16

Vivants

(Hermione)

Je demeurai figée sur place en découvrant juste en face de moi, le visage du Professeur McGonagall, abrupt et carrelé de rides. Et dire que Drago était visible à présent… Et évidemment, c'était au moment de son départ qu'elle le découvrait ! Et à présent, ses yeux défilaient de lui à moi avec un air ahuri.

–P… Professeur McGonagall… balbutiai-je, très mal à l'aise. Je…

–Mr Malefoy ! finit-elle par s'exclamer, d'une petite voix choquée. Vous… vous êtes vivant ? Que diable faites-vous là ? Professeur Granger ? insista-t-elle en se retournant vers moi.

Mais à ma grande surprise, elle n'avait pas l'air en colère. Simplement… surpris.

–C'est une longue histoire, soupirai-je.

–Très longue, précisa Drago derrière moi.

–Voyez-vous cela ! Eh bien, cela tombe bien, j'ai tout mon temps, commenta McGonagall en guise de réponse.

A peine remis de sa surprise, Drago se tourna alors vers moi avec un petit air espiègle.

–C'est toi qui racontes.

¤¤¤

Une demi-heure plus tard, nous étions tous les trois – le Professeur McGonagall, Drago et moi – assis dans le bureau de la directrice et achevions à peine notre incroyable récit. Durant tout le temps qu'avait duré l'histoire, j'avais vu McGonagall passer du blanc au rouge, allant de la simple surprise à l'ahurissement le plus total, mais pas une seule fois, elle ne se permit de m'interrompre.

Lorsque finalement, j'achevai le récit de notre aventure de ces trois derniers mois, elle resta un instant pensive, se caressa le menton de l'index et finalement, ferma les yeux en soupirant longuement.

–Par tous les saints… Cette histoire est aussi absurde qu'incroyable… finit-elle par commenter, l'air totalement dépassé.

–Pourtant, c'est la vérité ! déclara Drago avec force.

–Mais je n'en doute pas, Mr Malefoy, lui répondit-elle. Je dois reconnaître qu'aussi folle et invraisemblable cette aventure puisse sembler, elle reste cohérente… et explique beaucoup de choses concernant votre comportement depuis la rentrée, Professeur Granger, fit-elle à mon attention en abaissant ses lunettes. Car voyez-vous, le Professeur Crew n'était pas le seul à vous entendre parler seule, parfois…

Ce fut à mon tour d'être surprise. J'aurais pourtant juré avoir été discrète durant tout le séjour invisible de Drago à mes côtés. Mais il est vrai qu'en ayant pareil phénomène vivant avec vous, il est bien légitime de se laisser aller de temps à autres à élever la voix. J'en avais fait l'expérience.

–Voilà… Vous savez donc tout, conclus-je, attendant sa réaction.

Le Professeur McGonagall semblait toujours ne pas en revenir, de par son air abasourdi, et sa réponse me surprit tout autant qu'elle ne l'était, elle.

–C'est… c'est un miracle ! s'exclama-t-elle soudain. Un miracle ! Vous rendez-vous compte, Mr Malefoy ? Vous devez être… le premier être à être ainsi revenu du Maléfice d'Evaporation Corporelle ! Vous êtes un survivant ! Un nouveau symbole du monde de la magie ! Vous…

Mais Drago ne semblait déjà plus l'écouter. A cette constatation – celle qu'il était désormais une personne exceptionnelle – il semblait être en totale divagation dans un autre monde.

–Vous voulez dire… que si l'histoire de Drago est révélée… il deviendra célèbre ? murmurai-je.

–Mais cela va de soi ! s'exclama-t-elle. Tout le monde voudra le voir et l'interviewer, vous vous rendez compte ? Il est un survivant d'un des plus noirs sortilèges magiques jamais inventés !

–Ouais ! approuva Drago qui à présent, semblait jubiler. Je suis un survivant ! Je suis comme Potter !

Je me retins alors pour ne pas pouffer. Evidemment, avec l'ego que possédait Drago, il devait être aux anges à présent ! Surtout du fait de pouvoir enfin égaler Harry d'une certaine manière, son rival de toujours.

–Je ne dis pas que ça vaut un Avada Kedavra, mais tout de même, commenta Drago avec une fausse modestie évidente.

–Et c'est à Poudlard que ça s'est passé ! continuait à glapir McGonagall qui semblait complètement ailleurs, elle aussi.

Je soupirai en levant les yeux au ciel. Entre un Drago qui ne sentait plus ses chevilles et une Minerva McGonagall en proie à l'hystérie, étais-je la seule à être restée normale dans cette pièce ?

–Euh, dites-moi ! commençai-je en tentant de calmer le jeu. Je ne voudrais pas gâcher votre joie, tous les deux, mais je crois qu'il faudrait discuter sérieusement de ce qu'il convient de faire à présent…

–Plaît-il ? Ah oui ! se reprit le professeur McGonagall en retrouvant d'emblée son air posé et rigoureux. Eh bien, pour l'instant, je crois que je vais aller aviser les autres du miracle qui vient de se produire… Il faudra que Mr Malefoy se prépare à expliquer lui-même tout ce qui s'est passé, à répondre à de nombreuses questions concernant son cas, à rencontrer la presse, à…

–Très bien, mais pour l'instant, je crois que Drago a mérité un peu de repos, fis-je remarquer avec fermeté. Cela fait à peine quelques heures que cette horrible histoire s'est terminée pour nous, alors je pense que quelques jours de détente seraient les bienvenus…

–Oh, mais oui, bien sûr, s'empressa-t-elle de répondre. Il serait égoïste de ma part de vous retenir mais… où pourrai-je vous trouver dans quelques jours… ?

