Note : j'ai écrit cette fic avant la sortie du Prince de Sang-mêlé et de la mise en ligne de l'arbre généalogique des Black. J'ai modifié ce qui pouvait l'être, pour coller à l'histoire, mais pas tout. Ainsi, pour les besoins de l'histoire, Bellatrix est en dernière année, Narcissa, en sixième.
Ah, et puis, les personnages ne m'appartiennent pas, etc, etc…
Violence aggravée sur mineur
Prologue
Severus Rogue cessa finalement de trembler. La nuit était finalement tombée, et il ne pouvait rester ainsi, dans le parc, plus longtemps.
Il s'était assez apitoyé sur son sort.
Il se releva péniblement sur ses jambes grêles et lissa sa robe poussiéreuse. Lentement, il prit le chemin du château.
Les autres étaient sans doute dans la Grande Salle, à finir leur dîner. Il pourrait se glisser dans son dortoir sans subir leurs railleries. S'enfouir sous ses draps pour y cacher sa honte. Sa colère.
« Tout se paie un jour ou l'autre », pensa-t-il, des larmes de rage lui brûlant les yeux. Les vacances étaient toutes proches, et il aurait tout le loisir de méditer sur sa revanche…
Black d'abord, c'est le plus simple… Et Potter ensuite…
Il avait supporté les humiliations de ces deux-là depuis cinq ans, il était temps que cela cesse…
Il avait été assez patient.
Chapitre 1
James remarqua aussitôt que quelque-chose n'allait pas. Sirius lui avait renvoyé son sourire, comme à l'ordinaire, mais ses yeux n'avaient pas cette lueur amusée qu'ils auraient dû avoir. Il fronça les sourcils. Il savait que Sirius n'était pas heureux, chez ses parents, et qu'il n'aimait pas y retourner pour les vacances, bien qu'ils n'en aient jamais vraiment parlé. Sirius n'aimait pas parler de sa famille. Sirius ne parlait jamais vraiment de lui. Il avait beau être fort en gueule, il y avait des sujets qu'il n'abordait jamais avec personne, pas même avec les maraudeurs. Pas même avec son meilleur ami.
Sa famille était l'un de ces sujets.
James avait plus d'une fois tenté de passer outre ce barrage, mais il n'y avait rien eu à faire. Rien ne pouvait obliger Sirius Black à parler quand il avait décidé de se taire. James s'était finalement résigné à accepter cela.
Pourtant, aujourd'hui, sur le quai n°9 ¾, il brûlait de savoir ce qui avait bien pu se passer pendant ces congés.
Ils montèrent dans le Poudlard Express et entrèrent dans leur compartiment – celui qu'ils s'étaient attribués depuis leur deuxième année. Sirius se laissa tomber sur la banquette, près de la fenêtre. James s'assit face à lui, lentement. Il y eut un silence. « Remus et Peter ne vont plus tarder… » avança James. Sirius se contenta de hocher la tête. James respira profondément. « Tu ne veux pas m'en parler ? demanda-t-il, se préparant mentalement à un refus.
- Parler de quoi ? » demanda Sirius, d'un ton léger, en allongeant ses jambes devant lui. Il a vraiment grandi… remarqua James. « Tes vacances, Sirius…
- Oh… Comme d'habitude… » répondit-il avec un sourire.
Il avait beau mettre des tonnes de désinvolture dans sa voix, James n'en fut pas dupe. Il y avait autre chose… Une chose qu'il n'avait jamais vue, dans les yeux de son ami. Une blessure ? De la peur… ?
« Sirius… soupira-t-il. Depuis le temps qu'on se connaît…
- Mais que veux-tu que je te dise ! coupa Sirius, agacé. Oui, j'ai passé un Noël pourri ! Réunion de famille et tout le tralala ! J'aimerais qu'on passe à autre chose, si tu veux bien… »
Il croisa les bras, renfrogné. James hésita un instant. Il pensa revenir à la charge, mais il savait au fond de lui que cela ne ferait que pousser Sirius à se renfermer davantage encore. Par pur esprit de contradiction. S'il voulait savoir, il devait essayer de le prendre par surprise.
