Et voilouuuu ! Enfin le dernier chapitre, bouclé de ce soir ! J'avais dit que je vous posterais la suite avant la sortie du troisième film, mais j'ai failli à ma mission… ç-ç
: Journal des Reviewers :
Arsinoe Romana : Du Jack Roseanne ? Ben en espérant que cela te plaise alors ! En tout cas, il est plus long que les autres chapitres. On est loin des 16 pages Word du dernier chapitre de ma plus longue saga, mais c'est déjà pas trop mal. XD Kiss et merci !
Baka-han : ¤abaisse le bazooka¤ Mouais… J'avais cru entendre quelque chose… En tout cas, toi qui aimes les phrases de Jack, j'ai fait un florilège ici, j'espère que tu trouveras ton bonheur ! Kiss et merci !
Bartimeus : Oula, soudoyer Jack… XD Faut voir ! Si le 3ème film m'inspire (je vias le voir dimanche), peut-être que je pourrai remettre le couvert ? Mais je ne pense pas, j'ai épuisé mon quota de « Phrases à Jack ». En tout cas, mici à toi ! Kiss !
Loveitachi : Il faut bien une fin à tout… Tiens, regarde les films ! Il n'y aura pas de 4ème du moins, pas en tant que suite directe. T-T Enfin… Kiss et merci !
Enfin, le dernier chapiutre… T.T Je vais être franche (et ça, mes précédent lecteurs le savent) je HAIS les derniers chapitres ! Parce que ce sont les plus chiants et les plus durs à écrire car mal fait, ça peut vous massacrer l'histoire.
En espérant ne pas vous décevoir…
Chapitre 11 : Pirates, chaman et divinité
Un déclic s'activa et la porte s'ouvrit dans un frottement minéral assourdissant.
- HEIN ?
Ils étaient stupéfaits. Derrière la porte, se trouvait une salle… avec une porte à l'autre bout. Rageur, Stroy lâcha un juron de déception tout en pestant contre cette sorcière menteuse. Jack et sa bande observèrent les lieux en silence. Pas de squelettes non plus, mais la pièce avec la piscine de lave prouvait qu'il ne fallait pas s'y fier. Shan promena ses yeux vers l'imposante porte à double battant du fond et elle la reconnut.
- C'est ici…
Elle prit la torche des mains de Lil'Tom et traversa la salle en rapides foulées pour éclairer la porte de sa flamme vacillante. Une gigantesque tête grimaçante d'un félin –ou du moins, ce qui y ressemblait- l'accueillait avec la gueule grande ouverte, prêt à les engloutir tous. Il portait un diadème orné d'une immense pierre qui retombait sur son front un peu au-dessus des yeux. Ce visage mythologique la pétrifiait de l'intérieur. Elle était comme aspirée dans les abysses de yeux enflammés de la bête.
- Comment ouvre-t-on ? demanda Jack qui arrivait derrière elle avec les autres.
- Je ne sais pas… La première fois, elle s'était ouverte toute seule…
- Cherchez ! ordonna Stroy.
Chacun scruta la porte dans ses moindres détails. Les murs étaient habillés de nombreux dessins fresquistes comme l'extérieur du temple. Sur une colonne, Roseanne prit le temps d'en regarder la composition et comprit que les rares personnes qui pouvaient entrer dans cette enceinte sacrée y pénétraient soit pour offrir des offrandes ou pour servir d'offrandes. Et au milieu des corps des malheureux adorateurs, une femme portant un bracelet se tenait près d'une porte.
Elle déglutit.
- Mon rôle… est de tous les sacrifier… Ce bracelet est le même que le mien…
Elle passa le bout des doigts sur le dessin qui la représentait et sentit la figure peinte s'enfoncer sous la faible pression qu'elle exerçait. Un bruit rocailleux à ses côtés la fit sursauter. A la place de la gueule béante de la bête peinte, une petite cavité venait de s'ouvrir en un petit trou d'à peine dix centimètres de diamètre. Alertés par la résonance provoquée, Stroy et ses hommes la rejoignirent vite.
