Avertissement au lecteur : Chapitre plus sombre, et assez violent. J'avais pas mal hésité en écrivant ce passage, pour savoir si je devais ou non le poster ... Parce qu'il change pas mal par rapport au reste de la fic, au niveau de l'ambiance tout comme d'un certain nombre de choses. Quoi qu'il e soit, après relecture, je ne me voyais pas continué sans lui, et il me plaisait. Je le confie donc au bon soin de votre jugement.
Avant de commencer, un petit mot à tous ceux sans qui cette histoire ne serait rien ... (ou pas grand chose) : mes lecteurs. Tout d'abord, merci, merci, merci, merci et encore merci. Vous ne pouvez pas vous représenter ce que représente le fait de recevoir autant de paroles gentilles après quatre ans. Alors un mot, un seul : merci. Et au risque de paraître cucul la praline... je vous aime tous. (Oui, tous ! Même toi là-bas au fond, devant ton clavier !)
Lyra64
Respire, je n'aimerais pas que tu t'étouffes à cause de moi... Ce sera un plaisir de te retrouver sur fictionpress ! N'hésite pas à y laisser ton avis aussi, je réponds toujours. 3
EstrellaYYa
Je ne sais pas encore combien de temps ça me prendra pour la finir, honnètement, mais je compte bien les prendre pour arriver jusqu'au bout. ;)
Michikuni Mayu
Il n'y aura pas de scène de sexe pour cette fic. Par contre, du bel et bien du rapprochement... Et de la tendresse.
Silinde-kun
C'est tout ce qui ont continué à attendre pendant tout ce temps qu'il faut remercier. Merci à vous d'être venus si nombreux au rendez-vous :)
Pucca-Funny-Love
Wow. Merci beaucoup. Je ne sais honnêtement pas quoi dire face à autant de compliments. C'est moi qui te remercie de suivre cette histoire avec autant d'enthousiasme. Voilà, sinon sans spoiler, tu vas voir un certain petit blond se défendre enfin dans ce chapitre …. Plusieurs choses qui devraient te plaire dans ce chapitre, je pense … J'espère !
Sanashiya
Petite sana, ça me fait tellement plaisir de relire une de tes reviews ! Plus encore quand elle contient autant de louanges... Merci beaucoup. J'espère que la suite comblera tes attentes, et se montrera à la hauteur de ce que tu espérais. J'attends de te revoir pour les prochains chapitres alors...
Blackcat
J'ai du mal aussi, surtout avec la façon par laquelle le sujet est « traité » dans pas mal de fictions. C'est quelque chose chose que je voulais tenter malgré tout, et une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté la fic un moment, cependant.
Yuko-sensei205
Contente que tu sois restée inscrite suffisamment longtemps pour pouvoir voir la suite, alors. Onva espérer voir la fin avant que quatre autres années ne passent, ou je connais un blond et un brun qui vont m'en vouloir de les faire poirauter ...
Blackparadize
Moi aussi je suis contente de l'avoir reprise … ça aurait été dommage de laisser ces deux-là en plan, après tout ce qu'ils ont traversé ! Et merci. J'ai toujours eu en horrreur les fics, ou les personnages sont OOC, c'est une des choses les plus importantes pour moi de rester fidèles au personnages quand j'écris en empruntant leur univers. Ça me fait plaisir que tu trouves qu'ils sont respectés.
Hitokage83
Attention, ça commence à bouger …. maintenant !
( HS : Merci aussi à Nandra-chan, qui a pris le temps de me laisser un petit mot sur fictionpress... ça m'a fait vraiment tellement plaisir de t'y voir, tu n'imagines pas !)
Bonne lecture à tous, et à toutes !
Plic, ploc, plic plic ploc ... Depuis des heures, il entend résonner le goute-à goutte du sang qui s'écoule de ses plaies. Oh, bien sûr, étant donné que cela fait déjà près de six jours que les plaies ont été causées, soignées et bandées, cela rend probablement la réalité de la chose du domaine de l'impossible sur le plan pratique. Mais c'est loin d'être la première fois que son esprit lui joue des tours durant ces derniers jours, et la mélodie est jolie, alors il a décidé, pour une fois, de ne pas remettre en cause son existence.
