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Ensuite, merci aux revieweurs (il me semble avoir répondu à tout le monde) et surtout à Uruviele pour ses correction comme toujours !


Tenir ses promesses

Le canari

De retour dans la tour des Gryffondors, la première personne que je vis en arrivant fut James, qui se précipita vers nous. Liloo lui tendit discrètement sa cape et lui murmura en plaisantant :

- Tu avais peur de ne plus la revoir ? Il lui fit une tape dans le dos et ajouta, il ne fallait pas t'inquiéter, on allait forcément revenir, on habite ici, je te rappelle.

Je ne sais pas pourquoi, mais cette remarque me fit sourire, et Marlène également.

- Vous auriez vu vos têtes, répondit James, il y avait vraiment de quoi se faire du souci !

Il n'était pas venu pour sa cape visiblement, mais pour nous ! On ne devait pas vraiment avoir l'air de joyeux lurons en partant. Alors je décidai de le rassurer.

- T'inquiètes pas, c'est bon maintenant, on s'est expliqué. En disant cela, j'avais le sourire aux lèvres et mes deux amis également.

Tout en parlant, nous nous étions dirigés vers l'intérieur de la salle commune.

- Bon, vous allez me dire ce qui vous est arrivé ? L'impatience marquait sa réplique.

Si nous avions été trop curieux dans toute cette histoire, nous n'étions pas les seuls à souffrir de ce défaut apparemment. Mais il n'était absolument pas question de lui donner satisfaction. Et c'est Liloo qui prit les choses en mains. Il ne fallait quand même pas vexer James, sa sollicitude nous faisait plaisir.

- Non, on ne te dira rien. La dureté de sa phrase était atténuée par un regard malicieux et un sourire franc.

- Oh, allez ! On s'est fait un sang d'encre avec les gars. D'habitude vous vous entendez très bien et là… Il laissa sa phrase en suspens.

- Bon tout ce que je peux te dire, c'est que nous ne nous étions pas disputés. On avait juste une petite mise au point à faire, c'est tout. Là, par contre, le ton de Liloo était calme mais ferme malgré tout.

James était surpris. Il ouvrit la bouche un instant pour répondre, puis sembla se raviser pendant un quart de seconde, avant d'ajouter d'un air incertain :

- Mais je dis quoi aux autres moi, ils vont me harceler pour savoir ce qui s'est passé !

- Et bien tu leur dis que tu es désolé mais que l'on n'a rien voulu te dire, et de la même façon que les Maraudeurs ont leurs secrets… et Marlène termina ma phrase dans une synchronisation parfaite.

- Nous, nous avons les nôtres !

- Dans tous les cas, James, merci de nous avoir prêté ta cape.

J'avais ajouté ça pour adoucir notre refus. Il n'était pas habitué à ce que quelqu'un, et encore moins nous, ne lui résiste. Mais c'est une leçon que Lily allait lui inculquer de force d'ici peu, et qui allait prendre quelques années !

Et sans lui laisser le temps de répondre, nous avions pris la direction de nos dortoirs respectifs.

Le lendemain, c'est Peter qui vint aux nouvelles, puis après avoir essuyé un échec, Sirius. Et ce dernier n'eut pas plus de chance. Ensuite nous nous attendions à voir Remus débarquer, chacun de nous trois espérant pouvoir agir normalement devant lui. Non pas que notre attitude allait changer envers lui mais notre secret le concernait directement tout de même.

C'est donc fébriles que nous attendions sa visite. Mais notre confrontation tarda un peu. Je dis confrontation parce que depuis la visite de Sirius, leur sollicitude nous apparaissait plus comme un interrogatoire qu'autre chose. On ne peut pas dire qu'il s'était montré très subtil, il avait même été franchement direct, comme toujours.

Tellement direct que je me dis qu'il n'aurait jamais pu trouver sa place à Serpentard. Pas une once de ruse dans son comportement. Il était allé droit au but. Plus tard je compris que cette façon de faire était plus une réaction de rejet face aux valeurs et aux agissements de la maison concurrente de la nôtre.

