TROUBLES

Note : Merci infiniment pour tous vos adorables messages qui m'encouragent à poursuivre cette histoire malgré ma lassitude pour l'écriture. Je sais que l'attente entre les chapitres doit vous être pénible mais contrairement à certains auteurs qui abandonnent en court de route leurs histoires sans même prévenir leurs lecteurs, je promets de finir cette fanfiction. Laissez-moi seulement la possibilité de l'écrire à mon rythme sans en prendre ombrage. :)

Et encore merci et plein de bisous pour ma beta-lectrice, Vyvy.

Je vous souhaite une bonne lecture ! :)

Chap. 22 - « Une promesse tenue »

Tout en se lavant les dents, Akihito se félicitait d'avoir réussi à obéir à un ordre comme celui que lui avait donné Seiishi : interdiction absolue de sortir pendant trois jours ! Certes il avait tenu bon mais ce fut les plus looongues journées de toute sa vie ! La sonnerie de son téléphone portable avait bien tenté quelques fois de le sortir de sa solitude diurne mais le nom de ses amis affiché sur l'écran l'avait dissuadé de répondre. Par politesse, il s'était contenté d'envoyer un SMS disant que tout allait bien pour lui, qu'il se reposait et qu'ils se verraient plus tard. Bien entendu, il n'en avait rien dit à Seiishi, sachant parfaitement que ce dernier aurait joué les moralisateurs en lui stipulant qu'éviter les confrontations revenait à reculer pour mieux sauter, et bla-bla-bla. Mais dans son cas, la chute aurait été trop dure, voire fatale pour sa fierté d'homme auquel il tenait. Il n'était pas encore assez fort psychologiquement pour affronter la vérité si par malheur Takato remettait sur le tapis sa conversation sur Asami, son amant… Durant ses trois jours de convalescence forcée, il ne s'était pas passé une minute sans qu'il n'ait prié que Takato n'en dise rien à Kou, ou dans le meilleur des cas, qu'il oublie ce qu'il lui avait avoué dans un moment de faiblesse. Non, là il rêvait, Takato n'oublierait pas ce genre de chose le concernant. Qui pouvait oublier que son ami hétéro s'était tapé un homme… ? Personne !

Akihito poussa un soupir si fort qu'une partie du dentifrice dans sa bouche alla moucheter de blanc le miroir des lavabos. Un juron trivial s'ensuivit quand soudain la sonnette de la porte d'entrée retentit. Qui cela pouvait être à une heure aussi matinale ? Il recracha sans élégance le reste de la pâte qui lui collait aux dents et se rua vers la porte qu'il ouvrit en grand. Seiishi avait peut-être oublié quelque chose…

- « Bonjour Takaba. Je te présente Rin Onishi, la fille d'un collègue. »

Ha non… ce type n'avait rien de Seiishi. C'était le Grand retour de l'inspecteur Imamiya. De toute évidence il n'avait pas abandonné son idée fumante de le faire disparaître. Toutefois, d'un autre côté il était curieux de voir jusqu'où ses neurones atrophiés pouvaient l'emmener.

Tel un ressort, une jeune fille surgit de derrière l'inspecteur. Elle avait les bras tendus en arrière comme le faisait une fillette et affichait un sourire radieux. Akihito lui donnait environ seize ans et était impressionné par sa grande taille.

- « Enchantée monsieur Takaba ! » salua-t-elle avec une voix aiguë à en faire grincer les dents.

- « Euh… Enchanté. »

- « On peut entrer ? » s'enquit Imamiya en clonant le même sourire radieux de la jeune fille.

Se rappelant comment Imamiya s'était invité de force trois jours plus tôt, Akihito renonça à lui claquer la porte au nez et s'effaça pour laisser passer les importuns. À peine entrée, la jeune fille gloussa tout en jetant dans l'entrée un gros sac en toile marron qui semblait bourré à craquer. Au moins, en voilà une qui avait été bien éduquée, pensa Akihito en la voyant ôter ses chaussures. Pas comme cet inspecteur qui…

Le photographe changea vite d'avis sur Rin quand elle s'aventura dans le salon dans un pas sautillant. Sa façon d'osciller la tête de droite à gauche à vive allure, lui rappelait un bébé moineau tombé de son nid et découvrant le monde. Akihito se demandait combien de cafés elle avait dû ingurgiter à son petit déjeuner. Elle lui filait carrément le tournis !

- « Hem, je peux savoir ce que vous voulez ? » interrogea Akihito, même si la raison de cette visite ne lui était pas totalement étrangère.

L'inspecteur resta muet mais le fixait bizarrement, un brin outré, ou peut-être même écœuré.

- « Tu as… un truc blanc autour des lèvres… »

Instinctivement, le photographe porta la main droite à sa bouche.

- « Ah, ça ? C'est du dentifrice. »

Pourquoi la remarque de ce connard lui donnait envie de le frapper ? Parce qu'il était certain que le « truc blanc autour des lèvres » abritait une connotation sexuelle ! Depuis qu'Imamiya avait pris connaissance de sa sexualité ''déviante'', il ne cessait de faire des observations équivoques. CON-NARD !

- « Tu te rappelles de mon idée qui était de te faire disparaître ? »

Ouais-ouais, il s'en rappelait parfaitement…

- « Pourquoi ? Vous avez retrouvé votre baguette magique ? » railla cyniquement Akihito en croisant les bras.

- « Exact, la voici ! »

Akihito suivit le doigt de l'inspecteur qui pointait la jeune fille qui l'avait accompagné. Celle-ci s'approcha, puis poussa deux petits « Hi ! Hi ! » qui dressèrent les poils du photographe. Depuis qu'il était tombé entre les mains d'Asami, il n'avait plus eu l'occasion de traîner avec la gent féminine et en avait oublié leurs petites mimiques qu'il avait trouvées mignonnes à une époque, mais qui lui paraissaient désormais exaspérantes, pour ne pas dire effrayantes.

- « Et vous appelez ''ça'' une baguette magique ? » dit-il en désignant du pouce la chose dotée d'un soutien-gorge postée à sa droite.

- « Ne sois pas grossier, Takaba ! Mademoiselle Onishi a généreusement accepté de t'aider. »

- « Mais je n'ai rien demandé ! Et m'aider en quoi, d'abord ? »

- « Peut-elle utiliser la salle de bain ? »

- « Hein ? » fit Akihito dans un air ahuri.

- « Arrête de faire ta tête des mauvais jours. Tu comprendras quand elle en sortira, » soupira Imamiya.

- « Kyaaa ! Il est so kawaii ! On dirait un chaton farouche sortant ses griffes ! Vous ne m'aviez pas dit qu'il était si mignon, inspecteur ! »

À l'aide ! Est-ce que quelqu'un pourrait le réveiller de ce cauchemar ? Eh puis, il ne voyait vraiment pas ce qu'il y avait de ''so kawaii'' dans un chaton sortant ses griffes. C'était plutôt ''so dangereux''. En plus d'être hystérique, cette fille était vraiment ''SO stupide'' ! Oui, c'était méchant de dire ça alors qu'il ne la connaissait pas, mais il n'était vraiment pas d'humeur à supporter ce genre de, de… Il n'y avait d'adjectif assez fort pour qualifier ''ça''. Misère, dans quelle galère l'inspecteur le fourrait-il ?

