Disclaimer &co. : Je ne suis pas JKR et ne fait pas d'argent avec mes histoires, si jamais vous aviez encore un doute. Spoiler tome 6.
Ceci est une song fic, plus sombre que ce que je fais d'habitude car écrite pour me défaire de certaines choses qui m'ont marqué dans le film "The secret of Brokeback Mountain", donc ne vous attendez pas à une fin heureuse. Vous êtes donc prévenu. Et ne réclamez pas de Séquelle svp, je n'en écrirai pas, pour une fois je veux que ça finisse comme cela, parce que comme dans ce film, certaines histoires ne peuvent pas finir comme on le voudrait.
Remerciements : à Badangel qui à bien voulu être ma bêta sur cette fic : merci !!! Beaucoup !
Résumé : Drago, après son départ précipité de Poudlard, se retrouve pensionnaire forcé au 12, square Grimaud. Il y reverra Harry et une relation clandestine se fera entre eux qui finira par le (les ?) détruire.
POV Drago
Just Looking
Stereophonics
There's things i
want
There's things i think i want
There's things i've
had
There's things i wanna have
Do i want the dreams
The
ones we're forced to see
Do i want the perfect wife
The word
perfect ain't quite right
Shopping every day
Take it back the
next break
They say the more you fly the more you risk your
life
I'm just looking i'm not buying
I'm just looking keeps me
smiling
A house i seen another coulda' been
You drenched my
head and said what i said
You said that life is what you make of
it
Yet most of us just fake
I'm just looking, i'm not
buying
I'm just looking, keeps me smiling
Il y a des choses que je veux.
Il y a des choses que je crois vouloir.
Il y a des choses que j'ai eues.
Il y a des choses que j'ai envie d'avoir.
Est-ce que je veux de ces rêves,
Ceux que nous sommes obligés de voir.
Est-ce que je veux d'une femme parfaite,
Le mot « parfaite » n'a pas de sens.
Faire les courses chaque jour
Attendre la prochaine pause…
Ils disent plus tu planes plus tu risques ta vie
Je ne fais que regarder, je ne suis pas en train d'acheter
Je ne fais que regarder, tu me fais garder le sourire
Une maison j'ai vu, quelqu'un d'autre aurait pu y avoir été
Tu as trempé ma tête et tu as répété ce que j'avais dit
Tu as dit que la vie était ce que l'on en faisait
Pourtant la plupart d'entre nous vivent dans l'illusion
Je ne fais que regarder, je ne suis pas entrain d'acheter
Je ne fais que regarder, tu me fais garder le sourire
Je regarde, abruti, le plafond de cette chambre blafarde dans laquelle je ne fais que boire et vomir, pour recommencer aussitôt. Je suis censé m'écœurer ainsi et aller mieux ensuite, mais je vois bien que je ne fais que sombrer davantage. Peut être devrais-je arrêter, il paraît qu'on peut mourir d'un manque subi dans mon état…
Si je me voyais, je me dégoûterais.
Mais au point où j'en suis, je me moque bien de ce dont j'ai l'air.
Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là.
Je ne suis même pas sûr de connaître mon nom.
Tout ce que je sais, c'est que je l'ai perdu.
Même dans les pires moments, je ne peux pas oublier son nom.
Harry Potter.
Ce nom, je l'ai prononcé sur tous les tons.
Avec haine et mépris, avec rancœur et hargne, mais je l'ai aussi murmuré doucement dans le noir, comme une promesse, susurrée à l'oreille comme un secret, le plus cher de tous .
Tout a commencé quand Severus Rogue m'a fait transplaner des abords de Poudlard… directement au quartier général de l'Ordre du Phœnix.
J'étais encore sous le choc. Le visage d'Albus Dumbledore au moment de mourir m'avait marqué, il avait reçu le sort fatal en me regardant, de l'un de ces regards confiants qui disait une fois de plus que je n'étais pas un meurtrier. Pour lui, c'était une victoire, pour moi, c'était une honte. J'avais failli à ma mission et le sorcier qu'on disait un des plus puissants du siècle se laissait tuer avec une facilité déconcertante. C'était simple, il suffisait pourtant de lever ma baguette et de prononcer deux mots. Rien de plus basique. Mais je n'y arrivais pas. Alors j'ai gagné du temps en parlant, espérant que devant les autres, acculé, j'arriverais à le faire.
