24ème épisode West et Hawkes

Ayez de l'indulgence mes amis, c'est ma première fic éditée ici… J'espère ne pas m'être trompée. Alors, voici mon bébé. Pour ceux qui se souviennent de la série, voici de quoi rafraîchir la mémoire avant de passer au dénouement…

Rappel du contexte : Lors du dernier épisode, une tentative de paix avec les extra-terrestres (les Chigs) tourne au désastre.

- Le Colonel McQueen est rapatrié sur terre avec une jambe en moins.

- Shane Vansen et Vanessa Damphousse s'écrasent sur une planète aux mains des ennemis.

- Paul Wang reste bloqué dans un vaisseau transporteur, qui explose en entrant en contact avec un appareil Chig.

- Il ne reste que Cooper Hawkes et Nathan West pour se rappeler de la grandeur de leur escadron, le 58ème du Corps des Marines des États-unis, surnommé "Les Cartes Gagnantes".

Scène 1

Planète Enclume, quelques minutes après le crash du module. Shane revient lentement à elle. Apparemment, elle est entière, mise à part une écorchure sur le front.

Machinalement elle coupe les circuits du module, bien qu'ils soient inutilisables.

Alors seulement, elle se tourne vers Damphousse avec inquiétude, craignant le pire. Mais un léger mouvement de tête la rassure. Vanessa est inconsciente mais vivante. Sa combinaison n'est pas altérée, et aucune tache de sang ne transparaît. Shane contrôle le pouls de sa coéquipière, et par un sourire, interprète le battement régulier comme un signe encourageant démentant la présence d'hémorragie interne.

A cet instant, un bruit étranger l'alarme : des Chigs approchent. Comme à son habitude, son instinct militaire se réveille. Déterminée, elle s'empresse de sortir Vanessa de la capsule, et la traîne jusqu'à une caverne proche.

Délicatement, elle pose Damphousse sur un lit de feuilles, à côté du sac de secours comportant les rations de survie et la trousse de premiers soins, et la recouvre d'une couverture thermique.

Sur son visage, il est évident qu'elle s'inquiète du sort et de la santé de l'As de Trèfle, mais elle n'a pas le temps de s'apitoyer. Avec un dernier regard, elle sort de la caverne, la camoufle et efface ses traces jusqu'au module.

Sur le qui-vive, elle écoute la progression des aliens, et, par un geste apparemment fou, s'enfuit dans la direction opposée à la cachette de Vanessa, en laissant bien trop de traces pour un capitaine de sa valeur.

Elle poursuit son jeu de piste jusqu'aux limites de ses forces, mais finit par se faire rattraper par un escadron de "bonne humeur", qui se contente de l'emmener à la place de la hacher menue.

Scène 2

Sur le Saratoga, dans le bureau du Commodore, West et Cooper sont au garde à vous devant Ross. Ils sont tous en grand uniforme, et au fond des yeux des Cartes Gagnantes, des larmes contenues incitent à penser qu'ils reviennent d'une cérémonie officialisant la disparition de leurs camarades.

Le Commodore se plante devant les lieutenants, et d'un ton officiel et formel, commence à lire un message provenant du Haut Commandement.

- Messieurs, après la perte de trois de ses membres et le retour sur Terre de son Commandant, il a été décidé de dissoudre le 58° Escadron du Corps des Marines des États-Unis. Cela est chose faite depuis 8 heures GMT ce matin. Eut égard à vos états de service irréprochables, les autorités ont accepté de faire preuve de mansuétude à votre égard, et de ne pas vous traduire en court martiale pour haute trahison. Cependant, vous écopez tout de même d'un blâme, et d'une mise à pied d'une période de six mois. Lieutenant West, vous allez être affecté à l'entretien du pont d'envol de la baie 8. Lieutenant Hawkes, compte tenu de vos antécédents judiciaires, j'ai reçu l'ordre de vous incorporer dans le bataillon disciplinaire chargé d'aller récupérer les corps de nos braves tombés à la bataille. Vous deux devrez avoir vidé vos quartiers à midi, et emménagé dans vos nouvelles chambres au plus tard à 15.00 heures. Des questions, Messieurs ?

Durant le discours du Commodore, West et Hawkes sont restés de marbre, sachant bien que leur action sur l'Enclume les destinait à une cruelle punition. Mais en entendant la sentence, Cooper ne peut retenir un regard chargé d'effroi, lui qui tremble à la vision d'un mort.

West, sommes toutes heureux de son affectation, s'apprête à saluer avec respect, mais en se raidissant, sa main appuie sur le collier d'identité de Kylen au fond de la poche de son pantalon. Instantanément, un flash-back le ramène quelques jours plus tôt, lorsque le Colonel McQueen lui avait rendu le collier avant d'être rapatrié sur Terre.

Tous ceux qui n'en connaissaient pas la signification pour le 58° n'avaient vu que la restitution d'un objet à son légitime propriétaire. Mais West avait compris à travers ce geste, et le mouvement du regard cherchant Hawkes, que McQueen lui demandait de garder la cohésion de l'escouade. Ils n'avaient pas échangé un mot, mais il avait eu l'impression d'être le petit garçon à qui le père confie les plus jeunes avant de partir pour un long voyage.

