Epilogue : La moitié d'une vie.

Jarod :

La moitié d'une vie passée captif et à fuir, et je me retrouvais là, devant le Centre. Mais tout était fini : le Centre était en ruines. Tant d'émotions m'habitaient en ce moment que je ne pouvais toutes les identifier. L'impression d'être enfin – et vraiment- libre. Je l'avais déjà connue après mettre évadé la première fois, mais ça n'était rien comparé à ce que je ressentais là. Le Centre n'existait plus : les chaînes qui m'empêchaient jusque là d'être vraiment libre venaient de céder à force de souffrances, de secrets révélés, de batailles, d'espoir et de confiance.

Le Centre avait toujours voulu m'isoler en limitant mes contacts avec d'autres personnes. Le peu de gens que j'avais connu n'était plus là, ou, dans le cas de Parker, nous avions été séparés. Et aujourd'hui, face au tas de ruines et de cendres qu'était devenue la Maison du Diable, nous étions tous ensemble. C'était ensemble que nous avions vaincu le Centre. La joie que je ressentais à cet instant venait autant de la destruction de la source des toutes les douleurs de ma vie, que du fait que nous étions la cause de cette destruction.

Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis notre périple dans les Grottes de Sable. Dès notre retour en Amérique, j'avais contacté l'agent Zane de la NSA pour qu'elle nous aide à démanteler le Centre. Nous lui avions raconté toute l'histoire et la confiance qu'elle avait eue en moi pendant l'affaire « Caméléon » avait aidé à finir de la convaincre. Elle avait accepté de nous aider et s'était lancée dans une longue enquête pour la constitution d'un dossier sans faille contre le Centre. Nous y avions travaillé ensemble pendant des mois : il ne fallait pas que le Centre s'en sorte. Et tout ce travail avait porté ces fruits : tout le personnel du Centre et du Triumvirat était désormais derrière les barreaux et sous haute surveillance. J'avais moi-même revu tous les systèmes de sécurité.

Mlle Parker :

La moitié d'une vie prisonnière de murs qui maintenant n'existaient plus. Je pouvais enfin goûter à la liberté. J'étais là, devant le Centre en ruines, au côté de Jarod, comme le symbole de ce que l'entreprise du Delaware avait toujours voulu éviter.

Jarod tenait la boite qui contenait les rouleaux, prêt à l'ouvrir et à brûler ses écrits déclencheurs de drames. Mais avant d'en arriver là, d'être auteurs et témoins de la chute du Centre, nous avions du raconter toute notre histoire. L'agent Zane nous avait cru mais ça n'avait pas été facile pour moi de me confier à elle.

C'était quelqu'un d'extérieur au Centre. Elle découvrait seulement leurs actes, elle ne les avait pas vécu pendant la moitié d'une vie. Alors j'avais pensé qu'elle ne pouvait pas comprendre… Mais elle avait su écouter et poser les bonnes questions sur les sujets douloureux –parce que, quoique j'en dise, la mort de ma mère n'était pas une blessure cicatrisée.

Après tout un travail de reconstitution à partir de preuves irréfutables et de témoignages accablants, les arrestations s'étaient faites par dizaine. Seul Lyle avait échappé à tout ça. Nous ne l'avions pas revu depuis notre visite des Grottes de Sable. Mais, il était hors de question qu'un malade comme lui reste dans la nature, non seulement pour ses agissements au sein du Centre mais aussi pour toutes les jeunes femmes asiatiques qui avaient probablement fini en sushi.

J'avais donc aidé l'agent Zane à le retrouver. Pendant cette enquête, j'avais appris à la connaître –mieux vaut connaître quelqu'un qui sait tous vos secrets- et j'avais découvert une femme de caractère qui ne se laissait pas faire par ses supérieurs. En voyant qu'on s'entendait bien toute les deux, Jarod nous avait surnommé « l'équipe de choc » !

Retrouver Lyle nous avait pris quelques jours : il s'était fait assez discret en se réfugiant en Asie comme gérant d'un petit restaurant. J'avais d'ailleurs demandé à ce qu'on vérifie si la nourriture servie était bien d'origine animale. Lyle m'avait accueillie comme il se doit :

« - Hey soeurette ! Je te croyais écrasée sous un tas de pierre dans les Grottes »

- J'ai préféré te préparer une cellule de trois mètres sur trois, avais-je répliqué pendant que l'agent Zane procédait à son arrestation ».

Agent Zane :

Comment pouvait-on faire grandir des enfants dans tant d'atrocités et de mensonges ? Je parlais autant de Jarod que de Mlle Parker et des autres enfants.

Mlle Parker ne s'était pas confiée facilement. Elle était de nature méfiante, ce qui était compréhensible vu ce qu'elle avait vécu. Quand on avait parler de sa mère, Jarod l'avait aidée : quand c'était trop douloureux pour elle d'en parler, il prenait le relais, continuait à sa place.

Chacune des personne de leur petit groupe avait du tout me raconter. Grâce à cela, on avait pu arrêter tous les coupables et ensuite fouiller les bâtiments du Centre de fond en comble. Mon équipe avait trouvé plein de dossiers que l'on avait confié à Jarod et ses amis pour les aider dans leur recherche de la vérité. C'était comme ça que Jarod avait bien avancé à propos de sa mère.

Nos plus grands spécialistes avaient repris les recherches de Jarod sur le cas d'Angelo afin de lui trouver un remède. Mais, depuis qu'il vivait entouré des gens qu'il aimait, il avait déjà fait quelques petits progrès.

Quant à Parker, elle avait découvert des dossiers et des tests qui dévoilaient de façon infaillible l'identité de son véritable père.

Sydney :

Je relus pour la énième fois la dernière lettre que Catherine m'avait adressée et que j'avais découverte suite aux fouilles effectuées au Centre.

