Rating : M

Prairing : HP/SS

Disclaimer : Vraiment rien à moi, personnages et univers de JKR, histoire de l'exquise Cybèle, moi je traduis seulement (et uniquement la fin)…

Note de la traductrice : Ceci est la suite d'une traduction déjà largement entamée par la talentueuse Gaeriel Palpatine. Si vous êtes arrivés ici par hasard, je vous conseille fortement d'aller lire le début en premier. Le lien est dans mon profil. Vous y trouverez également le lien vers l'histoire originale de Cybèle, ainsi que vers les autres fics qu'elle a écrites.

Voilà, la suite de la traduction de cette merveilleuse histoire peut continuer. Je me sens affreusement toute petite…

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Si vous êtes prêt – III. Advienne que pourra

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Chapitre 16 : La fin et ses moyens

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Les explosions ébranlèrent les vitres de la Bibliothèque.

Je ne me demande pas ce que c'est, ni ne me demande d'où les bruits proviennent. Je délivre avec diplomatie les informations que j'ai recueillies, sachant pertinemment que Draco ne m'a raconté que la moitié de ce qu'il savait, ce qui était, de l'autre côté, la moitié de ce qu'il y avait à savoir. L'Ordre savait que quelque chose arriverait. Ils pouvaient en déduire que cela arriverait plutôt un week-end quand la plus grande terreur pouvait être infligée. Un week-end à Pré-au-Lard.

McGonagall a choisi de ne pas garder les élèves à l'école. Dumbledore aurait fait la même chose.

Des fous, tous autant qu'ils sont.

Je ferme le livre que j'ai parcouru et quitte la bibliothèque, marchant vers le Grand Hall où je m'attends à trouver une foule terrifiée assemblée. De jeunes élèves qui voudront une explication. Je suis calme comme seul quelqu'un qui l'a déjà expérimenté peut l'être. Calme et ulcéré par la réalisation que ce n'est qu'un recommencement. La terreur. Lorsque c'était uniquement des Moldus mourant mystérieusement, on pouvait en déduire à une coïncidence. Quand la Marque des Ténèbres apparaissait en différents endroits, cela aurait pu être des adolescents s'amusant avec des sorts dont ils ne connaissaient rien. Ou peut être d'anciens Mangemorts tentant de revivre leur jeunesse. Les gens peuvent démentir logiquement tout ce qui menacerait d'interrompre leurs confortables existences. Mais quand les choses commencent à arriver près de chez soi, quand leurs enfants courent un risque, ils sont prompts à demander que quelque chose soit fait.

Cette attaque signifie que Voldemort n'a désormais plus envie d'attendre son tour. Avec la perte de Dumbledore, il s'imagine être le plus puissant sorcier en vie. Il n'y a plus de raisons pour lui d'attendre.

Il est temps.

Les voix paniquées d'enfants confus remplissent le hall, chacun spéculant sur le sort de leurs camarades plus âgés. Incliné sagement dans un coin se trouve Harry Potter. Je rencontre son regard. Je secoue la tête. Il fait glisser son regard avec espoir vers une foule réunie de Griffondor.

Ses amis ne sont pas parmi eux.

La voix de McGonagall recouvre le hall. « Vous irez tous dans vos Salles Communes et attendrez vos Directeurs de Maison. » Les préfets assez chanceux pour être de service ce jour-là prennent le relais. Je ne suis pas surpris de voir Draco parmi eux. Il passe devant moi rapidement, suivi par une file de premiers et seconds années aux yeux écarquillés.

Le hall se vide à une vitesse remarquable. Les enfants sont conciliants quand ils sont effrayés. Un phénomène dont j'ai pris avantage pendant des années. Ceci, cependant, n'est seulement vrai que pour des enfants qui n'ont pas passé leur vie entière dans la terreur. Ceux qui se sont tenus obstinément en retrait en attendant de voir ce qui se passerait ensuite.

« Severus, » la voix de McGonagall me sort de ma méditation. « Si vous pouviez s'il vous plaît rester et attendre que les autres rentrent. Je dois m'occuper du Ministère. »

Je relève la tête et acquiesce sèchement.

« Potter, » soupire-t-elle, comme si elle tentait de décider quoi faire de lui. « Aidez le, » dit elle, au final. « Les Aurors devraient être là avec la première vague rapidement. » Elle disparaît de la balustrade.

