Le 11 septembre 1977, 12h07. Au magasin.

Ok. Le magasin va être fermé pendant trois jours. L'idée générale qui ressort de notre petite soirée d'hier est qu'il faut lancer le magasin. Donc, faire une inauguration officielle.

Mon but, d'ici vendredi soir, c'est donc de tout organiser pour la petite soirée "branchée" et l'inauguration publique du samedi. Le problème, c'est d'arriver à contacter des personnalités. Et surtout de les convaincre de venir.
« Ces gens-là te feront plus de pub que n'importe qui », m'a juré Angie, son appareil photo à la main.

Il faut dire aussi qu'elle bosse à Sorcière Hebdo comme photographe-publicitaire. Et qu'elle sort avec son homologue de la Gazette. Du coup, si j'arrive à avoir une vingtaine de peoples à ma petite sauterie, ma presse est assurée à vie.
Mais bon, ce n'est pas comme si Angie faisait ça par pure bonté de cœur. Je ne suis pas dupe, elle aussi ça l'arrange bien. C'est le scoop assuré sans qu'elle ait besoin de bouger le petit doigt.

Notre relation a toujours était basée sur le partage ! ^^

Le même jour, 12h24.

Le seul (petit) problème c'est que je ne connais aucune célébrité. Mais je vais sans doute suivre le conseil de James et contacter le professeur Slughorn. Si on passe ses petites allusions mesquines sur ma prétendue position de "chouchoute" (il a toujours été terriblement jaloux), il n'a pas forcément tort en affirmant que Slughorn serait ravi de m'aider.

D'ailleurs, si je reste fondamentalement objective, c'est de loin une des meilleures idées qui ont été lancées hier soir.

Mais ne comptez pas sur moi pour m'extasier plus que de nécessaire. Et personnellement, je trouve qu'Angie exagère un peu en le qualifiant de "tout bonnement génial". N'importe quoi.

Le même jour, 18h51. Dans ma chambre.


Je suis exténuée. Angie, Peter et moi avons passé l'après-midi à organiser la nouvelle vitrine et à étiqueter clairement les prix et les différents espaces du magasin (il parait que ce n'était pas assez clair, avant).

On a aussi réorganisé l'arrière-boutique pour y caser un laboratoire photo.
Ca, c'est l'idée de Peter. Il m'a timidement fait remarquer, ce matin, que peu de gens se lançaient dans la photo car le travail de révélation est trop complexe. Ou plutôt, les potions révélatrices le sont. Or, il s'avère que je les réalise à la perfection.

Donc, l'idée c'est de leur proposer de tirer nous-mêmes leurs photos. Du coup, ça attirerait les familles dans la boutique qui, en attendant leurs clichés, flâneraient entre les rayons.
Je l'aurai embrassé !

Bon, il a juste fallu réfréner un peu Angie qui était si enthousiasmée par l'idée, qu'elle voulait que je me mette à vendre des appareils photos. Non mais, vraiment ! Je veux bien être docile et écouter ses conseils avisés, mais y'a des limites, quand même. Je suis sensée tenir une apothèque, pas une brocante.
Déjà que mon rayon "beauté" prend deux fois plus de place que ce que j'avais initialement prévu...

Le même jour, 19h02.


Pas que je "méprise les femmes qui se soucient de leur apparence", comme Angie m'en a injustement accusée lorsque j'ai émis une légère protestation.
Mais bon, mon but, à la base, c'était quand même d'aider les gens. Alors oui, bon, aider les femmes à se sentir plus belles, c'est bien... Mais... Comment dire ? J'ai des ambitions plus hautes.

J'aimerai faire quelque chose de vraiment bien pour toute l'humanité. Quelque chose qui rende vraiment service, vous voyez ?

Le même jour, 19h16.


En même temps, comme me l'a fait remarquer Angie (avec un certain mépris d'ailleurs), j'ai beau trouver ça futile, ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix.

Ce en quoi elle n'a pas tout à fait tort, remarquez.
Du moins, pour l'instant.

Le 12 septembre 1977, 12h38. Au magasin.


Angie est en pleine séance photo avec Sirius. Peter est parti chercher le déjeuner.
Encore une matinée où nous n'avons pas chômé, lui et moi. Nous avons ajouté une enseigne sur la façade de la boutique. Remus dit que c'est très efficace pour attirer l'attention, surtout si on l'anime. Angie voulait qu'on mette un ours qui fait des bulles.

