnait toujours cette sensation bizarre. De ne pas être elle-même. Et cette voix douce et enjouée en était une bonne preuve. Ainsi que son coeur, qui venait de rater plusieurs battements en croisant les yeux gris.
Elle en eut le souffle coupé mais se reprit.
« Qui êtes-vous ? », demanda t-il avec méfiance, croisant le regard de Potter qui paraissait lui aussi réticent.
« Je m'appelle Erika, je suis journaliste. Ne prenez pas cet air M. Potter, je vous en prie. Je ne suis pas Rita Skeeter », plaisanta-t-elle – wow, elle arrivait même à rire sous cette apparence... Rentrant totalement dans son jeu, et ne lâchant jamais le regard sceptique de Draco, elle poursuivit : « Je ne vous retiendrai pas. Je cherche juste à vous poser quelques questions... »
« De quel ordre ? », répliqua Draco Malfoy froidement. « Je crois que j'en ai assez bavé avec les journalistes, je n'ai plus rien à dire. »
« Ah ? Vous êtes sûrs ? Peut-être sur le fait que vous fréquentiez votre victime, et que vous semblez être ami avec elle... Peut-être sur votre homosexualité ? Ou sur votre asile si bien caché à Poudlard ? »
Tout le corps du blond venait de se tendre à cet instant et elle lut une lueur de panique passer dans ses perles grises. Parfait...
« Comment savez-vous... ? », murmura-t-il sans chercher à nier et Mira songea qu'il était au moins un peu intelligent, au moins ça dans sa petite vie merdique.
Il avait compris à qui il avait à faire. « Je veux un entretien seule à seul avec vous. Et je vous dirai tout. »
La bouche du Survivant sembla se décrocher à cette demande et l'impulsif Gryffondor fronça les sourcils. « Et pourquoi est-ce si confidentiel ? Je préfère rester. »
Pour le protéger...
Cette pensée ne fut pas exprimée mais tant Mira que Draco la comprirent. Potter se sentait coupable de ne pas être arrivé plus tôt au manoir, ça, Draco le savait. Et il le considérait comme une personne faible, puisqu'on l'avait privé de son essence magique, de la plupart de ses pouvoirs... Sans parler de son côté homosexuel, qui ne le rendait pas aussi puissant et viril que le brun...
« C'est bon », grinça la voix glaciale de l'ancien Serpentard. « Je sais me débrouiller seul. Et ta potion ne tiendra pas bien longtemps, tu devrais rentrer. »
L'allusion à cette fameuse potion – probablement celle qui permettait au brun de marcher, analysa rapidement Mira – sembla refroidir le brun. Les traits de son visage perdirent leur joie, comme s'il venait de se rappeler de quelque chose de douloureux.
« D'accord », souffla-t-il en échangeant un dernier regard chargé de menaces envers la prétendue Erika. « Ne viens pas me chercher si tu te fais encore agresser. »
Oh... Une scène de ménage ? La jeune Mira n'en demandait pas tant ! Mais quel bonheur de voir son Mangemort honnis grimacer.
« T'inquiètes pas pour ça, Potter. Je ne profiterai pas de notre si nouvelle et si naïve amitié comme la dernière fois. J'irai trouver Blaise, comme j'ai toujours fait. Entre Serpentards, on se soutient, on se comprend... »
« Ca veut dire quoi ? Que je ne peux pas te comprendre ? Tu me traites encore en crétin de Gryffondor, après tout ce qu'on a commencé à construire ? Putain, je lâche l'affaire Malfoy ! », enragea Harry. « A croire que c'est impossible de s'entendre sans se disputer un peu, et le pire, c'est que c'est à cause d'une connerie ! Je te laisse, et saute-la bien, ta journaliste ! », cracha-t-il.
Sur ces derniers mots, le Survivant se détourna mais avant de transplaner, Mira perçut sur son visage une expression de pleine surprise. La même baignait sur les joues légèrement rougies du blond... Quelque chose venait de se passer, là, juste sous ses yeux.
