Bien le bonjour aux rares âmes errantes se trouvant encore ici ! Comment allez-vous ? Oui je sais que le précédent chapitre date beaucoup, j'en suis vraiment désolée (et pourtant, je recommence à chaque fois..) mais me voilà, bien décidée à en découdre ! Enfin surtout, tenter de finir cette histoire avant la fin de l'année parce que, quand même, ça ne va pas...
Bref ! Voici le chapitre 32 de Kuroi, Aka, Hoka, qui est je crois le plus long que j'ai écrit jusque là - il est d'ailleurs un peu long pour rien mais bon - puisqu'il fait presque quatorze mille mots ! Non non, ce n'est pas une blague, je me suis juste perdue dans la rédaction de ce chapitre (et va savoir pourquoi). Bon j'arrête de blablater, et je vous souhaite une bonne lecture !
Chapitre 32 – Tobira
Oh mon Dieu, je suis sorti ! J'ai quitté la « prison » ! Sortir de l'hôpital sachant qu'on ne va pas y retourner dans une heure a quelque chose de vraiment relaxant. Enfin même si je suis content de partir, quelque part, je suis assez partagé. Quitter ma chambre m'obligeait à retourner dans le monde réel et faire face à mes problèmes laissés en plan ; enfin par problèmes, j'entends trouver une solution pour mon psychopathe de géniteur (ou mon géniteur de psychopathe, les deux marchent). Le reste... peut attendre.
Bref. À ma sortie, on est directement allé chez Temari et son fiancé, et on a fêté Noël là-bas. C'était... sympa, rien de remarquable. J'en oubliais presque ma situation actuelle, et c'était agréable, même si à certains moments je me demandais si Sasuke aurait été là si lui et moi n'avions pas rompu. En fait ça aurait probablement été le cas, et ça me faisait un peu mal de l'admettre... Enfin, ce n'est pas le moment de vous parler de ça. C'est drôle parce qu'on avait déjà mis mes affaires au préalable chez Temari, et déjà arrangé la chambre qu'on m'avait attribuée, du coup je me suis senti trop frais en arrivant. Heureusement qu'ils ont une grande maison, la dernière chose que j'ai envie de faire c'est leur marcher sur les pieds. On abuse de leur hospitalité et en plus on leur vole leur espace vital... Non mais franchement.
Passons. J'ai quand même eu des vacances pas mal, avec les fêtes, les visites de « tout le monde », même si elles étaient beaucoup moins fréquentes étant donné que là il s'agit d'une propriété privée, mais je voyais quand même Sasuke souvent. J'ai beaucoup plus de facilité à le regarder sans penser à son père maintenant ; faut dire qu'à force de le voir tous les jours à me montrer à quel point il tient à moi aide à régler les choses. J'étais alité au début donc niveau mobilité c'était pas tout à fait ça, mais après une semaine c'était déjà mieux. Pis je peux pas retourner au lycée avant au moins deux semaines alors c'est extra... Pas besoin de supporter cet environnement hostile.
Enfin, c'est ce que je disais au début.
XxX
Mercredi 16 janvier – 14h et quelques
Bordel ce que je m'emmerde ! Si on m'avait dit un jour que je me languirais du lycée... Jamais j'aurais pu croire une telle connerie.
En fait j'ai tous les mauvais côtés de la situation ; j'ai les cours à rattraper, donc je dois quand même subir des cours, et j'ai la socialisation en moins. Oui oui, vous avez bien lu, je veux de la compagnie. Nous avions déjà observé ce comportement inhabituel chez ma personne le mois dernier, et manifestement ça n'a pas changé... Je crois que j'aime les gens.
C'est triste.
Bref. En plus je suis tout seul aujourd'hui, comme les vacances sont finies depuis une semaine, tout le monde est au travail. Et en cours. Par conséquent je suis coincé dans cette grande maison avec cette fois de gentils toutous aux portes d'entrée. Dans les films américains, les méchants arrivent toujours à s'introduire dans les maisons après avoir massacré les gens à l'extérieur. Est-ce que ce sera pareil pour moi ? J'espère que non. On a beau m'avoir retiré mon plâtre, j'ai quand même une attelle et un peu de mal à courir.
Que faiiiiire, que faiiiire... Est-ce que je vais faiblir et travailler ? Sur les trois derniers jours, je n'ai abandonné qu'à partir de dix-sept heures, mais là c'est trop, je craque.
Je vais faire des maths, c'est cool les maths.
Mais vingts minutes après avoir attaqué, je me suis mis à penser à Sasuke comme souvent. Ça se dégrade tout doucement en fait. Pas notre relation, mais notre pouvoir de gestion par rapport à notre relation justement. Enfin je ne sais pas trop pour lui (bon OK j'ai des doutes), seulement mon cerveau à moi a de moins en moins envie de rester discret et de faire comme s'il ne se passait rien. C'est une situation tout à fait ridicule à mes yeux, deux personnes qui s'aiment, se voient tous les jours et n'ont pas réellement le droit d'exprimer leur amour parce qu'elles ont une situation "compliquée". Sérieusement, où est-ce qu'on voit ce genre de choses ? Ça me dégoûte et ça me tape sur les nerfs. Énormément.
Anyway. Je devrais arrêter de m'énerver parce que c'est moi qui me met dans cet état et dans une telle situation, je n'ai qu'à faire quelque chose au lieu de me plaindre ! Bordel je recommence à me soûler moi-même... Ça faisait longtemps, et ça ne m'a pas manqué du tout.
Bon, je retourne à mes maths.
16h et quelques
GNIIIIII ça m'a soûlé ! J'ai arrêté, j'en pouvais plus. Je m'ennuie ici ! En fait je suis passé d'une prison à une autre, tout simplement ! Bon non, j'ai quand même pas mal de libertés par rapport à l'hôpital, mais quand même. Bon bon bon, que faire...
Eh, mais c'est l'heure du goûter ! Je n'ai qu'à passer au café pour dire bonjour et éventuellement, prendre mon goûter ! Ouais, c'est une super idée ça. Je me félicite d'avoir au moins eu une bonne idée ces dernières semaines. Je pourrais même prendre mes affaires de cours et bosser là-bas... OK non, faut pas exagérer.
Je me douche, m'habille (avec plus de difficulté étant donné que mes vêtements sont éparpillés dans des sacs et valises, j'ai donc pris les premiers qui venaient qui n'étaient pas "trop" froissés), prends mon manteau, portable et portefeuille et vais à l'entrée pour dire que je sors. Énième blabla sur "où allez-vous, avec qui, pour quoi faire", je leur explique en deux-deux et un des gardes décide de m'emmener en voiture parce que "c'est plus sûr". Ça m'arrange, j'avais la flemme de prendre le bus ou d'y aller à pied.
Me voilà enfin arrivé au café, quinze minutes plus tard. J'ai à peine poussé la porte que j'ai l'impression qu'on déclenchait un tonnerre sur moi ; en fait j'ai juste été accueilli par des cris.
-Sympa l'accueil, ai-je marmonné en me remettant doucement du choc, tandis que des bras m'attiraient à l'intérieur.
-Gaara ! Ça fait plaisir de te voir en dehors des murs de l'hôpital ! s'écria Hiro en m'obligeant à m'asseoir sur un tabouret au comptoir. C'est trop mignon de nous rendre visite...
-Oh tu sais, je m'ennuyais tout seul chez ma sœur et... il fallait bien que je passe vous voir depuis que je suis sorti de l'hôpital.
-C'est très gentil d'avoir pensé à nous ! Et vous là, donnez-lui à manger, ordonna Hiro en se tournant vers les autres serveurs.
-Mais non.. !
-Ne discute pas, chuchota Kazuma en sortant quelques tartelettes de sous une cloche de verre. Ou ça va retomber sur tout le monde.
J'ai hoché la tête d'un air entendu, puis je me suis tourné vers les autres serveuses et serveurs que je connaissais et je les ai salués. Bon les inconnu(e)s aussi hein, mais c'est plus difficile d'avoir l'air content de les voir étant donné que.. je les connais pas. Ce sont ceux qui sont de service quand je suis en cours.
-Alors Gaara, comment ça va ? Tu as aimé nos muffins ? fit Kazuma avec un sourire.
-Oh oui, carrément. Merci d'ailleurs. Mais vous devriez arrêter d'envoyer le pauvre Haruma pour me les donner, ai-je répondu en pointant Haruma du pouce, qui venait de servir un couple et qui revenait vers nous.
-Arrêter quoi ? C'est lui qui se portait volontaire pour y aller, il nous attaquait si on se proposait.
-J'assume entièrement, et je le referai à la première occasion, intervint Haruma en passant derrière le comptoir.
-Ça a le mérite d'être clair. Qu'est-ce que tu veux à boire, Gaara ?
-Un soda à la cerise.
-Hein ? Euh.. non, ai-je répliqué, sur la défensive. Je ne bois pas que ça, Haru, tu sais.
-Mouais, tu bois quand même ça trois fois sur cinq ou quelque chose comme ça, non ?
-Je confirme, fit Hiro. Va falloir que tu arrêtes avec la cerise. Donne-lui un jus de pomme.
-Pff... comme il veut, ai-je marmonné après que Kazuma se soit tourné vers moi pour avoir mon approbation.
Comment Haruma peut-il connaître mes goûts alors qu'on s'est à peine parlé ?! Et que je n'ai probablement rien bu devant lui ? Peut-être qu'il m'espionne, que je suis prévisible ou qu'il tente au pif en se basant sur ce qu'il a déjà vu. Les trois sont possibles, remarque. Et puis tout le monde sait que je suis facile à cerner de toute façon.
J'ai pris mon jus de pomme ainsi que l'assiette de pâtisseries qu'on me tendait (assiette étant un bien petit mot, je ne sais même pas de quelle couleur est la vaisselle tellement il y avait à manger dessus) en remerciant Kazuma, et Haruma s'est assis à côté de moi presque instantanément.
