-Disclaimers : voir 1ère partie.

Avertissement : Aucun sauf que si vous avez fait des stages et/ou de l'alternance ça peut vous faire peur ou vous rappeler - par certains aspects - quelques souvenirs :p

Rating : T et c'est un long oneshot...

Genre : Les réalités réelles de la vie d'un étudiant qui s'attend trop à faire des trucs extraordinaires d'entrée de jeu à son premier stage :p (Oui, j'ai fait des stages, oui, j'ai eu des rêves aussi et non, ce n'est pas allé aussi loin, c'est de la fiction XD).

Pour qui ? La fin est pour Anyanas ! ¤ câlins ¤

Enormes câlins à ma petite chose là-bas préférée : ¤ se marre ¤

Micis : à ceux qui m'ont reviewée dernièrement, merci beaucoup, je vous répondrai bientôt.

Voilà ! C'était déjà fini mais j'avais parlé d'un épilogue. Le voici !


Amour, Stage et Pizza

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Epilogue : La Pizza c'est sexy comme une aubergine

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Appartement de D. Maxwell 18 janvier 2009, 03h00

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- Oh, oui…

-

Hmm… il a des mains qui donnent des frissons, elles se baladent bien sur mes flancs, relèvent mes fringues et…

Il a des doigts qui ont dû bosser à un moment ou l'autre. Ouais vraiment bosser…

MON CUL OUAIS ?

-

- Oh oui….

-

Le mec a une moto, il a dû la bricoler et basta. C'est pas parce que je lui roule une pelle qu'il est devenu la lumière de l'humanité.

A part qu'il a le mors, qu'il est sadique, qu'il a un humour de merde, qu'il est quand même pro même s'il abuse de sa position (hm…)… et ah oui, qu'il veut me faire ma fête – et que je le veux grave aussi…

Ben c'est short.

-

- Oh oui…. Dorothyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy

- Gazon maudit en fond sonore ça va pas être possible.

- On n'a qu'à faire Saint Mykonos, hein, Duo ?

- … Dillon. Vous avez fumé quoi avant de venir, Yuy ? Parce que je veux la même.

- Viens-là, Duo… y a autre chose à fumer...

-

Je peux vous dire que lesbos superstar pendant que Mykonos et sa voix interdite aux moins de 18 ans me retournent le cerveau, ben ça perturbe.

-

- Dooooooorothy... plus… bas… là… aaaahhh.

- Vos gueules ! Merde, vous pouvez pas raccrocher ? J'ai les mains pleines, là !

- Et toi tu peux pas remettre ta bouche où elle était ?

- Non, Heero.

- Non, Duo ?

-

Et en même temps ça remet les idées en place.

Parce qu'à la base j'avais un plan, si, si.

Si… si…

-

- Ben désolé, je peux pas gueuler si on joue au poisson-nettoyeur.

- Justement. Cours de bonne manière selon Heero Yuy. Leçon numéro 1 : on ne parle pas la bouche pleine.

- Hmph… hm…

-

C'est sûr qu'à califourchon sur ses cuisses, mes mains sur sa chemise et les siennes paumées sur les reins nus avec le bout des doigts à la lisière de mon pantalon, mon plan il a l'air d'être un plan.

Mes cheveux sont partout, partout et ça va être la haine… et j'entends Heero ronronner et je le sens s'exciter… et…..

-

- Dorothy… ah…

- Ca va pas être possible.

- Mais si, mais si, Duo.

- Non.

-

Je me relève difficilement mais suffisamment vite pour qu'il ait pas le temps de me rattraper.

Et je m'éclate par terre parce que j'ai les jambes ankylosées.

-

- Et merde !

- Oh oui !!!

- Ah non , Dot !!!

-

Je recule comme je peux, tourne la tête et repère mon pauvre téléphone au pied du canapé, en haut parleur, vive le son digital haute résolution.

Maintenant que je suis éloigné des radiations Yuy je vais pouvoir…

Quoique si je lève la tête, là, j'ai les yeux directement sur son…

Ne pas y penser, ne pas y penser.

Prendre le téléphone, raccrocher et revenir au plan.

-

- Ah, ça oui tu as raison. Ah. Non.

- Oh, la ferme, Yuy.

- La ferme c'est pour les cochons. Et… j'en suis un.

-

Sauf que Mykonos me sourit et se laisse glisser du canap… hey si tu fais un trou tu rembourses !

Et il écarte les jambes que je puisse me trouver entre…

Et il s'allonge doucement sur moi alors que je recule encore, que j'essaie d'attraper le tel.

Pourquoi ce mec arrive à glisser avec classe de mon canap' quand moi je me casse la gueule comme une merde ?

Il devrait avoir des fourmis dans les jambes aussi !

Comment ça je suis pas normal de me raccrocher à ce genre de détails ?

C'est que c'est pas cool !

Il essaie de m'embrasser mais je garde les lèvres fermées.

Même si c'est dur.

Au bout d'un moment il souffle et s'arrête, posant ses lèvres sur mon cou.

-

- Tu me gonfles.

-

Je ne résiste pas à le taquiner.

-

- Je le sens.

-

Je le sens sourire… avant qu'il n'ondule contre moi, caressant mon entrejambe de la sienne.

J'inspire, plus déterminé que jamais, il le faut sinon ça va partir en live.

-

- Vous… vous feriez mieux de rentrer.

-

Il n'arrête pas ses mouvements de va et vient.

Super mon avis.

-

- Pourquoi ? On n'est pas bien, là, par terre ? Et pourquoi tu me dis vous ?

-

Et pourquoi tu m'appelles Duo alors que je t'ai dit non 10 fois ?

Parce qu'allez-vous en est bien plus facile à dire que va-t-en.

Tiens ? Xena et Gabrielle doivent être en mode post-coïtal parce que je les entends plus.

A moins qu'elles aient raccroché ?

-

- Parce que vous êtes en période d'essai.

- Ah oui c'est vrai ¤ secoue la tête ¤. Ça n'explique pas le vous.

- Le… vous m'empêchera de faire une bêtise.

-

C'est très dur de ne pas perdre le fil de ses pensées avec ce type qui me…

Merde, ses mains sont sur mes fesses nues et il ondule…

Et il s'arrête.

-

- Une bêtise ? T'es puceau ?

-

Interruption salutaire.

Il est suffisamment étonné pour que j'arrive à m'extraire de sous son corps.

A me lever… enfin, à tomber à nouveau.

Avant de me relever. Le sol c'est dur même avec la moumoute.

-

- Non. Si je vous avais rencontré en boîte on aurait déjà vidé nos stocks de préservatifs, Yuy.

-

Yuy déglutit.

A croire que ce que je lui dis lui fait de l'effet.

Il se lève sans me quitter des yeux.