- « Puisque tu ne veux pas nous montrer le chemin, on va le trouver nous-même. »

- « Pas question que vous vous promeniez dans l'appartement ! La salle de bain est dans le couloir, deuxième porte à droite », grommela Akihito.

Ce fut dans un gloussement plus sonore que le premier que Rin attrapa son sac et fila vers le lieu indiqué.

- « Il n'y a plus d'eau chez elle, pour qu'elle vienne prendre sa douche chez des inconnus ? »

- « Patience, patience… »

- « Quoi qu'elle fasse, j'espère qu'elle ne va pas en mettre partout ! »

- « Mais non, mais non… »

C'était la première fois qu'Akihito voyait l'inspecteur autant enjoué. Oh, bon sang ! Ça ne présageait rien de bon pour lui ! Après plusieurs minutes d'attente à s'en ronger les ongles jusqu'au sang, Rin réapparut dans le salon dans une nouvelle tenue, plus féminine, avec sur son bras ses anciens vêtements.

- « Tenez monsieur Takaba ! »

Akihito fixa les frusques que lui brandissait Rin devant les yeux. Qu'est-ce qu'elle voulait qu'il fasse avec ses vêtements ? Les laver ?

- « Euh… Je vous ferais remarquer que ce n'est pas un pressing ici… »

- « Non, non, rien de tout ça. Ils sont pour vous ! » explicita Rin de ses jolies dents blanches.

Le photographe obliqua un regard perplexe vers Imamiya dans l'espoir d'obtenir des explications à cette mascarade.

- « Rin te prête ses vêtements pour que tu les portes. »

- « Hein ? »

- « Tu vas te faire passer pour Rin en te déguisant avec ses vêtements. Ainsi tu passeras inaperçu aux yeux des hommes de qui tu sais. C'était ça mon idée de te faire disparaître. »

Ouh là là. Que devait-il faire ? Appeler la police ou directement l'asile ? Quoiqu'une euthanasie serait plus appropriée au mal qui rongeait ce pauvre inspecteur.

- « Ok, tout ceci était très divertissant mais maintenant j'ai des choses à faire. Alors si vous voulez bien prendre la porte… »

- « Mais, ça sera amusant ! » s'exclama la jeune fille en bondissant devant Akihito. « Dites-vous que c'est du cosplay ! »

- « Raison de plus, je HAIS le cosplay ! »

- « Ha bon ? » fit-elle déçue. » Mais tout le monde aime le cosplay ! »

- « Eh bien pas moi ! » Oui, il avait décrété en cet instant qu'il haïssait le cosplay ! C'était son droit, non ?

- « Takaba. Réfléchis bien avant de refuser. Après tout, ce ne sont que des vêtements… »

- « De fille ! » s'enhardit de préciser Akihito qui laissa exploser son agacement.

- « Évidement ''de fille'' ! C'est le but recherché. Eh puis avec les bracelets, les colliers et parfois les boucles d'oreilles que tu portes, tu ne devrais pas te sentir dépaysé. »

Ha... ha... ha... C'était à s'en rouler par terre...

- « Vous savez, inspecteur Imamiya », intervint doucement Rin en lui posant la main sur le bras. « Maintenant beaucoup de garçons se parent de ces artifices sans pour autant passer pour des filles, ou des gays. »

''Gay'', ''Gay'', elle avait bien dit ''Gay'' ?! Imamiya, aurait-il… ? Des yeux noisettes en fil de rasoir glissèrent dangereusement sur le supposé traître. Si ce connard avait fait la moindre allusion sur ses penchants sexuels, il prendrait un plaisir obscène à le découper en rondelles et balancer les morceaux aux chiens errants ; même si faire avaler de la viande avariée à ces pauvres bêtes était odieux.

Devinant son trépas imminent dans les pupilles acérées du photographe, Imamiya se défendit dans un soupir irrité :

- « Qui a parlé de gays ici… ? »

- « Personne, monsieur l'inspecteur. En plus, ce serait vraiment dommage qu'un garçon aussi mignon le soit », exposa Rin, en roulant des yeux intéressés sur le nouvel objet de ses désirs.

- « Oui. Tellement dommage… » surenchérit Imamiya dans un sourire narquois. « Mais ce n'est pas le cas, n'est-ce pas, Takaba ? Peut-être même pourriez-vous devenir bons amis. »

- « Oh ! Ce serait tellement merveilleux ! Je suis sûre qu'on pourrait bien s'entendre ! »

Oh non, sûrement pas ! Si cette fille avait l'intention de lui mettre le grappin dessus, il saurait vite la remettre à sa place. Le photographe réalisait de plus en plus que sa relation avec Asami l'avait rendu difficile en matière de conquête. Il ne supportait plus la frivolité des jeunes filles. Mais comment pourrait-il passer d'Asami à ce genre de gamines totalement délurée ?

- « Takaba ? Hey, Takaba ! » héla Imamiya en agitant sa main devant les yeux du jeune homme.

- « Hein ? »

- « Tu semblais parti ailleurs. Alors, tu acceptes ma proposition ? »

Revenant lentement à la réalité, Akihito glissa son regard sur les vêtements que Rin lui tendait avec une patience d'ange. Après tout, pourquoi pas ? Sans donner de réponse, il les prit et gagna à son tour la salle de bain avant d'en claquer la porte.

Quand il en ressortit de longues minutes plus tard, ce fut avec la pire honte de sa vie… Ce n'était pas tant le style vestimentaire qui le dérangeait mais, en enfilant les vêtements de cette fille de seize ans, il avait constaté avec horreur qu'ils étaient à sa taille. Était-il si petit… ? Non ! C'était ELLE qui était anormalement grande pour une fille de son âge ! Quoiqu'il en soit, son ego d'homme en avait pris un sacré coup. Bon, eh puis… il avait aussi sacrément maigri depuis. Bref ! Ceci expliquait cela, point barre !

- « Oh, ils vous vont à merveille ! » s'extasia Rin en le voyant revenir. « Ils vous plaisent ? Ça ne fait pas trop fille ? Vous savez, j'ai pris soin de bien les choisir afin que vous soyez à l'aise. »

« Ouais, et surtout que je ne me tape pas la honte dans les rues ! » rajouta mentalement Akihito, toujours agacé d'avoir pu enfiler les frusques d'une fillette. Fort heureusement, ils étaient assez sobres, aucune dentelle ou paillette à l'horizon, ouf ! Il se regarda dans le miroir de l'entrée et se passa au scanner de la tête aux pieds. Avec ce pantalon en toile kaki et cette doudoune noire, il conservait son allure masculine ; même s'il aurait préféré que ses fesses soient moins moulées. Malgré cela, quelque chose le chagrinait.

- « Je ne vois vraiment pas comment je pourrais passer inaperçu puisque je m'habille à peu près de la même façon… »

- « Ha ha ! Pas avec ça ! » objecta Rin.

Elle sortit de son gros sac une chose qui faillit faire sauter Akihito au plafond.

- « Ah non ! Pas ça ! Je refuse de porter ce truc ! »

Imamiya expulsa un soupir enfumé de la cigarette qu'il venait de s'allumer.

- « Ce n'est qu'une perruque… »

- « Et avec un léger maquillage le tour sera joué ! » ajouta Rin en secouant sa trousse à maquillage qu'elle avait sortie de son sac.