- Il va falloir faire perdre un peu de poids si vous voulez y passer, capitaine… plaisanta Jack en découvrant la minuscule ouverture.
- Taisez-vous, Sparrow ! coupa l'homme en se penchant pour regarder à l'intérieur du trou. Il y a une poignée au fond…
Il se redressa et plongea à la main dans la cavité mais il grimaça d'incompréhension. C'était bloqué, impossible de tirer la poignée. Le géant Lil'Tom se proposa à s'en occuper mais il fit chou blanc comme son supérieur.
- Au diable cette poignée ! tempêta le capitaine. La rouille aura eu raison d'elle !
- Si vous permettez… s'invita son homologue en amenant Shan face au trou. Essayez avec votre main droite, mademoiselle Wington.
Cette dernière hocha la tête et plongea la main dans le trou à son tour. Elle tâtonna jusqu'à sentir ses doigts se refermer autour de la poignée de fer. Quand elle commença à la tirer, elle perçut quelque chose toucher sa manchette de bronze. Roseanne n'y fit pas attention et tira de toutes ses forces sur la poignée. Un grondement sonore parcourut les parois froides de la salle et la porte à double battant se mit à trembler. Une nuée de poussière accumulée depuis des années s'envola quand les blocs de roches bougèrent pour se séparer.
- La porte s'ouvre ! s'exclama Will.
Sans savoir si elle devait en être heureuse ou paniquée, Shan n'était guère rassurée de cette « victoire ». Elle relâcha la poignée pour sortir sa main mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle s'aperçut que son bracelet était à présent relié à une chaîne attachée au fond de la cavité.
- Mais ?
La jeune fille tenta temps bien que mal de tirer aussi fort qu'elle le pouvait, son poignet restait prisonnier. Will inspecta la menotte mais sans tenailles ni outils, il lui était impossible de faire quoi que ce soit. Elisabeth vint l'aider en prenant son poignard pour tenter de faire sauter un maillon, à défaut d'une serrure inexistante, en vain. Shan arrêta sa main, un sourire de triste résignation sur le visage.
- C'est inutile. Mon rôle s'arrête ici. La clé a ouvert l'ultime serrure.
- Mais Roseanne… !
Elisabeth n'eut pas le temps d'exprimer son indignation que les hommes de Stroy venaient la chercher avec son époux pour les conduire à la porte s'ouvrant petit à petit. Quand l'ouverture fut assez grande pour pouvoir distinguer quelque chose, la vision fut telle qu'ils en restèrent bouche bée.
La salle entière resplendissait de lumière dorée. Des tas d'or dix fois plus grands qu'eux s'élevaient dans tous les coins quand il ne s'agissait pas de coffres ouverts débordants de richesses. Les pièces qui se comptaient par milliers se mêlaient avec des coupes ou des calices incrustés de pierreries, aux bijoux de toutes sortes avec pour seul facteur commun un métal précieux. Tout cet or et cette abondance clinquante matraquaient les yeux des aventuriers avec tant de violence qu'ils en avaient presque mal. Même les Turner furent statufiés sur place tant ils étaient émerveillés. Jack n'en revenait pas, le trésor de Cortès, c'était de la gnognote à côté de ça. Son sang ne fit qu'un tour dans ses veines. Le Black Pearl en coulerait s'il n'avait qu'un dixième de toute cette fortune.
Stroy fit quelques pas, les yeux écarquillés d'enchantement. Voilà huit années qu'il miroitait en son esprit le trésor raconté par son Ange de quatorze ans. Il avait vu grand, mais jamais ainsi.
- C'en est presque irréel…
Imité des autres membres de l'expédition, il prit un calice en or vêtu de rubis et de diamants aussi gros que des œufs et le fit tourner entre ses doigts.
- Prenez les sacs et emportez tout ce que vous pourrez !
Bien décidé à ne pas rester les poches vides, Jack s'approcha discrètement vers un coffre rempli de bijoux qu'il regardait presque amoureusement.
- Il était temps !
