De retour ! Je vous demande toute votre indulgence pour ce nouveau chat-pitre posté sans beta et après tant d'années de pause... c'est comme le vélo, c'est casse gueule !
Chapitre 62- L'heure de vérité
Harry tournait furieusement en rond, observant Snape qui ajustait ses robes.
« Je serai de retour pour le déjeuner, » fit l'homme d'un ton détaché.
« Et si ce n'est pas le cas ? S'ils ne te laissent pas repartir ? Severus, c'est suicidaire ! »
« Ils ne pourront pas me retenir. Dans tous les cas... »
Il jeta un rapide coup d'œil au fantôme de Lily qui les observait d'un coin de la pièce.
« Harry, je sais que cette convocation au ministère ne te plaît pas, mais il est vraiment souhaitable, dans l'immédiat, que tu cesses de te tracasser. Il est vital que tu te changes les idées. »
« Pourquoi ? C'est normal que je m'inquiète, non ? Je devrais venir... »
« Non. »
Son ton était plus sec qu'il ne l'aurait voulu. Machinalement, il frotta sa Marque douloureuse sous sa manche. Le geste, hélas, n'échappa pas au garçon.
« Il t'appelle ! Voldemort, il utilise la Marque, pas vrai ? »
« Ce n'est pas la question. Il est important que tu t'occupe l'esprit pour les heures à venir. J'aurais suggéré de t'entraîner sur ton balai, mais ce n'est pas une option idéale... Lily, penses-tu pouvoir l'occuper ? »
« Je peux essayer, » offrit-elle, « mais malgré tout... comprends-tu ce que je voulais dire ? Il est temps, Severus ! »
Le sorcier secoua la tête, irrité. Elle n'avait pas entièrement tort. Si Harry avait été au courant du fonctionnement de la Marque, les choses auraient été plus simple. Il n'aurait pas eu à s'inquiéter de se voir transplaner de force au milieu de l'entretien.
Peut-être était-il temps, après tout. Peut-être Lily avait-elle raison. Si les Aurors demandaient à voir la Marque, si l'information était rendue publique, alors Harry risquait de l'apprendre par les journaux et les choses seraient encore pire. Combien de temps pouvait-il encore espérer garder l'information confidentielle ? Combien de temps avant qu'un accident n'arrive, que le garçon le découvre par hasard ? Il jouait un jeu dangereux. Avouer la vérité changerait peut-être leur relation de manière irréparable, mais ne pas l'avouer risquait de tout lui faire perdre dans tous les cas.
Et Lily était là... les choses étaient différentes, pour quelques temps encore, il n'était pas seul.
« A mon retour, » articula Severus, « nous aurons... une discussion. »
Lily lui sourit et son visage s'éclaira.
« D'ici là, » poursuivit Snape, « je souhaite que tu prennes ton autre forme. Shadow. Joue avec ton balai miniature, dors, mange, fais-ce que tu veux... mais ne pense pas à ce qui se passe au Ministère. Si tu crains de ne pouvoir y arriver, exerce-toi à vider ton esprit. Est-ce entendu ? »
« Ca a l'air plus important que de simplement m'empêcher de m'inquiéter, » fit le garçon, perplexe.
« Ça l'est. Je n'ai pas le temps de discuter ça maintenant. A mon retour... peut-être. Je dois y aller. Restez prudent, tous les deux, n'ouvrez à personne d'autre qu'Albus et seulement par la cheminette, ne sortez pas, en cas de danger, abritez-vous dans le laboratoire. Ne touchez à rien. Ne... »
Devant lui, deux paires d'yeux verts identiques l'observaient avec patience et une pointe d'amusement.
Très bien, » soupira-t-il. « Je suppose que vous avez compris l'idée. Soyez sages. »
« Comme des images, » fit Lily avec un sourire moqueur.
A ses côtés, le garçon se changea en chat et vint se frotter à ses jambes avant de bondir sur le fauteuil pour s'y rouler en boule.
« Parfait, » murmura-t-il. « A tout à l'heure. »
Il caressa rapidement la tête du chat, et jeta un dernier coup d'oeil à Lily qui lui sourit.
« A tout à l'heure. Sois prudent. »
Et dans un éclat de flammes vertes, il disparut.
Albus était déja prêt et l'attendait, une liasse de parchemins à la main.
« Comment vous sentez-vous, mon garçon ? »
« Je n'ai jamais été particulièrement friand des invitations du Ministère, » grogna Severus. « Si vous êtes prêt, Albus, j'aimerais en finir au plus vite. »
« J'ai ici les témoignages de plusieurs personnes, élèves et professeurs, présents dans les tribunes lors de l'attaque. J'espère que cela aidera à notre cause. »
« Quelqu'un d'autre que Draco a-t-il vu qui a lancé le sort ? »
« Comme vous l'avez fait remarquer, Draco était trop loin pour pouvoir témoigner avec certitude. Plusieurs personnes ont entre-aperçu le départ de feu, mais personne n'était suffisamment proche. Vous étiez hors de vue et d'atteinte quand Nagini a attaqué. »
« Espérons que cela joue en notre faveur, » soupira Snape. « La baguette d'Harry a-t-elle été retrouvée ? »
« Pas encore, mais je crains que ce ne soit pas de bonne augure. »
« Je lui ai demandé d'utiliser celle de James ce matin, pour jeter des sorts suffisamment convaincants. Si le Ministère souhaite exercer un priori incantatum, ils seront probablement satisfaits du résultat. »
« Je vois que vous ne laissez rien au hasard, » fit Dumbledore. « Cependant, la Marque... »
« Harry devrait parvenir à se maîtriser jusqu'à mon retour. »
« Avez-vous pu lui expliquer la situation ? »
« Ce soir. Ce soir, si tout va bien. »
Le directeur hocha la tête.
