Les Trois Filles du Docteur Black

Note: J'espère que ce chapitre vous plaira autant que les autres! J'espère updater rapidement, faut voir comment je gère toutes mes histoire sen cours (et particulièrement une à vrai dire). MERCI à tous les revieweurs, à tous les lecteurs, à toute la terre et aussi à ma bete Cyzia, qui a corrigé ce chapitre à nouveau!


The Dream of My Life

J'ai appris, peu après être redescendue toute fraîche et pimpante dans une jolie robe en velours d'intérieur, que les Malfoy étaient venus ce matin principalement dans le but de discuter des non-fiancailles de ma sœur et de Lucius. Alors que je désirais plus que tout sortir ces histoires de mariage de ma tête, elles me rattrapaient sans cesse. Les parents de Lucius et les miens s'étaient retirés dans le salon et s'y étaient enfermés pour discuter entre adultes. Andromeda était repartie vaquer à ces mystérieuses occupations dans sa chambre et, moi, j'errais dans la maison en essayant de clarifier mes pensées…

Narcissa faisait les cent pas dans sa chambre, tenant à peine en place. Elle avait trop de pensées qui lui embrouillaient l'esprit. Son entrevue avec Charlus, la veille, restait très fraîche dans sa mémoire et continuait de la perturber. Elle commençait sincèrement à s'inquiéter qu'il ne tente quelque chose pour la fiancer de force à lui. Mais, bornée, elle continuait d'espérer qu'il tienne ses promesses et ne la force en rien. Il avait été si gentil et si compréhensif jusqu'à présent, qu'elle avait du mal à croire qu'il change du jour au lendemain et n'essaie de l'obliger. Elle devait lui faire confiance. Ils s'étaient mal compris hier et il suffirait qu'elle lui envoie une lettre pour qu'ils s'expliquent calmement et qu'il la rassure.

Elle avait déjà essayé de lui écrire une lettre, mais ses parchemins restaient désespérément vierges et d'autres, où quelques mots à peine avaient été griffonnés, gisaient à ses pieds, chiffonnés furieusement.

Elle ne savait pas très bien comment commencer sa lettre, quoi y dire et comment la finir. De bout en bout, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle pourrait bien lui écrire. Et peut-être les choses seraient-elles plus faciles si elle ne devait pas repousser sans cesse la pensée que sa sœur avait compris qu'elle était éperdument amoureuse de Lucius.

A vrai dire, elle ne savait pas à quoi s'attendre de la part de Bellatrix si jamais elle avait compris. Se mettrait-elle en colère ? Se contenterait-elle de la taquiner en lui rappelant sans cesse qu'elle n'avait pas la moindre chance ? Ou bien prendrait-elle son ton de grande sœur responsable pour lui expliquer que Narcissa devait sérieusement passer à autre chose ?

La dernière option serait peut-être la pire. La blonde était parfaitement consciente qu'entretenir un amour secret et niais envers Lucius Malfoy ne la mènerait nulle part et qu'il était temps qu'elle tourne la page, mais elle en était simplement incapable. Surtout maintenant, alors qu'il semblait enfin la remarquer dans la masse.

Elle ne se faisait pas d'illusions pour autant, mais elle avait espéré un regard de lui si fort pendant si longtemps que maintenant qu'elle le vivait, elle était toute chamboulée. Heureusement qu'elle parvenait encore à garder contenance chaque fois qu'il lui adressait la parole.

La jeune sorcière jeta un regard exaspéré au parchemin vierge et se leva brusquement pour aller faire un tour dans le jardin. Dans le couloir, elle passa devant la porte de la chambre de Bella et s'arrêta en entendant des voix. Elle crut reconnaître son prénom dans la discussion et s'approcha pour écouter.

- …Jouera pas avec elle, fit une voix qu'elle identifia comme celle de Bellatrix.

Elle semblait assez furieuse. La voix de Lucius, agacée, retentit derrière la porte :

- Ce n'était pas mon intention. Elle a seize ans, bordel ! Pour qui me prends-tu, Bella ?

