Titre : Légende

Auteur : Subaru-chan

Rating : T

Warning : ben, c'est plus ou moins shônen-ai, donc si cela dérange quelqu'un… sinon ENORMES SPOILERS de toute la fin de la série

Personnages : Tous

Disclaimer : Les personnages de X ne m'appartiennent pas, heureusement pour eux, ils sont à leurs merveilleuses créatrices de CLAMP !

Genre : Autant dire résumé …Ma version de la fin de X

C'est ma toute première fanfic, alors s'il vous plaît soyez indulgents…

Légende

Prologue - Frontière

Assis dans un fauteuil, le jeune homme contemplait le vide. L'appartement était plongé dans l'obscurité de la nuit. Aussi profonde et aussi sombre que ses cheveux. Aussi froide et douce que ses yeux. Aussi impalpable que lui, désormais. Mais la nuit existait, alors que lui n'existait plus. Nulle part. Sauf dans cette partie droite et ravagée de son visage, qui lui appartenait.

Il avait encore essayé de le regarder, ce visage. Pâle, livide, d'un blanc cadavérique. Percé de deux abîmes grises, de deux yeux vaguement colorés qui portaient sur l'absence en face de lui un regard morne, rongé de l'intérieur. Mangé en partie par les mèches noires qu'il ne coupait plus. A quoi bon. Trop fin, depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Mais vivant, malgré ces couleurs de fantôme.

Fantôme. C'était tout ce qu'il était désormais, fantôme de lui-même qui était mort deux fois. Fantôme de celle qui n'était plus là. Il pouvait la voir, parfois, en observant la moitié gauche de son visage, suffisamment longtemps pour oublier tout le reste. Le miroir lui renvoyait le reflet d'une jeune femme qui avait seize ans à jamais. Mais son sourire ne revenait pas. Elle se contentait de lui renvoyer un regard, et il aurait aimé ce regard qui n'était pas le sien, s'il avait encore eu la force d'aimer quelque chose. Puis elle disparaissait, et à chaque fois il lui devenait plus difficile de la faire revenir. Elle revenait, mais elle changeait. Son regard si vert devenait gris terne. Froid. Triste. Vide. Et son visage devenait livide, et elle maigrissait, et ce n'était plus que lui.

"Nee-san…"

Fantôme de celui qui était parti. Lui qui ne vivait plus que dans son orbite droite. Lui aussi revenait parfois. Dans ce teint de lumière de lune, dans ces cheveux noirs, dans cet œil au reflet doré. Mais son regard ironique, son sourire moqueur, l'avaient quitté à jamais. Ils se trouvaient sous les décombres du Rainbow Bridge, dans la paix des eaux ténébreuses de la baie de Tokyo. Ils se trouvaient dans ses souvenirs, qui lui échappaient le jour, images éthérées qui se dissolvaient entre ses doigts qui n'avaient plus la force de se refermer sur eux, et qui le hantaient la nuit. Pas dans ses rêves, il ne connaissait plus l'oubli rassurant, apaisant, du sommeil. Mais dans les pensées qui remontaient à la surface de son esprit engourdi, alors qu'il se plongeait avec épuisement dans une somnolence douloureuse, dont il se tirait plus meurtri et plus las encore. Et aussitôt le visage et la voix de l'Absent fuyaient, effarouchés par les lueurs pâles d'un nouveau jour sombre qu'il lui faudrait affronter. Un nouveau jour ou une nouvelle nuit, l'écoulement du temps n'avait plus aucun sens pour lui. Le jour, la nuit, et toujours le vide.

Affronter, car il n'avait pas le droit de s'enfuir. C'aurait été si facile… Mais il n'en avait pas le droit. Il ne pouvait pas le tuer une deuxième fois. Il ne servait plus à rien ni à personne, ennemi du clan dont il était le chef, ennemi du garçon dont il avait été le protecteur. Ennemi de lui-même, lui qui n'avait jamais rien su voir. Lui gamin naïf, stupidement innocent, impuissant. Lui jeune homme aveugle, incapable de voir plus loin que son propre souhait. Lui, vidé, imitant absurdement celui qui avait disparu. Mais il l'avait souhaité.

Seishirô

Il était mort en s'assurant de n'être jamais oublié.

Il lui avait confié ce souhait. Et ces derniers mots, résonance de sa voix, dernier écho qui ne se taisait jamais. Qui ne cessait jamais de le tourmenter.

Est-ce que quand on meurt, on dit la vérité ?

Question sans réponse, question informulée, question déjà oubliée. Inutile. Comme tellement d'autres. Mais tout de même, il aurait bien voulu savoir.

Il avait mal. Du sang coulait sur ses mains. Se mélangeait à celui de Seishirô, toujours là, même alors que ses dernières traces s'en étaient allées, emportant avec elles deux pentacles brillants. Il avait passé une nuit de fièvre, une nuit de larmes et de détresse, à regarder ces marques s'estomper. S'évaporer. Disparaître. Il s'était frotté les mains jusqu'à ce qu'elles saignent, et avait crié, enfoui dans l'oreiller, de rage, de douleur, d'impuissance, parce qu'elles avaient disparus, ces marques, parce qu'elles n'étaient plus sur sa peau ni en dessous. Ses marques. Il ne pouvait plus supporter de voir ces mains si désespérément intactes, ces qui ne l'identifiaient plus comme le jouet de Seishirô. Ces mains qui témoignaient de ce qu'il était, désormais : rien. Rien, démuni, nu comme le dos de sa main.

