OMNIA VINCIT AMOR
L'Amour triomphe de tout
Partie 5 : Aime-moi et pas qu'une fois
Harry pouvait entendre les clameurs de la foule qui émanaient du sol. Il se doutait que Lord Voldemort avait dû réuni tous les mangemorts pour annoncer la trahison de Severus Snape. Il imaginait qu'il ne mentionnerait pas le viol dont il avait été victime étant donné que cela n'avait aucune importance aux yeux de Son Altesse Lord Voldemort. Harry se rendit compte qu'il ressentait une forte amertume à cette pensée.
Harry rangea frénétiquement ses habits dans un sac de voyage d'une grande marque sorcière qu'il rétrécit et rangea dans la poche de son pantalon. Il sortit ensuite de sa chambre et prit immédiatement la direction des écuries du château. Il se dirigea rapidement vers la stalle de Galaxie - le Sombral de son Maître - et flatta son encolure avec un sourire nostalgique. C'était la seule de ses amis à qui il pourrait dire au revoir ! Il ne pouvait pas voir Draco, Ron ou Blaise sous peine de quoi il risquerait de se faire attraper par les sbires de Lord Voldemort ou pire par Lord Voldemort lui-même. Et il n'en était pas question ! Harry ne tenait pas spécialement à mourir or il savait que si sa tentative de fuite venait à être découverte, il serait exécuté sans préambules par le Seigneur des Ténèbres. Peu importe l'affection qu'il pouvait ressentir envers son mangemort, Lord Voldemort risquait de perdre son autorité et son prestige s'il laissait passer une telle trahison.
Harry ouvrit les lourdes portes de bois de l'écurie et s'engagea sur le chemin de terre sec du Parc de l'Immortalité qui entourait le Château de Salazar. Il s'aperçut rapidement que le ciel était d'une couleur fort étrange : entre le rouge et le gris. Les grondements de tonnerres confirmèrent ses craintes : il allait devoir braver un orage digne des étés les plus chauds. Il essaya de se convaincre que s'il sentait de l'eau brûlante sur ses joues ce n'était que la pluie mais il n'avait jamais été doué pour se voiler la face.
Il ferma les yeux devant la statue de l'Ange Déchu qui lui rappelait décidément trop son créateur c'est-à-dire Lord Voldemort. Lorsqu'il arriva sous les premières branches de la forêt environnante, il lança un bref regard au Château dont les seules lumières provenaient des gigantesques croisées de la Salle du Trône. Il imagina la foule en délire encore une fois prosternée devant leur Maître, saluant un soit disant retour de leur Sauveur. Il baissa les yeux ravalant ses larmes à grande peine et transplana.
۞
Dans le petit salon des appartements de Lord Voldemort, les fleurs fraîchement coupées libéraient un doux parfum d'été, les lourds rideaux de velours rouges ne réussissaient pas à retenir les derniers rayons du soleil tandis que des bouts de chandelles commençaient à brûler joyeusement sur la face rugueuse des murs. Le propriétaire était assis sur un des fauteuils luxueux qui remplissaient la pièce, un verre de bourbon Four Roses dans la main, il semblait réfléchir à quelque chose d'important à en voir ses sourcils fins froncés dans une grimace contrariée.
Il attendait patiemment qu'un de ses mangemorts de premier ordre, Draco Malfoy, vienne le rejoindre. Il pensa un instant à la peur que devait ressentir le jeune homme : les mangemorts qui avaient pu franchir les portes de ses appartements étaient peu nombreux et seulement des favoris. Le jeune Draco Malfoy craignait certainement d'avoir fait une erreur. En outre, Lord Voldemort pensait à juste titre que le mangemort avait fait une erreur, il ne lui avait encore rien révélé quant à la fuite d'Harry Potter et comptait bien rétablir ce fait.
Lorsqu'il pensait à ce dernier une violente vague de fureur glissait dans ses veines et atteignait ses doigts frémissants de rage, autant dire qu'il valait mieux ne pas être dans les parages à ce moment-là. Il détestait être si esclave de ses émotions mais il n'avait jamais été vraiment lui-même en compagnie d'Harry Potter. A personne il aurait accepté de donner des cours de piano ou qu'on vienne pleurer sur son épaule pour une histoire d'amour niaise à souhait. Et pourtant il avait aimé ces moments intimes qu'il avait partagé avec son mangemort. Mais il répugnait à penser qu'il soit devenu faible pour ce morveux ! Déjà qu'il avait été témoin d'une scène particulièrement dégradante à ses yeux.
Même mort, il ne pardonnait pas à Severus ce qu'il lui avait fait subir. Il ne supportait pas le fait qu'il se soit fait soumettre par un inférieur et qu'en plus un de ses mangemorts en soit le spectateur privilégié. Quelle honte pour un mage noir accompli et reconnu ! A ces pensées, un violent frisson lui retourna l'estomac et fit éclater son verre de bourbon.
'Voilà à quoi tu en es réduis ! A faire éclater des verres comme un vulgaire sang-de-bourbe…' pensa piteusement le Lord Noir.
Il se leva prestement et fit effacer les traces du liquide sur sa robe noire. Il s'affairait à se resservir un verre quand Draco Malfoy frappa à la porte. Lord Voldemort se recomposa un visage impassible et autorisa le mangemort de premier ordre à rentrer. Celui-ci pâle comme la mort fit irruption dans la pièce. Un sourire narquois prit place sur les lèvres de Lord Voldemort.
"Bonsoir Maître" murmura Draco Malfoy.
"Bonsoir Draco" répondit Lord Voldemort, "un verre de whisky peut-être ?"
"Euh non" balbutia Draco semblant étonné que le Lord Noir lui propose un verre.
Lord Voldemort haussa un sourcil surpris mais ne dit rien. Il s'assit de nouveau et invita son fidèle à faire de même. Il y eut un silence pesant pendant lequel Lord Voldemort essayait de sonder son mangemort mais il ne vit qu'une peur grandissante.
"Bon, Draco, je ne vais pas y aller par quatre chemins !" s'exclama le Lord Noir, "je veux savoir où est Harry Potter…"
Draco grimaça.
"Je l'ignore Maître" répondit-il rapidement.
Les yeux de Voldemort virèrent au rouge vif et Draco commença à vraiment craindre pour sa vie.
"Je… Je veux dire il ne m'en a pas parlé ! Je ne savais pas qu'il allait déserter Maître !" s'écria Draco le souffle court, "il est parti sans dire au revoir."
"Il ne vous a donc rien dit que ce soit à toi ou à tes amis" déclara le Seigneur des Ténèbres.
Draco acquiesça l'air fébrile.
"Sais-tu au moins où il aurait pu se cacher ?"