L'index à un centimètre d'un collier de perles, le pirate rangea aussitôt sa main derrière son dos comme s'il eût peur qu'on allait la lui couper. Tous s'arrêtèrent dans leur mouvement et levèrent les yeux vers la voix qu'ils venaient d'entendre.
Au fond, une très haute plateforme comme un balcon de théâtre surplombait toute la salle du haut d'une vingtaine de mètre. Une femme se tenait à son bord et dévisageait les importuns. Sa peau était brune comme la coquille de la noix de coco et d'âge incertain, situé entre la quarantaine et la cinquantaine, peut-être plus. Elle avait de tout petits yeux noirs perçants et des lèvres maigres et pincées. Comme son visage, elle était plutôt maigre et fragile de constitution, même si elle se tenait de façon très droite. Ses cheveux, longs jusqu'aux épaules, étaient tressés en une multitude de petites nattes qui, commençant et s'achevant toutes par une perle d'or, donnaient un aspect de crinière de lion à la coiffure. Elle portait une longue tunique sans manche d'un vert émeraude profond, noué à la taille par une ceinture d'or qui s'accordait avec les énormes et longues boucles d'oreilles qui lui arrivaient jusqu'aux genoux et allongeaient ses lobes de cinq bons centimètres au moins. Du poignet au coude, ses bras brillaient de mille et un bracelets, et sa gorge était cachée par un lourd plastron en or décoré de gravures.
Jack la détailla dans les moindres aspects. Cette femme…
- J'adore votre coiffure ! Mais ça ne fait pas trop mal les… ? commença-t-il en tâtant ses lobes d'oreilles avec une grimace douloureuse.
- Qui êtes-vous ? exigea Stroy en attrapant son pistolet.
La femme tourna la tête vers lui et le foudroya d'un regard glacial. L'homme eut un faible courant d'air gelé qui lui remonta le long de l'échine.
- Je suis la grande prêtresse chamaniste maîtresse de ce temple, impudent ! Et si vous avez réussi à arriver jusqu'ici, c'est en grande partie par mon bon vouloir ! répliqua-t-elle en faisant un geste de la main.
- C'est bien vous qui avez posé le bracelet sur une jeune fille, il y a huit ans ? interrogea Jack.
La prêtresse hocha la tête avec satisfaction.
- Ma clé a bien fait son travail, il semblerait. A présent que j'ai trouvé des offrandes à « lui » faire, je n'ai plus besoin de cette clé-ci…
Elle frappa dans sa main et les portes du temple grondèrent de nouveau pour entamer leur fermeture. Au même instant, une exclamation de surprise résonna depuis la pièce précédente.
- Roseanne ! s'écria Will. Elle a des ennuis !
- Vous ne sortirez pas d'ici ! vociféra la chaman secouant les bras. Vous êtes ses sacrifices ! Viens ! Viens, ô toi, le tout puissant ! Lève-toi et viens te délecter du sang de ces étrangers !
Alors que l'équipée tentait de fuir vers la sortie, la terre se mit à trembler si violemment qu'ils tombèrent tous par terre. Plusieurs collines d'or près de la porte vacillèrent sous la secousse avant de s'écrouler sous les yeux hébétés et terrifiés des pauvres mortels. Une immense statue qui dormait sous les tas d'or venait de se redresser de son séant pour se débarrasser de sa couverture de pièces. Du coup, l'envie de s'approcher de la porte leur fut beaucoup moins tentante et chacun recula sans pouvoir détacher son regard de la statue qui venait de se mettre debout.
Jamais ils n'avaient vu telle sculpture tant elle était fantastique. C'était le corps d'un homme recouvert d'écailles semblables à celles d'un crocodile à la tête et pattes de lion et à la crinière d'un noir de geais. Ses mains et pieds étaient dotés de longues griffes qui, même de pierre, n'avaient rien d'inoffensives.
- Il y a beaucoup de félins sur cette île… commenta Jack en se heurtant contre un amas d'or à force de reculer. C'est quelle race, celui-là ?
La chaman éclata d'un rire froid en lisant la terreur sur le visage des huit personnes en contrebas. Cela faisait si longtemps qu'elle attendait de pouvoir offrir de nouveaux sacrifices à sa divinité !