- Pour Lucius Malfoy, ricana sa sœur. Leur âge ne t'a jamais retenu.

- Je ne vois pas pourquoi nous avons soudain cette conversation. C'est totalement ridicule et non-avenu.

- J'ai vu les regards que tu lui lances, Lucius.

Narcissa tendit un peu plus l'oreille, n'arrivant pas à croire qu'ils parlaient vraiment d'elle. Elle avait forcement du mal entendre.

- Je ne jouerai pas avec elle, dit Lucius d'une voix calme. C'est une promesse.

Elle entendit des pas et se recula, inquiète, mais la porte ne s'ouvrit pas. Après un moment d'hésitation, Cissy reprit sa position.

- Au fait, merci d'être venu si vite, fit Bella d'une voix plus posée.

- Il fallait bien clarifier la situation avant que tu ne te lances sur ce pauvre Rodolphus.

Sa sœur eut un petit rire, mais la voix de Lucius semblait soucieuse :

- Tes parents ne seront pas trop contrariés, j'espère ?

- Crois-moi, je vais le sentir passer.

- Je suis désolé, dit le blond d'un ton sincère que Narcissa ne lui avait jamais entendu.

Bella eut un soupir prononcé :

- Inutile de l'être, j'ai tout compris. Tu es amoureux.

Il y eut un silence avant que Lucius ne s'exclame :

- Pardon ?

- Fais pas ton innocent, Lucius Malfoy. Qui c'est ? Alice MacMillan, non ?

- Les Dieux m'épargnent ! beugla le blond, indigné.

- Alors qui ?

- Tu espères que je vais te le dire ?

- Ça signifie que je la connais si tu refuses de me dire son nom, fit Bella avec taquinerie.

- Comment pourrais-tu ne pas la connaître ? Je te rappelle que les familles de sang-pur forment un monde très fermé et surtout, très petit.

Sans le moindre avertissement, la porte s'ouvrit et Narcissa se retrouva face à Lucius, qui la dévisagea avec surprise. Elle se redressa immédiatement et attrapa une mèche de cheveux pour se donner contenance en essayant de ne pas rougir de honte.

Elle accumulait les gaffes aujourd'hui. Elle aurait vraiment mieux fait de rester couchée.

- Tu écoutais ? demanda le sorcier avec un rien d'agressivité dans la voix qui lui transperça le cœur.

Bella apparut dans le cadre de la porte et appuya son coude sur l'épaule de son meilleur ami.

- Tu devrais le savoir, Lucius. Les filles Black n'aiment pas être dans l'ignorance.

Cette remarque parlait sans le moindre doute de la mystérieuse fille dont Lucius était apparemment amoureux. Ce dernier répliqua d'un ton assez froid :

- Je commence à saisir, en effet.

Il sortit et dépassa Narcissa sans un regard de plus vers elle. Les épaules de la jeune fille s'affaissèrent malgré elle tandis qu'elle baissait la tête de honte. Sa sœur lui ferma la porte au nez et Narcissa se sentit encore plus misérable si c'était possible. Mais elle releva la tête et s'apprêta à partir faire un tour dans le jardin quand Lucius l'appela. Elle se retourna avec appréhension :

- J'ai quelque chose à te montrer, Miss indiscrétion, fit-il avec un sourire.

Elle le dévisagea avec étonnement, mais il avait déjà tourné les talons. Elle le suivit en se demandant sérieusement si elle ne venait pas d'avoir une hallucination.

Ils se retrouvèrent dans l'allée devant leur maison de campagne près du carrosse que les Malfoy avaient utilisé pour venir jusqu'à chez eux. La maison des Black et le Manoir Malfoy n'étaient qu'à une dizaine de kilomètres l'un de l'autre et les routes qui reliaient les deux maisons étaient invariablement désertes.

Lucius ouvrit la porte et entra à l'intérieur. Elle resta en face de l'attelage, se demandant un peu quoi faire. Il ressortit la tête et lui dit d'un ton amusé :

- Tu vas rester plantée là longtemps ?

