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A Nu

« Je pense que personne ne savait encore qui tu étais réellement, d'où tu venais… C'était si évident, quand j'y repense… Et si je l'avais su, les choses auraient sûrement été plus faciles entre nous. Car à ce moment-là, tu n'avais encore aucune raison de me haïr, Meg… Pas encore… et plus jamais, car le Lucius que je suis ne t'aura rien fait, finalement… »

La lettre de Meg serrée dans la main, Ginny arpentait les couloirs de Poudlard à la recherche de son frère. Le château était rempli de membres du ministères, d'Aurors ainsi que de parents bouleversés venus chercher leurs enfants. Après tous les évènements récents survenus, Poudlard allait fermer quelques semaines. Le château devait être évacué ces prochains jours.

Finalement, Ginny parvint à se frayer un chemin parmi la foule et y vit son frère, discutant avec Neville, l'air grave.

-Ron ! appela-t-elle.

-Ginny ? fit ce dernier en se retournant vers elle. Tout va bien ?

-Oui, euh… Meg a laissé ceci pour toi, expliqua Ginny en lui tendant l'enveloppe. Je pense que c'est une lettre.

-Une lettre ? s'étonna-t-il. Pour quoi ? Et pourquoi à moi ?

-Je pense que tu le sauras en l'ouvrant, lui répondit sa sœur en haussant les épaules.

Ron se saisit alors de l'enveloppe que lui tendait sa sœur et l'examina.

-« Pour Ron », lit-il. Bon… eh bien, je vais aller lire ça dans ma chambre. A plus tard, Neville, Ginny…

Après avoir pris congé de son ami et de sa sœur, Ron se dirigea vers la tour des Gryffondor avant de monter jusqu'à son dortoir. Tout ceci l'intriguait. Pourquoi Meg lui écrivait-elle, à lui ? Qu'est-ce que cette lettre signifiait donc ?

La dernière lettre qu'il avait reçu d'Hermione l'avait suffisamment secoué comme cela, il espérait que celle-ci ne lui ferait pas le même effet, après tout ce qu'ils venaient de vivre.

Il eut la chance de trouver son dortoir vide lorsqu'il y pénétra et soupira de soulagement. Ainsi, il pourrait lire sa lettre en paix. Et sitôt installé à plat ventre sur son lit, il déchira l'enveloppe et commença sa lecture. Il fut déjà tout surpris de constater la longueur du message. Meg lui avait écrit un véritable roman…

« Cher Ron,

Je t'avoue n'avoir jamais été très douée pour les explications et j'ignore par où commencer… Mais t'écrire cette lettre est nécessaire pour que tu comprennes… Je n'aurais jamais pu te dire tout cela en face, je n'aurais probablement pas eu le courage de terminer ce douloureux récit jusqu'au bout. D'ailleurs, je n'ai même pas encore commencé que mes yeux se remplissent déjà de larmes. C'est tellement dur… Mais il le faut. Et j'espère que tu sauras lire tout ce que je m'apprête à te révéler comme je le veux…

Je crois que le plus simple est de commencer à te dire qui je suis, et d'où je viens. Car tu as raison, je n'ai pas été honnête envers toi et Harry. Je ne pouvais pas. Mais maintenant que tout est fini et que j'ai réussi ma mission, il faut que vous sachiez. Je m'appelle réellement Megara, ai bel et bien vingt-six ans, fait mes études à Poudlard et y ais été accueillie par la maison Serdaigle, mais tout cela il y a pas dix ans car tout cela ne s'est pas encore produit, Ron.

J'ai mis des années pour me procurer ce Retourneur de Temps, et des mois pour lui permettre de remonter les années. Et quand j'y suis finalement parvenue, je suis remontée dans le passé. Vingt-six ans en arrière. Mon âge. Je ne moque pas de toi, tout ceci est réel. Tu n'as rien pu trouver sur moi tout simplement parce qu'à cette époque, je n'existe pas encore. Je ne naîtrais que dans quelques mois. Et je suppose qu'Hermione a déjà dû te l'annoncer, ou sinon, je vais le faire : Elle est enceinte.

C'est délicat à dire et je m'excuse de t'annoncer comme ça de cette façon, te dire que… eh bien, oui, que je suis ta fille. Votre fille, à Hermione et toi. Cela m'a fait très bizarre de débarquer dans ce monde où je suis plus âgée que mes propres parents, et de découvrir leur vie, adolescents. Et surtout de rencontrer Hermione… Je ne peux pas me résoudre à l'appeler Maman ici, car elle est plus jeune que moi et que c'est étrange… mais rien ne m'aura fait plus plaisir que de la connaître enfin. Car je n'ai jamais eu l'occasion de vivre avec elle. Et seulement très peu de temps avec toi.

