Note de l'auteure : Voici enfin le dernier chapitre de cette fiction, ma toute première fiction. Je sais que plusieurs d'entre vous n'étiez pas très heureux que ça se termine si rapidement. Merci d'avoir pris la peine de m'écrire. Mais je conserve mon idée de départ qui était de raconter le premier Noël de Harry et Ginny après la chute de Voldemort, sur une période de 24 à 36 heures. J'espère simplement que vous aimerez le dénouement que j'ai imaginé. Pour compenser, ce chapitre est le plus long de toute la fiction. J'aurais pu le scinder en deux et même en trois. Je vous retrouve à la fin du chapitre. J'attends vos commentaires avec impatience. Bonne lecture.

Joyeux Noël Harry!

- Lily, tu veux bien arrêter de t'en faire, demanda James en s'approchant de sa femme. Harry est très fort, il va s'en sortir.

- James, tu ne comprends donc pas que ton fils est en difficultés? Tu ne comprends pas qu'il a besoin d'aide? Il faut absolument trouver une façon de l'aider.

- Je comprends très bien la situation, Lily. Comment veux-tu qu'on l'aide? D'après ce que tu m'as raconté, Ginny vient d'essayer de lui faire comprendre qu'il n'avait pas à se sentir coupable de quoi que ce soit. Il n'arrive pas à se dissocier de la situation, Lily, on ne peut pas faire grand chose de plus. On ne peut que souhaiter qu'il s'en sorte. Nous ne sommes pas du même côté du voile ma chérie, tu te souviens?

- C'est là que tu te trompes, mon amour. Tu es plus intelligent que ça pourtant. La connexion que nous partageons avec Harry et Ginny, elle n'est pas utile seulement dans un sens. Elle fonctionne dans l'autre sens aussi. Nous pouvons nous en servir pour lui parler de nous même.

James se donnant une grande claque dans le front.

- An mais bien sûr! Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt? Tu es un génie ma chérie. Vite, allons tout de suite parler avec Harry. Si on a de la chance, il nous offrira une tasse de thé.

Lily se méfiait de la réaction de James. Il lui faisait toujours ce genre de réaction quand il croyait que son idée était ridicule.

- James! Arrête, tu veux bien? demanda sérieusement Lily.

- Tu crois sincèrement que nous réussirons à le convaincre de se déculpabiliser alors que Ginny n'a pas réussi? Allons donc! Notre fils n'est plus un bébé, Lily. Il est à l'âge où il n'écoute plus ses parents. En plus, les siens, c'est-à-dire nous, sont morts. C'est certain…

- Veux-tu bien m'écouter, au lieu de faire le Monsieur Je-Sais-Tout! Nous n'avons pas besoin de lui parler nous même. Nous ne sommes pas du tout la source de sa culpabilité. C'est Lupin et Tonks qui doivent lui parler.

- Lupin? Et… Ton… Oh!, comprit finalement James. Mais ma chérie tu es vraiment la plus brillante, dit-il en enlaçant Lily et en la faisant tournoyer dans les airs. TU ES GÉ-NI-ALE!

James la déposa enfin.

- Voudrais-tu faire venir Remus et Dora? demanda Lily, dissimulant ainsi son air triomphant. J'aurais besoin de leur parler.

BOUM, BOUM, BOUM… BOUM, BOUM, BOUM…

- HARRY?

BOUM, BOUM, BOUM… BOUM, BOUM, BOUM…

- HARRY? TU ES RÉVEILLÉ?

La porte s'ouvrit en trombe.

- Tu veux bien la fermer, Ron? siffla Ginny entre les dents tout en prenant bien soin de refermer la porte derrière elle.

Ron, le poing toujours en l'air, regardait sa sœur, les yeux ronds, la bouche grande ouverte, complètement médusé. Après quelques secondes d'hésitations, son visage s'assombrit.

- Mais… qu'est-ce que tu fais-là, toi? lui demanda-t-il sèchement.

- Je suis dans MA maison imagine-toi donc, répondit Ginny en mettant ses mains sur ses hanches. Et toi? Pourquoi tu t'acharnes comme ça sur la porte? Tu t'es donné comme mission de réveiller tout le village? rétorqua Ginny à son frère.

- Ron? demanda une voix à l'étage inférieur.

- Je … Je … hésitait Ron, visiblement inconfortable de voir sa sœur sortir de la chambre de Harry.

- Ron? Est-ce que tu me parles? Insista la voix au rez-de-chaussée.

Il baissa les yeux et tourna les talons. Il fit quelques pas vers l'escalier puis se retourna vers sa sœur. La déception pouvait se lire sur son visage.

On entendait des pas qui montaient l'escalier.

- Les beaux discours qu'on a pu entendre hier soir, déclara-t-il, déçu. Que du vent! ajouta-t-il, le ton méprisant dans la voix. Le gentil Harry qui ne veut pas décevoir les parents. Tout ça c'était juste de la foutaise. Il n'a pas mis longtemps à montrer son vrai visage le « beau-frère »! finit-il l'air dédaigneux.

- Qu'est-ce qui se passe ici? demanda Hermione en entendant les paroles de Ron.

Ce n'est qu'arrivée au haut de l'escalier qu'elle aperçût Ginny. Elle eût un mouvement de recul lorsqu'elle comprit ce qui se passait.

- OH! fut la seule parole qu'elle arriva à prononcer, tellement elle était surprise de voir Ginny.

- Ce qui se passe, Hermione, chuchota Ginny très fortement, c'est que mon imbécile de frère fait un vacarme épouvantable devant la porte de ma chambre et il est tout surpris de constater qu'il a finalement réussi à réveiller quelqu'un. En plus, l'abruti ne comprend rien à rien comme toujours et juge la situation avec la demi-cervelle qui lui sert d'intelligence, ajouta-t-elle d'un seul trait.

Hermione, prise de court par cette situation des plus inattendues, eût la rapidité d'esprit de demander à tout le monde de descendre à la cuisine. Les deux rouquins descendirent l'escalier en silence tout en se jetant des regards noirs, comme deux enfants pris en faute. Lorsqu'ils furent rendus à la cuisine, Hermione leur demanda des explications. La cacophonie qui s'en suivie fut telle, qu'elle ne put comprendre un seul mot de leur histoire.