Je m'attendais à me retrouver devant Voldemort lui-même, à me faire torturer jusqu'à en mourir, ou pire : devenir sa marionnette, un jouet qu'il ferait souffrir au gré de ses sautes d'humeur, puisque j'avais échoué dans la mission qu'il m'avait confié.
J'y étais déjà résigné.
Mais au lieu du visage reptilien de celui que je devais appeler « Maître », une fois que je me relevais de ma chute après l' « atterrissage » brusque, je me retrouvais devant la dernière personne que je m'attendais à voir : le professeur Remus Lupin.
Mon maître de potions repartait déjà pour expliquer à Voldemort qu'il m'avait tué pour avoir échoué à ma mission. Cette fausse initiative lui coûterait probablement quelques Doloris. Je n'avais pas mérité qu'il les subisse.
L'ancien professeur de défense contre les forces du mal que je m'étais fait un plaisir de dénoncer comme étant un loup garou (Le savait-il ? Severus Rogue n'avait pas été le seul, ce soir là, à s'approcher du saule cogneur…) m'expliqua la situation.
Ma mère était là, en sécurité, et mes biens, officiellement réquisitionnés par le ministère, étaient sous leur protection. Je n'avais le choix que de m'échapper d'ici et devenir une cible vivante en tentant de m'intégrer dans le monde moldu ou de rester cloîtré comme ma mère dans ce bâtiment jusqu'à la fin de la guerre, ce qui pouvait prendre des années.
Comme je tenais plus à ma vie qu'à ma liberté j'acceptais les conditions qu'on m'imposait en interrogeant le loup garou sur les raisons d'un tel « traitement de faveur » : pourquoi prendre un tel risque alors que nous pouvions nous échapper et prévenir Voldemort du lieu où il pourrait massacrer tranquillement ses ennemis ? La réponse qu'il me fit m'étonna : d'abord ils avaient la parole de ma mère qui craignait le retour de Père ou que celui à qui il obéissait s'installe chez nous, ensuite parce que le directeur de Poudlard avait une confiance aveugle en moi, et que si tel était le cas il avait ses raisons. Je n'avais jamais été sûr de mes propres réactions, comment cet homme avec qui j'avais si peu parlé pouvait être si certain de ce que je ferais ? Je trouvais qu'ils prenaient de bien grands risques sur la seule intuition d'un homme.
On m'installa dans une chambre sommaire voisine de celle de Mère qui passait son temps à se rendre invisible et distante, ce qui ne bouleversait guère ses habitudes avant qu'elle ne change complètement. A se retrouver ainsi dans la maison de son enfance, elle se mit à régresser doucement mais sûrement, comme un noyé s'enfonce avec grâce au fond d'un lac.
Désœuvré, n'ayant pu récupérer que très peu de mes affaires personnelles, je finis par faire la chose la plus incroyable qui soit : je sympathisais avec Molly Weasley qui régentait le quartier général de main de maître et finis par l'aider à entretenir la bâtisse en y chassant les parasites qui y pullulaient. C'était dégradant mais cela avait au moins le mérite de me faire me sentir utile et de m'occuper. Et puis Molly, elle, était une vraie force de la nature, si éloignée de l'idée que je me faisais de ce que pouvait être une femme.
Celles de mon milieu se devaient de faire bonne figure, d'être discrètes et de se taire, à tel point que je croyais ce sexe incapable de prendre des décisions ou d'agir par sa propre initiative… Molly, elle, agissait, s'investissait, et gérait sa famille avec une poigne surprenante.
Grâce à elle, je perdis beaucoup de mes a priori sans que jamais nos relations ne deviennent trop affectueuses, ce qui me rassurait.
Grâce à elle, je me débarrassais de beaucoup d'illusions.
Potter m'en fis perdre d'autres…
Il arriva un soir, sans prévenir…
J'étais dans la cuisine, en train d'aider Molly à préparer le repas, tâche qu'auparavant j'avais jugé des plus ingrates mais à laquelle j'avais pris goût, quand la porte s'ouvrit brutalement, laissant place au trio, visiblement à bout de force et maculé de sang.
Je sus plus tard en écoutant aux portes (on ne change jamais totalement) qu'ils venaient de supprimer le « troisième Horcrux ». J'ignorais ce que cela pouvait bien signifier mais ces créatures avaient l'air redoutables pour les avoir mis dans un tel état.
