Disclaimer : voir premier chapitre.
Merci beaucoup à ma beta, Dacian Goddess, dont les remarques pertinentes vous ont valu d'avoir un chapitre supplémentaire.
EpilogueQuelle soirée ! Je commence à être vraiment trop grosse pour ce genre de choses. Dire que j'ai encore trois mois à tenir. L'avantage, c'est que lorsque je me suis interposée entre Ron et Severus, tous deux ont mis fin aux hostilités illico, après un regard inquiet de leur part en direction de mon ventre. Ces deux-là ont failli gâcher le réveillon de Nouvel An chez Harry. Ron ne tient pas bien le whisky pur feu, et il a fallu qu'il exprime hier soir toute sa rancœur pour nos fiançailles avortées. Il a accusé Severus d'avoir payé la Yenta pour m'obtenir (si cela est vrai, pourquoi n'a-t-il pas lui-même essayé de payer la Yenta pour truquer nos résultats ?), de me violer régulièrement, de m'avoir mise enceinte pour garder son job. Des accusations parfaitement ridicules, sauf pour la dernière. Cela m'a pris un peu de temps avant de comprendre, mais j'étais tellement déterminée à prouver à Nimbus que je pouvais fournir un travail de qualité malgré ma condition que j'ai à peine fait attention à tout ce qui n'était pas en rapport avec mon emploi, jusqu'à ce que la Gazette publie en septembre les barèmes de revenus applicables dans le cadre du décret 00/25. Il était alors trop tard pour que je fasse quoi que ce soit de cette information. J'aimais déjà cet enfant plus que moi-même, et j'avais extorqué à Severus une promesse de participer à son éducation.
Mes parents ont été fort surpris d'être déjà de futurs grand-parents, mais se sont vite habitués à l'idée.
—Tu viens seulement de trouver un travail, Hermione ! Cela risque d'entraver ta carrière, s'est exclamée ma mère.
En moins de deux heures, c'est devenu :
—Avez-vous des idées de prénom ? Quand vas-tu acheter sa chambre ? Il faut ab-so-lu-ment que je vienne avec toi. Oh, je n'arrive pas à croire que je vais être grand-mère ! J'ai tellement hâte qu'il soit là !
La réaction de mes amis a été en résumé celle-ci :
—Quoi ? Déjà ? Tu es heureuse, dis ? Alors c'est le principal.
La seule chose qui différait d'une personne à l'autre était la sincérité avec laquelle c'était dit. Hagrid était prêt à gâter la mère et l'enfant à sa manière, Arthur et Molly visiblement se disaient qu'ils auraient pu être ses grand-parents si les choses s'étaient passées autrement, Remus et Tonks ont réagi comme s'ils pensaient que j'étais sous l'Imperius, Harry était enchanté d'être parrain, et tous se demandaient, sans oser poser la question à voix haute, comment j'avais fait pour coucher avec le bâtard graisseux, tout héros de guerre qu'il fût. J'avais très envie de leur dire que lorsque son visage se trouvait entre mes jambes, je me moquais bien qu'il fut disgracieux ou non, et qu'il savait utiliser son anatomie de manière à faire oublier ses imperfections. Et lui au moins ne me traite pas comme si j'étais en porcelaine.
Non, pas encore ! C'est la troisième fois que Sabine se réveille cette nuit ! C'est Hermione qui se lève, certes, mais cela n'empêche pas que je suis éveillé chaque fois. Les jumeaux Weasley m'ont déjà taquiné plusieurs fois depuis le début de la semaine à propos de ma mine peu reposée, « non pas que cela m'enlaidisse davantage, » ont-ils dit. S'ils recommencent ne serait-ce qu'une fois, je jure que je testerai sur eux la recette de cette potion indétectable qui rend aveugle et que j'ai trouvée dans un manuscrit de Lucrèce Borgia acheté au marché noir la semaine dernière.
Je n'ai pas dormi une nuit complète depuis que Hermione est entrée dans son septième mois de grossesse. Je n'imaginais pas à quel point une femme enceinte peut être une nuisance pour son entourage : elle passe son temps au toilette, se plaint sans cesse de devoir marcher comme un pingouin, ne peut plus faire la moitié des tâches ménagères à cause de son ventre proéminent, dort mal et par conséquent empêche son conjoint de dormir, et j'en passe et des meilleures. J'étais soulagé au moment de la naissance, me disant que toutes ces jérémiades allaient finir. Je n'ai pas assisté à l'accouchement, je n'avais aucune envie d'entendre ma femme hurler à la mort pendant des heures. Une heure de visite par jour le temps qu'elle était là-bas était bien suffisant. Hélas ! Je n'ai eu que cinq jours de répit, les cinq jours que Hermione a passés à la maternité.
