Disclaimer : rien de tout ça n'est à moi, je ne fais pas d'argent avec.
D'autre part, tout ce qui suit est pure fiction, inspiré par un reportage sur le Summer of Love et les Hippies des années 70. Ce n'est absolument pas basé sur des faits réels (en tout cas pas que je connaisse), ce n'est pas à refaire chez soi d'une manière ou d'une autre, et, de toutes façons, comme dirait l'autre, « la drogue, c'est mal/dites non à la drogue ». Et il aurait raison.
Séance de torture
Hermione soupira bruyamment. Pour la énième fois, elle répéta ce que son mari savait déjà. Elle détestait répéter. Surtout quand il faisait sa mauvaise tête et geignait comme un gamin.
« Mais je te l'ai déjà dit, Sev, ils viennent prendre le thé. T.H.É. Rien d'autre. Promis, juré. OK, Luna amène un gâteau, mais rien de plus. Tu ne vas quand même pas m'interdire de recevoir des amis sous prétexte qu'une fois on a fait une mauvaise blague avec Ginny ! Une fois ! »
Severus frémissait devant la perspective des Potters, Malfoys et Londubas réunis autour de sa table, chez lui, pour prendre le thé. Un mauvais pressentiment. Sa femme avait beau dire que ce n'était qu'une blague, il n'avait pas oublié cette idée écœurante. Déjà qu'il avait l'impression de prendre vingt ans de plus quand il était entouré des jeunots. Mais suggérer que tout ce petit monde pouvait se retrouver dans des positions plus intimes que le partage d'un canapé, assis, habillés, chacun les mains soigneusement accrochées à sa tasse et à son cake au citron semblait suffisante pour lui couper l'appétit pour plusieurs heures. Il tenta une manœuvre désespérée.
« Mais tu sais que j'ai beaucoup de travail, mon trésor. »
Hermione grinça des dents. Voilà, il venait de le refaire. Severus Snape, Mangemort, espion, Ordre de Merlin première classe et terreur des cachots avait couiné comme un môme à qui on essaye de faire manger des épinards. Elle lui réexpliqua donc, encore une fois, avec tout de même une pointe d'agacement dans la voix. Ca finissait par être lassant, à force.
« Drago est ton filleul, Sev. Tu ne peux pas espérer disparaître dans le labo quand il vient te rendre visite ! Et Pansy était tellement contente de te montrer ce qu'elle m'apprend des coutumes des Sang-purs ! C'est elle qui m'a donné l'idée de faire un goûter dans les règles de l'art. En plus, je suis allé te chercher ton Darjeeling préféré. Tu pourrais quand même faire un effort et arrêter de te plaindre ! »
Vaincu, Snape haussa les épaules et se dirigea vers leur dressing en traînant les pieds. De toutes façons, elle voudrait qu'il se change. Elle voulait toujours qu'il se change.
***
Radieuse, Hermione tourna devant lui pour lui montrer le résultat de ses courses avec Pansy. Heureusement que leur nouvelle entreprise de potions par correspondance, Snape&Snape, marchait bien. Mme Malfoy était en train de pervertir sa femme et de lui donner le goût du luxe. Heureusement, les robes en velours chocolat, même si elles s'accordaient parfaitement avec ses yeux et ses boucles brunes, masquaient toutes les parties masquables du corps de Mme Snape. Haut col montant avec une légère fraise de dentelle, manches gigot qui se terminaient en pointe sur le dos de la main, taille cachée et ourlet au sol. La robe et les tresses artistiquement assemblées sur le tour de sa tête donnaient à sa chère moitié un air de princesse de la Renaissance italienne.
Il avait troqué son habit de tous les jours pour le même, en version soie, lin et velours. Ca avait l'air de lui faire tellement plaisir…
Enfin, ils s'installèrent dans le grand salon, elle dans un fauteuil large et lui dans un coin de canapé. Hermione semblait trépigner d'impatience, tandis qu'elle redonna quelques instructions à leur elfe de maison. Qui eut crû voir un jour Hermione Granger, pourfendeuse des causes perdues, protectrice des chiens errants, grande réparatrice des injustices devant l'éternel, se glisser avec tant de bonheur dans le rôle d'une épouse sang pur modèle. Sur l'instant, Severus ne fut pas certain de préférer cette version à la Miss Je-sais-tout avide de reconnaissance. A l'époque, jamais il n'aurait pensé que la reconnaissance sociale puisse combler cette soif dévorante. Enfin… Les relations entre sa femme et son filleul s'étaient apaisées, tout était donc pour le mieux.