Il était tout à fait capable de faire preuve de tactique et de fourberie mais cela semblait impliquer, pour lui, qu'il devait admettre qu'il venait d'une famille de Serpentards. Et ça il n'en était pas question. Enfin tout cela pour dire qu'il nous avait un peu malmenés, en restant tout de même très correct, mais suffisamment pour attendre avec un peu d'inquiétude notre rencontre avec Remus. Même si nous nous doutions bien que cette entrevue allait être différente, du fait de la personnalité de ce dernier.

Il vint nous voir après le dîner, l'air un peu gêné. En s'asseyant à notre table, il nous fit un sourire doux et attaqua tout de suite. Mais j'eus plus l'impression que c'était une façon de se débarrasser d'une corvée plus que de l'impatience pour nous faire parler :

- Ecoutez, je suis désolé de remettre ça sur le tapis, encore une fois, mais les autres ne veulent pas lâcher l'affaire…

Il affichait une mine contrite en prononçant ces paroles, mais Liloo le coupa tout de suite.

- Ne perds pas ton temps Remus, on ne dira rien. Et de toute façon, il ne s'est rien produit d'exceptionnel, alors vous pouvez penser à autre chose.

En jetant un coup d'œil aux trois autres, assis un peu plus loin, il nous dit en prenant le ton de la confidence :

- Ils sont certainement trop curieux, c'est vrai. Mais ils se sont inquiétés pour vous, alors ils ne vont pas s'arrêter là. Ce serait mieux de leur dire, puisque d'après ce que vous dites, ça n'a pas vraiment d'importance.

La manœuvre n'était pas mal. Pas très subtile, certes, mais elle aurait presque pu marcher, si le sujet avait été différent. Alors c'est moi qui enchaînai.

- Donc, si je te suis, ils se font du souci. Et pas toi ? Ils sont trop curieux. Et pas toi ? Et puis c'est vrai, on va vous dire notre secret juste pour vous faire plaisir. C'est ça ?

J'avais prononcé ma réplique sur un ton malicieux et rieur, mais mon regard n'avait pas lâché le sien. Et je continuai pour enfoncer le clou.

- Tu sais Remus, j'ai un ami qui a un secret. Mes yeux étaient encore rivés aux siens. Je ne sais pas de quoi il s'agit, mais il m'a assuré que je ne devais pas m'inquiéter pour lui. Alors j'ai décidé de lui faire confiance. En plus, je suis certaine que si un jour la situation le nécessite, il viendra demander de l'aide. Alors ce que l'on attend de vous, c'est que vous fassiez de même en nous faisant tout simplement confiance.

Il avait saisi le message. Liloo et Marlène également, mais ils ne le montrèrent pas, bien entendu. Ils n'étaient pas censés savoir que Remus cachait quelque chose.

- Très bien, c'est vous qui voyez ! Mais si vous avez besoin, vous n'hésitez pas. D'accord ?

- Il n'y aura pas de problème. C'est juste une petite histoire entre nous qui n'aura pas plus de conséquences, le rassura Marlène. Puis elle ajouta, en riant presque:

- Mais, par contre, on prend note de la proposition d'assistance, parce qu'en ce moment on galère pas mal en cours de métamorphose.

L'esprit pratique de Marlène m'a toujours épatée et son opportunisme aussi parfois. Et là dans un sourire à la fois sympathique et énigmatique, Remus répondit :

- Oh ! Pour la métamorphose faudra voir ça avec James et Sirius, c'est eux les spécialistes.

Tiens ! Je ne savais pas. En jetant un coup d'œil à Liloo et Marlène, je les vis tout les deux noter l'information comme moi.

Puis il se leva, et partit rejoindre ses acolytes. A son arrivée, dans leur coin, il échangea quelques mots avec eux.

James, Sirius et dans une moindre mesure Peter, nous jetèrent un regard qui voulait clairement dire : on finira par trouver de toute façon ! Ces types étaient vraiment des têtes de mule !