Elle ravala la réplique, qui lui brûlait les lèvres, bien consciente qu'il devait encore être en colère qu'elle l'ait espionné et d'un pas hésitant, elle grimpa dans le carrosse. Il était en train de sortir de sous un siège, une grande boîte en carton blanc. Il la posa sur les genoux de la jeune fille qui lui jeta un regard interrogateur.

- Le mieux est de l'ouvrir, fit-il avec sarcasme.

Elle hocha la tête, se maudissant d'être aussi muette et ouvrit le paquet.

- Une robe ? dit-elle en sortant le vêtement de sa boîte pour l'admirer.

- Ta robe, rectifia-t-il.

- Ma... ? Je ne comprend pas, avoua-t-elle en caressant l'étoffe, perplexe.

Lucius s'appuya contre le dossier de son siège et rejeta une mèche de cheveux en arrière.

- Slughorn organise un bal d'hiver dans le courant de ce mois à Poudlard. J'ai été invité. C'est un bal dansant et j'aimerais que tu sois ma cavalière.

Narcissa eut l'impression qu'une vingtaine de magicobus venaient de lui passer dessus. Elle dévisagea le blond une bonne vingtaine de secondes, ressemblant sans le moindre doute à une abrutie finie incapable de former le moindre mot. Au bout d'un moment, elle parvint à exprimer le fond de sa pensée :

- Tu plaisantes ?

- Non, répondit Lucius en haussant un sourcil. Pourquoi le ferais-je ?

- Tu dois plaisanter, répondit-elle, butée.

Il n'y avait pas d'autre explication.

- Non, je suis tout à fait sérieux, fit Lucius avec un mélange d'amusement et d'agacement sur son visage.

- Mais pourquoi ? demanda la blonde.

Elle était tout simplement incapable d'envisager que la raison la plus logique soit la bonne. Ça ne pouvait pas être parce qu'elle l'intéressait. Il l'avait ignorée ces cinq dernières années ! Elle avait fêté ses seize ans il y a deux mois à peine, alors qu'il allait vers ses vingt-deux ans. Pas que la différence d'âge ait eu une quelconque influence chez les Sang-Pur, mais il était difficilement concevable qu'un homme dans la fleur de l'âge comme lui trouve de l'intérêt chez une gamine comme elle. Ça devait être autre chose.

Lucius la dévisagea, elle continua :

- Tu peux avoir Bella ou n'importe quelle autre sorcière comme cavalière. Pourquoi moi ?

Pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans ce carrosse, Lucius détourna son regard du sien et regarda par la fenêtre avec un soupir. Puis il se tourna vers elle à nouveau :

- Narcissa, je veux que tu sois ma cavalière à ce bal. Comment pourrais-je être plus clair ?

Impossible.

- Oh, fit-elle, incapable de dire quoi que ce soit d'autre.

- Oh, répéta Lucius avec un léger sourire.

Elle n'était pas en train de vivre ce moment.

- Non, impossible, fit-elle brusquement.

Lucius sembla soudain perdre des couleurs. Mais Narcissa, bien trop bouleversée par l'espèce de raz-de-marée qui lui tombait dessus, ne remarqua rien.

- C'est un non ? demanda-t-il calmement.

Elle réalisa soudain qu'elle était réellement dans ce carrosse avec Lucius Malfoy, le garçon qu'elle avait idolâtré et aimé pendant toute son adolescence. Qu'il venait de lui demander de l'accompagner à un bal. Et qu'elle venait de lui dire non.

- Non ! cria-t-elle soudain. Enfin si. Je veux dire…

Elle soupira. Elle devait se calmer, reprendre le contrôle et apprécier ce moment d'euphorie intégral (avec feux d'artifices à l'appui) tout en restant digne. Elle inspira profondément, ancra ses yeux bleus dans les gris qui ne cessaient de la fixer et dit :

- Je serais ravie d'être ta cavalière, Lucius.

