Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling.

Titre original : Once Upon a Time, in Egypt.
Auteur
: Josan
Personnages : Severus Snape, Bill Weasley.
Note originale de l'auteur : Je voulais un nouveau méchant. Je voulais explorer le monde des gobelins. Je voulais un UA à l'intérieur d'un UA. Je crois que tout y est.

La version originale de cette fic est disponible à l'adresse suivante : http// tales-of-josan . livejournal . com / 25994 . html

Traduction benebu, septembre 2007 - ?

Il était une fois, en Egypte.

« Professeur Snape. »

L'homme aux robes noires se retourna lentement et examina de la tête aux pieds la personne qui l'avait interpellé. « Un Weasley. Longs cheveux roux et une dent de serpent en guise de boucle d'oreille. William, c'est bien cela ? »

Bill Weasley lui sourit. « Je n'arrête pas de dire à ma mère qu'il y a une raison pour laquelle je garde les cheveux longs et la boucle d'oreille. C'est plus facile pour les gens de me distinguer du reste de la horde. » Weasley lui tendit la main en manière de salutation. « C'est un plaisir de vous revoir, Professeur. »

Snape ignora la main tendue. « J'en doute, Monsieur Weasley. D'habitude, le plaisir est de m'éviter. »

Le sourire de Weasley faiblit un peu, et il laissa retomber sa main. Il secoua la tête. « En fait, Professeur, je quittais justement nos bureaux pour me mettre à votre recherche. »

Ça ne se passait pas bien, se disait Weasley, alors que Snape se figeait d'une manière telle que Weasley se demanda s'il ne se préparait pas à lui décocher un mauvais sort qui l'enverrait valdinguer jusque dans le Londres moldu.

Snape glissa sa maigre bourse dans une poche, et tourna les talons. « Et bien, vous m'avez vu maintenant, Monsieur Weasley. Bonne journée. » Et il commença à marcher vers les portes principales de Gringotts.

Weasley lui emboîta le pas. « Je me demandais si vous accepteriez de déjeuner avec moi, Professeur. »

Arrivé à la porte, Snape s'arrêta pour envoyer à Weasley la pleine mesure de son regard noir. « Pourquoi ? Est-ce que c'est comme ça que le Ministère a décidé de m'éliminer, Monsieur Weasley ? Un dernier repas, assaisonné de poison ? »

Weasley plaça une main sur le bras de Snape. « Professeur. » Il parlait à voix basse, avec calme, non parce qu'il avait peur d'attirer l'attention d'autres clients de Gringotts, mais dans l'espoir que ça calmerait la tempête dont le visage de Snape annonçait l'imminence. « Un déjeuner ici, chez Gringotts. Loin des yeux et des oreilles du Ministère. » Il attendit que ses mots pénètrent Snape malgré la colère de celui-ci, avant d'ajouter, « Ne voyez dans ce repas, Professeur, qu'une tentative malhabile de vous remercier pour ce que vous avez fait. »

La grimace de Snape se fit plus prononcée, tout comme le sarcasme. « Et qu'est-ce que j'ai fait, au juste, Monsieur Weasley ? »

Le sourire amical de Weasley fit son retour. « Vous voulez dire, en plus d'avoir supporté tous ces Weasley et d'avoir fait entrer des connaissances en matière de potion dans nos caboches dures comme du bois ? »

Snape ne se détendit pas, ne trouva pas la plaisanterie amusante. Weasley pencha la tête, et ramena sa voix à un ton plus sérieux. « Dans ce cas, pourquoi ne pas parler du fait que vous avez risqué votre vie pour nous. Le Ministère a peut-être oublié, mais moi pas. Un déjeuner, Professeur, dans la salle à manger privée de Gringotts. Même le Ministre en personne ne peut se vanter d'avoir jamais eu l'opportunité de manger à l'étage. Vous pourriez courir les dîners en ville pendant des semaines, rien que grâce à ça. »

Snape eut un rire dédaigneux. « Même ça ne suffirait pas à convaincre quiconque d'inviter un aliéné à dîner. »