Bien que je sache qu'ils avaient été informés de ma présence, Weasley se retint de justesse de m'égorger et je lisais dans son regard une haine farouche que je ne ressentais plus à son égard. Une étincelle de jalousie aussi en voyant sa mère avec moi. Pourtant c'était lui son fils et je n'avais aucune intention de prendre sa place.
Granger me lança un regard torve et annonça leur réussite en s'empressant de dire à Molly qui frôlait l'hystérie que ce n'était pas leur sang dont ils étaient généreusement éclaboussés.
Potter, lui, se contenta de me fixer, un regard un peu trop profond à mon goût qui me donna l'impression qu'il cherchait à lire dans mes pensées. Peut-être était-ce effectivement le cas.
Ils partirent se laver et se changer pendant que nous finissions les préparatifs du repas.
Prendre conscience que je cuisinais aussi pour Potter me laissa perplexe.
Le trio ne resta que le temps d'une soirée. Je les vis à peine, la majorité de la nuit ayant été occupée par une réunion de l'Ordre. Quand ils quittèrent les lieux, je soupirais de soulagement.
Ma petite vie clandestine reprit comme si je n'avais jamais eu à les recroiser. Mère était redevenue mentalement une enfant de six ans qui recherchait ma compagnie et ne comprenait pas pourquoi j'avais l'air triste quand elle me demandait de jouer avec elle à la poupée. Du temps où elle était mentalement stable, c'est à peine si elle s'intéressait à moi. En femme du monde accomplie, elle préférait me confier aux soins d'une nurse. Elle me gavait de friandises mais gardait toujours une apparence froide, s'intéressait à mes études mais ne me démontrait jamais d'affection. Et là, je la voyais, avec son corps de femme et son esprit d'enfant, petite chose fragile qui se serrais dans mes bras en attendant de moi que je la protège alors que c'est elle qui aurait dû me rassurer. Je lui en voulais pour ça, pour m'offrir si tard ce dont j'avais manqué et attendre de moi ce qu'elle n'avait pas su me donner
Quelques mois plus tard, ils revinrent.
Cette fois, Potter portait sur son dos un Ron gravement blessé et Hermione avait une méchante estafilade au bras. Je ne savais toujours pas ce qu'était un Horcrux mais ils annoncèrent avoir supprimé le cinquième.
Molly passa la soirée au chevet de son fils et Hermione resta des heures dans un petit salon du premier étage avec Remus Lupin. Etait-ce pour lui transmettre des informations ou alors le regard que j'avais cru télescoper entre eux était bien une œillade amoureuse ?
En temps de guerre, la situation est si dure que tous les a priori d'âge ou de classe sont balayés. On n'a pas le temps de se poser de questions. Juste celui de saisir au vol les quelques minutes qui vous aident à vous sentir vivant et à oublier, un temps, le reste.
C'est ce qui m'arriva ce soir là.
Quand je regagnais ma chambre, Potter m'y attendait. Je n'en fus même pas surpris.
Trop de non-dit restaient entre nous, trop de colère, trop de scènes étranges pour que notre relation n'ait pas été ambiguë dès le départ.
Je lui demandais s'il était venu pour finir le travail qu'il avait commencé dans les toilettes, à Poudlard, quand il m'avait lancé ce sort qui avait bien failli me défigurer, tout en me demandant à ce souvenir pourquoi ensuite il m'avait pris dans ses bras en me demandant pardon.
Il me répondit que je n'en valais pas la peine et qu'il avait mieux à faire que s'occuper d'un lâche qui se terrait encore dans les jupes de sa mère.
Il ne m'en fallut pas plus…
Je me jetais sur lui avec toute l'énergie de ma haine.
Nous nous rouâmes de coups, chacun plus violents que le précédent, jusqu'à ce que la tête nous tourna tant que, titubants, nous tombâmes à terre sans cesser de nous battre pour autant.
Et alors que mon corps souffrait, intérieurement, j'exultais.
Nous n'avions jamais su communiquer civilement, et j'avais tenté tant de fois de le blesser de mes mots sans parvenir à mes fins : qu'il me frappe. Parce que frapper, c'était déjà un contact, une réaction que mon corps pouvait ressentir. Chez les sorciers, on se battait à distance, par baguette interposées, à tel point que je me demandais, face aux si rares contacts physiques que j'avais eu, même au sein de ma famille, si j'en étais la cause, si ma personne était répugnante. Alors je me cachais sous des vêtements de luxe, sous des tonnes de gel, sous une montagne de mépris.