- Où est Harry? finit-elle par demander, lasse d'essayer de les arrêter.

- Il dort dans NOTRE chambre, répondit Ginny, insistant sur le « notre » en regardant Ron.

- Ok, répondit-elle en réfléchissant. Et… comment se fait-il qu'il dort encore? risqua Hermione les yeux plissés par la peur de la réaction de sa meilleure amie.

Ron se leva d'un trait, se dirigeant à nouveau vers l'escalier.

- Je n'ai pas à écouter ce genre de détails de la bouche de me PETITE sœur, insista Ron à son tour pour faire comprendre pourquoi il était si inconfortable avec la situation. D'ailleurs, pourquoi tu lui demande, tout le monde sait pourquoi il dort encore, Hermione, tu n'as pas besoin de le demander.

- RON, JE T'AVERTIS. NE VA SURTOUT PAS RÉVEILLER HARRY OU SINON TU AURAS AFFAIRE À MOI.

- PFFF! Si tu penses que je vais aller perdre mon temps à lui parler. Je n'ai rien à lui dire, cet hypocrite!

-RON! dirent ensemble Ginny et Hermione.

Ron était désemparé. Hermione était du côté de Ginny.

- Hermione, tu ne vas pas te mettre de leur côté? Attends quand maman va savoir ça, ce ne sera pas beau. Je ne suis même pas sûr que je veux le lui apprendre tellement la réaction risque d'être explosive.

- Maman est au courant, Ron, l'informa Ginny en se croisant les bras. Pour toi aussi d'ailleurs, ajouta-t-elle arrogante. Il ne faudrait pas la prendre pour une imbécile. Ce n'en est pas une, elle!

Ginny, le regard en feu, dévisageait son frère, satisfaite de l'effet qu'elle venait de produire. Ron, bouche-bée, était resté gelé comme une statue devant l'escalier. La bouche toujours ouverte, le teint verdâtre, il remonta les marches si lentement qu'il donnait l'impression d'avoir 250 ans. Il ne trouva rien d'autre à ajouter. Il avait l'impression que sa vie était finie.

Pendant la longue, très longue ascension de Ron à l'étage, Hermione, très nerveuse, eût le temps de préparer une tasse de thé pour Ginny. L'atmosphère commençait à se détendre avec la sortie plutôt amusante de Ron. Avant même que Hermione ait eu le temps de se rasseoir, Ginny ouvrit enfin la bouche.

- Harry dort encore parce que nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit.

Hermione retint un éclat de rire. Elle s'assit face à Ginny en s'efforçant de reprendre son sérieux.

- Je n'ose pas te demander pourquoi. Je crois que j'ai une bonne idée de la raison pour laquelle vous n'avez pas dormi, dit Hermione les lèvres pincées pour ne pas rire.

Ginny regarda son amie du coin de l'oeil et pouffa de rire. Hermione était soulagée de voir Ginny rire ainsi. Hermione sentit les derniers moments de tensions se dissiper avec ce fou rire.

- Ouais, disons que ça fait partie de la raison, répondit-elle en se prenant le visage, cachant ainsi son inconfort. Ouf!… Merlin!… Si je m'attendais à ça! ajouta-t-elle les joues rosies par la timidité. Mais ce n'est pas seulement pour cette raison que nous n'avons pas beaucoup dormi. Nous avons beaucoup discuté, Harry et moi. Beaucoup de choses étaient restées en suspend depuis un bon moment et je devais avoir des réponses. Nous nous sommes même presque querellés.

Hermione, qui n'avait pas l'habitude d'entendre Ginny parler d'une querelle entre elle et Harry, était plutôt surprise. Elle remarqua que, même si elle avait elle-même des querelles fréquentes avec Ron, elle ne savait pas trop quoi répondre à son amie. Elle était tout de même un peu déçue pour eux. Ça ne devait pas être agréable d'associer la première nuit d'amour à une querelle.

-Rassure-toi, Hermione, se dépêche d'ajouter Ginny, constatant l'expression de son amie. Ce n'était pas si désagréable cette conversation. Même si nous avons eu des émotions très fortes, la conversation nous a fait beaucoup de bien à Harry et à moi. Nous avancions sans trop savoir où nous allions tous les deux. Avec les engagements sérieux que nous venons de prendre, il était plus qu'important que nous nous fassions confiance.

Hermione ne comprenait pas trop de quoi Ginny voulait parler. Ne voulant tout de même pas trop entrer dans les détails de la nuit, elle informa Hermione que Harry ne dormait pas beaucoup et qu'il faisait des cauchemars affreux. Elle lui expliqua que Harry avait tenu cette information secrète de pratiquement tout le monde, y compris elle-même, et qu'elle ne pouvait accepter d'être gardée à distance de ses préoccupations…

- … tu sais, les cauchemars de Harry, c'est vraiment la clé de ce qu'il y a dans sa tête en ce moment. Il vit vraiment un moment difficile. Il ne dort presque plus parce que ses cauchemars reviennent chaque nuit. Il dit qu'il se sent en sécurité avec moi et qu'il a l'esprit tranquille en ma compagnie. Il parlait un peu à ma mère la nuit quand ils faisaient tous les deux de l'insomnie. Je crois qu'ils se sont beaucoup aidé l'un et l'autre. C'est pour cette raison que maman m'a envoyée ici cette nuit. Elle savait pertinemment ce qui se passerait, mais elle a beaucoup changée depuis la mort de Fred. Elle pensait que Harry avait besoin de ne pas se sentir seul. Elle croyait qu'il était plus que temps que Harry sente un peu de sécurité ou plutôt de la tranquillité. Elle croit qu'il a déjà beaucoup trop souffert. Le reste n'était plus important.

Hermione, se questionnait beaucoup sur les insomnies et les cauchemars de Harry. Elles en discutèrent un moment.

- Je me demande comment se fait-il que Ron n'ait jamais rien su de toute cette histoire? demanda-t-elle pensive. Il dormait tout juste à côté de lui dans la même chambre.

En entendant le nom de son frère, Ginny se raidit.

- Parce que mon idiot de frère ne voit jamais rien, répondit-elle subitement. Il n'est même pas capable de se rendre compte que son meilleur ami ne dort pas la nuit.