Weasley releva le défi, et sourit. « Eh bien, vous savez bien ce qu'on dit de nous, les Briseurs de Sorts : fous à lier, tous jusqu'au dernier. Si vous vous joignez à nous pour le déjeuner, vous n'en serez qu'un parmi tant d'autres. » Il fit un geste vers le couloir menant à l'escalier. « Alors ? »

Snape soutint le regard de Weasley le temps de prendre sa décision. « Monsieur Weasley… »

Weasley ajouta un dernier argument. « Le menu est très ordinaire, je vous l'assure. Mais délicieux. Et je sais avec certitude qu'ils ont un merlot sur la carte qui est une véritable ambroisie. »

Snape ferma les yeux, et hocha finalement la tête. « D'accord, Monsieur Weasley. » Il redressa les épaules, comme pour rassembler ses forces, et commença à avancer vers le couloir. « Il y a bien longtemps que je n'ai pas pu m'offrir de merlot. »

&&&&&

Ça ressemblait à la salle à manger classique d'un club plutôt chic. Les tables étaient recouvertes d'épaisses nappes blanches, croulant sous la porcelaine fine, l'argent et le cristal ; les sièges semblaient confortables. La conversation, aux tables qui étaient occupées, était tranquille, et apparemment tournait autour des affaires. Enfin, bien sûr que c'était le cas, se dit Snape en suivant le gobelin qui les précédait vers une table d'angle. Des yeux se levaient occasionnellement pour les suivre un instant avant de revenir à l'objet de leur conversation, mais c'était plus parce que lui et Weasley étaient les deux seuls non-gobelins de l'endroit, que parce que c'était lui.

Et même si leur table était dans un coin, ce n'était pas un coin sombre, mais un coin situé juste à côté d'une fenêtre, qui permettait aux convives de regarder le Chemin de Traverse. La fenêtre était une surprise : depuis l'extérieur, tout ce qu'on voyait, c'était un mur plein. Les tables et chaises à l'échelle gobeline grandirent pour accommoder les sorciers. Le serveur ne fit aucun commentaire, et se contenta de leur tendre un menu chacun, sur lequel l'écriture gobeline se transformait rapidement en anglais.

Après y avoir jeté un œil, Snape commenta, « Quoi, et pas de bébés au court-bouillon ? »

Weasley baissa son menu suffisamment pour envoyer à Snape un des regards noirs dont lui aussi était capable. « Et pas d'équipement de laboratoire réduit en miettes, assaisonné de verre brisé et d'ingrédients détruits. »

Les traits de Snape se raidirent. Après un moment de tension intense, pendant lequel Snape corrigea l'opinion qu'il avait de Weasley, il hocha la tête. « Message reçu, Monsieur Weasley. »

Sur un ton moins provocateur, Weasley se plongea une fois de plus dans le menu. « Je peux vous recommander l'agneau. Il n'est pas tout à fait aussi bon qu'à la maison, mais il est plus que correct. »

Snape prétendit étudier le menu. « Quand vous parlez de la maison, vous pensez au Terrier, ou à l'Egypte ? »

Weasley rit doucement, surprenant Snape une fois de plus par ce rapide changement d'humeur. « A l'Egypte. Maman est une très bonne cuisinière, mais dans le genre anglais, si vous voyez ce que je veux dire. »

« Alors, il est d'accord ? »

Snape et Weasley baissèrent leur menus en entendant cette question bourrue. Un gobelin, vêtu de ce qui se faisait de mieux en matière de vêtements gobelins, chose qui le mettait apparemment très mal à l'aise, se tenait près de la table, regardant les deux sorciers d'un air contrarié.

« Ah, Gorkopol, » sourit Weasley, avec un peu de raideur, avant d'ajouter quasiment sans desserrer les dents, « comme c'est gentil de ta part de venir nous rejoindre pour ce déjeuner. Le professeur et moi étions justement en train de regarder ce qu'il y avait au menu. »

« Donc, tu ne lui as pas encore posé la question. » Gorkopol claqua des doigts, et une chaise glissa jusqu'à la table, se soulevant une fois qu'il y eut pris place afin qu'il puisse manger confortablement à la table trop haute pour sa taille. Le maître d'hôtel arriva au même moment, pour lui donner le menu dans une courbette.