Il a commencé à la fredonner, cette mélodie, pour faire taire ce silence qui ne cesser de cancaner, au point de lui vriller les oreilles. Elle ressemble un peu à une comptine d'enfants, ou cette mélodie de sa mère chantait le soir pour qu'ils s'endorment – comment ça faisait, déjà ? Quelque chose comme ça ...
Ploc plic
Plic ploc
Tombe la pluie
qui mouille les bottes ...
Une vingtaine de coups de fouet, le châtiment qu'on avait promis de lui administrer la prochaine fois qu'il s'en prendrait à l'un des gardes de la prison. Kurogane comptait dans le lot. Aucune importance. Maintenant qu'il a tenté de s'échapper, qu'il l'a blessé, la suspicion qui collait à la peau de Kurogane tous ces derniers jours va commencer à se dissiper. Et c'est ce qu'il voulait. Six jours qu'il n'a pas revu Kurogane. Qu'il n'en a plus eu la moindre nouvelle. En y réfléchissant, la raison en est probablement simple : il lui en veut, et il a demandé à changer de poste. Il ne veut pas envisager d'autre solutions ... Encore moins la possibilité qu'il ait pu échouer.
"Fais-le, fais-le", l'administre sans cesse la petite voix dans son esprit. Il ne sait plus vraiment s'il s'agit de lui même ou bien de son frère, les deux ont commencer à se mêler de façon destabilisante ces derniers jours, au point qu'il soit bien à mal de les dissocier si on venait à lui demander. Pour lui, ça n'a plus vraiment d'importance : de toute manière, les deux sont tout aussi irritantes.
Il l'entendait de plus en plus nettement, de plus en plus souvent, cette petite voix, ces derniers jours.
À tel point que cela en devenait franchement inquiétant.
Renvoyé.
Après ce que Yuui avait risqué pour lui, Kurogane avait été renvoyé. Remercié. Prié de plier bagages avec sa solde de la semaine et son amour-propre.
Le plus dur, dans l'histoire... Ce qui lui laissait dans la bouche un goût d' amertume que même l'alcool le plus fort ne réussissait à cacher, c'est que Yuui avait souffert pour rien. Des brouettes. Il avait fait tout ça pour l'aider, et au final … Kurogane laissa échapper un ricanement, s'attirant le regard hostile d'un certain nombre de clients de l'auberge où il avait échoué. Au final, il avait suffit d'un mot de Théophane glissé dans la bonne oreille – en l'occurence, celle de ce maudit Conseiller, - pour qu'il soit renvoyé pour trahison. Pour trahison.
Kurogane sentit la rage ourder en lui, sourde et intense. Après avoir passé des semaines à mettre de côté ses principes mêmes – ce qu'il savait au fond de lui être juste - pour assumer son foutu devoir, le rôle pour lequel il avait été engagé au sein de la prison, on le renvoyait pour trahison – à cause du bavardage d'une commère de garde. L'ironie de la situation l'aurait presque fait rire, s'il était le seul impliqué dans l'histoire. Il ne s'inquiétait pas pour lui en ce moment même...
Oh, Kurogane était loin d'être naïf. Ça non. Il était parfaitement conscient des enjeux, de ce que lui même récoltait dans l'affaire. Il n'avait plus qu'une solution s'il voulait devenir autre chose qu'un mendiant. Quitter la Cité au plus vite – partir loin, quelque part où sa réputation ne risquerait pas – ou plutôt, risquerait moins de l'y précéder.
Partir la queue en les jambes, comme un trouillard.
L'alcool avait un goût amer, un goût de défaite. Si même cette dernière chose lui faisait faux bond ... De l'autre côté de la salle, une paire d'yeux familière, encadrés de cheveux d'un noir d'encre, le fixaient. On y voyait luire une attente parfaitement assumé. La proposition était tentante – deux chairs l'une contre l'autre, un peu d'oubli, et certainement de quoi defouler sa frustration. Après tout, claquer le reste de sa paie dans l'alcool ou le claquer dans la croupe d'une femme, quelle différence ?
Un dernier regard à lui suffit à prendre sa décision.
Kurogane abandonna sa coupe sur la table, encore à demi-pleine. Ou bien à demi-vide, selon la vision des choses de chacun ... Il sortit deux pièces de sa bourse, et les déposa sur la table de la taverne, puis sortit sans se retourner. Il pouvait bien se montrer généreux, malgré sa situation, étant donné que c'était certainement la dernière fois qu'il mettrait les pieds dans ce foutu endroit. Ainsi que dans n'importe quel autre endroit de cette foutue Cité, d'ailleurs...