Elle devait avoir un sourire sérieusement stupide. Elle se força à le modérer, mais sa bouche ne répondait plus. Ils se regardèrent un instant et finalement, le blond qui souriait également dit dans un souffle :

- Bien. Parfait. On se reverra au bal, donc.

- Oui, fit-elle sans le quitter des yeux. Au bal.

Un autre silence. Elle souriait définitivement comme une abrutie.

- Le quinze, ajouta Lucius.

- Bien. Le quinze, c'est… Parfait.

- Oui.

- Oui.

Pitié, Narcissa, prends congé et vas-t-en ! lui hurla son esprit. Elle ajouta :

- Je vais y aller.

Si seulement il pouvait arrêter de la regarder comme ça, elle pourrait arrêter de le regarder également et réapprendre à marcher.

- Au revoir.

- Oui, au revoir, répéta-t-elle sans bouger.

Il ne bougea pas non plus. Elle ferma les yeux, expira et se leva déterminée. Elle sortit en s'efforçant de ne pas tituber et s'avança vers la porte avant de faire demi-tour en s'insultant de tous les noms. A peine était-elle revenue au carrosse que Lucius en sortait avec la boite qui contenait la robe.

- Merci, bredouilla-t-elle avant de s'enfuir d'un pas précipité.

Une fois dans sa chambre, elle dut se faire violence pour ne pas hurler de joie, d'émotion, de bonheur, d'extase, de tout. Incapable de se retenir plus longtemps, elle sortit de sa chambre et entra dans celle de sa sœur.

- Andy ! Andy ! cria-t-elle, complètement surexcitée.

Sa grande sœur se retourna brusquement et se leva d'un bond :

- Tu pourrais frapper !

- Andy, gémit Narcissa en attrapant les épaules de sa sœur. Andy !

- Quoi ?! s'énerva sa sœur, exaspérée tandis que Narcissa la secouait de toutes ses forces dans l'espoir de libérer le trop plein qu'elle ressentait.

- Andy, Lucius… Oh, Salazar, Andy !

- Vas-tu enfin me dire ce qu'il se passe?! Rugit la brune en se dégageant.

Narcissa inspira profondément, essayant de retrouver un semblant de calme, mais c'était impossible. Elle n'avait qu'une envie : Sauter et hurler comme une folle furieusement heureuse.

- Il m'a demandé d'être sa cavalière, dit-elle dans un effort considérable pour baisser le ton.

- Qui ?

- Lucius ! cria la blonde.

- Pardon ?

- Lucius m'a demandé d'être sa cavalière à un bal qui aura lieu à Poudlard je ne sais plus quand. Je… Andy, est-ce que tu te rends COMPTE ?

- Lucius Malfoy ?! fit sa sœur, hautement choquée.

Narcissa hocha la tête frénétiquement.

- Eh ben… fit sa sœur avant de crier soudain, frappée par l'évidence : Nom de Dieu !

- Tu te rends compte ? répéta Narcissa en trépignant sur place.

- Je pense oui…

- Ma vie est devenu le rêve de ma vie.

Elle ne put pas se retenir plus longtemps et enlaça sa sœur avec enthousiasme.

- Le rêve de ta vie ? répéta Andy avec dédain. Tu apprécies cet abruti à ce point ?

Narcissa, les étoiles pleins les yeux, enserra sa sœur plus fort et murmura avec une voix faible, honteuse et émue à la fois :

- Pire. Je l'aime depuis notre première rencontre.

Sa sœur lui caressa les cheveux en silence avant de poser la tête sur son épaule :

- Ça reste un connard fini, mais si ça te rend aussi heureuse, je suis contente pour toi, Cissy.

Inutile de dire que dès ce moment, les intrigues de Charlus me sortirent totalement du crâne. A tel point que j'en oubliais presque son existence. J'étais l'adolescente la plus heureuse du monde. Je ne pouvais pas penser à ce futur bal ou à Lucius sans rire aux éclats, sans sauter de joie ou sans trépigner d'impatience. J'étais pire que survoltée et plus rien n'avait d'importance que ce bal. Je ne garde qu'un très vague souvenir de mon retour à Poudlard et de la première semaine de cours. Tout mon esprit était focalisé sur l'évènement à venir.