- Ton frère est loin d'être un imbécile ni un idiot, Ginny, s'empressa de répondre Hermione. Ron a ses forces et ses faiblesses, admit-elle doucement pour ne pas vexer davantage Ginny. Il vous aime tous, tu sais. Il est très loyal et fidèle. Il a un très grand sens de la famille malgré tout ce que vous lui faites endurer quotidiennement, vos frères et toi. S'il a réagit comme il l'a fait ce matin, c'est parce qu'il tient à toi et à Harry.

- Bien moi je trouve qu'il a une drôle de manière de le montrer, ajouta Ginny sarcastiquement.

- Que veux-tu? Il est maladroit avec les émotions et il ne sait pas du tout comment verbaliser ce qu'il ressent. Ça ne fait pas de lui un imbécile pour autant. Il m'a beaucoup parlé de vous, quand vous étiez petits, toi et lui. Il m'a déjà dit que tu étais son « frère » préféré.

En entendant ces mots, Ginny se sentit devenir étrange. Elle se revit, toute petite, pleurant sur une grosse roche sur le terrain du Terrier. Elle avait un genou écorché. Ron était arrivé et avait consolé sa petite sœur. Il s'était fait punir et elle se souvint du sentiment qu'elle avait ressenti à ce moment-là. Ginny sentit alors sa gorge se serrer. Elle regarda Hermione quelques secondes. Elle lui fit un sourire, se leva et se dirigea vers l'escalier.

- Qu'est-ce que tu fais? lui demanda Hermione, surprise de la réaction spontanée de Ginny.

- Je crois qu'il est temps que j'aie une conversation avec mon frère, répondit-elle sans même prendre la peine de se retourner.

Hermione, plus que satisfaite de la situation, regarda monter Ginny, puis s'affaira à ranger la cuisine.

En passant devant la porte de sa chambre, Ginny l'ouvrit et jeta un œil à l'intérieur. Harry dormait toujours. Il était maintenant 11h30 et ça ne faisait que 4h qu'il dormait. Elle poursuivit son chemin et s'arrêta devant la porte de la chambre de Ron et Hermione. Elle resta sans bouger pendant quelques secondes, hésitant avant de frapper. Elle ne savait pas trop ce qu'elle allait lui dire, mais elle sentait le moment venu d'avoir une bonne conversation avec son frère. Elle se décida enfin à frapper.

Toc, toc, toc…

Aucune réponse.

Elle ouvrit la porte et vit que Ron était appuyé contre la fenêtre, regardant dehors. Il était triste et il semblait avoir les yeux rougis. Il ne se tourna même pas pour regarder sa sœur.

Ginny n'attendit pas qu'il l'invite à entrer. Elle s'éclaircit nerveusement la gorge.

- Te souviens-tu du jour où je m'étais fait mal sur la grosse roche au Terrier? demanda Ginny surprise de sa propre question.

Ron fit oui de la tête, regardant toujours par la fenêtre.

- Pourquoi tu as pris ma défense cette journée là? J'avais été désagréable avec toi toute la journée. Je ne le méritais sûrement pas. Je me suis toujours demandé pourquoi tu avais pris le blâme à ma place.

- Je n'avais pas pris le blâme à ta place, précisa Ron, la voix éraillée.

- Je me souviens très bien que c'était moi qui avais mis le feu au manteau affreux de tante Murielle et qui l'avait transformé ainsi en cendre. Je savais que maman serait furieuse et je m'étais enfuie. Je m'étais blessée en tombant sur la grosse roche parce que je ne regardais pas où j'allais. Je me souviens que tu me suivais. Tu étais arrivé peu de temps après moi. Quand maman est arrivée, tu lui as dit que tu avais mis le feu au manteau et que je pleurais parce que tu m'avais menacé pour que je n'aille pas tout te raconter. Je devais avoir 5 ans à cet époque, et toi, 6…

Ron ne dit rien.

- Bon sang qu'il faisait vraiment peur ce manteau, ajouta-t-elle pour elle-même, revoyant du même coup la situation.

Ron, regardant toujours au dehors, fit un sourire en coin. Il se frotta machinalement le derrière.

- Ça a été la pire punition que j'ai eue de toute ma vie, dit-il en souriant toujours.

- Mais pourquoi tu n'as jamais dit que c'était moi la coupable?

Ron réfléchit pendant quelques secondes.

- Je crois que c'est parce que tu avais fait ce que je n'avais pas eu le courage de faire. Je t'avais trouvée très brave, dit-il, regardant enfin sa sœur dans les yeux. Puisque maman croyait que c'était moi, j'ai pris le blâme, comme ça on pouvait au moins dire que j'avais réussi un mauvais coup une fois dans ma vie. Tout le monde croyait toujours que j'étais un bon à rien, ajouta-t-il en détourant son regard à nouveau vers la fenêtre.

- Je suis désolée, admit Ginny en baissant les yeux, honteuse de traiter son frère ainsi.

- Maman aurait été déçue de constater que sa fille était aussi écervelée que ses garçons, ajouta Ron en regardant sa sœur. On peut alors dire que j'ai fait ça pour maman.

- Je suis désolée Ron, je n'ai pas fait exprès d'être une fille. Je…

- Je sais Ginny, ne t'inquiète pas pour moi. Je devrais plutôt dire que maintenant je le sais, mais à l'époque je ne le comprenais pas tout le temps, admit-il en passant nerveusement sa main dans ses cheveux. J'ai eu l'occasion d'avoir de bonnes conversations avec maman depuis que j'ai fini mes études. Toute cette rancœur-là est disparue, Ginny, rassure-toi.

- C'est vrai que je n'étais pas toujours très gentille avec toi…

- Bah! Ce n'était pas si terrible, surtout après cet épisode du manteau. Maman m'avait fait récurer toute la vaisselle sale à la main et j'avais dû faire le ménage du Terrier au grand complet, mais le soir, tu venais toujours me porter quelque chose à manger dans ma chambre parce que j'étais trop fatigué pour manger avec tout le monde.

- Maman pensait que c'était parce que j'étais gentille. Mais en fait, c'était que je me sentais tellement coupable.

Ron sourit à sa sœur en entendant ces paroles.