-

- On… on ne peut pas faire comme si on s'était rencontré en boîte de nuit ?

- Pas quand je me suis fait mettre minable. C'est difficile de concilier l'image d'un type qui a tout fait pour ruiner mon stage avec celle de mon euh petit ami. C'est comme si après s'être écharpés, Obama et Clinton partaient en lune de miel.

- Il l'a prise dans son gouvernement…

- Justement c'est de la politique et c'est hypocrite.

- On n'est pas des gosses, Duo. C'est ridicule.

-

Je le regarde plus froidement que je ne l'ai jamais fait.

-

- Je n'ai aucun mal à prendre mon pied avec un inconnu du moment qu'on est prudents. Je me fous de ce qu'on peut penser de moi après un coup puisqu'on se connaît pas. En revanche ce serait suicidaire de donner mon cul à mon ex tortionnaire sans le connaître un peu. Et ça c'est pas un truc de fille ou de gosse. C'est du bon sens.

- Tu as conscience que je peux raconter n'importe quoi pendant cette pseudo période, que je peux essayer de me faire bien voir pour mieux profiter de toi. Que ce truc que tu veux instaurer ne te protège de rien. On n'est pas dans plus belle la vie.

-

C'est vrai, ce qu'on sait avec les conditions générales de vente et les garanties, c'est qu'elles n'expliquent ni ne garantissent vraiment tout.

Comme les assurances n'ont parfois d'assurances que le nom.

Je ne veux pas de certitudes, je suis pas stupide. Je veux vérifier deux-trois choses, prendre mon temps.

On a « attendu » plus d'un an, c'est quoi 4 mois ? Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

J'aimerais faire mon enquête aussi, savoir s'il sait quel poste je vais occuper.

Si tout cela n'est pas de l'espionnage industriel déguisé en drague qui pourrait me faire perdre mon poste.

Si on remonte jusqu'à Quatre il peut éventuellement faire de la prison…

Quatre lui-même qui m'a plus ou moins poussé à sortir avec lui, plus ou moins confirmé que l'attirance était là.

On verra si l'attirance est sincère et surtout si elle reste après les révélations.

Parce qu'on est concurrents et qu'à la longue si longue il y a… ça va être compliqué.

Trop de choses sont en jeu même si j'ai la quéquette en feu.

J'inspire.

-

- C'est vrai mais l'avenir nous le dira si avenir il y a. Après tout, rien ne vous oblige à accepter le deal d'un gamin de 19 ans qui réfléchit avec ses deux lobes plutôt qu'avec ses boules.

- C'est sûr.

- Mais si vous refusez ce deal, autant ne pas revenir.

-

Tiens ça ressemble à mes conditions de stage.

Je reste cool, j'en fais pas des tonnes. Je suis en train de négocier.

Son expression reste insondable avant de poursuivre.

-

- T'es dur en affaires, Duo.

-

Je souris.

-

- Vous avez obtenu une période d'essai de quatre mois et c'est moi le dur en affaires ?

- Tu m'as dit qu'il valait mieux que je rentre.

- Et je le confirme. Parce que sur ce coup-là le problème c'est pas vous… c'est moi…

- Et tu es un problème sexy.

- Et vous êtes un problème…

-

Je ferme les yeux et essaie de ne pas penser à l'effet qu'il me fait.

Il profite du fait que je ne le regarde pas pour se rapprocher et m'enlacer, pose les mains sur mes reins sans en faire trop.

Il murmure contre mon oreille.

-

- Un problème ?

- Un problème tout court.

-

Sexy, sensuel, chiant… un problème, quoi.

Il rit doucement.

-

- Ok. Est-ce qu'on peut fumer chez toi ? Parce que je vais en avoir besoin.

- Sur le balcon.

- Est-ce que tu peux me faire un bon café ?

- Tu m'as pris pour Grand-Mère ? On reprend les vieilles habitudes, hein ? C'est le jour arabica ou robusta ?

- C'est la café… ou la douche. Longue. Glacée. Chez toi.

-

Je pense que tout le quartier a dû m'entendre déglutir.

-

- Si on peut plus rigoler… Mais oui, vous pouvez.

- Me doucher ?

- Prendre un bon café. D'ailleurs je vais m'en prendre un aussi.

- Et on pourra discuter un peu. Commencer la période d'essai.

-

Je lui décoche un petit sourire avant d'ôter gentiment ses mains de mon corps pour raccrocher vraiment et filer à la cuisine.

-

- Ca me va.

-

Même si par « discuter » j'espérais qu'il ne me poserait pas trop de questions professionnelles.

Enfin, je verrais bien.

-

Je viens de refermer la porte.

J'ai décidé (de dissoudre l'Assemblée Nationale).

J'ai décidé que je ne le laisserais pas entrer ici avant la fin de la période d'essai.

Parce que c'est pas possible.

J'avais peur d'une grosse discussion ? Un Yuy qui a faim discute relativement peu, a tendance à parler avec les mains et à se servir de sa bouche de mille et une manières sans qu'il ne soit nécessaire qu'elle émette le moindre son.

On a mis deux heures et douze milles paluchages et frotti frottas avant de se dire au revoir. DEUX HEURES !!!

A un moment j'ai été à deux doigts de lui proposer de dormir à la maison… mais je savais que si fatigués qu'on était, on n'allait pas dormir.

J'ai tenu bon la barre.

Et Yuy a fait en sorte que je reprenne une douche avant d'aller dormir.

Il est parti sur un sourire en coin et je lui ai fait un doigt d'honneur avant de claquer la porte.

Normal, quoi.

C'est pas parce que j'avais établi des règles (à la con) qu'il allait les respecter à la lettre.

Comme je n'avais pas vraiment respecté à la règle le règlement qui m'avait été imposé.

Mais s'il pensait que ce serait Disneyland… je me ferais un plaisir de lui rappeler que c'était à Marne La Vallée.


Les jours ont suivi et se sont ressemblés, ni lui ni moi n'étions en vacance après tout.

Je prenais mes nouvelles fonctions, lui poursuivait les siennes.

Il était éternellement en déplacement et moi je prenais mes marques, passer de responsabilités assumées mais officieuses (stage à la con) à des responsabilités tout aussi officieuses mais où des comptes me seraient demandés était quand même pas évident.

Si importantes étaient mes fonctions chez Hot Pizza malgré mon statut de larbin, je n'avais aucun compte « chiffrés » à rendre. Je ne devais pas leur faire perdre d'argent, au mieux je pouvais leur en faire gagner.

Là ce n'était pas la même, surtout avec le développement de mon produit pour le compte d'une entreprise outsider, sur laquelle personne ne misait, tous les yeux étant tournés vers les numéros 1 type Hot Pizza. C'était à la fois gratifiant et terrifiant, un véritable challenge.