Il se tient silencieusement, fixant le sol devant lui. Je ne peux pas lui dire que ses amis iront bien. Je ne sais pas s'ils le seront. Et je ne souhaite pas vraiment imaginer comme cela l'affectera de les perdre. « Tu devras te débrouiller avec les hystériques, » dis-je, d'un ton assuré. « Envoie-les voir Pomfresh. La plupart des autres doivent aller dans leur Salle Commune. Ceux à qui il manque de la famille ou des amis proches doivent être dirigés vers la Grande Salle. »

Il me regarde. « Tu parles comme si tu avais déjà fais ça avant, » dit il calmement.

« Pas en tant que professeur. »

« Est-ce que tu sais ce qui est arrivé ? »

« Je pourrais le deviner raisonnablement. Pas besoin d'être un génie en Potions pour savoir ce que quelques ingrédients instables peuvent faire quand ils sont forcés de synthétiser. » Je m'appuie contre le mur et regarde les portes.

« Tu—tu n'as jamais— » il devient silencieux. « Laisse tomber. »

Je tourne brusquement ma tête vers lui avec un sourcil haussé. Je suis irrité par sa question et encore plus irrité qu'il ne la pose pas. Effrayé par ma réponse, pas de doute. Ou soucieux de ne pas causer une autre rupture. Je devrais le laisser se questionner.

« Non, » dis-je âprement, bien que je ne puisse pas sur ma vie me figurer pourquoi je m'ennuie même à répondre. « Je ne l'ai jamais fait. » J'ai toujours préféré la subtilité au drame. Je regarde amèrement vers la porte.

« Merci, » dit il. Je ne regarde pas pour voir la gratitude dans son expression. C'est assez clair dans sa voix et pendant une seconde je le hais.

« Les voilà. »

Deux sorciers en uniforme gris pâle d'Auror maintiennent les portes ouvertes de chaque côté, laissant un flot d'élèves tremblant se déverser. Je me reprends pendant un instant avant de commencer le chant dont je me rappelle nous avoir été aboyé quelques années plus tôt. « Salles Communes. Restez calme. Si vous recherchez quelqu'un, allez dans la Grande Salle. » J'extrais un élève par ci par là qui semble sur le point de s'écrouler. Un des assistants de Pomfresh vient pour les escorter dehors.

Des visages sillonnés de larmes me lancent des regards, cherchant un réconfort. Je force mon expression en quelque chose de moins dédaigneux, mais je fais attention de ne regarder aucun d'eux dans les yeux, de façon à ne pas devenir la victime d'une attaque fortuite de larmes et de reniflements, de plus d'accrochages de robes, et (je frémis) d'étreintes.

Comme lui.

Si c'était n'importe quelle autre situation j'aurais pu être amusé à la vue de ses regards désespérés dans ma direction quand divers élèves semblèrent faire la queue uniquement pour être réconfortés par lui. Une pensée cynique, mais même une tragédie ne peut pas retarder les hormones galopantes adolescentes. C'est un fait bien connu, après tout, que le taux de natalité s'accroît après de grandes tragédies. Il n'y rien d'autre comme la mort et la destruction pour faire changer d'avis quelqu'un sur 'se réserver pour la bonne personne' et autres bêtises.

« Ginny ! » Appelle-t-il, se détachant de la prise d'une fillette de troisième année de Griffondor et marchant au travers de la foule pour rejoindre une Weasley au visage effrayamment rouge. Elle lance ses bras sur lui et pleure sur son épaule.

Cela me rappelle une scène similaire dont j'ai été témoin il y a une décennie. Il me vient à l'esprit que si le gamin était hétéro et assez fou pour tomber amoureux d'une toujours aussi fertile Weasley, son portrait de famille aurait une étrange ressemblance à celui de Potter senior. Je frémis à cette pensée.

Il se penche pour dire quelque chose. Elle secoue la tête. Son corps en entier s'affaisse comme si un poids énorme avait été posé sur ses épaules. Il tapote son dos pour la consoler et se détache, donnant quelques paroles d'encouragement et l'envoie dans la Grande Salle. Il répartit le reste des élèves comme s'il était dans un état second.