Si j'allais être couvert de bleus le lendemain, moi si soucieux de mon apparence, à cet instant précis je n'en avais cure, parce que c'était les poings de cette enflure qui s'abattaient sur moi.
Les siens.
Il suscitait chez moi ce désir malsain. Il me frappait sans ménagement et je me sentais heureux en lui rendant coup pour coup.
Jusqu'à ce qu'il plaque ma tête au sol de ses mains puissantes, et qu'après m'avoir lancé un regard indescriptible, il ne me morde sauvagement les lèvres pour ensuite lécher le sang qu'il avait fait couler et m'embrasser passionnément.
Ecrasé de tout son poids, ses jambes bloquant mes bras au sol, je sombrais dans l'horreur.
Je tentais de me débattre, épuisé par notre lutte, effrayé de le sentir prendre possession de mes lèvres, jusqu'à ce que je me rendre compte avec écœurement que je lui rendais son baiser.
Mon corps avait donc décidé de se soumettre aux désirs de celui que je détestais. Il refusait de répondre à mes injonctions. Mon propre corps m'échappait.
J'étais submergé par la honte et l'indignation, et pourtant ces émotions furent bientôt balayés par un sentiment plus fort et bien plus dérangeant : le plaisir.
Son corps écrasant le mien, son souffle anarchique qui caressait ma joue, les sons mouillés de sa bouche qui se repaissait de moi, l'odeur âcre de sa sueur, ses lèvres un peu gercées qui maltraitaient délicieusement les miennes, le goût de sa langue qui s'insinuait pernicieusement en moi et la vision floue de sa tignasse indomptable qui voilait mon visage… tout cela était ce que j'avais connu de meilleur dans ma vie.
Je n'avais jusque là qu'embrassé chastement Pansy Parkinson, ma promise depuis l'âge de cinq ans qui cherchait toujours à prendre un peu d'avance, mais c'était si différent qu'il était impensable de nommer les deux choses par le même nom : baiser.
Cette ordure prit conscience de ma réaction et cessa de meurtrir mes poignets de ses mollets, libérant mes bras.
Ce qu'il me restait de cerveau intima l'ordre à ces derniers de se fracasser sur les tempes du pervers mais eux aussi refusèrent de m'obéir pour aller fourrager dans sa chevelure dense avec avidité. Je rendis alors définitivement les armes et me laissais, pour la première fois de ma vie, guider par mon instinct.
Je fis basculer Potter sur le dos et glissa mes mains le long de ses flancs avant qu'elles ne se nichent sur ses hanches.
Notre baiser se fit graduellement moins violent, moins vorace. En perdant en puissance il gagnait en sensations. Je pouvais ressentir chaque crevasse sur ses lèvres rêches, chaque caresse rendait de plus en plus douloureuse l'érection que je ne sentais que trop se comprimer dans mon pantalon.
Tout en adoucissant encore mes agissements, je me demandais si je faisais le même effet à Potter mais n'osais pas me plaquer contre son corps pour vérifier.
Quand le baiser se fit si tendre qu'il en était insupportable, nous entendîmes les voix inquiètes de Molly et d'Hermione qui appelaient Harry.
Celui-ci émit un long gémissement à fendre l'âme et quelques minutes plus tard, alors que je me trouvais encore à quatre pattes sur le sol, j'entendis le bruit de la porte d'entrée se refermant sur lui et Hermione. Ils repartaient dans leur quête. Harry avait directement transplanné de sous moi à une pièce voisine pour que personne ne sache rien de notre entrevue.
Et là, je fis une chose stupide, inutile que je n'avais pas fait depuis au moins dix ans : je pleurais. Doucement, en silence, sans en comprendre clairement la raison.
Je finis par me traîner jusqu'au lit tout proche et sombrais très vite dans un sommeil sans rêves.
Ron resta au quartier général pendant trois bonnes semaines. J'observais avec intérêt son rétablissement : quand il serait guéri, Potter reviendrait et j'avais beaucoup de choses à lui dire. Ou plutôt beaucoup de coups à lui infliger. A moins que je n'espère revivre une bataille semblable à celle de notre dernière entrevue… Tout était flou dans mon esprit sauf ma détermination à le voir.