« Maître Gorkopol, » lui dit-il en anglais. « C'est un honneur pour nous, Monsieur. »

Gorkopol grommela et, ignorant le gobelin obséquieux, jeta son menu sur la table. « Alors, qu'est-ce que tu attends ? »

Weasley s'adossa au fond de son siège. « J'ai invité le professeur à se joindre à moi pour le déjeuner. »

Gorkopol leva les yeux au ciel. « Toi et tes maudites coutumes sorcières. »

Weasley ne se laissa pas démonter. « Eh bien, excuse-nous, mais il se trouve que nous sommes des sorciers, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. »

Gorkopol grimaça. « Je pensais qu'on avait réussi à te le faire oublier, depuis le temps, » marmonna-t-il, fusillant Snape du regard comme si c'était lui qui était responsable des habitudes de sorcier de Weasley.

« Est-ce que vous avez fait votre choix, Messieurs ? » C'était encore une fois le maître d'hôtel.

« Ah, j'imagine que c'est le Maître de Potions. Excellent travail, Bill. »

Ils se tournèrent tous vers le nouvel arrivant. Ce gobelin était âgé, même selon les critères gobelins. Il portait d'épaisses lunettes, qui glissaient jusqu'au bout de son long nez, et son visage était ridé, et pas seulement parce qu'il plissait les yeux pour concentrer son attention sur Snape – qui se contenta de le regarder lui aussi, le visage dénué de toute expression.

Les gobelins ignorèrent le profond soupir de Weasley. « Professeur Snape, permettez-moi de vous présenter Sfankt Ashkentag et Sfankt Gorkopol. »

Entendant le titre gobelin désignant les hautes personnalités, Snape se leva poliment, les dominant de ce fait de toute sa hauteur. Il s'inclina respectueusement devant chacun d'eux. « C'est un honneur de faire vos connaissances, Sfankts. »

Gorkopol sembla impressionné par la réaction de Snape. Il se tourna vers Weasley qui lui sourit.

« Coutumes sorcières, » dit Weasley, avec un certain soulagement dans la voix.

Gorkopol soupira bruyamment, avant de marmonner, « Gesticulations sorcières, plutôt. »

Une autre chaise apparut derrière le vieux gobelin qui s'assit à son tour. « Alors, Professeur, qu'est-ce que vous en dites ? »

Snape se rassit, et fusilla Bill Weasley du regard. « Je n'en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas du tout de quoi il est question ici. Tout ce que je sais, c'est que j'ai été invité, sous un faux prétexte, c'est maintenant évident, pour un déjeuner. Accompagné de merlot. »

« Très bon choix, » grogna le maître d'hôtel. Et soudain, un gobelin se précipita vers eux avec un plateau. Il plaça avec des gestes efficaces un verre à vin, gravé aux armes de Gringotts, devant chacun des convives, et une carafe d'un vin d'un rouge profond, presque violet, au centre de la table.

Weasley soupira une fois de plus avant de se retourner vers le maître d'hôtel qui attendait toujours. « Servez-nous simplement ce que vous avez de mieux, en gardant à l'esprit les préférences de chacun. »

Leur serveur leur apporta rapidement des bols de soupes, différentes pour les gobelins et les sorciers.

Weasley haussa les épaules, et fit un geste en direction de Snape. « Je vous expliquerai après que nous ayons mangé, Professeur. Ce serait dommage de laisser refroidir la soupe. Je vous en prie. »

Pendant un moment, il pensa que Snape allait refuser. Le Maître de Potions le fixait, les yeux noirs et le visage… fatigué. Est-ce que c'était réellement l'homme qui était devenu fou furieux ce premier jour de cours après la fin de la guerre, détruisant sa salle de classe et son laboratoire, et terrorisant ses élèves ?