Là, il avait envie de mourir…

Ce fut après une longue, très longue battle de « Si ! » « Non ! » « Il le faut ! » « J'veux pas ! » qu'Akihito accepta de se plier au jeu du déguisement. Parce que bien évidement, pour Rin c'était un jeu ! Elle avait trouvé très amusant de le maquiller et lui enfiler correctement cette foutue perruque qui était le clone parfait de sa coiffure. Tout de même… elle avait dû se donner du mal pour trouver une perruque identique à sa coupe. À moins qu'elle ait fait appel à une coiffeuse pour la tailler à l'identique ? Quoi qu'il en soit, Rin avait mis tout son cœur dans la mission que lui avait confiée Imamiya. Tout ça pour aider un type qu'elle ne connaissait même pas ? C'était vraiment louche. Ou alors Imamiya lui avait promis quelque chose dont il ne connaîtrait sûrement jamais la nature.

L'épreuve finie, Akihito et Rin se placèrent devant le miroir, bras collés l'un contre l'autre. En mettant sa mauvaise foi de côté, le photographe devait bien admettre que l'illusion était parfaite. Mais de loin ! Trèèès loin ! Se corrigea-t-il, la fameuse mauvaise foi étant revenue au galop.

- « Incroyable… » lança l'inspecteur en les jaugeant du regard à tour de rôle. « Je n'aurais pas cru cela possible, tu ressembles vraiment à une fille. »

« La feeeerme ! » hurla intérieurement Akihito qui prit sur lui pour ne pas défoncer le crâne de cet abruti. Non, il ne pouvait vraiment pas l'admettre, c'était trop humiliant. Et pourquoi ne serait-ce pas Rin qui ressemblerait à un garçon et non l'inverse ? Akihito examina plus attentivement sa voisine de droite. Elle avait de grands yeux couleur caramel bordés de longs cils noirs, une bouche joliment rehaussée d'une touche de rouge à lèvres rose nacré, et des cheveux roux – certainement colorés – lui arrivant aux omoplates. Elle était aussi grande que lui et sous ses vêtements ajustés il pouvait deviner un corps plus athlétique que la moyenne des filles.

- « Vous faites du sport ? » demanda Akihito sans préambule.

- « Oui. Du Basket depuis que je suis toute petite, et j'adore ça ! »

Eh bien voilà… ça expliquait sa grande taille !

- « Je suis d'accord pour la perruque puisque de toute façon sans elle je me ferai griller. En revanche, pour le maquillage ça ne va pas être possible. »

- « Oh, pourquoi ? »

- « Parce que je n'ai pas l'habitude de me maquiller et le résultat en sera forcément catastrophique. » C'était évident, non ?

- « Mais je pourrai venir vous le faire ! On s'échange nos numéros de portable et vous m'appelez quand vous prévoyez de sortir ! »

Akihito lui lança un regard de biais, très suspect. N'était-ce pas une façon détournée pour lui escroquer un rendez-vous galant ?

- « Non, ça ira, merci pour l'offre mais je me passerai du maquillage. D'ailleurs je vais de suite le retirer, ça me brûle les yeux cette saleté. Je me demande comment font les filles pour supporter ça ? »

- « C'est juste une question d'habitude », lui répondit-elle en ricanant derrière ses doigts aux ongles vernis. « Mais pour le numéro de portable, vous êtes sûr que… »

- « Absolument », attesta Akihito en la délaissant pour rejoindre la salle de bain dans une envie pressante d'ôter cette couche de peinture qui le faisait larmoyer. Il l'entendit murmurer un ''dommage'' mais lui donner de faux espoirs aurait été cruel. Elle n'avait pas caché son intérêt pour lui. Il en aurait sûrement été flatté et ravi auparavant puisqu'en y regardant bien la fille était plutôt jolie ; même avec sa grande taille, cependant, un homme dont il ne pouvait oublier le regard l'empêchait d'entrevoir le moindre avenir sentimental.

Le cœur et l'estomac du photographe se serrèrent une énième fois. Il fallait à tout prix qu'il noie cette putain de tristesse dans le boulot avant qu'il ne se perde totalement ! Quand allait-il accepter qu'il ne reverrait plus jamais cet homme ? Après tout, il n'avait pas toujours été tendre avec lui. L'avait-il seulement été une seule fois ? Peut-être, mais c'était dans son intérêt : pour l'amener, docile, dans son lit ! Finalement, se remémorer ses pires moments avec Asami serait peut-être la thérapie idéale pour le chasser de ses pensées. Asami était un mafieux dangereux, pervers, lubrique, sadique, égoïste, diabolique, condescendant, sarcastique, manipulateur et… et… Bref, le pire individu qui lui avait été permis de rencontrer ! Asami avait été tout ce qu'il détestait chez un humain ! Oui, il l'avait sauvé à plusieurs reprises mais ce n'était que justice puisque c'était de SA faute ! Si leurs chemins ne s'étaient pas croisés, jamais il aurait eu tous ces ennuis !

Le souffle court et les doigts crispés sur le rebord du lavabo, Akihito leva la tête et se regarda dans le miroir. Avec ce mascara qui avait dégouliné, il avait tout d'un raton-laveur. Il s'empara du savon en gel et se frotta les yeux afin d'éliminer les stigmates de sa faiblesse. Asami ne méritait pas qu'il le pleure autant. Si cela avait été lui qui était mort, Asami n'aurait pas versé une seule larme. Il serait vite passé à autre chose et aurait trouvé un autre jouet à torturer dans son lit.

Pensif, Akihito fixait sans vraiment le voir le noir du mascara s'évanouir par le trou du siphon. Asami... l'aurait-il remplacé aussi vite qu'il le prétendait… ? L'aurait-il balayé de ses pensées en un simple claquement de doigts après s'être recueilli une dernière fois sur son cercueil ? Était-il le genre d'homme à ne pas s'embarrasser des souvenirs du passé… ? Oui, Asami était cet homme. Tout du moins, Akihito devait s'en persuader afin de poursuivre son propre chemin. Avant que la mort ne vienne à son tour le chercher, il avait un rêve à réaliser : rejoindre les meilleurs photographes mondiaux de Magnum photo. Et pour atteindre ce rêve, s'investir à fond dans le travail était une nécessité absolue.

xxx

Paré de son nouveau look, Akihito rabattit la capuche du blouson de Rin sur sa tête puis décida d'opter pour une démarche moins masculine. À défaut des pas sautillants de Rin qu'il serait de toute façon incapable de reproduire, des petites enjambées devraient faire l'affaire ; sauf s'il voulait tester la véracité de l'expression ''Le ridicule ne tue pas''. Il allait bientôt savoir si l'idée d'Imamiya était aussi lumineuse qu'il semblait le croire. Une grande aspiration plus tard, il s'avança vers les portes vitrées automatiques du hall de son immeuble, puis descendit les deux marches en pierre. Comme à son habitude, la berline noire hébergeant ses gardes du corps trop collants, était garée à sa place, pile-poil devant la sortie, sur le trottoir d'en face. Les vitres étant teintées, Akihito n'aurait su dire combien d'hommes lui avaient été dévolus aujourd'hui. Les pauvres devaient vraiment s'ennuyer comme des morts à rester toute la journée dans ce cercueil en acier. Mais il n'allait pas non plus les plaindre.