"Harry n'a plus de famille… Il lui reste seulement son parrain…"
"Qui est son parrain ?" demanda Voldemort.
"Sirius Black"
Lord Voldemort esquissa un léger sourire. Il connaissait bien Sirius Black ! C'était son peintre préféré, les murs du Château de Salazar étaient couverts des tableaux de ce dernier.
"Mais si je peux permettre, je ne pense qu'il se soit caché chez son parrain… A mon avis, Harry a quitté le pays" avoua Draco qui voulait aider malgré lui Lord Voldemort dans sa quête.
Après la fuite d'Harry, Ron lui avait tout raconté concernant l'amour que portait Harry envers le Lord Noir. Il espérait de tout son cœur ne pas mettre Harry en danger mais il avait de bonnes raisons de croire que Lord Voldemort ne voulait pas de mal à Harry. Après tout, il n'avait rien dit concernant la fuite d'Harry, laissant croire qu'il était parti avec l'accord du Lord Noir sous l'ordre d'une mission ou d'une autorisation de sortie. Pour Draco, cela signifiait que Lord Voldemort ne voulait pas mettre à mort Harry mais qu'il essayait de le retrouver pour des raisons plus obscures.
"Comment le sais-tu ?"
"C'est-ce que j'aurais fait" révéla Draco.
"Tu proposes que je fouille la terre entière c'est ça ?" fit le Lord Noir.
Draco haussa les épaules.
"Je sais simplement qu'il aime beaucoup le sud de la France" dit Draco en regardant le bout de ses ongles.
"Merci Draco, tu peux t'en aller"
Draco se leva et se dirigea lentement vers la porte. Il se retourna une demi seconde pour observer son Maître et vit que celui-ci était plongé dans une intense réflexion. Il sourit et sortit.
۞
A quelques plusieurs centaines de kilomètres de là, un jeune homme aux cheveux noirs regardait d'un air méfiant l'immeuble vétuste qui se dressait devant lui. Un vieil homme lui fit de grands gestes pour l'inciter à rentrer dans le vestibule. Celui-ci sentait le pipi de chat et la moisissure. Il fronça son nez délicat et inspecta avec un fort sentiment de dégoût les murs jaunis et humides.
'Suivez-moi, jeune homme' siffla le vieux sorcier.
Harry monta des escaliers branlants enduits de poussière et arriva sur un palier qui desservait trois appartements. Le deuxième était celui dont Harry était hypothétiquement intéressé. Le vieil homme chauve ouvrit la porte de l'appartement. Il dut s'appuyer contre elle pour qu'elle cède, elle semblait coincer légèrement. Harry dépassa l'homme à la calvitie fortement avancée et rentra dans l'appartement vide de tout meuble et qui consistait en deux pièces. La chambre et la cuisine étaient dans la pièce principale tandis que la salle de bain était dans la deuxième pièce qui était presque aussi petite qu'un placard à balais.
Harry fit le tour en une minute trente montre en main. Il ne s'attarda pas sur les murs lézardés, les traînées humides sur les portes ou sur les fenêtres qui fermaient avec un morceau de ruban adhésif.
'Alors vous le voulez ?' demanda le vieil homme.
'Pas le choix' répondit Harry d'un air triste.
L'homme déposa dans sa paume blanche une clef rouillée et sortit rapidement de la pièce, un sourire cupide aux lèvres.
'Le loyer sera prélevé tous les douze du mois' déclara-t-il avant de fermer la porte.
Harry se retrouva seul dans son appartement de dix-huit mètres carré. Il ouvrit les volets de la pièce principale et fut tout de même ravi de constater que s'il se penchait exagérément en avant et qu'il tournait la tête à droite et qu'il dirigeait son regard entre la cheminée du restaurant en face et l'immeuble de verre des bureaux de l'entreprise BâtiSorcier il pouvait distinguer avec beaucoup d'imagination l'horizon bleue de la mer méditerranée.
Il sourit et s'assit sur le rebord de la fenêtre en essayant de ne pas voir la laideur des ruelles. Il chercha un paquet de cigarettes dans la poche de sa cape et s'aperçut qu'il lui restait qu'une cigarette. Il décida de la fumer tout de même mais se promit de racheter un paquet dès que possible. Le problème était cependant qu'il n'avait plus du tout d'argent étant donné qu'il avait dû payer le premier mois du logement avec les maigres économies qu'il avait amené du Château de Salazar. Harry était loin d'être pauvre mais il ne pouvait pas risquer d'aller à Gringotts à Londres pour chercher de l'argent sans quoi il serait à coup sûr retrouvé par les sbires de Lord Voldemort.
Il avait décidé de se prendre en main et d'être autonome. Et aussi surprenant que cela puisse paraître rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de n'avoir pas d'argent et de devoir en trouver lui-même. C'est sûr que son appartement était spartiate et que ne pas avoir de cigarettes l'embêtait fortement mais pour la première fois il serait aussi libre que l'air. Il n'avait jamais vécu seul. En effet, après le décès de son père il avait dû vivre avec son parrain Sirius Black et s'était presque aussitôt enrôlé dans la mangemorie. S'il y avait bien un lieu où il n'était jamais seul c'était au Château de Salazar ! Même si la statue de l'Ange Déchu lui avait offert bien des moments de répit.
Mais à présent il goûtait pour la première fois à la liberté et n'était pas près de la laisser s'envoler. Il avait décidé de venir dans le sud de la France car c'était le pays où il avait toujours rêvé de vivre et que de toute façon il était impossible de se cacher en Angleterre, le berceau de la puissance de Voldemort. De plus, la France comme l'Angleterre était un pays sorcier très puissant contrairement à d'autres petits pays du monde qui étaient restés moldus. Harry méprisait totalement ces pays car il n'arrivait pas à comprendre comment les moldus pouvaient être si butés ! Il avait tout de même était mis au courant que ces très peu nombreux pays étaient bien souvent des dictatures : le pays était fermé et les habitants n'avaient jamais le droit de sortir. Ainsi, il était évident que personne ne connaîtrait l'existence des sorciers.
Enfin, ces pays étaient probablement des îles perdues dans l'océan Pacifique… C'était très loin et Harry s'en fichait complètement ! Ce qui lui importait c'était que Voldemort ne le retrouve pas et pour ça il fallait qu'il passe incognito. Il allait avoir besoin d'apprendre le français et d'effacer la trace 'mangemort de second ordre' sur son curriculum vitae. Tant pis s'il ne trouverait rien d'autre que des petits travails. Harry décida de ne pas s'attarder dans l'appartement, plus tôt il trouverait un travail, plus tôt il pourrait acheter de la nourriture, un matelas et toutes sortes de choses pour vivre plus confortablement.