Ces mains dégoulinaient de sang, maintenant, de sang qui coulait par les entailles de ses gants. Il avait encore brisé un miroir, parce qu'ils étaient là et qu'ils n'y étaient plus et qu'il n'y avait plus que son visage monstrueux à lui et puis et puis… Il l'avait brisé. Sept ans de malheur. Une goutte d'eau dans la mer. Il eut envie de sourire, mais il n'en avait même pas la force. Pas plus qu'il n'avait la force de pleurer, et encore moins de sangloter. Ses larmes, ses gémissements, ses cris et ses sourires sardoniques mouraient avant d'avoir existé, et venaient s'ajouter à la tempête qui secouait incessamment le vide de son cœur. Secouant sa douleur et sa peine, pour qu'elles ne tombent jamais au fond, secouant ses souvenirs, comme un mirage dans le désert. Le rire de Hokuto, ses rubans, les couleurs. Les déclarations de Seishirô, la force de ses bras, la chaleur de son regard caramel. Son bras dans sa poitrine. Et le commencement de l'absence. Le goût de la première cigarette, inutile, comme tout le reste, parce que Seishirô avait encore gagné. Parce qu'il était aveugle, parce qu'il était impuissant, parce qu'il n'avait jamais fait que subir. Une proie, un objet, faible dans un monde auquel il n'était pas adapté. Il n'avait même jamais très bien su comment vivre, et d'ailleurs, il ne le souhaitait même pas vraiment. Et pourtant…c'était lui qui restait là. Et pourtant, tant de gens s'étaient déjà sacrifiés pour que lui vive. Oh, il ne vivait plus, il existait, c'était tout. Ce n'est pas parce qu'un cœur dévasté envoyait inlassablement du sang dans ses artères qu'il vivait. Cliniquement, il n'était pas mort, c'était tout. Tout ce qu'il lui restait, un corps déserté qui alors même que cela le torturait, continuait à pomper l'air et le sang. Continuait à réclamer de l'eau, de la nourriture. Parfois, il se rendait compte au bout de plusieurs jours à penser sombrement, qu'il avait faim. Qu'il allait mourir. Et alors, fébrilement, il se mettait à manger, à saturer son estomac de tout ce qu'il pouvait trouver, parce qu'il ne devait pas mourir, il ne le devait surtout pas, non, il fallait que Seishirô vive, encore en lui, il fallait que son œil droit voie encore. Peut-être qu'il avait mal au ventre, ensuite, mais il ne s'en apercevait même pas.

Il sortait, parfois, regarder Tôkyô qui devenait ruine. Les montagnes de cadavres, le désert et l'inondation, et les cris des oiseaux qui fuyaient par centaines cette désolation. Tôkyô allait disparaître, et entraîner le genre humain dans sa chute. Il avait aimé cette ville, si cruelle et si froide, dame de douleur belle grâce aux larmes et au sang de ceux qui les y ont versés. Il s'était battu pour la protéger. Maintenant il était parmi ceux qui la détruisaient. Il n'était plus un Dragon du Ciel, et finalement, il était sans doute préférable pour lui que le monde soit anéanti, pour qu'il ait enfin le droit de le quitter. Pour aller vers les étoiles, l'étoile du Nord, et l'étoile ancestrale de virilité, et quitter enfin la nuit sans étoile qui avait envahi son cœur.

Que reste-il quand on n'a plus rien à protéger ?

Rien à protéger, kekkai effondré, larmes et sang et cris et puis plus rien. Cerisier, camélia, hiver et fleurs de sang, et puis un œil pour sceller sa vie et sa mort. Attente, un siècle, une seconde. Mort, vie, jour, nuit, je m'en moque, j'ai mal, que tout s'arrête mais il doit vivre encore, il le souhaitait il le souhaitait il le souhaitait, il doit vivre en moi parce que je suis mort mais que je suis vivant, parce qu'il est vivant mais qu'il est mort.

Il est sous le Rainbow Bridge et sous le Cerisier lui aussi, sans doute. Peut-être qu'il est devenu fou. Il se demande s'il est mort. Non, il souffre encore, il respire et ça lui fait mal, il saigne et ça lui fait mal, il pense et ça lui fait mal, il existe et ça lui fait mal.

Pourquoi suis-je là, je n'ai plus de rôle à jouer, le monde va s'effondrer ça m'est égal, il s'est déjà effondré. Pour le monde le dernier des kekkai sera la Tour de Tôkyô, pour moi le dernier kekkai c'était le Rainbow Bridge. Le destin, le monde, la bataille, Ciel et Terre. Et j'ai perdu. Un Sceau, un Ange, puis ni l'un ni l'autre. Et un fantôme revenu donner l'illusion que l'un des deux n'était pas mort. Ca ne changera rien. La Terre va s'effondrer et le genre humain va disparaître. Kamui ne les sauvera pas. C'est dommage, il va mourir, lui aussi, alors que son espoir à lui ne s'est pas encore dissipé. Il ne gagnera pas, il ne connaît pas son souhait, il n'en connaît pas les limites. Alors le destin ne changera pas.

Il s'est levé, la dernière fois, pour aller voir Kamui. Pour lui dire ce qu'il devait savoir. Maintenant il ne se lèverait pas, ce n'était plus son combat. Même si Kamui ne sait toujours pas.

Fin du prologue


Inévitables notes de l'auteur : Reviews ? S'il vous plaît ? Pour que je m'améliore ? (Chibi eyes larmoyants, lèvre tremblotantes, effet pathétique maximal)