-Je prends ma pause, dit-il avec un sourire pour répondre à mon regard légèrement intrigué.
-Si Jiro te voyait, marmonna Kazuma en secouant la tête. Il déteste qu'on prenne nos pauses devant les clients...
-C'est faux, je l'ai déjà fait, suis-je intervenu sans pouvoir me retenir.
-Toi tu cherches les problèmes, c'est différent, fit Hiro en agitant un index accusateur. Et puis, tu le faisais seulement quand Jiro n'était pas là. Je me trompe ?!
-Mouiiiiii bon d'accord. Il n'empêche que les clients s'en foutent quand ils nous voient assis avec eux, la preuve. T'as reçu une plainte ?
-Non, mais ils sont japonais tu sais, ils regardent, pensent mais ne disent rien.
-J'aime pas ça moi ! C'est... nul comme attitude. Il faut toujours agir, c'est mieux...
-Oui Gaara, tu as raison. En attendant, je me remets au boulot moi, hein.
Hiro a regardé Kazuma en hochant positivement la tête, puis ils sont tous deux partis faire un tour en salle. Haruma et moi sommes restés au comptoir à manger mon nombre incalculable de pâtisseries.
-Bon alors, on s'était arrêtés où, la dernière fois que tu es passé ? ai-je demandé en attrapant une tartelette au chocolat tout en évitant de faire dégringoler la pyramide de sucre qui se tenait devant nous.
-Hmmm... fit mine de réfléchir Haruma en se frottant le menton, les yeux au ciel. On s'est stoppés au moment où tu ne comprenais pas ces gens qui peignaient leurs traumatismes.
-Voilà ! Non je comprends pas, la peinture est un moyen d'expression, d'accord, mais de là à peindre quelque chose qui te révulse, je n'arrive pas à concevoir la chose.
-Oh, tu sais, tu n'es pas obligé de peindre uniquement des choses que tu aimes. Tu peins également ce que tu as besoin de peindre, et généralement, les traumatismes en font partie malheureusement. Ça peut être très efficace pour t'aider à gérer la chose en fait, ça te permet également d'exprimer les sentiments que t'inspire le traumatisme en question.
Bordel, je ne comprenais vraiment rien à l'art.
-J'étais à côté de la plaque, hein ?
-Un peu, mais comme ça ne fait pas parti de tes centres d'intérêt, c'est normal que tu ne comprennes pas tout. Lance-moi sur les jeux vidéos, tu verras un peu.
-Ouais nan, j'éviterais si j'étais toi. Si je parle de jeux vidéos tu vas juste vouloir quitter la pièce... Bref, on va pas s'attarder là-dessus. Je m'intéresse un peu à l'art, mais je ne suis pas du tout un artiste. Je dessine un peu pour passer le temps, sinon je...
-Sinon... quoi ? a continué Haruma en voyant que je ne poursuivais pas.
-Je.. j'écris un peu.
-C'est vrai ? Qu'est-ce que tu écris ?
-Pas grand-chose, la plupart du temps ce sont les conneries qui me passent par la tête, sur tout et n'importe quoi, rien de bien concret. J'aime bien le faire pour organiser mon esprit torturé.
-Oh, ça doit être assez personnel... Ça fait longtemps que tu fais ça ?
-Un bout de temps ouais, depuis mes... treize ans peut-être ? Il fallait bien que je trouve une alternative.
-Une alternative à quoi ?
-À ma... euh, à ma solitude.
-Je vois. Je me disais bien que ton enfance n'avait pas été drôle, tu n'aurais pas été comme ça sinon. Ça se voit que tu n'as pas l'habitude d'être entouré.
J'étais estomaqué.
-Quoi, ça se voit tant que ça ? me suis-je étranglé.
-Bien sûr, tu es constamment gêné quand on est gentil avec toi, et tu as ce regard un peu perdu quand beaucoup de gens que tu apprécies -ou qui t'apprécient- sont autour de toi. Tu l'avais tout à l'heure en rentrant au café, c'est à la fois énervant et attendrissant.
-... Arrête d'être si observateur, c'est chiant, ai-je marmonné après un court instant de silence, histoire de me remettre du choc.
-Désolé. Mais c'est ce que je fais, je regarde et je parle, c'est aux autres de gérer ça.
-Mec, ta pause est finie, au boulot ! lança un serveur en passant derrière le comptoir pour prendre une petite assiette et repartir aussitôt.
-Ça va, ça fait cinq minutes qu'on discute, répliqua Haruma. Tu fais des pauses cigarette d'un quart d'heure pour envoyer des sextos à je ne sais quelles filles et tu me fais des remarques ? Va te faire mettre, Taku.
-Mais tu es pire que moi, me suis-je étonné en jetant un coup d'œil au dénommé Taku par-dessus mon épaule, qui avait eu le temps de lancer un regard assassin à Haruma avant de donner son assiette à une cliente. C'est pas une bonne chose, d'être pire que moi.
-Je sais, mais que veux-tu, quand on est con on est con.
-Je vais t'étriper ! lança Taku.
-T'en fais pas, il plaisante, assura Haru en agitant la main. Mais si ce n'est pas le cas, bah... tant pis. Bref. Sinon, tu devrais t'intéresser au dessin, ça pourrait être pas mal pour toi. Mais je suis curieux de lire tes écrits...
-Oh je... ce n'est pas très bien rédigé, tu sais, et puis... personne ne lit ce genre de choses, ce n'est intéressant que pour celui qui écrit, pas le reste alors...
-Je ne te crois pas. Et puis, je suis sûr que l'autre.. ton ex, là... Sasuke c'est ça ? Il en a lu, non ? Pareil pour ta meilleure amie. Qu'en ont-ils pensé ?
-Ben... ils avaient l'air d'aimer...
-Voilà c'est fait. La prochaine fois que tu viens, ce ne sera pas les mains vides.
J'ai voulu répondre, le sourire aux lèvres, mais quelqu'un est entré dans le café. Je l'aurais probablement ignoré si ça n'avait pas été mon toutou attitré (bon OK, c'est quand même un agent de sécurité le mec).
-Mr Sabaku, vous ne répondez pas à votre téléphone ? me dit-il d'un air assez courroucé. Ce n'est pas grave, ajouta-t-il en me voyant fouiller dans mes poches. Le poste de police vient d'appeler, votre père a été arrêté.
Oh.
Je... ne sais pas trop quoi dire, là.
19h et quelques
Un peu en état de choc, là tout de suite.
Je ne sais pas comment j'ai formulé des phrases cohérentes en quittant le café, j'espère juste avoir été assez poli en disant au revoir à tout le monde.
Quand est-ce que j'ai atterri à la maison ? Comment, surtout ? Enfin bref.
Le mec qui m'a raccompagné (ah bah, c'est sûrement grâce à lui que je suis rentré) m'a expliqué en deux-deux qu'on avait retrouvé Tatsuro à deux villes d'ici et qu'il fallait que j'aille au poste de police pour confirmer des machins, signer des papiers et d'autres trucs dont je ne comprenais ni le sens ni l'utilité. Apparemment, on m'appellera demain matin pour les détails.
Passons. Me voilà dans ma chambre, en boule sur mon lit comme quand j'étais gosse. Je ne sais pas pourquoi j'ai l'air d'être si torturé, techniquement c'est une bonne nouvelle.. mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur. Ou alors j'ai peur de me mettre à penser que c'est fini et oser espérer que tout va bien se passer désormais. C'est... le cas, non ?
Non, je n'en sais rien, je ne veux pas envisager de suite que cette histoire soit belle et bien finie. C'est bien connu, c'est quand on espère le plus qu'on se prend tout dans la gueule. Du coup je vais rester ici et attendre jusqu'à ce que je sache que tout est terminé. Ouais, rester allongé et ne rien faire.
20h et quelques
J'ai appelé Sasuke.
Ouais, je sais... La honte hein ? Mais pour ma défense, quand je l'ai appelé il était déjà en chemin, du coup j'allais forcément le voir aujourd'hui.
Quand bien même, quel faible je fais. C'est pathétique...
-Coucou Ga-chan.
Nooooooon, pourquoi tu m'appelles comme çaaaaaaaa ? Tais-toi ! Tais-toi ! Couché !
Urgh, non pas couché.
-Ça va ? Que t'arrive-t-il ? Tu avais l'air bizarre au téléphone.
Il s'est assis sur le lit et a posé la main sur mon épaule. J'ai levé les yeux vers lui, et il m'a souri.
Comment un simple sourire peut avoir cet effet-là sur moi ?
-C'est à propos de mon père.
-Raconte-moi.
-Il a été arrêté aujourd'hui.
-Mais c'est super ! Pourquoi tu es dans cet état ?
-J'ai peur.
-Peur de quoi ?
-Que ce soit une de ces feintes que vous fait la vie quand on pense que tout va bien et qu'il y a de l'espoir.
-Mais n'importe quoi... Ton père était recherché par toute la région, même s'il parvient à s'échapper il n'ira pas très loin. Quand bien même, la surveillance est beaucoup plus importante aujourd'hui qu'au moment où il s'est évadé, du coup ça devient difficile de partir sans que ça se sache, tu ne crois pas ?
Je me suis mis en position assise.
-Mouais...
-Pas de "mouais". J'ai raison et tu le sais. Alors maintenant souris et prends conscience de la bonne nouvelle.. tu es libre.
Libre.
Mouais... nan.
En voyant mon air sceptique, Sasuke a levé les yeux au ciel. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire, ce qui l'a fait sourire. Aaaah.
-Tu as faim ? Akira-san m'a dit qu'ils étaient sur le point de dîner, il m'a proposé de rester manger même.
-Je ne veux pas descendre. Ils vont faire la fête, célébrer et être heureux. Je n'ai pas envie de faire la fête et célébrer parce que je ne suis pas heureux, moi.
-Et qu'est-ce que tu es ?
-Perdu, confus, ce que tu veux. Tout ce qui touche à ce champ lexical mais certainement pas heureux.