- Pourtant, c'est à partir de ce moment que tu es devenue mon « frère » préféré.

Ginny éclata de rire. Elle se souvint que Ron et elle étaient pratiquement inséparables quand ils étaient jeunes. Les jumeaux étant toujours occupés à faire les quatre cents coups, Percy à étudier quelque chose, Charlie et Bill à Poudlard déjà. Elle et Ron étaient toujours à inventer toutes sortes de jeux étranges et rigolos.

Ron, se sentant toujours le laissé pour compte, s'était tourné vers la seule personne de sa famille qui semblait l'admirer un peu, sa petite sœur Ginny. De son côté, Ginny n'avait pas peur d'être victime d'un mauvais coup avec Ron, car il était toujours gentil avec sa sœur.

- Tu semblais toujours me trouver drôle, avoua-t-il à sa sœur.

- Et tu étais réellement drôle. Je n'avais pas peur que tu me fasses une mauvaise blague, contrairement aux jumeaux, avoua-t-elle à son tour. Je pouvais te faire confiance.

En entendant ces derniers mots, Ron sentit une chaleur dans son cœur. Encore une fois, Ginny le faisait se sentir important.

- Moi aussi je pouvais te faire confiance. Tu ne jugeais pas tout le temps mes bêtises, comme les autres le faisaient. Avec toi, je n'étais pas le « crétin », le « petite Ronny à maman » comme tous les autres me disaient.

- Bill et Charlie n'ont jamais dit ça de toi, répliqua Ginny indignée.

- Eux, non c'est vrai, corrigea-t-il. Mais les trois autres, oh que oui! Bill et Charlie étaient déjà assez vieux. Avec toi, j'étais moi. Ce n'était pas compliqué. Et puis, tu me laissais être ton grand frère. Et pour le manteau, je savais que tu avais été trop loin. Je voulais te protéger.

- Merci, Ron. Je ne t'ai jamais remercié pour tout ce que tu as fait. Mais tu sais, maintenant tu n'as plus besoin de le faire. Tout le monde s'efforce de me protéger alors que je ne veux pas être protégée. Je suis capable de me défendre toute seule. Pourquoi personne ne veut me croire? demanda-t-elle, désespérée. C'est pour cette raison que j'ai réagi aussi fortement tout à l'heure.

Ron vint s'asseoir à côté de sa sœur. Il appuya ses coudes contre ses genoux, regardant ainsi le tapis. Il ne savait pas quoi dire à sa sœur. Il n'était pas capable de lui expliquer pourquoi il avait réagi comme il l'avait fait. Il avait la nette impression que Harry n'avait pas été honnête dans toute cette histoire et il détestait ça. Ginny brisa enfin le silence.

- Tu ne dois pas en vouloir à Harry, Ron. Il n'y est pour rien si je suis ici, dit-elle comme si elle avait lu dans les pensées de son frère.

Il ne dit rien. Il regarda le plancher, ne sachant pas trop quoi lui répondre. Il n'était vraiment pas confortable avec ce genre de situation. Parfois, il se demandait si les choses n'étaient pas mieux lorsqu'elles restaient non dites. Pourquoi fallait-il toujours que tout le monde mette toujours tout en mots? Ils savent tous pourtant qu'il n'est pas bon avec les mots.

- Harry ne m'avait pas prévenu que tu serais ici, informa Ron.

- C'est normal qu'il ne t'ait pas prévenu, il ne le savait pas. Il croyait que je dormais avec maman sur le sofa dans le salon au Terrier. Il a été assez surpris de me voir.

- S'il te plaît, avant que tu continues, épargne-moi les détails. J'imagine que la stupéfaction à fait rapidement place à…

- RON! Ne recommence pas s'il te plaît.

- Ok, ok. Excuse-moi. Mais je trouve cela très difficile à accepter.

- Tu devras pourtant t'y faire, lui conseilla-t-elle. Nous sommes fiancés maintenant. Harry va devenir ton beau-frère. Et puis… on ne peut plus rien y faire maintenant. Ce qui est fait, est fait. Et puis, tu es un peu mal placé pour faire des remontrances aux autres, mon cher frère.

Ron eut un petit regard triste pour sa sœur.

- Tu es encore ma petite sœur qui pleurait sur mon épaule quand tu te faisais mal, lui avoua-t-il.

- Je sais, mais tu vas devoir t'y habituer. Je ne suis plus une petite fille. Harry n'est plus un petit garçon non plus. Tu savais que…

- Par la barde de Merlin, Ginny, tu ne vas tout de même pas me parler de ce genre de détails. Je ne veux rien entendre de ce qu'il t'a fait. C'est dégoûtant!

Ginny pouffa de rire.

- Idiot! Je ne voulais pas te parler de ça. Et puis, arrête de jouer les pères avec moi, je viens de te dire que je n'en avais pas besoin. Tu devrais, à la place, être plus attentif aux besoins de ton meilleur ami. Il ne va pas bien du tout, si tu veuz le savoir.

En entendant ces paroles, Ron écouta attentivement ce que sa sœur lui disait. Il n'était visiblement pas au courant des cauchemars de Harry. Il semblait très malheureux de l'apprendre. Pendant que Ginny et Ron discutaient calmement, Hermione vint les rejoindre dans la chambre. Ils discutèrent de la situation tous les trois et essayèrent de trouver les moyens d'aider Harry.

Harry s'étira longuement dans son lit. Ginny n'était plus couchée à ses côtés. Il se prépara à aller la chercher dans la maison. Il se leva péniblement et enfila son peignoir. Il se mit ensuite en chemin vers la cuisine au rez-de-chaussée. Dans l'escalier, il entendait des voix qui provenaient de la cuisine.

- Tu veux bien descendre de là toi, dit une voix féminine.

- Pourquoi? Je suis bien ici, répondit une voix masculine.

Harry souriait, Ron et Hermione étaient levés et se disputaient déjà pour rien. Il entra dans la pièce et resta figé. Jamais il n'aurait crû cela possible.

- Mais… qu'est-ce que vous faites là? demanda-t-il à son père, sa mère, Sirius, Lupin et Tonks.