Mais ils eurent beau chercher, nous espionner pendant quelques semaines et par moment nous questionner, encore, ils ne purent rien découvrir. Pour la simple et bonne raison que nous avions décidé de ne plus aborder le sujet qu'en cas d'extrême nécessité. Même la semaine qui suivit ces événements, celle qui allait voir la pleine lune arriver, nous n'avons pas échangé un seul mot. C'était trop dangereux. Et c'est donc impuissants que nous avions regardé l'état de santé de Remus se dégrader, puis disparaître comme chaque mois et enfin, à notre plus grand soulagement, revenir.

Les seuls échanges, que nous nous accordions sur le sujet, étaient uniquement faits de regards entendus, et encore, nous faisions très attention à ce qu'ils ne soient pas interceptés !

Cette situation était affreuse, ne pas pouvoir parler pour décharger le poids qui pesait sur nous, mais il était hors de question de craquer. Il en allait de la sécurité et du bien-être de Remus. Puis, petit à petit, nous avons appris à vivre avec ce secret, restant toujours vigilants et à l'écoute mais moins focalisés dessus.

Aujourd'hui, je sais que l'esprit humain est capable de s'habituer à toutes les situations, même les plus extrêmes, même les plus douloureuses, et de continuer à avancer malgré tout. Mais à cette époque, je n'avais pas encore assez souffert pour arriver à cette conclusion et je m'étais demandée, à un moment, si ce n'était pas un manque de sensibilité de ma part que de continuer comme ça. Comme si de rien n'était. Puis j'avais observé mes amis, et les Maraudeurs aussi, et j'avais compris que l'on faisait tous la même chose. On vivait avec cette vérité. Remus Lupin était un Loup-garou et il fallait l'aider et le protéger un maximum.

A cette époque là, j'avais également un autre sujet de préoccupation. Certes beaucoup moins important, mais avec le recul, je ne peux que me rendre compte qu'il fut déterminant pour la suite des événements.

En ce mois d'avril, Lily semblait de plus en plus soucieuse. Me doutant que son attitude était directement liée à celle d'une autre de mes connaissances, Severus Rogue, en l'occurrence, je me décidai à lui en parler. Parce que j'avais bien remarqué que cette année-là, l'attitude de ce dernier était de plus en plus préoccupante. Il s'immergeait toujours plus dans la magie noire, était de plus en plus agressif dans ses attaques contre James et les autres, qui le lui rendaient bien, soit dit en passant. Et ses autres amis étaient tous de partisans avérés de Voldemort. De toute façon, lorsque vous parliez de lui à qui que ce soit d'autre, extérieur au problème, il vous répondait :

- C'est un adepte de Tu-Sais-Qui.

S'il n'avait pas continué à voir régulièrement Lily et malgré toute la confiance que je lui portais, je pense que j'en aurais tiré la conclusion, qui s'imposait déjà, mais que je ne voulais pas admettre : Severus était un Mangemort en puissance. Cependant je n'étais pas encore prête à ça. A mon âge, ma vision de la vie était encore trop simpliste, le bien, le mal, le noir, le blanc. Il me manquait encore quelques nuances pour approcher la vérité.

Par contre, Lily semblait déjà avoir accepté cette réalité et ce n'est que l'affection qu'elle lui portait qui lui faisait maintenir ses relations avec lui. Mais elle était très inquiète et, à ma grande surprise, en colère également.

- Tu te rends compte, Lizzie, du potentiel qu'il a et qu'il gâche en traînant avec ces abrutis de première.

Là, à mon avis, elle avait tout faux, il était évident que les Mangemorts sauraient utiliser au mieux les capacités de Severus. Mais je préférai ne pas la contredire. Lily avait surtout besoin de parler pour soulager son angoisse.

- Ne me dis pas qu'il fait ça pour s'intégrer dans sa maison. Il pourrait rester neutre au moins, mais là non, il participe Lizzie. Tu te rends compte, il participe.

Elle avait les larmes aux yeux et moi je ne savais plus quoi répondre. Oui, il participait, c'est vrai. Mais il s'en prenait le plus souvent aux Maraudeurs, et ils étaient loin d'être sans défense face à lui. Ce n'était pas comme d'attaquer en surnombre un petit premier année à cause de ses ascendances. Alors je tentai quelque chose pour lui remonter le moral.

- Ecoute, il ne s'attaque directement qu'aux Maraudeurs et à mon avis c'est plus par jalousie qu'autre chose.