-Tu es impossible... marmonna Sasuke en secouant la tête. Tu préfères que je te monte le repas ? On mangera tous les deux ici, tu pourras me raconter ce qui se passe dans ce truc que tu as à la place de ton cerveau.
-Va chier !
-C'est un oui ?
Après quelques secondes d'hésitation, j'ai hoché la tête, les joues roses.
-Bon. Je suis là dans deux minutes d'accord ?
Nouvel hochement de tête. Joues rouges.
Il m'a tapoté la cuisse avec un sourire, puis il est sorti en claquant doucement la porte. Mes yeux sont successivement passés de la porte à l'endroit où Sasuke avait touché ma cuisse, puis je suis tombé en arrière sur le lit en m'arrachant les cheveux sans retenir un soupir de frustration.
Il m'énerve ce Sasuke quand même.
Je me suis levé d'un coup, me suis rassis parce que je m'étais levé trop vite et me suis relevé "en douceur". Puis j'ai regardé l'état de ma chambre (c'est toujours la mienne du coup ?), j'ai vu à quel point c'était le bordel et j'ai vu la tête des fringues que j'avais mises avant de partir cet après-midi. Bon sang, à quoi je pensais ? Il faut que je change ça !
... et à quoi je pense, maintenant ? Changer mes vêtements ? Je n'y ai jamais pensé une seule fois avant, c'est pas aujourd'hui que ce sera différent.
Bon je vais peut-être me mettre en pyjama par contre. Je m'inquiétais de ma tenue, mais faut pas exagérer quand même. Restons rationnels, une tenue ne changera rien à... peu importe la situation dans laquelle je me trouve en ce moment. Je me mets donc en quête d'un pyjama potable pour quand je m'endormirai, mais j'aimerais également me mettre à l'aise maintenant, je me sens mal en jean là tout de suite. Cherchons cherchons... Qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mes foutus pyjamas ? Ah yes, trouvés.
Sasuke est remonté au moment où j'enfilais mon marcel noir. Deux minutes plus tôt, on se serait retrouvé dans une situation plus awkward... où il aurait été obligé de mettre la même tenue que moi, c'est-à-dire presque rien du tout.
Aucun de nous ne l'aurait supporté.
-Ben, tu es en pyjama ? Tu en avais marre du jean ? s'étonna Sasuke en posant un plateau surchargé de vivres (plus de la vaisselle et des couverts) sur le bureau.
-Non, répondis-je sur la défensive, marre qu'il me connaisse si bien. Je pensais juste qu'il était temps de mettre une tenue plus appropriée à la nuitée.
-Pff OK. Tu as faim j'espère ? En bas il y avait pas mal de choses, j'ai pris des korokke, du tonkatsu, des tenpura..
-Que des trucs frits...
-... mais également de la salade, quelques tomates, du radis, du bœuf, et du riz bien sûr. Si tu as soif, je redescendrai prendre un peu d'eau ou des sodas.
J'étais touché par tant de gentillesse. Pourquoi je m'émeus si vite et si facilement ? Est-ce à cause de mon traitement contre la douleur, à cause de tout ce qui m'est arrivé dernièrement ou est-ce juste parce que je suis devenu incroyablement sensible durant ces deux dernières années ? Tout est possible avec cette bouse que j'ai à la place du cerveau.
-On verra après. Merci pour la nourriture.
-Pas de quoi. Bon, tu viens ? On attaque ?
-Ouais, on attaque.
J'ai pris une petite assiette et j'ai commencé à me servir, tandis que Sasuke s'installait sur le lit en s'étirant.
-Tu me mets des tenpuras dans l'assiette s'te plaît ? demanda-t-il.
-Non mais l'autre, c'est moi l'infirme et c'est toi qui es servi... T'as pas l'impression qu'il y a un problème ?
-C'est toi qui es debout, va donc t'asseoir au lieu de te faire souffrir inutilement... Tiens d'ailleurs en parlant de ça, pendant le court instant où j'étais en bas, tu as réfléchi un peu ? Tu acceptes ta situation ?
-Il n'y a rien à accepter, rien n'est terminé encore... ai-je répliqué en mettant des trucs ça et là dans nos assiettes, puis en mettant un peu de riz dans les deux bols.
-Va t'asseoir, fit Sasuke en guise de réponse en se levant.
Je me suis exécuté. Sasuke s'est tranquillement servi en silence, a pris des extras pour moi (awww) et s'est assis à côté de moi en me filant mon assiette, mon bol de riz et une paire de baguettes.
-Alors comme ça, môsieur refuse de voir la réalité en face. Ce que tu peux être fatiguant...
-Si ça te fait chier... ai-je commencé en trempant un de mes beignets de tenpura dans la sauce.
-Non, Gaara, pas du tout... Je veux juste comprendre ce qui te bloque, pourquoi tu t'empêches de croire, d'accepter ce qu'il vient de se passer. Mais si tu n'as pas envie qu'on en discute tout de suite...
J'ai soupiré en regardant Sasuke dans les yeux. Il a soutenu mon regard, et j'ai avalé mon beignet de tenpura d'un air résigné. Je n'avais effectivement pas envie d'en parler maintenant... Marre, marre, marre qu'il me connaisse par cœur.
-Après un bon repas, peut-être. Raconte un peu, comment ça se passe au lycée ? Des nouvelles ?
-Hmm... Kiba et Shino ont réglé leur problème, j'en ai marre des maths et je n'ai plus de thon pour mes onigiri. En somme, tout va bien.
-Mouais. Mais de quoi tu parles, quel problème ?
-Quoi, je ne te l'avais pas dit ? Ils n'étaient pas sûrs d'être acceptés dans leurs facs respectives, mais c'est bon, ils ont reçu des réponses positives lundi. Tant mieux pour eux, ça commençait à être un peu urgent.
-Tant mieux pour eux, oui. Et ils sont où, du coup ?
-Hmmm, laisse-moi réfléchir... Kiba va à l'université d'Osaka, tu sais, Hannan. Par contre j'ai oublié ce qu'il y fait. Et Shino a finalement été accepté à Kyodai dans le cursus de biologie.
-C'est parfait, tout ça! Enfin, tu vois ce que je veux dire. Donc Shino sera toujours dans les parages, on est pas très loin de l'université de Kyoto ici...
-Vrai. Mais euh... et toi, au fait ?
-Moi ?
-Oui, avec tout ce qui est arrivé, j'imagine... que tu n'as pas pensé à ce que tu allais faire après le lycée...
Silence. En réalité, ça ne m'a même pas effleuré durant ces derniers mois, et pas seulement parce que j'étais poursuivi par mon géniteur. Parce que quelque part, j'en ai rien à faire, mais d'un autre côté, merde alors, j'ai pas de fac pour l'année prochaine.
-Tu as raison, je n'y ai pas pensé. J'avais.. autre chose en tête, tu comprends.
Sasuke a hoché la tête d'un air entendu, sans rien dire.
-Ce n'est pas si grave, tu sais. J'ai toujours le boulot au café, et puis il n'y a pas que les grandes et belles universités du top 10 qui existent n'est-ce pas ? ai-je ajouté en versant un peu de sauce sur un morceau de tonkatsu. Enfin toi ça te concerne moyen, tu vas à Meiji.
-Moui...
-Todai c'était trop pour toi ? lui ai-je demandé avec un petit sourire.
-Tss, n'importe quoi. Todai m'intéressait aussi, mais il y a de meilleurs cursus à Meiji je trouve, répondit Sasuke en haussant les épaules. Et puis j'ai laissé le prestige à Sakura et Hinata, pour leur heure de gloire...
-Ouais c'est ça...
-Y'a quoi ?
-Rien, marmonnai-je avant de lui fourrer un morceau de karaage dans la bouche.
-Mpffff c'est 'HAUD ! AÏÏÏE !
-Toi et ta prétention pourrie... Prends ça, ajoutai-je en lui fourrant un autre morceau dans la bouche, avant même qu'il ait fini de mâcher l'autre.
Je l'ai regardé batailler avec ses deux gros morceaux de poulet tandis que je mangeais tranquillement ce qu'il y avait dans mon assiette.
-Connard, lâcha-t-il après avoir avalé, les larmes aux yeux.
-Cadeau de la maison, mon chou, ai-je répliqué avec un grand sourire. Bref. Si je compte bien, tout le monde va dans de superbes universités ? Heureusement que je ne suis pas réellement dans ce groupe d'amis, j'aurais été la risée de tous. Remarque, je m'en balance un peu.
-Je t'aurais bien aidé à trouver quelque chose, mais ma langue me brûle, fit Sasuke en me lançant un regard noir.
-Mais je ne t'ai rien demandé, mon chou. Et puis, je pense pouvoir me débrouiller seul quand même... Je sais encore lire, écrire, me déplacer, parler. Tu sais, ce genre de choses.
Sasuke m'a lancé un regard genre, et a continué de manger en silence. J'ai fait de même après avoir haussé les épaules, et ai attendu que Sasuke parle de nouveau.
-Quand même, tu as une idée de ce que tu voudrais faire ou bien.. ? reprit Sasuke après quelques minutes de silence.
-Bof, pas vraiment. Il y a des choses que je ne veux pas faire, ça c'est sûr. Mais tu sais, je n'ai pas cette capacité, celle de.. pouvoir se projeter dans l'avenir.
-Et comment ça se fait, à ton avis ?
-Je ne sais pas, j'ai jamais pensé que j'en avais un.
Pour toute réponse, Sasuke eut un soupir et me lança un regard courroucé.
-Merde, non, ce n'est pas sorti comme je le voulais, me suis-je empressé de dire. Ce que je voulais dire, c'est que je n'ai jamais eu de très hautes... espérances par rapport à mon futur.
-Pourquoi ça ?
-Je ne sais pas trop, je ne suis pas un fan de "métro-boulot-dodo" et encore moins de "métro-boulot-kimono" alors... je me voyais mal suivre le schéma type de la société. Pour moi, je ne suis juste pas fait pour.