Quand la première vague se retire, il fait son chemin pour se tenir près de moi, gardant une distance raisonnable. « Il sont peut être encore interrogés. » dit il. Il est aussi pâle que s'il avait vu l'explosion lui-même. « Les Aurors… ils sont toujours en train d'interroger pas mal de gens. » Il est à bout de souffle avant d'arriver à la fin de sa phrase.

« Es tu certain que tu ne ferais pas mieux d'attendre dans la Grande Salle avec les autres ? »

Il secoue la tête fermement, les yeux fixés sur les portes. Nous prenons tous d'eux une bouffée d'air vivifiante quand elles se ré-ouvrent. Il se tient sur la pointe des pieds pour regarder les têtes dans la foule.

Je me retrouve à regarder aussi anxieusement que lui. Et prier silencieusement que le destin soit indulgent avec le gamin juste pour cette fois. Après tous ce qu'il a souffert, je ne suis pas certain qu'il continue à vivre passé la mort de ces deux détestables imbéciles. Quelque chose ressemblant à de la joie éclate à côté de moi à la vue d'une tête qui ne peut que seulement appartenir à Weasley. Essayant de ne pas démentir la réalité de ne ressentir rien d'autre que de la nausée à cette vue, je me tourne pour le prévenir juste à temps pour le voir se jeter dans une étreinte avec un Poufsouffle de sixième année assez décharné. Aussi bref que cela soit, je peux difficilement manquer l'effleurement de lèvres contre sa joue. Il caresse le dos de l'autre garçon bizarrement et se recule. Il me jette un coup d'œil et ses joues se colorent d'un rouge coupable.

J'opine en direction de ses pitoyables meilleurs amis et grogne les instructions générales pour les élèves restant.

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Je ne peux pas le blâmer de ne pas être venu dans mes quartiers ce soir. Les cœurs en état de choc ont besoin de se rassurer que ceux qui sont proches sont toujours vivants. Même si la preuve éminemment physique de cela se jette sur vous et pleure avec reconnaissance sur votre épaule.

Il est avec ses amis. L'autre deux tiers du trio de l'horreur. Il est avec eux et pas en train de réconforter des Pouffesouffles tremblants. Poufsouffles. Car après des évènements tragiques on veut être avec ceux que l'on aime.

Mais il n'est pas là.

Je ne peux pas le blâmer de ne pas être là. Pas plus que je peux le blâmer d'offrir une épaule à un garçon épris. C'est ridicule de ma part de m'attarder dessus, ou même de me laisser distraire par une pensée passagère sur ce qu'aurait pu être derrière cet innocent tapotement dans le dos ou le léger effleurement de lèvres qui parle de lui-même d'une intimité passée.

Je me frappe mentalement quand je réalise que je serre les dents vers une cheminée inoffensive. Je bois ce qui reste de mon whisky pur feu, espérant faire partir cette chose qui dévore mon estomac. Je me maudis ensuite une centaine de fois du bond excité que mon estomac fait au bruit de son entrée par cheminette.

Il avance de quelques pas et outrepassant l'option de s'agenouiller à mes pieds, il se jette sur mes genoux. Il s'étend dans un long soupir. « Des infos sur combien sont portés disparus ? »

« Le total non-officiel est de vingt trois, » je rapporte, forçant ma voix dans quelque chose de moins haïssable. Il est là, je me rappelle. Et je ne suis pas son gardien.

Enfin, je le suis. Mais…

« Ça va ? »

« Bien, » dis je, éclaircissant ma gorge. « Ne devrais-tu pas être avec tes amis ? »

« Ils dorment. Qu'est ce qui ne va pas ? » Demande-t-il, se retournant pour qu'ainsi il puisse me voir proprement.

Je plisse mes lèvres et lui jette un regard noir. « Dois-tu vraiment le demander ? Trois de mes élèves sont peut être morts, Potter. Sans mentionner les vingt autres élèves assez malchanceux pour avoir appréciés un peu de liberté aujourd'hui. Tu me pardonneras si je ne suis pas enthousiaste. » Je vais pour croiser mes jambes en signe d'irritation, mais ses fesses les maintiennent au sol.

Il me fixe d'une façon qui me fait me demander si, en plus de la magie de l'homme, il n'a pas hérité de l'habilité de Dumbledore à lire mon esprit également. Je déplace mon regard vers la cheminée, me sentant incroyablement insensé et mesquin.