Me voilà arriver à un point spécialement pénible et douloureux et ma main tremble tellement je répugne à revivre tous ces pénibles moments, même si c'est nécessaire. Hermione est malade, Ron. Très malade. J'ignore si elle le sait déjà mais il ne reste plus beaucoup de temps… Elle est morte de cette maladie incurable peu de temps après ma naissance. Et je me dois de te raconter ce qui va suivre pour ne pas que cela de reproduise, même si cela va probablement t'horrifier.

Hier soir, lorsque les Mangemorts ont attaqué le château, Harry et Ginny, qui sont comme tu l'as compris mes oncle et tante, auraient dû être tués par les Mangemorts. Par Lucius Malefoy… Et durant ce combat, tu aurais dû être mortellement blessé et perdre tes deux jambes. A cause de Lucius Malefoy également… Un an plus tard, Hermione mourrait de sa maladie, te laissant seul avec moi. Tu as essayé de tenir bon pour moi, pour ne pas m'abandonner… Mais tu souffrais trop, sans celle que tu aimais, sans ta sœur et ton meilleur ami, te retrouvant infirme et malheureux. Et je ne peux pas t'en vouloir t'avoir mis fin à tes jours ce soir-là, alors que je n'étais qu'une enfant, Ron…

Dans mon monde, Voldemort et Lucius Malefoy sont morts depuis longtemps, mais j'ai perdu ma famille… A cause d'eux. A cause de Malefoy, en particulier… Et c'est pour cela que j'ai remonté le temps. Non seulement, pour pouvoir passer du temps avec vous quatre, ma famille, et maintenant tu sais pourquoi j'étais si attachée à vous, mais aussi pour tuer Lucius Malefoy, afin d'éviter ce massacre. Je le haïssais plus que tout et je voulais qu'il souffre pour avoir détruit ma famille… Je n'ai pas réussi à le tuer, mais étant donné que j'ai pu prévenir tout le monde de l'attaque des Mangemorts, tout le monde était suffisamment prêt pour éviter un tel massacre et, Merlin merci, toi, Ginny et Harry, êtes saufs. Cela ne résout pas le problème d'Hermione qui devra inévitablement nous quitter dans peu de temps, mais je suis heureuse d'avoir réussi ma mission, même si ce n'est pas de la façon que j'avais prévu. Dans ce monde, tu seras en bonne santé et tu auras ta sœur et ton meilleur ami, ainsi que le reste de ta famille auprès de toi. Ils t'aideront à surmonter la mort d'Hermione, je le sais. Et moi… enfin, je veux dire, la petite Meg qui naîtra dans quelques mois, pourra grandir au sein d'une vraie famille, avec son père, son parrain, sa marraine, ses grands-parents et ses autres oncles. Car cela n'a pas été le cas pour moi.

Voilà la raison pour laquelle je me suis présentée sous le nom de Greeley. Etant donné qu'à mon époque, le reste de la famille Weasley est morte durant la bataille finale ainsi que les Granger, assassinés par la suite pour être les parents de celle qui avait aidé à tuer Voldemort, je n'avais plus personne pour veiller sur moi. J'ai donc été confiée juste après ta mort à une famille d'accueil ; les Greeley. Des sorciers très gentils qui se sont bien occupés de moi. Par la suite, je suis entrée à Poudlard et c'est en y sortant que j'ai commencé à mettre mon plan en marche. Toujours folle de rage contre ses horribles Mangemorts ayant détruit ma famille, je chassais également les personnes soupçonnées d'être de futurs mages noirs dans mon monde et aidais à maintenir la paix. Et puis, quand le Retourneur de Temps a enfin fonctionné, je suis partie dans votre monde pour détruire cela que je haïssais le plus au monde pour ce qu'il avait fait : Lucius Malefoy. Et également pour vous connaître et vous permettre de vivre, avec la future Meg, puisque cela n'a pas été le cas dans mon monde.

