Ne joue pas avec moi
Personnages : Sirius Black, OC (Glenda Jörgen)
Genre : Romance
Résumé : Monsieur Black a sa réputation à tenir. Monsieur Black a des principes comme ne séduire que des filles populaires et bien sous tout rapport. Ouais, et alors ?
Disclaimer : Sirius et le reste des Maraudeurs sont à JKR. Il n'y a que Glenda et quelques autres personnages qui soient à moi.
Je remercie Mimi (Sunday Vanille) pour sa lecture en avant-première et ses précieux conseils.
Merci à tous ceux qui ont fidèlement suivi cette petite histoire.
Voici le dernier chapitre. Et je me permets de pousser un cri de victoire, genre Yeah, j'ai fini une fic longue !... ok, correction... Yeah, j'ai fini une mini-fic !
Bonne lecture !
Chapitre 5 : Regrets passés
En d'autres temps, Sirius se serait trouvé ridicule à rester dissimulé derrière ce bosquet d'hortensias. Mais ces temps-là lui paraissaient si lointains que ce qu'on pouvait penser de lui en cet instant, lui semblait totalement dérisoire. Seul l'instinct de survie comptait : l'important était que personne ne le voie… Personne sauf elle.
Les années avaient passé depuis ce jour étrange où lui et Glenda s'étaient adressé la parole pour la dernière fois. Sirius éprouvait encore quelques difficultés à rassembler des souvenirs sur cette époque heureuse. Douze longues années dans un cachot sinistre à se demander s'il aurait encore l'occasion de voir l'éclatante lumière du jour, une décennie à imaginer ce qu'il aurait pu advenir si Peter ne les avait pas trahi, une éternité à nourrir sa vengeance...
Le visage avenant et souriant de l'adolescent avait peu à peu laissé place aux marques du temps et de la colère. Il avait attendu l'occasion de s'en sortir durant des jours et des nuits interminables, ne parvenant plus à déterminer si le temps continuait réellement sa course.
Les détraqueurs avaient eu beau espérer et attendre, le souffle avide de souvenirs heureux. Ils n'avaient eu de lui que quelques pensées de son adolescence, mais peu de choses, car seules la volonté farouche de vivre et l'idée tenace de son innocence subsistaient dans son esprit, lui permettant de ne pas perdre pied dans cet espace irréel et macabre.
Pourtant, il restait Glenda et quelques fois, il songeait à ses longs cheveux noirs. Pourquoi elle ? Il n'aurait pu le deviner quelques années plus tôt, mais le monstrueux pouvoir des détraqueurs lui avait au moins apporté cette réponse : Glenda Jörgen n'était en rien un souvenir heureux. Les autres l'avaient été, lui apportant l'insouciance et la joie de vivre. Glenda n'était que regrets, remords et amertume. Entre ces murs épais, son parfum l'obsédait, et il parvenait certaines fois à se raccrocher à cette odeur douce et légère comme la liberté dont il rêvait. Non, il ne comprenait toujours pas comment elle avait pu le marquer, mais dans les ténèbres, cela lui importait peu.
Après douze années, il avait finalement saisi l'occasion et avait réussi son évasion. Il s'était tout d'abord préoccupé de Harry et de sa vengeance envers Peter. Mais ceci fait, il n'avait eu rien d'autre à faire que de se cacher et d'attendre le jour béni où son innocence serait déclarée au grand jour, lui permettant à nouveau une vie normale.
Loin de l'ambiance morbide d'Azkaban et de ses abominables gardiens, il repensa à Glenda. La curiosité le prit de la voir, se muant bientôt en un besoin irrépressible et imbécile. Il tenta d'effacer cette pensée de son esprit, songeant qu'elle devait avoir fait son chemin sans lui et qu'un évadé d'Azkaban ne serait sûrement pas le bienvenu chez elle. Mais lorsqu'il tomba au hasard des choses, sur une incise de journal mentionnant une certaine Glenda Faucett, qui avait obtenu un prix insignifiant pour une étude magizoologique, il pensa que le destin lui faisait un signe. Il lut et relut le nom du village où selon le journaliste, elle vivait : Loutry Ste Chaspoule.
Voilà où Sirius en était : caché dans un jardin, à se demander que faire et ce qu'il voulait. Il avait épié toute la matinée, regardant deux bambins jouer avec des baguettes-jouets, se courrant après, piétinant les jonquilles et massacrant la pelouse bien entretenue. Il avait vu de loin, une femme les rappeler à l'ordre, les poings sur les hanches et les faire rentrer la tête basse à l'intérieur de la petite maison.