« Ne le sous estimez pas, Severus. C'est réellement un jeune homme exceptionnel, si quelqu'un peut comprendre et tirer le meilleur de cette situation, c'est bien lui. »
Mais Snape secoua la tête.
« Chaque problème en son temps. Pouvons-nous y aller ? »
« Certainement. »
Une poignée de poudre de cheminette illumina l'âtre et une minute plus tard, ils faisaient leur apparition dans le bureau des Aurors, aussitôt encadrés par plusieurs agents, baguette levée.
« Oh, vraiment, je doute que ceci soit nécessaire, » fit Dumbledore en levant les mains en signe d'apaisement.
« Professeur Snape, je vais devoir vous demander votre baguette, » fit l'un des aurors.
« A vos risques et périls, » répondit le sorcier. « Elle est protégée. Je suis le seul à pouvoir la toucher. »
L'auror se crispa et lança un rapide sort sur la baguette noire, qui émit aussitôt une série d'étincelles.
« Je vois, » fit-il entre ses dents. « Si vous voulez bien la déposer dans ce sac. »
A contrecoeur, Snape s'exécuta et la baguette fut emmenée hors de la pièce.
« Professeur Dumbledore, par ici s'il vous plait. »
« Je souhaiterais pouvoir assister à l'entretien du professeur Snape, si cela ne vous ennuie pas, » fit le directeur d'un air affable.
« Je crains que cela ne soit pas possible. Si vous voulez bien me suivre. »
« Vraiment… »
« Vraiment. »
A regret, Dumbledore quitta la pièce, avec un regard d'encouragement pour le maître des potions qui semblait se désintéresser de la question.
A peine le directeur fut-il sorti qu'une autre porte s'ouvrit, et la silhouette replète familière d'Umbrige fit son apparition.
« Professeur, quel plaisir de vous revoir, » minauda-t-elle, ses yeux le toisant froidement.
Snape s'inclina légèrement, préférant s'abstenir de répondre. Il était inutile de mentir avant même qu'on commence à l'interroger.
« Je regrette que nous n'ayons pas pu nous entretenir directement après les incidents du match, c'est tout à fait, tout à fait regrettable. »
« Je crains que mon fils et moi-même n'ayons nécessité un temps de repos, » répondit Snape le plus cordialement possible.
« Votre fils... ah, oui, le jeune monsieur Potter, » fit Umbrige. « Puis-je savoir pourquoi il n'est pas présent aujourd'hui ? »
« C'est Potter-Snape. Et Harry n'a pas souhaité revivre ce moment encore pénible pour lui. Je pense que mon témoignage devrait suffire à éclaircir la situation. »
« Nous verrons, » fit Umbrige, sceptique. « Professeur... Severus, si vous me permettez ? »
Il était clair à son expression que ledit professeur ne tenait aucunement à partir sur une base familière avec la représentante du ministère, mais une fois de plus, il se contenta de s'incliner.
« Vous comprendrez bien que, compte tenu des circonstances, nous ayons besoin de témoignages fiables. Après tout, un jeune sorcier est décédé et les dégâts sont inestimables. C'est un sort absolument interdit qui est à l'origine de cette débâcle. Un sort que le jeune m. Malfoy a vu Harry Potter... Snape lancer. Vous comprendrez que la situation réclame des mesures exceptionnelles »
« J'espère que les réponses que je pourrai vous apporter seront à la hauteur de vos espérances, » fit le professeur.
« Bien-sûr, le fait que vous soyez venu de votre plein gré est une excellente chose... »
« Je n'ai rien à cacher. »
« ... malgré tout, l'absence de M. Potter est fort contrariante. Fort contrariante. »
« Un jeune homme de son âge ne devrait pas avoir à subir d'interrogatoire, » fit sèchement Snape. « J'étais avec lui. Je répondrai à toutes vos questions. »
« Dans les circonstances qui nous intéressent, vous comprendrez cependant que nous ne puissions nous contenter de vous croire sur parole, » susurra Umbrige.
« Je ne vois pas pourquoi ma parole devrait être mise en doute, » rétorqua Snape.
« Eh bien, votre passé, pour commencer... »
« Il me semble que tout malentendu a été éclairci lors de l'été dernier. »
« Malgré tout, vous portez cette Marque, professeur, si je puis me permettre. »
Mais qu'est-ce qu'Umbrige ne se permettait donc pas ? Pendant un instant, il vit rouge. L'instant suivant, une idée traversa son esprit, et il s'accorda le luxe de l'impulsion du moment. Dénudant son avant-bras, il le présenta à Umbrige et aux aurors qui l'entouraient, et qui levèrent aussitôt leurs baguettes en position défensive.
« Celle-ci, vous voulez dire ? »
La Marque était plus claire que jamais, le flou de la transformation à présent effacé. L'éclair qui lui marquait le bras était net, impossible à manquer, comme un tatouage récent, sans aucune trace du crane et du serpent qui se trouvaient là jadis.
« Merlin, » souffla un auror, tandis que tous détaillaient la Marque, les yeux écarquillés.
« C'est... c'est impossible ! » couina Umbrige.
« Et pourtant. »
Il recouvrit son avant-bras et cru que la sorcière allait lui arracher sa manche.
« Comment expliquez-vous cela ? » fit-elle quand elle fut revenue de sa surprise.
Elle donnait l'impression d'avoir mordu dans un citron... mais après tout, cette expression lui était familière. Le regard qu'elle lui jeta était empreint de haine mal dissimulée.