Il prit la direction du centre ville d'un pas rapide, il posa un regard curieux sur les sex shops des ruelles avoisinantes et sur les jolies putains qui le lorgnaient d'un œil brillant. Il était vrai qu'avec ses belles manières et ses habits luxueux il avait l'air d'un jeune homme des beaux quartiers en manque de sexe. Il accéléra le pas et accéda enfin aux avenues coruscantes et propres de la métropole.
Son curriculum vitae presque vierge dans la main, il fit un à un les bars et restaurants de l'avenue, croisant les doigts à chaque fois pour que le patron ait besoin d'un petit serveur anglais aux allures d'aristocrate.
Au bout de l'avenue Julius Rouzier, un bar-restaurant qui se prénommait Le Cristal accepta de le prendre pour une période d'essai. Harry promit qu'il apprenait très vite et qu'il était très motivé.
Le patron semblait assez sympathique et avait l'art de parler aux gens, dès les premières secondes Harry était tombé sous le charme.
"Alors ? Je peux commencer quand ?" demanda-t-il dans son franglais.
"Ce soir" répondit Ali, un sourire éclatant aux lèvres.
Harry parut paniqué un court instant mais se reprit bien vite.
"Je pourrais quand même rentrer chez moi pour me changer ?"
"Bien sûr" dit Ali "Reviens à 10 heures, tu commenceras par servir le bar… Nicolas t'apprendra tout ce que tu dois savoir".
Il lui montra un garçon d'une vingtaine d'années qui servait les clients derrière le bar. Harry reporta son attention sur Ali, acquiesça et sortit du restaurant très content de lui. Ce qui était loin d'être le cas pour une autre personne à l'autre bout de l'Europe qui fulminait contre un certain petit brun aux yeux verts. Comme Draco Malfoy l'avait prédit, Harry ne se trouvait pas chez son parrain.
۞
Durant deux mois, Lord Voldemort chercha des indices sur la fuite de son mangemort mais il ne trouva rien qui lui assure une vraie piste. La plupart du temps les renseignements qu'il recevait n'étaient pas fiables. Il avait questionné Ronald Weasley plusieurs fois et surveillait son courrier systématiquement mais celui-ci semblait aussi désespéré que lui de retrouver un jour Harry Potter.
Il avait aussi essayé de garder le contact avec Sirius Black qui s'avérait être très peu coopératif mais d'une compagnie plaisante. En outre, il lui avait offert une demi douzaine de tableaux bucoliques fort sympathiques. L'un d'eux représentait deux paysans aux rides profondes, au regard éperdu et las sous un soleil écrasant qui s'étaient arrêtés le long d'un champ de blés en plein été. Ils tenaient la bride d'un âne qui semblait presque aussi vieux que les deux paysans. Lord Voldemort n'aimait pas particulièrement ce tableau, il le trouvait trop gai et jurait horriblement avec la décoration du Château de Salazar. Sirius Back savait pourtant quels étaient ses goûts, c'est pourquoi il se demandait pourquoi il lui avait offert cette peinture qui était certes très bien peinte mais inélégante et disgracieuse à ses yeux.
Il passa pour la troisième fois devant ce tableau et décida à contrecoeur de le garder pour la simple raison que l'âne lui faisait penser à Galaxie, son Sombral. Il le rangea dans un des cabinets qui renfermaient la décoration hivernale du château et jura de ne plus jamais l'approcher. Les autres tableaux furent disposés dans des endroits plus exposés, l'un d'eux était magnifique : il représentait des cimes de montagnes cachés sous une brume noire intense. Le ciel était bleu roi, les couleurs étaient foncées et tristes. Lord Voldemort mit ce tableau dans sa propre chambre, il allait très bien avec les pierres apparentes du mur.
Il n'avait pas totalement arrêté les recherches malgré le manque de pistes, il avait laissé quelques mangemorts très compétents s'occuper de prévenir les polices locales de quelques points stratégiques. Il surveillait l'Angleterre dans son intégralité, l'ouest du Mexique, Vienne et le sud de la France. C'étaient selon ses amis les endroits préférés d'Harry Potter.
Lord Voldemort ne comprenait pas très bien ce qui le motivait à rechercher ce mangemort en particulier. Il avait depuis longtemps abandonné l'hypothèse selon laquelle il le recherchait pour le punir. Personne ne connaissait ses motivations et les rumeurs allaient bon train dans le Château de Salazar. Certains disaient qu'Harry Potter était devenu un favori dans l'ignorance générale et qu'il s'occupait d'affaires ultra secrètes pour le compte du Seigneur des Ténèbres, d'autres se murmuraient qu'Harry Potter avait dû être emprisonné dans une contrée ennemie, certains se doutaient pourtant qu'il avait fui mais que Lord Voldemort le voulait de nouveau dans ses rangs et vivant. Mais personne ne se l'expliquait.
Le Seigneur des Ténèbres ne cherchait pas spécialement à fournir une explication à ses fidèles, il avait déjà bien du mal à se comprendre lui-même. Le mage noir en lui pensait qu'Harry Potter était un protégé d'Ishtar et là était la raison de sa quête acharnée mais s'il voulait être totalement sincère avec lui-même il devait avouer qu'Harry comptait un petit peu plus pour lui, il ne le considérait pas simplement comme une « mère porteuse ». Le problème était que le temps passait dangereusement et que plus les jours se succédaient plus les chances de le retrouver étaient maigres. Cependant, Voldemort s'était juré de ne pas le chercher indéfiniment, il était bien trop fier pour chercher un homme qui ne voulait manifestement pas le revoir.
Bien souvent lorsqu'il était seul il se disait qu'il aurait peut-être dû éviter de lui parler si durement ou de lui avoir montré son côté le plus monstrueux. Mais il savait au fond de lui que jamais il aurait pu réagir autrement, après tout il était un Seigneur des Ténèbres et sa réputation ne reposait pas sur des mensonges et des on-dit. Il n'était pas une bonne personne vertueuse et pleine de bons sentiments et changer se révélait impossible à ses yeux. Changer était une notion chimérique pour lui et il refusait de changer pour un petit morpion dans le genre d'Harry Potter. Non. Jamais il ne ferait de concessions ! Après tout, les concessions étaient faites pour les amoureux et Lord Voldemort n'était pas - mais alors pas du tout - amoureux d'Harry Potter.
Mais, alors, pourquoi ne quittait-il pas ses pensées depuis deux longs mois ?
۞
Un an plus tard,
L'horloge de la chambre à coucher affichait 11 heures 30 lorsque Harry émergea du sommeil. Il s'étira comme un chat sur son lit avant de se lever d'un geste leste. Cela faisait plus d'un an qu'il habitait dans le sud de la France mais il avait déménagé durant l'année. Il avait quitté Montpellier pour s'installer à la campagne. Les logements étaient plus chers, moins beaux et plus petits en ville alors qu'à présent il pouvait se payer une petite maison dans un charmant village de l'Hérault.