Devant cette visite inattendue, Harry se sentit devenir faible, étourdi. Il eut tout juste le temps de prendre une chaise avant de sentir ses genoux se dérober sous son poids. La grande fatigue qu'il supportait depuis plusieurs mois, le rendait encore plus vulnérable, plus sensible aux émotions fortes. Il avait le souffle court, la tête qui tournait. Il ne comprenait rien. C'était impossible qu'ils soient là pour de vrai. Il souleva la tête pour chercher Hermione, mais il ne la vit pas. Il ne vit pas Ginny, ni Ron.

- Harry, mon chéri, ça va? demanda Lily, s'approchant de son fils.

- Non Lily, il ne va apparemment pas bien, répondit Lupin en se dirigeant vers Harry.

- Ce n'était peut-être pas une si bonne idée de venir tous ensemble, hésita Tonks.

James et Sirius aidèrent Harry à se relever.

- Allons mon gars, tu as vu pire que ça, dit Sirius sur un ton badin. Tu as déjà vu Lupin sous un moins bon jour pourtant, ajouta-t-il en riait.

Harry, toujours haletant, s'efforça de sourire à Sirius. Il était sous le choc de les voir. Il était heureux, mais pourtant il souffrait horriblement. Jamais ses cauchemars ne s'étaient déroulés de cette manière. Ils devenaient de plus en plus sournois, douloureux et réels. Après cette immense joie, quel horrible événement va-t-il devoir supporter.

James donna la main à son fils et l'attira vers lui.

- Viens ici, toi! dit-il doucement à son fils. Il y a une éternité que je n'ai pas pu te prendre dans mes bras. James serra Harry si fort, que ce dernier en perdit presque le souffle.

Harry ne comprenait pas ce qui se passait. Au contact de son père, il eut l'impression qu'il était bien réel, que ce n'était pas un rêve. Il se sentait si bien dans les bras de son père, qui était légèrement plus grand qui lui et, étrangement, à peine plus vieux que lui. James avait l'apparence qu'il avait lors de sa mort, ce qui voulait dire qu'il n'était pas beaucoup plus vieux que lui. Harry savait cependant que c'était impossible, que son père, sa mère et les autres ne pouvaient être réellement là.

- Qu'est-ce que vous faites ici? demanda-t-il poliment à ses parents, cherchant à comprendre ce qui se passait. Il regardait autour de lui et il semblait être dans la cuisine de la maison à Godric's Hollow.

- En fait, où sommes-nous réellement? Nous ne sommes pas vraiment dans ma cuisine, hein? demanda-t-il pour savoir s'il rêvait ou s'il faisait encore un cauchemar.

- Tu vois ça, Lily? Tu vois, il est intelligent comme s…

- …sa mère, dirent en chœur Remus et Sirius, toujours prêts à faire taire James lorsqu'il se vantait un peu trop fort.

- Bon, bon, ça va vous deux. Je vous retiens…, répondit James en riant. C'est vrai mon garçon, c'est préférable que tu ressembles à ta mère. Beaucoup plus sage.

Harry ne pouvait en croire ses yeux. Il était, il ne savait trop où, dans une pièce qui ressemblait étrangement à sa cuisine, avec les gens qu'il aimait le plus au monde. En plus, tout ce qu'il pouvait faire, c'était de rire stupidement devant les propos ridicules de son père.

- Heu… il paraît que je te ressemble plus…papa…à ce qu'on m'a dit, répondit Harry en passant sa main droite dans ses cheveux. Mais pourquoi je suis ici? Qu'est-ce qui se passe?

- Pour répondre à tes questions, nous ne sommes pas réellement dans ta cuisine, Harry. Tu es toujours dans ton lit. Nous profitons d'une ouverture dans ton esprit pour venir te parler, ajouta Lily, souriant gentiment.

Harry n'était pas surpris d'entendre cette explication. Il n'en demeurait pas moins un peu déçu. Il aurait tant espéré qu'ils soient tous encore en vie, dans la cuisine de Godric's Hollow, comme les choses auraient normalement dû être.

- Vous êtes donc tous dans ma tête. Je rêve, c'est ça?

Ils se tournèrent tous vers Lily, donnant l'impression qu'elle était la seule à pouvoir répondre à cette question.

- Pas tout à fait, tu ne rêves pas vraiment. Contrairement à un rêve, tu peux quitter cette conversation à tout moment, selon ton désire. Nous ne sommes pas le fruit de ton imagination, nous sommes réellement en train de te parler. Nous avons choisi l'ambiance de la cuisine, parce que ça faisait un peu moins effrayant.

Harry comprit que ce qui se passait en ce moment, était un peu la même chose qu'il avait vécue avec Dumbledore la nuit où Voldemort lui avait asséné sont deuxième AVADA KEDAVRA. Il fit un sourire incertain à sa mère, qui s'approcha de lui pour lui caresser les cheveux.

- Mon chéri, commença-t-elle, je crois qu'il est temps que tu aies une conversation sérieuse avec Remus et Dora. Tu ne peux plus continuer à supporter ces cauchemars. Tu dois absolument arrêter de te culpabiliser comme tu le fais tout le temps. Il m'est impossible de supporter ta souffrance. Je devais faire quelque chose pour t'aider. J'ai pensé que la meilleure façon était de te faire parler avec Remus et Dora. Sirius, James et moi allons sortir un petit moment, le temps que vous parliez tous les trois, librement.

- NON! supplia Harry qui ne voulait pas perdre une seule seconde en compagnie de ses parents.

- Nous ne serons pas loin, le rassura Sirius.

- Et nous reviendrons te dire au revoir, ajouta James.

Harry regarda partir le trio qui se dirigea vers ce qui représentait le salon. Harry se retrouvait donc seul avec Tonks et Remus. Il n'osait pas les regarder en face. Il avait peur. Il ne savait cependant pas ce qui lui faisait le plus peur : les voir comme il les voyait dans ses cauchemars ou, pire encore, lire la déception et la colère dans leurs yeux.

Remus fut le premier à briser le silence inconfortable qui s'installait.

- Comment vas-tu Harry? demanda-t-il aimablement. Tu sais que ta mère s'inquiète beaucoup pour toi. Elle m'a expliqué un peu, mais j'aimerais que tu me dises ce qui se passe?

