Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de Josan.
Severus l'observait depuis la sécurité du couloir pendant que Bill relisait un rapport, portant une ou deux fois la plume sur le parchemin pour une retouche. Probablement l'un des derniers rapports depuis ce site, puisque toute la pièce avait été rangée au cordeau. Il doutait que même Molly Weasley puisse trouver la moindre chose à redire, contrairement à l'état habituel du bureau.
Fet lui avait dit qu'il fallait qu'il fasse connaître son opinion au sujet de son prétendu kidnapping. Comment est-ce qu'il pouvait rassurer Bill alors que lui-même n'était toujours pas persuadé que ça avait été une bonne chose ? Pas qu'il ait le moindre doute pour ce qui le concernait. Pour lui, oui, ça avait été l'une des meilleures choses qui lui soient jamais arrivées. Mais pour les autres ? Et pour Bill en particulier ?
Que se passerait-il si jamais le Ministère devait découvrir qui au juste était derrière sa disparition ? Est-ce qu'ils appelleraient le Département de Justice Magique pour qu'il s'occupe de l'affaire ? C'était une chose que Fet dise que tout irait bien, mais une toute autre chose du point de vue de la société sorcière, de ses attentes et de ses lois.
Est-ce que quelqu'un d'autre allait devoir souffrir à cause de lui ?
Et, bordel, qu'est-ce qu'il lui arriverait à lui si le DJM lui mettait le grappin dessus ? Est-ce qu'il aurait droit à la cellule capitonnée et à la camisole de force jusqu'à la fin de ses jours ?
Il secoua la tête. Assez de ces idées noires. Il faudrait qu'il apprenne à faire confiance. Et certainement que le Directeur savait défendre ses employés.
Il soupira. Il ne pouvait plus retarder le moment : il fallait qu'il s'occupe du présent ici et maintenant.
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Il frappa à l'encadrement de la porte et attendit.
Bill leva les yeux et reposa lentement le rouleau de parchemin sur son bureau. « Oui ? »
« Est-ce que tu aurais quelques minutes ? »
Bill n'aima pas le ton de la voix de Severus ; pourtant, il hocha la tête et lui désigna le fauteuil d'un geste d'invite.
Severus s'assit et glissa ses mains dans les manches de ses robes noires. « Avant de dire quoi que ce soit d'autre, je voudrais te remercier d'avoir trouvé un moyen de me renvoyer à cette époque. Ça m'a donné une chance de dire au revoir à des gens qui étaient devenus importants à mes yeux. »
Avant que Bill ne puisse répondre, Severus ajouta. « Et je te remercie également de m'avoir ramené. Je n'aurais pas réussi à revenir si tu ne m'avais pas tendu la main et offert ton amitié. »
Il leva lui-même la main, devançant Bill une fois de plus. « Et avant qu'on n'en arrive à la moindre conversation, il y a une paire d'autres choses qu'il faut que je te dise. »
Bill s'enfonça dans son fauteuil et attendit, les yeux rivés sur ceux de Severus. Il y avait un temps, lui avait toujours dit sa mère – elle devait d'ailleurs probablement toujours le dire – un temps pour parler et un temps pour se taire. C'était sans l'ombre d'un doute un des moments où se taire. Il hocha la tête.
Severus prit une profonde inspiration qu'il relâcha lentement. « Premièrement, je tiens à te remercier pour, comme Fet persiste à l'appeler, mon 'kidnapping'. Je serais probablement mort maintenant si j'étais resté dans l'Allée Sans Pareille. Ou guère mieux que mort. Je ne regrette en aucune façon que tu m'aies fait sortir de Grande-Bretagne.
Ça m'a donné l'opportunité de faire usage de mes connaissances dans un environnement autre que le laboratoire de Voldemort ou une salle de classe de Poudlard. Je m'étais toujours demandé si je serais capable de travailler en collaboration avec d'autres personnes, et maintenant je sais que j'en suis capable. Je peux te remercier pour ça. »
Bill ouvrit la bouche, mais la referma à un petit regard d'avertissement de Severus.
« Je te remercie de la confiance dont tu as fait preuve à mon égard. Même quand tu pensais que j'étais fou, tu m'as permis de continuer sur le chemin que j'avais choisi. Et quand ce chemin s'est fermé à moi, tu as trouvé un moyen pour moi de le retrouver. »
Bill se tortilla un peu. Le secret de l'accord qu'il avait passé avec Djen le mettait mal à l'aise, mais il l'avait passé avec les meilleures intentions. Il savait que Djen ne parlerait jamais ; il décida de continuer à garder le silence. Si des excuses devaient être faites, il les ferait plus tard, une fois que Severus aurait fini de dire ce qu'il avait sur le cœur.
