Auteur : kitsu34
Origine : Saiyuki
Couple : ben… Hakkai x Gojyo et Sanzo x Gokû (vraiment, c'est bien parce que c'est toi qui me l'a demandé, Shunelodie !)
Disclaimers : pas à moi.
Merci aux rewieweurs de Carnet de bord, En manque et Alors, heureux ? Ca me fait plaisir de savoir que vous avez aimé certaines choses et je vous remercie aussi de vos critiques constructives (Seveya et Eda, c'est pour vous ), car j'avoue bien humblement que je ne connais pas très bien Saiyuki encore et que j'ai du mal à parfois manier les personnages ; sont vicieux et rétifs, ces petits !
Shunelodie, voici le Sanzo X Gokû que je t'avais promis, j'espère que tu ne seras pas trop déçue, mais je ne peux pas faire mieux que ça pour l'instant avec ce couple. Fic assez angst, tu verras.
Cœur de verre
Cette nuit encore, il va y aller. Je vais entendre le bruit discret et feutré de ses pas dans le couloir.
La porte qui grince pour le laisser entrer et qui se referme derrière lui.
Cette nuit encore, elle me laissera de l'autre côté, à l'extérieur.
Comme chaque nuit.
Je ne fais pas partie de sa sphère intérieure. Pas moi.
Lui, oui, et depuis longtemps.
Depuis ce jour rouge il y a trois ans où leurs destins se sont heurtés. Pour le meilleur et pour le pire.
Depuis ce jour, ils font route ensemble, et moi à côté.
Ce n'est pas la même chose ensemble et à côté.
Eux, leurs routes se sont croisées. La mienne reste parallèle.
Au milieu de toutes les routes, il n'y en a qu'une qui ne croise aucune autre, jamais. C'est la mienne.
Je suis toujours seul. Avec tout le monde. Au milieu de la foule la plus dense.
Toujours seul, même avec eux.
Aucun carrefour, comme cette route droite qui n'en finit pas, vers l'ouest.
C'est fou comme ce putain de voyage m'est familier.
J'ai l'impression de voir ma vie défiler, déserte, infinie, solitaire au milieu du monde.
Ca a l'air banal, n'est-ce pas ? A en pleurer. Et ça l'est. Je souffre chaque jour d'une souffrance simplement banale et plate.
Il n'y a rien d'extraordinaire dans ma vie. Même la mort de mon maître n'est qu'une facette inattendue de l'existence ordinaire.
La mort, c'est normal.
Je ne peux même pas dire que c'est de ma faute, ce qui s'est passé cette nuit-là.
Je crois au fond que j'aimerais que ce soit le cas.
Comme ça, j'aurais une véritable raison de souffrir. Mais ce n'est pas le cas. Je ne suis même pas un coupable, je ne suis qu'un exclu.
Ca y est. La porte vient de grincer doucement.
J'entends des pas tenter de se faire furtifs et discrets, dans le couloir.
L'autre porte se referme sur lui. Ca y est. L'attente douloureuse est terminée.
Je peux reprendre ma route, droit devant, en prétendant ne rien voir et ne rien sentir. Surtout ne rien sentir… Comme d'habitude.
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Il sentit une douce chaleur glisser sur son visage et s'y attarder. Il ouvrit légèrement les yeux pour les refermer très vite.
Le soleil matinal avait choisi de le saluer très tôt aujourd'hui, passant en douce à travers les rideaux mal fermés.
Il savoura un instant la quiétude du petit matin, où l'air semble encore humide, chargé de bribes de vie nocturne.
Il écouta les bruits de la vie revenir du sommeil. Les oiseaux qui pépient, l'eau de la rivière qui semble se mettre à chanter au retour de la lumière, comme si la nuit avait suspendu son cours.
Et les bruits, ténus encore, de l'activité humaine.
Bientôt le quotidien reprendrait ses droits, Gokû se remettrait à crier famine, Gojyo et Sanzo se disputeraient et le Smith & Wesson retentirait…
Mais pour l'heure, c'était encore la trêve sacrée de la nuit.