Il laissa la porte se refermer sans un bruit derrière lui, et prit la direction de la prison, laissant loin derrière lui la fille aux cheveux de jais.
Fais-le ...Fais-le !
Bien sûr qu'il va le faire ...Comme s'il avait le choix, après tout. Il aurait aimé qu'on lui laisse un peu plus souvent, d'ailleurs.
Maintenant.
Plusieurs jours qu'il ne les avait pas vus, comme il n'avait Kurogane, et Théophane vient lui annoncer d'un sourire, au creux de l'oreille, qu'il s'est occupé de faire renvoyer "son cher et tendre". Renvoyé, sans salaire ni possibilité de se trouver quelque travail que ce soit, pas dans cette cité, pas avec la réputation qui va maintenant le précéder. Théophane est radieux, bien évidemment, l'éclat mauvais qui habite le fond de ses yeux confirme la réalité de ses propos, et il ricane doucement tout en se rapprochant encore de Yuui pour passer à autre chose.
Le laissant faire sans mot dire, même après ces mots assassins, Yuui reprend du bout des lèvres la mélodie qu'il esquissait dans la matinée, mais cette fois il ne lui revient aucune rime en "otte". Avec une distance intrigante, il se demande à quel moment ceci est devenu une partie de son quotidien. Bien sûr, il connait l'enchaînement par cœur : en particulier le moment où la dague finit par gêner Théophane, et où il la pose au sol pour libérer son autre main ... Il y a toujours comme un tintement lorsque le métal heurte la pierre – un peu comme celui que produisent ses chaînes, mais plus harmonieux. Cet espèce de bruit de frottement un peu sourd, presque inaudible au milieu du reste, que la lame produit lorsqu'il la tire dans sa direction, est lui beaucoup plus inhabituel ; il surprend même Yuui lui-même, qui resserre automatiquement la main autour de la garde de l'arme qu'il vient de subtiliser. Une petite digression dans le rythme, et voilà aussitôt le final qui s'enchaîne de façon spectaculaire – le bruit répugnant d'une lame qui s'enfonce dans la chair molle, un cri de douleur qui finit dans un gargouillis immonde, et déjà l'impact mat d'un corps qui s'écroule au sol pose la note finale de la symphonie.
Étourdi par l'odeur omniprésente d'un liquide chaud à l'odeur écœurante, Yuui lève les yeux vers l'autre, celui qui est encore en vie, et y voit pour la première fois la peur hanter son visage. C'est sûr qu'il doit offrir un drôle de spectacle, hagard et couvert de sang de la tête aux pieds. Il chantonne à mi-voix la rime, qui lui est enfin revenue : "Ploc plic, plic ploc, prends garde petit, le loup est à ta porte ..." Un drôle de rire s'échappe de ses lèvres, qui résonne d'une façon inquiétante contre les parois de la cellule avant de se terminer en spasmes, étouffés sous ses mains qui sont venues recouvrir son visage. Cruzad, livide, a aussitôt un mouvement de recul, et ses yeux ses déplacent avec frénésie pour étudier ses chances de rejoindre la sortie. Yuui pourrait peut-être l'arrêter s'il s'y prenait dès maintenant, mais il choisit de le laisser partir.
Ce n'est qu'un pauvre type, au final, et il ne lui en veut pas réellement. Il a entendu les ragots, comme tout le monde, qui disent que s'il a accepté ce poste, c'est parce qu'il est trop stupide pour être engagé où que ce soit ailleurs, et qu'il est tout seul pour s'occuper de sa mère : son père est mort depuis un moment déjà - de dettes de jeu, de l'alcool ou de maladie, ça dépend des versions. Et puis il avait rencontré Théophane, qui lui-même avait bien vite appris à le tenir par la queue de sa vénalité. Un nouveau rire sans joie s'échappe de ses lèvres, et le couteau, devenu stupide et immobile depuis qu'il a quitté sa main, vient s'échouer avec un bruit mouillé au milieu de cette flaque de sang qui s'est formé sous le corps de Théophane pendant qu'il avait les yeux tournés.