A n'en point douter, il s'agissait bel et bien de Glenda. A croire qu'en autant d'années, elle n'avait pas changé. Evidemment, elle n'avait plus la stature frêle de l'adolescente de jadis, et une sorte de force tranquille semblait avoir effacé sa nervosité d'antan. Mais au fond, Sirius la voyait toujours telle qu'elle avait été pour lui.
Le soleil commençait à être haut dans le ciel. Probablement, ce devait être le début de l'après-midi. Sirius jeta un œil fébrile aux environs. Avec la chaleur étouffante de ces derniers jours, aucun villageois ne semblait décidé à mettre le nez dehors. Une chance pour lui, la maison des Faucett n'étant guère à l'écart du village, il serait malvenu qu'un passant le surprenne sur le pas de leur porte.
Il secoua la tête, trouvant l'idée ridicule. Pourquoi diable, irait-il en pleine cavale saluer une ancienne connaissance ? Son estomac se noua sans qu'il en comprenne la raison. Aussi déraisonnable que cela puisse paraître, l'envie le pressait d'aller la voir. Et n'ayant pas vu de M. Faucett de son poste d'observation, il se rassura en pensant que celui-ci devait travailler.
Il se leva et partit à grandes enjambées vers la porte. Il frappa trois coups secs, suffisamment rapidement pour ne pas se donner le temps de réfléchir davantage.
Quand la porte s'ouvrit, ses convictions s'envolèrent. Elle se tenait là bien droit devant lui, le scrutant le visage fermé. Ils s'affrontèrent en silence un moment, avant que le regard de Glenda ne descende plus bas avec une grimace éloquente. Sirius fit de même et saisit alors avec honte que ses hardes d'ancien prisonnier n'étaient pas la meilleure entrée en la matière. Il entrevit alors les ennuis dans lesquels il venait de se mettre. Fou qu'il était, pris d'un élan stupide, comment avait-il pu avoir l'idée idiote de renouer avec une ancienne amourette ? L'angoisse lui montant à la gorge, sa main s'enfonça dans une poche de son pantalon, pour en saisir compulsivement une baguette magique. Il n'était pas trop tard pour un sort d'oubliettes.
Mais elle ne lui en laissa pas le temps. Son inspection terminée, elle s'effaça du seuil de la porte :
« Entre avant qu'on ne te voie », murmura-t-elle simplement.
Ignorant s'il devait être surpris ou méfiant de sa réaction, il obéit à son injonction, entrant précipitamment dans l'ombre rafraîchissante de la maisonnée. Glenda ferma la porte derrière lui, non sans avoir jeté auparavant un œil inquisiteur au dehors pour vérifier que personne ne les avait aperçus.
L'intérieur de la maison était coquet, quoi que simple…
« Tu es complètement fou ! » s'exclama Glenda, les bras croisés et l'air furieux.
Un sourire en coin naquit sur le visage de Sirius. Il se sentait à nouveau à l'aise. Glenda n'avait guère changé, elle était bien toujours la même. Le monde pouvait lui courir après, ses joues rouges seraient toujours signe d'une colère chez la jeune femme.
« Pas autant que toi », affirma-t-il avec un aplomb qui aurait surpris quiconque aurait assisté à la scène sans connaître le passé qui unissait le fugitif et Mme Faucett.
Glenda se mordit les lèvres, jetant des coups d'œil incessants à la porte d'entrée, comme s'attendant à voir quelqu'un faire irruption d'une minute à l'autre.
« Tu te rends compte quand même des ennuis que je peux avoir si on sait que j'abrite un évadé d'Azkaban dans mon salon ? » geignit-elle en le fixant rageusement.
Sirius fit quelques pas et alla s'asseoir avec une audace mesurée sur un fauteuil du dit salon.
« C'est tout ce que je t'inspire ? interrogea-t-il avec une amertume qu'il ne put maîtriser. Tu ne sais donc pas que je suis un dangereux criminel ? »
Se plaçant en face de lui, elle s'imposa de toute sa petite taille et le toisa d'un doigt menaçant, avant de se reprendre et de se masser les tempes d'un air exaspéré.
« Arrête de dire des bêtises, souffla la jeune femme. Et en tant que parfait petit psychopathe, tu viendrais régler son compte à une ancienne amourette, c'est ça ? Je n'y ai jamais cru une seconde. Tu es trop égoïste pour risquer que ta jolie gueule atterrisse à Azkaban.
- Tu as un de ces tacts, grinça Sirius.