-Hm. D'accord. Et tu as une idée sur ce que tu vas faire alors, si tu ne suis pas "le schéma-type de la société" ?
-Non. Mais bon, j'ai une année pour réfléchir, n'est-ce pas ?
J'ai englouti un korokke entier (parce que j'adore ça), j'ai pris un peu de riz et j'ai posé mon bol, mon assiette et mes baguettes près du lit.
-Je vais chercher à boire, j'ai soif, fit Sasuke en se levant. Tu veux quelque chose ?
-De l'eau ça me va. Merci.
Je l'ai suivi des yeux tandis qu'il sortait de la pièce, puis j'ai regardé l'état de la chambre en soupirant. J'aurais pu faire un effort côté rangement quand même... Bof, je n'ai jamais été connu pour être maniaque de toute façon. J'ai ouvert la fenêtre pour aérer, ai retiré les quelques miettes qu'il y avait sur le lit et sur mon t-shirt et suis parti aux toilettes. À mon retour, Sasuke se tenait à côté du carreau en train de regarder au-dehors. Je n'ai pas pu m'empêcher de le détailler de la tête aux pieds.
-Ah, tu es là, marmonna-t-il avec un sourire en se tournant vers moi, juste après que j'ai détourné le regard, les joues roses. J'ai pris de l'eau fraîche, du jus d'orange, du thé, pis du soda à la cerise parce que voilà. Et des pailles parce que c'est trop cool. Fais ton choix !
-Sers-moi ce que tu veux, lui ai-je répondu avec un sourire.
Il m'a servi un verre de soda à la cerise. Ben voyons.
Sasuke s'est également servi un verre de soda et a marmonné "à ta santé !" avant de s'asseoir à côté de moi sur le lit. Je n'ai bu qu'une gorgée, alors que lui a bu la moitié de son verre en deux gorgées à peine. Je l'ai regardé avec des yeux ronds, il a ri, j'ai ri, et on a tous les deux détourné le regard.
Mais qu'est-ce qui se passe ?
On rigole pour rien, je rougis pour rien, je le mate à la dérobée, mais c'est quoi ce bordel ? Sasuke doit quitter cette pièce. Enfin remarque, il n'y a que moi qui ai l'air d'avoir un problème... je crois ?
Non. J'ai retourné la tête, et je l'ai surpris en train de m'observer puis rougir. Putain. Bon la différence c'est qu'il n'a pas détourné le regard lui, il a continué de me regarder avec un sourire gêné.
Hum, respire un bon coup, et relance la conversation, ça devrait bien se passer... Allez, parle d'un truc banal.
(Et c'est à ce moment précis que mon cerveau a décidé de prendre ses cliques et ses claques et de se barrer au Sierra Leone. Putain de cerveau de mes deux.)
Alleeeeeeez làààààà !
Ça m'énerve salement ça. On dirait deux mômes de huit ans à leur première boum... Ou alors ça ne concerne que moi, après réflexion Sasuke a l'air bien plus à l'aise que bibi. Merde alors. J'ai plus qu'à me détendre c'est ça.. ?
J'ai bu une autre gorgée de mon soda, puis j'ai posé mon verre près du lit, à côté de mon bol.
-Je repensais à ce dont on parlait tout à l'heure, commença Sasuke.
-Hm-mm ?
-Et je me suis encore demandé pourquoi ça t'était si difficile d'admettre cette "nouvelle situation". J'ai un peu de mal à te suivre, j'aimerais que tu.. m'éclaires un peu.
Hm. Bon revirement pour relancer la conversation. C'est drôle, je n'y pensais presque plus.
Je me suis tourné vers lui et l'ai regardé dans les yeux. Sasuke n'a pas cillé. Il a soutenu mon regard quelques instants, puis il a posé son verre à côté du lit lui aussi. Il attendait patiemment que je réussisse à lui répondre.
-J'ai peur, voilà. Je n'ai pas envie de me dire que tout va bien pour ensuite voir que ce n'était que temporaire. Je refuse de me faire avoir, je ne veux plus.. me faire avoir...
Sasuke eut un rictus puis soupira. Je savais qu'il hésitait entre me frapper et me prendre dans ses bras ; c'était facile à reconnaître comme situation, ça nous arrivait presque tous les jours avant. À l'un comme à l'autre.
-La situation est différente, maintenant. Tatsuro est en prison, surveillé 24h sur 24, ta maison est surveillée 24h sur 24... La tête de ce mec est connue dans toute la région, je te l'ai déjà dit. Et compte tenu de la gravité de la situation, il sera jugé rapidement. Donc en attendant... Pense à autre chose.
-En attendant quoi ? Qu'il s'échappe à nouveau ?
Ouch, il m'a frappé à la tête.
-Non, imbécile, en attendant qu'il écope de ses deux-cent cinquante années de prison. Je ne pense pas qu'il puisse sortir de sitôt, n'oublie pas qu'il a tué un homme - et qui sait, peut-être plus.. Bref. Il faut...
-À mon avis, il n'a tué qu'une seule personne, donc il n'aura pas la peine de mort, et il sera probablement libéré au bout de dix ans. Dix ans, ce n'est rien pour lui, c'est une routine. Donc je serai tranquille pépère et il me tuera avant mes trente ans, super.
Deuxième coup à la tête.
-Mais tu me fais mal, putain !
-C'est pour la forme. Je t'interdis de penser comme ça. Non non ! cria-t-il en me voyant ouvrir la bouche. Tu penses réellement que dans dix ans, il sortira et pourra faire tout ce qu'il voudra ? La justice va s'assurer qu'il ne te fera pas de mal. Sa liberté ne sera que partielle...
Je n'ai rien dit. Cette histoire m'énervait tellement et me mettait dans un tel état que je me suis mordu la lèvre pour éviter de pleurer.
Voyez dans quel état ça me met alors qu'on ne reparle de ce sujet que depuis deux minutes. J'ai toujours clamé haut et fort que j'étais insensible, mais je me demande si je ne suis pas extra-sensible en fait...
Bref. Sasuke l'a remarqué, puis il m'a attiré contre lui pour me prendre dans ses bras, sans un mot. Bordel, faut pas qu'il fasse ça, il sait très bien que c'est le meilleur moyen pour moi de craquer... Alors que je déteste ça...
Me mettre dans les bras de Sasuke, c'est pire que n'importe quoi pour ressortir mes émotions refoulées.
Les larmes se sont donc mises à couler sans que je ne puisse les retenir plus longtemps. Sasuke me caressait les cheveux en me murmurant que tout allait bien se passer, que je n'avais pas à m'inquiéter et qu'il serait là pour moi. Je ne sais pas si c'est exactement ce que j'ai besoin d'entendre ou, au contraire, pile poil ce que je n'ai pas besoin d'entendre.
Je n'avais pas la force de m'écarter. Je n'en avais pas envie. Parce que je voulais rester contre lui, j'en avais besoin même. À cet instant précis, c'était vital, et je ne sais pas pourquoi. C'est en fait évident, mais je ne me demandais pas le pourquoi du comment, je savais juste qu'il ne fallait pas que je m'écarte de Sasuke sous peine de dépression nerveuse.
Quand même, pourquoi était-ce si difficile de se séparer de lui aujourd'hui ? La nuit qui a suivi mon réveil, on a dormi ensemble, je ne me souviens pas avoir autant souffert pour m'écarter de Sasuke. Peut-être que le contrôle se fait de plus en plus dur à faire ces derniers temps.
J'ai cessé de pleurer relativement vite. Enfin, pour les moments où je craque, je pleure beaucoup plus longtemps que ça normalement.. Mais bon, ça ne m'a pas empêché de rester dans les bras de Sasuke. Lui-même était conscient que je ne pleurais plus, étant donné que les sanglots s'étaient arrêtés, mais il m'a maintenu contre lui, toujours en me caressant les cheveux. On est restés comme ça plusieurs minutes, en silence, puis il m'a fallu toute la force et la volonté du monde pour m'écarter de lui.
-Ça va un peu mieux ?
Il m'avait parlé d'une voix douce, à peine plus haute qu'une murmure. J'ai hoché la tête, puis il a essuyé un reste de larmes de mon visage avec son pouce, un petit sourire aux lèvres.
Oh mon Dieu.
Sasuke m'a touché le visage.
J'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour limiter la réaction de mon corps à un simple sourire. Il a passé son pouce sur mon autre joue, son bras gauche toujours autour de mes épaules, puis son pouce s'est arrêté près de ma bouche. Je voyais qu'il ne me regardait plus dans les yeux, que son regard descendait, mais il a tout de même retiré son bras autour de moi en reculant légèrement, déglutissant avec difficulté. J'ai baissé les yeux au niveau de mes genoux.
-Sasuke je..
Je ne sais même pas pourquoi je l'ai interpellé. Je n'avais strictement rien à lui dire. D'ailleurs je ne sais même pas comment j'ai réussi à prononcer deux mots.
-Je...
Je sentais le regard de Sasuke, il attendait que je dise quelque chose de concret, d'intelligent, enfin, quelque chose quoi. Lorsque j'ai relevé les yeux, j'ai croisé les siens, et ce que j'y ai vu m'a paru clair comme de l'eau de roche.
Envie, peur, désir, appréhension. Espoir.
Mes yeux.
-Et puis merde...
J'ai écrasé mes lèvres sur les siennes, comme si un aimant m'y avait forcé. On est restés comme ça quelques secondes, ma conscience a tenté de me faire reculer mais Sasuke m'a retenu en posant sa main à l'arrière de mon crâne, approfondissant ainsi le baiser. J'ai cru fondre en sentant sa langue contre la mienne, son autre main au creux de ma taille. Je l'ai attiré un peu plus contre moi, plaçant un bras derrière sa nuque et l'autre autour de son buste. Je pouvais sentir son cœur battre, à moins que ce ne soit le mien.