Sa mère, noyau central de communications pour tous les Weasley où qu'ils vivent, lui avait écrit que Minerva avait confié à l'Ordre qu'elle avait dû aller jusqu'à le Stupéfixer. Ça avait été la seule façon de le faire arrêter de hurler et de jeter partout les caisses contenant ses potions et ses ingrédients. Ils avaient dû l'envoyer à Sainte-Mangouste pendant plusieurs semaines après ça, après quoi les Gouverneurs de Poudlard avaient refusé de lui permettre de remettre les pieds dans l'enceinte de l'école, de peur que son comportement se révèle trop imprévisible pour la sécurité des élèves. Ils avaient été suffisamment traumatisés par la guerre et ses répercussions horribles, avaient décrété les Gouverneurs. Ils n'avaient pas besoin de se demander si leur professeur de Potions n'allait pas soudain se déchaîner contre eux.

D'après Molly, Minerva avait dû argumenter longuement et à grands cris pour qu'ils allouent à Snape une petite pension, pour les années de travail qu'il avait fournies à l'école. Et le Ministère avait refusé d'y ajouter une noise, arguant qu'il ne pouvait pas accorder de pension à tous ceux qui perdaient la raison, héros de guerre ou non.

C'était par pur hasard qu'alors qu'il se mettait en route pour trouver Snape, Weasley l'ait croisé en bas, dans les locaux de la banque, en train de faire un retrait. Et ça avait été une bonne chose, parce qu'il n'avait pas la moindre idée de l'endroit par où il aurait commencé à chercher autrement.

« Je vous en prie, Professeur. »

Snape haussa les épaules, et attrapa sa cuillère à soupe. « Un repas gratuit est un repas gratuit, Weasley. Je n'ai pas les moyens de le refuser. »

Ouille, se dit Weasley. Et bien trop vrai, ajouta-t-il pour lui-même, en regardant Snape avaler lentement la soupe, le ragoût d'agneau, deux verres de merlot, et la tarte aux pommes comme s'il en savourait la moindre bouchée. La maigreur de Snape le faisait paraître presque… fragile.

Gorkopol comprit rapidement l'atmosphère, et mangea en silence. De temps à autre, il levait les yeux de son steak d'hippogriffe pour regarder Weasley, une question muette dans le regard. Ashkentag, à cause de sa quasi-cécité, se concentrait comme à son habitude sur le fait de porter sa nourriture à sa bouche sans rien renverser.

Snape attendit d'avoir ramassé la dernière miette de tarte de son assiette avant de se renfoncer dans son siège et de regarder ses compagnons. « Très bien, Monsieur Weasley, je suis maintenant prêt à payer mon dû. Qu'étiez-vous supposé venir me demander ? »

Weasley fit un signe de la main ; leur table fut débarrassée, et une bouteille de cognac et des verres mis à leur disposition. Il en versa pour chacun, tout en réfléchissant à la meilleure façon de présenter les choses à Snape.

« Crachez le morceau, Weasley. »

Weasley prit son verre à cognac dans la main, et fixa le liquide ambré. « Je le ferais si c'était aussi facile que ça. Mais ça demande un minimum d'explication. »

Snape fit tourner son propre verre sous son grand nez. « Dans ce cas prenez votre temps, Weasley. Je doute de jamais avoir une autre opportunité d'apprécier un tel bouquet. »

« Je vais commencer par faire les présentations dans les règles. Professeur Snape, laissez-moi vous présenter Sfankt Gorkopol, le Responsable de Site sous les ordres duquel je travaille depuis que j'ai commencé en tant qu'apprenti Briseur de Sorts. »

« Sfankt Gorkopol, » salua Snape. « Toutes mes félicitations pour avoir supporté un Weasley pendant… combien d'années est-ce que ça fait, déjà ? »

Gorkopol émit un son qu'on aurait pu prendre pour un gargouillis si le visage de Weasley n'y avait pas répondu par un sourire. « Près de vingt ans, Sfankt Professeur. »

Le titre honorifique prit Snape par surprise, même s'il n'y fit pas allusion. « Je suis sûr que vous vous souvenez de chacune de ces journées, Sfankt Gorkopol. »

Le gargouillis se fit plus prononcé alors que le gobelin de renfonçait dans son siège.