C'était du boulot que de bosser officieusement avec un Quatre encore plus pointilleux qu'en cuisine.

-

- Duo, t'en es où ?

- Je pensais que tu ne pouvais officiellement pas te mêler de tout ça avant minimum 2 ans après avoir quitté ton actuelle boîte ?

- Parce que t'y as cru ?

- Mais c'est vrai ! T'as pas le droit !

- Bien sûr. Je n'avais pas le droit de piquer le fiancé de ma sœur même si je n'ai pas fait exprès… Je n'avais pas le droit de fricoter avec Milliardo Peacecraft pour avoir un poste chez les concurrents de mon père rien que pour le faire suer… d'ailleurs parlant de fricoter… t'en es où avec Yuy ou plutôt où tu n'en n'es pas ?

- Hein ? Qu'est-ce qui te fait dire que… ?

- Parce que chiant comme il est en ce moment, il a l'air de les avoir pleines ou congelées le pauvre Hibernuytus. Il sait que t'es passé à l'ennemi ?

- Non.

- Ok. Tu fais ce que tu veux de ton derrière jeune homme mais tu t'arranges pour que rien ne filtre.

- Pour reprendre ton expression d'il y a quelques mois, Quatre… tu t'es cru dans un film ? Dans un lit ou ailleurs, je me vois mal en train de hurler « oh, oui, prends-moi… mes bases de données, fourre ta clé usb dans mon hub et viole mes fichiers sauvagement grand fou ! »

- Duo, je t'aime. Jeune, mignon, l'air de ne pas y toucher mais une main de fer dans un gant de fer… dans un gant de velours. Il faut des couilles en platine pour travailler avec moi.

- Je sais. C'est réciproque.

- Ne change pas.

-

Quatre m'aimait beaucoup mais il n'était pas là pour rigoler. Ça tombait bien, moi non plus.

J'avais énormément de travail et je découvrais que 24h ce n'était souvent pas assez long quand on avait beaucoup de travail.

J'avais besoin d'être secondé et comme on ne pouvait pas dépenser des masses, on a fait venir un stagiaire.

On n'avait tellement pas le temps qu'on n'a pas fait un énorme casting. Quelle erreur.

… alors celui-là… c'était vraiment pas une comète. Ecole de commerce, 4ème année, travailleur, motivé… c'est comme ça que son tuteur me l'avait présenté. Un BSLP. Bien sur le papier.

-

- Bonjour M. Maxwell.

- Bonjour Kevin.

-

Kevin. Il y a des prénoms qui ont une destinée tragique. C'est très difficile de ne pas trouver un « Kevin » qui ne soit pas un peu concon ou largué. C'est comme regarder une biture américaine et trouver une Jessica qui ne soit pas une pétasse, à part Jessica Fletcher.

Je faisais de gros efforts pour lui donner autre chose à faire que des photocopies, pour qu'il s'intéresse à ce qu'il faisait… mais quand vous vous retrouvez à faire le boulot de votre stagiaire à sa place…

-

- Kevin, ça avance les impressions ?

- Hein ?

- Laisse tomber.

-

Après de nombreuses convocations, explications, discussions et promesses bidons, vous n'avez qu'une seule solution.

La bonne vieille pression. C'est dégueulasse mais ça a marché. Ça a marché pour moi alors que je bossais.

-

- Ecoute. Je veux bien que tu regardes Nichonscochons. com au boulot si tu bosses et à un moment je pense qu'il va falloir le faire. Sinon je doute que ton tuteur comprenne qu'en 6 mois de stage tu ne saches ni décrocher le téléphone ni cliquer sur fichier imprimer ou effectuer un simple control ou pomme P.

- Tu veux que je contrôle une pomme ?

- Tu veux que j'appelle ton Tuteur ? Non mais tu me prends pour un con ou quoi ? C'est pas parce que je suis plus jeune que toi que tu vas m'enculer. Et dis pas le contraire, t'as pas le droit aux messageries instantanées mais tu les utilises. Et tu sais quoi ? On a eu accès à toutes tes conversations. Et « le petit jeune qui croit qui va t'apprendre la vie » t'emmerdes.

- …

- On va être clairs, Kevin. Ce que tu penses de moi je m'en tape. Soit tu fais ton job et si tu sais pas on t'apprend et tu fais un effort pour connecter tes deux neurones. Soit tu dégages parce que là j'ai plus la patience. Et je fais venir un stagiaire qui me fera pas oublier qu'un jour j'en ai été un.

- …

- Alors ?

- Control P ?

- That's my boy. Te loupe pas.


Février 2009

-

Le temps file, file, file et notre planning est serré.

Yuy est venu trois fois le mois dernier.

Il ne restait pas longtemps, on se parlait vite fait sur le pallier.

Pas question de le laisser entrer. Je suis humain et on se plaît. Si lui aurait éventuellement pu rester sage, pas moi.

Encore plus quand on y avait à peine goûté.

Il m'appelle le lundi soir. Au début on restait deux minutes et on s'envoyait chier. On savait pas quoi se dire, mine de rien.

L'attirance ne fait pas tout.

On ne parle pas beaucoup même si on avait plein de choses en commun.

On tâtonne quoi.

-

- Allo ?

- Tu pourrais être un peu plus agréable quand tu décroches, non, Duo ?

- Je vous emmerde, vous n'aviez qu'à pas m'appeler en numéro masqué.

- De toute façon tu ne connais pas le numéro, c'est mon portable perso.

-

Ça m'a fait quelque chose la première fois qu'il m'a appelé de son portable, peut-être un mois et demi après le début du deal.

Ça le faisait sortir encore plus de sa case « ex tuteur pro, Hot Pizza »

Après on restait un peu plus longtemps, on s'appelait un peu plus souvent et on se racontait à peu près nos semaines passées.

Sauf qu'on ne parlait jamais boulot.

-

- Ton weekend ?

- Super, je suis trop mort. J'ai fait la fête les deux jours. J'ai dormi comme un porc. ¤ baille ¤

- Seul ?

- ¤ n'a pas entendu à cause du baillou ¤ Hein ?

-

C'était… bizarre.

De plus en plus bizarre parce que ouais, j'étais pas censé deviner qui il était vraiment quand je l'ai connu complètement autrement et pas forcément à son avantage.

J'allais devoir concilier plusieurs images de lui. Comme il allait devoir en concilier plusieurs de moi.

Hilde – qui poursuivait ses études et son stage chez L'Oréal avec très peu de sous mais de jolies choses sur son CV - m'a dit qu'appeler le lundi était stratégique, que Nuysance se foutait de ce que je faisais la semaine, ce qui expliquait qu'il ne me posait jamais de questions sur le boulot.

Mais que par contre le weekend…

Ben en général c'est pour sortir et à ce moment-là on fait des rencontres.

