… assouvies
Sirius Black se tenait devant la fenêtre de sa chambre à Grimmauld Place, le front appuyé contre le vitre. Merlin… c'est pas possible… Il soupira. Il avait tout fait pour éviter ça. Vraiment. Au départ, il n'avait même pas eu besoin de faire quoi que ce soit, en fait. Depuis cette nuit qui avait suivi leur malheureuse aventure avec les Mangemorts, Sirius et Harry n'avaient pas vraiment eu l'occasion de reparler de cette « déclaration » réciproque. Ni d'en profiter d'ailleurs… L'échec de leur entreprise à l'entrepôt n'avait pas facilité le travail de l'Ordre, et, même si personne ne leur avait fait aucun reproche, tous deux s'étaient senti obligés de travailler encore plus assidûment que d'habitude pour se rattraper.
A la grande joie de Sirius, le nez cassé de Snape lui avait valu plusieurs remarques, de l'inquiétude de Mme Weasley aux sarcasmes de Tonks. L'œil au beurre noir de l'ancien Maraudeur avait presque disparu. Quant à Harry, il ne gardait plus aucune trace de leur affrontement avec les Mangemorts. Extérieurement du moins. Il portait souvent la main à sa taille, ce qui n'avait pas échappé à Sirius. Qui aurait bien volontiers vérifié par lui-même si cet hématome était toujours aussi enflammé… Respire, Padfoot, respire… Mais, même s'il avait osé, il n'en aurait pas eu l'occasion. Harry et lui n'avaient pas fait partie des mêmes équipes lors des dernières missions. Et Grimmauld Place était constamment pleine à craquer, ce qui n'encourageait pas vraiment les conversations en tête-à-tête. Si cela avait commencé par ennuyer Sirius, il avait fini par en être soulagé. Cela lui évitait de devoir trop réfléchir à la situation… qui était loin d'être simple. Certes, Harry semblait ne pas avoir été choqué par les sentiments de son parrain, et plutôt heureux que ce dernier se soit déclaré de la sorte. Mais Sirius ne pouvait s'empêcher de douter. De la sincérité de Harry d'abord. Oh, il m'aime, c'est sûr… Il le lui avait prouvé à de nombreuses reprises. Seulement, Sirius pensait constamment que Harry ferait n'importe quoi pour se faire aimer, justement. Et ne pas se faire rejeter, surtout… Après tout, il avait passé son enfance à se faire rejeter…
En plus, il devait avouer que la ressemblance physique entre Harry et James le perturbait profondément. Il craignait parfois de reporter un sentiment qu'il aurait eu pour Prongs sur le fils de ce dernier. Merlin... Il ne se rappelait pas avoir jamais ressenti autre chose que de l'amitié pour James, pourtant. Je le saurais si je… Oh ! Sirius se frappa la tête contre la vitre. Cette simple idée lui était intolérable. Il se passa frénétiquement les mains dans les cheveux. D'un autre côté, il avait toujours cru ne ressentir que de l'affection pour Harry. Qu'est-ce qui m'a pris tout d'un coup ? C'est Azkaban qui m'a changé à ce point ou bien ? Sirius ferma les yeux et s'affala contre la fenêtre. Non, ce n'est pas James que je vois dans Harry. Ce que j'aime chez lui c'est… son courage. Ses yeux. Sa loyauté. Son sourire. Sa confiance… Ses muscles. Parce qu'on croirait qu'il est tout frêle comme ça, mais moi je sais que c'est faux. Sirius ne put s'empêcher de sourire. En voyant son reflet dans la vitre, il s'arrêta net. C'est quoi mon problème à la fin ? Je ne devrais pas avoir ce sourire carnassier quand je pense à mon filleul, je ne devrais pas… Et Sirius poussa un nouveau soupir, puis avala sa salive. Et dire que ce soir…