Harry avait honte de se retrouver devant eux. Il avait trop honte pour les regarder en face. Il ne méritait même pas que Remus le regarde, encore moins qu'il lui adresse la parole. Il n'arrivait pas à les regarder. Il essaya de parler, mais il avait la gorge trop serrée pour laisser passer un son.

- Harry, reprit Dora, ta mère nous a raconté comment tu te sentais par rapport à nous. Il ne faut surtout pas que tu prennes la responsabilité de notre mort. Remus a choisi son destin et j'ai choisi le mien. Même Fred Weasley a choisi le sien. Tous ceux qui était à Poudlard, avaient choisi leur destin. Tu n'as rien à voir dans nos choix.

Harry avait l'impression que son cœur allait éclater.

- Peut-être que je ne vous ai pas emmené à Poudlard, mais si j'avais pu trouver les Horcruxes plus rapidement, vous auriez probablement pu survivre. Vous pourriez être aux côtés de votre fils à l'heure qu'il est. Vous comprenez? Parce que je n'ai pas su résoudre l'énigme plus rapidement, Teddy n'a plus de parent, s'emporta Harry. MON FILLEUL EST ORPHELIN À CAUSE DE MOI! hurla-t-il, retenant à peine ses sanglots.

- Harry! s'approcha Dora, j'étais une Aurore! Que voulais-tu que je fasse toute seule à la maison quand je savais que tous les sorciers se battaient pour défendre notre liberté? Comment veux-tu qu'une mère ou un père accepte que leur fils vive dans la peur et l'oppression? Nous ne pouvions pas rester derrière et attendre que les autres réalisent nos idéaux. Nous faisions partie de l'Ordre du Phénix, Remus depuis bien plus longtemps que moi et cela, avant même que tu viennes au monde. Avant même que nous sachions qu'il y avait une prophétie à ton sujet. Tout le monde se battait pour la liberté. Nous nous battions pour la liberté, notre liberté, la tienne, celle de Teddy…

- Harry, nous n'avons aucune colère contre toi mon garçon, poursuivit Remus.

- Oui, mais… Teddy est orphelin, arriva-t-il à prononcer entre deux sanglots. Ça ne vous dérange pas?

- Harry, commença doucement Dora, tu nous comprends mal. Bien sûr que nous sommes tristes de ne pas vivre avec notre fils. La guerre contre Voldemort nous a enlevé ce privilège. Mais, contrairement à toi, Teddy est bien entouré et, surtout, il est aimé. Il n'est pas dans la même situation que toi. Tu as eu une vie horrible chez ton oncle et ta tante. Teddy, lui, est gâté pourri par sa grand-mère qui l'adore, par son parrain qui l'adore, par sa marraine qui l'adore et par tous les Weasley, qui l'adorent eux aussi. Il n'aura jamais une vie aussi misérable que la tienne, c'est impossible. Il n'est pas toi. Quand nous t'avons choisi en tant que parrain, Harry, c'est parce que nous savions que Teddy ne manquerait jamais de rien avec toi. Nous savions que tu ne le laisserais jamais tomber. Au fond, c'est toi qui devrais être en colère contre nous, avoua-t-elle. Puisque nous savions qu'il ne manquerait jamais d'amour et d'affection, Remus et moi n'avons pas trop réfléchi aux conséquences de notre participation à cette bataille. Nous t'avons laissé tombé, Harry, pas le contraire.

Harry ne savait pas s'il était soulagé, triste ou fâché de ce qu'il venait d'entendre. Il devait prendre un moment pour bien comprendre les paroles de Nymphadora.

- Je ne suis pas sûr de bien vous comprendre, marmona-t-il.

- Ce que Dora veut dire, Harry, reprit Lupin de sa voix chaude et calme, c'est que ce n'est pas toi qui as demandé aux autres de faire le travail à ta place. C'est plutôt Dora et moi qui avons abusé de ton sens des responsabilités. Nous savions que peu importe ce qui pouvait nous arriver, Teddy ne serait jamais seul. Mais nous n'avons pas pensé que tu étais si jeune. Nous t'avons placé dans une situation difficile. Nous t'en demandons pardon, Harry, si tu veux bien.

Harry les regardait, la bouche entrouverte, ne sachant pas trop quoi répondre. Il ne s'attendait pas à ce que les Lupin voient la situation complètement à l'opposer. Ils s'excusaient alors qu'il avait l'impression que c'était lui qui devait le faire.

- Est-ce que vous êtes sérieux dans ce que vous dites? Vous croyez vraiment que vous m'avez placé dans une situation difficile?

Remus et Dora firent tous les deux oui de la tête sans ajouter un mot.

Harry leur expliqua alors qu'ils lui avaient procuré une famille et que ce n'était en rien une situation difficile. De leur côté, les Lupin expliquèrent à Harry que ses cauchemars contribuaient à leur faire croire qu'il avait de la difficulté à assumer son rôle de parrain. Après une bonne conversation sur les perceptions de chacun par rapport à la situation, ils en vinrent à une entente. Ils promirent, de part et d'autre, de laisser aller la culpabilité. Harry devait, bien évidemment, travailler plus fort qu'eux pour abandonner ce sentiment, mais il avait tout de même un gros poids en moins sur la conscience. Pour la première fois depuis très longtemps, il sentait enfin la possibilité de se libérer de ses cauchemars.

Après sa longue conversation avec Dora et Remus, Harry demanda à ses parents et à Sirius de les rejoindre. Ils parlèrent un peu et Harry dû promettre à sa mère qu'il ferait attention à Ginny mais surtout à lui.

- De toute façon, ajouta-Lily, je peux toujours venir te faire des remontrances si je ne suis pas d'accord avec ta façon de faire attention à toi.

- Comment feras-tu? demanda Harry, curieux de savoir si sa mère allait faire souvent des visites impromptues dans son sommeil comme elle venait de le faire.

-Oh! Tu sais, les visites comme nous venons de le faire ne sont pas très souvent possibles. Elles sont plutôt exceptionnelles. Non, je ne serai pas obligée d'attendre que tu sois endormi, si c'est ce que tu veux savoir. J'ai d'autres voies.

Il était déçu d'apprendre que sa mère ne viendrait peut-être plus le visiter dans son sommeil. Mais il se demandait bien ce que « d'autres voies » pouvaient bien vouloir dire.