Ah les nénettes…

J'ai rappelé à Hilde qu'il n'y avait pas de « jours propices » pour faire des rencontres. Et je lui ai rappelé que d'après les stats j'avais plus de chances de rencontrer le futur mec de ma vie sur mon lieu de travail.

Elle s'est contenté de me faire un graaaaand sourire.

Je lui ai fait un petit doigt d'honneur quand j'ai compris où elle voulait en venir.

Si j'en avais parlé à Dot… elle m'aurait envoyé paître Mykonos. Pas à Mykonos.

Hmph.

-

- Duo ?

- Hm ?

- Quand est-ce que tu te le tapes ?

- Je suis tes conseils, je le teste.

- J'ai dit ça, moi ? J'étais célibataire et conne c'est ça ?

- Pourquoi ?

- Parce que je suis SEULE depuis que Heero donne encore plus de travail à son assistante marketing.

- T'es célibataire ?

- NON mais à ce rythme-là c'est tout comme ! Y en a marre ! J'aime ma main mais pas ce point. Tape-toi Hibernuytus qu'on en finisse !

- Euh t'as parlé avec Quatre dernièrement ?


Mi Février 2009

-

Dans nos blancs à Yuy et à moi, y avait pas forcément à lire entre les lignes.

Mais je m'emmerdais pas quand je lui parlais, même quand y avait peu de mots.

Par contre ça l'empêchait pas de me titiller.

Ça l'empêchait pas de ne pas passer deux semaines d'affilée parce que je l'avais envoyé bien chier.

Ça m'empêchait pas de ne pas décrocher le téléphone quand je le trouvais trop donneur de leçons, trop je suis parfait.

Si je veux, d'abord. Et non je n'ai pas l'esprit de contradiction.

-

- Salut.

- Salut, Yuy, ça faisait longtemps. (15 jours connard)

- …

- Et à part ça, ça va ?

- Si tu n'as rien à me dire, raccroche, Duo.

- Ok. Mais c'est vous qui avez appelé, vous n'avez qu'à le faire. Vous n'avez rien à me dire, vous ?

- Et toi ?

- … il est 23h30, j'allais pioncer. Je suis mort.

- Raccroche, Duo. ¤ petit sourire qui s'entend à peine ¤

- D'accord. ¤ voix toute ensommeillée ¤

- …

- Duo ?

- Hm ?

- Raccroche.

- Je fais ce que je veux d'abord.

- Raccroche.

- Ok. Après.

- On ne dit rien.

- Mais si on parle.

- Oui. De raccrocher.

- Quoi vous avez un train à prendre ?

- Non ?

- Alors je raccrocherai après.

- Après quoi ?

- …

- Duo ?

- … ¤ ronfle ¤

- ¤ sourire ¤ Bonne nuit baka.


Avril 2009

-

Je ne le tutoyais toujours pas après trois mois et de toute façon j'en avais pas envie.

La distance c'était le pied pour les garder sur Terre.

C'était un CDD de 10 mois pouvant déboucher sur un renouvellement de CDD ou une simple fin de contrat.

C'était un test avec une période d'essai de 4 mois.

N'empêche. Entre coups de fils grogne-sourire,

-

- Ta journée ?

- La merde totale. Vous ?

- Pareil. Héloïse et Dorothy…

- Je veux pas le savoir, Yuy.

- Les murs sont…

- Stoop.

- J'aurais aimé faire la même chose avec mon stagiaire…

- ¤ Horrifié ¤ parce qu'elles font ça avec un pauvre stagiaire !

- … Crétin.

- ¤ Ahuri ¤ Ben quoi ?

-

et les visites éclair au chocolat une fois par semaine, ça devenait de plus en plus difficile de garder la tête froide.


Avril 2009

-

- Tu vas encore me laisser combien de temps à la porte, Duo ? Surtout en peignoir blanc tout nu dessous.

- Ca fait 3 mois et 2 jours et il est 7h00 du mat'.

- Putain…

- Je me rappelle d'une époque où on me demandait si j'avais vraiment envie de réussir mon diplôme… je me rappelle de quelqu'un qui…

- Ferme-la et mange.

- Manger quoi ? ¤ sourit ¤

- Ca.

- … Y a quoi là-dedans ?

- Ouvre, imbécile.

- J'essaie d'être aimable et de ne pas refermer la porte, notez-le ¤ à deux doigts de la refermer ¤

- J'essaie de passer de l'autre côté parce que je perds patience…

- Rien ne vous oblige à venir. Oh, une belle boîte blanche et élégante… apparemment c'est pas un gode. ¤ regard sceptique ¤

- Non. Mais ça peut en avoir la forme. Et ça se mange.

- !!!!! ¤ yeux qui font des cœurs ¤ Comment ?! Qui vous a dit que c'était ma viennoiserie préférée ?

- Je t'ai vu t'en empiffrer les rares fois que tu réussissais un exam. Tu disais que c'était ton petit plaisir.

- Comment ça les rares….

- ¤ pose l'index sur les lèvres de Duo pour l'empêcher de ruiner un pseudo moment romantique ou tout du moins, un moment où il marquait des points ¤ Je peux te dire que mon pantalon était format toile de tente les rares fois où tu réussissais quelque chose…

- …

- … marcher droit après t'avoir vu bouffer ça c'est mission impossible.

- Oh, la ferme… ¤ ôte délicatement le doigt et pose doucement ses lèvres chocolatées sur celles de Yuy ¤ et merci pour les éclairs ¤ recule, enfourne un gros éclair jusqu'à la garde et a le plaisir de voir Heero déglutir et la toile de sa tente monter avant de refermer la porte sur un sourire ¤


3 mai 2009

-

Aujourd'hui ça fait… j'ai presque perdu le décompte. Et il m'a invité à sortir.

On est en plein lancement de produit alors j'ai peu de temps à moi. Lui aussi est occupé à… je ne sais pas trop quoi puisque éthiquement je me dois de ne pas trop poser de question.

Non, je laisse les études de marché parfaitement légales me renseigner.

Il sonne. J'ouvre.

-

- Salut. Sympa la chemise noire. C'est pour moi ?

- C'est pour sortir, Yuy.

- Heureux de voir qu'avec nos emplois du temps surchargés on puisse sortir ensemble un weekend.

- C'est vrai c'est cool. C'est journée cuir ou quoi ?

-

Il est miam.

Et il a un énorme sac à dos. Je me demande ce qu'il y a dedans.

-

- Si c'est une manière détournée de me dire que le cuir me va bien, c'est raté.

- C'est une manière détournée de demander si je ramène une cravache. Blouson et pantalon de cuir…

- La cravache ? Pourquoi pas, Duo, mais une autre fois. Après la période d'essai. Et puis ça ne serait pas de bon goût pour un déjeuner. Prends ton blouson comme ça on sera à égalité.