- Les Maraudeurs, quel nom ridicule si tu veux mon avis ! fit-elle avec une moue de dégoût et un ton quelque peu rageur.

J'avais voulu changer un peu de sujet, et bien c'était réussi.

- C'est Marlène qui l'a trouvé. J'avais un air sérieux en disant ça mais intérieurement je jubilais. Elle ne voulait jamais entendre parler d'eux et ça m'agaçait tout de même un peu. Et rien ne pouvait lui faire perdre pied sur le sujet !

- Peut-être mais c'est eux qui ont voulu un nom pour leur groupe ridicule ! Et c'est ça qui ne me plaît pas.

Elle m'avait vexée. D'abord, cela n'avait pas à lui plaire. Ca ne la concernait pas. J'avais bien envie de lui dire que c'était mon idée, de leur trouver un nom, mais ça aurait été mentir. Et puis, de toute façon, elle aurait trouvé autre chose.

En plus, elle semblait particulièrement remontée contre mes amis ce jour-là. Je me demandai ce qui avait bien pu se passer. Elle était peut-être tout simplement sur les nerfs, avec cette histoire avec Severus, mais je préférai en avoir le cœur net.

- Euh, il y a un problème avec les Maraudeurs ? Ils ont encore fait quelque chose ?

Et là, contre toute attente, elle explosa :

- Tu me demandes s'il s'est passé quelque chose ? Mais tu dois le savoir non ? Tout Poudlard doit être au courant maintenant…

Surprise, c'est le mot, j'étais surprise et curieuse aussi. Qu'est-ce que les garçons avaient bien pu faire pour la mettre dans cet état ? Je n'étais pas allée déjeuner, j'avais eu trop de travail et après les cours, j'étais passée directement de la Bibliothèque au parc, avec Lily. Alors je n'avais pas eu le temps de voir mes amis, à part Lily, bien entendu. Heureusement elle finit par me dire ce qui l'avait mise en colère.

- Sortilège du canari, me dit-elle les lèvres pincées, sur Severus, évidemment.

Le Sortilège du canari, il était plutôt drôle celui-là. La victime se transformait en canari géant pendant un laps de temps assez court. Ce n'était pas bien méchant. Alors je commençais à sourire. Malgré toute l'amitié que je lui portais, Severus en canari jaune, comprenez-moi s'il vous plaît ! Même encore aujourd'hui, à mon âge, cela ne me laisse toujours pas indifférente. Mais elle ajouta tout de suite :

- Doublé d'un sortilège de confusion. Il a tourné sur lui-même pendant un bon quart d'heure au milieu du hall d'entrée !

Bon, ça, c'était moins sympa, mais il n'y avait pas mort d'homme non plus. Les garçons n'avaient fait que répondre à la dernière attaque de Severus, qui avait jeté à James et Peter un maléfice de chauve furie au détour d'un couloir la semaine passée. C'était tout de même dangereux, bien plus que cette histoire d'oiseau !

- Ecoute Lily, ce n'est pas la peine de t'énerver pour ça.

- Mais ils l'ont humilié Lizzie !

- Lily, il en fait autant avec eux. Je voulais la calmer, et défendre mes amis également, parce qu'ils n'avaient pas tout les torts non plus.

- De toute façon, tu es toujours de leur côté !

- Je ne sais pas pourquoi tu réagis comme ça, mais je n'ai jamais pris parti dans leurs histoires. Je suis désolée mais ce n'est pas maintenant que je vais commencer.

Et là elle me dit d'une petite voix, ce qui l'avait mise dans cet état :

- Je n'arrête pas de lui dire de revenir du bon côté, d'arrêter avec la magie noire, mais il ne le fera jamais, si ils continuent à l'attaquer comme ça.

- Tu veux que je demande aux Maraudeurs de devenir Mangemorts pour que Severus passe dans le camp adverse ?

Ma réplique aurait pu prêter à sourire, mais je l'avais dite d'un ton froid presque agressif.