- Ah ah ah ! Voici mon dieu ! Celui auquel j'ai dédié toute ma vie ! Va ! Ils sont tous à toi ! Accepte ces sacrifices de la part de ta première servante, Mwanajuma !
Jack fronça les sourcils et se retourna vers la chaman, avec un air désolé.
- Mwanajuma ? C'est votre nom ? Ma pauvre. Ca a dû être dur à l'école avec les autres enfants… Je comprends maintenant pourquoi vous êtes du style à sacrifier des…
Sa phrase fut coupée par un hurlement féroce de la part de la statue. C'était entre le rugissement d'un lion et le cri perçant de l'aigle mais avec un aspect guttural des plus sinistres et lugubres. Will attrapa le bras du pirate pour le faire bouger de là où il était mais quand ils firent volte face, ils virent que Stroy les mettait en joue avec son pistolet tout en reculant pour se trouver une cachette.
- J'use mes atouts ! dit-il précipitamment. Faites diversion avec ce monstre !
Ils étaient coincés. Le plomb de Stroy ou le courroux d'une statue horrible. Jack et les Turner se retournèrent lentement vers le dieu qui grognait en dévoilant ses crocs acérés. Will se mit devant Elisabeth qui pensait au cri de Roseanne. Elle chuchota aux hommes d'essayer d'occuper le monstre pour qu'elle puisse aller voir ce qu'elle avait.
- Plus facile à dire qu'à faire… bougonna le pirate en regardant la statue. Euh… Tenez !
Il prit Elisabeth par les épaules et la mit devant lui comme il aurait utilisé un bouclier, tout sourire.
- Quitte à nous dévorer, prenez-la elle ! Y'en a deux fois plus à manger !
La jeune femme n'en revenait pas. Son mari non plus d'ailleurs.
- Ah, vous ! Je vous INTERDIS de mêler le bébé à vos combines !! hurla-t-elle, hors d'elle.
- Désolé, la panique…
La dispute s'arrêta aussitôt quand la statue fit un nouveau pas vers eux. Elle empêchait d'accéder à la porte qui se refermait petit à petit. Une chance qu'elle fût très lourde, cela leur laissait encore du temps mais ils n'avaient pas toute l'éternité non plus. Will reprit son épouse et la poussa un peu sur le côté pour qu'elle aille se cacher derrière un tas de pièces d'or tout en continuant de reculer avec Jack qui tentait de gagner du temps :
- C'est très impoli de nous inviter à manger sans se présenter… Moi, c'est Jack et lui, c'est William dit Will, et vous, vous êtes le dieu… ?
En guise de réponse, l'homme-lion poussa un rugissement violent.
- Ah… Et ça prend combien de « R » ?
La statue hurla de plus belle, ce qui donna le signal d'alarme aux deux hommes qui se séparèrent aussitôt pour partir de leur côté. Elisabeth profita de ce moment où la divinité s'était lancée à la recherche des hommes pour se faufiler discrètement hors de la salle du trésor. Quand elle sortit, elle ne vit pas Roseanne.
- Roseanne ? appela-t-elle en se dirigeant vers l'endroit où Shan était censée être. Où êtes… Aaaaaaah !
La jeune femme venait de tomber dans un large trou dans lequel se trouvait Roseanne, le poignet toujours lié dans sa cavité.
- Elisabeth ! s'exclama-t-elle en l'aidant à se relever. Vous allez bien ?
- Oui, ça va… Mais où sommes-nous ?
- Je ne comprends pas ! D'un seul coup, le sol a tremblé et s'est mis à s'enfoncer dans le dallage avec la colonne. Et les murs sont en train de se rapprocher l'un de l'autre de plus en plus !
Elisabeth leva les yeux. C'était là le mécanisme de fermeture de la porte. Shan était prisonnière de sa menotte dans un piège d'au moins quatre mètres de profondeur avec les murs qui allaient bientôt les écraser. Quand la porte de la salle du trésor serait complètement fermée, elles seraient totalement compactées entre deux murs.