Mais Ron repartit seul du 12, square Grimaud et Potter ne revint qu'une seule fois sur les lieux, alors que je dormais. Je ruminais donc sur mes retrouvailles manquées avec Potter, imaginant des scénarii selon mes humeurs, tantôt sanglants, tantôt troublants.
Quelques mois plus tard, le combat final eut lieu. Ce sale Gryffondor de mes deux l'emporta de façon inespérée.
Après avoir passé près d'un an reclus dans cette maison, rien ne m'y retenait plus, j'étais libre.
Libre de reprendre ma vie là où je l'avais laissée.
Libre de regagner un manoir saccagé et pillé par les Aurors du ministère.
Libre de mettre Mère dans un établissement spécialisé où elle finirait probablement ses jours.
Libre de voir Père condamné par un tribunal de guerre et être exécuté sur la place publique..
La liberté avait un goût plus qu'amer et je me rendis compte que ce que j'avais considéré comme une prison où j'étouffais sans avoir eu l'occasion de choisir mon camp avait plus tenu du refuge. J'y avais trouvé, malgré ces temps troublés, le moyen d'y grandir, de me forger ma propre opinion, et même si je ne revis plus jamais Molly Weasley, une amie.
Je repris mes études par correspondance tout en gérant le manoir familial, essayant de lui redonner l'allure d'antan.
Les Parkinson vinrent me rappeler la promesse que leur avait fait mes parents et j'acquiesçais sans me poser de questions : mon mariage avec Pansy était dans la logique des choses. Elle renforcerait la fortune et le pouvoir de nos deux familles, il devait avoir lieu. Elle m'aiderait aussi grandement à restaurer l'honneur de mon nom et prouverait à ceux qui pensait que la guerre aurait terni l'aristocratie sorcière qu'il n'en était rien. La vie reprenait son cours, tout simplement.
Quand ils me parlèrent de future descendance avec des sourires qui se voulaient complices, l'envie de vomir me saisit en m'imaginant chevaucher mon amie d'enfance mais je ne devais pas en tenir compte.
Nous décidâmes que l'union de nos deux familles aurait lieu deux ans plus tard.
Le temps que je purge définitivement les affaires des Malefoy de tout commerce illégal et refasse une réputation à la lignée dont je venais.
Les Parkinson n'avaient jamais été Mangemorts et tenaient à ce que l'on oublie les actions passées de Père.
Deux ans, c'était suffisant : étonnant à quelle vitesse la populace oublie les plus grands scandales.
Pendant ce temps « le sauveur du monde sorcier » oscillait entre la vie et la mort à Sainte Mangouste. On le disait entièrement zébré de cicatrices.
Je songeais à lui rendre visite, pour pouvoir le narguer tout mon saoul et lui dire le mépris qu'il m'inspirait mais je craignais qu'il ne se réveille et me traite encore de lâche pour avoir vidé mon sac devant un comateux.
J'avais envie de voir aussi sa nouvelle apparence, de savoir ce que je ressentirais face à lui pour comprendre ce qui avait bien pu nous arriver, mais je n'en fis rien.
Un an plus tard, j'avais rétabli la fortune et la réputation des Malefoy, et pour cela je m'étais imposé de nombreuses réceptions mondaines.
C'est pendant l'une d'elles que j'appris que Potter était sorti de son coma.
Tout le monde, du sang pur le plus hostile au défenseurs des sangs de bourbe le plus acharné s'empressa de l'inviter : il était forcément bien vu de fréquenter le héros du siècle.
Cependant, celui-ci n'accepta aucune cérémonie à son honneur, ni de se rendre à aucune des réjouissances qu'on lui suppliait d'honorer de sa présence.
Les familles nobles ne se lassaient pourtant pas de l'inviter à la moindre de leur fête : c'était à qui aurait le privilège de le faire changer d'avis.
A peine remis, Potter fut sélectionné d'office dans toutes les grandes équipes de Quidditch.
Le ministère lui faisait des ponts d'or pour l'avoir comme Auror ou simple conseiller mais il faut croire qu'il avait eu son lot de batailles et ne souhaitait pas se lancer dans la politique.
L'aurait il voulu que comme Dumbledore en son temps il aurait été élu premier ministre sans même avoir besoin de faire campagne.
Il choisit d'enfourcher son balai et de se relancer à la recherche perpétuelle du vif d'or. Malgré le rude entraînement que cela demandait, surtout pour quelqu'un à peine sorti de convalescence, il rentra très vite dans l'équipe des Canons de Chudley qui dut changer sa devise à force de gagner match sur match grâce à lui. Je le soupçonnais d'avoir choisi cette équipe de loosers dans le seul but de faire plaisir à ce crétin de Weasley.