En effet, tous les efforts que Sirius avait pu faire pour refouler ses sentiments, pour éviter toute confrontation avec son filleul, allaient être réduits à néant ce soir même. Rien n'est encore perdu Padfoot, il te suffit de te contrôler ! Sirius leva les yeux au ciel. Comme si je croyais pouvoir y arriver… Bien sûr que non. Si ça se trouve, c'est un coup de Snivellus. Il aura tout compris, et veut se venger de ce coup de poing sur son nez. Il secoua la tête. Arrête Padfoot, tu le sais que tu es de mauvaise foi là. C'est un concours de circonstances, voilà tout. Effectivement, Sirius savait bien qu'il ne pouvait reprocher l'état des choses à personne. En raison de la grosse opération que l'Ordre préparait pour cette fin de semaine, le manoir comptait encore plus d'occupants que d'habitude. Les lits se faisaient donc rares. Et ce matin, lors du conseil, la nouvelle organisation de la maison avait été annoncée. Il faudrait partager les chambres. Et - quelle surprise - Sirius et Harry s'étaient vu assignés la même. C'est presque comique en fait… D'un autre côté, c'est aussi logique : aucune personne saine d'esprit ne nous auraient fait partager celle de Snape. En plus, ils ont bien sûr fait comme à Poudlard : les filles d'un côté, les garçons de l'autre. Sirius pouffa. S'ils savaient… Harry est bien plus en danger auprès de moi que le serait n'importe quel membre féminin. Pris d'une soudaine frénésie, Sirius commença à tourner en rond dans la pièce, les mains sur la tête. Rhaaaaaaa ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire, moi ? Comment je dois me comporter avec lui ? Et merde, et merde, et merde, et -
Et quelqu'un poussa la porte. Sirius interrompit net et sa marche et ses réflexions, et resta planté là où il se trouvait, à regarder la porte s'ouvrir d'un air hébété. Non ! Pas maintenant. Si je me suis réfugié ici, c'est pour ne pas être dérangé. C'est pourtant pas difficile à comprendre ça ! Je parie que c'est Moony. J'ai bien remarqué la façon bizarre dont il me regarde ces derniers temps. Et quand il a ce regard… Honnêtement, je l'adore, mais là j'ai pas envie de lui déballer mes problèmes. Il est compréhensif, certes, mais je doute que sur ce coup là... La porte était presque ouverte à présent… Et Sirius fut atterré de constater que la personne qui entra était… pire… que Remus. Harry… Sirius déglutit. Il était paralysé, et ne bougea pas d'un millimètre. C'est ainsi que Harry le découvrit, raide comme une statue au milieu de la pièce, les yeux fixés sur lui.
« Oh. » Un petit silence. « Je ne pensais pas que tu étais déjà là. J'étais juste venu déposer quelques affaires. Je reviendrai –«, fit Harry, sans même entrer dans la chambre.
Je lui fais peur ou bien ? Quoique si je suis honnête… il me terrifie totalement, lui. « Non non, tu peux rester ! », balbutia Sirius, un peu trop vite. Mais je suis con ou bien ! Pourquoi j'ai dit ça ? J'aurais au moins pu trouver une excuse pour m'éclipser…
« Ah. Ok », répondit Harry en automate. Mais il resta où il était. A savoir dans l'embrasure de la porte, la main toujours sur la poignée.
Je lui fais VRAIMENT peur, là c'est sûr. Sirius essaya de sourire à son filleul d'un air encourageant. Il s'avança vers lui. Sans le vouloir, Harry eut un mouvement de recul lorsque son parrain se trouva juste devant lui. Ce dernier décida de faire comme s'il n'avait rien remarqué.
« Tu attends quoi, Harry ? Que Kreacher te pousse dans le dos pour que tu sois obligé d'entrer ? », plaisanta Sirius.
« Hein ? Oui, non, enfin je veux dire –« Harry se tut, soupira, et entra résolument dans la pièce.
