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chapitre 22 - à propos d'hommes invisibles

Remus scruta la chambre vide avec un malaise grandissant. Dans son agitation, il failli trébucher sur l'ourlet de la cape en traversant la pièce.

Est-ce que Sirius s'est à nouveau enfui? Il a prit Harry et est parti? Ou est-ce un piège? Que s'est-il passé?

Ces questions tournaient en boucle dans son crâne comme un disque rayé. Il était sûr qu'en deux heures il deviendrait fou.

Mais tout les signes laissaient croire que Sirius était simplement sorti avec l'enfant. Il y avait de l'argent caché dans le sac de voyage, des vêtements propres pliés sur la table, de la soupe chaude dans la cafetière. Sirius l'utilisait comme réchaud, et Rémus remarqua plusieurs sachets de poudre juste à côté. Il en souleva un pour l'examiner.

Protéines pouvait-il lire simplement, suivi d'une longue liste d'ingrédients sans queue ni tête.

Remus le replaça lentement sur le comptoir, retournant près de la fenêtre. Il fronça les sourcils. La dame était sincère quand elle disait que Sirius s'occupait du fils de James. Tout montrait que Harry recevait des soins de docteurs modus. Il paraissait en vie, et sauf, mais…

Le son de l'eau contre la fenêtre résonna dans la pièce. Il repoussa un coin de rideau, observant le ciel gris et la terre humide plus bas. Il avait du commencer à pleuvoir seulement quelques secondes plus tôt, et vu la couleur du ciel, on pouvait s'attendre à un véritable déluge.

Une ombre derrière la vitre surgit brusquement, et il recula d'un pas.

La baie vitrée glissa de nouveau, et une silhouette se précipita à l'intérieur. Un instant, Rémus ne reconnu pas l'homme devant lui. Ses cheveux étaient longs, peignés avec soin et attachés sur la nuque, humides et brillants de pluie. Il était maigre de façon alarmante, même sous une couverture. Il portait un paquet dans ses bras qu'il cherchait à protéger de la pluie, se recourbant au dessus avec précaution.

Remus sentit ses mains trembler violemment à nouveau, et se força à garder un regard égal. Sirius avait tellement changé en cinq ans, il avait perdu le reflet facétieux de ses yeux, l'énergie qui illuminait une pièce par sa simple présence. Ses yeux bleus étaient noyés de gris, et il y avait une ombre douloureuse sur son visage. Mais en même temps, un soulagement?… Cela ne faisait aucun sens.

Remus n'avait pas préparé de sort à lui jeter immédiatement; mais en voyant combien les années avaient été cruelles, Rémus n'aurait rien pu faire. Ses souvenirs d'enfance le retenaient. Même si Sirius les avait trahi, il avait été leur ami.

Sirius repoussa la porte avec la chaussure, et se dirigea immédiatement vers le lit. Il fallu un moment à Rémus pour se rendre compte que le paquet était le fils de James, niché confortablement dans les bras du meurtrier. Sa gorge se serra en reconnaissant l'enfant. Harry semblait avoir perdu le peu de poids qu'il avait; sa pâleur était dérangeante.

« Est-ce que tu es mouillé? » demanda Sirius, lui tâtant la main.

Harry cligna des yeux, nia de la tête avance de s'appuyer à nouveau contre son parrain.

Sirius sourit, « Endors toi. Tu as l'air fatigué. »

« Juste un peu. » Admis Harry à contrecoeur, mais il frotta ses yeux de la main, comme pour rester éveillé. Son ton était fragile, comme les souffrants atteint de longues maladies qui en émergeaient physiquement et mentalement vidés. En même temps, il avait l'air curieusement sincère, comme si un poids s'était envolé de ses épaules.

Harry était visiblement beaucoup plus qu'un peu fatigué mais Sirius semblait déjà bien connaître ce trait de caractère. Il soupira et secoua la tête. « Ne te force pas trop. Le docteur a dit que tu ne te remettais pas aussi vite que tu devrais. »

Remus serra le poing.