Eurêka ! Il avait pu passer sans se faire plaquer au sol ! Merci conna… euh, Imamiya ! Malgré cette victoire remportée, il s'enhardit d'ôter cette perruque ridicule qu'il balança dans son sac à dos dès qu'il emprunta le premier croisement qui se présenta. Maintenant qu'il avait retrouvé meilleure allure après s'être ébroué les cheveux pour leur redonner leur aspect du saut du lit, il allait pouvoir se rendre à l'adresse du club de ce fameux Sakazaki. D'après ce qu'il en avait déduit des explications d'Imamiya et du refus de Sakazaki à parler à la police, ce dernier semblait être une sorte d'indic' vendant ses informations principalement aux types louches baignant dans la pègre. Si c'était vraiment le cas, il fallait être sacrément culotté, aliéné mental ou être à l'épreuve des balles pour s'adonner à ce genre d'activités. Akihito se demandait comment Sakazaki pouvait encore être en vie ? Aucun des mafieux qu'il avait trahis n'avait pensé à lui trouer la peau ? C'était vraiment étrange et le photographe était piqué par la curiosité. Par chance, celle-ci allait bientôt être récompensée. Les LED de couleur rouge de l'enseigne du club brillaient droit devant lui. Contrairement à ce qu'il avait craint, l'entrée du club lui fut facilement accordée : pas comme au Sion qui lui avait été refusée la première fois qu'il s'y était rendu. Pas un seul videur ne l'avait pris par le col pour l'éjecter comme un malpropre. On l'escorta même poliment jusqu'au bureau du patron du club qui répondit par un « Entrez » après qu'un des hommes eut toqué à la porte.

Le type était confortablement assis dans l'un des coins du canapé en cuir et le balaya du regard dès que la porte fut fermée derrière lui. Il portait une barbichette au menton, des lunettes demi-lune à montures noires, des poils tout aussi noirs dépassant de sa chemise entrouverte et était doté une paire d'yeux qu'Akihito jugea vicieux sans toutefois pouvoir affirmer de quel côté de la balance le vice penchait le plus : le vice du type qui s'adonnait à toutes sortes de perversions sexuelles ou celui qui avait la disposition naturelle à faire le mal ?

- « Ne restez pas dans votre coin, approchez, monsieur… ? »

- « Takaba Akihito », se présenta-t-il poliment.

- « Monsieur Takaba… Qu'attendez-vous de moi ? »

Au moins, Sakazaki n'y allait pas par quatre chemins, et il allait l'imiter :

- « On dit que vous possédez toutes sortes d'informations et j'aimerais… »

- « Qui dit ça ? Pour qui travaillez-vous ? » questionna le patron du club qui le considérait avec grand intérêt par-dessus ses lunettes.

- « Je travaille pour mon propre compte. »

- « Et vous faites quoi ? »

- « Je suis reporter photographe. »

L'homme poussa un soupir blasé tout en fronçant ses sourcils.

- « Encore un de ces reporters sans le sou… » marmonna-t-il pour lui-même. « Très bien, que voulez-vous savoir ? »

- « Connaissez-vous un certain Stats Zukova ? »

- « Encore lui ? Les flics sont déjà venus me questionner à son sujet. Allez donc leur demander », fit Sakazaki en congédiant le jeune homme d'un geste méprisant de la main.

Aïe ! Au premier abord il avait cru que l'affaire était dans le sac mais ça s'engageait plutôt mal. Toutefois, il n'avait pas dit son dernier mot :

- « Cela se saurait si les flics dévoilaient leurs investigations au premier venu… »

- « Voyez-vous ça… un petit insolent », déclara Sakazaki, le coin de la bouche relevé, dévoilant l'une de ses canines blanches. « Mais ce n'est pas fait pour me déplaire. J'aime l'effronterie, c'est… très excitant… »

Oh misère, le mot qui lui donnait des sueurs froides ! Ne lui dites pas qu'il était Encore tombé sur un pervers sexuel ? Anxieux, Akihito examina du coin de l'œil l'intérieur du bureau du présumé pervers. La décoration paraissait normale. Aucun objet ou tableaux ne trahissait un goût prononcé pour les pratiques sexuelles à tendance SM. Cependant, il savait par expérience que les apparences étaient trompeuses et décida de rester sur ses gardes. Ne surtout rien dire d'ambigu qui laisserait à penser que la porte était ouverte à toutes propositions !

- « Comme tu dois t'en douter, toute information a son prix. »

Hein ? Il le tutoyait maintenant ? Le simple fait de le trouver ''excitant'' le plaçait directement du statut d'inconnu à intime? Ce n'était pas bon, ce n'était pas bon du tout ! S'il n'avait pas eu besoin de ces informations, il serait déjà parti en courant !

- « C'est tout ce que j'ai », confessa Akihito en sortant maladroitement quelques billets de la poche de son pantalon.

Ce qui eut pour conséquence de faire éclater de rire son interlocuteur :

- « Ce n'est que de l'argent de poche pour mioches. »

- « Je n'ai rien d'autre. »

Après plusieurs secondes de silence durant lesquelles Akihito eut l'horrible impression d'être le dernier string à la mode que les fashion victims s'arrachaient, l'homme se leva lentement de son canapé, faisant crisser le cuir qui reprenait sa forme initiale. Oh putain que ce type était grand ! Si l'idée lui venait de lui sauter dessus, lui échapper serait fortement compromis.

- « Tu es plutôt mignon de visage… »

Non ! Il était trèèès laid !

- « Et il semblerait que tu sois bien bâti sous ces vêtements. »

Pas du tout ! Il avait terriblement maigri, il ressemblait à un squelette après une grève de la faim ! Et pourquoi regardait-il uniquement son entre-jambe en spécifiant qu'il était bien bâti ? Fallait dire que ce fichu pantalon moulant ne laissait rien à l'imagination. Il allait étrangler Rin !

- « Je pourrais te trouver un travail dans un de mes clubs. Qu'en dis-tu ? Tu te ferais un max' de blés avec ce joli minois. »

À propos de joli minois, serait-ce trop demander, voire espérer, qu'il ôtât ses doigts de son menton ? S'il pouvait en même temps s'écarter de lui d'au moins vingt mètres…

- « Lâchez-moi ! » grogna Akihito en dégageant son menton de ces doigts un peu trop tactiles à son goût. Malheureusement, l'homme l'attrapa par la taille et le plaqua avec force contre lui.

- « Si tu veux des informations, je pourrais te les fournir pour une somme modique… » lui susurra Sakazaki à l'oreille.

Les mains baladeuses de l'homme sous son blouson, fit palpiter de peur le cœur d'Akihito. Ce n'était pas faute de tenter de s'enfuir à grand coups de coude dans les flancs du géant mais il était vraiment trop fort. Merde ! Qu'allait-il faire ? Personne n'était au courant de sa présence ici, mis à part Imamiya mais Akihito doutait qu'il fasse irruption tel un chevalier en armure venant sauver sa belle.

- « Si vous me toucher vous aurez affaire aux hommes d'Asami ! »

C'était tout ce qu'il avait trouvé pour se sauver lui-même de ce mauvais pas. Hélas, sa tentative avorta dans l'œuf quand il entendit l'homme ricaner. Pire, sa langue humide longeant sa gorge jusqu'à son oreille, prouvait qu'il l'excitait plus qu'il ne l'effrayait.

- « Les hommes d'Asami… Les pauvres. Se retrouver orphelins de leur maître, comme c'est triste. »

- « Ç-ça ne les empêche pas d-de suivre ses consignes ! » peinait à articuler Akihito entre deux frissons de dégoût.

