Chapitre Dix-huit

« L'armurerie ? » Daniel et moi parlâmes à l'unisson, ayant eu la même idée pour la première fois depuis toutes ces années que nous nous connaissions. Il y avait simplement beaucoup trop de choses qui pouvaient mal se passer là-dedans.

Je me dirigeai immédiatement vers l'armurerie, la peur accélérant mes pas. Hammond marcha à côté de moi. « Vous ont-ils donné une estimation du temps avant que les effets disparaissent, Jack ? »

« Non, monsieur. » Je faisais les cent pas en attendant l'ascenseur. J'avais peur que Carter ne se blesse avant que je ne puisse l'atteindre et l'arrêter. « Avec de la chance, avant qu'elle ne se tire dessus elle-même. »

Je frappai doucement à la porte de l'armurerie, espérant ne pas l'effrayer et lui faire lâcher une grenade ou quelque chose comme ça. « Sam ? Tu es là ? » Je frappai un peu plus fort la seconde fois. « Sam ? J'ai entendu dire que tu voulais aller au zoo. Si tu ouvres la porte, je pense que nous pourrons organiser quelque chose. » A nouveau, je n'obtins aucune réponse. Je frappai plus fort, ressentant la douleur dans mes articulations en heurtant la porte en acier. « Sam, ouvre la porte et je jure que je t'emmènerai au zoo demain et puis nous pourrons nous asseoir sur le toit toute la nuit et observer les étoiles. Qu'en dis-tu ? »

Je ne sais pas ce que c'était, mais j'entendis le son de quelque chose d'assez lourd racler le long du sol. Il y eut ensuite le clang lorsque le verrou s'ouvrit. Mais Carter n'en émergea pas. J'attendis un moment avant d'ouvrir doucement la porte. « Sam ? » Je regardai en arrière le général, Daniel, Teal'c et le reste des spectateurs qui s'étaient rassemblés. Je fus surpris que pas plus d'entre eux ne se soient rués à la surface quand ils avaient appris que Carter avait accès à une puissance de feu assez sérieuse. Je fis signe que tout le monde reste en arrière. « Si elle est en colère, j'aurai probablement plus de chance de la faire sortir d'ici tout seul. »

Je poussai la porte doucement et entrait. Des armes à feu, des munitions, des grenades et toutes sortes d'explosifs jonchaient le sol. J'étais vraiment stupéfait que Carter ne se soit pas explosée elle-même, et le reste de la base avec. « Sam ? » Je regardai le premier couloir et vis à peu de choses près la même chose, mais pas de Carter « Si tu veux jouer à cache-cache, nous n'irons pas au zoo. » Je regardai le second couloir et ne vis rien de différent.

« Je ne veux pas jouer à cache-cache ou aller au zoo. J'essaie de disparaître. » Sa voix vint du troisième couloir.

Je contournai le coin, m'attendant à une tornade blonde prête à bondir.

Il y avait là une tornade blonde, très bien, mais elle était considérablement plus grande que la dernière fois que je l'avais vue. Et aux jambes très, très longues. Cela prit une éternité à mes yeux pour remonter la vaste étendue de chair nue. Le bord du t-shirt tombait juste à la limite de ce qui pourrait être considéré comme décent. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine en un prétexte de pudeur. Le t-shirt dévoilait toujours une épaule, mais l'incroyable et délicate peau qu'il révélait était très différente du jour précédent. Quand mes yeux atteignirent finalement son visage, je pus voir la lueur mi-coléreuse et mi-triomphante.

« Wow. » Je ne pus m'en empêcher. Je ne pus simplement pas. Enfin – un de mes fantasmes qui était toujours reconnaissable. Samantha Carter. Presque complètement déshabillée. Portant uniquement mon t-shirt. J'aurais pu mourir heureux à cet instant. J'éclaircis ma voix en une tentative pour parler, mais quand je le fis, mes mots ne m'aidèrent pas beaucoup. « Bonté Divine. »

Le visage de Carter rougit violemment alors qu'elle baissait les yeux. Je la vis grimacer quand elle réalisa combien mon t-shirt était court sur elle. Elle tira futilement sur le bord. « Observer les étoiles semble assez agréable, en fait, mais je ne vais pas au zoo tant que quelqu'un ne m'apportera pas des vêtements. »

Cela me prit une minute pour réaliser qu'elle s'attendait à ce que je fasse quelque chose pour les lui apporter. « Ah, attendez une minute. » Je revins jusqu'à la porte et fit signe à Daniel, lui donnant des instructions pour que le Dr. Frasier apporte à Carter des vêtements. Je savais que Carter se sentirait mieux si Janet était celle qui les lui apportait. Je revins là où Carter se cachait.

