Il y a longtemps que je n'ai pas écrit de snarry, j'espère que je n'ai pas oublié comment on fait... Comme je ne suis pas particulièrement fan du tome 7, je verse dans l'univers alternatif. Depuis que je suis ado, je suis fascinée par l'univers du "Nom de la rose" et de la série des "Cadfael". J'ai eu envie de l'appliquer à un snarry...
Allô, Sainte-Mangouste ?
Disclaimer: les personnages appartiennent à JKR, même ceux qu'elle a lâchement assassiné... pleure
Cloîtré
Chapitre 1
Dans la Grande Salle, Harry mâchonnait son porridge avec un manque d'entrain évident. Il était encore à moitié endormi, il avait cruellement conscience de n'avoir pas fait entièrement ses devoirs, et pour finir il ne manifestait aucune joie à l'idée du prochain cours de Divination. D'ailleurs, le mot « cours » était largement inapproprié. Qu'y apprenait-on, à part que Sibylle Trelawney était un âne?
Un jour où il avait formulé cette pensée à voix haute, Hermione avait répondu, l'air pincé:
« Un cours où tu n'apprends rien, ça ne change pas tes habitudes... »
Avec le stress des BUSE qui approchaient, Hermione devenait insupportable. Heureusement que Ron était là, et qu'il manifestait le même ennui devant l'accumulation des devoirs, des contrôles, et tout le saint-frusquin. Savoir que les copains étaient dans la même galère était réconfortant, dans une certaine mesure : cela lui donnait une impression chaleureuse de solidarité, de communauté de sentiments, l'impression d'appartenir pleinement à un groupe.
Ron lui flanqua un coup de coude, interrompant sa niaise rêverie.
- Ouvre les yeux ! C'est l'heure !
Harry répondit par un grognement, mais se leva et emboîta le pas à ses camarades
Gryffondors de 5e année. Tous se mirent en route vers la tour nord. Seule Hermione, qui avait opté pour une autre option, prit une direction différente. Harry se demanda s'il n'aurait pas dû choisir les Runes, l'Arithmancie, l'arrachage des mauvaises herbes, n'importe quoi d'autre… Puis il se rappela que l'avantage de la Divination était la somnolence quasi tolérée en cours et la brièveté des devoirs à faire. On n'a rien sans rien.
La petite troupe, marchant lentement, l'air résigné, monta les marches jusqu'en haut, puis escalada l'échelle qui menait jusqu'au grenier, l'antre de leur fantasque professeur. Seules Lavande et Parvati affichaient une mine réjouie. Aussi folles que Trelawney, se dit Harry.
Sa morosité s'expliquait autant par la manie de Trelawney de lui prédire un avenir abominable que de lui infliger de sales notes, eu égard à son manque de talents pour cette matière.
Les Gryffondors s'assirent, ou plutôt s'affalèrent dans leurs sièges, sans prendre la peine de déballer leurs affaires. De toute façon, il n'y avait rien à écrire, et les baguettes magiques n'étaient d'aucune utilité. Harry nota que les tasses, où les élèves étaient censés lire dans le marc de café, avaient disparu des tables.
- Tant mieux ! S'exclama Ron, qui l'avait également remarqué. Au moins, on n'aura plus à faire ces inepties!
Lavande se mit à protester énergiquement :
- Ce ne sont pas des inepties! On peut vraiment lire l'avenir dans le marc de café !
- Lavande, arrête ton char, dit placidement Dean. Ton café t'a dit que tu allais épouser le prince William !
- Et alors ?
Dean haussa les épaules. Lavande, vexée, se mit à bouder. Parvati lui glissa:
- Ne t'occupe pas de ce crétin. Tout ce qu'il peut voir dans son café, c'est que ce n'est pas du déca...
Alors que la querelle menaçait de se transformer en pugilat, Sibylle Trelawney fit son entrée, glissant sur le sol avec affectation. Elle arborait un air particulièrement exalté et cela ne disait rien qui vaille à Harry. Quand elle prétendait avoir eu une vision de l'avenir, celle-ci était toujours du genre apocalyptique, avec des cadavres partout. Depuis le retour de Voldemort, Harry frissonnait d'horreur en imaginant que, pour une fois, ces visions avaient une probabilité de se confirmer… Mais le professeur avait en tête des perspectives plus réjouissantes ; elle semblait de fort belle humeur.
