Voici ma nouvelle fic, à chapitres courts...
Si ça vous plait, laissez-moi un message! Biz
Chapitre 1: Bourreau de mon corps
Recroquevillé dans un coin du salon plongé dans la pénombre du soir, derrière le fauteuil vert bouteille, il ramena ses jambes douloureuses jusqu'à son menton et les entoura de ses bras. Sa lèvre était fendue mais ses côtes n'étaient que fêlées, il ne connaissait que trop la douleur lancinante d'une côte cassée. Il avait appris la différence… à de nombreuses reprises.
Il avait probablement l'épaule disloquée et sa mâchoire ne répondait pas aux ordres de son cerveau. Son œil était cerné d'une auréole rougeâtre qui virerait sans aucun doute au pourpre d'ici quelques heures, et le vert de ses grands yeux humides semblait terni. Il voulait pleurer mais il n'y arrivait pas, du moins c'est ce qu'il croyait parce qu'il sentait que ses mains étaient humides mais il ne baissa pas les yeux sur elles, il se dit que c'était certainement le sang qui s'échappait des plaies béantes. Il se contentait de balancer son corps d'avant en arrière, en l'attendant.
Il reviendrait, il revient toujours. Et il panserait ses plaies comme il le fait toujours, puis il le prendrait dans ses bras et il s'excuserait avant de promettre que cette fois, c'était la dernière, comme il le fait toujours.
Ce n'était pas sa faute, il le savait bien. Il n'avait pas toujours été comme cela et non, ce n'était pas un monstre. Il ne vivait plus que pour cette chaleur qui s'emparait de son corps lorsqu'il l'entourait de ses bras puissants et que de la même manière que ces mains l'avaient faîtes souffrir, elles l'apaisaient, inexplicablement.
Les Dursley n'avaient jamais été vraiment violents avec lui, verbalement, certes, mais il était comme imperméable face à tout ce qui pouvait sortir de la bouche de ces personnes. Il ne les voyait plus de toute façon maintenant. Il avait enfin atteint sa majorité et ce, depuis un an, et vivait à présent dans cet appartement sur Diagon Alley surprotégé pour sa propre sécurité.
On lui avait toujours dit que les mots font bien plus mal que les coups mais que se passe-t-il si chaque poing reçu, mis bout à bout, forme une phrase? Que se passe-t-il quand ses poings lui parlent?
Les mots ne leur servaient pas à communiquer et les baguettes ne leur étaient d'aucune utilité mais il avait découvert que les poings pouvaient être très bavards. Quand la douleur va au-delà des mots, la seule forme de communication peut s'avérer être les coups, il le savait maintenant.
Pourquoi ne se défendait-il pas? Il était fort, c'était un survivant mais il était là, derrière ce fauteuil, secoué de violents tremblements, provoqués par la douleur probablement.
Soudain, la porte s'ouvrit, une heure, peut-être deux ou même plus, s'était écoulée mais il n'avait pas bougé. Il était revenu, il revenait toujours. Il expira, il n'avait même pas noté que son souffle s'était coincé quelque part entre ses poumons et sa gorge. Depuis combien de temps, il ne le savait pas.
La grande silhouette svelte fouilla la pièce du regard puis deux billes d'acier se posèrent sur le petit corps tremblant dans le coin de la pièce.
Il contourna la table basse et s'engouffra dans un étroit couloir. Il revint quelques minutes plus tard avec un large bol d'eau claire, une serviette humide et quelques bandages.
Il ne dit rien et s'accroupit près du corps tuméfié. Il procéda méthodiquement mais avec douceur.
Il nettoya d'abord le sang à l'aide du linge humide.
C'était si bon de sentir la fraîcheur de l'eau sur sa peau irradiant sous la chaleur des restes de coups qu'il avait reçu. Il émit quelques gémissements de douleurs lorsque le linge se posa sur les plaies les plus profondes, les mains bienfaitrices se firent alors plus douces.
Il n'aurait pas besoin de bandage cette fois. Quelques sorts de guérison et un ou deux sorts de dissimulation suffirait à donner le change. Le bourreau s'exécuta, lui ôtant précautionneusement sa chemise, sa peau brunâtre révélant les marques de précédents échanges qui avaient subsistés.
Il avait fini, on ne voyait plus rien. Les sorts de dissimulation avaient achevé de camoufler les meurtrissures qui mettraient plus de temps à guérir.
Il l'aida à se relever doucement, car bien que ses blessures soient cicatrisées, il tremblait encore et il fut pris d'un violent vertige lorsqu'il fut complètement debout. Il attrapa le bras de son bourreau avec force et s'y agrippa pour ne pas chuter. Ce dernier le déposa avec précaution sur le fauteuil vert derrière lequel il se cachait encore quelques minutes auparavant, puis il s'agenouilla face à lui et posa son front contre ses genoux.
- Harry, je suis…
- Je sais.
Il n'eut pas besoin d'en dire plus. Ledit Harry le fit se relever et le prit tendrement dans ses bras.
Ils se séparèrent plus rapidement qu'il ne l'aurait souhaité et Harry pouvait apercevoir toute la douleur qu'il ressentait dans les deux billes d'acier qui n'osaient affronter son regard. Il savait que même s'il était le seul à recevoir les coups, ils partageaient la douleur.