Il travaillait toujours dans le même domaine sauf qu'il était passé de la restauration à l'hôtellerie. Il avait une bonne place dans un grand hôtel de Montpellier, c'était très luxueux et il rencontrait souvent de très puissants sorciers qui venaient de tous les coins de la planète. Il avait par exemple eu l'honneur de rencontrer Albus Dumbledore en voyage en France qui avait eu la gentillesse de lui offrir quelques bonbons au citron. Il craignait un peu de croiser un mangemort dans les rues de la ville ou des sorciers en contact avec Lord Voldemort même si cela faisait un an qu'il était parti. Mais il essayait d'être le plus discret possible. Harry ne sortait pas beaucoup ou seulement avec Ali dans les bars les plus calmes et sans histoires de la cité. Il était toujours en bon contact avec Ali même s'il avait présenté sa démission au bout de quelques semaines, il était devenu un véritable ami pour lui. Il lui avait apprit à mieux parler français et à s'habituer à la mentalité française qui était très différente de celle de l'Angleterre. Les gens étaient chaleureux mais les anglais lui manquaient tout de même. Pour être tout à fait exact il avait souvent le mal du pays, il mourait d'envie de revoir son parrain, Draco, Ron et les autres.
Harry soupira en se faisant son café. Il se sentait tout de même seul au milieu des camélias et des orchidées qui remplissaient sa petite cuisine. Il ne se passait pas un jour sans qu'il pense à Lord Voldemort, à Tom. Il le revoyait sans cesse dans ses rêves, toujours aussi beau, grand et énigmatique. Il avait essayé de l'oublier et de trouver quelqu'un d'autre mais Tom venait rapidement s'immiscer entre lui et son petit ami à tel point qu'il avait l'impression de vivre une relation à trois. Il ne suffisait que quelques jours à ses copains pour se rendre compte qu'il pensait à quelqu'un d'autre et l'histoire finissait rapidement sans crises de larmes, sans disputes, sans promesses de rester ami.
Harry s'assit à sa table et prit son petit-déjeuner d'un air morose. Le deuxième été qu'il vivait en France commençait à décliner, laissant place peu à peu à l'automne et malgré lui il se rendit compte qu'il aurait bien du mal à revivre un hiver à Montpellier. Pourtant, il avait quelques amis, son métier lui plaisait et plus que tous les paysages de l'Hérault et de l'Aude l'enchantaient incroyablement. La Montagne Noire ainsi que les antiques châteaux cathares de la région - qui étaient, il fallait l'avouer, de magnifiques vestiges moldus - le fascinaient toujours autant mais il y avait aussi de magnifiques choses en Angleterre. Et surtout il y avait de merveilleuses personnes en Angleterre.
Il soupira et but son café à petites gorgées. Il avait la gorge nouée et les mains qui tremblaient. Il ne se serait jamais douté que la vie seul serait aussi difficile, qu'il aurait aussi mal de vivre loin des gens qu'il aimait et que même le sud de la France deviendrait lieu de tristesse pour lui. Mais c'était bel et bien le cas, le chant des cigales n'y était pour rien, c'était juste son cœur qui souffrait horriblement.
Seul dans sa petite maison il commença à sentir les larmes remplir ses yeux mais il se retint de pleurer. De toute façon, il n'avait pas le choix ! Il ne pouvait pas rentrer en Angleterre, il se ferait tué. Il se ferait tué par l'être qu'il aimait le plus au monde… Il y avait certes de quoi pleurer mais les larmes ne s'étaient jamais taries depuis un an et il était fatigué de pleurer. Il y avait pire dans la vie !
Il fit la vaisselle et sa journée commença de la même façon : il prenait une douche, faisait ce qu'il avait à faire pendant deux ou trois heures et repartait travailler jusqu'à quatre heures du matin.
A la fin il était tellement fatigué qu'il s'endormait comme une masse sur son lit. Ce soir-là, il s'occupait des serveurs dans le hall luxueux de l'hôtel. C'était lui qui veillait au bien-être de chacun des clients, une coupe de champagne par-là, un coussin supplémentaire par-ci. Des plaisanteries distinguées, des réflexions sur la décoration, des sourires crispés, des soupirs satisfaits. C'était toujours la même chose. Les sorciers de la haute société avaient tous cette même tendance pour l'ennui.
L'invité le plus spectaculaire cette journée-là était un japonais d'un nom imprononçable qui était très puissant, riche et connu dans l'aire asiatique. Harry se préoccupait beaucoup de lui, il voulait qu'il se sente bien malgré les mœurs différentes de l'Europe.
"Bonsoir monsieur" dit Harry en le saluant respectueusement de la tête "souhaitez-vous boire quelque chose ?"
Le japonais d'âge mûr le considéra d'un œil perçant.
"Ce que vous avez de meilleur, mon beau"
Harry eut un sourire tremblant et acquiesça.
"Ce sera fait, je vous amène cela tout de suite" répondit Harry.
"J'espère bien" fit le puissant sorcier d'un air taquin, "Comment vous appelez-vous ?"
"Jonas Potier" répondit Harry avec un sourire.
"Oh ! Je pensais que vous étiez anglais vu votre accent !" s'exclama le japonais.
"Euh… Oui, en fait, je suis anglais" répondit Harry avec un sourire crispé.
"Que faites-vous en France ?"
"Je perfectionne mon français" expliqua Harry d'un air sûr de lui.
"Je ne suis pas français mais les sons dans votre bouche me semblent délicieux" déclara le sorcier avec un sourire en coin.
Cela faisait partie du métier : accepter les réflexions grivoises des clients fortunés.
"Vous avez de magnifiques yeux verts, c'est très peu courant de voir de tels yeux !"
"Euh… Oui… Merci beaucoup" bredouilla Harry, très gêné.
"Oh mais de rien mon cher" susurra-t-il avant d'attraper d'un geste incroyablement vif son bras droit. "Quel poignet délicat et quelle peau douce… Vous êtes un magnifique jeune homme, vous le savez ?"
"Non ! Mais c'est gentil de le dire…"
Le japonais dessina de légères arabesques sur son poignet de son pouce fripé. Harry sentit le malaise prendre possession de lui et chercha une échappatoire désespéramment. Il ne sentit pas la main du vieillard remonter la manche de sa chemise peu à peu, ce n'est que lorsqu'il se sentit fortement attiré en avant qu'il comprit les intentions du vieux sorcier.
Il baissa les yeux vers le sorcier qui gardait son regard fixé sur quelque chose de dessiné sur son poignet. Harry comprit aussitôt et recula brusquement.