- Nous avons déjà étudié certaines des méthodes qui dévoilent l'avenir, rappela-t-elle d'une voix enjouée. L'avenir est le plus grand mystère qui soit, mais il ne servira à rien de l'anticiper si vous ne vous réconciliez pas d'abord avec votre passé!
Les élèves échangèrent des coups d'œil surpris.
- Qu'est-ce qu'elle raconte encore? fit Ron entre ses dents.
Trelawney poursuivait son discours, les yeux au plafond, comme si elle avait presque oublié la présence d'un auditoire.
- Le passé recèle bien des secrets. Il peut vous apprendre bien des choses sur vous-même et vous guider vers la connaissance de votre destin...
Seamus bâilla.
- ... Pour l'instant, nous n'allons pas écarter les ténèbres de l'avenir, mais plonger dans... vos vies antérieures!
Elle se mit à glousser d'excitation, sous les yeux éteints des Gryffondors.
Leurs vies antérieures. Rien ne leur serait donc épargné. Seul le fan-club de Trelawney poussa de petits cris enthousiastes. Lavande s'exclama :
- Oh c'est merveilleux ! J'ai toujours eu envie d'essayer de savoir ce qu'il y avait avant ! Ma mère aussi croit aux réincarnations.
Dean ouvrit la bouche pour dire quelque chose, Lavande le fusilla aussitôt du regard, il n'osa pas proférer un son.
Trelawney demanda aux élèves de quitter leurs coussins et de s'allonger sur le sol, bras le long du corps, paumes ouvertes, et de fermer les yeux. Une musique envoûtante s'éleva, égrenant lentement ses notes dans la pièce. Harry se détendit. Il se réjouissait de la tournure que prenait ce cours. Avec un peu de chance, il plongerait dans le sommeil et ne se réveillerait que tout à la fin.
Il lui sembla vaguement que le professeur prononçait une incantation, mais les mots ne lui parvenaient pas clairement. Ses paupières étaient lourdes, la tête lui tournait un peu et sa gorge était sèche. Il voulut demander à Ron si lui aussi se sentait bizarre, mais oublia aussitôt. Il avait l'impression d'être aspiré lentement dans un trou noir.
La première chose dont il eut conscience, ce fut la sonnerie d'une cloche. Mais ce n'était pas celle qui annonçait la fin des cours; le son était beaucoup plus grave, comme une cloche d'église actionnée par un sonneur. Harry ouvrit les yeux et tituba d'étonnement.
Il était effectivement au milieu d'une église.
Il promena son regard tout autour de lui. Il était debout au milieu d'une rangée de jeunes gens, tous vêtus d'une longue robe noire. C'était apparemment l'heure de la messe: les murmures s'élevaient de toute l'assemblée.
Mais Harry se sentit aussitôt ridicule. Pourquoi rêverait-il (puisqu'il rêvait, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute) à une messe ? Il n'avait jamais mis les pieds dans une église depuis la communion de Dudley, plusieurs années auparavant. Dudley avait fait du catéchisme, pas lui ; une perte de temps pour son peu d'intelligence d'après oncle Vernon, et d'ailleurs les dégénérs comme lui étaient par définition hérétiques. Harry n'avait jamais bien saisi le sens de ce mot, il savait juste que les Dursley étaient fiers d'être Anglicans, comme une marque d'appartenance à la noble nation britannique.
Harry songea alors qu'il devait rêver à une réunion mystique de sorciers et que les hommes s'adressaient à Merlin dans leurs incantations. C'était beaucoup plus logique.
Puis son regard se posa sur d'autres membres de l'assemblée, uniquement des hommes ; la plupart avaient le sommet du crâne dégarni… Harry avait vu Robin des Bois : frère Tuck arborait lui aussi la tonsure monacale. Il réalisa que les robes portées par ces hommes n'étaient pas des robes de sorciers. C'étaient des robes de bure.
Il se trouvait au milieu d'une assemblée de moines.
Il faillit se mettre à crier mais se rappela qu'il était en cours de divination, allongé sur le parquet. Il ne pouvait s'agir que d'un rêve, se répéta-t-il avec obstination. C'était obligatoirement d'un rêve.