« Maudit Black ! pensa-t-il. Qui nous fait des cachotteries à la Lupin ! »
Il savait que la plupart des gens s'étonnerait de cette analogie. Comparer Sirius à Remus…
Remus Lupin était la personne la plus secrète qu'il ait jamais rencontrée. Il était bien dur, de savoir ce qui passait par la tête de son deuxième meilleur ami. Et finalement, il en allait de même pour Sirius… Qui, à part lui, pouvait se vanter de le connaître vraiment ?
Le vrai Sirius. Pas celui qui balançait des vannes, toujours prêt pour un mauvais coup. Qui harcelait les Serpentards, qui se fichait de ses études qu'il réussissait d'ailleurs avec une rare maestria. Pas le Sirius arrogant, vantard et sûr de lui que tous connaissaient.
Le vrai Sirius. Celui que l'injustice révoltait. Celui qui était prêt à tout – à tout – pour ses amis. Y compris devenir animagus. Celui qui refusait de se laisser abattre, toujours. Celui qui refusait le conformisme auquel sa naissance voulait le soumettre.
Mais aussi le Sirius qui doutait. Qui souffrait. Qui se débattait avec une famille dont les préjugés lui soulevaient le cœur.
James savait que la vie de son ami n'était pas facile.
Pas aussi difficile que celle de Remus, sans doute, mais pas facile quand même.
Et il refusait d'en parler. Obstinément. Malgré toute l'amitié qui les unissait.
« Voilà Moony… dit Sirius, l'arrachant de sa rêverie. Et Peter le suit » . James se pencha légèrement pour regarder par la fenêtre, juste pour voir la silhouette de Peter se hisser dans le train. « Tu ne trouves pas que Peter a minci, ces derniers temps ? demanda-t-il.
- Peut-être… J'avoue ne pas avoir fait attention. Peter restera toujours Peter, non ? Avec ou sans kilos en trop… »
James sourit. Et nota en même temps en lui-même combien la réflexion de Sirius prouvait qu'il n'allait pas vraiment bien. Où étaient ses réparties habituelles ? Il se mordit les lèvres et allait le lui faire remarquer, quand la porte du compartiment s'ouvrit.
« Salut, les gars ! » Remus et Peter entrèrent, l'air réjoui, et saluèrent leurs amis. « Vos vacances ? demanda Peter.
- Comme d'habitude… répondit James.
- Comme tous les soirs de Pleine Lune… soupira légèrement Lupin, un mince sourire sur les lèvres.
- Oh… fit Peter, rouge de confusion. Je n'avais pas fait attention à ça…
- Pas grave, Peter… Tu n'as pas à suivre le calendrier lunaire ! répondit gentiment Remus.
- Désolé de ne pas avoir été là, Moony… » Remus tourna la tête vers Sirius et haussa les épaules. « Ne t'excuse pas, Sirius. Tu n'y pouvais rien, de toute façon.
- Oui, mais j'aurais voulu… »
Il ne termina pas sa phrase, perdu dans ses pensées. Remus interrogea James du regard. Celui-ci fit un geste en signe d'ignorance. « Sirius… ? demanda Lupin, s'asseyant à ses côtés.
- C'est juste que j'aurais mieux fait de rester à Poudlard ! lâcha Sirius.
- Oh… Mauvaises vacances, hein… ?
- Il ne veut pas en parler, expliqua James.
- Parce qu'il n'y a rien à en dire, coupa Sirius, un peu sèchement. Peut-on parler d'autre chose ? »
Ils parlèrent donc d'autre chose. De tout et de rien, tandis que le train démarrait enfin. Des cours qui allaient reprendre, du quidditch, des filles – d'une, en particulier. Qui hantait tout particulièrement les pensées de James.
« Bah ! conclut-il avec une philosophie qui ne masquait pas totalement sa tristesse. Elle ne voudra jamais de moi, de toute façon… » Remus esquissa un sourire. « Pas sûr… Essaye de changer un peu, tu pourrais être surpris…
- Changer ?
- Changer en quoi ? coupa Peter. James est très bien comme il est !
- Oui, si on aime le genre arrogant et puéril !
- Moi ? Puéril ?
- Lily n'aime pas le genre arrogant et puéril ! poursuivit Remus, sans prendre en compte l'exclamation outrée de James.
- En quoi suis-je puéril, s'il te plait ?! insista James.
- Oh, tu le sais très bien… sourit Remus. Cesse de faire mumuse avec Rogue… »
James aurait pu jurer que Sirius avait tressailli.