- Il faut sortir et vite ! Will et Jack sont poursuivis par une statue réveillée par la sorcière ! Il faut faire sauter cette fichue chaîne !
¤¤¤
- Vois-tu mon brave William, il y a des moments où un pirate sait ce qu'il peut faire et ce qu'il ne peut pas faire…
- Et… ?
Silence.
- Et présentement, je ne sais pas ce qu'il faut faire.
Vraiment très avancé par toutes ces belles paroles, Will émit un très très long soupir de lassitude et regarda son compère avec une réprobation des plus exaspérées.
- Jack, ma femme n'est pas revenue, je sais qu'elle a des problèmes, alors il est hors de question que je reste caché derrière ce tas de pièces d'or sans rien faire ! Femme que tu étais prêt à sacrifier pour sauver ta peau !
- Tsss… Je ne te savais pas aussi rancunier…
Le jeune homme manqua de s'étrangler tant il était outré par la désinvolture du pirate mais celui-ci le fit taire avant qu'il ne puisse lui faire savoir son indignation. Un pas de pierre s'abattit lourdement sur le sol qui s'ébranla en une terrible secousse. Pourquoi fallait-il que le monstre s'en prenne à eux et pas aux huit autres types qui se planquaient derrière un imposant coffre de bronze pour s'en mettre plein les fouilles ?
- Si ce n'est pas malheureux de penser à s'enrichir quand on…
Cling clong clang ! Oh ? Un gobelet incrusté d'émeraudes, un diadème en argent massif, deux sacs de pièces bien remplies, un sceptre reluisant sculpté, quatre colliers de perles de culture et une paire de manchettes larges en or tombèrent sur le sol. Aussitôt, la statue pressa le pas dans la direction du bruit.
- Jack ! s'offusqua Will tout en s'enfuyant à l'approche de la bête.
- Quoi « Jack » ? Quoi « Jack » ? grogna l'autre. Qu'est ce qui te dit que c'est moi qui… ?
- Il y a un collier qui dépasse de ta poche.
La voix de Mwanajuma résonna comme le tonnerre dans un ciel d'été :
- N'espérez pas emporter quoi que ce soit ! Vous êtes ses sacrifices !
- Ca valait le déplacement…
Décidé à ne pas être le seul à être pris en chasse dans cette histoire, Jack attrapa au passage de sa course un petit coffret rempli de pierreries et le lança, la mort dans l'âme, vers le sommet d'un très haut tas de pièces voisin. Le projectile tomba où il fallait. L'effet d'avalanche ne se fit pas attendre et une poudreuse dorée vint s'écrouler sur la bande de pirates apeurés qui se mirent à crier de surprise.
- Sparrow ! rugit Sroy avec fureur. Je vais vous… Aaaaah ?!
Alors que Jack et Will passaient près d'eux, les matelots et leur capitaine eurent à bondir de tout leur élan pour éviter de se faire pulvériser par un des poings monumentaux de la statue. Profitant du temps pris par la statue pour relever les bras, le pirate poussa son camarade.
- Allez, va aider ta lady ! Stroy va l'occuper !
- C'est ce qu'on va voir ! rétorqua le concerné en dégainant son pistolet.
Avec le style qui lui était propre et devenu légendaire, à savoir en courant d'une démarche chaloupée et avec des mouvements de bras gracieux en moulinet, le capitaine du Pearl esquiva tant bien que mal les balles que son homologue s'évertuait à tenter de lui administrer dans le dos ou droit à l'arrière du crâne. Cela dit, l'attaque ne dura guère longtemps, étant donné que la divinité de pierre avait pris en chasse ce second petit bonhomme avec un grand chapeau et une longue veste pour lui servir de sacrifice.
Restée depuis le début sur sa plateforme surélevée, la prêtresse se délectait bien de tout ce joyeux spectacle. Ces misérables humains étaient d'un pathétique…
- Je reconnais bien votre race d'avidité, pauvres mortels ! clama-t-elle, ses petits yeux perçants sur Jack et Stroy, en pleine fuite. Vous préférez la trahison pour vous sauver la vie, vous préférez la cupidité et l'appât du gain à la pitié…
- … et je préfère la vie à la mort aussi ! intervint Jack qui trouva refuge dans une minuscule cavité que le monstre prit vite pour cible.