"Comme c'est intéressant ! Votre Maître se porte-t-il bien ?" demanda le japonais avec un sourire cruel.
"Très… Très bien" répondit Harry d'un ton sec.
"Vous m'en voyez ravi… Il avait l'air quelque peu angoissé la dernière fois que je l'ai vu" souffla-t-il doucement.
"Ah ?" fit Harry, embarrassé "Je ne suis pas l'un de ses favoris, je ne suis pas vraiment au courant de…"
"Ça doit être difficile d'être à la fois mangemort et serveur, non ?" demanda le sorcier l'air de rien.
"Il suffit d'être organisé" répliqua Harry d'une voix tremblotante.
"Vous savez quoi ? J'ai une forte envie de revoir mon vieil ami Tom Riddle… Et si vous m'ameniez à ma chambre ? Je vais le contacter de suite !"
Harry sentit la peur envahir ses veines.
"Bien sûr, je vous amène à votre chambre, vos bagages ont déjà été acheminé" dit Harry machinalement avant de conduire le japonais à sa chambre au premier étage, chambre 103. Il ne savait pas comment échapper à ce piège monstrueux tout en marchant vers la chambre. Qu'est-ce qui avait pu le trahir ? Il était vrai qu'il s'était permis plus de choses depuis six mois croyant que Lord Voldemort avait cessé de le rechercher mais apparemment il avait fait une lourde erreur quelque part. Il avait toujours été un piètre soldat mais il n'avait jamais sous-estimé l'ennemi mais il semblait pourtant qu'il n'avait pas mesuré l'étendue de la rage du Seigneur des Ténèbres. Harry ne savait pas s'il devait se réjouir de voir que le mage noir ne l'avait pas oublié ou se lamenter à cause de son amour décidément impossible.
Harry sortit une clef et ouvrit une porte ouvragée du premier étage en prenant garde de ne pas montrer sa peur au puissant sorcier derrière lui. Il laissa le japonais rentrer devant lui et fit une rapide présentation des lieux. Le vieux sorcier ne semblait pas du tout intéressé par la salle de bain au sol de marbre ou par le lit immense et aux draps de satin. Tout ce qui l'intéressait était de s'approcher de l'âtre de la cheminée. Harry s'en alla avant que le japonais ne réussisse à joindre le Seigneur des Ténèbres.
Harry avait été idiot… Il savait que travailler dans un hôtel luxueux ne pouvait que lui attirer des ennuis ! Lord Voldemort avait des 'amis' dans le monde entier mais Harry n'aurait jamais cru qu'il avait parlé de lui à quelqu'un d'autre et surtout pas à un sorcier aussi puissant que ce japonais !
Une sueur froide coulait le long de sa colonne vertébrale tandis qu'il regagnait le hall d'entrée. Il mourait d'envie de s'enfuir de l'hôtel, de faire ses bagages chez lui et de partir à nouveau peut-être en Amérique Latine ou dans l'est de l'Europe mais il ne pouvait pas rendre son comportement encore plus suspect. S'il partait, le japonais saurait avec certitude qu'il était le mangemort déserteur de Lord Voldemort.
Il ne revit pas son client de toute la journée, il se rendit simplement compte qu'il avait pris commande pour un couvert au dîner. Il avait vérifié qu'on lui monte un repas et résista à l'envie de mettre une Goutte de la Mort dans son assiette gastronomique. Harry réussit à rentrer à quatre heures pile chez lui malgré la méchanceté habituelle de son patron. Apparemment il n'avait pas résisté comme beaucoup d'autres au regard éploré d'Harry. A vrai dire, Harry n'avait pas eu à simuler beaucoup : il était mort de peur et immensément triste. Sa vie était un total merdier !
En transplanant Harry pensait déjà à la destination qu'il prendrait la prochaine fois. Il ouvrit la porte d'entrée de sa petite maison et se hâta de monter son étroit escalier de bois jusqu'à sa chambre. Comme un an auparavant, il fit sa valise en quatrième vitesse en ne prenant que les vêtements qu'il préférait, son argent, les objets indispensables telle sa baguette magique.
Il traîna sa grosse valise dans l'escalier en colimaçon et ouvrit brutalement la porte de la cuisine, il ne voulait pas mourir de faim en route. Mais au moment d'ouvrir un de ses délicieux yaourts aux fruits des bois, un bruit métallique se fit entendre quelque part dans la maison. Harry s'immobilisa, le cœur battant. Il ouvrit les deux portes coulissantes qui menaient au petit salon de style provençale et se gela sur place.
Devant lui une haute silhouette se dessinait dans la pénombre de la pièce, elle était devant la fenêtre du salon et regardait paisiblement le paysage nocturne. Harry n'avait pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il s'agissait de Lord Voldemort.
"Tu fuis encore, Harry ?" fit la voix douce et triste.
Harry sentit son cœur battre encore plus vite.
"Maître ?" murmura Harry d'une voix enrouée.
L'homme se retourna et Harry put distinguer à la lumière de la cuisine les traits délicats, inchangés du Lord Noir.
"J'ai reconnu ces montagnes à la seconde même où je les ai vu, c'est vrai qu'elles portent bien leur nom…" dit le Seigneur des Ténèbres d'une voix calme.
Harry ne comprenait strictement rien à ce qu'il racontait. Il semblait causer de la Montagne Noire mais il ne saisissait pas vraiment le rapport entre la présence du Seigneur des Ténèbres chez lui et la chaîne de montagnes.
Harry alluma la lumière d'un claquement de doigts. Lord Voldemort semblait voir dans le noir, ses yeux étaient grenats… bien plus rouges que dans la mémoire d'Harry.
"Où vas-tu aller cette fois ? Tu vas rester en Europe ? A Vienne peut-être ?" demanda le Lord Noir avec un sourire légèrement amer.
La surprise dut se lire sur le visage du jeune mangemort car il reprit :
"Tes amis m'ont été d'une grande aide ! Surtout ton parrain à vrai dire !"
Harry fronça des sourcils. Qu'est-ce que Sirius venait faire là-dedans ? Il sous-entendait que c'était lui qui l'avait trahi ? Sirius ? Son parrain ? Son deuxième père ?
"Il m'a donné de nombreux indices que j'ai mis du temps à interpréter… Ça ne fait que quelques semaines que j'ai compris que tu te cachais dans le sud de la France. Les tableaux de ton parrain m'ont aidé, l'un d'eux représentait la Montagne Noire" expliqua le Seigneur des Ténèbres.