Je crois que j'arrive à la fin de mon récit… Cela a probablement la chose la plus dure que j'aie eu à faire de ma vie, t'annoncer ça comme cela… Mais il fallait que tu saches, Ron. Tu étais la seule personne à qui je puisse révéler tout ça. Il ne faut parler à personne de cette lettre, ils comprendront le moment venu. Et je t'en prie, je t'en supplie. A présent que Ginny et Harry sont sauvés ainsi que le reste de ta famille, compte sur eux et de ne perd pas espoir lorsque Hermione devra s'en aller… Ce qui t'est arrivé dans mon monde ne doit pas se reproduire. Et profite d'elle tant que tu le peux. Chaque instant de cette dernière année pour vous deux compte. Je sais que vous ne vous êtes jamais entendus car vous ne vous étiez jamais avoué que vous vous aimiez. Dans ce monde, ne fais pas la même erreur. Elle t'aime aussi, et vraiment. Dis-le lui, dis-lui ce que tu ressens vraiment pour elle et chéris-la tous les jours jusqu'au dernier jour.

Je te fais mes adieux ici, Ron. Je pense que nous ne nous reverrons pas avant mon retour dans mon monde, là où est malheureusement ma place. Te revoir me sera trop dur… Mais ce n'est pas un véritable au revoir pour toi. Tu me reverras dans quelques mois, ou plutôt, tu reverras la nouvelle Meg, qui naîtra dans un monde meilleur, je le sais…

Je ne te l'ai pas assez dit dans mon monde et même si ce n'est pas exactement la même chose, je t'aime, papa. Passer ces quelques mois auprès de toi et d'Hermione aura été la chose la plus merveilleuse qui m'ait été donnée. Sois heureux, je t'en prie.

Pour toujours,

Meg. »

Le malheureux Ron tremblait de tous ses membres et son visage était inondé de larmes comme jamais auparavant. Il n'arrivait pas à enregistrer toutes ces révélations qui lui tombaient dessus, c'était trop dur… Meg sa fille, Hermione mourrant, Lucius tuant ses proches… C'était trop d'un coup pour lui…

La lettre tomba lentement jusqu'au pied du lit, les mains chancelantes et moites de Ron l'ayant lâchée sans même s'en apercevoir, sous le choc.

Il était ébranlé, anéanti.

Et pourtant, ces déclarations expliquaient tant de choses… Tout concordait à présent concernant la personnalité de Meg. Il n'arrivait pas à croire que cette jeune femme qu'il avait toujours trouvée étrange et même assez effrayante parfois n'était autre que sa fille… Il comprenait à présent la curieuse impression d'attachement qu'il avait ressenti pour elle, de même que ce besoin de savoir qui elle était. Et il était certain qu'Hermione ressentait la même chose.

Hermione… sa chère Hermione… Il savait qu'elle était enceinte, elle le lui avait annoncé la veille dans son petit mot mais ils n'avaient pas encore eu l'occasion d'en discuter… Depuis, il n'avait eu de cesse de se poser des milliers de questions. Allaient-ils le garder ? Ferait-il un bon père ? Cela officierait-il enfin la relation étrange, secrète et passionnée qu'il avait avec Hermione depuis quelques mois ?

Mais qu'est-ce que tout cela était, comparé au boulet de canon que Meg venait de lâcher sur ses épaules ?

Hermione était malade…

Hermione allait mourir…

Et lui allait devoir garder tout cela pour lui jusqu'au moment fatidique. Et il s'en voulait terriblement… Il s'en voulait de ne jamais avoir dit à Hermione ce qu'il éprouvait réellement pour elle, qu'il aimait depuis le premier jour… Il avait toujours pensé qu'une fois sorti de Poudlard, ils n'auraient plus peur de ce qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre et pourraient enfin être ensemble avec la vie devant eux.

Foutaises, car c'était la fin pour son Hermione. Et il n'avait pas su en profiter.

Ravalant ses larmes, Ron repensa alors aux mots de Meg.

« Profite d'elle tant que tu le peux. Dis-le lui, dis-lui ce que tu ressens vraiment pour elle et chéris-la tous les jours jusqu'au dernier jour. »

Un an seulement… Mais peu importe. En un an, il aurait le temps de lui prouver son amour, et il était à présent prêt à faire tout pour la combler et la rendre heureuse jusqu'au bout.

¤¤¤

Le visage crispé, Hermione sortit des toilettes des filles du premier étage, blême. Des nausées, encore. Les débuts de grossesse étaient bien désagréables. Elle dormait très peu, se nourrissait mal, passait son temps à vomir… Ajouté à cela l'ultime bataille de la veille et le fait qu'elle ne connaissait toujours pas la réaction de Ron ne l'aidait pas à aller mieux.