Potter venait de lui dire de la sauter... Mais savait-il que c'était impossible, que Malfoy était gay ? Probablement... C'était presque comme si ça se lisait sur son front, à cette petite salope... Alors pourquoi lui avait-il dit ça ? Mira se secoua, et contempla avec victoire l'endroit désert où Draco lui appartenait toute entière.
« Alors ? », lâcha le blond, la main serrée autour de sa cape et si on regardait bien, on pouvait la voir légèrement trembler.
Il avait peur. Il mourrait de peur. Sa fierté l'avait poussé à virer Potter mais Mira était certaine que pour rien au monde, ce parano n'aurait voulu se retrouver seul avec une parfaite inconnue...
Et combien il avait raison...
Faisant claquer ses talons sur le sentier, elle s'avança et se pencha à son oreille, tandis qu'il venait de reculer d'un pas, surpris et effrayé. « Quoi ? Vous n'avez pas l'habitude qu'on vous fasse des avances ? », murmura-t-elle en lui soufflant légèrement dessus. « Vous ne me trouvez pas belle ? »
Peut-être qu'avec cette apparence... Non, même pas. Il était pédé, un sale pédé, qui la fixait avec ses yeux effarés et ses traits durs. Ca le rendait si laid. Il était si maigre... Elle le détestait !
« Ma petite mangemerde... »
Draco eut un gémissement qu'elle perçut comme une peur vive et soudaine, une terreur qui le prit aux tripes à ces mots et il la poussa sans ménagement, se retournant et courant de toutes ses jambes. Il y avait du progrès, il cherchait à fuir maintenant... Ou un retour en arrière, selon le point de vue.
Sans perdre de temps, elle sortit sa baguette et le stupéfixia, prenant un profond plaisir à jeter un sort aussi simple, un sort qui lui permettait de l'avoir à sa merci. Sans efforts. Elle en jouissait.
S'accroupissant près de lui, elle le retourna sur le dos et redevint Mirabella Wood. Seule une mince respiration s'échappait de ses lèvres figées, et Mira aspira la buée due au froid qui s'en échappait. Les yeux brillants de Malfoy, presque plein de larmes, lui arrachèrent une satisfaction immense.
« T'aurais dû être plus prudent, mon ange... Si tu ne voulais pas de moi dans ta vie, il fallait faire plus attention, m'éviter... C'est ta faute, si t'es pas un homme. Ta faute si tu te soumets au premier venu, même à l'être le plus sale qui n'ait jamais existé. Ta faute, t'entends ? »
Ces mots l'atteignaient droit au coeur, elle le savait. Une arme que le blond usait à tord et à travers dans sa jeunesse ; aujourd'hui elle la retournait contre lui, fermant sa sale bouche suceuse d'hommes une fois pour toutes.
« T'es pas normal, j'aurais dû te tuer avec tes parents. Dans cette avalanche... »
Bien que les paupières de Draco ne cillèrent pas d'un poil, ses pupilles, elles, s'ouvrirent en grand, et l'aspirèrent dans un grand vide. Il ne savait pas. N'avait jamais su...
« Quelque chose à dire, mon ange ? », dit-elle et sans attendre elle glissa un doigt dans la bouche entrouverte du blond, l'humidifiant légèrement. Puis elle retraça le contour des lèvres gercées et aussitôt, Draco put les remuer à nouveau.
« Tue-moi », déglutit-il. « Fais-le. »
Mira secoua la tête et quelque chose lui fit prendre conscience qu'elle laissait encore une occasion en or s'échapper. Ses tempes se mouillèrent et elle se redressa vivement, crachant véhément : « Jamais ! »
Levant sa baguette en l'air, elle profana des incantations, très concentrée. « Tu vas souffrir d'abord », se justifia-t-elle, comme si elle avait besoin de le dire. Pour sa conscience. Pour ses principes.
Disparaissant de son maigre champ de vision, Draco sentit la panique le submerger tout entier lorsqu'une sensation de froid le glaça jusque dans ses entrailles. Oh, oh, bon sang, pas ça !