Mais celui-ci releva la tête vers lui. « Il a raison, Prongs… renchérit-il. Si tu veux Lily, laisse Rogue tranquille. »
Quelque-chose sonnait faux, dans sa petite tirade.
Mais ce n'était certainement pas ici, dans ce compartiment, devant ses amis, que Sirius accepterait de se livrer. Il faudrait qu'il lui en reparle plus tard, en tête-à-tête.
« C'est toi qui dit ça, Sirius ?! fit un Peter, hilare. Franchement, tu renoncerais à ton joujou préféré pour James ?! »
Sirius pâlit. De façon si évidente que Remus lança un regard inquiet à James. Celui-ci lui fit un signe discret de la tête. Pas le moment, comprit Remus. « Bien sûr qu'il le ferait pour James ! » lança-t-il alors, pour mettre fin à la discussion. Peter eut une moue peu convaincue, mais n'insista pas.
Le reste du voyage se déroula sans que Sirius ne desserre les dents.
§§§§
Les étudiants se pressèrent devant les portes de la Grande Salle. Les quatre Maraudeurs s'assirent à leurs places habituelles et tournèrent les yeux vers le professeur Albus Dumbledore qui attendait que tous s'installent, avant de faire son petit discours de bienvenue. « Qui est ce type ? » demanda Remus à James, désignant la table des professeurs. James fronça les sourcils.
Un homme très jeune qu'il ne connaissait pas était assis à la gauche de Dumbledore. Ses longs cheveux d'un blond presque blanc encadraient un visage fin et racé. Il survolait la salle de ses yeux gris acier, sans se poser sur personne en particulier. James ne l'avait jamais vu.
« Lucius Malefoy. » Remus tourna la tête vers Sirius, en face de James. « Lucius Malefoy ? Tu le connais ?
- C'est le petit ami de ma cousine Narcissa. Un parfait sang-pur. Je me demande ce qu'il fait là…
- Ta cousine Narcissa ?! s'exclama Peter. Mais elle a notre âge !
- Et Malefoy l'épousera dès qu'elle aura 17 ans.
- Et elle en pense quoi ? demanda James, curieux.
- Elle est ravie ! Tu penses, un Malefoy…
- Et il plaît aux filles, apparemment », ajouta Remus, désignant un groupe de demoiselles gloussantes à la table des Poufsouffles.
« Ahem… » Tous les étudiants se turent, tandis qu'Albus Dumbledore prenait la parole.
« Tout d'abord, je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année ! J'espère que vous avez tous bien profité de vos vacances. » James glissa un regard vers Sirius, qui ne broncha pas, impassible. « Malheureusement… J'ai une bien mauvaise nouvelle à vous apprendre… »
Il y eut un silence. Dumbledore ne semblait pas plaisanter, il avait l'air réellement affecté, maintenant. « Votre professeur de Défense contre les Forces du Mal, Mr Artemius, a eu… Un accident… Pendant les vacances… »
Des murmures atterrés emplirent la salle. « Accident tu parles… murmura Franck Londubat, assis près de Peter. Mon père travaille au ministère… Sa famille et lui ont été victimes des partisans de Voldemort… »
« Mr Artemius est mort, poursuivit Dumbledore. Je suis désolé. »
Les murmures devinrent des exclamations, il y eut quelques sanglots. Artemius était un professeur plutôt apprécié. Les quatre Maraudeurs échangèrent un regard. « Il a tenu moins longtemps que les autres, celui-ci, remarqua James sombrement.
- Ouais… marmonna Peter. La malédiction… »
« Quoi qu'il en soit, la vie doit suivre son cours… poursuivait Dumbledore. Je vous présente donc votre nouveau professeur, Monsieur Lucius Malefoy. »
Le jeune homme se leva de sa chaise et salua la salle. James vit une Gryffondor de Troisième année se redresser sur sa chaise, les joues subitement colorées. Evidemment… Le nouveau professeur était beau. Très beau. Du genre à ne pas laisser indifférent. Il lança un regard inquiet à Lily, quelques places plus loin, redoutant de la voir dévisager le nouveau venu du même air béat d'admiration. Mais la jeune fille lui avait à peine jeté un regard. Il respira plus librement.