Les garçons avaient beaucoup de défauts, surtout à cette époque. Ils n'étaient pas toujours très tendres avec les autres, mais ils pouvaient tous être fiers d'une chose, ils avaient choisi leur camp sans l'ombre d'une hésitation. Je suis convaincue que même Peter, à ce moment-là, n'avait pas réfléchi avant de se ranger dans le camp des opposants à Voldemort. Alors suggérer que l'attitude de Severus était due à leur comportement, il y avait des limites à ne pas dépasser. Il ne fallait pas oublier que c'était tout de même sa décision. En plus, comme l'avait dit Lily un peu plus tôt, il aurait très bien pu se tenir à l'écart de tout ça, même des Maraudeurs. Mais il préférait les affronter et remettre toujours un peu plus d'huile sur le feu. Alors non il était hors de question que qui que ce soit accuse mes amis d'être responsables de cette situation !

Mais lorsque je vis le visage de Lily se décomposer devant ma réplique, je compris que j'avais un peu exagéré. Alors je la rassurai comme je pouvais et je lui promis de faire mon possible pour parler à Severus. Même si il était déjà évident que cela serait en vain.

Malgré mes paroles réconfortantes, elle affichait toujours un air sinistre au moment de nous séparer, et elle tenta une dernière chose.

- Tu ne pourrais pas leur dire de se calmer un peu avec lui quand même.

- Non, là je suis sincèrement désolée mais je ne peux rien faire. Je peux peut-être en parler un peu avec Remus mais je ne suis pas certaine que cela serve vraiment à quelque chose.

- Pourquoi à Remus ? Tu es plus proche de Potter non ?

- Parce que Remus, c'est le sage de l'histoire. Quand James, j'insistai bien sur l'emploi du prénom, et Sirius vont trop loin, c'est lui qui les recadre. Enfin dans la mesure du possible. Et puis lorsque les deux autres m'ont fait une vie impossible quand Severus a commencé à me donner des cours de potions, il a pris ma défense.

- Alors tu me promets que tu lui parleras ?

Je n'aimai pas l'espoir qui pointait dans sa phrase, dans son ton. Il valait mieux qu'elle ne se fasse pas trop d'illusion parce que pour moi, c'était une cause perdue d'avance que d'essayer de calmer les garçons. Alors je décidai de prendre le taureau par les cornes.

- Allez, viens, on va lui parler tout de suite comme ça ce sera fait.

- Quoi maintenant ? Toutes les deux ? Elle paraissait surprise par ma réaction.

- Oui, on y va ! Les autres ont une retenue ce soir, alors si on veux parler tranquillement, c'est le moment.

Je préférai qu'elle assiste à la discussion avec Remus, parce que j'étais certaine qu'il allait avoir des réserves. Comme ça au moins, elle ne s'imaginerait pas le problème réglé. Alors qu'il était insoluble, de mon point de vue en tout cas.

A notre arrivée dans la salle commune, Remus était en train de travailler à une table dans un coin. Parfait pour avoir une petite discussion sans oreille indiscrète. Je cherchais Peter des yeux, j'avais prévu de demander à Liloo et Marlène de l'occuper pendant notre entretien au besoin. Ce n'est pas que je n'avais pas confiance en lui, mais il avait une fâcheuse tendance à voir tout ce que faisait James comme génial. Alors je n'avais pas envie de le mêler à ça.

- Remus, on peut te déranger une petite seconde ?

Il leva les yeux vers nous et parut franchement surpris de la présence de Lily à mes côtés. Il nous fit signe de s'installer avec lui.

- Remus, où est Peter ? Je préférai régler ce point avant de commencer à parler avec lui.

- Avec sa copine, une Serdaigle.

Il me fit un clin d'œil et un petit sourire. Il était visiblement ravi que son copain ait enfin trouvé une petite amie. Et moi aussi. Lily par contre marqua une totale indifférence sur le sujet.

- J'ai encore raté quelque chose on dirait.

C'est vrai, j'avais toujours tendance à être la dernière au courant de ce genre de nouvelle. Ce n'est pas que les autres ne me faisaient pas confiance, mais entre mes recherches à la bibliothèque, mes cours de potions et Lily, j'étais moins présente. Alors souvent, je loupais des choses comme ça. Il m'arrivait parfois d'apprendre une relation, après qu'elle soit finie et qu'une nouvelle avait déjà commencé. Mais cette situation faisait rire mes amis et moi aussi du reste.