M et Mme Potter furent annoncés les premiers. Harry semblait bougonner un peu. Un coup de coude dans les côtes le ramena apparemment à de meilleures dispositions et il se força à un sourire. Ginny Potter rayonnait, dans une robe vert sombre et une voilette assortie.
Drago et Pansy Malfoy se firent attendre un peu plus, tandis que Harry et Severus se saluaient d'un distant signe de tête. Un regard de compréhension et de désespoir fut partagé par les deux hommes devant le spectacle de leurs épouses, minaudant et s'extasiant devant leurs toilettes respectives.
Les Malfoys, toujours très chics, paraissaient bien plus rompus à ce genre d'exercice, et Drago lança même quelques compliments parfaitement maîtrisés à leur hôtesse. Pansy sembla très fière de son mari, qui reçut l'approbation des deux autres femelles. L'enthousiasme de Drago pour les réceptions mondaines ne constitua pas un atout face à ses confrères mâles, qui lui firent comprendre d'un regard écœuré son statut de traître au sexe fort.
Les Londubas suivaient de près. Neville portait des robes indigo très élégantes, assorties à celles de Luna. Le couple aurait même pu sembler à la limite du guindé, mais le chapeau jaune et rouge de madame cassait un peu l'effet. Luna déposa fièrement une boite sur la table basse.
« Des macarons. Je les ai faits moi-même, avec une recette de ma tante. »
Hermione semblait au bord de l'attaque de niaiserie aiguë. Une fois leurs hôtes accueillis dans les règles de l'art, elle fit asseoir les derniers debout avant de proposer du thé. Drago, emporté par sa bonne volonté, se retrouva coincé entre les Potters. Son enthousiasme baissa d'un cran : madame Potter parlait bébé avec Hermione et Luna, tandis que monsieur lui lançait des regards hostiles. Il s'attaqua donc aux macarons.
Pansy partageait le canapé de Severus et entama avec lui une discussion d'expert sur les différentes qualités de Darjeeling et leur temps d'infusion en fonction de la dureté de l'eau. Neville les écoutait en tentant visiblement de trouver un intérêt à la conversation. Il adopta lui aussi la solution de Drago et piocha un gâteau. Luna fit tourner la boite, et tous, sauf Severus, goûtèrent aux petites bouchées.
Mme Londubas tenta de le convaincre, en racontant l'histoire du mari de sa tante, un pâtissier moldu qu'elle avait rencontré en 1967 à San Francisco, dans un parc « avec des portes dorées ». Ils s'étaient mariés peu après et c'est de lui que venait la recette, jalousement gardée dans la famille. Les femmes s'extasièrent, mais Severus tint bon, arguant qu'il ne voulait pas risquer l'overdose de sucre et finir aussi zinzin que Dumbledore.
Les conversations insipides se poursuivaient, et Severus crût être tombé dans un espace temps parallèle, où les heures ne s'écoulaient plus. Il haussa un sourcil quand il surprit Neville en train de défaire son col. Apparemment plusieurs personnes commençaient à avoir un peu chaud : Drago repoussait régulièrement sa cape et madame Potter s'éventait avec sa soucoupe, en un geste fort peu orthodoxe.
Le maître de potion commença à s'interroger quand madame Malfoy se pencha d'une façon peu gracieuse pour attraper un autre macaron et finit par s'asseoir par terre devant Hermione, sans plus d'intérêt pour lui. Neville en profita d'ailleurs pour investir la place libre sur le canapé près de Severus et lui jeter quelques regards à la dérobée. Drago et Potter marmonnaient à voix basse ce qui ressemblait à des insultes.
Hermione, toujours dans son rôle, s'inquiéta de la température élevée, et demanda à l'elfe d'ouvrir un peu la fenêtre. Ginny en profita pour s'asseoir par terre à son tour et marmonner à l'oreille de Pansy. Luna souriait.
Severus crût mal voir quand il repéra la main de Ginny Potter se glisser sur la cuisse de Madame Malfoy. Il ouvrit des yeux ronds quand celle-ci rabroua gentiment la sorcière en disant un peu fort que « C'est à la maîtresse de maison que les invités doivent faire les honneurs. »
Il secoua la tête, pensant que sa femme avait dû confondre les feuilles de son précieux Darjeeling avec une infusion hallucinogène et attaqua un macaron pour reprendre ses esprits.