« Les modes se suivent et ne se ressemblent pas, » fit Snape avec humour, voyant sa colère monter d'un cran. Il allait certainement le payer plus tard, mais pour l'instant, la vue était assez plaisante.
« Quoiqu'il en soit, nous allons devoir procéder à un interrogatoire avancé, » grinça Umbrige. « Bien sûr, nous pourrions vous demander de placer vos souvenirs dans une pensine... »
Snape s'abstint de commenter.
« ... mais cette méthode a ses défauts et les souvenirs peuvent être altérés. »
« Je n'ai aucun intérêt à une telle manipulation. Je n'ai rien à cacher et vous ne verrez aucune altération dans mes souvenirs. »
« Je suis bien certaine que je ne verrai rien," gloussa Umbrige. « C'est bien là le souci, n'est-ce pas ? Il n'existe, en la matière, qu'une méthode absolument fiable pour obtenir un témoignage sans faille. Je suppose que vous voyez à quoi je fais allusion, professeur. »
« Si vous voulez parler de veritaserum, je trouve vos mesures pour le moins extrêmes ! Il s'agit d'une potion dont les effets secondaires ne sont pas à négliger, et elle est à réserver aux criminels. Il me semble que nous n'en sommes pas là. »
« Mais il y a bien eu meurtre, » fit Umbrige avec un sourire pincé. « Et nous savons bien tous les deux que cette potion est sans danger... du moins, pour la santé. »
Si seulement, songea amèrement Snape.
« Je ne vois pas pourquoi mon simple témoignage, confirmé par les dires du directeur et de divers témoins, ne pourrait pas suffire. »
« Parce que votre version et celle de Draco Malfoy se contredisent, pour commencer. Et parce que, professeur, votre parole et vos objectifs sont sujets à caution. Que vous êtes, temporairement, le gardien de Harry Potter et que votre situation est on ne peut plus délicate. »
« Il n'y a rien de temporaire dans cette adoption », gronda Snape. « Et ma parole vaut bien celle d'un adolescent qui dirait n'importe quoi pour regagner les faveurs du Seigneur des Ténèbres ! »
« Vous êtes bien placé pour parler, » fit Umbrige d'une voix suave.
« Je ne vous permets pas, madame. »
« Apportez le veritaserum. »
« Je souhaiterais parler au professeur Dumbledore, » coupa Snape. « Il me semble que ma défense est... »
« De quoi avez-vous donc peur, professeur ? Si vous n'avez rien à cacher, vous n'avez rien à craindre. »
« Qu'est-ce qui me prouve que vos questions resteront strictement dans le cadre de cette affaire ? »
« Vous m'offensez, je suis un officier assermenté du Ministère ! »
« Et moi un professeur de Poudlard, » rétorqua Snape. « Je n'ai aucunement l'intention de divulguer des informations confidentielles sur le collège ou mes élèves. »
« Que voulez-vous que j'aie à faire de ces informations ? » cingla Umbrige.
« Dans tous les cas, j'exige la présence du directeur. J'ai d'autres moyens de prouver… »
« Vous n'êtes pas en mesure d'exiger quoique ce soir, » fit la sorcière entre ses dents. « Petrificus totalus. »
L'instant d'après, Snape sentit chacun de ses muscles se figer et entama une rapide descente vers le sol.
« Madame, je ne suis pas certain que... » tenta un des aurors.
« Taisez-vous et donnez moi ce flacon, » intima Umbrige.
Snape sentit qu'on le redressait et qu'on l'asseyait, de force, sur une chaise. La sorcière entra à nouveau dans son champ de vision, un flacon à la main et un sourire mauvais aux lèvres.
« Maintenant, vous allez parler, beau merle... et croyez-moi, vous allez bien parler. »
C'était absolument parfait, triompha Snape intérieurement. Exactement comme il l'avait espéré. N'eut été l'inconfort de la situation, il aurait presque trouvé cela plaisant.
Une main ferme vint lui ouvrir la mâchoire et la potion fut versée généreusement dans sa bouche. Il s'appliqua aussitôt à prendre l'air vide qui accompagnait les effets du veritaserum et attendit la suite.
« Finite incantatum, » lança Umbrige.
Ses muscles se relâchèrent enfin et il put prendre une position plus assurée sur la chaise.
« Très bien, » fit la sorcière avec un sourire hautement satisfait. « Commençons. Pouvez-vous nous rappeler les noms et prénoms de vos parents ? »
« Eileen Selena Prince et Tobias Matthew Snape, » fit Severus d'un ton plat.
« Les Prince sont une vieille famille... en revanche, aucun Snape n'est répertorié dans les familles sorcières, comment cela se fait il ? »
« Mon père était moldu. »
Elle le savait parfaitement, songea-t-il, l'information ne servait qu'à le discréditer auprès des aurors, des sang-pur probablement.
« C'est tragique, » fit Umbrige. « Un parfait exemple de l'échec d'un mariage entre races, n'est-ce pas ? »
« En effet, » répondit Snape sans se départir de son ton plat. Il n'avait certainement pas besoin de feindre pour répondre à cette question.
Mais un auror, dans la salle, semblait ne pas apprécier le ton peu orthodoxe de l'interrogatoire.
« Je ne crois pas... »
« Officier Smith, pourquoi n'iriez vous pas me chercher un verre d'eau ? Et demandez à Thompson de venir vous remplacer. Il souhaitait participer à l'interrogatoire. »
« Je... »
« Tout de suite. »
Une porte grinça et Umbrige se retourna vers lui, un sourire triomphant aux lèvres.