Alors que les pas de Cruzad résonnent dans le couloir qui sépare sa cellule du reste de la prison, il sait qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps. D'abord, il doit trouver les clés qui lui permettront de se débarrasser de ses chaînes et de quitter la cellule - il les a entendu tinter quelque part, tout à l'heure, dans les vêtements de Théophane.
Après, seulement, il partira vomir.
Les deux gardes à l'entrée – un brun grognon et un blond un peu naïf avec qui il a échangé quelques mots, parfois, le laissèrent entrer dans la prison sans faire d'histoires. Le blond lui demanda s'il était au courant de la nouvelle, avant que le brun ne l'interrompe d'un regard, lui murmurant à l'oreille d'une voix qu'il pensait trop basse pour que Kurogane l'entende de se rappeler ce qu'elle a dit. Le regard que le brun posa sur lui lorsqu'il s'enfonça dans la prison lui laissa l'impression qu'il connaissait la véritable raison qui l'avait poussé à revenir. Et le sentiment qu'il ne courait aucun risque d'être dénoncé.
C'était l'heure du repas, et il ne fut pas surpris de ne croiser personne pour entraver sa progression tandis qu'il se glissait dans les ombres qui tapissent les couloirs de la prison. Il avançait malgré tout avec une lenteur prudente. De ne jours, mieux valait se méfier même des ombres elles-même. A la réflexion, d'ailleurs, peut-être valait il même mieux se méfier plus encore des ombres que du reste.
Il avait suffisamment vécu dans cette prison pour la connaître sur le bout des doigts, et connaître l'heure à laquelle elle s'endormait, à laquelle se relâchait l'attention de ceux qui la gardent et l'habitent. Plus tout à fait la nuit, pas encore le matin ... L'heure où ceux qui effectuaient la garde de nuit considéraient qu'il ne se passerait plus rien; et où la relève n'avait pas encore pris son service. Quelques minutes de sommeil grappillés, un instant d'oubli avec une servante – les occupations étaient légion à cette heure, mais peu avaient un réel rapport avec le devoir.
Kurogane, lui, savait déjà comment il allait l'occuper.
De faibles râles, mêlés à une respiration laborieuse, s'échappent de la forme prostrée de Théophane. S'il n'est pas mort, il le sera probablement bientôt. La vie humaine s'achève toujours très facilement, parfois en une fraction de secondes à peine, il le sait et ne peut s'empêcher d'en ressentir une pointe de déception. Comment accorder quelque valeur à une vie qui peu prendre fin d'une pichenette ?
Oh, son frère, lui, avait mis des jours et des jours à mourir. Une lente et douloureuse agonie dont il a pu suivre la moindre progression, leur lien accru par la souffrance de son frère malgré les efforts de ce dernier pour le tenir à l'écart. Avant que sa résistance ne faiblisse, les derniers jours, où Fai peinait même à respirer, ses lèvres craquelées esquissant encore et encore la même prière silencieuse : Aide-moi. Les cicatrices qui marbrent les avant-bras,de Yuui, marques des chaînes et des menottes mordant sa peau, presque jusqu'à l'os, alors qu'il tentait de se dégager encore et encore, témoignent encore de ces souvenirs.
C'est seul que Fai avait rendu son dernier souffle. Parce qu'il avait échoué. La lame traîne un instant près de sa propre gorge, avant de s'en éloigner – et il s'aperçoit que sa main a enfin cessé de trembler.
La petite voix qui l'ennuyait tant, ces jours-ci, s'est enfin tue. Et maintenant qu'elle est partie il se sent un peu seul au milieu de tout ce silence. Il a fait ce qu'il voulait, juste ce que lui voulait, simplement, égoïstement. Et le tas de viande morte à ses pieds en a payé le prix. Et malgré ça – ou peut-être justement pour cette raison, son frère n'est plus avec lui ... Il ne l'entend plus, et ne l'entendra probablement plus jamais. Pas par déception … Parce que Fai, son Fai est enfin en paix, ayant eu ce qu'il voulait.
Et lui n'est plus le Fai qui ne vivait encore et toujours qu'au travers du fantôme de son frère, mais bien Yuui. Et maintenant, il n'appartient qu'à lui de définir ce que sera ce Yuui. Il pose la dague au sol, avant de clore les yeux de Théophane, sur lesquels un voile blanc a entamé de se former, puis son regard se tourne vers la sortie.
"Promis ... C'est promis ... Je reviendrai te chercher. Mais d'abord ..."