- D'autres voies? Maman, que veux-tu dire?

En sortant de la chambre, Harry entendit des voix provenant de la chambre de Ron. Il avait un sentiment de déjà-vu. Il s'approcha, espérant revoir ses parents, comme ça s'est produit plus tôt dans la cuisine.

- …la chambre de Sirius. C'est la chambre la plus spéciale de la maison. C'était le meilleur ami de James et, moi, je suis le meilleur ami de Harry. J'ai apprécié la ressemblance. Voilà pourquoi j'ai choisi cette chambre.

- Et les photos de filles toutes nues dans le garde-robe n'y sont absolument pour rien, n'est-ce pas? ricana Ginny.

Harry entendit Ginny, Ron et Hermione rigoler dans l'ancienne chambre de Sirius. Il était un peu déçu de se rendre compte que ce n'était pas ses parents qui étaient dans la chambre. Il accepta tout de même la situation sachant maintenant que tout le monde était heureux. Il s'approcha de la porte. Ginny fut la première à le voir apparaître dans l'embrasure de la porte.

- Bonjour, dit doucement Harry.

Ginny lui offrit son plus magnifique sourire, alors que Ron et Hermione se retournèrent pour le regarder. L'image qu'ils virent était assez intéressante. Un jeune homme de 18 ans, les cheveux en bataille, dans son peignoir, les lunettes sur le bout du nez, tenant serré près de lui, un ourson en peluche usé. Alors que les deux autres se mirent à rire de plus belle, Ginny cessa net. Ron reconnut alors le jouet.

- Est-ce bien Howy, l'ourson de Ginny que tu tiens là Harry?

Harry, loin d'être gêné de la situation, regarda l'ourson qu'il avait serré contre lui et puis retourna son regard vers Ginny.

- Oui, c'est bien lui, répondit fièrement Harry. Il était sur le sol, tout près de la porte de la salle de bain.

- Ah oui! C'est bien possible qu'il ait atterri à cet endroit. J'ai dû le lancer quand je suis entrée en catastrophe dans la chambre pour te sauver de ta couverture et de ton oreiller, railla-t-elle pour cacher son inconfort.

- Tu as bien dormi? se dépêcha de demander Hermione, histoire d'avoir rapidement des informations sur « leur » nuit.

Harry n'avait cependant pas détourné les yeux de Ginny, rendant la situation quelque peu délicate pour Ron et Hermione.

- Merveilleusement bien dormi, répondit-il à Hermione, la regardant enfin. J'ai parlé avec mes parents, ajouta-t-il sur le ton de la conversation.

Ron fut le premier à réagir.

- Par la barbe de Merlin, Harry, qu'est-ce que tu racontes? Tu as rêvé de tes parents ou bien tu as parlé à tes parents?

Hermione, prenant ses grands airs, répondit à Ron à la place de Harry.

- Voyons, Ron, tu sais bien que Harry veut dire qu'il a rêvé de ses parents, n'est-ce pas Harry?

- Non, Hermione! Je te dis que j'ai parlé avec mes parents. Ce n'était pas un rêve. Ce matin, il y a de ça quelques minutes. Je viens tout juste de les laisser. C'était fantastique. Vous savez que je suis presque aussi grand que mon père? Ma mère est magnifique. Bon d'accord, vous l'avez vue hier, mais avouez qu'elle est une femme magnifique?

Les trois autres restaient interdits devant ses propos étranges. Ils se contentèrent de sourire et de hocher la tête.

- Il y avait Sirius aussi. Et Remus. Et Tonks, ajouta-t-il sans attendre la moindre réaction de ses amis. Ils étaient tous là, pour me parler. Nous étions dans la cuisine…

- Voyons, Harry! Vous n'étiez certainement pas dans la cuisine, J'ÉTAIS dans la cuisine. Il n'y a que 10 minutes que je suis montée. Je vous aurais vus si vous aviez été là. Tu as rêvé, ce n'était pas réel.

Hermione, malgré tous les événements étranges et surnaturels qu'elle avait traversés avec Harry l'année précédente, demeurait toujours aussi fermée à la possibilité que les gens puissent communiquer avec les morts. Harry souriait en la regardant.

- Hermione, ne me regarde pas comme si j'étais cinglé. Je sais que ce n'était pas un rêve et je sais aussi que je n'étais pas réellement dans la cuisine. Ce qui s'est produit ce matin était plutôt particulier, ça c'est certain. Mes parents sont venus me parler, pendant mon sommeil, c'est-à-dire un moment où mon esprit était ouvert et réceptif à leur présence, ajouta-t-il en regardant Ginny. Tout ça, c'est grâce à toi. Si tu n'avais pas été là cette nuit avec moi, je n'aurais pas pu avoir cette conversation.

- Bon, Harry, avant que tu te lances dans les détails, je tiens à dire, en tant que frère plus vieux d'un an de Ginny, que je ne veux rien entendre au sujet de cette nuit.

Puisque les oreilles de Ron commençaient à devenir rouge, Harry comprit qu'il était plus que sérieux sur ce sujet.

- Ne t'en fait pas Ron, répliqua Harry, nous n'avons pas fait que ça, cette nuit.

Ron leva les bras en l'air en signe de découragement et de résignation.

-Nous avons beaucoup parlé. Mais surtout, ajouta-t-il triomphant en agitant l'ourson, tu avais apporté ton ourson.

En entendant ces mots, Ginny comprit que Harry n'avait réellement pas fait un rêve ordinaire. Il avait effectivement parlé avec ses parents. Harry répéta ce que sa mère lui avait expliqué par rapport à la connexion qu'elle avait avec l'ourson. Évidemment, Hermione doutait énormément de la véracité d'une telle connexion, jusqu'au moment où Ginny intervint.

- Je crois que tu devrais écouter ce qu'il dit, Hermione. Tout ce qu'il te dit est vrai et ce n'est pas de moi qu'il connaît ces informations, car je ne lui en ai jamais parlé.

Harry regarda Ginny d'un air satisfait.

- Je suis heureux de voir que tu n'essaies pas de le cacher ou de le nier, lui dit-il en s'approchant d'elle pour l'embrasser sur le nez. Depuis quand tu es au courant de cette connexion? lui demanda-t-il doucement.