« Pourquoi avoir adopté Harry Potter ? » demanda-t-elle.
Pendant un instant, il se demanda ce qu'il aurait répondu si la potion avait réellement fonctionné. Qu'il n'avait pas pu résister à un chat ? Que l'élève qui l'avait le plus irrité de toute sa carrière avait finalement comblé un vide dans sa vie ?
« Parce que c'était la bonne chose à faire. Parce que c'est un jeune homme admirable. Parce que je tiens à lui comme à un fils. »
« En si peu de temps ? Ridicule. »
« Sa mère était une amie chère. Je lui devais bien de considérer la question. »
« Lily Potter, hum ? Et son fameux sacrifice. Est-ce vraiment cela qui protège Harry Potter à présent ? »
« Le sacrifice de Lily a été annulé depuis la résurrection de Voldemort. »
« Et pourtant, le sort fonctionne à nouveau… pourquoi ? »
« Parce que j'ai moi-même offert ma vie en échange de la sienne. »
Il y eu un instant de silence contemplatif.
« Eh bien, il semblerait que ce garçon déchaîne les passions… » fit Umbridge d'une voix doucereuse. « Mais vous êtes bien vivant. Le sort ne peut fonctionner totalement. »
« La perte de ma magie a été un sacrifice suffisant pour qu'il soit efficace. »
« Perte de magie, hum ? Ce doit être particulièrement désagréable de se retrouver réduit à l'état de quasi-cracmol… »
« En effet. »
« Savez-vous où se trouve actuellement le Seigneur des Ténèbres ? »
« Pas le moins du monde. »
« Que savez-vous de Loki ? »
« Il s'agit du fils de Rémus Lupin. Une sorte d'animagus, très perturbé. »
« Agit-il pour le compte de Dumbledore ? »
« Non, il a amplement démontré qu'il n'était pas de notre bord. »
« Vraiment ? Et son père, Lupin ? »
« Il reste fidèle à Dumbledore, je présume. Il est très attaché à son fils, cependant. Je me méfierais de lui si j'étais le directeur… mais le vieux fou n'admettrait jamais de soupçonner un Gryffondor. »
« Naturellement. »
Umbridge saisit un verre de ce qui ressemblait à du cordial de violette et en sirota longuement une gorgée.
« Qui a jeté le sort qui a tué Nagini ? » demanda-t-elle .
« C'est moi, » répondit Snape d'une voix parfaitement égale.
« Feudeymon ? » précisa Umbridge, visiblement surprise.
« Oui. C'était le seul moyen. »
« Et avec quels pouvoirs, Severus ? Vous êtes à peine plus utile qu'un cracmol, d'après vos propres déclarations. »
« La marque m'a permis d'utiliser les pouvoirs d'Harry dans ce moment d'urgence. »
Umbridge se redressa dans son fauteuil.
« Comment est-ce possible ? Ce n'est pas ainsi qu'elle fonctionne ! Pas celle de... du Seigneur des ténèbres ! »
« Notre lien est différent, » répondit Séverus en cachant de son mieux sa satisfaction.
« En quoi ? Comment ? » demanda avidement la sorcière dont les yeux, lui sortant presque de la tête, la faisaient encore plus ressembler à un crapaud.
« Je l'ignore. Harry est plus puissant. Je suis le seul à porter sa marque. Notre connexion est plus profonde. »
Une fois de plus, nul besoin de mentir pour répondre à cette question.
Umbridge resta silencieuse un long moment, sa baguette dessinant de petites arabesques saccadées dans les airs. Ces perspectives semblaient profondément la troubler. Au point de lui faire revoir son allégeance ? Snape en doutait, mais s'il avait semé une graine de doute, ce serait suffisant pour aujourd'hui. La sorcière semblait hésiter entre un millier de questions sans parvenir à en formuler une seule.
« Allez-vous nous poser un problème, Severus ? » demanda-t-elle enfin.
« J'en doute fort, » répondit Snape.
Il du réprimer un grognement devant le sourire narquois d'Umbridge.
« Moi aussi, » dit-elle. « Je crois que nous en avons fini. Thompson ? Occupez-vous de lui. Il pourra repartir avec Dumbledore dès qu'il aura recouvré ses esprits. »
« Pas de charges retenues, madame ? » demanda ledit auror.
« Non. Il nous sera plus utile dehors, dans son état. Cette marque change la donne, il va falloir que j'en avise les autorités supérieures. »
Umbridge se dirigea vers la porte avant de se retourner, la main sur la poignée.
« Avez-vous réussi à retourner Draco, Severus ? »
Il ne pouvait pas se permettre d'hésiter. Mais la vie de Draco dépendait peut-être de sa réponse...
« Seulement momentanément. Il m'aurait fallu plus de temps. »
La sorcière laissa échapper un couinement qui pouvait être un ricanement avant de disparaître de son champ de vision. Snape s'autorisa à se détendre insensiblement. Selon les calculs, il aurait du reprendre les esprits dans quelques secondes. L'auror qui l'observait semblait penser de même, sa baguette pointée vers lui.
Suivant une mise en scène bien rodée, Snape dodelina légèrement de la tête, laissant son regard reprendre progressivement un focus. Avec un claquement de langue, il se tourna vers Thompson.
« C'est une violation complète de mes droits, j'espère que vous avez pris bonnes notes car vous serez certainement appelé à témoigner ! »
« Oh, j'ai pris bonnes notes, » ricana l'auror.