Cependant c'était un rêve incroyablement réaliste. Harry entendait les voix, il frissonnait en raison du froid qui régnait dans le chœur, il sentait même le contact de l'étoffe rêche sur sa peau... Lui aussi portait la robe monastique. Il était l'un d'eux !
Et ce qui était plus étrange encore, il reconnaissait certains des hommes autour de lui. Celui qui dirigeait la messe ressemblait comme deux gouttes d'eau à Albus Dumbledore. A ses côtés, une copie conforme de Lucius Malefoy redressait fièrement le menton au lieu de baisser les yeux avec l'humilité qui sied à celui qui prie. Harry se tourna à demi sur sa droite, et tomba en arrêt devant la chevelure rousse du garçon à côté de lui, Ron Weasley.
Cette fois c'était officiel, Harry avait perdu la raison en raison du harcèlement de Voldemort et sa folie transparaissait quand il dormait. Il secoua la tête: ce rêve ne lui plaisait pas. Il ferma les yeux, compta jusqu'à cinq et les rouvrit.
Certes il avait changé de lieu, mais ce n'était toujours pas la salle de cours. Cela ressemblait à la Grande Salle à l'heure du repas. Sauf qu'il n'y avait toujours pas d'élèves : les participants portaient encore leur habit monastique. Harry s'assura d'un regard qu'il était assis à côté de Ron. D'autres visages lui semblaient également familiers, mais il ne retrouvait plus les noms tant sa confusion était grande.
Les moines mangeaient en silence. Une seule voix se faisait entendre; elle venait d'un homme debout au centre de la pièce qui lisait un livre à haute voix:
« C'est le maître qui parle et qui enseigne. Le disciple, lui, se tait et il écoute. Voilà ce qui convient à l'un et à l'autre. »
Harry, toujours frappé de stupeur, se tourna vers son voisin.
- Ron, qu'est-ce que... ?
- Chut ! fit vivement celui-ci dans un souffle. Tu risques la pénitence. Tu me le diras après.
Ron n'avait pas levé le nez de son assiette et seuls ses lèvres avaient remué. Curieusement, sa silhouette parut plus impressionnante que d'ordinaire, comme s'il avait encore grandi durant la nuit. Harry, franchement désorienté, regarda autour de lui. Le mélange d'éléments familiers et étrangers était perturbant. Il avait froid, il était perdu. La lumière était très faible, l'entourant d'ombres sinistres. Il voulait se réveiller, il luttait intérieurement de toutes ses forces. Il tressaillit violemment lorsqu'une main sèche se posa sur son épaule comme une serre d'aigle.
- Cessez de rêvasser. Prenez des forces tant que la nourriture est devant vous parce que vous pouvez compter sur moi pour vous faire crouler sous le travail !
Cette voix ! Reconnaissable entre toutes, elle le fit ouvrir de grands yeux à la fois surpris et méfiants. Snape. Snape ici !
Harry se retourna mais déjà la silhouette noire s'éloignait et il ne vit que son dos, raide dans la robe noire.
Si Snape était là, Dumbledore aussi, Ron également, pourquoi n'était-ce pas Poudlard ? Harry se frotta les yeux puis la joue, machinalement. Il fut stupéfait de sentir sa peau rendue rêche par un embryon de barbe. Comment était-ce possible, il n'avait que quinze ans ! Il était parfaitement glabre la dernière fois qu'il s'était regardé. Il observa sa main tremblante; il ne la reconnut pas: elle était plus grande, moins fragile... Quel âge avait-il ? Il se sentait jeune encore mais il n'était plus un adolescent dans son rêve.
Etait-ce un rêve?
Harry leva les yeux et rencontra le regard acéré de Lucius Malefoy, fixement posé sur lui. Il ne pouvait se tromper, il l'avait vu de très près lorsque Voldemort lui avait volé son sang… Les yeux clairs de Malefoy le vrillèrent avec insistance. Harry frissonna de gêne et baissa prestement la tête. Cette fois, cela suffisait ! Harry se pinça.
Aucun changement. Il répéta son geste. En vain.
