Sans toi
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18 Chapitre – Dernier acte –
-RUKIAAAA !
Elle se sentait étrangement bien. Son prénom résonnait encore dans son esprit alors qu'une chaleur se faisait ressentir dans tout son corps. Son souffle se perdit dans sa gorge alors qu'elle se consacrait sur les sensations qui parcouraient son corps.
Elle était toujours allongée sur l'autel, elle en ressentait la pierre froide. Température contrastant avec celle qui lui brûlait la poitrine. Son cœur battant en était sûrement à l'origine. Ses membres lui paraissaient lourds, certainement un reste de son évanouissement dû à la pression de l'énergie spirituelle.
Oui c'était ça. Quoi d'autre ?
Une larme glissa alors de ses yeux. Elle ouvrit difficilement les paupières, surprise. C'est alors qu'elle prit conscience de la douleur qui la parcourait. Son regard sombre, un éclat qui lui était encore inconnu y brillant, glissa sur un objet doré, origine de son mal. Elle reconnut l'Ouken.
Oui, c'était bien ça. La clé du Roi était plantée profondément dans sa poitrine, et ce sang chaud qui maculait son buste, s'échappant à flots. Elle sembla se figeait alors sur elle-même. Elle commençait à comprendre.
Elle avait étrangement froid. Une goutte de sueur se mêla à ses larmes alors qu'elle apercevait de loin Aizen disparaître dans le portail créer par son sacrifice. Elle comprenait enfin pleinement le sens du mot « porte ». Elle était cette porte, et une clé… L'ouvrait. Il avait le sourire aux lèvres. Un sourire qui la dégoûtait au plus profond d'elle-même alors que la vie lui échappait peu à peu.
Elle tenta de se redresser. En vain. Son corps lui échappa, glissant pour rencontrer douloureusement l'autel. Elle se sentait si inutile, perdue, seule, désespérée. Alors c'était cette sensation que l'on ressentait avant de mourir ? Elle avait si peur. Oui, peur. Atrocement peur. Son esprit lui échappait, le contrôle de ses membres aussi. Le fait d'être si vulnérable embrumé son esprit. Elle se perdait peu à peu dans une crise de folie.
Ses yeux dansaient d'un point à l'autre, cherchant parmi le ciel une aide, un appuie. Mais quelque chose. Elle n'imaginait même pas la suite des évènements, son état suffisait à l'effrayer au plus profond d'elle-même.
Elle voulait hurler. Sa souffrance, sa peur et sa colère. Non, elle ne voulait pas mourir. Pas maintenant. Il lui restait du temps. Alors pourquoi ? Tout ce qu'elle voulait, s'était retourné sur Terre, continuait à vivre auprès d'Ichigo.
Vivre. Elle était morte une première fois mais n'en avait plus aucun souvenir. Et maintenant, alors qu'elle revivait l'expérience une seconde fois, elle était paralysée par la peur. Elle aurait voulut se lever, prévenir tout le monde, foncer sur ce traître, accomplir sa vengeance. En vain.
Son esprit dériva vers son frère. Son Capitaine. Le reste du Gotei 13. Les vivants rapidement croisé. Alors ainsi tous allaient maintenant mourir ? Comme elle ils allaient disparaître ? Disparaître. Oui, elle allait disparaître, s'effacer de cette vie dont elle ne faisait déjà plus partie.
Des secousses parcouraient son corps, elle se révulsait sur cette pierre froide. Les larmes coulaient en cascade de ses yeux. Son souffle s'affaiblissait en même temps que les battements de son cœur. Elle murmura alors, complètement perdue et apeurée :
-Non… N… Non ! Pas… Main… Tenant ! Non ! Pas… Seule… Ne meurs pas seule !
Elle se parlait à elle-même. Tentant d'arrêter le sang coulant hors de son corps par la pensée, ordonnant à sa gorge de ressentir l'air qu'elle respirait. Mais tout ça était inutile. Il était déjà trop tard et elle le savait.
Sa tête glissa vers l'arrière alors, qu'ignorant la douleur de sa nuque, ses yeux s'écarquillèrent face à la vision qui s'approchait d'elle.
La mort.
Elle était là. Sombre. Son manteau noir, déchiré, flottant au gré du vent qui venait de se lever. Elle approchait vers elle. Aucune faux à la main, mais un katana sombre comme la nuit. Elle releva la tête, ses yeux vides rencontrant les siens. Ses pas sonnant légèrement dans le silence s'étant installé.
Bientôt elle fut à ses pieds et elle la regarda complètement figée par la surprise, s'agenouiller près de l'autel, derrière sa tête, ses doigts caressant en un léger tremblement ses lèvres pour glisser vers son menton.