Le sourire de Severus était triste. « Même si je sais que tu n'approuvais pas. » Il prit une autre de ces profondes inspirations et poursuivit résolument. « Fet se demandait si la raison pour laquelle je voulais rester avec Djen et Nawfal était que je suis ici dans une entreprise gobeline. Qu'en tant que sorcier au Sang-Pur, je me considérais comme au dessus de toute amitié avec eux. »
« Severus… »
Severus secoua la tête. « Nous nous sommes expliqués à ce sujet, » dit-il doucement. « Il comprend, et j'espère que les autres le comprendront aussi, que ça n'avait absolument rien à voir. En grande partie, ça tient simplement au fait que je n'ai pas l'habitude que des gens me considèrent comme un ami. »
Il s'adossa dans le fauteuil, posa les coudes sur les accoudoirs et fixa ses doigts joints en triangle. « Il faut que je t'explique pourquoi au juste j'étais si attiré par ce monde et cette époque. »
« Severus, tu n'as pas besoin… »
Severus secoua la tête. « Si, je crois que si. Fet dit que tu t'inquiètes que j'y aie été attiré parce que je n'ai pas eu mon mot à dire en ce qui concerne mon arrivée ici. Cette inquiétude est sans fondement, Bill. Et si je t'explique le pourquoi et le comment, peut-être que tu comprendras que je suis sincère quand je te dis ça. »
« Oui, » convint doucement Bill. « J'aimerais bien savoir pourquoi tu pensais qu'eux étaient tes amis, mais pas nous. »
Severus se mordilla un instant la lèvre inférieure, alors qu'il mettait lentement de l'ordre dans ses pensées.
« Je crois que c'est parce qu'ils ne me connaissaient pas. Il ne savaient pas pour Voldemort. Pour la Marque. Pour la potion de Pré-au-Lard. Pour… pour rien de tout ça. Pour eux, j'étais seulement Severus, qui venait du futur. Un faiseur de potions tout comme eux. La politique, la leur ou la nôtre, nous n'en parlions jamais. Nous aurions dû, de la leur, au moins, mais nous ne considérions pas que ça avait la moindre importance. Bien sûr, nous étions tristement dans l'erreur.
Pour eux, j'étais un égal. Quelqu'un à qui parler, et avec qui partager les potions. Je n'avais pas de bagages avec moi, Bill. Est-ce que tu as la moindre idée de combien ça a été… libérateur pour moi après tout ce temps à… à traîner mon linge sale partout avec moi ? Alors oui, j'ai eu envie de rester là-bas. C'était le meilleur des mondes possibles. Sauf qu'il n'était pas vraiment possible. C'était un monde disparu depuis longtemps. Je n'y avais pas plus ma place que je ne l'ai… que je ne pensais l'avoir ici. »
« Oh, Severus… »
Severus secoua la tête et sourit. « Ne t'en fais pas. Fet m'a déjà passé un savon. Quoique je suppose qu'il ne serait que justice que tu puisses le faire à ton tour. »
Bill secoua la tête, un sourire grandissant au visage. « Si Fet l'a fait, je doute de pouvoir faire beaucoup mieux. »
Severus sourit tristement. « Il est très doué pour ça. » Il redevint sérieux une fois de plus. « Le résultat de tout ça, c'est que oui, je sais et j'accepte que j'ai des amis ici. Que je peux offrir mon amitié, et qu'elle sera, qu'elle est acceptée. A cette époque et parmi cette Equipe de Site… scandaleuse. Fet m'a persuadé qu'en effet je m'intégrais plutôt bien. Que, » et son ton se fit plus léger ce qui prévint Bill, « qu'un ancien Mangemort cinglé ne va pas faire lever de sourcils dans les parages. En retour, Fet m'a promis que si j'avais besoin qu'on me mette le nez sur certaines vérités, il sera plus que ravi de relever le défi. Et que Djen et moi-même devons nous considérer comme des membres de cette équipe. »
Bill pencha la tête. « Et est-ce que vous vous considérez tous les deux comme des membres de cette équipe ? »
« Je ne peux pas parler pour Djen… »
A leur surprise à tous les deux, le chat sauta soudain sur les genoux de Severus. Severus baissa les yeux vers l'animal qui ronronnait de bonheur tout en jouant avec le tissu qui se retroussait à un genou.