- « Ha oui ? quelles consignes ? » souffla Sakazaki dont les doigts gagnaient du terrain sous le boxer du photographe. « Cette partie sensible est douce sous mon pouce. Elle réagit bien. On dirait que tu as déjà connu le touché d'un homme… »

- « En-enfoiré ! Arrêtez ! Je vous promets que Kirishima Kei vous fera sauter le crâne quand il l'apprendra ! »

Sakazaki stoppa ses caresses sur le sexe du jeune homme mais sans pour autant retirer sa main de sous le boxer.

- « Comment connais-tu le nom de l'assistant d'Asami ? »

- « Je vous l'ai dit. Asami a donné l'ordre à ses hommes de continuer à me protéger même après sa mort ! Ils vous tueront si vous me faites le moindre mal ! »

- « Rappelle-moi ton nom », fit Sakazaki en plissant les yeux.

- « Takaba Akihito ! »

Sakazaki s'écarta vivement du jeune reporter photographe. Son teint avait soudainement pris la couleur blanche de la craie.

- « Ça me revient maintenant : Takaba Akihito, le nouveau jouet d'Asami Ryûichi. L'Enfer sera promis à ceux qui oseront le toucher… C'est bon, dégage d'ici ! Je ne veux pas d'ennuis avec ses hommes ! »

Soulagé par ce qu'il considéra comme un miracle venu du ciel, Akihito s'empressa de refermer sa braguette et de réajuster plus qu'il ne fallait ses autres vêtements. Toutefois, voir ce type abandonner aussi facilement, l'interpellait. Même après sa disparition, Asami continuait à déchaîner la peur à travers ses hommes. Ainsi, aux dires de Sakazaki, Asami avait fait courir le bruit qu'il était son jouet et avait menacé de représailles ceux qui oseraient le toucher… ? Bien que l'appellation ''jouet'' ne le ravît guère, Akihito accueillit la nouvelle avec un sourire triste. Il aurait voulu en savoir plus sur la mise en garde d'Asami à son sujet mais paradoxalement il hésitait.

- « Qu'est-ce que tu fais encore là à bailler aux corneilles ? Je t'ai dit de t'en aller. »

- « Pas avant d'avoir eu mes informations. »

Malgré le danger qu'il encourût, Akihito était du genre tenace quand quelque chose lui tenait à cœur. Il voulait trouver Stats Zukova et rien ne l'en empêcherait.

- « Tu te fous de moi ? Tu n'as pas de quoi payer. Allez ouste, dehors ! »

- « Si vous ne me donnez pas ces informations, je peux faire en sorte de faire venir les hommes d'Asami. Je suis sûr que vous aimerez leur rendre ce service. »

Akihito eut l'impression de voir la foudre s'abattre dans les yeux du propriétaire du club. Il le vit arpenter son bureau de long en large, puis regagner son canapé comme le ferait un homme harassé par une dure journée de labeur.

- « Ok… Après tout, je n'en ai que faire de ton Stats Zukova. Pose ta question et je verrai si je peux y répondre. »

Yes ! Explosa mentalement de joie Akihito. Même si ce n'était pas très glorieux, il appliquerait plus souvent la tactique du ''Sois tu me dis tout ce que je veux savoir ou sois je t'envoie les hommes d'Asami et tu mourras dans d'atroces souffrances !''

- « J'aimerais savoir où le trouver. »

- « Qu'est-ce que j'en sais ? Il n'est venu qu'une seule fois à mon club. »

- « Et il a fait tellement de grabuge que les flics sont venus enquêter à votre club après qu'un de vos clients est allé porter plainte au commissariat. N'est-ce pas mauvais pour vos affaires que l'on ébruite qu'on peut se faire facilement trouer la peau dans votre établissement ? Cela ne vous a pas donné envie d'en savoir plus sur Zukova qui a terni la réputation de votre club ? Êtes-vous si laxiste que cela ? »

- « Petit malin… Tu sais trouver les bons arguments… »

- « Merci pour le compliment. »

Il faisait le fier mais en vérité à l'intérieur il tremblait comme une feuille. Après tout, ne connaissant pas les limites de ce type, il risquait peut-être sa vie.

- « Je ne sais pas où réside ce mercenaire à la détente trop facile, en revanche une rumeur dit qu'il se rendra à Kabukichô, demain soir. »

- « Ah bon ? Vos informations sont basées sur de simples rumeurs ? » constata Akihito avec étonnement.

- « Hey… je ne t'oblige pas à me croire. Mais saches que dans notre milieu les rumeurs sont vérifiables à 90%. »

- « Ça laisse quand même 10% d'incertitude… »

- « À toi de voir. Maintenant débarrasse le plancher. Tu me fais perdre mon temps, et le temps c'est de l'argent. »

- « Demain soir c'est un peu vague comme indication. Vous n'auriez pas une heure précise à me … »

- « Deux heures du matin ! » le coupa tout de go Sakazaki, pressé de se débarrasser de ce petit parasite, si mignon soit-il.

Akihito ne savait comment Sakazaki avait pu obtenir ces informations, mais qu'importe. Maintenant qu'il avait en poche l'adresse exacte du lieu du rendez-vous du mercenaire, pour la première fois de sa vie, il fut heureux d'obéir à un ordre et ''débarrassa le plancher'' vite fait bien fait. Il était inutile de tenter le Diable si dans un élan de folie pure ce pervers aurait changé d'avis pour en faire son quatre heures. Brrr ! ce type lui avait quand même foutu la trouille avec ses deux mètres et ce tapis de poils collé sur le torse. Il n'était pas fan des buissons noirs et hirsutes s'échappant des cols de chemises. Il ne manquait plus à Sakazaki qu'une grosse chaîne en or pour parfaire la panoplie du maquereau. Quoique, vu la proposition qu'il lui avait faite, s'en était peut-être un… Ouais, sûrement !

xxx

Plus l'heure avançait, plus Akihito était nerveux. Cela faisait longtemps qu'il n'était pas allé enquêter sur le terrain. Qui plus est, pour traquer un type à la réputation dangereuse. Ayant perdu l'arme d'Asami volée dans son coffre, il avait récupéré celle de Seiishi que les subordonnés de l'homme d'affaires lui avait donnée le soir où il l'avait conduit au Sion. Pensant, à tort, qu'Akihito n'y toucherait pas, Seiishi n'avait pas cru bon de la cacher et l'avait simplement rangée dans l'un des tiroirs de la commode du salon. Akihito avait les armes à feu en horreur mais aller au-devant d'un mercenaire sans rien pour se défendre ou l'intimider était du suicide pur et simple. Il avait vérifié si l'arme était chargée et n'avait pas manqué de repérer le cran de sûreté qu'il ôterait si la situation sentait le roussi. Pour une fois, il avait pris toutes ses précautions. Jouer les têtes brûlées avec un type rompu à la discipline militaire ne pouvait que lui apporter des ennuis, ou une jolie urne… Si la fameuse rumeur de Sakazaki était vraie, il lui suffirait de suivre sa proie jusqu'à sa tanière et d'appeler Imamiya pour venir l'épingler le soir-même. En somme, s'il restait prudent, son investigation n'avait rien de bien dangereux.

Le cliquetis des clés dans la serrure de la porte d'entrée avertit le photographe de l'arrivée de Seiishi. Enfin, ce n'était pas trop tôt ! Il était presque dix heures du soir et Kabukichô n'étant pas à la porte d'à côté, partir avant minuit était primordiale.