- Je te ferai remarquer que c'est moi qui accueille un criminel dans mon salon. Tu veux du thé, peut-être ? ironisa Glenda avec une grimace.
- J'en serai enchanté », badina Sirius ne pouvant retenir davantage un sourire.
Atterrée par sa réaction, elle alla s'effondrer dans le fauteuil le plus proche.
« Sirius, tu ne peux pas me faire ça, marmonna-t-elle. Tu ne peux pas débarquer chez moi, jouer au fugitif qui demande de l'aide et chambouler toute ma vie. Si mon mari te voyait…
- Ton mari… répéta Sirius froidement en fixant un point dans le vide.
- Ne t'inquiète pas, il est à son travail et ne rentrera que très tard. Mais il n'y a pas que ça. Il y a mes enfants et… »
Elle s'interrompit et se précipita dans une pièce attenante en lançant :
« Excuse-moi, un instant. »
Profitant de son absence momentanée, Sirius laissa son regard balayer la pièce, notant avec un certain malaise les nombreuses photos animées représentant deux joyeux bambins, un homme grand avec des lunettes qu'il ne cessait de remonter du doigt, et elle. Il ne put s'empêcher de constater que l'un des enfants avait les mêmes yeux clairs que sa mère. Il se leva, se sentant un intrus dans cette pièce pleine de souvenirs où il n'avait rien à faire, lui. Il se leva et se dirigea vers la pièce où était allée Glenda. Une odeur de gâteau se répandit dans l'air. Jetant un œil par l'entrebâillement de la porte, il vit une brioche dorée se poser sur une table.
Il buta sur un jouet qui traînait au sol et poussa un juron, ce qui fit se retourner la jeune femme avec un regard désapprobateur.
« J'avais dit à Melvin de ranger ses affaires, soupira-t-elle.
- Tu as appelé un de tes enfants Melvin ? interrogea Sirius en levant un sourcil perplexe.
- Je t'en prie, ne commence pas. »
Elle s'essuya les mains à un torchon, sous son regard insistant.
« Tu en veux ? » proposa-t-elle en désignant le gâteau.
La douleur qui irradia l'estomac de Sirius en se voyant offrir pareille gourmandise après des mois si difficiles, le fit acquiescer vivement. Il engloutit goulûment la part que lui tendit Glenda, qui le regarda faire avec un air presque maternel. Prévoyante, elle posa sur la table un grand verre d'eau et alla s'asseoir en face de lui.
« Tu veux quoi au juste ? » demanda-t-elle sans plus tergiverser.
La dernière goulée d'eau sembla mal passer dans la gorge de Sirius. Il regarda Glenda qui attendait patiemment une réponse sensée, ce dont il se sentait incapable.
« Je voulais te voir, ça ne te fait pas plaisir ? répondit-il en esquissant un sourire peu convaincant.
- Une visite de courtoisie, se moqua Glenda. Comme c'est original pour un prisonnier en cavale ! Arrête un peu, j'ai mes deux enfants qui font la sieste à l'étage et des voisins qui peuvent improviser une visite si ça leur chante, alors viens-en aux faits.
- J'avais envie de te voir, ce n'est pas plus compliqué que ça. Je sais que ça peut paraître complètement idiot, mais c'est comme ça. »
Glenda le scruta perplexe.
« Apparemment, tu ne perçois pas l'étrangeté de la situation, grogna-t-elle. Alors je peux te résumer tout ça : il y a presque quinze ans, tu m'as laissé parce que tu ne voulais pas que notre relation soit exposée au grand jour… »
Elle se leva et arpenta nerveusement la cuisine sous le regard dérouté de Sirius.
« Et voilà qu'aujourd'hui, tu recommences le même jeu, continua-t-elle. C'est ça, je me trompe ? Tu reviens me voir en cachette en espérant que je cède à tous tes caprices. »
Sirius ouvrit la bouche pour se défendre mais elle n'était pas décidée à le laisser faire.
« Laisse-moi finir ! poursuivit-elle durement. D'accord, tout s'est sensiblement compliqué. Je suis mariée et mère de deux enfants. Tu es pour ainsi dire, le seul homme à avoir accompli l'exploit de t'être évadé d'Azkaban. C'est somme toute assez romanesque, je dois bien l'avouer, mais complètement stupide ! »
Elle ponctua son exclamation d'un coup de poing sur la table, qui lui provoqua un élancement douloureux assorti d'une jolie grimace.