Ça m'avait tellement manqué. Sa peau, ses bras. Son corps. Son odeur. Sa façon qu'il avait de m'embrasser. Sa façon qu'il a de m'embrasser maintenant. Je ne sais plus où j'en suis, mon cerveau ne répond plus à l'appel. Il me rappelle juste de respirer ou de gémir quand je sens les mains de Sasuke se balader dans mes cheveux ou niveau de mon torse.
Ah, mon cerveau me dit aussi que Sasuke est en train de m'allonger sous lui, entre mes jambes écartées. Son corps était tout contre le mien, mais sans que ça ne me fasse mal au niveau des côtes. Je ne sais pas comment il s'est débrouillé pour m'éviter cette petite souffrance, je ne comprends pas comment il peut être aussi doux..
J'ai quand même mis mon bras derrière moi pour éviter d'être entièrement allongé, autrement j'allais perdre la totalité de mes moyens et... et c'est tout, c'est largement suffisant. Déjà que j'ai du mal à résister là tout de suite, tellement je désire Sasuke en cet instant. Et je sais que pour lui c'est la même chose, c'est ce qui rend le self-control si difficile.
C'est pourquoi j'ai eu l'impression de tuer un morceau de moi-même lorsque je me suis extirpé de son étreinte.
Sasuke a avancé de nouveau son visage lorsque je nous ai séparés, comme s'il y avait eu erreur quand j'avais décidé de rompre le baiser. J'ai posé mon doigt sur ses lèvres pour lui faire comprendre.
Sasuke a cligné plusieurs fois des yeux, puis il a réalisé ce qui venait d'arriver et s'est reculé en tentant de reprendre un rythme de respiration normal. J'ai fait de même en me remettant dans une position plus adéquate.
-Je suis désolé.
Sasuke m'a regardé comme si j'étais fou.
-Tu n'as pas à t'excuser Gaara, je suis aussi fautif que toi, même plus je pense... Enfin... Tu es fragile et tout ça, c'est comme si j'avais profité de toi...
-Pff, dis pas de conneries. Je t'ai sauté dessus... Enfin là n'est pas la question.
On s'est regardés, à mi-chemin entre la gêne et l'amusement.
-Je.. vais m'en aller, d'accord ?
J'ai regardé Sasuke se pencher pour d'abord attraper son sac puis prendre les assiettes, bols et baguettes qui étaient par terre et se relever.
-On discutera de tout ça euh.. plus tard, hein ? Quand les choses seront un peu tassées et... Enfin, tu vois ce que je veux dire, marmonna-t-il en se dirigeant vers la porte.
J'ai hoché silencieusement la tête. Sasuke mit en équilibre tout ce qu'il avait dans la main et commença à batailler pour ouvrir la porte de la chambre, puis je me suis précipité pour l'aider.
-Laisse tout ça, je vais descendre les machins moi-même, dis-je en lui prenant la vaisselle.
Nos mains se sont effleurées, mais après ce qui vient d'arriver, ça n'a pas réellement d'importance. Sasuke m'a souri en guise de remerciement, il a ouvert la porte et est sorti avec un dernier regard dans ma direction. Je l'ai regardé partir, j'ai fixé le couloir quelques minutes, puis j'ai rassemblé tout ce qu'il fallait ramener à la cuisine le plus lentement possible pour être certain de ne pas croiser Sasuke une fois descendu au premier étage.
22h et quelques
J'ai discuté un peu avec les gens en bas, et me voilà de nouveau dans ma chambre, en boule sur mon lit mais pas pour les mêmes raisons.
Voilà, j'ai cédé, j'ai cédé à la tentation.
Pour ma défense, je suis un être faible et fragile, et je suis amoureux en plus de ça. Maintenant que c'est arrivé, j'ai beaucoup plus de mal à comprendre pourquoi j'hésitais tant à reprendre notre relation là où elle s'est arrêtée. Est-ce qu'il faut que je sois rationnel ?
En même temps, pourquoi être rationnel ? C'est trop con, on est tous les deux amoureux, il n'y a techniquement rien qui nous empêche de nous remettre ensemble. En somme, la question ne se pose pas. Si tout ce qui s'est passé me pose problème, je n'ai qu'à en parler avec Sasuke, tout simplement. Toute cette tension, ces problèmes, ça me paraît si lointain. Enfin ça l'est, ça fait presque trois mois maintenant ; et la situation est bien différente, lui et moi on se comporte de façon tellement naturelle depuis mon réveil.. et pas seulement en apparence. J'étais bloqué au début, mais il faut quand même dire qu'avec Sasuke ça va un peu tout seul des fois. Bref, tout ça pour dire, avec tout ce qui est arrivé plus tout ce qui est arrivé, je ne sais plus trop quoi penser.
Et puis, si on a du mal à se remettre de la fin de notre relation, la situation restera telle qu'elle est, si douloureuse et compliquée soit-elle.
Bordel, j'espère qu'il n'y aura pas de désaccord. Je l'aime, je le veux, c'est tout.
Pourquoi je n'arrive plus à être rationnel une fois être entré en contact direct avec Sasuke ? Fais chier.
Mais naaaaaan je viens de me rendre compte qu'il se barrait à la fac dans deux mois... Mais quelle plaie ! Je sais qu'en train c'est plutôt rapide mais quand même, c'est chiant ! Enfin c'est surtout que je suis habitué à la proximité. Si j'ai besoin de lui ou qu'il a besoin de moi, petit coup de téléphone et hop! quelques dizaines de minutes suffisent pour qu'on soit ensemble. Là ça va être différent, compliqué.
Enfin, compliqué que si on en a envie. Il y a des gens qui gèrent bien leurs relations "à distance" - enfin façon de parler, on est dans le même pays, à environ deux heures trente l'un de l'autre - et dont les histoires marchent très bien. Pourquoi pas nous ? Ça pourrait le faire non ? ... pourquoi j'ai l'impression que ce ne sera pas le cas ?
Toutes ces questions que je me pose. Je ferai mieux d'en discuter avec l'intéressé (ou avec quelqu'un de bon conseil, c'est-à-dire à peu près tous mes amis proches - deux ou trois). Je vais appeler quelqu'un, je ne sais pas encore qui.
Après cinq bonnes minutes à chercher mon téléphone, je l'ai trouvé dans la poche du jean que j'avais tout à l'heure (ben voyons). Deux appels en absence, cinq messages non lus.
Deux de Sasuke, le premier qui date d'avant son arrivée ici et qui me dit qu'il a croisé Machin et Tel dans le bus et qu'ils l'ont soûlé en lui parlant, et le second message, envoyé après son départ, dans lequel il s'excuse de ce qui est arrivé même si au fond, il ne le regrettait pas. Son honnêteté me surprend souvent dans les situations gênantes comme celles-ci..
Bref. Ensuite, j'ai un message de Haruma qui me demande si tout va bien et si je n'ai pas besoin de muffins supplémentaires. J'avoue, j'ai souri. Mais je ne le connais pas assez pour me plaindre à lui de mes histoires de cœur donc, je lui répondrai plus tard avec un ton léger. Et les deux autres messages... Ben voyons, c'est Kamui et Tomo.
Kamui qui en a marre de ne pas me voir et me promet de passer ce week-end, et Tomo qui me demande s'il peut passer demain parce qu'il est de repos, tout en demandant si ça ne dérangera pas ma famille. Aaah.
-Allô ?
-Tomo ?
-Oui Gaara ? Ça va, tu as reçu mes messages ? Tu ne faisais pas la sieste quand je t'ai appelé il y a deux heures hein ? Je ne sais jamais avec toi, tu dors absolument tout le temps.
-Non non, ne t'en fais pas, je ne dormais pas.. Et puis ce n'est pas vrai, tu mens! Ahem. Ça va ?
-Oui. Et toi ? Pourquoi tu n'as pas décroché alors, puisque tu ne dormais pas ?
-J'étais.. occupé. Tu veux passer demain ? Je te raconterai ce qui est arrivé.
-Quoi, il s'est passé quelque chose ? Raconte-moi.
-Spoilers.
-Arrête tes bêtises.
Silence.
-Sasuke est passé aujourd'hui, et on s'est embrassés.
-Normal. Et ? C'est tout ?
-Mon père s'est fait arrêté.
Un son monstre est sorti du combiné. Quelques secondes plus tard, je me suis rendu compte que c'était juste un rugissement de joie.
-C'est génial, Gaara. Je suis soulagé. C'est arrivé quand, aujourd'hui ?
-Oui, enfin je pense. On m'a prévenu vers seize-dix-sept heures. J'ai eu du mal à assimiler la nouvelle, en plus j'étais en public.
-Où étais-tu, au café ?
-Yep. Avec Hiro et le reste. Enfin bref, après ça je suis rentré, j'ai essayé de me changer les idées, puis Sasuke est venu et une chose en entraînant une autre bah... voilà. J'ai un peu honte mais bon...
-Ceci est un autre débat. Je passe demain ? Quelle heure tu préférerais ?
-Hmm je ne sais pas... ? Je dois recevoir un appel du poste de police demain dans la matinée, à part ça... je n'ai pas grand-chose de prévu. Enfin, ce n'est même pas quelque chose de prévu en soit.
-OK. Ben je passerai en début d'aprèm', ça te va ?
-Oui oui c'est parfait. Pis au moins avec ce coup de téléphone je serai debout...
-C'est vrai que tu es une véritable marmotte...
-Ah ça suffit hein.
-Tu vois, tu ne démens même pas. Mais bon je vais quand même te laisser dormir, je suis sûr que tu es fatigué.
Comment pouvait-il le savoir ? Est-ce si évident que ça ? Est-ce que ça s'entend au téléphone ? L'a't-il juste deviné ? Ou suis-je juste réellement tout le temps fatigué ? Dit-il cela à cause de l'heure tardive ?
Bon sang Gaara, ta gueule avec toutes tes questions.
-C'est gentil. Je t'appelle demain, OK ?
-OK ! Bonne nuit Gaara !
-Bonne nuit Tomo...