Les visions ne cessèrent pas. Au contraire, il commença à flairer l'embrouille quand les insultes entre Potter et Drago atteignirent un volume sonore qui couvrait les autres conversations. Le ton montait entre les deux sorciers, qui s'étaient levés, et s'expliquaient précisément pourquoi ils ne s'aimaient pas, dans l'indifférence absolue des autres invités.
Severus s'étouffa sur sa bouchée de macaron quand, après un instant figés, les yeux dans les yeux, les mâchoires serrées par la haine, Potter et Malfoy se jetèrent l'un sur l'autre pour s'embrasser à pleine bouche.
Neville, plein de sollicitude, lui tapa dans le dos. Le maître de potion renifla son thé avant d'en prendre une gorgée. Pourtant, à vue de nez, rien de suspect dans sa boisson. Il se demanda si ce n'était pas un coup monté de sa femme, pour le punir de sa mauvaise volonté à inviter la clique des jeunes.
La main de Neville, qui commençait à lui caresser l'omoplate avec insistance, le tira de ses pensées.
« Monsieur Londubas, je vous prierais d'ôter immédiatement vos mains de ma personne. »
Neville se tortilla un peu pour se rapprocher de Severus, et lui susurrer, « Vous savez, Professeur, j'ai enfin compris que cette peur que vous m'inspiriez pendant les cours, c'était en fait de l'attirance que je refusais d'entendre. »
Severus se jeta avec effroi à l'autre bout du canapé. Un rapide coup d'œil lui apprit l'étendue des dégâts : Potter et Malfoy se pelotaient avidement dans un coin, Pansy et Ginny embrassaient le cou de sa femme, qui avait ses mains dans des endroits peu académiques de ses invitées, tandis que Londubas le regardait bizarrement et que Luna souriait niaisement.
La blonde lui parla d'ailleurs d'une voix rassurante.
« Ne vous inquiétez pas, Professeur, vous avez terminé votre gâteau après les autres, mais l'effet ne va pas tarder. »
« Pardon ? »
Il la regarda en étrécissant les yeux, tout en balayant d'un geste irrité la main que Neville avait posé sur son épaule. Elle lui répondit le plus naturellement du monde.
« Et bien, l'effet des macarons. Plus exactement, c'est le LSD, qui est ajouté dans les blancs en neige, qui – »
« Quoi ! » rugit Severus en se levant d'un bond. « Vous avez perdu la tête ? Vous connaissez l'effet du LSD sur les sorciers ? »
Luna continua d'un ton égal.
« Bien sûr, professeur ! C'est un excellent aphrodisiaque, doublé d'un sérum de vérité très correct, avec un effet désinhibiteur tout à fait honorable. Ca a fait un tabac dans les années soixante-dix chez les sorciers du mouvement Hippie. Ceux qui ont voulu se mêler aux Moldus. Certains avaient des hallucinations en plus, et la plupart, des envies sexuelles irrépressibles. »
Severus était au bord de l'apoplexie. C'est uniquement parce qu'il étouffait de rage qu'il ne l'avait pas interrompue avant.
« Vous nous avez délibérément fait avaler ce poison, en connaissant les effets ? Vous êtes malade ? Vous savez qu'il n'y a pas d'antidote ?»
« Bien sûr ! Ca va être une après-midi très amusante ! »
Severus commençait à ressentir la chaleur et un léger vertige. Tout s'expliquait. Ils lui paieraient ça !
« Et vous avez bien sûr monté ce coup tordu avec Hermione pour me torturer. »
« Oh, non ! J'ai voulu lui faire plaisir, mais c'était une surprise. »
Dans un ultime effort de self-control, permis uniquement par ses longues années d'espionnage et de maîtrise de lui-même, Severus fendit la foule et jeta sa femme sur son épaule. Les dents serrées, il se précipita dans leur chambre et eut même le temps de verrouiller la porte et d'insonoriser leur aire de jeu, avant de se mettre à chanter les louanges de son Hermione en pentamètres imabiques sur l'air de « hôtel California ».
Quelques temps après, Hermione, couchée nue en travers de son lit, satisfaite, les cheveux en désordre, se dit qu'il faudrait vraiment qu'elle demande sa recette à Luna.
Plusieurs d'entre vous m'avaient demandé une suite. La voilà, péniblement. Il n'y en aura pas d'autre : j'ai déjà bataillé un peu pour terminer celle-ci (et ma vie s'est bien remplie depuis, donc j'ai beaucoup moins de temps pour écrire).