Harry ne pouvait pas y croire. Son parrain était l'une des rares personnes qui savait toute la vérité et à qui il faisait entièrement confiance. Il s'était confié à lui à propos de son amour pour le Lord Noir, avait envoyé quelques lettres pour ne pas qu'il s'inquiète et résultat des courses il l'avait vendu à Lord Voldemort ! Harry se sentait si trahi qu'il aurait pu tuer quelqu'un dans la minute. Il redirigea son regard vers son Maître qui s'était confortablement assis sur l'un de ses fauteuils de feutre.
Les jambes croisées, il le regardait avec un sourire en coin. Il avait attendu ce moment depuis si longtemps ! Il sentait la colère et la tristesse de son mangemort et s'en félicita intérieurement. Il se réjouissait de voir qu'il souffrait à son tour.
"Qu'est-ce que vous me voulez ?" demanda Harry d'une voix sèche.
L'impertinence d'Harry enragea le Lord Noir. Il semblait peu affecté par son arrivée.
"Dois-je te rappeler que tu portes ma marque sur ton bras ?"
"Non merci c'est d'ailleurs à cause de cela que je me suis fait avoir, n'est-ce pas ?" fit Harry, tremblant de rage.
"Oui" répondit le Seigneur des Ténèbres en souriant "mais pas seulement… Tes amis avaient manifestement très envie que je te retrouve, un certain Ali m'a fait parvenir des informations concernant ta présence ici, il trouvait que tu ressemblais à la description déposée dans le journal national"
Harry sentit ses jambes faiblir et alla s'asseoir sur un autre de ses fauteuils en évitant soigneusement le regard de son Maître. Encore une fois il ne comprenait pas comment un de ses amis avait pu le trahir. Pourtant il avait fait attention à ne pas parler avec n'importe qui mais de toute évidence Ali était comme les autres : perfide et manipulateur. Le monde était traître, il était moche de partout.
Harry releva la tête et plongea son regard dans celui de son Maître :
"Alors ? Qu'attendez-vous pour m'exécuter ?" fit-il d'une voix sarcastique si inhabituelle dans sa bouche.
"J'ai eu bien souvent envie de t'étriper mais je ne suis pas venu pour te tuer" dit le Lord Noir d'une voix plus douce.
Il se leva et s'approcha de son mangemort. Il avait une envie folle de l'embrasser ! Ses pupilles doucement rétrécies et sa position tendue l'excitaient et le pressaient d'accomplir ses désirs.
"Tu as été un très vilain garçon Harry, tu ne peux pas savoir comme l'envie me prend de te châtier en cet instant" susurra le Lord Noir d'une voix si chaude qu'Harry se sentit frissonner.
Harry ferma les yeux très fort et attendit le souffle coupé. Il sentit les mains froides de son Maître dans son cou et son effluve sucré caresser ses paupières refermées. Harry s'agrippa malgré lui aux lourds habits du Seigneur des Ténèbres et gémit en sentant ses lèvres sur le haut de sa joue qui descendaient lentement vers sa bouche.
"Maître… Qu'est-ce… Qu'est-ce que vous faites ?" demanda Harry d'une voix faible.
"Dis-moi que tu en as envie" ordonna le Lord Noir.
Harry tremblait entre les bras de Lord Voldemort et celui-ci se recula. Il le considéra d'un œil déçu tandis qu'Harry ouvrait les yeux de nouveau.
"Je ne vais pas te tuer, Harry" dit-il d'une voix triste.
"Mais… Alors qu'est-ce que vous voulez ?"
"À ton avis ?" demanda le Lord Noir.
Harry ne répondit pas. Il contemplait son Maître plus calmement tandis que les battements de son cœur ralentissaient quelque peu. Il avait un peu oublié à quel point Lord Voldemort était beau ! Il ne se souvenait pas de la finesse tranchante de ses traits… Dans sa mémoire il les avait un peu adoucis, tout comme ses yeux qu'il voyait moins en amande. Il était encore plus beau en vrai mais il avait du mal à croire qu'il était devant lui.
Il se leva et se retrouva très proche de lui. Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu'il le regardait. Il l'avait tellement manqué ! Instantanément, l'émotion fit place au désir pur et dur. Il résista à l'appel de la chair et recula de quelques pas.
"Pourquoi pleures-tu ?"
Il essuya ses dernières larmes.
"Pour rien" répondit Harry.
"Je te fais toujours cet effet… Pourquoi ?"
Harry soupira subrepticement. Il ne pouvait pas lui avouer de but en blanc qu'il l'aimait et que cet amour était trop dur à porter.
"Vous posez beaucoup de questions, Maître" remarqua Harry.
"Et tu n'y réponds jamais" répliqua Voldemort.
"Je ne vous comprends pas"
"Et moi dont !" s'exclama le Seigneur des Ténèbres.
"Je ne suis pas compliqué ! C'est vous qui avez du mal à me comprendre…" murmura Harry tandis qu'il reculait davantage.
"C'est vrai, tu es une vraie énigme à mes yeux" avoua Lord Voldemort.
Harry était aux portes du salon. Il avait de plus en plus envie de son Maître, et c'était très mauvais pour lui.
"C'est pourtant facile ! Mes sentiments n'ont jamais changé depuis le début"
"Ça va être difficile de te comprendre si tu t'échappes" nota le Seigneur des Ténèbres en le voyant s'éloigner.
Harry se mordit les lèvres, gêné et coupable.
"J'ai peur de dire des bêtises si je reste près de vous" expliqua Harry.
"Mais j'ai envie que tu restes près de moi" dit-il.
Harry eut un hoquet de surprise.
"Tu en doutais ?" s'étonna le Seigneur des Ténèbres "Après la monstrueuse cour que je t'ai fait ?"
"Pardon ?"
Le Lord Noir soupira.
"Par Salazar, je ne suis vraiment pas doué pour cela" souffla Lord Voldemort.
Il s'avança de quelques pas. Harry sentit l'excitation l'envahir en même temps que la peur. Il savait qu'il serait capable de lui sauter dessus s'il s'approchait trop. Mais il sentit bientôt les mains de son Maître s'aventurer autour de son cou et un de ces pouces caresser sa mâchoire crispée.
"Rentre avec moi en Angleterre, Harry"
Harry le regarda d'un air surpris et écarquilla davantage les yeux lorsque les lèvres de son amour de toujours se posèrent sur les siennes. Il prit alors conscience qu'il avait aussi oublié les baisers de Lord Voldemort. Harry se sentit encore une fois défaillir tandis qu'il embrassait avidement son Maître.
"Alors ?"
"Oui" chuchota Harry dans le creux de son oreille.
Il sentit les mains de Lord Voldemort enlever furieusement ses vêtements et ses propres mains venir détacher les attaches de sa cape. Ils en étaient loin dans l'exploration de leurs corps lorsque la sonnette retentit dans la maison. Harry soupira et recula vivement en avisant l'heure qu'il était. L'horloge du salon annonçait à peine six heures.