-Dors bien ! Enfin, dors. Prends conscience que tu es libre, d'accord ? Dors sur tes deux oreilles.
-On verra ça. À demain.
Et j'ai raccroché.
XxX
J'ai rangé un peu ma "chambre", histoire d'être prêt à partir le plus tôt possible, j'ai tournoyé un peu (oui oui, au sens propre du terme) et je me suis couché. J'ai fait des rêves qui n'avaient genre rien à voir avec la situation présente, du coup j'étais sacrément perturbé à mon réveil. Ah si j'ai rêvé que l'annonce de mon père arrêté était une blague, que c'était un piège même. Au moment même où j'allais dans un bar pour fêter ça -déjà, on voit que c'est pas la réalité m'enfin bon- on me bâillonnait puis m'égorgeait devant tout le monde, et personne ne faisait rien. Mon père me regardait tout sourire, puis je me suis réveillé en sueur vers quatre heures du matin. Bref, c'était ma nuit.
Je me suis levé assez tôt le lendemain ! J'avais l'impression d'être plus serein, peut-être que le fait de m'être fait tué pour de vrai dans mon rêve m'a donné l'impression de me libérer ? À vrai dire je n'en sais rien, on dit souvent que "la nuit porte conseil". Je n'ai pas réfléchi, je n'ai pas fait de rêves sensés, et je me sens bien... Bof, je n'ai jamais eu de véritable contrôle sur mon cerveau, alors qu'il agisse tout seul ne devrait pas m'alarmer.
Anyway. Je me suis levé, personne n'était là, mais c'est normal on est jeudi. J'ai pris un petit déjeuner devant un animé, on m'a appelé, Tomo m'a appelé et je l'ai invité à la maison -enfin, il s'est invité... pour qu'on puisse discuter tranquillement ou autre.
XxX
Jeudi 17 janvier - 15h et quelques
Je voulais faire à manger pour Tomo et moi, mais il m'a empêché de le faire sous prétexte que je ne suis pas entièrement remis. Non mais franchement. Où a-t-on vu quelqu'un qui n'est pas remis après presque trois mois ? Bon d'accord c'est courant suivant la gravité de l'accident... Enfin je ne vais pas m'étendre sur le sujet, j'étais là. Bref, tout ça pour dire, je suis "tranquillement" assis à la table de la cuisine pendant que Tomo fait revenir des légumes et du porc dans une poêle en attendant que les sobas soient cuites.
En fait, presque tout de suite après l'appel de la police, on m'a demandé d'aller au poste pour régler quelques problèmes (déclarations de témoignage, plaintes, confirmation d'identification, etc) et heureusement, Tomo est arrivé plus tôt que prévu et m'a accompagné directement. J'appréhendais surtout parce que je devais voir mon père, mais en fait ça allait parce que je l'ai à peine vu. On m'a montré une photo de lui et on l'a transféré d'une salle à une autre au moment où on partait, mais lui ne nous a pas vu (heureusement).
Bref. Ça nous a pris la matinée et le début de l'après-midi, et là on vient de rentrer. On crevait de faim, alors j'ai proposé de faire à manger mais il m'a viré de la cuisinière et a fait les yakisobas à ma place.
-Il est transféré quand ? me demande Tomo en assaisonnant un peu plus les légumes et le porc.
-Demain matin. Je ne me rappelle pas du nom de la prison, mais de toute façon c'est écrit sur toute la paperasse qu'ils m'ont donné...
-Enfin ! Ça va là ? Tu acceptes de mettre tout ça derrière toi ?
Je n'ai rien dit. J'avais trop faim pour réfléchir à quelque chose d'aussi sérieux.
-C'est bientôt cuit ? Je crève la.. rooh ça va, ai-je marmonné en voyant le regard de Tomo. J'en sais rien, en fait je n'aime pas qu'on me pose la question, ça m'énerve un peu. Et puis laissez-moi tranquille, je "mettrai tout ça derrière moi" quand je serai prêt, ça sert à rien de tenter de me convaincre. Sasuke a fait ça hier aussi, comme plein de gens et comme toi. En un mot comme en seize, t'écrases.
Honnêtement, j'étais très calme. Tout ce que j'ai dit est sorti sur un ton neutre, sans aucune émotion apparente. Tomo a égoutté les sobas et les a doucement incorporé avec les légumes et la viande en silence.
-OK, finit-il par dire. Je vais arrêter d'insister là-dessus. Mais ne m'oblige pas à parler de Sasuke à la place, je risque d'être méchant et ça ne va probablement pas te plaire.
-Sympa merci, c'est à peu près le sujet qui me pourrit le cerveau en ce moment.. Enfin bon. Ça dépend de ce que tu as à dire. Mais j'ai à peu près entendu tout et n'importe quoi sur Sasuke, et ça sortait de sa propre bouche. Alors balance, mais sois pas trop vulgaire sinon je colle ta tête sur la plaque-là.
-J'aimerais bien te voir faire ça avec ta jambe de bois ! répliqua aussitôt Tomo en agitant vers moi sa spatule. Bref. Tout d'abord, j'ai conscience que mon opinion sur Sasuke est fortement altérée par le fait qu'il t'ait abandonné sans prendre la peine de te dire qu'il partait et où il partait, et également à cause de l'état dans lequel il t'a mis après votre rupture même si elle était fausse. J'ai forcément du mal à apprécier ce mec quand on sait ce qu'il t'a fait, puisque c'est un gros connard. Néanmoins, ajouta-t-il d'une voix forte en me voyant ouvrir la bouche d'un air choqué, il est vrai qu'il t'a rendu heureux et que vos sentiments l'un pour l'autre sont un peu trop évidents et dégoulinent de partout... C'est pourquoi, même si c'est vraiment un gros connard, tu l'aimes et je n'ai pas réellement mon mot à dire.
J'ai sorti deux grands bols et deux paires de baguettes et je lui ai souri.
-J'ai pas été trop vulgaire hein ?
-Non non, pas du tout. Et puis il n'y a pas d'autres mots que "gros connard" pour définir Sasuke, si ce n'est "crétin", "imbécile", "abruti"... enfin t'as compris le concept.
-Ouais ouais.
-Mais tes insultes ne m'ont pas réellement aider à régler mon problème..
-Me fais pas chier, tu la connais la solution... Je plaisante, ajouta aussitôt Tomo en voyant ma tête. Je t'ai déjà dit d'être moins cash avec les gens, vois un peu l'effet que ça fait.
-Je ne parle plus de cette façon, sauf dans des cas extrêmes, ai-je répliqué en croisant les bras.
-Mouais. Bref ! Ce que je dis c'est vrai, la solution tu la connais déjà. Tu discutes avec Sasuke, tu lui dis tout ce que tu ressens, et hop terminé. Si vous réussissez à vous mettre d'accord tant mieux, sinon bon débarras.. Bon, on se met à table ?
-Et comment ! Je suis en train de mourir là.
Tomo a mis les yakisobas dans un grand plat, l'a posé sur la table et a commencé à nous servir. J'allais attaquer mais au moment où il s'est assis, on a sonné à la porte.
-Mais naaaaaaan, qu'ils s'en aillent ! me suis-je écrié en me levant.
-T'es grave, fit Tomo en riant. Laisse, je vais ouvrir.
Il est sorti de la cuisine et s'est dirigé vers l'entrée. J'ai posé mes baguettes en croisant les bras. Ça sert à rien qu'il aille ouvrir, je vais pas manger sans lui. Cette action était donc certes brave de sa part, mais totalement inutile. Parce qu'en plus, là je suis obligée de regarder la nourriture -et sentir le merveilleux fumet qui émane de ce plat bourré de délicieuse viande, d'épices, de bons légumes sautés... Voilà ça y est, je bave.
Mais qui est à la porte, en plus ? J'entends à peine ce qu'on dit. Je me suis levé pour aller voir mais Tomo est revenu, accompagné de Kamui et.. Sasuke, bien sûr. Ce serait pas drôle sinon.
-Tiens, bonjour les enfants, les ai-je salué, à moitié surpris.
-Gaara! Comment tu vas ? s'est écrié Kamui en me serrant contre elle. Je suis tellement désolée de ne pas pouvoir passer souvent... Normalement ça devrait mieux aller à partir de maintenant!
-Tant mieux, ça commençait à devenir insultant. Bon, c'est pas que je vous aime pas, mais je meurs de faim et on était sur le point de manger.
-Ah désolée! Enfin tant mieux, avec Sasuke on a super faim aussi ! Et puis on peut te faire confiance pour avoir cuisiné en masse, ajouta Kamui en regardant la taille du plat dans lequel Tomo a mis les yakisobas.
-Ben quoi, il faut se nourrir, me suis-je défendu. Bon bah je vous sors de quoi manger.
Je me suis dirigé vers le placard mais Sasuke m'a devancé et s'est mis devant moi.
-Ben alors, tu me dis pas bonjour à moi ? me reprocha-t-il en croisant les bras.
-Quoi ? Mais j'ai dit.. Euh si, bonjour Sasuke.
-Bonjour ! Bon maintenant va t'asseoir. Les bols c'est là ? Les baguettes c'est où ?
-Deuxième tiroir à gauche.
Sasuke a levé le pouce et a sorti le nécessaire pendant que je m'installais à ma place initiale (près du coin de la table), et Kamui et Tomo se sont directement installés de chaque côté de moi ; mais avant que je puisse réagir, Kamui s'est levée s'est installée en face de moi et Sasuke a pris sa place. Je les ai regardés sans comprendre.
-Quoi t'as un problème ? fit Sasuke en prenant le bol de Kamui pour la servir.
-Nope, ça va, répondis-je, commençant à manger. Et toi, t'en as un ?
-Nope.
-Bon.
J'ai brièvement levé la tête de mes sobas et j'ai vu Tomo et Kamui échanger un regard. Je me demande bien ce qu'ils peuvent penser ? Après un coup d'œil vers Sasuke, j'ai haussé les épaules.
-Bon alors, la forme ? C'était comment les cours ? ai-je demandé.
