Disclaimer: Tous ces personnages (Harry et cie) n'étant pas issus de mon imagination, je ne tire aucun profit avec cette histoire, Tous ces personnages sont la propriété de J.K. Rowling et de la Warner Bros. L'orthographe et les incohérences du récit sont aimablement corrigées par mes amies Alixe, Alchemy et Crookshank. Quelques personnages secondaires et moins secondaires sont le fruit de ma plume.
Bien évidemment, je ne gagne rien en écrivant cette histoire.
Chapitre I : La légende de Blackscale
En cette nuit de la fin juillet, le fin croissant de lune nimbait le port de Guernesey d'une lueur fantomatique. Tout autour de l'île s'étalait l'onde à perte de vue, exceptée la côte française, visible par temps clair et un petit manoir perché sur un rocher à quelques encablures.
Ce manoir, plus personne n'y vivait depuis plus de 15 ans. La rumeur le disait hanté. Nul n'avait jamais voulu s'en rendre acquéreur. Et les rares visiteurs étaient repartis aussi vite qu'ils étaient venus, battant des records à la rame. Devenu un simple point du décor, un sujet d'histoires effrayantes autour du feu pour les veillées d'hiver, le manoir des Blackscale était peu à peu tombé dans l'oubli
Pourtant, depuis peu, de nombreux pêcheurs avaient pu constater que quelqu'un, ou plutôt quelque chose, comme ils aimaient à le répéter le soir à la taverne, avait à nouveau trouvé domicile dans le manoir hanté. On y avait entendu « les cris de douleur d'une âme tourmentée » avait raconté Jack Stevens, patron du chalutier Sweet Mermaid. Selon Michael Fisher, un autre patron de barque, les rochers pullulaient désormais de serpents au lieu des habituelles mouettes.
Tout cela avait enflammé l'imagination du jeune Antony Caldwell, un garçon âgé de 17 ans qui avait pris l'habitude de se cacher au fond de la taverne, derrière une barrique.
Envoyé à Guernesey chez sa vieille tante pour les vacances, il s'ennuyait à mourir sur ce gros caillou où il n'y avait rien à faire. Pour lutter contre la morosité, il s'était mis en quête d'aventures imaginaires ou réelles et en ce soir de juillet, il avait résolu d'aller explorer ce manoir qui effrayait tout le monde et que chacun essayait consciencieusement d'oublier autant que possible.
Lorsque le mince filet de lune fut suffisant pour naviguer sans fanal, il fit voile à bord d'un petit catamaran qu'il avait appris à manier lors de vacances en Bretagne l'année passée. Les yeux fixés sur sa destination, poussé par un vent favorable, le jeune homme franchit rapidement la faible distance séparant le rocher de l'île.
Arrivé à un embarcadère en piteux état, il amarra son esquif à un pilotis qui semblait plus résistant que les autres. Prenant son courage à deux mains, il quitta le catamaran et leva les yeux vers le manoir Blackscale.
Rien ne l'avait préparé à cette vision. Au milieu de sifflements angoissants - se pourrait-il qu'il y ait vraiment tant de serpents ? se dit-il - s'élevait la silhouette noire et peu engageante d'une bâtisse du début du siècle. Elle avait dû voir de meilleurs jours et semblait sur le point de tomber en poussière. Respirant un grand coup, Antony fit un premier pas vers son aventure, espérant pouvoir en ramener un trophée qu'il exhiberait devant les yeux de ses camarades à la rentrée.
Marchant résolument, mais en faisant bien attention où il mettait les pieds, le jeune homme approchait peu à peu du manoir. Il passa une grille de jardin rouillée et tordue autour desquelles s'enchevêtraient des ronces qui semblaient plus vieilles que la maison elle-même. A chaque pas il distinguait un nouveau détail du manoir : les persiennes défoncées, les vitres brisées, les crépis qui partaient par plaques… La lugubre demeure ressemblait à ces maisons de films d'horreur où se cache quelque vampire ou Dr Frankenstein. Pourtant tout semblait calme. Rien, sinon les sifflements toujours aussi inquiétants, ne venait troubler le silence de la nuit entrecoupé des murmures de la mer.
- Bah, les pêcheurs auront une fois de plus abusé du rhum qu'ils cachent dans leur trousse de premiers secours, se dit-il, un peu amer à l'idée que son aventure n'avait finalement rien de si extraordinaire. A quoi bon faire le mur la nuit, pensa-t-il, si je ne peux même pas me payer une petite frayeur…
Il était sur le point de tourner des talons lorsqu'un son inhumain vint déchirer les plaintes de la mer venue se briser sur le rocher.
Figé sur place par ce cri à glacer le sang, Anthony se ressaisit et se cacha derrière un rocher. Maintenant qu'il s'était suffisamment approché de la bâtisse, il pouvait voir de la lumière filtrer à travers les persiennes. Le cri s'était tu tout aussi soudainement, mais Anthony entendait à présent un rire de dément, comme celui de ces méchants de dessins animés, avec cette pointe de folie démoniaque qui vous fait comprendre qu'il ne s'agit plus des aventures de quelque personnage animé, mais la réalité.