Merlin, on dirait qu'il se prépare à un affrontement… A cette idée, Sirius déglutit une nouvelle fois. Et moi donc… Il mit un soin particulier à se trouver à une bonne distance de son filleul tandis que celui-ci s'installait. En croisant son regard alors qu'il allait passer dans la salle de bain, Harry lui lança un sourire timide. Sirius se sentit fondre. Il se mordit les lèvres. Je me demande si je préférais pas quand il m'évitait… C'était plus simple à gérer en tout cas. Il hésita un instant à prendre ses jambes à son cou, à inventer n'importe quelle excuse pour sortir d'ici, mais n'eut pas le temps de mettre son plan à exécution. Il venait d'entendre une exclamation étouffée en provenance de la salle de bains. Il se figea. Fallait-il qu'il aille voir ? Il imaginait parfaitement que Harry ne serait pas des plus heureux s'il débarquait sans raison. Après tout, il se pouvait qu'il soit… Sirius sentit le sang lui monter au visage. Padfoot, zen. Il n'a pas été prendre une douche, il est juste allé poser son linge et sa brosse à dents, il n'y a aucune raison de… Il tendit l'oreille, mais n'entendit plus aucun bruit. Prenant une décision, il s'approcha alors de la porte et, s'éclaircissant la voix, demanda, la tête tout contre le chambranle : « Harry ? Tout va bien ? » Au lieu d'une réponse, Sirius entendit alors distinctement un « boum », puis plus rien. N'y tenant plus, jetant sa patience – limitée – au vent, il poussa alors la porte entrouverte. Et découvrit son filleul debout près du lavabo, et un verre à dent explosé sur le sol. Il regarda alternativement le carrelage et le visage de Harry, comme s'il essayait de comprendre le lien qu'il pouvait y avoir entre les deux, jusqu'à ce qu'il remarque la main du jeune homme posé sur sa taille. Soudain, il comprit. « Harry ? Ça te fait toujours mal ? Pourquoi tu ne l'as dit à personne ? Pourquoi tu ne m'as rien dit à moi ! » Franchement, Padfoot, je crois que tu peux répondre à cette dernière question tout seul, non ?
Harry regardait fixement son parrain, avec la même expression de crainte, de surprise et d'excuse qu'il avait eue quand ce dernier était entré. « Je… Non, c'est bon. C'est juste que – j'ai fait tomber le verre. Je – je suis désolé. »
« On s'en fout du verre ! », s'exclama Sirius. Merlin, quand est-ce qu'il va commencer à penser un peu à lui, merde ! « Je croyais que Mme Pomfrey t'avait examiné… »
« Elle l'a fait. C'est normal que ça prenne du temps. C'est en me baissant, je sais que je devrais faire attention… »
« Il fallait m'appeler ! J'aurais peut-être pu t'aider… »
« Je te dis que tout va bien, Sirius ! », le coupa Harry. Mais Sirius crut le voir rougir. Espèce d'imbécile ! Tu es certainement la dernière personne qu'il appellerait à l'aide maintenant. Rappelle-toi ce qui s'est passé la dernière fois que tu l'as touché…
« Ok. Je te crois », dit-il aussi calmement et… normalement qu'il put. « Tu es installé alors ? », ajouta-t-il en souriant.
Harry acquiesça. « Ouaip. Je pense que je vais redescendre voir si on a besoin de moi en bas. »
Si ça ce n'est pas une excuse pour te fuir ! songea Sirius, avec une pointe de regret. J'aurais pu y penser, avant ! « Ok. A tout à l'heure alors… », lui répondit-il. Il se tourna vers la porte. Mieux valait qu'il évite de se trouver dans la même pièce que Harry autant que possible. Surtout ici. Beaucoup trop contiguë cette salle de bain…
Il ne croyait pas si bien dire. Au même moment – et sans doute pour les mêmes raisons – Harry s'était dirigé lui aussi vers la sortie. Tous deux se retrouvèrent donc côté à côte. Voulant se faire des politesses, ils finirent par s'engager ensemble dans la porte, et donc par faire ce qu'ils cherchaient à éviter depuis si longtemps : se frôler. Sur quoi ils s'arrêtèrent net.
Au contact de son filleul, Sirius sentit des frissons lui remonter le bras pour parcourir tout son corps. Son cœur manqua un battement. Il jeta un regard en coin à Harry. A sa grande surprise, ce dernier le fixait, le souffle court, semblant… attendre quelque chose !
Sirius remarqua alors que ni l'un ni l'autre n'avait fait un geste pour s'écarter. Il jeta un nouveau coup d'oeil sur le visage de Harry : ce dernier le fixait toujours avec ses grands yeux verts… Merlin, ces yeux… Il faut qu'il arrête de me regarder comme ça, il faut qu'il arrête de – Mais trop tard. Sirius avait trop attendu, trop réfréné ses pulsions, trop réfléchi. Sa main s'accrocha au bras de Harry, qu'il amena contre lui. Il eut juste le temps de penser encore une fois je ne devrais pas faire ça, avant de voir le visage du jeune homme s'approcher du sien, de sentir sa bouche contre la sienne. Ce fut sa dernière pensée cohérente. Lorsqu'il revint à lui, il se rendit compte que Harry était dos au mur, et que lui-même était collé contre lui. Reprenant son souffle, Sirius observa son filleul. Ce dernier, comme la dernière fois, ne semblait pas traumatisé plus que ça par ce qu'ils venaient de vivre. Perturbé certes – tout comme lui, incertain, mais plutôt… satisfait !