-Pas très drôle, Kakashi a encore menacé quelqu'un de mort aujourd'hui, répondit Kamui, la bouche pleine. Mon Dieu, ce plat est vraiment très bon, c'est toi qui as cuisiné Tomo ?
-Tout à fait, content que ça vous plaise! Je viens de finir la formation cuisine au restaurant.
-C'est vraiment excellent, ai-je commenté. Mais c'est vrai que comme je meurs de faim, il se peut que mon jugement soit quelque peu altéré.
-Si tu te ressers, ça veut dire que c'est bon. Mais même après la première bouchée tu aimes ?
-Yep. Ça veut dire que c'est plus que mangeable, alors t'as pas à t'inquiéter, pas vrai ?
-T'en fais pas Tomo, ce sont de très bonnes sobas, intervint Kamui.
-Mouais, c'est pas trop mal.
On s'est tournés vers Sasuke (qui, bien sûr, venait de parler). J'aurais bien ri mais vu le regard assassin que Tomo vient de lancer à Sasuke, un rire ne serait pas le bienvenu. Mais le mélange de la remarque et du regard reste quand même très drôle.
Il n'y pas réellement de quoi s'énerver non ? Sasuke n'a pas dit que c'était mauvais...
-Hm, donc tu dis que Kakashi a menacé quelqu'un ? Qui, pourquoi ? ai-je demandé pour détourner la conversation.
-Oh, je ne suis pas sûre d'avoir compris, répondit Kamui, je crois que c'était encore un problème de devoir non-rendu...
-Mais quel chieur ce mec... Il me manquera pas, ça c'est sûr. Je me demande quelle va être sa réaction en me voyant revenir.
-Il va probablement faire une blague sur un long voyage ou un truc du genre, fit Sasuke. À moi non plus, il va pas me manquer, et je ne lui manquerai pas non plus je pense!
-Ça se comprend quand même, t'es chiant, ai-je rétorqué.
Kamui a levé les yeux au ciel, et Tomo a marmonné discrètement "Ah ça c'est vrai". Je me suis demandé si Sasuke l'avait entendu, mais j'ai vu que le regard assassin qu'il lançait se dirigeait vers Tomo et non vers moi. Ça m'énerve, j'ai envie de rigoler, mais j'ai pas envie de me faire défoncer. En tout cas, j'ai l'impression d'être dans une sitcom ridicule.
-Je t'emmerde, finit par me dire Sasuke sur un ton étonnamment calme. Et puis c'est l'hôpital qui se fout de la charité.
-Va te faire mettre.
Quel déjeuner. Ça me manquait, cette fausse tension. Je me demande pourquoi Sasuke et moi ne pouvons communiquer qu'en nous insultant et en nous engueulant ? On communique beaucoup plus facilement comme ça que sur un ton doux et mielleux faut dire, ça passe beaucoup mieux. On réserve ça aux moments de forte.. émotion, dirons-nous.
Bref. Le repas s'est terminé normalement, avec des discussions plus légères et moins de regards noirs. Enfin s'il y en avait, je les ai pas vus, qu'ils soient dirigés vers moi ou non... mais bon. J'ai littéralement fait des pieds et des mains pour qu'on me laisse au moins faire la vaisselle, et j'ai eu de la chance parce que Kamui devait téléphoner à ses parents à ce moment-là. Un peu de tension avec Tomo et Sasuke pendant ce temps mais comme je n'arrête pas de le répéter, c'est plus drôle pour moi que pour eux.
Puis Tomo a reçu un appel du restaurant et a momentanément quitté la cuisine, nous laissant Sasuke et moi seuls. Il ne se passait rien de spécial jusqu'à ce que Tomo revienne.
-Je dois m'en aller, apparemment un des serveurs ne peut pas venir pour le service du soir et je suis malheureusement le premier à avoir décroché.. ça va aller ? s'inquiéta Tomo en nous regardant successivement.
-Oui oui, ce n'est qu'une pauvre vaisselle, on va pas mourir hein, ai-je répondu en astiquant le manche d'une spatule en bois.
-J'imagine que non. Je t'appelle plus tard OK ?
-Yep!
-À toute. Profite de ta liberté, ajouta Tomo en chuchotant à mon oreille.
-La ferme, ai-je répliqué.
-Pff. Au revoir, Sasuke.
-Salut.
Et Tomo est sorti de nouveau de la cuisine, en même temps que Kamui rentrait.
-Roooh j'en ai marre! s'écria-t-elle.
-Ben Kamui, qu'est-ce qui t'arrive ? s'étonna Sasuke en essuyant un des derniers bols.
-C'est ma fac, j'ai reçu un mail qui dit qu'il me manque je ne sais quel papier alors que j'ai déjà tout envoyé... Ils me font chier !
-Du calme, du calme. Qu'est-ce que tu vas faire ?
-Il faut que je repasse chez moi pour voir de quoi il s'agit exactement... Pour une fois que je pouvais te voir !
-T'en fais pas, tu peux repasser ce week-end si tu veux, ou on peut sortir.. va t'occuper de ta fac.
-Tu es sûr ? Je chie sur ces saletés de Rosbifs !
-Je viens de te dire de te calmer, t'es sourde ? me suis-je exclamé, surpris, tandis que Sasuke explosait de rire. Rentre, on se verra demain ou après-demain.
-Mais...
-Allez, l'ai-je pressée.
Kamui s'est serrée contre mon dos, m'a déposé un baiser sur la joue et est partie avec un dernier regard en arrière.
-Et moi alors ?! s'écria Sasuke, indigné.
-Tu la vois tous les jours, c'est bon...
-C'est pas une raison, c'est pas cool ça, elle m'a pas respecté !
J'ai eu un petit rire. Sasuke m'a regardé, la mine renfrognée, et je n'ai pas pu m'empêcher d'être attendri devant cette expression si familière. Je ne sais pas s'il a remarqué mon regard adouci, mais il a détourné les yeux avec un sourire en coin et les joues rouges.
Oh merde, je suis seul avec Sasuke. Si peu de temps après qu'on ait craqué, ça m'étonne. Où est passée l'habituelle gêne qui nous empêche de nous parler pendant plusieurs jours voire semaines ? Des fois je me demande pourquoi on agit de façon si compliquée et enfantine.
On a fini de ranger la vaisselle en silence, puis Sasuke s'est mis face à moi.
-Gaara.
-C'est ainsi que mes sujets m'appellent.
-Gaara, recommença Sasuke avec un sourire, j'aimerais te dire quelque chose.
-Je t'écoute.
-Tu me manques.
J'ai baissé les yeux en rougissant. C'est rare que Sasuke parle aussi franchement, surtout de ses sentiments (et on se demande quels points communs on a...), donc ça m'a fait une sorte de double choc. Pourtant, ce qu'il dit n'a rien d'extravagant, ni même d'étonnant ou de surprenant, mais ça n'a pas empêché mon pouls de s'accélérer.
-Je sais que je t'ai dit qu'il était préférable qu'on discute quand tout sera "tassé" et qu'on aurait autre chose en tête, continua Sasuke (et là je vois qu'il se rapproche de moi. Du coup je recule mais il avance encore et je me retrouve coincé contre le mur.. merde). Mais en fait j'en ai réellement marre d'attendre.. Je n'ai pratiquement pas dormi de la nuit, je réfléchissais trop. Ça n'a pas de sens, non ? Tu vois où je veux en venir, ne.. n'est-ce pas ?
Bien sûr que je vois où il veut en venir, ce con. Mais c'est bien difficile de se concentrer quand on se retrouve au pied du mur -et littéralement! haha. Je sens qu'il se laisse de nouveau guider par ses.. pulsions, qu'il a du mal à penser clairement. C'est bizarre, là ça lui est arrivé d'un coup.
Peut-être que ça ne lui est pas "arrivé d'un coup" en fait. Il l'a tout bonnement fait exprès, de me coincer contre le mur, juste à côté de l'horrible horloge turquoise que Temari adore mais que je déteste. Est-ce que ces tic tacs incessants sont là pour me dire de réagir ? Ça doit bien faire trente-sept secondes que je n'ai pas dit un mot je crois.
Il a posé sa main à côté de ma tête en se rapprochant davantage de moi.
-C'est ça que tu veux faire ? "Discuter" ? ai-je finalement répliqué en regardant Sasuke dans les yeux.
Le sourire qu'il a eu un quart de seconde avant de me répondre l'a trahi sur ses véritables intentions.
-Bien sûr, je veux mettre les choses au point.
-Mouais. Alors pour commencer, ne me colle pas comme ça. Ensuite, si tu veux discuter, il y a ce qu'on appelle un téléphone..
-Gaara, ça suffit.. Tu es la personne qui déteste régler les choses par téléphone, et puis arrête d'agir comme ça.
-D'agir comme quoi ?
-D'agir comme si tu ne savais pas ce que j'étais en train de faire. Comme si tu ne savais pas ce que je voulais.
-Et qu'est-ce que tu veux ? ai-je bougonné en croisant les bras.
-La même chose que toi, répondit Sasuke.
J'ai été tenté de répéter "et qu'est-ce que tu veux ?" mais ça n'aurait servi à rien. Je savais pertinemment que ce qu'il voulait, c'était me balancer dans un lit, et je commençais moi-même à avoir du mal à résister à cette pulsion. Je veux vraiment qu'on parle, mais ça m'énerve d'être bloqué par ma libido. Il faut toujours qu'il se joue de notre attraction mutuelle ce crétin...
C'était absolument ridicule comme scène. La pseudo-manipulation de Sasuke en jouant sur la proximité de nos corps, la pseudo-distance que je mettais entre nous avec mes bras croisés, moi qui jouais les imbéciles, Sasuke qui faisait semblant de tourner autour du pot avec ses phrases vaseuses et vides de sens alors que les choses qui signifiaient vraiment quelque chose en ce moment, c'était ses gestes et non ses paroles.