« J'exige de savoir quelles questions m'ont été posées, et quelles réponses j'ai apporté ! »
« Oui, oui, faites une demande en trois exemplaires au ministère. Ils vont répondront sûrement. »
« C'est un véritable scandale, vous mériteriez que je... »
« Mon garçon, comment allez-vous ? »
L'entrée en scène de Dumbledore lui épargna de devoir finir sa tirade. L'étincelle d'amusement dans les yeux du directeur lui laissa penser que celui-ci avait attendu un peu plus longtemps que nécessaire pour faire son apparition.
« Professeur, je ne peux pas répondre de ma discrétion concernant les missions qui me sont confiées dans le cadre de mes activités à Poudlard je viens en effet de subir un interrogatoire sous veritaserum en dépit de mon opposition. J'ignore ce qui m'a été demandé et ce que j'ai pu révéler. »
« Voilà qui est totalement irrégulier » fit Dumbledore en jetant un regard perçant à l'auror qui eu le bon goût de paraître gêné.
« Je ne fais que suivre les ordres, » maugréa t il. « Voyez ça avec le Ministère. Voilà votre baguette. »
« Vous mériteriez que je vous signale au ministère, » gronda Snape.
« Une autre fois, vous devez vous reposer, » suggéra Dumbledore en prenant Snape par le bras, récoltant au passage un regard noir de l'intéressé.
« Ce ministère est complètement vendu, » scanda Snape. « Partons. Non, je n'ai pas besoin de votre bras, pour l'amour du ciel ! »
Le directeur l'entraîna à sa suite vers la cheminée sans autre forme de procès, laissant derrière eux des aurors à l'air mi amusé mi coupable.
« Bien, c'est à peu près ce que nous avions prévu, » énonça Dumbledore une fois au calme de son bureau.
« Aucun suspens, » acquiesça Snape. « Il me reste quelques minutes avant que les effets secondaires de la potion ne se fassent sentir. Pour faire court, j'ai livré le secret de la marque. Point intéressant, il ne me semble pas qu'Umbridge ait été au courant, ce qui signifie que Draco avait gardé cette information pour lui. La question de sa loyauté a d'ailleurs été évoquée... ainsi que Loki, Lupin, et mon rôle dans la mort de Nagini. »
« Et de là de Vincent Crabbe, » acquiesça Dumbledore. « Vous êtes donc officiellement coupable. Je suis surpris qu'ils vous aient laissé repartir libre. »
« La marque, » abrégea Snape. « Elle n'a pas voulu prendre de risque. Ils savent de toute façon où me trouver. »
« En théorie mais je me doute que vous allez vouloir stationner quelques temps chez vous, Severus. »
Snape acquiesça.
« A plusieurs titres. Il est temps... il est temps que j'aie une conversation avec Harry. Deux aurors étaient présents aujourd'hui quand j'ai dévoilé ma marque, l'information sera certainement publique avant la fin de la journée. »
Pris d'une soudaine crampe à l'estomac, le sorcier se plia en deux avec une grimace.
« C'est mon signal de départ. Albus, si vous avez besoin de me joindre... »
« Je saurai où vous trouver, » fit Dumbledore avec un regard de sympathie. « Transmettez mes amitiés à Harry. »
Avec un grognement qui pouvait ressembler à un acquiescement, Snape disparu à nouveau dans la cheminée pour réapparaître dans son laboratoire, sous les yeux inquiets d'un chat noir surexcité.
« Shadow, » fit-il dans un souffle, en coupant court à toute effusion, « je sais que je t'ai promis une discussion à mon retour mais je me suis peut-être avancé. Je vais bien, ou plutôt j'irai bien, mais je vais avoir besoin de quelques heures de tranquillité. »
« Severus ? » fit la voix hésitante de Lily.
« Quelques heures, » répéta Snape avec une grimace. « Juste les effets secondaires d'une potion. Très désagréable, mais sans danger. Quelques heures et tout sera rentré dans l'ordre. »
« Peut-on faire quelque chose pour aider ? »
« Rester hors de mon chemin, » grogna le sorcier en empruntant les escaliers qui menaient à l'étage, lutant visiblement pour conserver un restant de dignité ainsi que le contenu de son estomac.
« Harry chéri, il va falloir que tu restes sous cette forme encore quelques temps, » indiqua Lily au chat qui ne parvenait pas à détacher son regard de la lourde porte en bois qui s'était refermée sur snape.
Un miaulement contrarié lui répondit.
« Je sais, et je te promets qu'il y a une raison valable. C'est important pour aider Severus. Si tu t'installes sur ce fauteuil, j'ai quelques histoires sur mon époque à Poudlard qui... »
Le son caractéristique d'une personne répandant violemment le contenu de son estomac sur le sol l'interrompit.
« Hum. Oui, ton père faisait à peu près ce bruit là la première fois qu'il est revenu de Pré Au lard. En tout cas la première fois qu'il y est allé sans autorisation... »
Un étage plus haut, Snape maudissait l'idée qu'il avait eu de prendre du bacon au petit déjeuner. C'était définitivement un aliment qui passait mieux dans un sens que dans l'autre. Il avait beau être, modestement, le meilleur maître des potions de sa génération, il n'avait pas encore réussi à contrer les effets secondaires de la potion d'immunité au veritaserum. Et Minerva qui avait cru qu'il buvait... pour qui se prenait-elle, cette fichue sorcière arrogante, incapable de produire un patronus ?
Avec une grande inspiration, il se dirigea vers la salle de bain. Il devait se reprendre. Minerva, Umbridge, Draco, ce fichu ministère... il pouvait bien s'en prendre au monde entier, cela ne changerait rien au fait qu'il était temps de parler à Harry de leur situation. Le concept paraissait évident à Dumbledore et Lily, mais comment pouvaient-ils ne pas comprendre à quel point l'idée l'horrifiait ?