J'espère bien. Est-ce que tu réalises comment tu m'as torturé dans ce foutu carrosse avec tes questions stupides et ton « non » ?! Chaque fois que je m'en rappelle, j'en ai les mains qui tremblent. Quand tu es partie, j'étais plus dévasté que content à vrai dire. On ne sortait même pas encore ensemble et tu m'avais déjà transformé en loque humaine.

Evidemment, le monde extérieur me rattrapa rapidement avec une certaine lettre de ma mère, qui se révéla être cette fameuse conversation évoquée par Charlus lors de notre dernier rendez-vous.

- Et je ne sais toujours pas quoi mettre, dit Narcissa d'un ton soucieux pour la vingtième fois au moins de la journée.

Ce qui ne changeait pas vraiment des autres. Depuis l'invitation de Lucius, elle était comme une boule de nerfs surexcitée et follement heureuse. A l'intérieur, car la nervosité zappait tout sourire de son visage et elle était de plus en plus irritable au fur et à mesure que la date fatidique approchait. C'était dans quatre jours, désormais. Quatre jours ! Et elle n'avait toujours rien à se mettre.

- Il t'a offert une robe, non ? Ça ne résout pas le problème ? fit Andy d'un ton ennuyé.

Elles marchaient toutes les deux vers la Grande Salle, bien que Narcissa n'ait plus ressenti la faim depuis l'autre jour et que Andromeda semblait trop préoccupée par Dieu sait quoi pour avoir la tête à se nourrir. Si la blonde n'avait pas été aussi obnubilée par son futur rencard avec l'homme de ses rêves, elle aurait pris le temps de s'inquiéter et aurait fait cracher le morceau à sa sœur à force de douces persuasions et questions typiquement fraternelles. Mais, en effet, elle était tout simplement trop obsédée par le fameux rendez-vous pour pouvoir parler d'autre chose.

Parfois, lorsqu'elle se réveillait le matin et qu'elle croisait son regard frigidaire dans la glace, elle était persuadée qu'elle avait rêvé tout cela. A force, elle avait fini par mettre la robe et son carton bien en évidence sur sa table de nuit pour pouvoir se rassurer que tout était bien réel après sa remise en question sur la façon terrible et incroyable dont sa vie était devenue géniale et onirique. Elle avait vraiment le sentiment d'évoluer dans un rêve complexe et fou. Lucius Malfoy lui avait demandé d'être sa cavalière !

Même une semaine après, elle n'arrivait toujours pas à se débarrasser de ce sourire stupide qui apparaissait dès qu'elle y pensait. C'est-à-dire tout le temps. Cela s'était produit hier alors qu'elle avait laissé ses pensées vagabonder pendant que Barty Junior lui parlait d'un truc ennuyeux. Cet abruti avait pris ça pour une invitation et avait commencé à lui faire du pied. Autant dire que le sourire de la blonde s'était évanoui dès qu'elle avait senti l'appendice de cette immonde chose sur son pied. Elle le lui avait écrasé sans ménagement avant de le laisser en plan en le traitant de crétin fini.

Oui, elle était un rien irritable. D'habitude, elle lui aurait simplement jeté ce regard noir décourageant qu'il connaissait par cœur.

Mais soit.

- Je n'ai pas de chaussures qui conviennent, fit la cadette des Black d'un ton désespéré. Ni de bijoux. Je ne sais même pas comment je vais me coiffer !

La panique la reprit et elle accéléra considérablement le pas comme si arriver plus vite à la Grande Salle serait d'une quelconque aide dans ce problème.

- Tu devrais plutôt te soucier de ce que tu vas lui raconter, dit Andy en calquant son allure sur celle de sa petite sœur. D'après ce que tu m'as raconté, ce n'était pas brillant l'autre jour.