Weasley ignora le commentaire. « Et Sfankt Ashkentag est l'égyptologue en chef de Gringotts. »

« C'est un véritable plaisir de rencontrer un expert tel que vous, Sfankt Ashkentag. »

Le vieux gobelin sourit. « En fait, c'est votre expertise qui nous intéresse en l'occurrence, Sfankt Professeur. »

Snape concentra son attention sur Weasley. Même s'il n'avait été son élève que pendant une seule et unique année, Snape fut content de voir qu'il pouvait toujours le rendre un peu nerveux. « Mon expertise ? » demanda-t-il d'un ton glacial.

Weasley hocha la tête, se penchant en avant sur son siège. « Nous avons une proposition à vous soumettre, Professeur. »

« C'est ce que j'avais cru comprendre, Monsieur Weasley. »

« Tu vas en venir au fait ! » siffla Gorkopol.

« Exactement, Monsieur Weasley. » La voix de Snape était fatiguée, « Venez-en au fait. »

« Nous travaillons sur un nouveau site de fouilles. Une tombe, qui se révèle être celle d'un Sorcier de Cour. Une tombe que jamais les moldus ne trouveront, car elle est bien trop dangereuse pour eux. »

« Presque trop dangereuse pour que quiconque la trouve, » affirma Sfankt Ashkentag, posant à son tour son verre sur la table. « Nous sommes parvenus à la conclusion que c'était celle de quelqu'un qui s'appelait Djen. Il semblerait qu'il a été un Sorcier de Cour pour Hetepsekhemwy, premier dirigeant de la Seconde Dynastie. Nous n'avons pas encore déterminé la date exacte de son décès, mais d'après nos calculs, ça devrait remonter à peu près à ce que les moldus datent comme 2 860 avant Jésus-Christ. »

Snape tourna le regard vers l'égyptologue. « Une découverte intéressante, je n'en doute pas, mais qu'est-ce que ça a à voir avec moi ? »

« Comme vous le savez peut-être, les sorciers à cette époque étaient à mi-chemin entre le magicien et le médecin. Nous pensons que Djen était… eh bien, à défaut d'une meilleure appellation, un spécialiste des potions. »

Snape parut soudain un tantinet plus intéressé.

« Et il semblerait qu'il a été enterré avec toutes ses potions. »

Snape était maintenant plus qu'un tantinet intéressé.

« Ces potions doivent être examinées convenablement, » grogna Gorkopol.

« Il reste des matériaux à examiner après tout ce temps ? » demanda Snape, le regard posé sur Weasley.

Weasley hocha la tête. « Pas beaucoup. Certaines jarres semblent ne plus contenir que de la poussière, mais d'autres… » Il poussa un lourd soupir, semblant moins que ravi à ce souvenir. « D'autres se sont révélés toujours… actives. »

Snape se radossa dans son siège. « Toujours ? Après tout ce temps ? Merlin ! »

« Oui, en effet, » convint Sfankt Ashkentag.

« Actives à quel point ? » Snape ne quitta pas Weasley du regard. Celui-ci haussa les épaules. « L'un des assistants sur le site a ouvert une petite fiole, et stupidement reniflé son contenu. Il a été transformé en serpent. »

Le soudain silence qui se fit autour de la table intrigua Snape. « Comment est-ce qu'on lui a rendu sa forme humaine ? »

Les trois autres s'entre-regardèrent. « On ne l'a pas fait, » expliqua Gorkopol. « Au moment où la lumière du jour l'a touché, le serpent… il est tombé en poussière. »

L'expression de respect appréciateur qu'afficha Snape rappela à Weasley pourquoi ils avaient pensé à lui à l'origine. « Nous avons mis en place plusieurs barrières magiques de sécurité autour du site. Aucun moldu ne sera capable de les pénétrer. Cependant, il demeure impératif que nous en sortions ces potions. »