Sans bien comprendre ce qui m'y poussait, je conservais entre mes livres de comptes un carnet dans lequel je collais tous les articles, élogieux ou critiques, dans lequel on parlait de lui.
Trois mois après sa sortie de Sainte Mangouste, je le croisais dans les couloirs du ministère. Je le toisais, contrarié de ne pas avoir en bouche les mots cinglants que j'avais préparés depuis des mois, me disant qu'il ne ressemblerait jamais à autre chose qu'un gringalet mal nourri n'ayant pas fini sa croissance et perpétuellement dépenaillé.
Nous entrâmes dans le même ascenseur. Il s'était mis au fond pour ne pas être dévisagé par les autres occupants de la cabine. Poussé malgré moi par ces derniers, je finis par me retrouver à ses côtés.
L'ascenseur commença à s'élever, me laissant toujours dans un état un peu cotonneux en sentant le sol se dérober sous mes pieds… A moins qu ce ne fut le parfum de mon voisin qui me ramenait à des souvenirs que j'avais tenté d'oublier.
Nous n'échangeâmes pas un regard, mais quand il descendit au septième étage, département des jeux et sports magiques, il frôla ma main en partant, ce qui me fit sursauter.
Malgré moi, après son départ, je touchais mes lèvres de la main qu'il avait effleurée comme si elles venaient juste d'être touchées. Ce fut le léger son qui annonça l'ouverture de la porte à mon étage qui me ramena à la réalité.
A partir de ce jour, je me rendis partout où l'on annonçait sa présence.
Je ne cherchais pas à l'approcher, j'avais juste un besoin étrange de le voir.
De détailler les expressions de son visage, de le voir converser avec d'autres, d'observer chaque partie de son corps avec une précision clinique, comme si je cherchais à en retenir les courbes pour les reproduire ensuite.
C'est ainsi que lors d'une interview qu'il donnait à la fin d'un match de Quidditch, interview pendant laquelle j'avais focalisé mon regard sur ses chevilles dévoilées par des sandales légères, je sentis que l'on me dévisageait avec insistance. Je relevais la tête pour croiser le regard de Potter qui me fixait par dessus l'épaule du journaliste.
Un regard doux empreint d'une profonde tristesse que ni la foule qui se pressait hystériquement contre les barrières ni le chroniqueur sportif auquel il parlait ne remarqua.
Un regard qui me fit mal.
Je continuais cependant de le suivre à la trace, dès que l'occasion se présentait… Il me cherchait du regard dans la foule pendant que je l'observais en prenant bien garde de ne pas être vu. Le jeu du chat et de la souris.
Un jour, je le croisais par hasard sur le Chemin de Traverse. Il était méconnaissable : une frange épaisse cachait sa cicatrice et ses cheveux étaient plaqués sur sa tête de façon aussi peu gracieuse que les miens quand j'avais onze ans. Il s'était habillé d'un immonde manteau en polaire bleu râpé. Malgré tout cela je le reconnu : j'avais passé trop de temps à mémoriser son apparence pour me laisser ainsi berner.
Il entra dans une librairie et commença à fureter entre les rayons. Je restais devant la vitrine, les deux mains posées dessus comme un enfant devant une boutique de bonbons, et je le dévorais des yeux.
Un vendeur vint m'aborder, se demandant probablement quel ouvrage exposé pouvait donc à ce point susciter mon admiration.
- Puis-je vous aider ? demanda-t il aimablement
- Non, merci, je ne fais que regarder » lui répondis-je machinalement sans perdre Potter du regard. Ma propre réponse me fit sourire.
Ma vie était ainsi rythmée : je gérais mes affaires, m'enrichissais de jour en jour, et passais mon temps libre à traquer Potter.
La date, l'heure et le lieu de mon mariage furent définitivement fixés. Il était presque inutile d'envoyer des faire-part : les journaux ne parlaient que de ça dans leur rubrique mondaine, comme s'il s'était agi de l'événement de l'année. Les chroniqueurs vantaient à qui mieux mieux les choix « divins » que nous avions fait et bavaient sur l'empire financier qu'une telle union représentait.
Les elfes de maison se chargèrent de faire le compte des réponses, toutes positives.