- Oh oui ! En ce moment tu rates pas mal de choses en effet, me répondit Remus, avec un air indéchiffrable.

J'allais lui demander ce qu'il voulait dire mais Lily se racla la gorge pour nous rappeler sa présence.

- Oui, bon en rediscutera plus tard si tu veux bien. On a un petit problème avec Lily et je pense que tu pourrais nous aider un peu.

Il reprit tout de suite un air sérieux et concerné par ce que je lui disais. Je préférai aller droit au but, plutôt que tergiverser parce que l'heure tournait et je ne voulais pas voir débarquer James et Sirius à ce moment-là.

- En fait on voudrait te parler de Severus Rogue… Je lui laissais le temps d'assimiler l'information. Il semblait surpris mais pas mécontent. C'était une bonne chose.

- Lily m'a dit que vous lui avez fait une petite blague aujourd'hui. Je jetais un coup d'œil à Lily parce que « petite blague » n'est pas vraiment le qualificatif qu'elle aurait employé. Je vis qu'elle n'était pas d'accord mais elle laissa couler.

- Oui enfin petite, Tu n'as pas idée de la préparation qu'elle a demandée ! Il avait pris un air indigné en plus !

Oh là ! Il allait me l'énerver en parlant comme ça. Mais il est clair qu'ils avaient dû y travailler dur parce que, normalement, pour transformer quelqu'un en canari, il faut lui faire avaler une potion et l'effet est immédiat. Mais là d'après ce que j'avais compris, il y avait eu un effet à retardement et en plus je ne vois pas comment les maraudeurs avaient réussi à faire ingérer quelque chose à Severus. Et tout cela sans compter que la transformation avait été plus longue que d'habitude. Mais je préférai couper court à mes réflexions. Ce n'était pas le moment.

- Je ne sais pas, je n'ai pas vu, mais je me doute que cela a dû être une opération commando.

Et oui ! Tout le temps la dernière au courant, en voilà la preuve. J'avais dit ça platement et d'un air totalement désintéressé pour ne pas l'encourager à continuer dans cette voie. J'aurais toujours le temps d'y revenir quand Lily serait partie. Non parce que encore une fois : Severus, canari… Enfin bref !

- Ecoute, si on voulait te parler c'est parce que on aimerait bien que vous leviez un peu le pied avec lui. Est-ce que tu pourrais calmer un peu le jeu ?

- Pourquoi ?

La question était simple, claire, nette et précise. Il était intrigué et ça se voyait.

- On voudrait lui laisser une petite chance de changer ses choix… De revenir à de meilleurs sentiments, si tu préfères. Mais s'il se fait constamment attaquer par le camp qu'il est censé choisir, ça ne va pas l'aider.

Je n'avais pas besoin de rajouter quoi que ce soit, il avait compris.

- Vous êtes certaines qu'il veut vraiment changer de camp ? Parce que je ne sais pas si vous l'avez bien regardé mais il ne ressemble pas à un humaniste.

Il n'avait pas tort et en plus j'étais sûre que changer de camp ne faisait pas partie des projets immédiats de Severus. Mais s'il y avait la moindre possibilité, il fallait essayer. Et je compris que Lily en était arrivée à la même conclusion que moi lorsqu'elle lui dit :

- Ecoute, c'est quelqu'un d'intelligent, il va bien finir par comprendre qu'il fait erreur.

Mais bizarrement sa phrase sonnait plus comme une question qui attendait confirmation, que comme une affirmation.

- On ne va pas reparler de ça.

Je préférai couper court à ses pensées plus que sombres pour en revenir à notre sujet.

- Remus, est-ce que tu penses que tu arriverais à calmer les autres ? Moi je sais que je ne peux pas leur demander, c'est perdu d'avance.

- Et bien, je peux les occuper à autre chose disons. Mais s'ils se font attaquer par Rogue, là je ne vois pas comment je pourrais empêcher des représailles. Et tu sais que s'ils ont besoin de moi, mon choix est fait.