"Harry ! Ouvre c'est Ali ! Il… Il faut que je te parle !"
Lord Voldemort décela la colère chez Harry qui le faisait trembler et se colla davantage à lui.
En un clignement d'œil, ils se retrouvèrent tous deux dans un tout autre endroit. Harry comprit qu'ils avaient transplané alors qu'il contemplait le paysage autour d'eux. Il n'y avait pas à dire c'était idyllique ! Ils se retrouvaient en pleine nature haut dans la montagne, au-dessus des roches blanches, sur un plateau désert. Seuls des arbres immenses les entouraient. Harry contempla le paysage bouche bée. Il vit un petit cours d'eau ruisseler dans la végétation et qui se dirigeait vers le bord de la falaise. Il s'avança, la main de son Maître dans la sienne et la vue qu'il eut provoqua une embardée de plaisir dans son petit cœur.
Une cascade bleue aux reflets du soleil levant descendait et s'éclatait sur la blancheur immaculée des roches avant d'atteindre un petit lac bien loin au-dessous d'eux.
"Tu aimes ?" demanda Lord Voldemort à son oreille.
Harry leva la tête et plissa les yeux alors que le soleil naissant rencontrait ses prunelles. Un sourire enchanté glissa sur ses lèvres tandis qu'il vit la mère à une quinzaine de kilomètres devant eux qui dressait une ligne horizontale infinie devant eux.
"J'adore" répondit-il avec un grand sourire.
Il tourna la tête pour rencontrer le regard de Voldemort qui semblait incroyablement apaisé ce qui était une grande première selon Harry. Celui-ci ravit ses lèvres purpurines, délicatement ourlées qui renfermaient de si belles dents blanches.
Au bord du vide, les vêtements tombèrent un à un tandis que les baisers devenaient de plus en plus brûlants. Harry s'allongea sur la mousse moelleuse du sol d'un air alangui et le corps élancé pleine de beauté du Lord Noir recouvra la frêle silhouette.
Il ne fallut peu de temps avant que les deux corps se retrouvent tendrement. Les premiers assauts furent lents et passionnés mais ils se perdirent tous deux dans un combat exalté. Les gestes devinrent plus brusques et enfiévrés. Ils goûtaient au bonheur de se retrouver sans conditions.
Ils continuèrent de se perdre inlassablement alors que la lumière glissait doucement sur eux. Leurs cris de jouissance résonnèrent longtemps aux oreilles de Mère Nature, au milieu des oiseaux, de la cascade déferlante et des herbes folles.
۞
Le ciel nébuleux les surprit en début d'après-midi. La pluie tomba en fines gouttes sur l'épaule d'Harry et le réveilla doucement. Il se redressa et se tourna vers son amant qui dormait encore, un de ses bras enroulé autour de ses épaules. Il le regarda un moment dormir, se rendant compte avec délice qu'en ce jour d'été le Seigneur des Ténèbres lui avait appartenu. Il déposa un baiser sur ses lèvres et murmura son prénom tout contre elles. Il craignait un peu qu'il lui en veuille d'utiliser son nom mais il ne se voyait pas l'appeler 'Maître' après la nuit qu'ils avaient passée.
Des yeux noirs le fixèrent un moment avant qu'un léger sourire fasse irruption sur ses lèvres. La pluie était forte à présent mais le Seigneur des Ténèbres ne semblait pas s'en émouvoir tandis qu'il embrassait de nouveau son mangemort préféré.
Un moment de câlin plus tard, ils se levèrent et le Lord Noir fit apparaître des vêtements pour Harry et lui. Ils s'habillèrent en silence et Voldemort les ramena dans la petite maison basse dans la colline d'Harry.
"Tu es prêt à venir avec moi, Harry ?" demanda-t-il tout en picorant son cou de légers baisers.
Harry sentit son cœur bondir de joie.
"Ma valise est déjà prête"
Lord Voldemort esquissa un sourire.
"Alors partons immédiatement, j'aimerais autant prendre le petit déjeuner en Angleterre" dit-il.
"Il est deux heures de l'après midi" souffla Harry.
"Tu as un rythme de vie très décalé" nota Voldemort doucement. "J'imagine que tu n'auras plus besoin de te lever l'après-midi pour aller travailler maintenant…"
Le visage d'Harry s'assombrit.
"Tom"
"Quoi ?" fit celui-ci en regardant avec effarement le visage d'Harry se décomposer.
"Je ne veux pas redevenir un mangemort" répondit-il fermement.
Lord Voldemort leva un sourcil sceptique.
"Tu préfères être un serveur je suppose" fit-il en cachant à peine ses sarcasmes.
"En réalité oui, je ne supporte pas d'être un mangemort ! Je suis un piètre soldat et tu le sais !"
"Non c'est faux, tu es très puissant mais tu refuses de laisser ta magie s'exprimer" répliqua Lord Voldemort.
Harry haussa les épaules.
"Je n'aime pas me battre et je refuse totalement de redevenir qu'un simple mangemort de second ordre à tes yeux !"
"Bien, dans ce cas que faisons-nous ? En tout cas crois-moi je ne vais pas te supplier encore longtemps ! Soit tu viens avec moi soit tu t'enfuis à nouveau mais ne me fais pas perdre mon temps inutilement" déclara froidement le Seigneur des Ténèbres.
Les larmes envahirent les yeux d'Harry mais il refusa de les laisser s'échapper.
"Tu me prends vraiment pour rien !" s'exclama piteusement Harry.
"Non au contraire, c'est toi qui te prends un peu trop de haut ! Je n'ai jamais laissé quelqu'un me tutoyer ni m'appeler par mon nom… Et ce n'est pas la première fois que je fais preuve de clémence envers toi, si tu ne représentais rien pour moi tu serais déjà mort" dit Lord Voldemort qui commençait à s'échauffer.
"Si bien sûr, je suis ce que tous les mages noirs du monde rêveraient d'avoir à ses côtés, n'est-ce pas ? C'est bien cela ce que tu m'as dit il y a plus d'un an dans le Parc de l'Immortalité ? Je sais très bien ce que je suis pour toi ! Je ne suis qu'une 'mère porteuse' immonde juste bonne à appâter les autres comme ce pervers de japonais !"
La gifle qu'il reçut fit sérieusement vaciller le jeune mangemort qui leva des yeux incrédules vers le Seigneur des Ténèbres.
"Tu es un idiot Harry !" déclara le Lord Noir "J'ai rarement vu des personnes aussi idiotes que toi…"
Lord Voldemort vit qu'il avait blessé son amant mais il l'avait bien cherché.
"J'ai toutes les femmes du monde à mes pieds qui seraient prêtes à se damner pour me donner un héritier… Tu crois vraiment que j'aurais attendu un an si je te voyais simplement comme le protégé d'Ishtar ?"