-Ichigo…
Le prénom de celui qu'elle aimait, venait de lui échapper. C'était lui. Cette mort qui venait apaiser son esprit, l'entraînant dans la lumière. Oui, c'était lui, habillé tout de noir comme avant, sa lame sombre étincelant… Elle ferma alors les yeux appréciant ses caresses.
Le silence alourdit se brisa alors sur la voix du Shinigami.
-Je suis désolé. Je ne suis… pas assez fort… Pour modifier complètement la fin… De tout ça…
Rukia eut un sourire triste avant d'ouvrir les yeux pour ramener sa tête en arrière, se perdant dans le regard noisette du jeune homme. Toute peur l'avait quitté en ce léger moment. Que craignait-elle ? N'était-elle pas Dieu de la Mort ? Non. Tout ça était ridicule. Elle avait simplement peur de partir toute seule. Mais maintenant, elle était rassurée.
-Reste avec moi.
Son murmure se perdit alors qu'il hochait silencieusement la tête avant de se pencher sur son visage et de poser ses mains avec une extrême douceur sur ses joues.
Elle ferma à son tour les yeux, ne ressentant plus que le contact léger de leurs lèvres l'une sur l'autre. Elle ne craignait plus la fin de ce monde. Aizen avait gagné. Soit. Et alors ? Elle voulait être égoïste tout comme la mort qui venait de l'arracher à son existence.
Se contentant de mêler son souffle à celui de son amant, elle eut une dernière pensée pour tous ceux auxquels elle tenait avant d'ouvrir doucement les paupières. Ses yeux avaient perdus leur éclat, elle le voyait dans le regard du roux pour elle. Mais son sourire apparut, encore resplendissant, ce sourire rien que pour lui.
-Je t'aime…
Trois mots qui se perdirent. Pour toute réponse elle sentit de nouveau l'étreinte du jeune homme augmentait alors qu'il se penchait de nouveau sur son visage, l'embrassant tout entier.
Aucun des deux n'aperçurent la disparition d'Isshin qui s'élançait derrière Aizen, libéré du kidou de son fils sous le coup de la rage, même si tout cela était déjà trop tard. Personne ne vit le ciel se couvrir alors brusquement. Ils étaient tous les deux, ils sont tous les deux et ils seraient tous les deux, à jamais ensembles. Que demander d'autre ?
Elle allait partir. Il mourrait avec elle, pour rester à ses côtés. Son ultime preuve d'amour. De toutes façons tous allaient disparaître, il suffirait de quelques jours à l'ancien Capitaine pour obtenir la pleine puissance du roi. Alors ils préféraient tous deux terminer ainsi.
Les mains du roux quittèrent alors le visage de Rukia alors qu'il se penchait vers la lame de Zangetsu. Elles ne tremblèrent pas lorsqu'il se transperça la poitrine, sans aucun regret. Il n'eut même pas un regard pour le sang sombre qui s'échappa de sa blessure. Il ne faiblit pas alors que son corps s'assoupissait à son tour, gardant ses dernières forces pour se redresser, prenant appui sur l'autel.
Il se contenta de glisser ses mains dans celles de la jeune Shinigami, entremêlant ses doigts avec les siens. Se perdant une dernière fois dans son regard alors que leurs âmes s'enfuyaient dans un dernier souffle.
« Meurs avec le sourire. »
Ichigo repensa aux paroles de son père alors qu'ils se recueillaient sur la tombe de sa mère. Il s'exécuta alors, adressant son plus beau sourire à la femme qu'il aimait, et de ses dernières forces il murmura :
-Je t'aime… Rukia.
Ils moururent tous deux, signant la fin de leur histoire. Ils s'étaient retrouvés étrangers pour mieux se redécouvrir. Ils ne disparaissaient pas vraiment. Leurs âmes ne se désintégreraient pas définitivement.
Et toujours ils resteraient lié.
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Le Roi Suprême du Gotei 13 est mort en ce jour. La puissance d'Aizen s'apprête à s'étendre sur l'ensemble des mondes. La période la plus noire de la Soul Society naît avec son lot de désespoir.
Continuons à croire malgré tout et soutenons nous tous ensembles.
Le dernier acte se termine ici.
Rideau.
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L'ombre l'enveloppant. Une présence à ses côtés. Elle eut un léger sourire, resserrant son étreinte avant de s'en défaire doucement, le laissant encore au sommeil. Combien de temps depuis ? Elle ne savait plus, et après tout elle s'en fichait un peu.
Son regard se perdit dans le noir. Elle se contenta de le fixer, en silence. Appréciant se calme constant. Elle releva alors les yeux un peu plus haut.
Là-bas. Il y avait une lumière. Droit devant. A la portée de ses doigts. Il suffisait d'y croire.
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FIN