Elle avait ses bras par-dessus sa tête, s'attelant à enlever les bandes de scotch. Je jetai un coup d'œil vers le bas, réalisant immédiatement que ça n'aidait pas, et m'éclaircis la voix. « Euh, Carter ? »

Elle continuait de s'acharner sur ses cheveux. « Monsieur ? »

Je fis un signe de tête à la peau supplémentaire que ses bras levés révélaient. « Vous devriez attendre pour faire ça. » Je ne pensais pas avoir besoin de mentionner que sinon, les choses entre nous allaient devenir très peu professionnelles. Elle rougit de plus belle et baissa les bras.

Le silence qui descendit était assez épais pour nous étouffer. Il semblait que je ne pouvais m'empêcher de la fixer. Finalement, Carter suggéra que j'attende à l'extérieur jusqu'à ce que Janet apporte des vêtements. J'étais d'accord avec Carter, car mon esprit s'était complètement transformé en éponge et j'avais découvert que c'était généralement une bonne idée d'être d'accord avec Carter. Malheureusement, bien que ma voix fût d'accord, mon corps ne bougea pas et je continuai de la fixer.

« Euh, mon Colonel ? Vous attendez dehors ? »

Puis ce fut mon tour de rougir. Je hochai la tête et me détournai, plus troublé qu'elle ne l'était. Je détestai comment elle pouvait me faire cela. Je ressortis pour faire face à la foule curieuse. Je regardai le Général Hammond. « Eh bien, monsieur, ça a disparu. »

« Oh, Dieu merci ! » Il paraissait positivement ravi. « Souffre-t-elle d'effets secondaires ? »

« Euh- » J'aurais probablement dû demander, mais cela ne m'était pas venu à l'esprit. Rien sinon un comportement extrêmement primitif ne m'était venu à l'esprit. La voir dans mon t-shirt avait lâché quelque chose de sauvage dans ma tête. « Je – hum – Janet ! »

Le Dr. Frasier était arrivée avec un tas de vêtements soigneusement pliés. « Monsieur ? »

Je fis signe vers le Dr. Frasier. « Ce bon vieux doc ici est probablement mieux qualifiée pour répondre à cela. »

Hammond renvoya le reste du personnel au travail et ordonna à Janet d'emmener Carter à l'infirmerie dès qu'elle était prête. Daniel, Teal'c, et moi suivîmes le général à l'infirmerie pour attendre.

Carter et Janet apparurent quelques minutes plus tard. Carter enlevait encore le scotch. Janet l'aidait, mais s'arrêta dès qu'elle nous vit. « Je vais devoir faire un examen plus complet, mais le Major Carter semble aller parfaitement bien. »

Carter laissa Janet la pousser doucement sur un lit, mais elle garda ses yeux sur moi. « Est-ce que c'est vraiment nécessaire ? »

Je pris comme un bon signe le fait qu'elle essaie d'éviter le traitement médical. « Absolument. Quiconque vieillit de trente ans en une journée doit subir un examen physique. »

Carter ouvrit la bouche pour contester cela, mais elle se rappela alors les examens qu'il avait dus subir quand il avait vieilli de cinquante ans et puis régressé à son âge normal. Ses épaules s'effondrèrent. « Je suppose que nous n'allons pas aller au zoo, alors. »

Daniel s'avança, enfonçant un doigt dans l'épaule de Carter. Carter se recula et lui jeta un regard noir. Il haussa les épaules. « Juste pour m'assurer. » Il lui sourit lorsqu'elle commença à gratter les traînées de boue sur son bras. « Vous rappelez-vous des derniers jours, Sam ? »

Elle haussa les épaules. « Nous étions sur 738. » Elle grimaça. « Loh'ran était un peu trop démonstratif pour mon goût. » Elle me regarda pendant un instant et je sus qu'elle se souvenait de la conversation que nous avions eue dans le couloir entre nos chambres. Elle haussa à nouveau ses épaules. « C'est à peu près tout. Que s'est-il passé ? »

Je souris. « Loh'ran a essayé de vous rendre vraiment heureuse. Il a glissé une sorte de potion magique dans votre nourriture. »

La voix de Jacob résonna du couloir. « Il t'a transformée en une gamine de trois ans. »

Les yeux de Carter s'agrandirent légèrement. « Ca a dû être une expérience intéressante. »

Teal'c hocha la tête. « Vous étiez ce qui, je crois, est appelé un vrai démon. »

Carter commença à rire, tout comme Jacob. Elle acquiesça à Teal'c. « Oui, ça semble être moi. » Elle regarda autour d'elle, comme si elle cherchait des dégâts qu'elle aurait pus provoquer. « Je n'ai rien brûlé de fond en comble, n'est-ce pas ? »

Je souris de plus belle. « Pas de feu, en soi, du moins pas dans le sens littéral. »

Le Général Hammond souriait aussi. « Vous avez détruit un vaisseau Asgard. Thor sera plus qu'heureux de voir que vous êtes à nouveau adulte. »