Il se tourna doucement vers l'intérieur du lit et de la chambre.
Il était là, endormi, à côté. Son bras était passé autour de sa taille et le serrait tendrement contre lui.
Il aimait tellement ces moments dérobés du petit matin, quand il pouvait le contempler dans son sommeil, détendu et abandonné.
Il pouvait alors se laisser aller à cette affection que lui seul après Kanan avait su lui inspirer.
Une immense affection. Une très grande tendresse. Presque de l'amour. Presque. Pas encore de l'amour.
Mais dans ces moments-là, quand il le regardait, endormi, la bouche légèrement ouverte et les cheveux épars et emmêlés sur l'oreiller, si attendrissant, si…mignon, il doutait.
Pas encore de l'amour, non, mais sans doute qu'un jour, ça le deviendrait…
Il se pencha et effleura des lèvres les deux cicatrices sur la joue.
Il sourit tendrement en entendant Gojyo marmonner quelques mots indistincts et replonger profondément dans le sommeil.
Il ne voulait pas le réveiller. Il était encore tôt. Ils avaient bien le temps de s'immerger dans la réalité blessante et difficile de leur route vers l'ouest…
Pour l'instant, c'était un moment en suspens, un de ces instants bénis où l'on se sent toucher le bonheur et la paix du doigt tout en sachant qu'ils ne peuvent pas durer…
Hakkai se leva sans un bruit, pour ne pas réveiller Gojyo, et s'avança vers la fenêtre dont il écarta les rideaux.
Une silhouette solitaire dans le champ qui jouxtait l'auberge attira son attention.
Elle errait tristement, sans but, et semblait se diriger vers l'orée du bois proche.
La silhouette portait une longue robe blanche et avait des cheveux de lumière. Et une cigarette aux lèvres, si tôt le matin.
Elle sembla s'arrêter et longuement regarder le sol, la tête courbée sous un poids invisible.
Comme attiré par la pesanteur abrutissante du sol, la forme blanche et or se courba vers la terre et sembla y tomber.
L'étoffe claire s'évasa en corolle pour épouser l'herbe du champ et la silhouette resta immobile, sans force.
Hakkai tressaillit quand le visage se releva et regarda directement vers la fenêtre de sa chambre.
Il savait que de cette distance, Sanzo ne pouvait pas le voir, caché qu'il était derrière le voilage léger de l'auberge.
Et il ne distinguait pas non plus l'expression du visage du moine.
Mais, celui-ci dégageait une impression rare, qu'il ne se souvenait pas avoir jamais vu émaner de lui.
De la tristesse, de la détresse, même. Et une grande solitude. Immense et terrifiante.
Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Sanzo était fragile. Comme du verre.
Et c'était effrayant.
Ils s'étaient tellement habitués à ce qu'il soit fort, solide, envers et contre tout, qu'il se sentait inquiet de découvrir cette faiblesse en lui.
Le moine avait beau se maudire pour sa faiblesse, jamais elle ne lui était apparue autant que ce matin, dans cette douce lumière claire du soleil levant.
Ce n'était sans doute rien. Qu'un moment passager, qui ne durerait pas.
Sanzo était la lumière et la force rassurante et stable du groupe. Il devait tenir. Il n'avait pas le choix.
Hakkai secoua la tête. Il ne voulait pas voir ça. Pas chez Sanzo. Pas maintenant.
Gojyo remua en grommelant et ses bras tâtèrent le lit vide à côté de lui. Il ouvrit des yeux ensommeillés et le regarda sans le voir.
Hakkai sourit et se glissa sous les draps, à ses côtés. Il le laissa l'enlacer et le capturer contre lui.
Un soupir. Que c'était bon de pouvoir se rassurer et se dire qu'on n'était pas seul sur la route…
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Bon premier chapitre assez lent et court. Il faut bien installer l'atmosphère. J'espère que ça ne vous aura pas ennuyés…
Une petite rewiew ? Allez, y a que le premier pas qui compte…