- Oooooh, gémit la blonde, Tais-toi Andy ou je te jure que je m'arrache les cheveux de stress.

- Ça n'aidera pas pour ta coiffure.

Narcissa la fusilla du regard. Et quelque chose la heurta. C'était nettement plus petit qu'elle et elle avançait avec un tel élan que ce fut la chose qui fut éjectée par terre. Narcissa baissa les yeux pour voir une petite fillette de première année, rousse jusqu'au cou et gryffondor de surcroît. Elle la reconnut vaguement. Lily Quelque Chose. Une fille de moldus.

- Regarde où tu marches, sang-de-bourbe ! fit-elle d'un ton furieux avant de passer son chemin avec un mouvement de tête dédaigneux.

Quelques mètres plus loin, elle réalisait qu'elle était seule. Elle se retourna et vit que Andy s'était accroupie près de la fillette rousse qui semblait s'être fait mal à la jambe en tombant. Narcissa poussa un soupir excédé en revenant sur ses pas.

- Qu'est ce que tu fais ? demanda-t-elle à sa sœur d'un ton énervé.

Andy l'ignora et aida la petite fille à se remettre debout après s'être assuré qu'elle n'avait rien. Pendant ce temps, Narcissa tapa du pied en se retenant de hurler d'impatience. Ce cirque était ridicule, la fille n'avait sûrement pas eu mal. En se relevant, Andy lui jeta un regard noir et reprit son chemin sans l'attendre. Narcissa dut presser le pas pour la rattraper :

- Tu sais, Andy, tu disperses ta gentillesse à trop de monde, fit-elle avec un sourire.

- Elle aurait pu se faire mal.

- Oh, oui quelle chute, ironisa la blonde, se sentant d'humeur noire. Elle devrait être plus prudente. Les gens de son espèce devraient longer les murs en priant pour qu'on ne les chasse pas de cette école.

Andy dévisagea sa sœur avec un rien d'incrédulité avant de dire d'un ton froid :

- On dirait Bella.

Et dans sa bouche, c'était une insulte. Narcissa rougit et répliqua, choquée et furieuse :

- Eh bien Bella a raison de temps en temps ! Depuis que tu traînes avec ce Tonks, tu te comportes vraiment bizarrement.

- Parce que je n'insulte pas une gosse après lui être rentrée dedans ? s'exclama Andy, visiblement en colère.

- Parce que tu t'arrêtes pour t'assurer qu'une fille de moldu qui se prétend sorcière va bien ! rétorqua Cissy, hallucinée qu'Andromeda ne réalise pas combien c'était anormal. Qu'est ce qui te prend, Andy ?

Sa sœur s'arrêta et joua avec sa bouche un moment, signe qu'elle comptait mâcher ses mots. Ce qui n'était pas de bonne augure. Aucune des filles Black n'avait l'habitude de mâcher ses mots. Du moins, en privé. Que sa sœur juge utile de peser ses mots avant de lui parler signifiait qu'elle était à deux doigts de lui hurler dessus. Pour une raison que Narcissa n'osait pas saisir.

- Toutes ces histoires de sang-purs et de sang-de bourbes me répugnent, fit Andy au bout d'un moment. Ils ne sont pas comme tu le crois, Cissy ! Inutiles et stupides. En fait, ils sont exactement comme nous sauf qu'ils n'ont pas la prétention de se croire supérieurs.

- J'espère bien, rétorqua la blonde en haussant les sourcils, amusée par l'idée.

Andy secoua la tête d'un air dégoûté et lui dit d'un ton glacial :

- Va manger seule.

- Mais… ?

- Sérieusement, Cissy, l'interrompit la brune.

Narcissa considéra sa sœur un instant avant de hausser les épaules.

- Tu sais, Bella te surveille. Il est temps que tu te reprennes Andromeda ou elle va finir par mettre les parents au courant.