- Pas con. C'est où ?

- Pas loin.

- Pas loin comme je prends mon pass Navigo ou pas loin je prends mes clés de bagnole ?

- Pas loin comme à deux pas.

- Ok, je prends mes clés de voiture, just in… hmph ? ¤ égaré ¤

- On sort ensemble, Duo. On peut savoir pourquoi ça t'étonne encore que je t'embrasse ?

- Euh… on y va ? ¤ élude la question parce que l'oublie… en même temps que ses clés de voiture, referme la porte ¤

-

Dehors, sur le parking visiteurs.

-

- Le métro il est par là.

- On ne prend pas le métro.

- ¤ tilte ¤ C'est un blouson de moto ? Mais ça ressemble pas à un blouson de moto ?!

- C'est un DMP, c'est pour ça, ils font des blousons dans le style des années 60. Si j'avais mis l'autre plus classique tu aurais compris et tu aurais refermé la porte. Je te présente mon nouveau bébé noir, Kawa.

- Waaah. Elle est trop belle votre bécane…

- ¤ grand sourire fier ¤ merci.

- Putain j'ai pas mes clés et j'ai la flemme de remonter. Je vais trop prendre un taxi !

- Viens là, je conduirai doucement.

- On avait dit pas loin !

- Et ce n'est pas loin. C'est à 10 minutes en moto.

- La voiture…

- Pour rouler à Paris ? Quand on a le métro ou une moto ? ça va pas, non ?

- …

- Et puis je veux te faire zapper cette image de type en costard sur un scooter de merde avec un casque à deux balles. Tiens ton casque.

-

Le salaud avait caché les casques dans le sac.

-

- ¤ L'enfile bon gré mal gré en se remémorant ces bons souvenirs ¤ MAHAHAHAHAHAHAHHAHA.

- Accroche-toi à moi.

- MAHAHAHAHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHH ! ¤ s'accroche désespérément¤

- ¤ sourit en sentant Duo contre lui, ça lui rappelait de bons souvenirs ¤

-

On est arrivés dans un super restau où ça sent bon les petits plats du terroir un peu plus cher que d'hab mais bon de temps en temps on peut se faire plaisir.

La carte propose un peu de tous, de la viande, du gibier, des poissons, des crustacés… et même de la bonne salade.

Y en a une qui me fait bien envie c'est la salade italienne. Scaroles, roquette, feuilles de chêne rouge, bébés épinards, mozzarella et avocats sur des toasts de pain poilâne.

-

- Tu prends quoi, Duo ?

- Une salade italienne ?

- Je t'emmène dans un restaurant plutôt sympathique et toi tu bouffes une salade ? T'as peur que je te fasse faire du sport ou quoi ? Je serais pas contre…

- En entrée, crétin.

-

Mais quel con…

C'est que j'ai un corps d'asticot et un appétit de pouffiasse.

Oui oui, le genre qui bouffe comme 40 en restant à la taille 40.

-

- Et quoi d'autres ?

- Voilà le serveur.

- Bonsoir messieurs. Ravis de vous revoir M. Yuy. Vous avez choisi ?

- Oui, alors pour moi ce sera une salade italienne et une brochette de viande sauce au poivre et petites pommes de terre persillées.

- Très bien. La cuisson

- Saignant.

- Et pour vous, M. Yuy ?

- Un mille-feuille d'aubergine et une raie aux câpres.

- …

-

Ne pas rire.

Ne PAS rire.

Ne pas RIRE.

-

Il veut un mille-feuille et une raie… serait-il bisexuel ?

Il voudra un nénuphar pour noël ? il va s'ouvrir en corolle ?

-

- Monsieur ? Vous allez bien ?

- Oui (NOOOOOOOOOOON XD)

- Je vous demandais ce que vous vouliez boire.

- Carafe d'eau.

-

Le serveur est revenu et j'essayais désespérément de me remettre de mon fou rire.

Et pourtant on nous avait débarrassé nos entrées, c'est qu'on avait eu le temps de manger.

-

- Voilà votre belle raie, monsieur Yuy.

- ….

-

MAHAHAHAHAHAHA

-

- Duo…

- Elle n'est pas belle ma raie ?

- Votre raie est superbe, monsieur.

-

C'était très difficile de rester sérieux quand on avait un pingouin moustachu et indigné avec une magnifique raie péchée la veille, arrivée le matin même et directement sortie du four.

Mais bon, il était reparti et on allait reprendre la conversation.

Mais de quoi on parlait avant ? Beaucoup de mal à suivre tout ce que Yuy avait bien pu me dire avec les yeux qui pleurent et le hoquet de rire.

Je vais me prendre un verre d'eau, tiens.

-

- Alors comme ça t'es le nouveau Responsable Marketing Junior de chez Hot Spot Food ?

-

Les cracheurs de feu existent déjà, hein ?

Là je suis cracheur d'eau et j'ai éteint la pauvre bougie sympathique qu'on avait posé près de nous, histoire que ça fasse joli.

Et lui et sa chemise blanche à col mao me regardaient avec un air sadique.

Il poursuit, alors que je le regarde avec des yeux ronds (comme si on pouvait avoir des yeux carrés)

Trop pris au dépourvu pour pouvoir cacher mes émotions.

Il poursuit.

-

- Le Kevin qui fait son stage chez toi est le demi-frère de Milliardo.

-

Cette blondeur ! Ce goût vestimentaire parfaitement improbable ! Je me disais bien que ça me rappelait quelque chose. Mais il s'appelait pas Peacecraft ! C'était de la conspiration !

-

- Il n'arrête pas de parler de son tortionnaire de Tuteur. Un mec qui selon ses dires « ne se sent plus péter parce qu'il est super jeune à un poste où il a dû sucer pour y être sinon c'est pas possible »

- …

-

Evidemment on disait plein de choses quand on était stagiaire et dégoûté.

Et quand on était stagiaire et dégoûté on ne s'attendait pas forcément un jour à avoir affaire à un stagiaire tout aussi dégoûté… et en l'occurrence là de mauvaise foi !

Je me doute bien qu'il a pas été sortir ça via messenger sinon on l'aurait vu !

On pouvait pas deviner que c'était un Peacecraft mais merde. Heureusement qu'il n'a pas accès aux trucs vitaux…

Et heureusement que c'était pas moi qui avais fait le recrutement !

-

Et Yuy continue, l'a l'air heureux de la bouffer sa raie.

-

- Un « ricain-écossais-français je sais pas d'où il vient mais il me saoule comme l'alcool de son prénom ». Dillon Maxwell. Alors… j'ai deux questions, Dillon.

-

Dillon. Sueurs froides. Il ne m'appelait jamais comme ça. Je l'avais rattrapé les premières fois et avait décidé d'abandonner, lorsque toutes les fois où j'essayais vainement de lui faire bannir ce surnom, il décidait de me rouler une pelle.