Quelle horreur! Il était prisonnier de ce monde absurde et inquiétant ! Au moment où il était prêt à tout pour faire cesser ce cauchemar, à se lever et à hurler, à défier Lucius Malefoy en duel, il sentit le sol se dérober sous ses pieds et de nouveau il fut aspiré dans un trou noir…
HPHPHPHP
Une main ferme lui empoignait l'épaule et le secouait.
- Harry! Harry!
Il ouvrit les yeux. Ron, le Ron qu'il connaissait, avait l'air de s'amuser.
- T'inquiète, tu n'es pas le seul à avoir sombré. Je crois que la moitié de la classe roupille. Mais le cours est presque fini, il faut se ré-vei-ller!!
Harry battit plusieurs fois des paupières.
- On n'est plus moines?
- Hein ?
- Rien. Oublie.
Harry avait recouvré son calme et se relevait, brossant sa robe – de sorcier, vérifia-t-il d'un coup d'œil.
Sibylle Trelawney allait d'un élève à l'autre et les sortait de leur voyage astral vers leur vie antérieure, du moins le croyait-elle. En réalité, à voir les Gryffondors s'étirer et bâiller largement, la plupart avait profité de l'occasion pour poursuivre leur nuit.
Harry, cependant, se sentait encore désorienté, bien plus qu'au sortir d'un simple cauchemar. Et pourtant, il avait son content d'horreurs nocturnes depuis le Tournoi des Trois Sorciers, l'année précédente. Mais celui-là était si réel, comme s'il avait réellement vécu cette expérience.
- Eh bien? questionna Trelawney, avide de connaître les résultats pratiques. Avez-vous eu un aperçu de vos vies antérieures ?
Une grande partie des élèves se regarda en riant sous cape. Parvati, l'air inspiré, se lança:
- Je crois que je vivais près du cercle polaire. J'ai eu une sensation de froid...
- Elle était sûrement allongée dans un courant d'air, glissa Seamus, l'œil moqueur.
Il y eut des rires étouffés. Trelawney n'en tint pas compte - les avait-elle seulement entendus ? - et félicita Parvati d'avoir ouvert son esprit à l'inspiration divinatoire.
Le cours fini, les adolescents dégringolèrent les escaliers en échangeant des propos pleins d'ironie sur la dernière lubie de leur excentrique professeur. Harry ne se joignit pas au chorus. Il restait songeur et mal à l'aise. Il avait vécu une expérience particulière; cela ne servait à rien de se mentir. Il ne s'était pas endormi, il avait été pris dans une transe hypnotique. Il n'avait pas rêvé, il avait vu... sa vie antérieure ?
Il aurait donc été moine? Quelle drôle d'idée! Une chose dont il était certain, c'était de n'avoir aucune vocation pour mener une vie cloîtrée.
A moins qu'il n'ait pas eu le choix.
HPHPHPHP
Harry passa les jours suivants à tenter de se débarrasser de son impression de malaise. Il avait suffisamment de problèmes, inutile d'en rajouter merci. Voldemort lui envoyait des visions dérangeantes à travers sa cicatrice, Dolorès Ombrage s'ingéniait à lui pourrir la vie, et il devait prendre des cours d'Occlumencie avec Snape, lesdits cours étant tout simplement abominables.
La semaine fut atroce, et pourtant elle passa beaucoup trop vite au goût de Harry. Il n'avait aucune envie de remettre les pieds en cours de Divination. Tout ce qu'il espérait, c'était que Trelawney ne leur parlerait plus de vies antérieures et aurait trouvé une autre marotte, comme les lignes de la main ou les entrailles de poulet. Il espérait en vain, naturellement. Dès que les Gryffondors mirent le pied dans son grenier, Trelawney les fit s'allonger. Les adolescents ne cherchèrent même pas à dissimuler leur joie.
- C'est reparti pour un gros dodo, dit Ron, hilare.
Harry lui fit un sourire contraint. Il s'allongea et fit de louables efforts pour rester réveillé. Mais la musique aigrelette s'éleva de nouveau; malgré lui, Harry se sentit partir. Il lutta. Impossible. Il plongeait une nouvelle fois dans les ténèbres.
(suite dans une dizaine de jours…pour le grand plongeon dans le Moyen Age)