Sa sœur renifla d'un ton méprisant en détournant la tête et Narcissa partit sans dire un mot de plus. La jeune fille arriva en face de la grande salle et regarda la foule et les mets d'un air dégoûté. Elle n'avait pas faim en partant et encore moins en arrivant. Elle tourna les talons et décida de retourner au dortoir en prenant un autre itinéraire pour ne pas risquer de croiser Andy dans les couloirs.

Elle ne la comprenait pas. Depuis ce début de l'année, où elle avait sympathisé avec ce Tonks, Andromeda s'était montré de plus en plus bizarre. Sans parler de toutes ces lettres qu'elle n'arrêtait pas d'envoyer quand ils étaient à la maison. Narcissa avait plusieurs fois essayé de lui demander à qui elle envoyait ses milliers de lettres, mais Andy avait persisté à garder son secret. Ce qui n'était pas dans ses habitudes. Autrefois, elles se disaient tout. Narcissa se rappelait très bien des longues nuits qu'elles avaient passées toutes les trois à se raconter des secrets. Quand Bella avait terminé ses études et s'était lancée dans la quête d'un mari, une légère distance s'était déjà installée, mais surtout entre elle et les deux autres sœurs. Mais depuis le début de l'année…

La blonde poussa un soupir nostalgique. Elle souhaitait retrouver leur intimité, à l'époque où Bella était encore en train de réviser ses Aspics. Peut-être que les choses s'arrangeraient une fois que l'aînée des Black se serait fiancée et que Andy aurait digéré ses fiançailles avec Nott.

Quoique Narcissa doute qu'on puisse digérer un jour quelque chose comme ça. Elle était littéralement terrifiée à l'idée que cela puisse lui arriver.

Mais il y avait peu de chances. Elle était trop jeune et elle s'était acharnée par mesure de sûreté à s'éloigner de tout fiancé hypothétique. Andy n'avait pas été aussi prudente. Ces fiançailles avaient été confirmées après que leurs parents aient découvert qu'elle sortait avec un Sang-Mêlé. D'après Bella, leurs parents avaient paniqué à l'idée de ne pas pouvoir trouver un bon parti à la benjamine si la nouvelle se répandait et avaient en même temps voulu mettre fin à cette relation scandaleuse.

Au fond, Andromeda l'avait un peu cherché. Il était aberrant pour tous qu'une fille Black ne se marie pas avec un sang-pur. Narcissa était consciente qu'elle en épouserait un comme ses deux sœurs et elle ne faisait que mettre toutes les chances de son côté pour être certaine d'avoir le choix. Si sa sœur avait fait de même, elle n'aurait pas été fiancée dans l'urgence à Nott contre son gré. Ce n'était quand même pas dur de ne pas s'embarquer dans une relation honteuse. Si seulement, elle avait porté son intérêt sur un sang-pur, il n'y aurait jamais eu de problème.

Quand Bella avait tenté d'expliquer ça à Andy, cette dernière lui avait répondu que ce n'était pas normal qu'elle ne puisse pas sortir avec qui elle voulait. Narcissa, qui les écoutait en cachette derrière la porte avait été parfaitement d'accord avec elle. Mais depuis, elle avait compris pas mal de choses. Et surtout que tant qu'on est bien vue, on reste libre, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

En arrivant dans son dortoir, la tête pleine de pensées, elle remarqua qu'une chouette attendait sur le rebord de sa fenêtre. C'était celle de sa mère. Elle ouvrit la fenêtre et prit la lettre avant de s'asseoir sur son lit pour la lire.

J'ai gardé cette lettre malgré tout. Je la joins à ce journal pour pouvoir me rappeler du prélude de mon cauchemar et des mots insensibles avec lesquels ma mère m'a poussé dedans. Peu importait que j'aie compris les règles des fiançailles dans les familles de sang-pur et que je me sois protégée envers et contre tout d'un mariage arrangé. Je restais tout de même convaincue que jamais l'on ne me marierait de force et que j'aurais le choix quoi qu'il advienne. Ce qui était arrivé à Andy me terrifiait et je me cachais derrière mes explications nébuleuses en essayant de me convaincre que si ça lui était arrivé à elle, ça ne m'arriverait pas à moi. J'y croyais réellement. En dépit des dires de Bellatrix et de la situation d'Andromeda, je continuais de croire, convaincue et stupide, que toutes ces histoires intrigantes ne m'atteindraient jamais. Ou alors dans un ou deux ans. Ce qui était un laps de temps suffisant pour trouver l'homme de ma vie, qui serait inévitablement un sang-pur, et me fiancer à lui en ravissant mes parents et moi-même. Tout était si facile dans mes illusions.