Leur relation allait irrémédiablement changer. Harry retrouvait à peine un semblant de stabilité, l'adoption était encore récente et il allait à nouveau tout bouleverser.
Risquer de tout perdre.
Snape s'abandonna à une nouvelle vague de nausée en tentant d'écarter un instant cette idée. Il était peut-être temps qu'il investisse dans des grimoires de psychologie adolescente. Y avait-il seulement un manuel « Apprendre à votre fils adoptif qu'il est en réalité votre maître, après avoir volé les pouvoir d'un Seigneur des Ténèbres » ? Et son addendum, « Comment être le père d'un adolescent qui a tous pouvoirs sur vous » ?
Estimant avoir gagné un peu de répit, Snape s'allongea sur son lit. Il avait besoin de réfléchir... ou de reprendre des forces, peu importait, il allait tenter de dormir un peu avant ce qui s'annonçait être une longue journée, et vraisemblablement une nuit compliquée.
Une vie compliquée, corrigea mentalement une petite voix. Avec un grognement, Snape la chassa de la main et succomba au sommeil.
Quand il rouvrit les yeux, son estomac s'était enfin apaisé et les murs avaient cessé de tourner autour de lui, ce pour quoi il fut reconnaissant. Un sort rapide lui appris qu'il avait dormi une bonne partie de l'après-midi. Harry devait être fou d'impatience... tout au moins, il avait réussi à rester sous sa forme féline, sans quoi la sieste aurait certainement été écourtée.
Un sort de rafraîchissement plus tard, il du admettre qu'il était suffisamment remis pour rejoindre le garçon. La tentation de chercher des excuses pour reporter la discussion était forte, mais il s'était lui-même acculé en dévoilant sa marque au ministère.
Il était temps.
Il se surpris à traîner des semelles dans l'escalier qui le menait au laboratoire, détaillant les pierres des murs comme s'il les voyait pour la première ou la dernière fois. Son monde allait-il à nouveau partir en fumée dans quelques instants ?
Shadow l'assaillit dès que la porte s'entrouvrit, et s'il ne comprenait pas les miaulements du chat, le message n'en était pas moins clair. Juché sur ses épaules, s'époumonant directement dans ses oreilles, le félin savait se faire entendre.
« Tout va bien, Harry, tu peux reprendre ton apparence normale. »
Sans se faire prier, le chat sauta à terre et reprit forme humaine.
« Pas trop tôt ! Que s'est-il passé au ministère ? Ils t'ont laissé repartir sans rien dire ? Il ne vont pas venir me chercher ? »
« Non, tu n'as rien à craindre pour l'instant, » le rassura Snape. « comme nous nous y attendions, j'ai été contraint de consommer une potion de veritaserum. Pour autant que le ministère le sache, je suis coupable d'avoir jeté le sort qui a tué nagini, et je ne pense pas qu'ils poursuivront plus avant compte tenu des circonstances. »
« Après tout ce qu'il s'est passé à Poudlard, à l'infirmerie, je ne pensais vraiment pas qu'ils te laisseraient partir comme ça, » admit Harry.
« J'ai du dévoiler un élément important qui a remis les choses en perspective. »
« Oh. Lequel ? »
Snape laissa échapper une longue expiration. D'un geste, il invita Harry à s'asseoir dans un fauteuil. Il aurait voulu pouvoir aborder cette discussion avec la sérénité d'un Arthur Weasley, mais son expérience de père de famille était encore mince. Apparemment, son expérience en tant qu'espion et agent double ne lui était d'aucune utilité non plus, constata t il avec amertume, il pouvait sentir sa nervosité dans chacun de ses mouvements.
Merlin, par où commencer ?
« J'ai repoussé le moment tant que j'ai pu, Dumbledore et ta mère souhaitaient que je t'en informe depuis longtemps. Il m'a semblé que te protéger... que nous... j'ai estimé que... »
Non, ça n'allait pas. S'installant plus profondément dans son fauteuil, Snape pris une longue inspiration.
« Merlin, des fois je regrette de ne pas boire. »
« Severus, tu me fiches la trouille, » admit Harry avec un petit rire forcé.
« Je sais. L'idée de te mettre ce fardeau supplémentaire sur les épaules me rend pour le moins nerveux également. Mais il serait inconscient de chercher plus longtemps à le gérer ainsi... Shadow ne peut pas être un remède à tout. »
« Shadow a des pouvoirs spéciaux ? »
« Non. Merlin, je n'en sais rien, au point où nous en sommes tout est... non. Harry, il ne s'agit pas de cela. »
Le garçon n'avait jamais vu son père adoptif dans un tel état de nervosité et cela ne lui inspirait rien de bon. Deux tasses de thé, qu'aucun d'eux n'avait préparé, vinrent se poser devant eux et Harry se saisit de la sienne avec reconnaissance.