Hermione et Sabine (je dois l'appeler par son nom ; la première fois que je l'ai appelée « mouflet », Hermione m'a jeté un sort) sont avec moi depuis deux mois maintenant. Deux longs mois qui ont achevé de m'épuiser. Je pensais que dormir d'un œil pour éviter d'être victime d'un Mangemort jaloux de mon bon standing auprès du Seigneur des Ténèbres était une épreuve ; j'ai depuis lors révisé mon jugement. Un bébé est pire qu'un potentiel assassin. J'ai découvert à mes dépens une nouvelle forme de torture.
De plus, sa mère m'a déjà pris au mot de la promesse que je lui ai faite et m'a demandé de parler à notre fille, comme si un si petit bébé pouvait comprendre un mot de ce que je dis. J'ai au moins l'espoir qu'elle sera bientôt capable de tenir une conversation intelligente. Elle est ma fille, après tout, elle devrait avoir un QI au-dessus de la moyenne. D'ailleurs, si je m'y prends bien, je devrais pouvoir en faire une vraie peste pour Potter, les Weasley, et ses enseignants lorsqu'elle ira à Poudlard. Je peux bien supporter quelques mois d'inconfort pour cela.
Severus et moi devrions fêter nos cinq années de mariage aujourd'hui. Ce n'est pas un mariage d'amour, mais j'ai trouvé une certaine paix dans cette union. Il me laisse mener ma carrière comme je l'entends, et ne râle pas pendant des heures lorsque je dois passer quelques jours hors de la maison pour interviewer des clients mécontents de Nimbus aux quatre coins du monde. Il se contente dans ces moments-là de mettre les enfants, Sabine et Julienne, chez mes parents jusqu'à ce que je revienne.
Il n'est pas plus bavard ou ouvert qu'au début de notre mariage. Toutefois, avec un peu d'observation, j'ai appris à le connaître un peu. Et si je n'obtiens pas ce que je veux par les arguments, ou simplement en demandant, il me reste le chantage. C'est devenu si facile depuis le jour où j'ai découvert sa cache de livres de magie noire. C'est ainsi que j'ai obtenu un deuxième enfant et un déménagement dans une maison plus grande. J'ai toujours voulu deux enfants ; je ne voulais pas d'un enfant qui grandisse seul comme moi. Et puisque j'ai eu mon premier enfant tôt, autant avoir le deuxième tout de suite. Au moins, ce « problème » ne se posera plus dans ma carrière, et avec une nourrice à temps plein, je peux me consacrer à mon travail dans la journée sans craindre pour eux.
Je regarde par la fenêtre les filles qui jouent dans le jardin. Severus apparaît près d'elles, de retour d'une de ses visites à une de ses mystérieuses relations. Elles s'interrompent quelques secondes, le temps de le saluer, et reprennent leur jeu, tandis qu'il se dirige vers la maison. Un sentiment de paix m'envahit à la vision de cette scène si quotidienne.
Je n'arrive pas à croire que je suis marié depuis cinq ans et que j'ai deux enfants. Je travaille toujours pour les jumeaux Weasley, que j'ai convaincus de me payer en partie au noir. Il est hors de question que je « fasse » un troisième enfant juste pour garder mon emploi. Les deux que j'ai me prennent assez de mon temps, encore qu'elles soient calmes et attentives, désireuses d'apprendre, contrairement aux cornichons que j'ai essayé d'éduquer en tant qu'enseignant. Bref, ce sont mes filles.
Quant à ma femme, je me dis que les quatre-vingt-dix pour cent qui servent de justification à notre mariage ne mentaient pas. Je ne dirais pas que c'est l'amour fou entre nous, mais je suis satisfait de notre arrangement. Elle n'interfère pas dans ma vie, et je n'interfère pas dans la sienne, pas plus que nécessaire en tout cas, et surtout la nuit dans notre lit. Nous nous disputons raisonnablement souvent, et nous réconcilions tout aussi raisonnablement. Jamais je n'aurais pensé qu'une femme pourrait laisser ainsi son espace à son mari. Toutes celles que j'ai connues étaient du genre étouffant, mais pas Hermione. Même mes filles savent quand il ne faut pas me déranger. Pour un peu, j'emploierais le mot de « plénitude » pour décrire ma vie.