Le couloir menant à la cellule de Yuui était d'une obscurité inhabituelle ; il dut prendre l'une des torches accrochées au mur pour l'éclairer lors de sa progression. Ce qui ne fit rien pour atténuer l'impression désagréable qui l'avait hanté depuis son arrivée dans la prison, courant le long de son échine comme un rat mouillé.
Autant pour l'effet de surprise, aurait-on pu dire. Mais au point où il en était, s'inquiéter du fait de devoir mettre quelques gardes hors d'état de nuire aurait été un brin risible … Lorsqu'il aurait sorti Yuui de sa prison, il serait officiellement reconnu coupable de trahison. Et étrangement, il ne parvenait pas à s'en soucier. Le conflit qui l'avait animé plus tôt, ponctuant ses nuits d'insomnies, avait presque miraculeusement disparu à l'instant où il avait pris sa décision, remplacé par une claire, froide, ferme résolution qui ne laissait plus la place à aucune autre émotion.
Pourtant, à mesure qu'il progressait, l'impact de ses pas sur la pierre, trop lourds, presque assourdissant dans le silence de marbre dans lequel le couloir était lové, noyé, donnant à Kurogane l'impression de s'être égaré dans une autre dimension.
Toc, toc, toc, le claquement de ses pas restait la seule présence tangible dans les ténèbres, et Kurogane dut lutter contre l'envie de poser la main sur le mur, un instant, juste pour sentir sous sa paume le contact familier de la pierre humide contre sa peau. S'assurer qu'il ne s'était pas égaré dans quelque monde fantomatique, séparé de la réalité. Mais il approchait de la cellule, et alors qu'il continuait à placer un pas après l'autre, Kurogane porta la main à la dague qui ne quittait jamais sa ceinture. Nulle doute que les gardes l'avaient entendu venir, et il était prêt à régler le problème s'ils s'interposaient entre lui et son objectif.
Mais aucun garde n'était là pour l'attendre au bout du couloir. Et pour cause : la porte grande ouverte, la torche qui l'éclairait d'ordinaire éteinte depuis ce qui semblait être une éternité, la cellule était définitivement vide. Seule une trace de sang, sèche, sombre, probablement là depuis plus d'une journée déjà, l'accueillit, semblant de moquer de lui, se détachant crument à la lumière de la torche, sur laquelle son étreinte faiblit l'espace d'un bref instant.
Yuui n'était plus là.
Évidemment que l'alarme a été donnée, mais chacun s'est fait un devoir de se précipiter à l'endroit où ils étaient sûrs de le trouver – l'endroit où ils l'avaient trouvé la fois d'avant, et les fois précédent celle-ci – mais cette fois il n'y était pas. Et d'ici qu'ils s'en rendent compte, il avait déjà franchi depuis bien longtemps le seuil presque oublié qui le menait vers la liberté.
Mais le monde extérieur, dont il s'était tant langui, se révèle atrocement cru et d'une cruauté sans limite. Un tourbillon de couleurs noyés dans un flot de lumières brutes qui brûlent jusqu'à ses paupières. C'est dans l'ombre d'une ruelle qu'il s'est réfugié, tentant désespérément de calmer les pulsations affolés du cœur qui tambourine dans sa poitrine, de tirer quelque chose de ces yeux brouillés par la fièvre et la quasi-permanente obscurité de son ancien environnement. Il n'arrive rien à tirer de ces masses de couleurs vives qui ne lui évoquent pas le moindre sens, sans savoir ce qui est réellement dû au soleil, à la chaleur et à la fièvre qui lui ronge le corps de plus belle après sa course effrénée. Ce monde, de toute façon, lui semble de plus en plus éloigné, et, se laissant glisser contre le mur frais auquel il est adossé, son esprit accueille à bras ouvert une bienveillante obscurité.
Alors que son visage touche la terre fraîche qui s'est mêlée au pavé – étrange comme le sol s'est rapproché tout d'un coup, sans même y être invité – il se promet de repartir aussitôt qu'il se sera un peu reposé.
Et c'est avec bonheur qu'il se laisse plonger dans les ténèbres.
Dans le prochain chapitre de Cage : Une ruelle déserte. Une silhouette fine, prostrée... Un couteau se lève, prêt à frapper... Du sang gicle. Deux choix ont été faits. Où vont-ils les mener ?
Pour chaque review postée, un blond sauvé !