« Mais il est tout aussi vital qu'elles soient identifiées, » rappela Sfankt Ashkentag. « Non seulement afin de déterminer lesquelles sont actives et lesquelles ne le sont pas. Mais aussi pour savoir ce qu'elles contiennent. Et ce qu'elles pourraient faire. Nous n'avons pas de documents sur autre chose que les potions les plus communes datant de cette époque. »

Bill Weasley appuya ses coudes sur la table, et se pencha en avant. « Donc, après en avoir discuté, nous avons décidé qu'il fallait que nous trouvions un Maître de Potions, un sorcier qui pourrait être intéressé par ce travail. »

« Parce que les gobelins sont experts en Trésors et en Artefacts, mais pas en Potions, » compléta Sfankt Ashkentag. « Et vous, Sfankt Professeur, vous êtes un expert en potions. »

« Et comme je suis fou, vous pensez que votre proposition pourrait m'intéresser ? »

« Oui. Et pour ce qui est d'être fou… » Weasley sourit tout à coup, « Eh bien, comme je vous le disais tout à l'heure, vous n'en seriez qu'un parmi tant d'autres, Professeur Snape. »

&&&&&&

« Bienvenue dans mon taud… dans mon logis, Monsieur Weasley. »

Taudis aurait peut-être été un terme plus approprié, se dit Weasley. C'était une chambre. Pas particulièrement grande, d'ailleurs. Dans un bâtiment décrépit, juste au bord d'une allée coincée entre le Chemin de Traverse et l'Allée des Embrumes.

Dans un coin, un lit, soigneusement fait, qui semblait servir également de canapé. Dans un autre coin, une petite table et une chaise. Pas d'armoire ni de placard, juste une étagère au dessus de deux patères où étaient suspendues deux robes, apparemment en piteux état, une chemise de nuit et la cape d'hiver de Snape. Un petit meuble qui ne contenait qu'une poignée de livres, rien à voir avec la bibliothèque qui avait rempli le bureau de Snape. Ou ses quartiers, la seule fois où Weasley avait réussi à y jeter un œil, quand Snape lui avait offert de lui prêter un livre qui l'aiderait avec son projet de recherche pour les ASPICs. Mais pire encore que l'atmosphère de la pièce, il y avait le fait qu'il n'y avait pas de chaudron fumant, pas la moindre potion en train de bouillonner ou de refroidir.

Snape le vit regarder autour de lui. « C'était l'une des conditions de ma sortie de Sainte-Mangouste, je ne devais pas retoucher aux potions. Ne pas en préparer. Ne pas avoir de lectures à ce sujet. Et pas de magie, non plus. Ils… ils m'ont pris ma baguette, afin de s'en assurer. »

« Putain de merde ! » marmonna Weasley. Il s'assit sur le lit-canapé, et fixa le sorcier dont les potions avaient été toute la vie.

Snape s'assit sur la chaise branlante et glissa ses mains à l'intérieur de ses manches. « C'est pour cette raison que, aussi tentante que soit votre offre, Monsieur Weasley, je vais devoir la refuser. Personne au Ministère ne me rendra ma baguette. Et même si je la récupérais, je ne serais jamais autorisé à quitter le pays. En fait, je pourrais me retrouver à Sainte-Mangouste s'ils venaient seulement à entendre parler de l'offre qui m'a été faite. »

Weasley était horrifié. « Ils ne l'apprendront pas. »

Snape ne semblait pas être convaincu. « Heureusement que le repas était si bon, et le cognac si vieux. »

« Mais bordel, qu'est-ce qui… » Il se passa une main dans les cheveux, incapable de trouver les mots pour exprimer son choc. « Qu'est-ce qui se passe, Snape ? »

Snape ne répondit rien, se contentant de hausser les épaules. Après avoir passé une minute à examiner les bouts de ses bottes en piètre état, il récita, « Il n'est que juste et sage que tout ce qui pourrait potentiellement représenter un danger pour notre société soit gardé hors de portée d'un individu tel que moi. »

« Putain de merde ! »

Snape cligna des yeux en entendant la véhémence de la protestation de Weasley. « Est-ce que vous contestez la sagesse des spécialistes de Sainte-Mangouste ? »