- « Tu es encore là ? Je pensais que tu serais déjà chez tes amis », constata Seiishi en se déchaussant.

Eh oui, il avait menti à Seiishi en prétextant une soirée entre amis. Il n'était pas fier de lui mais Seiishi ne l'aurait jamais laissé sortir s'il lui avait révélé le but véritable de son escapade nocturne. Cependant, après la remarque du boursier, Akihito se dit qu'il aurait mieux fait de ne pas l'attendre. Le mensonge n'ayant jamais été son fort, il pouvait gaffer à tout instant. De toute façon il était trop tard pour les regrets. Il lui suffirait de tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de commettre l'irréparable.

- « Le rendez-vous étant à minuit, j'ai pensé que tu aurais aimé avoir de la compagnie pour dîner. »

- « C'est gentil », fit le trader en prenant note des plats sur la table. « Tu sais que tu ferais une bonne épouse… ? »

- « Hey ! »

Le trader se mit à rire devant la réaction au quart de tour d'Akihito :

- « Je plaisantais. Bon ''époux'' est plus approprié. »

Seiishi le lui avait chuchoté aux creux de l'oreille en le dépassant pour gagner le salon. Akihito oubliait souvent les sentiments amoureux du boursier à son égard et cela le troublait de plus en plus quand il les lui rappelait d'une façon toujours subtile.

- « J'ai le temps de prendre une douche ou dois-je faire honneur à tes plats avant qu'ils ne refroidissent ? »

- « Euh… Fais comme tu veux », répondit vaguement Akihito. Son esprit était ailleurs, sur un champ de bataille où guerroyaient son cœur et sa raison. Ses sentiments envers Seiishi n'étaient-ils pas en train d'évoluer ? Pour une raison qu'il ignorait, des images sous forme de flashs lui apparaissaient à l'esprit mais elles étaient trop confuses pour les décrypter. Elles étaient apparues depuis de sa cuite carabinée qui…

- « Akihito. Ça va ? »

- « Hein ? »

- « Tu n'as pas bougé de place depuis que je suis allé me doucher. Tout va bien ? »

- « Ha… Oui. Tout est ok ! »

Tout n'était pas aussi ''okay'' qu'il le prétendait. Il vivait depuis deux jours en pleine confusion et avait observé que cet état de malaise empirait dès que Seiishi s'approchait un peu trop près de lui.

- « Tu devrais enfiler un T-shirt avant de te mettre à ta table », recommanda-t-il quand il réalisa, trop tard, le ton agacé de sa voix.

- « Je ne suis pas ''encore'' à table. Je me sèche », précisa le trader en se frottant les cheveux avec sa serviette. « Pourquoi ? »

- « Non, pour rien. Laisse tomber », éluda Akihito en prenant place sur sa chaise. Comment aurait-il pu l'expliquer puisque lui-même ne comprenait pas pourquoi le voir torse nu le dérangeait. Non, ''l'embarrassait'' était plus conforme à son ressenti.

À peine avait-il planté ses baguettes dans une tranche de poisson macérée dans du vinaigre de riz, que sa chaise fit un demi-tour sur elle-même. La surprise lui arracha un cri et il se retrouva nez à nez devant le trader. Les deux mains appuyées contre le rebord de la table, Seiishi, penché au-dessus de lui, le fixait droit dans les yeux. Coincé entre ses bras et ses jambes, Akihito n'avait aucun moyen de fuir. Mais fuir quoi au juste ? Fuir tout simplement cette impression de malaise qui le tenaillait sans en comprendre réellement le sens.

- « Q-qu'est-ce que tu fais ? » balbutia-t-il, nerveux.

Un sourire moqueur aux lèvres, le trader prit sa jambe gauche, puis la souleva et lui ôta sa chaussette.

- « Je veux juste vérifier ta blessure avant que tu ne partes faire je ne sais quoi avec tes amis… »

Pris au dépourvu, Akihito se laissa faire tout en glissant ses yeux sur son ami. Il ne pouvait nier que Seiishi était bien bâti et se surprit à contempler plus qu'il ne fallait ce corps à moitié dénudé. Gêné par son audace, il se tira de cette contemplation qui lui échauffait le sang d'une manière déconcertante.

- « Ça cicatrise bien. Mais fais quand même attention, évite de courir, d'accord ? »

- « Ouais, ok… »

Mais, que faisait-il ? Hey, il pouvait remettre sa chaussette tout seul, il n'était plus un gamin !

- « Voyons voir maintenant quel goût ça à… » chuchota Seiishi en se redressant dans une lenteur calculée.

Affolé, Akihito louchait sur les lèvres du boursier qui s'approchaient des siennes. Pourquoi ne parvenait-il pas à dévier la tête pour éviter le contact ? C'était comme si au plus profond de son être il avait envie d'être embrassé. Bon sang, quelque chose clochait dans sa tête !

Seiishi était désormais si près, qu'il pouvait percevoir les pigments marron et or de ses iris. Puis, tout à coup, ils disparurent sur le côté. Une chaleur contre son oreille l'informa que la bouche de son ami était à hauteur de son lobe, le frôlant à peine. Craignant de ne pouvoir résister à ce qu'il savait être l'un de ses plus gros points faibles, Akihito se raidit en fermant fortement ses paupières, puis pria pour que cette caresse le laissât de marbre. Le bruit familier des baguettes en plastique contre la faïence lui fit instantanément rouvrir les yeux.

- « Ce n'est pas mal », confia le trader tout en restant penché sur le photographe. Certainement dans l'optique de le laisser profiter de la vue plongeante de ses abdominaux jusqu'à son jean au bouton défait.

Le vil ! Il était pire qu'Asami ! Non, faire pire qu'Asami était impossible mais Seiishi en prenait assurément le chemin !

- « Pousse-toi, sale traître ! » grogna Akihito en poussant son ami des deux mains.

- « Quelque chose ne pas va pas ? »

- « Ne fais pas ton innocent ! Tu sais très bien ce qui ne va pas ! »

- « C'est vrai, je plaide coupable. Mais avoue que l'expérience n'était pas si désagréable… » déclara celui-ci dans un sourire espiègle.

Akihito voulut répondre par la négative mais les mots refusèrent de passer la barrière de ses lèvres. Avaient-elles atteint leur quota de mensonges autorisés dans la journée ou était-ce son cœur qui avait remporté le duel contre sa raison ? Pour le moment, il préférait opter pour la première option, la deuxième étant encore prisonnière du souvenir d'Asami. Toutefois, une petite voix intérieure lui chuchotait qu'une relation avec Seiishi n'était pas inconcevable. Rah ! Il ne savait plus ! Tout était mélangé dans sa tête et Seiishi ne l'aidait pas avec ses manigances !

- « Tu devrais manger avant que ça ne refroidisse complètement », conseilla le trader qui, sans le savoir, détourna Akihito de ses pensées positives le concernant.

Le dîner s'était poursuivi dans une atmosphère revenue à la normale. Seiishi n'avait rien retenté d'embarrassant, ni fait d'allusions sur ses réactions trahissant son trouble. Il évitait de le brusquer afin de ne pas le braquer. Il prenait son temps et à la longue Akihito craignait que ses barrières ne cèdent jusqu'à la dernière.