J'ai fini par me faire à ce Duo qui n'était pas si nul que ça finalement. Ça sonnait comme un petit nom dans sa bouche alors qu'avant ça sonnait comme une forme de mépris.

Avant, quand je travaillais pour lui.

Et il avait deux questions à me poser.

-

- Première question. As-tu vraiment sucé Quatre pour avoir ce poste ? Si oui je serais extrêmement contrarié.

-

Un clin d'œil de sa part.

De l'humour. Il sait que je n'ai pas fait ça et quelque part… quelque part ça me rassure que malgré la distance il me connaisse suffisamment pour le savoir, pour que je vois dans ses yeux qu'il le savait vraiment.

Ouf.

C'est de l'humour, hein ?

QUATRE ?

-

- Oui je sais que Hot Spot Foods c'est Quatre. Il est excessivement malin, engage les meilleurs avocats, respecte la loi à la lettre. Il ne pouvait pas se douter que celui chargé de l'acquisition d'Hot Spot Foods était mon ex beau-père. Il n' y a pas 36 avocats d'exceptions. Le monde est très petit.

- …

-

Son regard se fait glacial.

-

- On laisse Quatre en poste en cuisine parce qu'on a un deal : pas d'espionnage industriel et lui peut mettre la réputation de sa famille à sac en restant chez les concurrents. C'est bon pour notre pub, comme tu le sais.

-

… C'est vraiment Dallas de Santa Barbara.

Et oui je connais l'histoire, Quatre me l'avait déjà racontée… mais il ne m'avait pas parlé du rôle de Yuy là-dedans, je pensais surtout à Milliardo…

Est-ce que Quatre s'était tapé mon… enfin Nuysance ? Hibernuytus ?

Mais il continue.

-

- S'il fait de l'espionnage industriel pour son propre compte, le deal est rompu et ami ou non, je l'envoie directement en taule ou tout du moins j'essaie, avec toute la fortune qu'il a ce serait mission presque impossible. Je ne supporte pas d'être pris pour un con en amitié comme dans le reste. Ce qui m'amène à la seconde question. Faîtes-vous de l'espionnage industriel, Dillon Maxwell ?

-

Je hausse le ton direct.

Y a pas écrit minable sur mon front !

Ok, je comprends qu'il pose la question, en plus je ne lui ai pas parlé de mon métier ni rien… mais je ne pouvais pas trop lui en parler, c'est la concurrence…

Ok c'est l'hôpital qui se fout de la charité. Mais moi j'ai essayé d'être correct, cohérent ! Le seul à faire un micmac c'est Quatre et en plus il est resté réglo même dans sa situation.

C'est pas pour qu'on me fasse chier avec ça ! J'avais tout fait pour pas me prendre ça en pleine gueule, ai fait en sorte d'avoir une certaine conscience malgré l'incongruité de la situation et c'est ça que je me prends ?

Du coup… il parlait sérieusement pour Quatre ? Que lui pense ça alors que… Alors que quoi au juste ?

S'il a cru que j'allais trembler il s'est trompé de cocotier.

Je vais te le secouer moi.

-

- Descends de ton char, Ben Hur.

-

Je tutoie quand je m'énerve et là j'ai envie de lui faire bouffer sa raie par les trous de nez.

Et de planter le pic de ma baguette dans son cul.

Un toucher de baguette, tiens, pour diffamation.

Il hausse un sourcil quand je hausse le ton. Si ma voix était un couteau, il serait mort.

Je reprends le vouvoiement, ma distance. Il le faut sinon je ne réponds de rien.

J'en tremble.

-

- Quatre il a accès à rien en cuisine, vous le savez très bien, c'est pour ça qu'il est encore là. Moi j'ai goûté votre sauce de merde, ai donné mon avis dans le vent avec des études qu'on qualifiait au mieux d'inabouti et livré des pizzas parfois au péril de ma vie. J'ai lutté pour faire un stage correct envers et contre vous et vous me parlez d'espionnage ? Qui prend qui pour un con ici ?

-

Il a le mérite d'être étonné par ma réaction.

-

- Mets-toi à ma place. Tu as un poste clé chez un outsider. Tu as un appartement à ton nom qui coïncide presque avec ton entrée en poste. Tu ne m'en as pas parlé et on sort ensemble. Je ne l'ai appris que la semaine dernière.

- …

- Tu comptais m'en parler après la période d'essai ? Tu comptais m'en parler un jour alors qu'à un moment ou à un autre on aurait fini par parler boulot ? Ou tu aurais attendu que je me fasse virer sans comprendre parce que je fricote avec le concurrent, si petit soit-il ?

- Vous savez quoi ? On va régler le problème. On va éliminer la source de potentiel licenciement et on va arrêter cet interrogatoire de merde. La période d'essai est rompue. Allez vous faire foutre.

-

Je me lève blanc de rage en raclant ma chaise, rien à foutre d'être dans un resto et que tout le monde nous regardait.

Il retient mon bras.

Je fais volteface. Je suis à deux doigts de lui en mettre une.

Je dis doucement.

-

- Ne me touche pas.

- Est-ce que tu peux être un peu moins expéditif. Un peu moins volcanique ? On n'a pas fini de discuter.

- Expéditif ? Volcanique ? Je me fais traiter de pute à demi mots avant de me faire traiter d'escroc et tu veux que je sois moins volcanique ? Je vais te mettre mon volcanique poing dans la gueule si tu ne me lâches pas tout de suite.

- Si tu me l'avais dit…

- Te dire quoi, merde ! Je ne te connaissais pas !

- Et maintenant tu me connais mieux ?

-

Oui.

Mais je suis trop énervé pour le reconnaître devant lui mais pas suffisamment pour ne pas reconnaître quand je suis touché.

J'arrache mon bras à son emprise et je me taille sans répondre, sans mon blouson et…

Sans payer.

La colère fait faire de sacrées choses. Je sais que Yuy a parfaitement raison sur certains points, que l'exaspération faisaient faire tout et n'importe quoi…

Mais c'était trop blessant. De son côté comme du mien. Fallait s'y attendre.

Je rentre chez moi en métro, heureusement que j'avais mon pass navigo dans la poche de mon jean et pas mon blouson.

J'espère très fort qu'il ne l'a pas récupéré, qu'il ne va pas me le rapporter.

Je n'ai aucune envie de le voir.

J'espère que le resto aura mis mon blouson de côté.


Même jour en soirée

-

Il est 22h et on sonne à la porte.

J'étais en train de compulser une étude de marché que j'avais commandé. Je travaille encore plus quand je suis énervé, pour me changer les idées.

Je me suis pas changé depuis tout à l'heure. Je me lève, regarde par le judas.