« Je n'ai pas voulu te mettre dans l'embarras, ni avant ni maintenant, entama Sirius quelque peu échauffé par la diatribe de son amie.
- Et bien, c'est réussi, marmonna-t-elle.
- J'ai peut-être fait des erreurs, mais tu n'as pas à me juger comme ça, sans tout savoir, gronda-t-il.
- Et qu'est-ce que je devrais savoir ? » demanda Glenda.
Sa voix vacillante étonna Sirius. A savoir si c'était de la colère ou non, il n'aurait pu le juger, mais l'étincelle nouvelle qu'il perçut dans les yeux de la femme qui le toisait ainsi, l'intéressa.
« Peut-être que j'ai toujours des sentiments pour toi », lâcha-t-il innocemment, semblant ne pas porter le moindre intérêt au destinataire de cet aveu.
L'observant à la dérobée, il la vit avec plaisir le souffle coupé et les joues roses, tentant de se reprendre au plus vite.
« Tu n'as jamais eu de sentiments pour moi », souffla-t-elle amèrement.
Il haussa les épaules avant de reprendre.
« Et toi, tu as eu des sentiments pour moi ? demanda doucement Black avec un sourire qui inquiéta la jeune femme plus qu'autre chose.
- Peut-être… marmonna Glenda.
- Et tu en as encore ? poursuivit-il avec une curiosité mal déguisée.
- Est-ce que tu te rends compte que tu oses me demander ça, ici, dans la maison de mon mari, avec mes enfants dormant en haut ?! » s'indigna-t-elle.
Furieuse, elle alla s'accouder à la fenêtre, lui tournant hostilement le dos. Il se leva et s'approcha, ne sachant trop que faire. Il n'aurait jamais dû venir.
« Je suis désolé… » commença-t-il de bonne foi.
Mais elle se retourna brusquement et ne lui laissa pas le loisir de s'épandre en excuses.
« Tu sais quoi, Sirius ? grinça-t-elle. Azkaban est sûrement un lieu horrible pour y passer douze années de sa vie, mais ce n'est pas une raison pour revenir en espérant ma compassion et plus… »
Un voile passa devant les yeux de l'homme défait et désabusé qu'il était devenu.
« Je n'ai rien demandé, se défendit-il.
- Je n'en crois rien ! Tu n'es peut-être physiquement que l'ombre de ce que tu as pu être, mais au fond, tu es exactement le même…
- Arrête, articula Sirius gravement.
- Arrogant et prétentieux, égoïste, pensant avoir tous les droits… cracha-t-elle avec fureur.
- Je t'ai dit d'arrêter ! » hurla Sirius en s'emparant violemment du bras de Glenda.
Sa bouche se clôt et elle l'observa avec inquiétude.
« Je t'ai fait donc tant de mal pour que tu m'en veuilles à ce point ? articula-t-il douloureusement.
- Il semblerait, oui, répondit-elle, perdant de sa superbe en lâchant cet aveu.
- Je vais m'en aller, alors. Je n'ai rien à faire ici », grogna Black.
Il lâcha son bras et la regarda se frotter vigoureusement la peau. Le cœur plein de rancœur, il se dirigea vers le vestibule quand de légers bruits de pas retentirent.
« Melvin ou Frank… » murmura Glenda soudainement désemparée.
Elle se saisit de la main de Sirius et l'entraîna prestement à travers ce qui semblait être un bureau plongé dans la pénombre. Refermant la porte avec des gestes fébriles, elle lui indiqua la porte-fenêtre obturée par des volets, qui devait mener au jardin.
« Tes enfants ? » demanda-t-il plus pour occuper le silence gênant que dans l'attente d'une réponse.
Elle acquiesça.
« Par là, tu pourras sortir sans que personne ne te voit », articula-t-elle.
Sirius jeta un regard morne par les fentes du volet qui empêchait les rayons lumineux d'atteindre le bureau sombre. Puis il ouvrit la porte-fenêtre et tourna les yeux vers Glenda immobile contre le bureau.
« Je ne reviendrai pas », dit-il calmement.
Alors, elle fit quelques pas et posa un baiser bref sur ses lèvres. Ce fut si court et chaste qu'il ne consentit pas à ouvrir les yeux avant d'être sûr qu'elle ne désirerait pas recommencer.
Doucement, elle passa une main sur sa barbe naissante.
« Prends soin de toi. »
Il lui adressa un sourire et s'en alla.
FIN
♫ ♪ ♪ ♫
This is the way you left me,
I'm not pretending,
No hope, no love, no glory,
No happy ending.
Mika "Happy ending"