« Alors, Carter, il faut que je sache – pourquoi vouloir être toujours portée ? Vous ne marchiez nulle part par vous-même, sauf pour grimper sur le toit au milieu de la nuit. »

La tête de Jacob se tourna vivement vers moi. « Vous l'avez laissée sur le toit ? »

Je jetai les mains en l'air en signe de reddition et me reculai. « Je dormais ! Elle l'a fait de son propre chef ! » Je vis combien tout le monde était amusé, surtout Carter, de voir combien j'avais peur. Je croisai les bras sur la poitrine. « De plus, vous êtes celui qui a insisté pour que je la garde. »

Carter parut surprise. « Papa ! Pourquoi ne m'as-tu pas gardée ? Tu aurais su quoi faire ! »

Jacob eut un sourire diabolique. « Tu ne voulais rien faire avec moi. Tu ne voulais que Jack. »

Le visage rouge de Carter rendit le groupe silencieux momentanément. Carter arrêta de gratter la boue séchée et reprit son attaque sur ses cheveux. Cela ne prit qu'un bref moment avant que sa main n'atterrisse sur l'endroit que j'avais coupé pour récupérer la sucette. Ses yeux rencontrèrent les miens. « Monsieur ? »

Aussi c'était perdu d'avance d'espérer qu'elle ne remarquerait pas l'endroit où les cheveux étaient coupés quelques centimètres plus courts que le reste. Je haussais les épaules. « Vous vouliez votre sucette. »

Elle ferma étroitement les yeux et je pouvais dire qu'elle travaillait sur ce truc de disparition. Janet entra. « Très bien, messieurs, je vais devoir interrompre la réunion. Laissez-moi examiner le Major Carter et puis vous pourrez finir de lui raconter ses exploits. » Alors qu'elle finissait de parler, une infirmière passa dire à Janet qu'elle avait un appel téléphonique. Elle fit un signe de tête à Carter. « Je reviens tout de suite. »

Je traînai en arrière lorsque tout le monde partit. Je souris à Carter, sincèrement heureux qu'elle soit revenue. Je savais que j'allais devoir trouver un moyen de mentionner tout ce que j'avais compris durant ces quelques jours.

Elle me sourit. « Pour ce qui est d'être portée, monsieur, je pense que j'avais neuf ans avant que je ne marche quelque part sans y être forcée. Maman disait toujours que j'étais simplement affectueuse pour me faire pardonner tous les problèmes que j'occasionnai. »

J'acquiesçai. « Ca a marché. » Et comment. « Je vous attendrai dehors, Carter. » Je commençai à m'éloigner.

« Ne partez pas trop loin, monsieur. »

Je pivotai sur moi-même pour lui faire face, songeant à sa remarque qui ne lui ressemblait pas. « Carter ? »

Elle rencontra mes yeux et sourit, démontrant la pleine puissance de ses fossettes une fois encore. « Je crois que vous me devez un Ondamania. »

Je la fixai en retour, réalisant le plein impact de ses mots. Elle se souvenait de ma promesse de lui acheter un nouveau Ondamania. Cela signifiait qu'elle se souvenait de tout – quand j'ai dit que je l'aimai, quand j'ai accepté de me marier avec elle. « Oui, m'dame. » Je fis un clin d'œil. « Mais ce Ondamania vient avec un dîner. »

Ses yeux dansaient lorsqu'elle acquiesça. « Le présentateur météo annonçait une tempête pour plus tard. Vous aurez peut-être besoin de moi pour vous protéger. »

« D'oh !(1) » Je me détournai et partis l'attendre, secouant la tête. J'étais dans le pétrin. J'attendais si impatiemment cela.

Ce fut alors que je me tenais à l'extérieur de la porte, m'appuyant contre le mur que je me rendis compte de quelque chose d'important. Malgré les affirmations de Loh'ran, Carter n'avait pas été heureuse quand elle était une enfant. Elle avait toujours cherché quelque chose d'autre, essayant de satisfaire sa curiosité. Quand elle avait grandi, elle avait enfin la Porte des étoiles pour la divertir. Mais même cela n'était pas suffisant.

J'étais le seul ayant le pouvoir de la rendre vraiment heureuse. Et j'avais pleinement l'intention de le faire.

Fin

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(1)« D'oh ! » : si vous êtes fan des Simpsons, vous le saviez sûrement déjà, « D'oh ! » est l'exclamation fétiche de Homer Simpson. Elle est typiquement utilisée quand Homer se blesse, ou se rend compte qu'il a fait quelque chose de stupide, ou quand quelque chose de mauvais lui est arrivé. (source Wikipedia)

Note : voilà, vous êtes arrivés à la fin de cette fic. J'espère que vous avez aimé. Jessa a écrit une suite qui s'appelle 'Detour' que je traduirai un jour prochain. Mais avant, je traduirais sans doute une autre fic de Jessa, 'Incubus' que j'ai trouvée absolument irrésistible.