Akihito avait profité de la pause cigarette de son ami sur le balcon pour déposer discrètement son sac à dos dans le couloir. Celui-ci étant gonflé des vêtements de Rin, il n'aurait su quoi inventer si le boursier avait désiré en connaître le contenu bien trop volumineux pour en être catholique. Asami et Seiishi se ressemblaient sur beaucoup de points, le premier étant qu'on ne leur faisait pas facilement avaler des couleuvres. Il fallait déployer de ruses pour déjouer leur perspicacité ; même si avec Asami cela n'avait jamais fonctionné… Afin d'assurer son coup, au cas où l'idée serait venue à Seiishi de le regarder partir depuis le balcon, il avait attendu qu'il finisse sa cigarette et se mette sur son ordinateur. Il aurait sûrement trouvé quelque peu étrange son changement subit de vêtements entre son départ de l'appartement jusqu'au hall de l'immeuble. Il n'y avait pas à dire, il avait tout planifié dans les moindres détails et n'en était pas peu fier puisqu'habituellement il fonçait tête baissée.

Après avoir salué Seiishi, il s'était changé à la va-vite dans les escaliers et avait une fois de plus roulé ses gardes du corps dans la farine en leur passant sous le nez. Autant dire qu'il prenait un malin plaisir à leur jouer ce tour de passe-passe. Pour une fois, il félicitait l'idée d'Imamiya qui lui avait donné l'opportunité de prendre sa revanche sur les hommes d'Asami. Il aurait donné n'importe quoi pour voir leurs têtes quand ils apprendront que le ''gamin'' les avait dupés en beauté !

Le plaisir fut moindre dans le métro jusqu'à la station Shinjuku-Sanchôme. Attendre, assis sans rien faire, n'avait jamais été son dada. Ce qu'il pouvait détester la position des sièges qui obligeait soit à regarder la tête renfrognée du voisin d'en face, ou pire, les fesses de ceux qui préféraient rester debout. Dans ces conditions, le mieux à faire était de mater ses propres chaussures en attendant que ça passe. Akihito consulta sa montre après être sorti de la station. Il avait encore une heure et demie devant lui pour trouver l'adresse du rendez-vous et peut-être y débusquer Stats Zukova.

Une fois l'avenue Yazukuni dépassée, les portes de Kabukichô l'invitèrent à pénétrer dans le quartier Diabolique. Il n'appréciait pas particulièrement cet endroit de débauche, bruyant et aux enseignes lumineuses qui était un véritable ''crève œil'' si l'on s'aventurait à les fixer trop longtemps. La mafia chinoise et japonaise avaient fait de Kabukichô leur QG et beaucoup d'établissements étaient sous leur contrôle. Certes, de l'extérieur les rues paraissaient sans risque mais le plus gros du business se déroulait à l'intérieur des bâtiments, et principalement dans leurs sous-sols. Si l'on n'y prenait pas garde, le matin l'on pouvait se réveiller sur le trottoir, dépouillé de son téléphone portable et de sa carte de crédit après avoir bu un verre en charmante compagnie dans l'un des nombreux bars du quartier.

Il avait dû repousser moult de ces rabatteurs aux intentions malhonnêtes avant d'arriver enfin à l'adresse indiquée. L'endroit était une sorte de place entourée de vieux bâtiments et en son centre un seul réverbère éclairait l'ensemble de sa lumière blafarde. Il faisait si sombre qu'il distinguait à peine les ruelles formant une toile d'araignée autour de la place. Akihito remarqua aussi une chose étrange : aucune source lumineuse n'émanait des fenêtres. Mouais, cet endroit était vraiment glauque et ne donnait pas envie de s'y aventurer. Sauf peut-être les tordus… dans son genre puisqu'il était là.

Tapi dans l'ombre, Akihito retroussa sa manche pour vérifier l'heure mais même en forçant sur ses yeux, les aiguilles demeuraient désespérément invisibles derrière le cadran en verre. Eh mince, pourquoi n'avait-il pas acheté une montre à affichage numérique à LED rouge fluo, bien moche, au lieu de celle-ci analogique, toute belle ? À défaut, il délogea son téléphone portable de la poche de son blouson et cette petite merveille de technologie lui révéla ce qu'il désirait dans un halo bleuté. Si Stats Zukova était du genre ponctuel, il ne tarderait pas à arriver. Akihito était partagé entre l'excitation de traquer à nouveau une proie et la crainte de se faire surprendre. En parlant de se faire surprendre… Un objet dur contre l'arrière de sa tête lui fit rater un battement de cœur.

- « Avance, en douceur. »

Figé par la peur, le photographe ne put faire un pas ni émettre un son. Il n'avait pas entendu le type se glisser derrière lui et il ne se leurrait pas, l'objet dur pressé contre son crâne était le canon d'une arme.

- « Je t'ai dit d'avancer », répéta l'homme en le poussant brutalement vers l'avant, manquant de le faire trébucher. « J'ai trouvé ''ça'' en train d'épier. »

Deux hommes se retournèrent en même temps et Akihito reconnut immédiatement le mercenaire. Il était encore plus terrifiant en vrai – dans le sens menaçant – que sur la photo qu'Imamiya lui avait donnée.

Tout en le fixant de ses petits yeux noirs et enfoncés, l'homme s'alluma une cigarette dans une décontraction qui ne tromperait qu'un enfant de cinq ans.

- « Qui es-tu ? » demanda ce dernier en refermant son Zippo dans un claquement sec.

Que pouvait-il dire ? Qu'il passait là par hasard ? Qu'il s'était perdu dans les rues et voulait leur demander son chemin quand il les avait aperçus ? Qui serait assez stupide pour y croire ? Certainement pas un mercenaire aguerri du genre de Zukova. Des baratineurs, il devait en manger tous les matins à son petit déjeuner et Akihito était loin d'être un as dans cette discipline. Cependant, dire la vérité c'était mettre un pied dans la tombe. Il n'avait pas le choix, bluffer était sa seule chance de s'en sortir indemne.

- « Tu as perdu ta langue ? »

- « Je… je me rends chez des amis. » Décidément, ses amis avaient bon dos ce soir…

- « Ici ? » ricana le mercenaire de sa voix rocailleuse. « Fouille-le ! »

L'homme, resté derrière le photographe, s'exécuta et le démuni de toutes ses affaires, y compris celles de son sac à dos. Il les énumérait une par une avant de les jeter sur le sol crasseux et mouillé.

- « Tiens, tiens… » fit l'homme dans un sourire narquois. « Je crois que tu as un admirateur… Ou pas. Tout dépend de l'usage de cette arme. »

Le sang du photographe se glaça. L'individu brandissait comme un trophée les objets de sa culpabilité. Pour l'arme, rien ne prouvait qu'elle était destinée à tuer Zukova, en revanche, sa photographie… Quel imbécile ! Il avait pensé à tout… sauf à retirer cette photo de son portefeuille. Il était fichu. Et ce n'était pas le regard noir du mercenaire qui allait contredire sa certitude.

- « Qu'est-ce que tu fous avec ma photo dans ton portefeuille… ? »

- « Tu es mal, mon p'tit gars », déclara l'homme qui l'avait fouillé, avant de s'écarter du photographe de quelques mètres.

- « Vous m'aviez dit que l'endroit n'était pas fréquenté, » blâma le dernier homme formant le trio. Il avait les cheveux poivre et sel et s'était planqué derrière Zukova quand il avait aperçu le jeune homme.