- Depuis quelques années seulement, mais je n'étais pas tout à fait certaine, précisa-t-elle.

Elle prit une grande respiration et demanda aux autres de s'asseoir.

- Je sais que je peux communiquer avec quelqu'un par cet ourson depuis que je suis toute petite. Mais, j'ai compris la connexion avec ton ange gardien, quand j'étais en troisième année et que tu sortais avec Cho Chang. J'étais en colère et j'ai caché l'ourson pour ne plus entendre cette si gentille voix qui me disait tout le temps d'être patiente avec toi, que tu finirais bien par te rendre compte que j'étais là pour toi.

En entendant cette histoire, Harry se souvint soudainement qu'il avait déjà eu une autre petite amie que Ginny. Cela lui semblait tellement loin tout ça. Il avait l'impression que c'était dans une autre vie, avant qu'il comprenne sa destinée.

- Ta mère a toujours été là pour toi, Harry, et pour moi aussi par la même occasion. Quand j'étais petite, elle se contentait d'être mon amie, de me parler, de me consoler, de jouer avec moi. Elle me protégeait des dangers, d'après ce que ma mère m'a dit. Quand tu as commencé à sortir avec Cho, j'avais le cœur en miettes, dit-elle en regardant Hermione pour obtenir la validation de ses propos. Je ne peux pas dire ce que c'était, mais quelque chose m'a fait comprendre que c'était probablement ta mère qui était de l'autre côté. Elle ne me l'a jamais confirmé, mais j'en étais persuadée. Cette situation m'a fait un peu peur, étant donnée ma mauvaise expérience, deux ans auparavant, avec le journal de Jedusor. J'ai donc décidé de mettre cet ourson à l'écart, jusqu'à ce que …

- Jusqu'à ce que ma mère en parle hier, finit Harry.

Ginny poursuivit l'histoire de l'origine de l'ourson pour faire comprendre à Ron, Hermione et même Harry, que l'ourson l'avait en quelque sorte choisie pour le retrouver. La fille, de l'autre côté, lui parlait toujours du petit garçon à qui appartenait l'ourson.

- Tu veux dire que Howy, c'était en réalité le nom de Harry que Percy avait mal compris? Elle est trop bonne celle-là.

- Il paraît que c'est de cette façon que je prononçais ce nom à l'époque, admit-elle. Je devais savoir à ce moment-là que c'était effectivement Harry, mais je n'étais pas capable de le prononcer. Avec le temps, j'ai dû oublier.

Elle poursuivit alors son explication en disant que Lily trouvait que Ginny avait, dès lors, les qualités personnelles essentielles pour prendre soin de son ourson. Hermione, même si elle avait des difficultés à accepter l'explication illogique de cette connexion, était quand même réceptive à cette histoire qui était, somme toute, assez charmante.

- En fin de compte, si je résume l'histoire que tu viens de nous raconter, Ginny, Lily, au travers d'un ourson auquel elle a réussi à s'accrocher en mourant, un peu comme Voldemort l'a fait pour ses Horcruxes, aurait identifié une âme soeur pour Harry alors que celle-ci n'avait que 3 ou 4 ans?

Ginny, qui n'avait jamais pensé à la situation sous cet angle-là, constata que Hermione l'avait plutôt bien résumé.

- C'est, en effet, ce que je crois. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais emporté l'ourson avec moi hier soir, dit-elle en s'adressant à Harry. Je voulais t'en parler.

Harry était heureux. Ginny tenait parole. Plus de secret.

- Tu sais, c'est grâce à toi que j'ai vu mes parents ce matin, pendant mon sommeil, et que j'ai pu serrer mon père pour la première fois; que j'ai pu voir ce qu'aurait pu avoir l'air ma vie si mes parents avaient été encore avec moi; que j'ai pu rire une dernière fois avec Sirius, et que j'ai aussi pu parler avec Remus et Tonks. Et aussi grâce à toi, je connais cette connexion, ce qui me permettra peut-être de parler de nouveau avec ma mère, comme tu le faisais quand tu étais petite. Tu m'as vraiment offert le plus beau des cadeaux de Noël.

Ron et Hermione lui mirent une main sur l'épaule pour lui signifier leur compassion. Il les regarda.

- Vous imaginez? J'ai parlé avec mon père et ma mère. J'ai revu Sirius, et Lupin et Tonks. Merci, Ginny.

En revivant ce souvenir si frais en mémoire, si réel, Harry senti ses yeux le brûler. Sa gorge se serra, mais cette fois si fort, qu'il eut de la difficulté à prononcer ce qui lui tenait à cœur, ce qui lui avait fait tellement de bien. Il se blottit dans les bras de Ginny, affaiblit par la fatigue des derniers mois et l'émotion des dernières heures, puis réussit tout juste à lui dire à l'oreille :

- Tonks et Remus…, arriva-t-il à dire entre deux étranglements, ils… ne m'en veulent pas…

Les trois amis se tenaient autour de Harry pour partager sa douleur. C'est ainsi que Harry commença enfin à se sentir le cœur plus léger. Il put profiter au maximum de ses vacances de Noël. Il vit même une importante diminution de ses épisodes de cauchemars. Était-ce dû à Ginny ou aux Lupin? Il ne s'en soucia plus, au moins pour le reste des vacances. Une semaine à dormir à poing fermé, c'était le plus beau cadeau de Noël qu'il pouvait avoir. Harry avait réellement vécu son plus beau Noël.

Message de Moi : Je tiens à vous remercier de votre soutient constant. Vous m'avez suivie et encouragée dans mon exploration de différents styles d'écriture. Si vous vous demandez pourquoi je tenais à finir à ce chapitre, c'est qu'il portait le numéro 13, qui est mon chiffre chanceux. Seconde raison, c'est que je voulais compléter cette histoire pour mon anniversaire, qui était le 13 octobre. J'ai effectivement terminé les retouches principales hier. Pour ceux qui s'interrogent, cette fiction finit ici, mais il n'est pas impossible qu'éventuellement j'écrive sur d'autres moments de la vie commune de Harry et Ginny. Entre temps, j'ai d'autres projets, sur d'autres personnages. Si ça vous intéresse, faites-le moi savoir, je vous enverrai un hibou.