L'un d'eux vint me voir, m'annonçant qu'une personne à laquelle nous n'avions pas envoyé de faire-part avait cependant envoyé une lettre confirmant sa présence.
Je lui arrachais des mains la missive du pique-assiette qui avait eu cette outrecuidance et devant la signature, je restais bouche bée.
Harry Potter…
Celui-là même qui n'avait pas répondu aux supplications de toutes la noblesse sorcière qui sollicitait sa présence s'invitait à mon mariage.
Sa présence m'assurait une réputation excellente et balaierait les derniers mauvais souvenirs que mon Mangemort de père avait laissés. Je ne pouvais décemment pas refuser un convive pareil.
A partir de ce moment, alors que jusqu'ici je déléguais beaucoup de l'organisation de mon mariage, je m'en occupais personnellement et la moindre difficulté me rendait nerveux et anxieux. Pansy s'en attendrissait, me trouvant adorable de vouloir que tout soit parfait. Pour elle, ce mariage n'était pas un accord économique et stratégique mais la réalisation de son rêve de fillette et bien que j'ai été toujours plutôt distant avec elle, elle ne s'en accrochait que plus à moi.
La cérémonie fut somptueuse. J'avais fait les choses en grand et mes invités en étaient impressionnés. Pansy rayonnait dans sa robe de soie ivoire, je tentais d'avoir un mot aimable pour chaque convive mais celui sur lesquels tous les regards convergeaient n'était pas l'épousée et j'évitais soigneusement de croiser sa route.
« L'Elu » avait pour une fois soigné son apparence. Le smoking lui allait à la perfection et s'il était continuellement importuné par ceux qui avaient souhaité sa mort il n'y a pas si longtemps de cela et qui se courbaient à présent servilement devant lui, il ne montra rien de son exaspération. Tout en restant à distance, je ne me gênais pas pour moi aussi le fixer.
J'aurais dû cependant cesser de le faire quand je répondis « oui, je le veux » à la question du maître de cérémonie. Car alors il me lança un regard par dessus ses lunettes qui me fit rougir comme un collégien.
Dans la salle de bal, des milliers de chandelles flottaient au plafond. Leurs lumières étaient amplifiées par les miroirs qui recouvraient entièrement les murs de la salle de bal, et quelques tentures de velours cramoisi réussissant à rendre la pièce monumentale chaleureuse.
J'ouvris le bal avec Pansy, bien sûr. Celle-ci ne cessait de rire nerveusement depuis que nous étions mari et femme, en montrant à qui voulait la voir son alliance incrustée de saphirs. Ce qu'elle pouvait m'agacer ! On aurait dit que son alliance comme moi même étions un trophée à exhiber en public, elle se glorifiait d'une chose pour laquelle elle n'avait aucun mérite puisque cet arrangement avait été décidé par nos parents. J'avais beau lui rappeler discrètement et de mon ton le plus glacial qu'il n'y avait aucune gloire à ce mariage arrangé, elle me susurrait que je ne tarderais pas à changer d'avis sur le mariage et que bientôt je me féliciterais de l'avoir pour femme. Son souffle dans mon oreille me faisait frissonner de dégoût.
Je vis un instant Potter danser avec Theresa Combwire, la fille d'un de mes meilleurs clients, inconscient des réactions qu'il déclenchait : les parents, ravis, se frottaient les mains en calculant déjà ce qu'une union avec le sauveur du monde sorcier pourrait leur rapporter.
Il me narguait du regard. Lorsque le couple qu'ils formaient se rapprocha du notre, il nous arrêta pour me dire simplement : « vous permettez ? »
Et avant que je ne réponde, il repartait, virevoltant avec mon épouse.
Je m'en voulus d'avoir pensé une fraction de seconde que sa demande était pour moi, d'autant plus que l'idée en était risible, et finis la danse en compagnie de Theresa.
Le pire de tout, en fait, c'était que je l'ai espéré, alors que je ressentais toujours en moi ce vague sentiment de vengeance. Peut être l'avais-je souhaité pour avoir la satisfaction de refuser son invitation et de l'humilier devant témoins…
Dès que la bienséance me le permit, je m'isolais et regagnais ma chambre.
Pansy, bien sûr, me suivit en rougissant.
Elle s'assit sur la couche alors que j'allais me changer dans la salle de bain.