Avec un petit rire, Severus gratta la tête du chat. « Bon, je peux peut-être. » Il leva les yeux et vit le visage souriant de Bill. « En notre nom à tous les deux, je crois que je peux dire sans hésiter que nous serions fiers de faire partie de cette équipe. Mon ami. »
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Le Charivari était incroyablement bruyant.
Ils faisaient la fête avant de fermer enfin le site pour aller voir le Directeur à Zurich. Ensuite, après leur briefing, ce serait le départ pour la Chine et la rencontre avec leur Ministre du Département des Artefacts Anciens.
Severus regarda la chope de cidre qu'il avait à la main et se demanda si c'était par magie qu'elle s'était remplie à nouveau. Il avait l'impression qu'il venait de la vider seulement quelques instants plus tôt. Il but une gorgée, tressaillant sous l'effet du haut degré d'alcool du breuvage. Quand les gobelins préparaient du cidre fort, il était fort en effet. Fort comme un taureau, et tout aussi prêt à renverser le buveur les quatre fers en l'air.
La fête avait commencé une fois que tous les non-gobelins avaient quitté le site. Lui et Bill étaient les seuls de leurs semblables présents, une exception à la règle parce qu'ils étaient considérés, pour l'événement, gobelins honoraires, comme Fet les avait déclarés lors du repas du soir.
La nourriture avait été abondante, tout comme le cidre. Tous les gobelins étaient habillés aux couleurs de leur famille, sauf les membres de l'équipe du site qui étaient parés de leurs propres couleurs, le blanc et un rouge appelé 'souffle de dragon'. Il y avait eu beaucoup d'histoires racontées, des histoires d'héroïsme et de bravoure venant de toutes les traditions familiales tout au long du repas, qui s'était prolongé de nombreuses heures durant.
De là, la conversation avait dérivé vers des histoires que les gobelins trouvaient amusantes. Severus s'était surpris à rire également, même si, en toute sincérité, il ne savait pas pourquoi il le faisait, parce qu'il ne semblait jamais comprendre la chute. L'humour gobelin était encore une chose qu'il lui allait falloir apprendre. Enfin, le rire semblait une bonne idée sur le moment, et allait tellement bien avec le cidre. C'est à ce moment qu'il avait décidé de lever un peu le pied sur la quantité de boisson qu'il buvait. En fait, il était même revenu à l'eau, mais quelque part, l'eau était redevenue cidre, et il en buvait à nouveau.
Il était assis sous l'un des arbres, regardant la ronde des danseurs autour du feu de joie qui brûlait avec éclat sous le ciel de minuit. Il leva sa chope pour répondre à Fet qui criait son nom en passant. Pour une fois, le médecin ressemblait au gobelin qu'il était : ses yeux brillaient dans les reflets de la lumière, et ses gestes étaient enthousiastes alors qu'il bougeait en rythme avec ses semblables, un bras autour de l'épaule d'une de ses assistantes. La chanson que lui et les autres chantaient rivalisait en volume sonore avec les tambours et les trompettes qui semblaient être les instruments préférés des gobelins en matière de musique.
Severus leva les yeux vers l'arbre dont les branches et les feuilles ondoyaient doucement dans la fraîche brise nocturne. Djen, lové en toute sécurité à l'intersection de plusieurs branches, regardait ce qui se passait avec beaucoup d'intérêt. Les yeux du chat scintillaient dans la faible lumière qui parvenait jusque là-haut.
« Tout va bien ? » lui lança Severus, essayant de se faire entendre.
Djen daigna baisser les yeux, et leva une patte délicate pour lui donner un coup de langue ou deux avant d'accorder à nouveau toute son attention au spectacle.
Gorkopol apparut, tournoyant, les yeux levés au ciel, perdu dans un monde que lui seul pouvait voir. Il souriait. Severus était stupéfait de le voir toujours debout. Le Directeur de Site avait bu au moins trois chopes pour chacune des siennes. Il tourna la tête, et vit Severus. Dans un grand cri de joie, il lui fit signe. Severus rit et leva sa chope en guise de salutation alors que Gorkopol tournoyait, suivant sa courbe, et disparaissait de sa vue.
Severus se laissa glisser sur la chaise jusqu'à ce que sa tête appuie contre le dossier. Les sièges avaient été installés pour Ashkentag qui, malgré son âge vénérable, faisait toujours partie des danseurs. Le vieux gobelins semblait puiser de la force dans la vie autour de lui. Severus doutait qu'on puisse le convaincre de s'asseoir et de se contenter de regarder avant un bon moment encore.