« Je sais, » dit il tristement. « Je suis désolé. » Il se détend contre mon torse, calant sa tête dans le creux de ma nuque. « J'ai pensé que tu serais fâché avec moi. » Il attrape et entortille entre ses doigts les cheveux derrière ma tête.

« Ne sois pas ridicule, » je maugrée. « Pour quelles raisons serai-je fâché avec toi ? » Je n'ai aucune raison. Est ce que la jalousie et la trahison ulcérant mon estomac pourraient le réaliser.

« Est-ce que tu veux aller t'allonger ? » Demande-t-il doucement.

Après un instant à prétendre que je n'en ai pas envie, j'abandonne. Il y a quelque chose dans ce lit qui semble mettre tout le reste en perspective. J'oserai dire que c'est une vue plus efficace que le contenu de mon coffre à alcools. J'acquiesce et il se lève, me tirant après lui.

Je le suis dans la chambre où tout a été remis dans son état initial. Excepté pour ce lit inutile coincé dans un coin pour maintenir les apparences. Je contourne le large morceau de sol manquant désormais par habitude et je poursuis mon chemin de mon côté du lit. Il l'enjambe et se déshabille.

Me glissant auprès de lui, j'essaye d'ignorer la réalisation que, moins que le lit en lui-même, c'est la chaleur qui le comble qui m'offre du réconfort. Seul, il n'y a rien d'autre que l'inquiétude qui m'accueille ici. Agitation et désir de paix. Je ne peux pas compter le nombre de fois où ce lit m'a chassé dehors dans les couloirs, toujours à la recherche de tranquillité que je ressent maintenant quand il se glisse entre les draps à mes côtés. Le calme de sa respiration soufflant contre mon épaule, humide et chaude. Il fait tambouriner distraitement un doigt contre le battement de mon cœur.

Paix.

Allez vous faire foutre, Albus Dumbledore.

Je ferme les yeux et immobilise son doigt avec ma main.

« Je t'aime, » murmure-t-il.

Bien sûr que tu m'aimes, je réponds en silence. C'est pour cela que tu es ici.

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« Severus. »

Je relève les yeux pour voir McGonagall se tenant lèvres pincées dans l'entrée de mon bureau. Un morceau de parchemin froissé dans sa main. Elle s'avance d'un pas résolu, fermant la porte derrière elle. Elle place le parchemin sur mon bureau et le déplie pour que je le lise.

Fils,

Je pense qu'il est mieux pour toi que tu passes le week-end de façon constructive plutôt que de perdre ton temps à Pré-au-Lard. Si tu sens le besoin d'y aller, ne passe pas ton temps à batifoler dans ce magasin de sucreries ni dépenser ton argent de poche dans des sottises vendues chez Zonko.

Je t'enverrai les ingrédients supplémentaires nécessaires pour ta réserve de potions.

Fais parvenir mes égards à Vincent, Grégory et Thomas.

LM.

Je fixe la lettre pendant un long moment. Ma première pensée est comment Lucius a-t-il pu être aussi imprudent pour avoir décrit sommairement leur attaque dans une lettre ? Ma seconde pensée est de m'interroger sur la négligence du gamin pour ne pas avoir détruit la lettre de suite. Puis je pense à demander :

« Où avez-vous eu ceci ? »

« J'ai reçu la visite de l'un de vos Préfets aujourd'hui, » dit elle froidement. « Merde, Severus, si ceci ne prouve pas la culpabilité du garçon—

« Lequel ? » Je demande, une vague colère se faisant ressentir envers l'enfant qui est allé chez McGonagall avant de me rapporter une telle chose. En tant que Serpentard, il devrait mieux savoir.

« Zabini, » dit elle dédaigneusement. « Qu'allez vous faire pour ça ? »

Bien sûr. Mon apprenti Auror. Discret, subtile, fourbe. Tout cela réuni pour une grande cause. « Comme l'a-t-il obtenu ? »

Elle crispe ses lèvres impatiemment. « Il dit que c'était chiffonné dans un livre qu'il a emprunté. Quelle foutue importance a cela ? »

Emprunté, certes. Je fixe la note pendant un long moment avant de me rasseoir dans mon fauteuil et reporter mon regard vers une femme furieuse. « C'est développé, Minerva. Certainement pas assez pour faire condamner un homme aussi puissant que Lucius. » Mon expression est placide.