« Merci, maman, » fit il sans détacher ses yeux de Snape. « Severus, je ne sais pas de quoi il s'agit, mais s'il y a une chose doit je sois sûr, c'est qu'il faut que je sache. A chaque fois que quelqu'un m'a caché une information importante... Dumbledore, les Dursleys, Sirius... tout le monde ! Ca a mal fini. S'il te plait ? »
« J'y viens. Je ne sais simplement pas par quel bout commencer. Il serait peut-être plus simple de le faire en te rappelant à quel point je tiens à toi, et à quel point je suis attaché... non, investi... à quel point notre relation me tient à cœur. »
« Je sais, » fit Harry surpris. « tu m'as adopté. Et tout ça... le cristal de vérité, le reste... je sais. Et puis, depuis l'adoption, il y a eu toutes ces visions bizarres, les fois où j'ai pu te contacter... enfin oui, je comprends. Et c'est pareil pour moi, Severus, le fait que maman soit là, et Sirius et James, ça ne change rien à... nous ! »
« Non, en effet, ce n'est pas de cela que je voulais parler. Je m'y prends mal. Merlin, je ne crois pas qu'il y ait de bonne façon de s'y prendre. Harry, l'adoption ne fait pas tout dans les visions que tu as eues. Ni l'affection, ni la loyauté... ni le sort de protego. Il y a autre chose. C'est une situation complètement inédite dont les ramifications sont inconnues, mais ce que j'essaie de te dire ici est que cela ne change rien à mes sentiments pour toi, ni à mes responsabilités. Ce que tu vas apprendre va certainement te bouleverser, t'effrayer, mais tu devras te rappeler que même si l'information est nouvelle pour toi, la situation, elle, existe depuis plusieurs mois et que nous vivons déjà ainsi. Rien n'a besoin de changer. »
« D'accord, » murmura Harry, qui n'était plus très sûr de vraiment vouloir savoir.
« Bien, » repris Snape qui semblait avoir pris dix ans. « La bonne nouvelle, c'est que ce qu'il s'est passé... nous rapproche un peu plus. Tu parlais à l'instant de ces visions que tu as eues récemment, qui me concernaient. Tu sais également que tu as pu te servir de ma baguette. Elle te réussi même particulièrement bien. »
Harry hocha la tête.
« Ce n'est pas normal ? »
« Pas pour une baguette d'ancien Mangemort protégée par de multiples sorts, non. N'importe qui d'autre aurait été incapable de simplement la toucher. »
« Oh. Je pensais que c'était juste une question d'affinité, l'adoption et tout ça. »
« C'était une conclusion logique, mais c'est un peu plus que cela. Laisse moi prendre les choses de façon différentes, tu sais que tu as à présent en toi les pouvoirs de Voldemort. »
« Pour l'instant, en tout cas, » fit Harry en haussant les épaules.
« Tu as compris que c'était grâce à cela que tu pouvais communiquer avec les détraqueurs ? »
« Je n'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir à la question, mais je suppose que oui, c'est logique. C'est maman qui m'a dit de me connecter à eux. Après le match Je ne savais pas si c'était une question de fourchelangue ou autre... mais je n'ai jamais eu cette possibilité avant, en tout cas. »
Snape acquiesça.
« C'est une conséquence du transfert de pouvoirs. Il n'y a pas que cela, cependant. Tu vois autre chose ?»
« Les baguettes de mangemorts, » murmura Harry. «Même celle de Lucius. Je peux m'en servir. »
« Très juste. »
« Attends, une seconde ! Je ne peux quand même pas invoquer les mangemorts ? Je m'en serais rendu compte ! »
« Pas tous les mangemorts, non, » articula Snape, son regard perçant plongé dans celui d'Harry.
« Comment ça, pas tous ? Ca veut dire que je peux en appeler certains ? »
« Harry, ce jour là dans la clairière, quand tu as affronté Voldemort et ses sbires, as-tu souhaité me voir apparaître à tes côtés ? »
« Oui, quand je me suis rendu compte que je n'allais pas m'en sortir seul et que je n'étais pas protégé. Mais tu es arrivé à ce moment là... »
Snape vit le visage de son fils adoptif passer par tous les stades du choc et de la compréhension tandis que l'information faisait son chemin.
« C'est moi... c'est moi qui t'ait fait transplaner ? »
Snape hocha la tête. « Ce n'était pas la première fois. C'est arrivé avant, à Poudlard. »
« Mais c'est impossible, on ne peut pas transplaner dans le château ! »
« Comme je vous le fait remarquer depuis votre arrivée à Poudlard, M. Potter-Snape, les règles qui régissent le commun des mortels ne semblent pas s'appliquer à vous. »
« Je ne comprends pas, comment ? Est-ce que c'est à cause du protego ? Des pouvoirs de Voldemort ? De l'adoption ? »
« Un peu de tout ça et plus encore, » répondit Snape. « Mon allégeance... a changé et s'est tournée entièrement vers toi. Je n'avais cependant pas anticipé que cette décision aurait de telles proportions. Les pouvoirs que tu as volés, associés à un serment que j'ai fait jadis ont eu des conséquences inattendues. »
« Est-ce qu'il y a autre chose ? » demanda Harry d'une voix tremblante. « A part pouvoir te faire transplaner de force ? »
« Legilimens, » dit Snape. « Je ne peux pas te bloquer si tu souhaites visiter mes pensées. »
« C'est... horrible, » fit Harry en écarquillant les yeux. « Je ne veux plus faire ça ! Je sais que c'est arrivé mais je ne le voulais pas vraiment, je te promets que je ne le ferai pas ! »
« Il faudra apprendre à te contrôler et à refouler ta curiosité vorace. »
« Comme si c'était si simple ! Je commence à peine à contrôler plus ou moins mes nouveaux pouvoirs, ce n'est pas toi qui... »
Réalisant que Snape, de son côté, luttait avec la perte de ses propres pouvoirs, Harry s'interrompit.
« Est-ce qu'il n'y a pas un moyen de... brider ça ? »
« J'en doute, » répondit Snape. « C'est plus profond que la première fois. »
« Quelle première fois ? »
Snape pris une grande inspiration.
« La première fois où j'ai pris la marque. »
« La... ? »
Harry le regardait d'un air effaré. Le temps n'était plus aux insinuations d'un geste lent, Snape dénuda son avant bras et lui présenta la cicatrice qui l'ornait à présent.