Une chance pour lui, l'un des murs de la salle était légèrement défoncé en un trou assez large pour s'y réfugier. Tout recroquevillé sur lui-même au point de s'endolorir le dos, notre capitaine tenta de faire éloigner le monstre un peu comme il aurait voulu chasser un chat errant, avec des « Pchhhht ! » associés à des mouvements de la main. Et pourquoi toujours lui ? Il n'était pas tout seul quand même à vouloir prendre ce fichu trésor !
Ô miracle, la bête sembla penser la même chose, à moins qu'il n'eût suivi les injonctions de sa première prêtresse, car après s'être défoulé pendant quelques instants sur le trou de souris de Jack, il fit demi tour dans un rugissement courroucé.
¤¤¤
Entre temps, Will était parvenu à sortir de la salle du trésor pour retourner dans la précédente anti-chambre. A l'entente des cris d'appel à l'aide d'Elisabeth et Shan, le jeune forgeron se précipita près du trou piégé dans lequel son épouse tentait de libérer la captive de sa menotte au fond de la gueule du félin.
- Elisabeth !
- Ah Will ! Roseanne est prisonnière est les murs se rapprochent en même temps que la porte se referme !
Le cerveau de Will marcha au quart de tour : bloquer la fermeture de la porte. Il voulut faire demi-tour mais la voix de Roseanne l'arrêta aussitôt :
- Sauvez-vous d'abord, Elisabeth ! Grimpez sur mes épaules pour faire la courte échelle et Will pourra vous tirer de là !
- Mais… !
- Vous avez un enfant qui arrive et un mari qui vous attend ! Votre vie est à faire, allez ! pressa-t-elle.
La jeune femme blonde serra les dents de résignation. Elle ne pouvait pourtant pas l'abandonner à tel sort, ce n'était pas humain ! Mais Shan se baissait déjà pour l'aider à grimper et Will l'incitait à se dépêcher, la main tendue vers elle. Elisabeth promit à son amie qu'elle reviendrait pour la sortir de là et grimpa sur ses épaules pour se hisser vers la sortie. Son compagnon lui prit la main et la tira bien vite de son piège.
- Tenez bon, Roseanne, on va s'occuper de bloquer la porte !
Sur ce, il prit la main de sa femme et tous deux repartirent en courant vers la salle du trésor où Jack leur tomba dessus avec une joie non dissimulée :
- Ah ! Vous voilà ! William, mon grand ami, et vous, délicieuse El…
- Qu'est-ce que tu veux, Jack ? coupa aussitôt Will, pas dupe.
- Zut ! Perspicace…
La statue fit irruption derrière eux pour les courser et c'est en plein délit de fuite que le pirate leur expliqua qu'il avait un plan qui nécessitait une certaine logistique et que, le temps d'installer tout ça, il avait besoin de distraire le bestiaux. Et, pour être tout à fait honnête, il faudrait surtout que ce soit Madame Turner qui serve de « pelote de laine » au chaton car il aurait besoin de la force de Will dans son entreprise. La jeune femme lui demanda s'il ne pouvait pas plutôt se servir de Stroy mais il lui répondit que son très cher homologue était un peu mort pour tenter quoi que ce soit. Un accident de vase aussi grand qu'un homme, ça ne pardonnait pas.
- Le taux de réussite, il est élevé ? s'enquit le forgeron, toujours peu enthousiaste dans la perspective de suivre les idées de Jack.
- Moi et les mathématiques…
Un nouveau bond un avant pour leur faire éviter de se faire aplatir par un grand pied griffu les interrompit brièvement. Les Turner expliquèrent ensuite à leur compère qu'il fallait à tout prix bloquer avant la porte pour éviter que Roseanne ne termine aussi plate qu'une feuille de parchemin. Quelque part soulagé d'apprendre qu'elle était encore vivante, Jack rajouta ces nouvelles données à son plan pour vérifier s'il restait possible. Oui, ça pouvait marcher, mais il ne fallait pas perdre de temps car cela serait plus long à faire.