Partagé entre le désir de s'enfuir à toutes jambes - quitte à marcher sur un serpent - et sa curiosité naturelle, Anthony hésitait à aller y voir de plus près. Sur quoi allait-il tomber ? N'y tenant plus et ne pouvant admettre d'être arrivé aussi loin sans trouver un début d'explication, l'adolescent résolut de regarder à travers les persiennes. Le rire s'était éteint pour faire place à une voix glaciale, sifflante et semblant dénuée de tout sentiment humain. Réprimant un frisson, Anthony fit quelques pas de plus vers l'une des persiennes qui était un peu dégondée et laissait un espace de vision appréciable.
Risquant un œil, le garçon vit d'abord une grande pièce avec une cheminée, une sorte de salon à l'ancienne, où la lumière de la lune avait du mal à trouver son chemin. Mais à la lueur des flammes, petit à petit il put distinguer plusieurs personnages cagoulés, habillés de noir.
Ils étaient une douzaine tout au plus, groupés en cercle autour d'un personnage plus petit, plus jeune probablement, qui se tordait de douleur devant un vieux fauteuil où siégeait une créature sans nom. Le teint blafard, habillé d'une sorte de robe noire dont la capuche cachait le haut de son visage, il rappelait à Anthony le personnage de l'empereur dans le Retour du Jedi qu'il avait récemment vu à la télévision. Mais il y avait quelque chose de plus inquiétant chez lui. Un serpent était enroulé au pied de son fauteuil et dressait la tête pour se faire caresser ; et derrière lui, flambait un feu aux couleurs inhabituelles, les flammes de l'âtre étaient vertes. Anthony ne comprenait plus rien
- Soit je fais un cauchemar, soit je suis tombé sur une de ces sectes de satanistes. C'est ça : c'est un de ces sabbats comme en fait John Perkins certains soirs dans la cave de ses parents, essayait-il de se rassurer tout en admettant lui-même que c'était assez peu convaincant. Ce genre de messes noires n'était que de la poudre aux yeux et il le savait bien ; alors comment expliquer le serpent apprivoisé et les flammes vertes ? Comme il en était là de ses réflexions, la voix glaciale se fit à nouveau entendre.
- Voyons Drago, as-tu retenu la leçon ? Le sortilège Doloris peut parfois s'avérer être la meilleure pédagogie au monde. Désormais... exécuteras-tu les ordres de Lord Voldemort, sans plus hésiter ?
La voix semblait provenir de la créature humanoïde assise dans le fauteuil. Un instant, il aurait pu jurer que ses yeux étaient d'un rouge flamboyant et que son nez n'était formé que de deux fentes verticales, comme les serpents, mais la capuche était retombée aussi vite qu'elle s'était relevée, et Anthony pensa avoir rêvé.
- Oui, Maître... je ne vacillerai plus, je le jure, répondit en sanglotant de douleur le jeune homme recroquevillé dans un semblant de prosternation.
- C'est bien, d'une certaine manière, tu as rattrapé les bévues de ton père. Si tu n'as pas tué toi-même Dumbledore, tu as quand même rempli la première partie de ta mission. Mieux encore tu as permis de prouver que cet imbécile entiché des Moldus n'était qu'un homme et rien d'autre. C'est bien Drago, tu avais besoin d'une petite leçon, mais je suis content de toi. Regagne ta place, celle de ton père.
Le jeune homme se releva difficilement, tremblant encore violemment de douleur. Puis il prit place entre deux colosses cagoulés, tenant difficilement debout. Anthony vit alors celui qui se faisait appeler Lord Voldemort et parlait si facilement de meurtres, se tourner vers un autre de ses acolytes.
- Severus, tu as désobéi à mes ordres, tu sais que le Seigneur des ténèbres n'aime pas cela... n'est-ce pas ?
- Je voulais m'assurer que le jeune Malefoy exécute vos ordres au mieux, mylord, répondit l'intéressé, un homme qui s'était avancé et ployait le genou devant le fauteuil.
- Tu as surtout obéi au désir d'une mère de sauver son enfant, siffla Voldemort. Rappelle-toi Severus, ce qui est arrivé à ton Seigneur la dernière fois qu'une femme a voulu protéger son enfant de ma colère. Tous mes plans se sont effondrés... rappelle-toi, Severus. Toutefois, c'est toi qui as tué Dumbledore. Tu as montré ton vrai visage un peu tôt, mais désormais plus aucun de mes Mangemorts ne peut remettre en question ton dévouement envers Lord Voldemort, n'est-ce pas Bellatrix ?
Une silhouette féminine encagoulée commença à se répandre en excuses avant de faire rabrouer par l'homme serpent.