Le bourreau s'éloigna quelques instants, son regard avait été attiré par quelque chose de brillant sur le sol de la petite cuisine de leur appartement. Il se pencha et ramassa les lunettes du survivant qui avait du s'écraser au sol quand…
Elles étaient cassées, encore. Il murmura un reparo puis lui tendit ses lunettes.
Il souffla un timide «merci».
Son bourreau s'éloigna, se dirigea vers leur chambre, la tête baissée, les épaules voûtées.
Harry, lui avait besoin de prendre une douche, comme à chaque fois. L'eau chaude s'écoulant sur son corps meurtri soulageait ses muscles endoloris, le bien-être l'envahissait à nouveau comme lorsqu'il était dans ses bras et il se surprit à sourire. Il y avait bien longtemps que cela ne lui était pas arrivé et il en eut honte. Il ne pouvait pas sourire, il ne devait pas sourire, il n'en avait pas le droit, il n'en avait plus le droit. Il avait perdu ce droit il y avait onze mois déjà.
Il sortit de la douche, sa peau fumait encore de l'eau bouillante qui se déversait sur lui quelques minutes auparavant, il se ceignit les hanches d'une serviette blanche immaculée. Il prit tout son temps pour se sécher, massant chaque parcelle de peau. Les plaies avaient disparu mais il faudrait quelques heures avant que la douleur ne s'estompe complètement.
Il revêtit un simple boxer noir puis se dirigea vers leur chambre.
Son bourreau était allongé sur le dos, les draps relevés sur lui jusqu'à la taille. Sa tête reposait dans ses mains, elles-mêmes repliées sous sa nuque. Il le vit entrer et le gratifia d'un sourire timide. Il pénétra plus avant dans la pièce, regardant fixement cet homme, allongé dans leur lit. Il avait renoncé à penser, à réfléchir depuis quelques mois déjà et ce fut un regard vide qui se posa sur lui, vide de toute colère, vide de toute amertume, vide de toute vengeance, vide de toute haine. Les yeux verts étaient toujours emplis de cette même émotion que le bourreau ne parvenait à saisir, cette lueur un peu folle qui lui faisait penser qu'il devait forcément se méprendre, ses grands yeux de jade qui ne reflétaient que cette folle lueur de gratitude.
Harry se glissa entre les draps, le plus près qu'il put de son bourreau. Ce dernier se lova contre le corps du jeune homme et son corps se trouva presque à moitié sur celui de Harry qui entoura sa taille fine d'un bras possessif. La main de son bourreau chercha la sienne à tâtons et la trouva à la même hauteur que la tête de Harry. Leurs doigts s'entrelacèrent lorsque sa tête vint se poser délicatement sur l'épaule douloureuse du survivant. Ils fermèrent les yeux alors que leurs jambes s'entrelacèrent de la même manière que leurs doigts.
On aurait dit qu'ils dansaient s'ils n'avaient pas été étendus et immobiles, blottis l'un contre l'autre, un soupir d'aise s'échappa de l'un d'entre eux alors qu'ils s'endormaient, comme à chaque fois.
Harry se réveilla bien vite, il ne dormait jamais longtemps. Draco n'avait pas bougé, toujours lové contre lui, il soupirait d'aise dans son sommeil. Harry détacha sa main de la taille de son compagnon et dégagea une mèche de cheveux de son visage. Il aimait ce regard que Draco posait sur lui. Il aimait ce qu'il y lisait parce qu'il y avait tant à lire.
Il faisait encore nuit noire dehors et son épaule le faisait souffrir. Il avait demandé à Madame Pomfrey s'il pouvait accéder au stock de potions réparatrices en tous genres. D'abord sceptique, elle avait accepté lorsqu'il lui avait relaté les conséquences de la dernière attaque.
Il contemplait toujours Draco. Il commençait à s'agiter et le mouvement de ses paupières indiquait à Harry qu'il faisait encore des cauchemars. Parfois il se surprenait à l'envier parce que même si son sommeil était peuplé de cauchemars en tous genre, cela restait du sommeil.
Perdu dans ses contemplations, il ne remarqua même pas les deux billes d'acier le scrutant dans l'obscurité de la pièce.
- Tu ne dors pas?
Il secoua négativement la tête en guise de réponse.
Draco bougea un peu sur lui et Harry grimaça.
- Tu as mal?
Il secoua négativement la tête sachant bien que l'homme en face de lui n'était pas dupe. Draco se dégagea et tâta son épaule de sa longue main fine, puis son expression concentrée se changea en masque horrifié.
- Pourquoi tu n'as rien dit?
Harry baissa les yeux. Il ne savait pas au juste. Draco avait soigné et camouflé le reste de son corps mais il avait oublié son épaule, toujours disloquée et très douloureuse, épaule sur laquelle il avait dormi une bonne partie de la nuit mais Harry n'avait rien dit.
Draco avança sa main mais Harry se leva précipitamment.
- Ce n'est rien.
- Ne sois pas ridicule je vais te soigner ça.
Harry s'approcha alors que Draco prenait sa baguette et commencer l'auscultation minutieuse de son épaule. Il lança le sort de guérison le plus efficace qu'il connaissait alors qu'il maintenait fermement l'épaule de Harry d'une main et enfoncer sa baguette dans la chair blessée de l'autre. Bientôt Harry ne ressentit plus qu'une légère douleur s'apparentant à un picotement. Draco fit le tour de son épaule de sa main puis la laissa glisser sur son torse découvert, Harry baissa les yeux et Draco ôta ses mains.