L'éclair aurait tout aussi bien plu frapper Harry. Le bond qu'il fit dans son fauteuil manqua de le faire partir à la renverse tandis que l'horreur déformait son visage.
« Non ! Non, je n'ai pas fait ça ! »
« Harry, calme-toi. Bien-sûr que tu n'es pas responsable, c'est simplement une conjonction des pouvoirs que tu as absorbés et ... »
Sous l'effet des émotions qui assaillaient le jeune homme, la cicatrice s'enflamma brutalement et Snape ne put s'empêcher de la compresser.
Le geste ne passa pas inaperçu et le garçon s'effondra un peu plus.
« Elle te fait mal ! A cause de moi ? Parce que je... c'est pour ça que tu n'arrêtes pas de me dire de contrôler mes émotions ! Merlin, mais comment est-ce que... Je ne veux pas de ça, Severus, il faut l'inverser ! L'annuler ! Faire quelque chose ! »
« Tu n'es responsable de rien et aucun de nous ne peut rien y changer, » fit Snape. « Il y a certes des inconvénients, mais cette marque a permis de te sauver il y a peu. Garde cela en tête. »
« Mais...mais... tous ceux qui en parlent, qui l'ont pris avec Voldemort, ils en parlent comme d'un... comme d'une... forme d'asservissement. »
« C'est une façon de voir les choses. Quand je l'ai prise, adolescent, que j'ai juré fidélité au sei... à Voldemort, alors oui, c'était le cas. Je lui donnais pouvoirs sur moi et jurais une fidélité inaliénable, pour toutes les mauvaises raisons possibles. Si cette marque a pu changer ainsi, c'est que ma loyauté t'es entièrement acquise, et parce que la connexion entre nous est suffisamment forte pour le permettre. En partie à cause du protego, en partie à cause de l'adoption, en partie parce que tes pouvoirs portent à présent sa signature. Majoritairement par ma propre volonté d'échapper à l'influence d'un psychopathe et de remplir mon rôle à tes côtés. »
« Mais comment ? » gémit Harry. « Si j'ai la même influence sur toi que lui, si je peux t'obliger à faire des choses, comment est-ce que ça sera possible ? Où est-ce que ça s'arrête, ce... cette influence, comme tu dis ? »
« A ce jour, je l'ignore, » admit Severus. « Le fait que la connexion ne soit partagée avec personne d'autre, que notre relation soit différente fait que le lien de la marque pourrait être plus fort. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il est absolu. »
« c'est un cauchemar, » fit Harry en se prenant la tête entre les mains. « Je voulais juste une famille normale. Une histoire normale. Je ne veux pas être le nouveau seigneur des ténèbres, je ne veux pas commander, influencer... je veux juste être moi. C'est vraiment trop demander ? »
« Pour l'instant, oui, » admit Snape. « Je crois que la normalité va nous échapper encore quelques temps. Ce qui ne veut pas dire pour toujours. »
L'adolescent leva vers lui des yeux pleins de larmes, avant de rapidement changer de forme. Mais Shadow, pour une fois, ne bondit pas directement sur lui. Il se roula en boule dans le fauteuil, l'air plus abattu qu'il ne l'avait vu depuis des mois.
Et voilà, songea Snape, exactement ce que j'avais prédit. Qu'ils aillent tous au diable avec leurs idées... s'il avait pu épargner cette révélation à Harry, même quelques jours, il aurait pu conserver ce reste d'innocence un peu plus longtemps. Les dés étaient maintenant jetés.
« Ce n'est pas idéal, c'est indubitable, » dit-il au chat, « mais la réalité est que cette connexion nous offre un avantage. Ce n'est pas négligeable. Et dans la mesure où ne ne pouvons rien y faire, autant se concentrer sur le bon côté des choses. Harry, comme je te l'ai dit plus tôt... cela ne change rien à notre relation. Nous sommes les mêmes personnes que nous étions ce matin. Me comprends-tu ? »
Le chat leva vers lui un regard perdu. Un peu trop perdu, en réalité...
« Harry ? »
Le chat regarda autour de lui comme s'il cherchait quelque chose.
« Shadow ? »
Cette fois, le félin leva son museau vers le maître des potions. Dans les yeux du chat, Snape ne vit aucune trace de l'adolescent humain blessé qui une minute plus tôt se tenait devant lui.
Je n'arrive pas à croire que je soies en train de poster un nouveau chapitre de Shadow après tout ce temps... que vous dire pour m'excuser ? Achat de maison, mariage, animaux, naissances et décès, on a fait tout le spectre des "j'ai piscine" sans pour autant avoir de bonnes raison, puisque j'ai été en arrêt de travail 2 ans ! C'est juste que ce n'était pas le bon moment... mais tout ce temps, j'ai continué à recevoir des reviews pour Shadow, certaines terriblement émouvantes, et je n'ai jamais pensé abandonner. Ce qui, si je l'avais dit, aurait sonné comme "mais si j'vous jure"!
J'espère que ce chapitre un peu plus court que d'habitude ne vous décevra pas, le suivant est en partie écrit, il faut juste que je retrouve un rythme de croisière!Un grand merci à tous les fidèles lecteurs qui n'ont pas cessé de croire en notre petit chat !
Et une dédicace spéciale à Loki, le chien le plus adorable, fidèle, aimant, intense du monde... que j'ai nommé ainsi en raison de cette fic, et qui est décédé tragiquement dans la fleur de l'âge. Mon Loki-Boy, on pense à toi chaque jour...