« Harry ?», articula-t-il d'une voix rauque. Le jeune homme le regardait d'un air interrogateur et un peu anxieux. « Je sais que je t'ai déjà posé cette question, mais… tu es sûr que c'est ce que tu veux ? » Il fit une pause. « Parce que je peux pas m'empêcher d'avoir l'impression que c'est toujours moi qui te saute dessus… », ajouta-t-il avec un sourire malicieux.
Harry pouffa. « Ce qui n'est pas pour me déplaire… »
Sirius lui sourit alors franchement. « Dans ce cas… » Et il recommença à l'embrasser, tout en déboutonnant sa chemise. Sa petite voix lui répétait tu ne devrais pas faire ça, tu ne devrais pas faire ça, mais il avait décidé de l'ignorer. Après tout, on ne fait que repousser le problème. Autant le régler une bonne fois pour toute. Sentant les mains de Harry qui s'occupaient de son propre vêtement, Sirius eut la satisfaction de voir qu'il avait raison sur ce point.
Tous deux étaient maintenant torse nu. Sirius, qui avait résolument pris la direction des opérations, fit doucement sortir Harry de la salle de bains pour le ramener dans sa chambre à coucher. Là, il s'attaqua à la ceinture de son pantalon. Harry retint son souffle. Sirius, qui l'avait remarqué, chercha ses yeux du regard, attendant son approbation. Harry hocha légèrement la tête avant de se jeter sur ses lèvres, ne lui laissant plus aucun doute sur ses désirs. Quand Sirius l'eut débarrassé de son pantalon, Harry voulut à son tour s'occuper du jeans de ce dernier. Mais Sirius arrêta ses mains, et le poussa sur le lit. Un peu surpris – et frustré, Harry ne protesta toutefois pas. Il laissa Sirius le caresser et l'embrasser de plus en plus vigoureusement. Tous deux roulaient en tout sens sur le lit. A chaque fois que les mains de Harry redescendaient vers la ceinture de Sirius, celui-ci le repoussait, alors que lui-même revenait encore et toujours à l'entrejambe du jeune homme. Exaspéré, Harry finit par se dégager. Surpris, Sirius se redressa, tout de suite inquiet.
« Tu veux qu'on arrête ? Je suis désolé, je n'aurais pas dû –«
« Tu peux arrêter de dire des idioties s'il te plaît ? », le coupa Harry. Sirius le regardait d'un air hébété. « Je tiens simplement à te prévenir. Si tu n'ôtes pas immédiatement ce pantalon, je remets le mien, et tu ne me touches plus. »
Harry dit cela avec un sérieux qui éberlua au plus haut point l'ancien Maraudeur. Le timide Harry… si innocent… le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il sait ce qu'il veut ! Sirius fit la moue, et fit semblant d'hésiter. « Je ne sais pas… Tu es sûr ? Je peux devenir dangereux moi sans pantalon… », plaisanta-t-il.
« Mais c'est exactement ce que je veux… », répondit Harry avec un sourire narquois, en se mordant les lèvres.
Ce fut au tour de Sirius de pouffer. Il se leva du lit, et, faisant un petit signe de tête à Harry, s'exécuta. « Si c'est la volonté de Monsieur… » Une fois qu'il fut débarrassé de tout vêtement excepté son boxer, Sirius écarta les bras. « Monsieur est satisfait ? »
Harry le regarda d'un œil critique avant de répondre : « Oui… pour l'instant. »
« Mais j'y crois pas ! », s'exclama Sirius avant de se précipiter sur lui. Ils se battirent un moment, avant de recommencer à s'embrasser passionnément. Cette fois, Harry n'opposa aucune résistance lorsque les mains de Sirius refirent leur chemin vers son caleçon, et pas non plus lorsque l'une d'elle se glissa sous l'élastique. Il gémit, et attira Sirius tout contre lui. Celui-ci, sans cesser de le caresser, se mit à l'embrasser dans le cou, puis sur le torse. Arrivé à sa taille, il se releva, et, agenouillé, tira résolument sur le dernier morceau de tissu qui le recouvrait. Une fois cette opération effectuée, il se recoucha pratiquement sur lui. Reprenant possession de ses lèvres, il glissa une main entre eux pour continuer à caresser son entrejambe.