« Ce n'est pas de la sagesse, Snape. C'est une punition. Qu'est-ce que vous avez fait cette fois ? »

Le rictus de dédain de Snape était prononcé. « Cette fois, Monsieur Weasley ? Cette fois, j'ai… voyons, quel est le terme technique exact ? Ah, oui. J'ai pété les plombs. J'ai paniqué. D'après… »

« D'après qui ? »

Snape sembla soudain extrêmement fatigué. « Il est l'heure que je prenne mon médicament, Monsieur Weasley. Encore une condition de ma sortie. Une fois que je l'aurai pris, vous vous rendrez compte que ma conversation devient bien moins intéressante. Par contre, je deviens un excellent sujet de conversation. »

Il se leva et avança vers l'étagère au dessus des patères, où il attrapa une grande cuillère et une petite fiole marron. « Je vous en prie, vous connaissez le chemin de la sortie, Monsieur Weasley. » Il versa un liquide foncé, visqueux dans la cuillère.

« Snape. »

« Merci pour le déjeuner, Monsieur Weasley. » Il avala le contenu de la cuillère et la reposa soigneusement sur la table, à côté de la bouteille. « Et pour l'offre que vous m'avez faite, » chuchota-t-il. Il arriva au lit, et s'allongea, déjà ensommeillé.

Quand Weasley referma la porte derrière lui, avec tant de questions sans réponse, un jeune Auror de toute évidence très contrarié l'attrapa. « Par tous les diables, vous êtes qui, vous ? Et qu'est-ce que vous faisiez chez le timbré ? »

Weasley dégagea vivement son bras de la prise du jeune homme. Il le fusilla du regard. Il y avait quelque chose de familier chez lui, et il finit par mettre un nom sur son visage. « Tu es un Deauclaire. De la famille de Penny. »

L'Auror semblait éberlué. « Oh, merde. Un Weasley. Oui, Penny est ma cousine. On se serait rencontrés au mariage, sauf que j'ai eu la rougeole, et que j'ai pas pu y aller. T'es lequel ? »

« Bill. Qu'est-ce que tu fous là, Deauclaire ? »

Le jeune Auror leva les yeux au ciel, et regarda la porte d'un air maussade. « Je vérifie ce que fait le cinglé. C'est la punition préférée de notre instructeur. D'après les ordres du Département de Justice Magique, on doit vérifier que l'imbécile graisseux prend ses médicaments tous les jours. Celui qui est dans le collimateur de l'instructeur ce jour-là hérite du privilège. »

Weasley appuya une épaule contre le mur, et ravala sa colère. Il eut un petit rire compatissant. « Dur. »

« Ouais. Hé, au fait, qu'est-ce que tu faisais là ? On est supposés noter chaque visite dans nos rapports. »

Weasley secoua la tête, comme s'il prenait pitié. « Et c'est à un Auror surentraîné qu'on demande de faire ça ? »

Le jeune Deauclaire se renfrogna. « M'en parle pas. Je ne vois même pas pourquoi ça nous retombe dessus. Il devrait être enfermé quelque part dans un hosto. On n'a pas besoin que les cinglés se baladent, prêt à se jeter sur des ennemis imaginaires. Bordel, on en a déjà bien assez enduré comme ça ! »

Weasley passa un bras autour des épaules du jeune homme. « Je te le fais pas dire. Bon, puisque t'as rien de prévu pour le moment, pourquoi on ne ferait pas un saut au Chaudron ? Je te paie un verre, et tu pourras me raconter tous les derniers potins sur les Deauclaire-Weasley. »

Deauclaire ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis la referma. « Et merde, pourquoi pas ? C'est pas comme si l'imbécile risquait d'aller quelque part. » Il laissa Weasley le faire pivoter et le pousser vers l'escalier. « Est-ce que tu sais que Penny est encore enceinte ? »

« Non, je n'étais pas au courant. Merci de prévenir, je vois justement la famille ce soir. Tu crois que Percy va encore nous faire une couvade ? »