- « C'est ce que j'ai dit et je le confirme. »

- « Mais ce garçon est là et il nous a vu ! Il pourrait témoigner contre nous et… »

- « Oui, il pourrait… » le coupa Stats, un sourire pernicieux aux lèvres. « Mais à ma connaissance les cadavres ne parlent pas. »

- « Vous, vous n'allez quand même pas… »

- « Je vais me gêner. Les parasites, je m'en débarrasse. »

Terrifié, Akihito fixait le doigt sur la gâchette qui en une fraction de seconde pouvait lui fermer les yeux à jamais. Sa mort imminente était gravée dans le regard déterminé de l'Ukrainien. Les lèvres de ce dernier remuaient mais aucun son ne parvenaient à ses oreilles, c'était comme si elles avaient été bourrées de coton, l'isolant de son environnement. Il n'entendait que les battements assourdissant de son cœur puis ce qu'il avait craint, arriva. La détonation claqua et le choc violent dans sa poitrine le fit rouler à terre sur une distance qui lui parut interminable. Tout c'était passé si vite. À peine avait-il commencé son enquête qu'il s'était fait bêtement tirer dessus. Le manque d'air dans ses poumons comprimés commençait à le faire suffoquer. Il chercha des yeux le mercenaire mais il ne vit qu'un mur noir. Cette obscurité impénétrable, il l'avait déjà vécue, à Macao. L'impitoyable faucheuse revenait le chercher comme elle le lui avait promis, juste avant qu'Asami ne le rappelle à ses côtés. Mais étrangement, ce n'était pas aussi douloureux que la dernière fois, il ne ressentait pas ce froid caractéristique de la vie qui quittait le corps. Il avait juste cette sensation d'être cloué au sol par une force qui l'enveloppait et lui procurait une chaleur bienfaisante.

- « Tu es un gamin impossible… »

Le cœur du photographe reprit son rythme effréné. Cette voix contre son oreille…

- « J'aurais dû t'enfermer dans une cage. »

Son esprit tourmenté devait lui jouer des tours. Pourtant, sous son nez, blottit dans ce cou, exhalait le parfum familier de sa peau, ainsi que l'odeur de tabac blond. Des Dunhills qu'il reconnaîtrait parmi toutes les marques de cigarettes existantes.

Doucement, les ténèbres se dissipèrent, dévoilant l'éclat d'une paire d'yeux sévères prenant désormais tout son champ de vision. Des yeux cuivrés inégalables que seule la mort pouvait lui permettre de revoir. A-Asami… Il n'arrivait pas à y croire. Il l'avait réellement fait.

- « Tu as tenu ta promesse… Tu es venu me chercher. Asami… »

Des larmes roulèrent le long de ses tempes. Il n'aurait pas eu à attendre longtemps pour le retrouver.Même si ses écarts de conduites d'adolescent l'avaient conduit en Enfer, il ne craignait rien, Asami veillerait sur lui. Le Diable n'aurait qu'à bien se tenir si ce démon qui l'avait possédé décidait de conquérir son royaume. Une belle pagaille s'annonçait dans le monde des ténèbres, il n'allait pas s'ennuyer.

Le rire dément d'Akihito firent plisser d'inquiétude les yeux de l'homme d'affaires. Il se demandait quel trouble ce rire abritait mais des détonations l'empêchèrent d'analyser plus avant l'état psychologique de son jeune protégé. Suoh était parti seul à la poursuite des deux types qui s'étaient enfuis et il craignait pour sa vie.

Il se redressa sur un genou et aboya un ordre à son premier assistant :

- « Amène-le à la villa. »

- « Il serait plus prudent que j'y aille, » s'exclama Kirishima, arme à la main, prêt à s'élancer dans la bataille qui se livrait dans la ruelle.

- « Non, tu n'es pas encore en état. Assure-toi de mettre ce jeune imbécile à l'abri. »

Sans même jeter un regard à Takaba gisant encore à terre, Asami pivota pour rejoindre Suoh quand son élan fut brutalement stoppé par une force qui l'avait tiré en arrière. Surpris, il baissa la tête, et vit des doigts accrochés au pan droit de son manteau. De grands yeux hagards le fixaient. Sans perdre une seconde, Asami prit le visage du jeune homme entre ses deux mains et déposa un rapide mais intense baiser sur ses lèvres.

- « Je t'expliquerai tout à mon retour. »

Il libéra à contrecœur son manteau de cette main désespérée, puis disparut dans la venelle d'où s'échappait le chant mortel des coups de feu. Il entendait la voix d'Akihito hurler son nom mais rattraper Stats Zukova était sa priorité du moment. Fichu gamin. S'il ne s'était pas jeté sur lui avant que la balle de Zukova ne l'atteigne, il serait mort. Comment avait-il pu déjouer la vigilance de ses hommes ? Mais plus que tout, que faisait-il ici ? Une balle siffla près de sa tempe et la brûlure qui s'en suivit lui apprit qu'il avait été touché. Le sang sur ses doigts confirma le vif ressenti sur le haut de sa joue. Voilà ce qui arrivait quand l'esprit était centré ailleurs. La situation n'était pas appropriée aux questions sans réponses. Il réglerait ce problème plus tard.

Pendant ce temps, Akihito avait trouvé la force de s'agenouiller mais son mental allait au plus mal. Ses yeux, atterrés, restaient rivés sur les ténèbres qui avaient englouti Asami, l'arrachant à nouveau à lui.

Kirishima lui intimait l'ordre qu'il leur fallait partir au plus vite, or le jeune homme semblait reclus dans un univers sans issue pour l'en sortir. Le choc de revoir Asami vivant avait été trop brutal, rien ne l'y avait préparé. Malheureusement, Asami avait dû trancher entre prendre le risque de lui provoquer un important traumatisme émotionnel ou le laisser mourir. Non, il se trompait, la question ne s'était pas posée pour Asami. Le sauver d'une mort certaine avait été sa seule préoccupation. Suoh et lui en avaient eu des sueurs froides quand, sans prévenir, il s'était rué sur la trajectoire de la balle destinée à Takaba. Il l'avait évitée mais Asami devait sa survie à Suoh qui avait eu le reflex d'abattre l'autre type qui le visait avec son arme. Kirishima espérait qu'Asami allait pouvoir arrêter Stats Zukova car il était certain qu'il l'avait reconnu. Sa surprise avait été telle qu'il en était resté prostré et Kirishima doutait que cet homme croyait en l'existence des fantômes. Ce n'était qu'en remarquant Suoh foncer sur lui qu'il avait pris la fuite.

- « Vous aussi… vous êtes mort… ? » murmura Akihito en regardant Kirishima avec une immense tristesse dans les yeux.

Mort ? L'assistant s'était attendu à tout venant de Takaba, mais là, cela dépassait les limites de son imagination. Son état était encore plus préoccupant qu'il ne l'avait craint.

À suivre…

Rin = petite clochette


Non, non, je n'ai pas fini ce chapitre sur un suspens insoutenable dans le but de vous donner envie de m'étriper. :D Les retrouvailles à la façon cliffhanger (comme quelques lectrices les qualifient xD) furent très courtes. Cependant, comme ce chapitre comprenait déjà 17 pages, il aurait été beaucoup trop long si j'avais mis la suite des retrouvailles. Vous découvrirez donc la réaction d'Akihito dans le prochain chapitre qui est en préparation.

Bisous à toutes et tous et je vous dis à bientôt ! :)