« Je suis sûr que nous ferons du bon travail ensemble » dit Malfoy, laconiquement, avant de se rasseoir. Le professeur Dumbledore le remercia. « Maintenant, nous ferons une minute de silence, pour la mémoire du professeur Artemius… »
§§§§
Sirius ne s'attarda pas dans la salle commune. Il monta directement au dortoir qu'il partageait avec ses trois amis et s'assit sur son lit avec un soupir.
Il étouffait.
Il avait envie de crier, de frapper.
De pleurer.
Non, il ne pouvait pas pleurer.
Il serra les poings, sur ses genoux, et ravala les sanglots qui menaçaient de franchir sa gorge.
Il ne pouvait pas pleurer.
La porte du dortoir s'ouvrit et il sursauta. Mais il n'avait pas besoin de lever les yeux pour savoir qui venait d'entrer. James. C'était forcément James. Son meilleur ami. Celui qui était capable de deviner son humeur d'un seul regard. De savoir qu'il allait vraiment mal, cette fois.
James s'assit sur le lit, près de lui. « Tu peux t'entêter à te taire, Sirius, dit-il doucement. Ou tu peux essayer de me faire confiance et me dire sincèrement ce qui ne va pas… Mais je préfèrerais que tu me parles, à vrai dire…
- James… » commença Sirius.
Il renonça. Sa gorge était si serrée que parler lui faisait mal.
« Pourquoi ne peux-tu pas admettre que tu as besoin d'aide, Sirius ? Pourquoi es-tu toujours le premier à asticoter Remus quand il déprime et refuse de nous parler, alors que tu te renfermes dans ta carapace dès que ça ne va pas, au lieu de venir voir tes amis ?
- Je ne suis pas Remus. Remus a besoin d'avoir quelqu'un près de lui, la solitude lui pèse.
- Et pas toi, c'est ça ?
- Mes… problèmes… ne sont pas de ceux qui se règlent de cette façon.
- Peut-être que tu pourrais me laisser en juger par moi-même… ? » suggéra James sans trop y croire.
Sirius leva les yeux sur son ami, pour la première fois depuis que celui-ci était entré et hésita. La détresse que James y lut était si réelle qu'il en eut mal. « Sirius… insista-t-il. Si c'est grave, tu dois en parler. »
Sirius ramena ses jambes contre sa poitrine, les entoura de ses bras et posa son menton sur ses genoux. « Mon père… commença-t-il lentement. Mon père m'a… corrigé… pour mon comportement désastreux… » Il esquissa un sourire plutôt raté. « On ne plaisante pas avec ça, dans la famille Black… »
James se mordit les lèvres. Il avait vu le père de Sirius, une fois, et il avait jugé l'homme détestable.
« Est-ce qu'il t'a frappé ? » Sirius fixa le parquet devant lui. « Oui… » James se crispa, à ses côtés. « Beaucoup ? » souffla-t-il. Sirius fit un rapide signe de tête.
James sentit son cœur s'écraser dans sa poitrine, en même temps qu'une flambée de haine, à l'égard du père de son ami. Il passa un bras autour de ses épaules et le sentit tressaillir. Mais ils restèrent ainsi, silencieux.
« Tu devrais peut-être en parler à quelqu'un… avança James au bout d'un moment. Dumbledore ?
- Et que pourra-t-il faire ? Je ne peux pas passer ma vie ici, à Poudlard… Laisse tomber, James, ça va aller… Je m'en remettrai, ce n'est pas si terrible que ça…
- Tu es sûr ?
- Oui. » Et il lui sourit. Le premier vrai sourire, depuis qu'ils s'étaient retrouvés à la gare, quelques heures plus tôt.
§§§§
Ils étaient restés un peu ensemble, puis Sirius s'était couché, et James était redescendu dans la salle commune. Sirius se doutait qu'il allait parler de tout cela à Remus et à Peter.
C'était en partie pour cela qu'il n'avait pas tout dit.
En partie, seulement, toutefois.
Il y avait des choses qu'il n'était pas prêt à raconter, même à son meilleur ami.
Il y avait des choses qu'il voulait garder secrètes pour toujours.
Son père l'avait frappé. Mais il y avait eu pire. Bien pire.
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Si vous voulez savoir quoi, désolée, mais il va falloir revenir !
La suite, très bientôt.