Un ours qui fait des bulles. Je vous demande un peu ! Si encore elle plaisantait...
Enfin bon, de toute façon, Peter et moi avons opté pour un phœnix. Ce sera aussi l'emblème de ma boutique, celui que je ferai graver sur toutes mes fioles.
Donc, voilà, ma petite boutique se retrouve donc élégamment ornée d'un magnifique phœnix qui crache des étincelles multicolores. Je dois vous avouer que je suis sacrément fière de moi. Il en jette un max. Sans déconner.

Quand on l'a installé tout à l'heure, il a fallu à peine une dizaine de minutes pour qu'une petite foule de curieux viennent se presser devant les vitrines, essayant d'apercevoir quelque chose au travers des vitres ou bien s'extasiant devant mon oiseau de feu.

Parce qu'il faut dire aussi que, pour "entretenir le mystère", on a posé sur les vitres deux énormes agrandissements d'anciennes photos d'Angie. Sur la gauche, c'est un énorme chaudron autour duquel une sorcière s'agite, l'air très énigmatique. Sur la droite, un énorme champ de coquelicot que le vent fait frissonner, au milieu duquel une silhouette indistincte s'agite activement.

Sur les deux affiches on peut lire : Venez découvrir la boutique qui va changer votre vie, le samedi 15 septembre.
Entretenir le mystère, je vous le disais.
Je sais pas pourquoi, mais je sens qu'on tient le bon bout.

Le même jour, 17h37. Dans ma chambre.

Ou pas.

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi je devrai poser nue pour la pub de ma boutique ?

« Cesse donc de faire ta mijaurée, s'est énervée Angie tout à l'heure. Sirius l'a bien fait, lui. Et sans broncher ! Alors, dépêches toi de me l'enlever, cette robe ! »
Sirius ? NU ?

Mais je n'ai aucune envie de vendre mes produits grâce à des gens nus ! Et encore moins grâce à ma propre nudité !
Elle est tombée sur la tête ou quoi ?

Et je m'en tape de savoir qu'un torse musclé ou une paire de seins fait vendre. Je n'ai pas envie de voir mes seins affichés aux quatre coins du pays ! Merde !
Est-il utile de préciser que je me suis barrée en claquant la porte ?

Le même jour, 17h39.

Et que, depuis, je me suis enfermée dans ma chambre ??

Le même jour, 17h42.

Et que, si Angie n'arrête pas bientôt de cogner contre cette porte, C'EST MOI QUI VAIS LA COGNER !!!!

De toute façon, il est hors de question que je lui ouvre. Ni même que je lui parle.
Du moins, pas avant demain.

Le 13 septembre 1977, 18h48. Dans ma chambre.

Après avoir lancé un sortilège pour insonoriser ma chambre, hier soir, j'ai utilisé ma cheminée pour contacter le professeur Slughorn.
James avait raison. Non seulement il était ravi de me voir, mais en plus il s'est montré plus qu'enthousiaste à l'idée de m'aider.

Résultat, il m'a recontacté ce soir et, tenez vous bien, il a réussi à convaincre trente personnes de venir. TRENTE !!! Dont Derwent Shimpling, Jocunda Sykes, Célestina Moldubec, quelques gourous du Ministère, Joscelind Wadcock (!!!)... Et surtout, surtout... Adalbert Lasornette !!! En personne !

Je suis trop contente !!

Le même jour, 19h03.

Je n'ai toujours pas parlé à Angie.

Elle non plus d'ailleurs, donc je n'ai pas vraiment de mérite. Elle se contente de lever les yeux au ciel quand (par hasard) elle croise mon regard furibond.
Mais je m'en tape. Je ne montrerai pas mes seins à toute l'Angleterre. Elle peut se gratter.

Le 14 septembre 1977, 8h34. Dans ma chambre.

Angie a lâchement profité de ce que je venais de sortir de la douche, les cheveux encore trempés, la tête dans le brouillard.

Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait. Même pas quand elle m'a installée sur son lit. Un lit immense, au passage, avec des montants en ébène finement travaillés, et des draps blancs immaculés. Sa chambre est tellement... Bien meublée ! Bref, ca m'a juste rappelé que la mienne était toujours aussi... vide.
Mais passons. J'en étais à Angie qui m'a tendu le piège le plus sournois de sa vie, ce matin.