OK. Il a mon blouson dans la main. Je le récupère et je claque la porte.

J'ouvre.

-

- Dillon…

-

Je récupère mon blouson et je claque puis verrouille la porte.

-

Il hurle derrière.

-

- Tu pourrais dire merci.

-

Je déverrouille et ouvre la porte.

-

- MERCI !

-

Et je claque à nouveau la porte.

-

Il souffle avant de répondre.

-

- Je ne partirai pas avant qu'on ait parlé.

- J'ai rien à dire de plus.

- Je dormirais sur ton palier s'il le faut.

-

Je vais dans ma chambre en furie.

Je prends un vague truc en laine écossaise.

Je traverse le couloir à nouveau et me plante à l'entrée.

J'ouvre la porte.

-

- …

-

Il n'a pas le temps de dire ouf que je lui balance le plaid à la tête avant de claquer la porte.

Ben quoi ? S'il voulait rester, qu'on ne m'accuse pas de vouloir le laisser attraper froid ?

Je l'entends soupirer.

A nouveau.

Je l'emmerde !

-

- Un simple « je suis désolé » ça te trouerait le cul ?

-

Parle à ma porte ma tête est malade.

-

- Non mais désolé de quoi ? De pas t'avoir fait confiance alors que je te connais pas vraiment ?

- Oui. C'est blessant. Même si c'est logique.

-

Il m'étonne. Pour le voir reconnaître un truc il faut vraiment se lever. Les fois où il avait tort chez Hot Pizza...

Mais on n'est pas chez Hot Pizza, hein ? On est entre nous. Enfin, de chaque côté de la porte. Je fais semblant de faire la part des choses mais je rapporte tous à mon stage.

Et là j'ai pas du tout affaire à mon maître de stage. Que je le veuille ou non il est différent. Tout en restant le même, certes. Tout en n'étant pas un inconnu.

Mais il est différent. Je ne reconnais pas ses réactions. Et pourtant je sais qu'il ne joue pas un rôle. Dans le travail et dans la vie on ne se comportait pas tout à fait de la même manière.

Je le savais. Et il fallait que j'admette que je le vivais un peu quand même. Un peu beaucoup.

Il reconnait que ça le blesse en restant calme. Lui-même. Je ne dirais pas adulte parce que j'en suis un aussi et que Nuysance l'était tout autant quand il se comportait comme un gamin capricieux et détestable avec moi.

Quand je suis blessé je mords et j'emmerde quiconque me fait la morale.

Par contre je ne suis pas plus bête qu'un autre. J'ai une fierté que je dresse quand on me blesse. Il m'a blessé très fort alors je frappe fort.

Moi aussi je devrais le reconnaître alors, ou plutôt, lui dire que je reconnais qu'il a quand même un peu raison.

C'est difficile parce que ça fait encore mal.

C'est difficile. Mais pas impossible.

-

- Me faire traiter de pute et d'espion c'était… dur. Même si avec les antécédents de Quatre…

- Tu m'as envoyé me faire foutre. Ça revient au même, non ?

-

Mouais.

Hmph.

Il désamorce le truc comme il peut vu que je suis expéditif. Mais lui aussi est plutôt expéditif.

Est-ce que deux personnes expéditives s'expédiaient moins ? On s'expédie tout le temps, nous.

On s'adapte quoi. C'est... bizarre.

Y a de l'espièglerie dans sa voix. A croire qu'il aime bien ce côté volcanique en moi.

Ce côté franc, brut de décoffrage. Les gens sont rarement francs avec lui.

Ne restent que ceux qui peuvent l'envoyer paître quand ils le jugent nécessaire.

Et ceux qui se prennent sa force de caractère sans faire dans leur froc.

J'ouvre la porte.

-

- Je suis désolé.

-

On le dit en même temps.

Il me balance le plaid à la tête.

-

- Tu me paieras le resto demain.

- Pourquoi ?

- Parce que tu m'as dit hier soir que tu n'avais rien de prévu dimanche…

- Ah, c'est vrai.

- Et parce que je dors ici ce soir.

- Hein ?

-

Il me lance un de ces regards.

-

- Je ne veux pas rentrer chez moi ce soir. Et ce n'est pas négociable.

-

Je retire le plaid de ma tête.

Je hausse un sourcil.

C'est pas parce que…

-

- Hey. Disneyland…

- C'est à Marne la Vallée, je sais. Mais il est tard, je suis crevé et je suis pas d'humeur à discuter le bout de gras. Donne-moi un bout de canapé, je m'en fous.

-

Il entre en grognant, referme la porte et se déshabille devant moi.

Gloups.

-

- Ok. Pas besoin de te déshabiller là. Tu peux prendre le lit si tu veux, je vais bosser.

- C'est pas le lit que je veux prendre, Dillon.

-

Il est à poil devant moi.

Gloups, gloups, gloups.

Il récupère le plaid de mes mains et va s'installer sur le canap'… à poil.

Bordel.

-

- Et… ma période d'essai n'est pas terminée, donc la chambre c'est niet.

-

C'est qu'il sourit le bougre !

C'est qu'il me dit merde chez moi ?

-

- Bon travail et… bonne nuit ? N'oublie pas d'éteindre la lumière en sortant de là. Ce serait gentil de bosser dans ta chambre, que je ne connaisse pas tes… projets.

- ...

- Je sens que tu es vert. Je rame, tu rames, vieux.

- Hmph. Thuram c'est un joueur de foot.

- Tant mieux, j'aime marquer des buts.

- Oh, la ferme.

-

Il passe sa tête sous le plaid mais ses pieds dépassent vu qu'il est grand.

Je l'entends rire comme un enfant.

Je vais lui chercher une grosse couette… mais avant je récupère le plaid pour le laisser à poil sur mon canap' noir et le laisser un peu se geler les parties. Sadique moi ? Complètement.

Hmm… ne pas regarder trop longtemps et aller chercher la couette.

Oublier les tablettes de chocolat, les bras « enlace-moi », les cuisses « assois-moi dessus » et son terminator « prends-moi »

Je veux être Sarah Connor… mais au moment où je craque très fort il s'endort.

Un mec dans toute sa puissance.

Je lui mets la grosse couette bleue et je retourne travailler. Dans ma chambre.


4 mai 2009

-

Ce matin on s'est réveillés comme des princes : à pas d'heures.

On a pris une douche respective mais séparément.

Je lui ai prêté un slip qui s'est avéré trop petit.

… aucun commentaire.

Il a remis ses vêtements et je me suis changé.

T-shirt rouge, jeans noir, cheveux qui puent. J'ai rendez-vous chez le coupe-tifs.

J'ai proposé à Hibernuytus de se voir après, quoi. J'avais l'intention de l'inviter au resto pour bien faire la paix.