Sasuke a posé son autre main sur ma joue et l'a caressée de son pouce. Mes bras se sont lentement décroisés. Et si je me laissais aller ? Non pas que ça ne m'arrive jamais (sérieusement, regardez qui j'ai en face de moi.) mais je ne prends pas souvent le temps pour ce genre de décision. Enfin, surtout que je ne me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation auparavant ; céder ne serait pas une bonne chose, mais par rapport à qui ? À moi, à lui ? C'est pas comme si je m'abandonnais à lui par obligation... Et puis j'en ai marre de devoir me justifier auprès de ceux qui m'écoutent, c'est-à-dire personne. Je veux dire, merde.
Je me demande si ce n'est pas un problème par rapport à moi, étant donné que je trouve le moyen de me disputer avec moi-même à la première occasion.
-Tu sais que ma famille rentre dans à peu près une heure.
-Je n'en ai strictement rien à faire.
Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. Bof, s'il reste une heure, je peux bien peser le pour et le contre pendant dix minutes et ensuite on voit ce qui arrive... Non ?
Mais oui Gaara, tu vas laisser un blanc pendant dix minutes et discuter dans ta tête. Très poli et pas du tout bizarre. Enfin ce n'est pas comme si je parlais beaucoup en ce moment... Rooh le bordel. Je me demande depuis combien de temps je n'ai pas dit un mot maintenant. On va risquer un regard vers Sasuke pour voir de quoi il retourne.
Il est là, en train de me fixer en souriant. Il attend que je réagisse avec autre chose qu'un pauvre sourire, et j'avoue que là je ne sais pas trop quoi faire. Je ne vais pas lui dire "attends, je vais m'asseoir, va me chercher une feuille et un stylo j'ai une liste à faire vite fait" quand même ? Stupide cerveau.
Je n'ai qu'à la faire tout de suite la liste. Il paraît que j'avais des principes dans le temps, et je crois que laisser Sasuke approcher encore plus près irait à l'encontre de ces mêmes principes ; néanmoins, là tout de suite, je ne vois pas du tout ce que ça changera à notre pseudo-discussion, si on fait un peu de sport...
Non ?
Le fait que mon sang aille dans une zone bien plus au sud de mon cerveau ne m'aide vraiment, vraiment pas à réfléchir. Je suis content de ne pas prôner les joggings tiens... Mais ceci est un autre débat.
C'est de plus en plus difficile d'être aussi près de lui. Je ne supporte pas la façon dont il me regarde, dont sa main me caresse. Je sais que si je tire un léger coup sur sa cravate elle se défera instantanément, parce que Sasuke a passé un temps fou à trouver comment faire des nœuds de flemmard. Il m'éneeeeeeerve...
Son regard se fait plus insistant, passant comme souvent de mes yeux à mes lèvres, puis il s'avance et m'embrasse doucement. J'ai tout vu arriver et je n'ai rien fait ! Je ne suis pas spécialement fier mais bon, sentir son corps se coller au mien et sa main se balader sous mon t-shirt me retire tout sentiment de culpabilité pendant quelques instants, et c'est à peu près là que le véritable combat commence.
J'ai énormément de mal à résister à son contact, et c'est normal. Tout ça, ça me manque terriblement, je ne peux pas le nier, mais je n'ai pas envie de continuer alors que je ne sais même pas ce que j'ai décidé. Si je le laisse aller plus loin ce sera beaucoup plus compliqué d'aller dans l'autre sens... Et mon corps se met à agir tout seul, je crois qu'il se comportera toujours de façon aussi machinale si je suis en contact avec Sasuke. Je n'ai pas pu m'empêcher de l'attraper à la taille et de glisser ma main dans ses cheveux, puis de passer sa main sur son postérieur.
Parce que, bon, j'idolâtre ses fesses.
Et soudain AAAARGH claque mentale, imbécile de Gaara ! Qu'est-ce que tu fous bordel ?! Tu vas te faire avoir aussi facilement par ses mains douces et sa langue si étonnamment puissante et agile ? Ridicule ! Honteux ! Vous étiez censés PARLER, bordel de merde ! Utiliser d'autres fonctions de vos appendices buccaux ! Bon sang.
Et puis d'ailleurs, t'avais pas une décision à prendre ? Genre après avoir DISCUTÉ avec Sasuke ? C'est pas ce que j'appelle parler, ça, moi ! Si tu ne lui dis pas le fond de ta pensée, tu resteras bloqué et ça te rongera de l'intérieur, pour un jour exploser et commettre l'irréparable. C'est ça que tu veux, sale crétin ?
C'est à peu près à ce moment-là que les mains de Sasuke m'ont parues moins douces, ses cheveux moins soyeux, sa langue.. toujours aussi agile mais moins attractive et son corps... non il m'est toujours aussi agréable...
Résiste Gaara, résiste. Résiste, bordel !
Facile à dire ça, j'ai carrément envie de lui.
... mais je n'ai pas envie de lui donner, disons, de faux espoirs. Si contre toute attente je venais à ne plus vouloir de relation avec lui... En fait je n'ai pas envie de ne pas me laisser le choix, c'est tout. C'est un peu compliqué, je sais, mais comme je ne sais vraiment pas si je devrais me remettre avec Sasuke ou pas.. Et comme j'en ai marre de me poser cette question stupide et de ne rien faire, il faut vraiment que je mette les choses aux clair et que je discute avec lui ! Donc je dois m'arrêter de l'embrasser, genre MAINTENANT !
J'ai fini par couper court au baiser après une lutte intérieure acharnée et complètement débile. On avait chacun la respiration saccadée.
Je suis quasiment sûr d'être aussi rouge que mes cheveux. Je n'ai pas osé relever les yeux tout de suite, j'attendais une réaction de sa part.
-On arrête ? Tu m'emmènes dans ta chambre maintenant ?
Bon, j'ai été obligé de le regarder, j'étais trop choqué.
-Quoi ? Mais mais.. non !
-Ah ? Tu préfères ici, dans la cuisine ?
-Beurk, non, jamais dans la cuisine ! C'est là où on mange, bordel.
-C'est vrai que t'as jamais voulu dans la cuisine..
-C'est compréhensible ! N'importe où mais pas dans la cuisine quoi, merde. C'est dégueulasse. Pis nulle part d'ailleurs ! ai-je ajouté. On le fera pas du tout.
Sasuke a fait une mine de chien battu. Tant mieux, il m'attendrira pas, je supporte pas quand il fait cette tête.
-Je t'ai dit que je voulais qu'on parle !
-C'est pas ce que tu disais y'a deux minutes.
-Je disais rien y'a deux minutes.. rooh la ferme !
Il m'a regardé d'un air moqueur. Pour me donner contenance, je l'ai poussé.
-Mais t'es méchant aujourd'hui ! s'écria Sasuke en croisant les bras. Crétin va.
-C'est toi ! Sale obsédé. Je te dis qu'il faut qu'on discute et toi tu me sautes dessus...
-Ouais bah c'est pas comme si tu m'avais repoussé non plus !
-Non... c'est vrai, ai-je soupiré. C'est de ma faute aussi.
Je me suis gratté l'arrière de la tête, assez gêné. C'est gonflé de ma part de tenir Sasuke pour unique responsable en me cachant derrière l'influence qu'il a sur moi. J'ai qu'à me remuer, c'est tout.
-Tu veux que je repasse demain après les cours ? proposa-t-il, l'air plutôt compatissant.
-Seulement si tu promets de garder ta langue dans ta bouche.
-Pas si tu m'offres des sucettes à la cerise.
-Ça se suce, ça se lèche pas ! Et puis j'en ai pas de toute façon.
-OK dommage. J'en ramènerai alors.
-Si ça peut te faire plaisir...
Sasuke m'a regardé en souriant, puis il m'a serré contre lui, sans un mot. Après une seconde d'hésitation, j'ai répondu à son étreinte, et j'ai failli m'y perdre. Ah là là, la fermeté de ses gestes...
XxX
Sasuke est donc rentré chez lui sans opposer de résistance. Du coup je vais passer à peu près la nuit à réfléchir en rangeant mes affaires, et en me préparant psychologiquement à notre confrontation. Vous comprenez, c'est difficile pour nous, on ne discute presque jamais lui et moi. On a toujours été suffisamment irresponsables et débiles pour éviter les discussions sérieuses - enfin, plus ou moins.
C'est sacrément difficile de prendre une décision pareille, merde ! Surtout avec un cerveau comme le mien. Et là, j'ai même pas Kamui pour m'aider, la loose totale. J'essaie de prendre mes décisions sans elle de temps en temps, surtout qu'à partir de septembre, elle ne sera même plus là.. Je sens que je vais sombrer dans la déprime moi tiens... Génial.
Pardon. Chaque chose en son temps. Pour l'instant on est en janvier, tout va bien. Enfin pas des masses mais rien n'est sûr encore. Je sais que je ne vais quasiment pas dormir de la nuit, mais je suis un peu lent du bulbe alors j'imagine que c'est normal. Si seulement la solution pouvait me tomber dessus, comme ça, sans perdre de temps.
0o Owari o0
Dear God, j'ai fini le trente-deuxième chapitre ! Ça fait huit ans (bordel, c'est pas loin en plus, au début j'ai écrit ça comme ça mais ça fait sept ans) que j'ai commencé cette histoire et je n'ai pas fini... la honte ou pas ?
Bref ! J'espère que les rares lectrices et lecteurs qui passent par là ont apprécié ce chapitre excessivement long, et j'espère qu'il restera quelqu'un à la fin qui est ma foi proche ! Je l'ai déjà dit, mais il reste environ trois chapitres - on verra selon mon inspiration héhé. En tout cas, je vais quand même essayer d'arrêter de publier un chapitre par an, ça fait un peu trop quand même. J'exagère x.x mais c'est compliqué, comprenez-moi !
Bon j'arrête de m'apitoyer sur mon sort et de me trouver des excuses, j'espère juste que l'histoire vous plaît toujours. Je vous dis à bientôt donc !