Une lettre, jaunie et pliée en quatre était encastrée entre les deux pages :

Chère Narcissa,

Nous avons eu le plaisir de recevoir les Potter à dîner hier soir. Leur fils, Charlus, que tu as rencontré à Noel, désire te revoir pour se forger définitivement une opinion. Tâche d'être plus convaincante que la dernière fois. C'est inespéré qu'une telle chance se reproduise à nouveau. Ce garçon m'a expliqué à mots voilés les raisons pour lesquels tu lui as déplu lors de votre première rencontre et j'ai réalisé qu'effectivement, j'ai négligé de te parler de certaines choses que tu es en âge de savoir désormais. Je pensais que tu avais déjà saisi les règles du jeu, mais, visiblement, tu as besoin de quelques clarifications.

Tu es une sang-pur et pas des moindres. Tu es une fille Black, tu es belle et intelligente et ta réputation est des meilleures. Cela te sert à merveille, bien entendu, et ton père et moi sommes extrêmement fiers. En atteignant l'âge des seize ans, tu es devenue l'un des partis les plus prisés d'Angleterre. Cette position te permet de refuser quelques demandes si tu penses pouvoir obtenir un meilleur parti, mais, normalement, je me charge de faire le tri avant toi.

Je ne t'ai pas présenté ce Charlus Potter pour que tu te fasses la main, Narcissa. Cet homme est le fils de sorciers extrêmement riches et puissants. Sa mère est la directrice de Dumstrang et son père est en passe de devenir ministre de la Magie en Finlande. Qu'un tel héritier s'intéresse à toi et t'accorde une seconde chance, est un miracle. Si tu le convaincs, Narcissa, notre niveau de vie sera assuré pour les prochaines générations à venir et nous aurons un pouvoir nettement plus conséquent que maintenant en Angleterre. Il est vrai que la Finlande est un peu lointaine, mais pense à tout ce que cet homme pourrait t'offrir et la vie que tu mènerais. C'est plus que tout ce que tu peux espérer de tout autre parti.

Je sais combien tu es dissipée. Mais l'heure est venue de redescendre sur terre. La seule chose que nous te demandons, la seule chose que tu nous dois, ma chère fille, c'est un bon mariage. La déception que Bellatrix n'ait pas réussi à se fiancer au dernier des Malfoy est conséquente. Elle arrivera sûrement à convaincre le fils Lestrange, mais c'est comme se contenter d'un lézard après avoir convoité un dragon. Ne parlons même pas de ta sœur qui est en passe de ruiner ses fiançailles à cause de son comportement. Tu es notre dernière chance. Je te prie fermement de faire tout ce qui est en ton pouvoir pour séduire Charlus lorsqu'il viendra te voir à Poudlard, ce 25 Janvier.

Il est plus que temps que tu remplisses tes obligations envers nous.

Affectueusement,

Druella.

Elle me fait curieusement penser à ma propre mère. Le discours était différent, évidemment, mais le ton était identique. Comme si nos vies n'étaient que les pièces d'un échiquier bien plus grand qui resterait à jamais entre leurs mains. Je crois que les obligations étaient moindres pour les hommes. On m'a simplement ordonné de batifoler dans la discrétion et de me choisir une épouse à la hauteur de mon statut avant 25 ans. J'étais révolté, mais quand je lis cette lettre, je réalise que j'avais de la chance. Je t'ai choisie avant même que tu n'aies l'âge de penser au mariage. Ça ne pouvait être que toi, les années me l'ont confirmé. Mais j'ai trop attendu.