- Il suffit, Bellatrix. La parole de ton maître aurait dû suffire à dissiper tous tes doutes envers ce cher Severus. Et je ne te tiens pas rigueur de l'attitude de ta sœur Narcissa. Je sais que tu as essayé de l'empêcher d'intervenir auprès de mon plus fidèle serviteur.
A ces derniers mots, la dénommée Bellatrix sembla s'enfoncer en terre, comme si elle avait reçu une gifle particulièrement cinglante. Sans prêter attention à cette dernière, Voldemort reprit :
- Bien que mes Mangemorts aient subi des pertes, cette opération peut être qualifiée de succès. Nous avons infligé un terrible coup à l'Ordre du Phénix. Sans Dumbledore, ce ne sont que de pitoyables ennemis. Ils ne constitueront qu'une gêne mineure pour mes plans futurs. Poudlard va fermer ses portes et la terreur a déjà gagné la population magique.
- Maître, ne craignez-vous pas que la mort de Dumbledore ne ressoude l'Ordre du Phénix et le Ministère ?
- J'en doute fort, Severus. Les imbéciles du Ministère n'arriveront jamais à rassembler toute la population magique derrière eux contre nous. Dumbledore était probablement le seul à pouvoir le faire et malgré ses efforts peu de sorciers croient vraiment à mon retour.
- Et... le garçon, Seigneur ?
- Ah… ! Potter. Aie foi en ton Seigneur, Severus. Tu l'as constaté toi-même pendant ces années où tu lui as enseigné l'art des potions. Il ne doit la vie qu'à sa chance, rien d'autre. Bientôt il rejoindra son cher professeur dans la tombe, si toutefois je lui laisse le loisir d'être enterré plutôt que de le donner en pâture à mon cher Nagini, siffla Voldemort.
Anthony vit alors le serpent ouvrir plus largement avec comme une expression d'avidité ou de gourmandise, il n'aurait su le dire. Mais plus effrayant encore, le serpent le fixait et semblait siffler de plus belle. Il vit alors les yeux de braise de l'homme serpent se tourner vers lui. Saisi de peur, Anthony eut tout de même la présence d'esprit de prendre ses jambes à son cou, ne prêtant aucune attention aux mouvements reptiliens sur le sol. Il ne pensait qu'à une chose : quitter cet îlot et vite ! Alors qu'il arrivait à l'embarcadère, il entendit des pas précipités derrière lui. Il tourna la tête et vit trois silhouettes noires, leurs robes flottant au vent, le poing fixé dans sa direction.
STUPEFIX !
Soudain, un éclair de lumière rouge jaillit et passa à quelques centimètres de son visage. Anthony sauta sur son catamaran largua les amarres et prit le large. Des éclairs multicolores zébraient son sillage, mais bientôt il fut hors de portée, du moins il le croyait. Au même instant, l'un des rayons lumineux frappa son catamaran de plein fouet. Sous le choc le bateau vacilla et commença à sombrer. Il plongea à la mer et se mit à nager. Il sentit alors une immense douleur parcourir tout son corps, ce corps qu'il sentait flotter et retourner vers l'îlot. Il retomba violemment sur le bois vermoulu de l'embarcadère où l'attendait trois de ces Mangemorts, chacun tenant un bout de bois braqué sur lui.
- Alors que viens-tu faire sur ce coin de rocher perdu jeune Moldu ? demanda une voix féminine.
Anthony resta muet, d'abord de douleur et aussi parce qu'il ne savait pas quoi répondre. Jamais il ne s'était trouvé en présence d'assassins, surtout aussi étranges.
- Drago, occupez-vous en. Rappelez-vous, personne ne doit soupçonner notre présence ici. Les Moldus de l'île voisine croient que l'île est hantée. Faites perdurer la rumeur et donnez à ces créatures pathétiques l'occasion de déblatérer sur ce qui se passe sur cette île. Vous avez compris, Drago ? dit la silhouette du milieu.
- Oui, Professeur. Il ne dira rien de ce qu'il a vu et il alimentera les légendes du manoir Blackscale, répondit le jeune homme qui tout à l'heure encore tremblait de douleur.
- Bien, nous vous le laissons. Bellatrix ! Retournons auprès de notre Maître.
Drago enleva sa cagoule et fixa avec dédain Anthony. Maintenant, il pouvait voir son visage dont la pâleur était rehaussée par la couleur de ses cheveux blonds, presque blancs. Avant qu'Anthony ait pu prononcer un mot, Drago Malefoy, le regard déterminé et plein de haine brandit sa baguette et jeta le sortilège Doloris.
Les hurlements d'Anthony ne cessèrent qu'aux premières heures du jour. A midi, on le retrouva flottant au milieu du détroit séparant Guernesey du manoir. Le regard sans expression, il n'alignait plus trois mots cohérents et, conformément au souhait de ses bourreaux, ce drame alimenta la légende du manoir Blackscale.