« Sydney,

Cette lettre n'est pas vraiment la façon dont je voulais te l'annoncer mais j'ai un mauvais pressentiment qui me presse de te dire ce qui suit.

Je suis désolée de ne pas t'avoir dit que tu es le père de ma petite fille. J'espère que tu me pardonneras. Sache en tous cas que tu es ce qui m'est arrivé de mieux avec ma…notre fille.

Avec tout mon amour,

Catherine. »

J'avais été surpris d'apprendre que j'étais le père de Mlle Parker. Bien sûr, je ressentais bien plus qu'une forte amitié pour Catherine, mais nous n'avions passé qu'une seule nuit ensemble…

Mlle Parker l'a bien pris. J'avais craint sa réaction mais j'avais lu le bonheur dans ses yeux quand je le lui ai annoncé. A sa demande, je lui ai raconté ma relation avec Catherine et elle m'a remercié du bonheur que j'avais su apporter à sa mère. Parker s'était ensuite réfugiée dans mes bras et m'a dit ces mots que je n'oublierais jamais : « Je suis vraiment heureuse que vous soyez mon père ».

Mlle Parker :

Sydney se tenait à la gauche de Jarod et nous observait d'un œil protecteur. Tout le monde ici voulait en finir avec l' « entreprise » qui nous avait pris la moitié de notre vie.

Sydney lui donna une tape amicale sur l'épaule en signe d'encouragement et Jarod prit ma main. Nous nous avançâmes le plus près possible des ruines. Jarod sortit les deux rouleaux de leur boite pendant que je sortais les briquets. Après un dernier regard, nous mîmes le feu en même temps aux parchemins. La boite subit le même sort. Quand tout eut fini de brûler, Jarod me regarda, surpris.

« - Il n'y a aucune cendre, aucune trace de ce que nous venons de brûler, constata-t-il.

- On aura vu des choses bizarres jusqu'à la fin de cette histoire, ironisai-je ».

Jarod sourit à ma remarque. Qu'il y ait des traces ou non n'avait pas d'importance : tout était fini désormais.

Les blessures, elles, étaient bel et bien là. Certaines plus profondes et plus marquées que d'autres, et une qui ne s'effacerait jamais vraiment.

Je croisai le regard de Jarod : c'était à cet instant que notre nouvelle vie commençait. Et je fis quelque chose dont je ne me serais jamais cru capable :

« - Je t'aime, lui dis-je le plus naturellement du monde ».

Il me regarda, heureux, puis m'enlaça tendrement avant de m'embrasser.

Broots :

Une page venait de se tourner.

Mlle Parker et Jarod revenaient vers nous, souriants. C'était le début d'une nouvelle vie.

Je regardai Debbie dans les bras de Julian : c'était vraiment une nouvelle vie ! Bien sûr, elle m'avait déjà parlé de quelques garçons mais c'était des petites histoires de son âge. Avec Julian, ça avait l'air d'être plus sérieux alors, même s'il était le clone de Jarod, il n'avait pas échappé à un interrogatoire en règle. Il s'agissait quand même du cœur de ma petite fille ! Julian s'en était bien sorti.

Soudain Josh échappa à ma surveillance et courut vers ses parents. Ça avait beau être une nouvelle vie, la mienne serait courte si le petit ne revenait pas ici tout de suite. Mlle Parker me l'avait confié quelques minutes et voilà qu'il s'échappait : c'était sûr, j'étais un homme mort !

Jarod réceptionna Josh qui lui avait sauté dans les bras. Mlle Parker me foudroya du regard.

« - Broots ! Vous n'êtes pas capable de surveiller un enfant quelques minutes ! aboya-t-elle en souriant à moitié ».

Elle n'avait pas arrêté de me « martyriser » depuis la chute du Centre, mais c'était devenu une sorte de code entre nous : nous étions contents que l'autre soit là. Drôle de code, je l'accorde, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Je ne voyais pas Mlle Parker me prendre dans ses bras et me dire « je suis contente que vous soyez là ». Ca serait trop…bizarre.

« - Josh a le même entêtement que vous, ce n'est pas de ma faute ! Tentai-je pour me défendre ».

Jarod sourit à cette remarque. Mlle Parker me foudroya à nouveau du regard –ah, les vieilles habitudes !- mais sourit aussitôt après.

« - Dispute pas Broots, maman, intervint Josh. C'est pas sa faute, il pouvait pas arrêter de regarder Tatie Emily ! »

Tout le monde se mit à rire. Là, c'était sûr, je devais être tout rouge. J'aurais préféré deux ou trois remarques bien lancées de Mlle Parker…

Jarod :

Avec Parker, nous avions enfin la chance de vivre une vie de famille : de la présence, de l'amour…tout ce dont Parker avions manqué pendant notre enfance.

Parker passa un bras dans mon dos et se rapprocha de moi. Josh posa sa tête sur mon épaule. Une de mes rêves se réalisait : j'avais une famille.

Je regardai autour de nous. Sydney parlait avec l'agent Zane. Broots se tenait aux côtés d'Angelo et baissait les yeux à chaque fois qu'il croisait ceux d'Emily. Elle et Ethan se chamaillaient gentiment. Et Debbie était dans les bras de Julian.

« - Bientôt tes parents seront là, avec nous, me murmura Parker à l'oreille ».

Je lui souris, confiant, puis l'embrassai.

La vie reprenait enfin ses droits.

Note de l'auteur : Voilà, cette fic est terminée ! J'espère que cette histoire vous a plu et que l'épilogue ici présent ne vous a pas déçu (j'attends vos avis avec impatience). Merci à tous ceux qui ont lu jusqu'ici et à tous ceux qui m'ont laissé des reviews !