Sirius allongea l'enfant sur le lit, retirant avec précaution le manteau de fortune et glissant le garçon sous les couvertures. Les couvertures étaient empilées sur le lit, formant des couches pour épaissir encore le matelas. Harry s'appuya contre elles comme une poupée dès qu'il fut allongée, s'enfonçant contre les plis délavés. Sa maigreur était effrayante, mais Rémus ne sait si c'était du fait de Sirius ou des Dursleys.

« Il fait froid ici? Est-ce que je rajoute du chauffage? » demanda Sirius.

Harry nia vaguement de la t^te, s'enfonçant d'avantage.

Sirius sourit largement, ébouriffant les cheveux noirs. Récupérant une tasse, il versa un liquide épais et crémeux de la cafetière, et l'apporta près du lit.

« Tu devrais prendre quelques antibiotiques. Le docteur va me tuer s'il s'aperçoit que tu étais sous la pluie. » Dit Sirius calmement. « Tiens. Bois quelque chose de chaud pour t'aider à dormir. Tu te sentiras moins déshydraté. »

Il souleva Harry avec des précaution extrêmes, comme s'il manipulait du verre, et l'appuya contre son épaule. Harry acquiesça, bougeant avec difficulté. Il ne trembla pas, ne se retira pas; l'enfant se rapprocha même de son parrain et posa sa tête contre sa poitrine. Remus se tétanisa sous le choc, ignorant si c'était la fatigue qui débarrassait Harry de sa timidité, ou si c'était la confiance que Sirius avait réussi à gagner.

Il se préoccupe d'Harry, c'est sans aucun doute. Il n'y a pas moyen de feindre à ce point de l'affection. Ce n'est juste pas possible.

Les yeux de Sirius s'adoucirent en regardant Harry, avec un souci et une délicatesse dont Rémus n'avait pu que deviner l'esquisse durant leurs années à Poudlard. Et Harry était bien plus à l'aise que Rémus ne se le remémorait. Il avait l'air moins hanté, moins effrayé ; il faisait d'avantage son âge.

« Et toi? » demanda Harry soudainement, regardant son parrain de ses yeux mi-clos.

Sirius fit une pause ; il semblait gêné de l'attention, évitant le regard de l'enfant et tortillant distraitement un coin de couverture.

« Ne t'inquiète pas pour moi. Occupe toi juste d'aller mieux. » répondit Sirius, lui donnant un sourire plutôt forcé. Il posa simplement la tasse sur le bureau, et reposa l'enfant contre ses oreillers.

Harry dévisagea Sirius d'un long regard inquisiteur plutôt étrange, et une ombre passa sur son expression. Il se détourna. Quelque chose le dérangeait qu'il n'arrivait pas à exprimer, mais ses yeux parlaient pour lui.

« Que se passe-t-il? » demanda Sirius, caressant les cheveux et le front. Il avait l'air de bien connaître les différentes expressions.

« Qu'est-ce qu'il va se passer après? Est-ce que je vais devoir retourner chez les Dursleys? » répondit Harry craintivement.

L'estomac de Rémus se noua. L'expression sur le visage de l'enfant montrait à quel point cette question le taraudait.

« Bien sûr que non! » Sirius se leva d'un coup, la voix forte. Il était en colère, mais faisait des efforts visible pour se contenir. « Je ne te laisserais pas retourner là-bas. Dans quelques semaines, je nous trouverais des tickets pour l'Amérique, et tu vas vivres avec moi. »

« Vraiment? » Le visage d'Harry s'éclaira. Il examina Sirius, jaugeant sa sincérité.

Sirius sourit largement lui caressant la tête. « Où veux-tu aller? Est-ce que tu veux choisir? »

Harry sourit timidement. Remus le dévisagea avec surprise. Pendant la courte semaine passée avec le garçon, il ne l'avait jamais vu montrer des signes de bonheur ou de soulagement. L'étendue de l'attachement d'Harry envers Sirius semblait plus fort que Rémus ne l'avait supposé. Si on lui disait la vérité, il la rejetterais. Remus pâli ; enlever à Harry une personne en qui il avait confiance serait lui porter un coup pire que tous. Il ne ferait plus jamais confiance.