Elle se redresse dans toute sa grandeur, repoussant ses épaules en arrière. Un léger rougissement se trahit sur ses pommettes. « Enfin, c'est bien assez une preuve pour moi. Le garçon vous avait dit qu'il y aurait une attaque. »

« Il n'a jamais été nommé comme une source. » Je lui lance un regard qui suggère que je ne consens pas à le faire maintenant. Elle ne comprend pas. Elle ne voudrait pas comprendre. Elle n'a jamais joué à ce jeu particulier. Si Albus était là…

Mais il n'est pas là.

« Je suis venue ici dans l'espoir de gagner votre soutien. Si je ne l'ai pas, je ne vois aucune objection pour appeler le Ministère moi-même. » Elle tourne autour.

« Le Ministère ? Et dites moi Minerva, que voulez vous que ce ramassis d'incompétents fasse ? Ils sont tous dans les petits papiers de Lucius d'une façon ou d'une autre. Ou avez-vous oublié ? » Je soupire lourdement. Ce n'est pas mon rôle. Mon rôle est de réunir des informations et de les donner à Albus afin qu'il puisse distiller un peu de terreur parmi eux.

Albus est mort. « Faites le appeler dans votre bureau. Et pour l'amour de Merlin, laissez moi diriger la discussion, » je grogne, me levant pour la suivre. Elle me regarde de nouveau comme si elle préparait de quoi protester. Je la dépasse avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit.

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« Mr Malfoy, » dit McGonagall, sa voix chargée de dédain. « S'il vous plaît, asseyez-vous. »

Je l'entends s'approcher. Il se fige quand il contourne le fauteuil et me voit assis dedans. Son visage perd les quelconques couleurs qui avaient pu marquer ses joues depuis son chemin des cachots.

« Professeur, » acquiesce-t-il, se retranchant dans le fauteuil voisin.

Je hausse un sourcil et le laisse mariner dans son appréhension un moment avant de lui tendre le mot de son père. Il fronce les sourcils devant le parchemin avec suspicion, puis me le prend. Ses yeux s'agrandissent pratiquement imperceptiblement quand il le reconnaît. C'est une preuve suffisante que ce n'est pas un faux.

Il relève la tête avec une expression sombre et me le retend. « C'est un mot de mon père. »

Je grimace. « Oui, c'en est un. Un interdisant son fils unique d'aller dans les deux magasins qui ont été pris pour cible dans l'attaque de Pré-au-Lard. Un écrit une semaine avant que l'attaque ait lieue. Comme vous avez dû vous sentir chanceux d'avoir reçu ce mot. » Il évite mes yeux. Si j'écoute assez près j'imagine pouvoir entendre son cerveau fonctionner pour trouver une excuse. Je continue. « Vous auriez pu être dans n'importe lequel de ces magasins. Je suis prêt à parier que ni Mr Crabbe ni Mr Goyle n'ont pu être aperçus chez Honeydukes ce jour-là. Une occasion rare qu'ils manquent cette opportunité. N'êtes vous pas d'accord avec moi ? » Ma voix est désinvolte mais mon regard accusateur. McGonagall est assise sagement à son bureau, rayonnante de haine.

Il bascule son regard vers elle. « Mon père pense que je ne devrais pas dépenser mon argent dans des choses frivoles. » Il se redresse de manière défensive. « Je ne sais pas si Crabbe et Goyle sont allés chez Honeydukes. J'étais ici par devoir. » Il bombe le torse, me défiant de prouver mes implications. Je ne peux pas les prouver. Mais je peux lui faire penser que je peux.

« Par devoir, oui. Quelle chance pour vous. En fait, si je me rappelle correctement, c'était au tour de Ms Penite de rester ici ce week-end, n'est ce pas ? »

« Elle voulait aller en ville acheter un cadeau. J'ai alterné avec elle. Ça ne veut pas dire—

« Ça ne veut rien dire. Une simple observation. Une observation intéressante, étant donné les circonstances. Vous saviez qu'il y aurait une attaque. Vous avez reçu une lettre de votre père vous interdisant d'aller dans les lieux ciblés. Et vous vous êtes abstenu volontairement par pur altruisme d'aller faire un tour en ville le même jour où vingt trois de vos camarades ont sautés. »

Il se dégonfle visiblement et fixe ses mains. « Je ne savais pas ce qui arriverait, Monsieur, » dit il. Il ne savait pas plutôt tous les détails et ceux qu'il savait il ne les a pas partagés par pure préservation. Je connais le dilemme du garçon. Je sympathise avec lui.