"Tu as bien attendu vingt ans pour Snape" remarqua Harry en crachant littéralement le nom du favori enterré.
"Ne remets pas ce sujet sur ce tapis, je croyais l'avoir clos la dernière fois" avertit Voldemort.
"Excuse-moi" chuchota Harry "C'est juste que je ne veux pas revivre les mêmes années au Château de Salazar"
Lord Voldemort soupira.
"Il n'est pas question que tu vives ailleurs qu'au château Harry, mais tu n'es pas obligé de rester mangemort… même si c'est-ce que je préfèrerais"
"Je peux faire quoi alors ?" demanda Harry.
"Oh eh bien, tu peux bien sûr être serveur au Café des Mangemorts (Harry lui lança un regard noir), être cuisinier avec les elfes (deuxième regard noir) ou bien devenir médicomage"
"Mais je n'ai pas les compétences pour devenir médicomage" contra Harry.
"C'est pour cela que tu devras étudier… au Château de Salazar bien sûr" fit le Lord Noir avec un sourire entendu.
Harry lui rendit son sourire et se sentit un peu bête tout à coup d'avoir piqué sa crise. Mais paradoxalement, il ne s'était jamais senti aussi heureux qu'en cet instant.
"Je t'aime, Tom"
Le sursaut qu'eut Lord Voldemort et son étonnement confirmèrent le fait que ce n'était pas du tout le moment pour annoncer quelque chose comme cela.
"Voyez-vous ça" fit le mage noir en souriant "Auriez-vous oublier votre prince charmant, jeune homme ?"
"Non" avoua Harry "Ça a toujours été toi ! En fait, je crois que je suis amoureux de toi depuis mes quinze ans…"
Lord Voldemort contempla Harry comme s'il le voyait pour la première fois alors qu'un fin sourire sournois prenait place sur ses lèvres.
"Et d'où tu me connaissais à quinze ans ?" demanda Lord Voldemort avant de s'asseoir sur un fauteuil du salon.
Harry s'approcha doucement.
"Je te voyais à chaque rassemblement… mais en fait j'écoutais rien de ce que tu disais !"
Lord Voldemort ne le montra pas mais en réalité ce que lui disait son petit ex-mangemort lui plaisait beaucoup. Il l'attira à lui et le fit tomber sur ses genoux. Ils s'enlacèrent tendrement et finirent par s'embrasser.
"En fait, j'ai voulu rentrer dans la mangemorie pour honorer la mémoire de mon père mais surtout pour toi"
"Tu es fou !" conclut Voldemort "Ça n'a rien d'une sinécure que d'être un mangemort !"
"Je l'ai compris plus tard lorsque j'ai saisi que tu ne poserais jamais les yeux sur moi" avoua Harry avec un sourire dans la voix.
"C'est bien ce que je pensais ! Tu étais effectivement fou pour croire que je ne poserais jamais les yeux sur toi, même si je regrette de t'avoir parlé si tard…"
"Ça veut dire que tu me trouves séduisant ?"
"Ça veut surtout dire que tu es tout à fait mon style Harry James Potter ! Enfin physiquement j'entends parce que moralement t'es encore un peu trop fleur bleue à mon goût !"
Harry fit mine de lui donner un coup dans le ventre mais Tom le cala dans ses bras et l'embrassa une fois encore.
"Mais non je plaisante mon ange, tu es parfait comme tu es."
Harry cacha un sourire dans le cou du Lord Noir.
"On rentre ?" proposa-t-il après quelques minutes.
"Oui, immédiatement… L'Angleterre commençait à me manquer ! Ce pays est décidément vraiment étouffant !"
Harry pesta un moment contre les dictateurs nationalistes avant d'ouvrir les yeux sur son pays noyé de pluie.
Tom et Harry marchèrent rapidement sur le chemin de terre boueux qui menait vers le Château de Salazar, tous deux un peu apeurés d'atteindre les remparts mouillés de la forteresse mais également très heureux d'être enfin à deux.
EPILOGUE
Dans les années qui suivirent, constatation fut faite que le Château de Salazar était berceau de pérennité. A la surprise générale, le couple Blaise et Théo ne se défit pas, pas même après qu'Harry ait révélé à ses amis ce qu'il avait vu un fameux vendredi dans la salle de musique de Lord Voldemort. Draco et Ginny restèrent ensemble, et celle-ci fut totalement guérie de sa maladie. Ron et Hermione connurent des hauts et des bas dans leur relation mais ils tinrent le coup jusqu'au bout.
Harry devint médicomage spécialisé pour les enfants. Il s'occupait notamment des enfants nés au Château de Salazar. En effet, des changements drastiques prirent place après qu'Harry ait rejoint Lord Voldemort en Angleterre. Les femmes furent acceptées plus massivement dans les rangs des mangemorts, et tous eurent le droit d'amener leur compagne ou compagnon au château.
Harry avait continué ses cours de piano en compagnie de Lord Voldemort et n'hésitait pas à lui jouer la mélodie personnelle qu'il lui avait confiée. De temps à autre, on les voyait ensemble dans un des recoins du château mais leur relation était très discrète et personne ne savait réellement ce qu'il en était.
Pourtant, même des décennies plus tard, on pouvait toujours entendre leurs chuchotements et leurs secrets murmurés hanter les hautes parois du Château de Salazar.
THE END.
Désolée pour les nombreuses fautes qui doivent parsemener l'ensemble du chapitre. Je l'ai fini à trois heures du matin et donc il se peut qu'il y ait beaucoup de fautes d'étourderies.
Sinon, j'espère que cette fin ne vous a pas déçue. Je n'ai pas répondu à toutes les questions notamment l'irrésolue : pourquoi Lord Voldemort a-t-il un visage aussi beau et lisse à son âge ? Mais en même temps c'est un peu l'épine du HP/LV ;) ! Je n'ai pas non plus tout explicité, le lemon n'est plus qu'un mini lime, je n'ai pas précisé si Tom et Harry se sont mariés, si Harry a finalement accepté de lui donner un bébé.
A vous d'imaginer ce que vous préférez ! Je n'ai pas voulu diviser les pro et les anti M-Preg ! XD
D'autre part, je vous ai fait un peu découvrir si vous ne connaissez pas une de mes régions préférés en France : le Languedoc - Roussillon ! Surtout l'Hérault, l'Aude et tous les magnifiques paysages. Franchement c'est une magnifique région ! XD J'espère que ça ne vous a pas dérangé de quitter l'Angleterre pour un temps.
En attendant, j'attends vos reviews avec impatience ! Et merci de tout coeur pour vos reviews !!!
BISOUS
SamaraXX