Il leva sa chope en un toast silencieux à Ashkentag, avant de boire une autre gorgée.
Comme ils s'y étaient attendus, le Directeur avait effectivement accordé des bonus à tout le monde sur le site pour leur participation à cela, son excuse pour mettre un pied sur le territoire chinois. Leurs lettres étaient arrivées tout juste le matin même, à temps pour qu'ils les aient au déjeuner.
« Une autre lettre de félicitations officielles dans nos dossiers et, voyons voir, un bonus d'un an de salaire ! »
Alors que Bill et les autres poussaient des exclamations joyeuses, Severus avait ouvert sa lettre plus lentement, se méfiant de ce qu'elle pourrait contenir.
« Alors ? » Ashkentag avait donné un coup de coude à Fet qui avait souri à Gorkopol. Bill, qui contrairement à eux ne savait pas à quoi s'attendre, tendit la main vers la lettre que Severus ne parvenait qu'à regarder fixement. Il la parcourut rapidement avant qu'un sourire ne s'épanouisse sur son visage, et qu'il ne la lise à voix haute.
'Sfankt Professeur Snape,
Comme vous le savez, le contrat passé entre Gringotts et vous-même ne concernait que la durée de votre travail sur le présent site. Considérant l'importance de vos découvertes, et l'impératif de votre participation dans les développements qui pourraient naître de cette situation, vous trouverez ci-joint, dans un colis posté séparément, un contrat pour vingt-cinq ans, renouvelable par agrément mutuel pour des périodes similaires. Ces contrats seront observés dans l'équipe Ashkentag-Gorkopol.
Au lieu de l'année de bonus offerte à tous les membres de l'équipe, Gringotts vous propose le contenu de la bibliothèque dont vous avez actuellement la jouissance. Si cette offre vous convient, Nafkt Klopstok vous présentera les formulaires nécessaires afin que vous les paraphiez.
Nous sommes parfaitement conscients de votre réputation en ce qui concerne la création de potions. Nous aimerions vous encourager dans cette voie. En conséquence, nous proposons l'addendum suivant à votre contrat. Voir pages etc.…
Votre travail pour Gringotts devra, bien sûr, toujours être votre priorité. Cependant, à d'autres moments, vous serez libre de procéder à des expériences si vous le désirez. Au cas où vous travailleriez sur une potion que vous aviez développée antérieurement à la signature du contrat ci-joint, en d'autres termes, à l'amélioration d'une potion existante, bien que vous soyez autorisé à faire usage des équipements du site, vous serez tenu de le faire sur votre temps libre. Les ingrédients utilisés ainsi vous seront facturés. Les potions développées après la signature du contrat devront être présentées à notre Département Juridique qui supervisera leur production et leur vente. Les profits seront partagés à un ratio de 60-40, la proportion la plus importante étant bien évidemment celle de Gringotts. Il vous sera permis de produire certaines potions pro bono, après soumission d'un dossier dûment documenté à notre Département Juridique qui évaluera les raisons d'une telle demande. Soyez assuré que Gringotts comprend tout à fait l'importance de tels sentiments charitables.'
« Par Thot, Severus, » s'était exclamé Ashkentag. « Le Directeur doit être vraiment content de toi pour faire une offre pareille. D'habitude, il rejette tout ce qui est en dessous d'un partage 70-30 en faveur de Gringotts ! »
Fet avait levé sa tasse de thé. « Bienvenue dans l'équipe, Sfankt Professeur. »
Gorkopol s'était esclaffé. « Ce sera intéressant de voir ce que les chinois pensent de Djen. »
Le chat leur avait souri à tous, et tous avaient ri. Même Severus n'avait pu cacher sa joie que ses inquiétudes aient été apaisées.
Alors comme ça ils partiraient tous pour Zurich, Djen le Chat inclus.
« Mais qu'est-ce que tu fais là, dis donc ? »
Severus leva les yeux vers l'homme responsable de ces changements dans sa vie. « Je réfléchis et j'essaie de rester relativement sobre. »
Bill secoua tristement la tête, poings sur les hanches. « Hors de question, Severus. »
Severus fit une dernière tentative. « Ashkentag… »
« En a encore pour plusieurs heures. Crois-moi, je sais de quoi je parle. » Bill lui tendit la main. « Viens danser, Severus. »
Avec une réticence exagérée, Severus posa sa chope par terre et laissa Bill le tirer de sa chaise.
Riant, il se joignit aux danseurs.