En acceptant le collier, il avait promis de ne pas lâcher Hawkes ! Il ne pouvait donc laisser le Haut Commandement les séparer sans au moins protester !

- Monsieur, hasarde-t-il, conscient de s'attirer les foudres de son supérieur. Permettez-moi de plaider notre cause. Nous avons fait une erreur...

- Une erreur ! rugit Ross, scandalisé.

- Bon, une énorme connerie... Mais nous étions tous ensemble. Nous avons pris la décision tous ensemble. J'ajouterais que le Lieutenant Hawkes a été le dernier à accepter... Il n'y a pas de raison de nous séparer. Depuis qu'il est dans les Marines, le Lieutenant Hawkes a eu une conduite exemplaire, il n'a pas à être plus condamné que moi. En conclusion, je demande ma mutation dans le bataillon des fossoyeurs.

Un silence étonné et stupéfait accueille sa plaidoirie. Le Commodore le regarde avec de grands yeux. Il est manifestement scandalisé par l'audace du pilote, mais en même temps, un léger sourire impressionné laisse penser qu'il est fier de cette réaction.

Cooper, lui aussi, est surpris. Jamais personne ne lui a fait de cadeau. Il a toujours été à couteau tiré avec West, et il était certain qu'avec la dissolution du 58e, il se retrouverait à nouveau plus seul qu'avant, avec au fond du cœur la blessure des souvenirs de la famille à jamais disparue. Et voilà que Nathan abandonne un poste acceptable pour rester avec lui ! Décidément, les humains naturels ont des réactions bien étranges !

- Lieutenant West ! Puis-je vous rappeler que votre assignation est une fleur faite à votre carrière ? Pour une faute pareille, n'importe qui serait heureux de ne pas se trouver devant un peloton d'exécution ! Et vous osez pousser l'arrogance jusqu'à réclamer une autre condamnation ?!... Je vais voir ce que je peux faire.

Le Commodore ajoute cette dernière phrase en baissant le ton, comme s'il avait craint de risquer son poste en osant acquiescer. Par un clin d'œil complice, il fait signe aux lieutenants de s'en aller, et pousse un soupire ennuyé lorsque la porte se referme derrière les deux meilleurs pilotes de sa flotte.

Scène 3

Dans un grand dortoir occupé par une vingtaine de condamnés au bataillon disciplinaire, West est couché sur son lit, et feuillette une revue, alors que des bruits étranges proviennent de la salle de bain. Avec un sourire compréhensif et amusé, il lève la tête pour accueillir Hawkes, qui sort en essuyant sa bouche du revers de sa main.

-Je ne m'y ferai jamais, grommelle celui-ci, en se laissant tomber sur sa couchette. Je crois que je vais crever ! Ils auraient mieux fait de m'envoyer dans les oubliettes de Jupiter...

- Allez, Coop. Tiens le coup. Plus que trois mois et 20 jours avant de récupérer notre SA-43..., tente de rassurer Nathan, désolé d'assister chaque soir à la même scène.

- Toi oui, répond Hawkes, en levant un regard perdu sur son collègue. J'ai entendu dire que tu vas être incorporé au 22e.

- Toi aussi, tu es un pilote hors pair, ils ne vont pas te laisser sur le pont...

- Non. Je suis un Sans-Ventre, je te l'rappelle. Pour moi, les appareils et les missions d'élite, c'est terminé, il n'y aura pas de pardon. J'aurai de la chance si on me sort du corbillard. Je suis condamné à finir la guerre dans cette putréfaction et cette odeur de formol. Y'a rien à faire, ça me poursuit partout, et ça me donne envie de dégueuler. Comment tu fais, toi ? Comment tu peux dormir après avoir ramassé de la bouillie toute la journée ? On voit même plus si ce qu'on prend est un Chig ou un humain.

- Je déconnecte, répond Nathan, en s'asseyant en face du lit de son camarade, afin de créer inconsciemment une atmosphère fraternelle. Quand j'entre dans le corbillard, je me passe le film d'avant, et je laisse le reste. Je travaille machinalement, et je rentre heureux de ne pas avoir eu à ramasser un type que je connaissais.

- Mais comment tu fais ? Moi, quand j'essaie de penser à autre chose, je vois que les pires trucs qui me sont arrivés...

Cooper marque une pause, comme s'il hésitait à poursuivre sa phrase.

- ... Je me demande comment il ferait...

- Qui ? McQueen ? interroge West doucement, comme si le fait de prononcer le nom du Colonel transgressait une loi tacite instaurée entre eux. J'imagine qu'il te dirait qu'on est en guerre, et qu'il faut suivre les ordres, sans poser de question. Tu fais ton boulot, tu rentres, tu bois un coup, et au lit. C'est simple, c'est net et clair...

Un long silence salue cette explication, au cours duquel les deux pilotes se plongent dans des souvenirs qui les peinent visiblement. A la fin, c'est West qui interrompt leurs rêveries en se levant.

- En parlant de boire un coup, je l'ai pas fait ce soir. Viens, Coop, je t'offre un verre. Et pas question de parler boulot !!!