- Ok, bon en gros, c'est le chat qui se mord la queue, parce que forcément Severus va se venger et donc les autres vont répliquer. Et ça va être sans fin…

Lily avait bien résumé la situation.

- Je peux peut-être atténuer les représailles. S'ils vont trop loin je ferai quelque chose.

Remus était vraiment adorable. Mais Lily n'était pas tout à fait convaincue.

- Pourquoi tu fais ça ? Nous aider je veux dire.

- Parce que Lizzie me le demande tout simplement.

Vous ne pouvez savoir le plaisir qu'il m'a fait en répondant comme ça à la question de Lily.

- Je croyais que Potter et Sirius étaient tes amis, mais tu vas faire quelque chose contre eux là.

- Non, je ne vais rien faire contre eux. Et je te l'ai dit : si je dois les aider je le ferais. Mais ce n'est pas parce qu'ils sont mes amis que je ne vois pas que parfois ils dépassent les bornes. Et ce n'est que les aider que de les empêcher d'en faire trop !

Après cette déclaration d'amitié, Lily n'avait plus rien à rajouter et s'excusa même de l'avoir un peu bousculé. On discuta encore un peu, puis Lily monta dans son dortoir, toutes ces histoires l'avaient épuisée. Avant qu'elle ne nous quitte, je lui assurai que j'allais aussi parler le plus rapidement possible à Severus.

Une fois seule avec Remus, ce dernier me fit promettre de ne rien demander aux garçons, d'après lui c'était en pure perte. Je le savais déjà et lui confirmais que c'est pour ça que j'étais venue lui parler directement.

Il me remercia pour la confiance que j'avais mise en lui. Mais derrière cette confidence, je crus déceler une angoisse plus profonde, quelque chose en rapport avec sa lycanthropie. Je sentais bien qu'il était persuadé que si je savais pour sa nature je n'aurais pas eu confiance en lui. J'eus beaucoup de mal à tenir ma langue ce soir-là. Mais le temps des aveux n'était encore arrivé.

Après un petit moment de silence, il me dit, sur le ton de la confidence :

- Je crois que James va demander à Lily de sortir avec lui. Mais pour l'instant il n'ose pas trop.

- Je te demande pardon ? James, frappé de timidité ?

- Je crois qu'elle lui fait un peu peur…

J'éclatai de rire. C'est vrai que parfois elle pouvait être impressionnante mais elle était vraiment très gentille aussi. Je savais qu'elle plaisait beaucoup à James mais je ne m'étais jamais étonnée qu'il ne lui ait pas demandé de sortir avec lui. Et c'était une bonne chose parce qu'il était clair que c'était perdu d'avance.

- Il devrait éviter de faire ça, Remus. Lily n'est pas très fan, tu sais.

- Oui, j'ai cru remarquer et j'ai bien noté le Potter aussi tout à l'heure. Par contre, elle appelle Sirius par son prénom, ça m'étonne.

Oups ! Rien ne lui échappe visiblement. Et il était franchement hors de question que je rentre dans des explications à ce sujet. Il faut me comprendre tout de même.

- Laisse tomber c'est une longue histoire sans importance. Mais je suis d'avis de dire qu'elle ne l'apprécie pas plus que James de toute façon. Et j'ajoutai quand même pour qu'il comprenne : leur côté rien ne nous résiste, nous sommes les meilleurs. Je crois que ça l'insupporte au plus haut point.

- Forcément si elle ne voit que ça d'eux.

Si même Remus, leur plus proche ami comprenait…

- Il va se casser les dents sur ce coup là.

Alors dans un sourire il me dit :

- Ce n'est pas grave, ça lui apprendra.

Il avait raison bien sûr. Cela ne pouvait qu'être bénéfique pour James. Un petit revers allait peut être lui remettre les pieds sur terre. Enfin on pouvait toujours espérer.

Je continuai ma soirée tranquillement avec lui à discuter de choses et d'autres. Et plus particulièrement de l'affaire du canari. Je n'avais pas pu m'empêcher de lui demander des précisions. Mais au bout d'un moment, une question me commença à me travailler ; mais où avaient bien pu passer Marlène et Liloo ?


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