Il m'a proposé de m'accompagner. Je lui ai dit qu'il allait s'emmerder.

Il a haussé les épaules et dit je m'en fous.

Voir Hibernuytus les yeux bleu-sommeil et les cheveux encore plus ébouriffés… bref, je lui ai dit qu'il fallait qu'il les coupe aussi parce que ça ressemblait plus à rien.

Il a dit banco.


Chez le coiffeur, même jour

-

- C'est de quel côté ta raie, déjà, Dillon ?

- …

- Et tu sais si ton copain a une préférence pour sa raie ? Il refuse de répondre à mon assistant ?

-

Avant que je n'ai le temps de dire ouf Yuy a quitté sa chaise, s'est penché devant moi et a bloqué ma bouche, du coup il s'est pris à pleines lèvres l'écho de mon fou rire, faisant tomber quelques gouttes d'eau de ses cheveux dans mon cou.

Mais quel connard ce mec ?

Me rouler un palot chez le coiffeur c'est si gay !

Quoique… ptet pas devant les mamies qui se font ratiboiser la choucroute en lisant des magazines qui doivent avoir cent ans de moins qu'elles.

-

On est sortis tout bien coiffés : j'arborais une jolie natte – j'aime mes cheveux longs - et sa non coiffure était redevenue classe et sexy.

Vu le temps de merde qu'il faisait, on a pris ma voiture.

Yuy devait déposer des macarons tous frais chez lui ; il les avait achetés juste après le coupe-tifs. Les macarons préférés de sa mère la serial dragueuse de stagiaire. Il devait passer en coup de vent chez elle dans la soirée.

Brr. Yuy et sa mère avaient les mêmes goûts ? Rien que d'y repenser ça me fait flipper.

Après, on irait faire le resto que je lui avais promis.

J'étais gentiment sur ma voie quand je me fais honteusement klaxonner.

Je hurle.

-

- Kesta ! Ca fait une demi-heure que j'ai mis mon clignotant, laisse-moi me rabattre, Connard !

- …

- Et arrêtez de rire c'est pas drôle !

- Non non…

- D'ailleurs vous habitez où, vous ?

- Rue de Réaumur.

-

Je pouffe.

-

- Sébas-popol ?

- Pas de popol non. Ma période d'essai n'est pas terminée, voyons. Il reste quoi 15 jours ?

-

Il me décoche un sourire carnassier.

Ah, parce qu'il savait exactement combien de temps il lui restait ?

Je me gare sur la place de parking visiteur et avant qu'il n'ait le temps de dire ouf je coupe le contact, détache ma ceinture et la sienne, abaisse complètement son siège et me mets à califourchon sur ses cuisses.

Je lui décoche un sourire violent alors que je déboutonne gentiment sa chemise.

-

- Ta période d'essai est terminée. Est-ce que ma période d'essai est terminée, M. Yuy ?

-

Ses mains s'accrochent aux anses de mon jean.

Son sourire en coin ne me dit rien qui vaille.

J'adore.

Sa main droite me lâche, il farfouille quelque chose, me demande ce qu'il cherche… ce n'est pas sa voiture, c'est moi qui planque les capotes.

Pas le temps de dire ouf que je me prends un macaron écrasé sur la joue.

C'est lui qui nettoiera la caisse d'abord.

-

- Hn.

-

Pas le temps de protester avant que je ne me prenne sa langue sur ma pommette pour lécher la framboise du macaron.

-

- Hmm…

-

C'est très bête mais c'est par un imprévu que j'ai fini dans son lit bien avant la fin de notre période de probation.

On n'a pas été plus loin dans la voiture, y 'avait mieux à voir là-haut. J'ai été voir ses éclairs au chocolats s'il y étaient chez lui et ils y étaient… hm… il a même commandé du rab rien que pour moi.

Yuy a franchi le seuil bien avant, avec tout mon consentement.

Oh bon sang… Hibernuytus ? Je veux bien qu'on hiberne ensemble si c'est toujours comme ça…

Et ceux qui ne comprennent pas pourquoi la période d'essai est terminée… ça a été très clair à la seconde où on a été clean avec le boulot.

Il m'a demandé si je le connaissais mieux. Et la réponse était oui. Notre clash a remis les pendules à l'heure. Après on verrait bien.

Il restait le même infâme crétin en costard scooter de merde tout en étant absolument craquant et il fallait arrêter d'être con sans cesser d'être raisonnable (quoique :p)

Mais faut pas lui dire, sinon il se sentirait plus péter.

Loin d'être parfait mais je m'en fous. Ce que je demande c'est qu'il soit bon pour moi. Et il a l'air.

Pas besoin de tester plus, faut se lancer. C'est la loi du marché et je ne veux pas qu'on me le pique avant de l'avoir vraiment eu.

-

Yuy a fini les pseudos macarons de sa maman sur mes fesses. Paaaas biien, il devrait avoir honte.

La honte, c'est le pied. Et à défaut de passer chez elle en coup de vent comme prévu, il lui en a mis un. Oops. Il rattraperait le coup, chacun sa merde.

-

La pendaison de crémaillère était super. Je l'ai passée entre accueillir mes potes – Heero et moi avons viré les cons pique-assiettes de la liste - et à faire l'amour comme un dingue. Ça avait du bon d'être jeune. Je pouvais taquiner et réveiller mon Heebernuytus.

-

Pour la petite histoire, après deux ans de lutte on arrive gentiment à les talonner – on est numéro quatre mais un jour on les dépassera, j'y crois !

Et vous connaissez la meilleure ? Le produit qui marche le plus chez Hot Pizza ? C'est la Pizza Duo Volcano BioSpice. Ce truc infâme violet super pimenté qui ne devait plus être commercialisé depuis l'affaire de l'aphte.

A ce qui paraît elle me ressemble. Moi je ressemble pas à une aubergine. C'est pas sexy.

-

- Tu sais ce qu'elle te dit l'aubergine ?

- Que tu adores mon corps et rêve de moi tous les soirs ?

- Si tu continues tu feras Heebernuytus ce soir ¤ sourire ¤.

- Oui mon petit volcan de stagiaire au caractère de merde.

- Tu t'es regardé ? Et je suis pas ton stagiaire !

- Plus. ¤ sourire sadique ¤

-

Et pour ceux qui se demandent si Kevin a fini son stage… ben ouais quand même. Un bon stage c'est trop dur à trouver.

Et puis il était trop nul pour nous nuire.

-

-

OWARI


Epilogue ! J'avais émis l'hypothèse qu'il y en aurait un et les réponses positives + l'inspi aidant le voilà.

J'espère que ça vous aura plu, surtout à toi petit Anyanas ¤ pap'¤

Merci et à peluche'

Mithy Mini Globetrotter ¤ Moselle et Bruxelles fin décembre, New York en Janvier :p ¤