Gémissant de plus belle, Harry se mit alors lui aussi à tirer sur le boxer de son parrain, mais sans succès. Sirius, que sa petite voix avait abandonné depuis longtemps, semblait ne prêter aucune attention à ses efforts désespérés pour le déshabiller lui aussi.
En fait, il faisait tout son possible pour résister. Si cela ne tenait qu'à lui, il s'en serait débarrassé depuis longtemps. Mais il ne voulait pas. Il ne fallait pas. Malgré son désir impérieux, il préférait se contenter de donner du plaisir à Harry plutôt que de lui imposer quoi que ce soit. En tout cas pour cette fois… Pourtant Merlin sait ce que j'ai envie de lui… Il essaya de détourner l'attention du jeune homme en le plaquant sur la couverture et en empoignant carrément son sexe. Mais Harry était têtu. Il tenta de se libérer, et voulut retirer la main de Sirius. Choisissant les grands moyens, ce dernier, de sa main libre, saisit son poignet, et, le ramenant au-dessus de sa tête vers son autre bras, l'empêcha ainsi de bouger.
Furieux, Harry remua les jambes, tentant toujours de se dégager. Tous deux regrettèrent amèrement ce geste. Harry put à peine se contenir. Sirius, essayant de se contrôler, resserra son étreinte sur les poignets du jeune homme. Son boxer était sur le point de craquer, il fallait absolument qu'il se calme. Leurs yeux se rencontrèrent.
Sirius aurait voulu faire comprendre à Harry ce qu'il cherchait à faire d'un seul regard, mais, lorsqu'il plongea ses yeux dans les siens, il faillit changer d'avis. Il lisait un tel désir dans le regard de son filleul qu'il n'avait qu'une envie : le combler. Mais il se reprit juste à temps. Harry se rendait-il seulement compte de ce qu'il lui demandait ? N'était-ce pas quelque part lié à sa tendance de vouloir se « sacrifier » pour les autres ? Enfin, sacrifice… n'exagère pas quand même ! Une petite voix s'était remise à parler dans la tête de Sirius. Mais ce n'était plus la même : celle-là l'incitait à faire des choses dont il n'aurait jamais pensé avoir envie.
Ce fut la voix de Harry qui le tira de ses réflexions. « Sirius ? », l'appela-t-il d'une voix rauque.
Ces yeux… Merlin, ces yeux… Ils étaient remplis de questions, de désir, de peur aussi, mais ils semblaient surtout attendre désespérément quelque chose. Sirius n'en pouvait plus. « Harry… », gémit-il.
« Sirius. Jure-moi en me regardant dans les yeux que tu n'en as pas envie », lui asséna Harry, tout en empêchant sa main de reprendre ses caresses.
Sirius détourna les yeux. Il déglutit. « Harry… », insista-t-il, presque suppliant. Il lâcha alors le jeune homme, et se dégagea. Couché à côté de lui, il le regarda droit dans les yeux, et lui dit : « Je ne peux pas, Harry. Ce serait te mentir, et tu le sais très bien. »
Harry, qui avait roulé sur son côté pour être face à Sirius, s'exclama : « Mais alors pourquoi ? Qu'est-ce tu attends ? »
Sirius faillit éclater de rire. « Rien, Harry. »
A ces mots, Harry, trop rapide pour son parrain, tendit la main vers lui et la posa sur son entrejambe. « S'il te plaît ? », dit-il d'une voix… d'une voix irrésistible.
Sirius, qui essayait de retirer la main de Harry, hocha négativement la tête. Malheureusement, cette dénégation ne correspondait pas tout à fait à ce qui se passait dans son boxer, ce que Harry pouvait parfaitement sentir.