Sirius réarrangea le lit, retirant le drap, bordant de plus près l'enfant. « Si tu es fatigué, dors. Je te réveilles tout à l'heure, okay? » Il tapota la petite main avant de la glisser sous les couvertures. Rémus recula, ne sachant quoi penser ou faire. Il n'était pas préparé à voir Sirius si protecteur. Il était difficile de le considérer coupable. Pourrait-il mentir?

Sirius resta au coté du lit après avoir fini de retirer les draps, contemplant l'enfant avec un genre de tristesse, et même de regret. Il toucha les cheveux fin du petit garçon du bout des doigts.

Il était impossible de voir l'expression d'Harry de sa position près de la fenêtre, mais Rémus remarqua la confusion grandissante de Sirius. Sirius avait l'air vraiment inquiet, et avait un comportement dont la sincérité aurait convaincu les meilleurs sceptiques. Même en considérant sa trahison cinq ans auparavant, Rémus sentait sa haine et son amertume se dissiper.

Il prit quelques pas hésitants vers la porte, déchiré entre surveiller les deux occupants ou alerter Dumbledore. Il savait qu'il avait une mission à accomplir, mais l'idée d'abandonner un enfant à un meurtrier, peu importe son air bienveillant, le brûlait.

« Tu vas finir l'histoire? » réclama Harry, l'envie évidente.

Remus avait arrêté sa main sur la poignée de porte. Il se retourna, méfiant des histoires que Sirius pourrait raconter. Si le traitre le manipulait vers la magie noire, il devait être immédiatement stoppé.

« Tu ne dormiras pas tant que je ne le ferais pas. », remarqua Sirius d'un air résigné. Il ébouriffa encore les cheveux de l'enfant, un sourire presque familier sur le visage.

Les yeux d'Harry brillèrent d'excitation, mais toujours derrière une expression prudente.

« Et bien cette nuit là était notre première aventure dans la Forêt Interdite transformé en animagus, « commença Sirius lentement, tirant une chaise vers le lit et reposant ses coudes sur le bord. « Et on ne connaissait encore pas trop bien l'endroit. On était trop bête pour penser à expérimenter et explorer avec nos transformations sur des durées plus longues et les choses…. ne se sont pas particulièrement bien passées. »

Remus se gela, tout le sang quittant son visage. Un mélange de choc, de colère et d'incrédulité se déversa dans son esprit. Sirius racontait des histoires d'enfance à Harry, des souvenirs qu'il avait renié dès qu'il s'était tourné vers les forces du mal. Comment pouvait-il? Il n'en avait pas le droit!

Mais tandis qu'il écoutait Sirius raconter leur première pleine lune dans la forêt, il s'aperçut que rien n'était inventé. Tout ce qu'il expliquait était vrai, même si Peter disparaissait de tout les évènements. Peut-être que les évènements de son arrestation avaient rendus Sirius amer, comme Peter l'avait pris en chasse. Remus cilla.

« …et débarqué dans un endroit bizarre de la forêt, avec des araignées aussi grandes que des humains! Elles nous ont pourchasser pendant une heure entière, ton papa n'arrêtait pas de se prendre les bois dans des branches basses… »

Un vague de fureur assailli Rémus si fortement qu'il dut s'appuyer contre le divan. Entendre Sirius parler de James, l'ami qu'il avait trahi, et ce au fils de James même; était trop. Remus grinça des dents, retirant sa baguette de sa poche, et la pointa à la tête de Sirius.

Les yeux de Harry s'écarquillèrent de terreur. Il fit mine de se redresser, mais Sirius l'empêcha d'une main sur l'épaule.

« Qu'y a-t'il? » demanda rapidement Sirius.

Harry ne répondit pas immédiatement, les yeux cherchant la pièce frénétiquement. Quand il ne vit rien d'inchangé, il hésita.

« Je…Je ne sais pas. » I reconnu. « J'ai cru que quelque chose… »

Il redressa la tête, tout son corps enlaidi. Son expression se décomposa, et il fixa son regard derrière Sirius, dans le vide. Remus se figea quand il posa son regard sur lui.

« Moony? » chuchota Harry.