De plus, depuis quelques semaines, elle ne se sentait pas très bien. Elle avait de plus en plus de problèmes pour respirer et avait déjà manqué de s'évanouir plusieurs fois. Et cela n'avait rien à voir avec son état ; cela n'était pas des symptômes de grossesse et de plus, elle les avait depuis déjà un bon moment avant de tomber enceinte, elle le savait.

Se disant qu'elle irait consulter un médecin dans quelques jours, elle prit une profonde inspiration et monta, les jambes tremblantes en direction du dortoir des garçons.

Il fallait qu'elle parle à Ron pour connaître sa réaction par rapport au bébé.

Lorsqu'elle ouvrit la porte de la chambre, elle le trouva tout justement allongé à plat ventre sur son lit, le visage contre le matelas.

Pensant tout d'abord qu'il dormait, Hermione avança sur la pointe des pieds jusqu'à lui après avoir refermé la porte derrière elle.

Le léger claquement fit sursauter Ron qui releva vivement la tête pour découvrir la jeune fille à côté de lui.

-Her… Hermione ! s'étrangla-t-il en se redressant.

-Oh, Ron ! s'affola Hermione en découvrant son visage défait. Merlin, qu'est-ce que tu as ? On dirait que tu as… pleuré !

Il ne répondit pas et baissa légèrement la tête.

-C'est mon mot qui t'a mis dans cet état ? s'enquit Hermione. Tu l'as lu, n'est-ce pas ?

-Oui, je l'ai reçu, confirma Ron en soupirant.

Un ange passa. Tous deux ne dirent plus un mot, gênés, durant quelques secondes. Hermione songeait à leur bébé tandis que Ron était hanté par toute la lettre de Meg. Finalement, ce fut la jeune fille qui rompit le silence.

-Ron, sois honnête… Cet enfant est à nous deux. Serais-tu prêt à l'élever ?

-Evidemment ! répliqua Ron, hurlant presque.

Hermione tressaillit à cette réponse violente et inattendue… mais tellement espérée.

-Je veux dire, bredouilla-t-elle. Nous ne sommes jamais sortis ensemble et ce qui s'est produit entre nous… durant ces quelques mois, je ne sais pas si pour toi cela avait la même importance et…

-Hermione… murmura Ron en lui prenant les mains. Ecoute…

Mais au même instant, une voix retentit au même étage. Celle de Neville.

-Ron, tu es là ? Descend, tes parents viennent d'arriver, ils sont en bas.

Ron soupira et répondit à Neville qu'il viendrait dans une seconde avant de se tourner vers Hermione d'un air grave.

-Attend-moi, s'il te plaît, lui murmura-t-il. Il faut que nous parlions. Je n'en ai pas pour longtemps.

-D'a… d'accord, bredouilla Hermione en le regardant se lever de son lit pour disparaître dans les couloirs.

Décidée à l'attendre jusqu'à son retour, elle se laissa tomber sur le lit lorsque soudain, elle entendit un bruit de froissement à ses pieds.

Elle se pencha pour découvrir qu'elle venait de marcher sur un parchemin se trouvant au pied du lit. Ce parchemin que Ron avait, sous le coup du choc, laissé tomber sans s'en rendre compte quelques instants plus tôt.

Tout naturellement, elle le ramassa et découvrit que cela semblait être une lettre. Intriguée, elle lit la première et la dernière phrase. Une lettre de Meg à Ron ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi lui écrivait-elle ?

Hermione savait bien que c'était mal de lire le courrier d'autrui, que c'était une violation d'intimité, voire un manque de respect. Mais elle était véritablement trop curieuse de voir ce que Meg voulait à Ron. Pensant à l'idée que tous les deux auraient bientôt un bébé ensemble, elle n'hésita plus et parcourut la lettre avec une avidité croissante.

« … Je ne te l'ai pas assez dit dans mon monde et même si ce n'est pas exactement la même chose, je t'aime, papa. Passer ces quelques mois auprès de toi et d'Hermione aura été la chose la plus merveilleuse qui m'ait été donnée. Sois heureux, je t'en prie.

Pour toujours,

Meg. »

Comme pour Ron, la lettre tomba des mains à présent inertes et molles d'Hermione dont le visage était fantomatique. Des tas d'images hantaient à présent son esprit.

Fille.

Futur.

Maladie.

Mort.

Mort.

Mort.

Hermione ne put en supporter davantage et éclata en sanglots violents et hystériques avant de s'enfuir à toutes jambes, pour aller ailleurs, loin… là où elle se réveillerait pour se rendre compte qu'elle avait simplement rêvé cette lettre…