Ce dernier se tortilla sur les couvertures pour venir se coller contre son parrain. Et il chuchota à son oreille : « Je dois te supplier ? »
Sirius passa la main derrière la nuque de Harry, et, le regardant très sérieusement, souffla : « C'est vraiment ce que tu veux ? Tu es sûr ? »
Harry remua, et grogna de frustration. « Mais combien de fois je dois te le répéter ! Tu en as envie, j'en ai envie… »
Soudain, Sirius se décida. Il retira rapidement lui-même son boxer, et fit doucement se retourner Harry. Se collant contre lui, il lui murmura encore dans l'oreille: « Harry, un seul mot et je m'arrête… » Sans répondre, le jeune homme, posant une main sur sa cuisse, attira Sirius encore plus près. Il pouvait sentir l'érection de ce dernier dans le bas de son dos.
Mais Sirius avait décidé de prendre son temps. Il commença par reprendre ses caresses, puis, préparant doucement le jeune homme, il finit par s'introduire en lui. Il sentit Harry retenir son souffle, et tout son corps se crisper. S'immobilisant, il se contenta de l'embrasser dans le cou, attendant son signal. Harry ne tarda pas, d'un mouvement des hanches et d'une pression de la main sur sa cuisse, à l'encourager. Sirius se mit alors à bouger, doucement d'abord, puis de plus en plus vite. Un de ses bras était passé autour de la taille du jeune homme. De sa main, il caressait son sexe au même rythme que ses mouvements.
Sirius ne pensait plus à rien. Ses petites voix intérieures s'étaient enfin tues. Il ne se concentrait plus que sur son plaisir, et sur celui qu'il voulait offrir à Harry. Le seul fait de sentir le corps du jeune homme se tendre à chacun de ses mouvements, de l'entendre gémir, et de sentir sa main qui s'accrochait à sa cuisse, était merveilleux. Merlin, il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait attendu ce moment. Déposant un baiser dans la nuque de son filleul, il s'enfonça encore plus profondément en lui, ce qui leur arracha à tous deux un autre gémissement.
Sirius aurait voulu prolonger cet instant encore et encore… Mais lorsqu'il sentit qu'il ne pourrait plus tenir très longtemps, il resserra son étreinte sur Harry, et accéléra ses caresses. Enfin, se mordant les lèvres, il se laissa aller. Harry le suivit peu après, et Sirius put sentir son sexe se vider dans sa main.
Ils restèrent un long moment serrés l'un contre l'autre, cherchant à reprendre leur souffle. Harry s'était recroquevillé tout contre Sirius, qui avait une main posée sur le ventre du jeune homme. De l'autre, il lui caressait les cheveux. Au bout d'un moment, Harry se retourna et vint nicher sa tête contre le torse de Sirius.
Ce dernier l'entoura de ses deux bras, et remonta les couvertures sur eux. Ils n'avaient toujours échangé aucune parole. Mais Sirius savait qu'ils n'en avaient pas besoin. Bizarrement, il ne ressentait plus aucune culpabilité. Avec lui, Harry s'était toujours montré sincère. Sirius venait de réaliser que l'instinct qu'il tirait de sa forme animagus ne l'aurait pas trompé là-dessus.
Seulement, il savait très bien que, si eux-mêmes avaient eu de la peine à accepter leurs sentiments et leurs pulsions, les autres – du moins la plupart – auraient encore plus de difficultés à le faire. Remus finirait pas comprendre, bien sûr. Remus comprend toujours tout. Les amis de Harry aussi, certainement. Mais pour le reste… Snape… Merlin, j'ose même pas imaginer ses commentaires… Il rendrait certainement les choses sales et perverses. Quant à Molly… Elle, elle m'accusera tout de suite d'attentat à la pudeur ! Les choses ne seraient pas faciles, non… mais pour l'instant Sirius s'en fichait. Il avait trop longtemps manqué de contact humain et d'amour pour ne pas apprécier pleinement la chance qui lui était offerte. Sa seule inquiétude concernait Harry. Baissant la tête vers lui, il se rendit compte que ce dernier s'était endormi dans ses bras. Il sourit. Il ferait tout pour le protéger. Quitte à tout prendre sur lui, ou à rester dans l'ombre. Il lui devait bien ça. Attentat à la pudeur… Son sourire se fit carnassier. Ça, au moins, c'est quelque chose tu n'avais pas encore sur ta liste de méfaits accomplis, Padfoot… Après tout… pourquoi pas ? Et, sur cette pensée réjouissante, Sirius ne tarda pas à s'endormir à son tour.