Je n'ai compris qu'au moment où elle a badigeonné ma poitrine avec de la Poudre de Fée. Et qu'elle m'a sortit :

« Bon sang, Lily, je ne comprends pas pourquoi tu me refuses ça ! Avec tes deux petites poires à la pointe si fière et ta peau toute blanche, je pourrai faire des miracles ! Qu'est-ce qui te bloques, à la fin ? »

En même temps, n'importe qui aurait compris à ce moment-là. J'en suis consciente.

Le problème c'est que j'étais coincée.

« Si tu ne me laisses pas immédiatement sortir de cette chambre, Angie, je porte plainte pour harcèlement, lui ai-je répliqué en lui lançant mon regard le plus furieux. C'est mon corps, merde ! Et si je n'ai pas envie de l'utiliser pour une affiche de pub, tu n'as pas à m'y obliger.

- Lily..., m'a alors répliqué cette dinde en me faisant des yeux larmoyants, allez Lily, laisse moi au moins te montrer ce que j'ai fait avec Sirius, d'accord ? Et après, tu te décideras »

J'ai obtempéré.
Je SAIS. Je n'aurai pas dû.
Mais j'étais tellement sûre de ne pas être touchée par un Sirius à poil.
Grossière erreur.

J'aurais dû m'en douter, remarquez. Angie a toujours été douée avec un appareil photo en main. A travers son objectif, même un Veracrasse ferait naître un semblant d'émotion dans le cœur de celui qui admire son cliché. Je veux dire, une émotion autre que la peur.

Alors oui, cette affiche est magnifique.
On ne voit ni la tête, ni le bas du corps de Sirius (donc, pas de gros plan sur son entrejambe, alleluia). Juste son torse bien dessiné. Sublime. N'importe qui baverait devant. Même un mec.

Au bout de quelques secondes, on voit apparaître un flacon d'étain avec un gros bouchon rouge, estampillé d'un petit phœnix. Le flacon sort directement du petit creux qu'il a au milieu de la poitrine. Comme s'il l'enfantait.
C'est... Comment dire ? Presque émouvant.

Le flacon atterrit dans sa main droite, puis la gauche bouge et il vient coller sa paume contre le bas de l'affiche. C'est là qu'on remarque que quelque chose est écrit dessus. Lily's Potion : à chaque problème, sa potion.
La scène se répète à l'infini, mais on a l'impression de ne jamais pouvoir s'en lasser.

« Alors, ça te plait ? », m'a demandé Angie en souriant.
Cette sale petite manipulatrice savait très bien qu'elle m'avait touchée.

Le même jour, 8h46.

Bon, la voilà qui tambourine de nouveau à ma porte. Ca devient une habitude.
Mais elle peut pas s'arrêter cinq minutes ??? J'ai besoin de réfléchir, là.

Le même jour, 8h47.

Alors... Qu'est ce que je fais, maintenant, hein ??
Qu'est-ce que je fais ???

Le même jour, 8h49.

Poser nue, ou ne pas poser nue, telle est la question.
Mais qui peut répondre à ça ?
... Je devrai peut-être appeler maman ?

Aaaaah !!!

Le même jour, 9h05.

Qu'est ce qui peut être pire que ça, hein, je vous le demande ?

Entre ma meilleure amie qui veut absolument que je montre ma poitrine à toute la communauté magique, qui tambourine à ma porte en hurlant comme une vache depuis plus d'un quart d'heure, et... Et ce qui vient de se passer ! Non, vraiment, je ne crois pas qu'il existe de moments pires que celui que je viens de vivre. Je me sens vraiment seule, d'un coup.

Le même jour, 9h07.


C'était James.

Là, dans la cheminée. Alors que j'avais les seins à l'air !!!!
Evidemment, ce n'est pas comme si c'était la première fois qu'il les voyait. Mais quand même. J'ai de quoi rougir. Surtout après m'être entendue dire :

« Waouh, Evans, si j'avais su que tu accueilles toujours ceux qui cherchent à te joindre de cette façon, je prendrai de tes nouvelles plus souvent ! Je peux toucher ? »

Comme je vous le dit ! Il a disparut quelques secondes après. Il me connaît. La prochaine fois que je le vois, je le trucide.

Quel goujat.

Le même jour, 9h12.

Néanmoins, ça ne règle pas mon problème de conscience.
Et Angie est toujours derrière la porte en train de jouer les désespérées.

Parfois, j'aimerai vraiment être ailleurs.