Son corps s'arc-bouta alors qu'un Détraqueur venait d'aspirer ses souvenirs les plus heureux. Toute sa triste vie lui explosa aux yeux et les démangea, faisant couler les larmes à flot sur ses joues. C'était le choc de recevoir un tel traitement, et de savoir qu'il allait réellement mourir, là, tout de suite, qui le faisait craquer...
Il se revit, à cinq ans, assis à genoux dans son jardin en train d'enterrer un petit oiseau que son père venait de tuer. Dans ce supermarché Moldu, avec cet horrible pincement au coeur, ce coup de foudre alors qu'il était tombé parterre, et il n'imaginait pas encore à quel point il allait tomber amoureux de Harry Potter. Il se revit entendre tous ces sorciers de la haute, ces amis de son père, parler de ces drôles d'énergumènes qui couchaient avec des hommes, et qui aimaient ça. Entendre que si on le faisait pour Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, c'était honorable, mais que dans les autres cas, c'était dégueulasse...
Sauver sa vie comme un lâche et servir d'esclave sexuel était plus beau que l'amour qu'il portait à Harry ? Et on se permettait de salir ses sentiments de petit garçon ? De lui dire qu'il était anormal, différent... Et il se revit, différent, à genoux et effrayé devant Voldemort ; la baguette tremblante entre ses doigts devant Dumbledore. Devant l'Armoire à Disparaître, où il aurait voulu disparaître lui-même.
Dans la Salle sur Demande, avec la peur de brûler vif...
Il en aurait vu d'avantage et serait mort s'il n'avait pas entendu un « SPERO PATRONUM ! » être hurlé dans les airs.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, la vision de Harry perché sur lui, semblant mort d'inquiétude et le serrant dans ses bras refit battre son coeur. Une douce chaleur revint dans son corps et les larmes continuèrent à couler, mais de soulagement, cette fois.
Il voulait vivre. Oh, cette envie était toute récente parce que Draco n'avait jamais souhaité réellement vivre, juste survivre, car comme beaucoup, il avait peur de la mort. Mais ce désir de vivre, d'être heureux, cet espoir, il était tout récent et venait de naître... Il ne savait pas exactement quand. Mais il s'en fichait.
Il entendait Potter rager au dessus de lui.
« Tu es revenu », chuchota-t-il faiblement, laissant la partie amoureuse de lui parler librement, car il en avait marre de se détester pour ça.
« Oui », lui parvint la voix du brun, incertaine. « J'ai senti... Une sorte de froid m'envahir, qui n'avait rien à voir avec la sensation de transplaner... Et j'avais un mauvais pressentiment... »
« Du... Froid ? », bégaya Draco.
Leurs regards se croisèrent et un silence gênant s'installa.
« Ca va mieux ? », demanda Harry au bout d'un moment.
Le blond hocha la tête, bien qu'encore chamboulé par tout ce qu'il venait de se passer.
« On va rentrer, alors... »
Voyant que Potter semblait hésiter, Draco tenta d'accrocher son regard fuyant mais sans succès. Que se passait-il, encore... ? Ses yeux gris l'encouragèrent à s'exprimer pleinement et Harry déglutit, se rappelant qu'ils devaient tout se dire.
« Malfoy... » Ses joues se colorèrent légèrement et Draco se demanda quel trouble intérieur pouvait secouer le brun à ce point. « Il... Il faudra que tu me parles, de cette histoire de prophétie... »
Et pour appuyer ses dires, il lui tendit une petite sphère qu'il tenait au creux de sa main.
A suivre...
Long délai, mais le temps passe si vite...
J'espère que ça vous a plu, au moins ! Une dédicace toute particulière à Poka Rock et SweetHome pour toutes leurs reviews, et je répondrai aux autres dès que possible.
Merci à tous pour vos précieux messages... Un merci aussi à ma bêta.
Bonne soirée...
Pady.