« Vous saviez assez pour être en mesure de sauver des vies, Mr Malfoy. » Et c'est tout ce qui en ressort. Il savait assez. « Le fait reste que si nous rendons cette lettre aux Aurors, vous et votre père seraient sujets à une enquête. Mon seul témoignage serait assez pour vous envoyer à Azkaban. Et votre témoignage forcé sous Veritaserum serait assez pour faire gagner à votre père un petit baiser. » Il se tasse à chaque mot, frémissant quand les implications l'atteignent au fur et à mesure.

Je ravale une nausée montante. « Je suis ici pour vous offrir un choix, Mr Malfoy. Livrez vous, donnez des informations volontairement et acceptez les protections que la loi peut vous offrir. Ou ne le faites pas et subissez les conséquences. » Mes mains se crispent aux bras du fauteuil.

« Mr Malfoy, je vous demanderai de réfléchir à votre décision avec beaucoup d'attention, » interrompt faiblement McGonagall. Mes yeux se précipitent sur elle pour la voir rougissante et luttant afin de garder ses émotions sous contrôle. « Vous êtes beaucoup trop jeune pour mettre votre vie en l'air. »

« Puis-je avoir du temps pour y réfléchir ? » Coasse-t-il, ne regardant ni elle ni moi.

« Non—

« Bien sur. Nous attendrons votre réponse pour demain matin. »

« Professeur McGonagall, » dis-je, lui lançant un regard insistant, « Je ne pense pas que—

« Professeur Snape, » dit elle, fronçant les sourcils. « Donnez un peu de temps à ce jeune homme. »

Je pince ma bouche fermée et maudit la femme insensée. La première chose qu'il fera est d'alerter son père. Son père lui assurera qu'il n'y a rien de consistant là dedans pour poursuivre une enquête et alors le garçon nous dira d'aller voir ailleurs.

« Merci, M'ame, » il se lève. « Puis-je être excusé ? »

Elle acquiesce et il contourne le fauteuil, évitant de me regarder dans les yeux. Je garde ma colère sous pression professionnelle jusqu'à ce que j'entende l'ouverture du passage se fermer. Je me lève et fustige du regard la femme, essayant de me rappeler qu'elle est mon supérieur et ne doit pas être insultée directement.

De ce fait, j'ai très peu à dire.

« Il est toujours un enfant, Severus, » dit elle, peu dérangée par mon regard.

Je grimace. « Juste un enfant. Un enfant que vous étiez prête à donner aux Détraqueurs il y a moins d'une heure. » Je garde ma voix à un niveau contrôlé de ronronnement. Si je l'élève, je vais commencer à hurler.

« Un d'entre nous doit être indulgent, » siffle-t-elle.

Je renifle amèrement. « Qu'est ce qui pourrait être plus indulgent que de sauver un enfant qui ne peut pas se sauver lui-même ? Mes méthodes peuvent vous paraître cruelles, Madame la Directrice, mais elles sont efficaces. Et dans un cas comme celui-là la fin justifie les moyens. La fin est tout ce qui importe. »

Avec cela, et avant que je ne dise quelque chose que je regretterai amèrement (quelque chose en latin, peut être), je me retourne et marche vers la porte, grognant un sourd 'bonne journée' avant de m'engouffrer dans le passage. Il se tient en haut des escaliers quand je sors.

« Mr Malfoy, » je l'appelle.

Il sursaute et se retourne rapidement.

« Dans ces circonstances, je vous demanderai de ne pas rendre visite à la Volière ce soir. » Mon estomac se tord quand je vois ses yeux aussi bien que ses larmes. Il fait une grimace enragée de dégoût avant de se détourner rapidement et de courir vers le Hall d'entrée.

Je m'adosse contre le mur, me répétant que la fin justifie les moyens.

La fin est tout ce qui importe.

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A suivre…

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Voilà pour ce chapitre. La suite arrive jeudi prochain. J'espère que la traduction vous a convenue et que le style ne diffère pas trop de celui de Gaeriel Palpatine (ses charmants belgicismes en moins par contre ).

Merci d'avoir lu !