Après nous être finalement débarrassés de McGonagall, Drago et moi pûmes quitter le château pour rejoindre le Malefoy Manor où nous avions bien l'intention de nous remettre de nos émotions en toute tranquillité.

Et surtout, ensemble.

¤¤¤

Deux jours plus tard, Drago et moi nous promenions dans le parc du manoir, main dans la main. Pour la première fois depuis longtemps, nous étions enfin tranquilles, à ne pas avoir à nous soucier de maléfices, de coupables et autres choses du même genre. A nous occuper… de nous, tout simplement, comme ça aurait dû être le cas il y a déjà longtemps…

–Tu sais que finalement, cette histoire aura été tout bénef ? me dit brusquement Drago en passant sa main à ma taille, tout en continuant à marcher.

–Vraiment ? relevai-je. Explique.

–Eh bien, c'est grâce à ça que toi et moi, nous sommes ensemble finalement, non ? Sans cette histoire, nous n'aurions jamais pu apprendre à nous connaître… et tout ça.

Je souris. Drago pouvait réellement être adorable lorsqu'il devenait timide comme cela.

–Tu n'as pas tort, répondis-je. Sans ça, je n'aurais jamais pu découvrir que derrière ton sale caractère se cachait… un encore plus sale caractère ! riais-je en l'embrassant.

–C'est réciproque, grimaça-t-il en riant à son tour. Et il y a autre chose, aussi.

–Ah oui ?

–Tu sais que cet été, depuis la mort de Voldemort, j'étais ignoré de tous dans le monde sorcier, de par ma déchéance des deux camps… Mais à présent, ça va changer ! ajouta-t-il avec un accent de triomphe dans la voix. Avec ma surprenante victoire sur l'invisibilité qui ne va pas tarder à se propager grâce à McGonagall, je serai célèbre dans tout le monde sorcier !

–Et ce n'est pas la modestie qui t'étouffe, on dirait, commentai-je avec un nouveau baiser.

–Non, c'est plutôt toi ! se moqua-t-il en me serrant néanmoins dans ses bras.

Nous continuâmes à marcher, enlacés, un petit moment, jusqu'à ce que Drago reprenne la parole.

–Et il y a encore mieux, annonça-t-il.

–Encore mieux que moi ? relevai-je en prenant un air faussement boudeur.

–Mais non, idiote, sourit-il. Mais en fait, cette histoire m'a également permis de savoir enfin ce que je veux faire de ma vie !

Je restai stupéfaite à cette déclaration inattendue. Ainsi, Drago avait réellement l'intention de reprendre sa vie en main ! Et moi qui pensais que cela n'était pas prêt d'arriver… C'était une excellente chose.

–Vraiment ? le pressai-je avec impatience. Quoi donc ?

–Eh bien, il s'est avéré que nos recherches de trois mois, tout ça… m'ont tant plu, que j'ai décidé de me lancer dans des recherches en Potions ! déclara-t-il d'une voix fière. Sous l'aile de mon cher parrain Severus ! Je lui en ai déjà parlé et il m'encourage vivement dans cette voie. Il va me trouver un poste de stagiaire auprès d'un Maître de Potions dès la rentrée prochaine… qui ne sera pas Dents de Cheval, tu t'en doutes !

En entendant cela, je me laissai aller à pousser un petit cri de joie en sautant dans ses bras, ravie pour lui.

–Oh, Drago, je suis tellement contente ! m'exclamai-je. Tu as repris ta vie en main à présent, et sache que je t'encourage totalement, moi aussi. Tu feras d'excellentes choses dans ce domaine, j'en suis certaine.

–Pas autant que toi, la crack, mais je peux toujours essayer de te faire de l'ombre, commenta-t-il en me faisant un clin d'œil.

Nos pas nous menèrent en silence jusqu'au fond de l'immense parc bordant la propriété et alors que nous allions faire demi-tour, Drago reprit :

–Mais avant, j'ai l'intention de profiter un peu de la vie, tout de même ! Et c'est dans cette optique que… j'ai quelque chose d'important à te dire, Hermione…

A ces paroles, je retins mon souffle, légèrement troublée… Allait-il me faire une déclaration d'amour passionnée et brûlante, comme celles que l'on voit dans les films, qui sont tellement clichées mais dont ne peuvent s'empêcher de rêver toutes les femmes en secret ? Ou même, me demander de l'épouser… Oh, non, Merlin, je divaguais !

–Oui, Drago ? murmurai-je avec émotion.

–Tu es une casse-pieds, Hermione.

Je restai complètement abasourdie à cette déclaration plus qu'inattendue et j'avais bien manqué de tomber à la renverse ! Je m'attendais à des mots terriblement romantiques et voilà qu'il… me traitait de casse-pieds ?

–Merci, c'est gentil ! répliquai-je, vexée.

–Attend la suite avant de t'énerver, ajouta-t-il, d'un air amusé. Ce que je veux dire, c'est que l'on ne s'est jamais entendus tous les deux. Tu es aussi casse-pieds et autoritaire que je suis sarcastique et prétentieux, et nous sommes tous les deux de grandes-gueules, voulant toujours avoir le dernier mot… Du coup, tu comprends, je ne suis pas sûr qu'une relation très harmonieuse s'annonce pour nous…

Je baissai les yeux, frappée en plein cœur. Après tout ce que nous venions de partager ensemble, il n'était tout de même pas en train de m'annoncer qu'il ne voulait plus de moi ?…

–Alors, je ne suis pas sûr qu'entre nous, ça durera toujours, mais… Si tu n'y vois pas d'inconvénient, Hermione… cela me plairait bien de faire un bout de chemin à me disputer passionnément avec toi… annonça-t-il d'un air tendre en m'encerclant la taille avant de m'embrasser à perdre haleine…

FIN