Quand j'en revins, elle y était étendue dans une nuisette de soie pêche. Elle avait pris une pause qu'elle devait croire langoureuse mais n'ayant rien d'une pin up, elle était tout simplement ridicule.
L'expression « devoir conjugal » se fit entendre dans ma tête et je m'exécutais sans conviction. Cela faisait partie des responsabilités d'un Malefoy. Ce mariage, avait aussi pour but d'avoir une descendance et bien que l'idée de voir ou non un bébé de mon propre sang dans ma maison me soit égal, j'avais des responsabilités à assumer.
Je m'allongeais donc près d'elle et tout en la prenant dans mes bras, je me dis que cela ne pouvait pas être moi, ni elle, que ça n'avait aucun sens mais que pourtant cela avait lieu.
Ce n'était ni plaisant, ni répugnant. C'était juste… différent.
Je fus soulagé de la voir s'endormir rapidement. Elle s'accrochait tendrement à moi, ce qui me mettait mal à l'aise.
Je me dégageais de son étreinte et quittais le lit pour retourner dans la salle de bain : j'éprouvais le besoin de me laver une fois de plus et d'enfiler un nouveau pyjama.
Puis je me rendis sur la promenade de pierre qui faisait le tour de tout le premier étage et observais distraitement les invités qui prenaient l'air dans le parc.
La nuit était douce, un vent léger léchait mon visage, en bas les bruits étouffés de la fête créaient une étrange berceuse.
C'est alors qu'il vint s'accouder à côté de moi, ses cheveux se mouvant au rythme lent de cette brise d'été. Je ne me tournais pas vers lui, nous n'échangeâmes pas un mot. Nous regardions ensemble ces autres rire, se disputer ou se cacher derrière un bosquet…
Serein, j'écoutais le bruit calme de sa respiration.
J'étais bien.
Au bout d'un long moment, il se tourna vers moi, pris ma main et je me laissais conduire dans une des nombreuses chambres que les elfes avaient préparées pour les invités.
Il referma la porte derrière nous et se posta face à moi.
Je savais ce qu'il voulait, et je le désirais aussi.
Je lui demandais, reprenant ses mots s'il n'avait pas mieux à faire que s'occuper d'un lâche qui ne se préoccupait de rien d'autre que de son nom.
Il me répondit que ce soir, il avait envie d'oublier le sien, comme le mien.
J'approuvais d'un hochement de tête et m'assis sur un des fauteuils du coin salon de cette chambre, trop vaste comme toutes celles de cette maison. Il s'assit à son tour et alluma ce que j'appris plus tard être une cigarette. L'odeur de la fumée était âcre, mais le spectacle me captivait. La fumée s'échappait de sa bouche après qu'il ait pressé sensuellement ses lèvres contre ce petit rouleau incandescent, il en avait l'air apaisé.
Quand il en écrasa les restes au fond d'un vide-poche en cristal, j'étais encore hypnotisé.
Il s'approcha de moi et me demanda doucement si j'étais sûr de vouloir être là, après tout j'étais censé passer la nuit auprès de ma femme.
Je rétorquais, contrarié qu'il me rappelle la présence à quelques mètres de là de Pansy, que j'avais fait ce qu'on attendait de moi et qu'à cette heure j'avais envie d'agir pour moi.
Et agir pour moi, cela voulait dire aller jusqu'au bout de mon envie de lui. J'avais peur, je devais être fou pour désirer une chose pareille, mais je pensais que si je ne m'offrais pas cette folie, je me priverais moi même de vivre.
Alors j'avançais mes mains pour les poser sur ses épaules, me levais légèrement vers lui et l'embrassais.
Cette fois, ses lèvres étaient délicieusement veloutées, elles glissaient sur les miennes pour mieux revenir s'y presser.
Il s'assit sur mes genoux. Sa main droite s'enroula sur ma nuque, déclenchant un frisson le long de mon échine, la gauche se posa au creux de mes reins pour me rapprocher de lui.
J'avais passé des mois à me contenter de le regarder, tentant de nier encore qu'il m'avait offert le meilleur moment de mon existence, à l'épier plus encore qu'il ne l'avait fait lui-même durant cette horrible dernière année à Poudlard, mais maintenant je devais me rendre à l'évidence.
De lui, j'attendais bien plus qu'une vue agréable et un simple baiser.
Pourtant, je n'avais jamais regardé de cette façon un autre homme, il ne pouvait être qu'une exception.