- Ca marche ! Madame Turner, en vous remerciant par avance ! déclara le pirate en attrapant Will par la manche de la chemise pour l'emmener ailleurs.
Pendant que l'homme-lion semblait très intéressé par l'appât de cette petite humaine qui s'agitait dans tous les sens pour attirer son attention, les deux hommes allèrent un peu plus loin dans la salle et Jack arrêta Will devant une immense colonne de bois d'ébène sculptée renversée au sol. Elle ressemblait un peu à un totem immense avec ses nombreuses gravures ethniques représentant diverses scènes. Et à son sommet, une immense boule lisse et lourde surmontait la colonne, telle la tête d'un sceptre. La mission était enfantine :
- Aide-moi à porter ça près de l'entrée.
… pour Jack.
- Ca ?! s'exclama Will. Mais c'est énorme…
- C'est pour ça que j'ai fait appel à un ami. Vite, les gars !
Les matelots restants de Lewin Stroy sortirent de leur cachette et approchèrent le capitaine. Celui-ci raconta à Will qu'en moyennant leur association à l'équipage du Pearl, il consentirait éventuellement à sauver leurs existences. Heureusement que les trouillards existaient toujours. Les hommes n'épiloguèrent pas d'avantage et tous attrapèrent la colonne d'ébène et la tirèrent de toutes leurs forces vers l'entrée de la salle. Une chance qu'elle ne fût pas trop loin, cette chose pesait une tonne !
- Encore un effort ! Hissez la base de la colonne sur ce coffre et… !
Pas le temps de finir que la statue revenait à l'assaut. Elisabeth ne le distrayait plus assez et tout ce petit attroupement l'intriguait beaucoup. La statue s'approchait encore quand une coupe en argent bien lourde vint se cogner contre sa joue et lui fit tourner la tête.
- Ca ne se fait pas de laisser une femme en plan! lança Madame Turner, essoufflée.
La statue se retrouvait bien embêtée. Entre cette femme impudente et ces hommes qui trafiquaient quelque chose, elle ne savait qui attaquer en premier. Comprenant vite la situation, Will prit les devants et courut rejoindre son épouse en essayant d'attirer le monstre à eux pour laisser Jack et les autres terminer. Son plan fonctionna et l'ennemi se mit à courir derrière eux comme un chat derrière une souris mécanique. Si après tout ça ils n'allaient pas devenir champions de course !
Jack remercia bien chaudement son camarade pour son idée et lui promit de bien s'occuper de son fils et de son épouse s'il venait à mourir durant le processus d'aide. Les hommes restants prièrent une dernière fois leurs muscles déjà fortement éprouvés et dans l'effort de la dernière chance, ils parvinrent à hisser la colonne sur le coffre.
- Parfait ! Maintenant, ouste ! Et laissez faire Capitaine Jack ! ordonna le pirate avec des grands gestes des mains.
Sans perdre une nouvelle seconde, le pirate grimpa sur la base de la colonne qui était surélevée par rapport au sommet. A tenir ainsi en équilibre sur la colonne-bascule, Jack dût compter sur des moulinets avec les bras pour ne pas tomber.
- Madame Turner, si vous pouviez venir à moi une dernière fois ! cria-t-il, les mains en porte-voix.
Il ne fallut que quelques secondes pour que l'homme-lion ne revienne pour se précipiter vers lui. Le capitaine du Pearl attendait le bon moment, le cœur battant comme un fou. S'il attendait une seconde trop tard, elle lui serait fatale.
Le monstre, trop heureux de découvrir ici un humain qui ne fuyait pas comme les autres, leva la jambe pour l'écraser comme un insecte. Quand la voûte plantaire de pierre fut assez importante dans le champ de vision de Jack, celui-ci sauta de sa colonne que le monstre frappa de toute sa puissance. L'effet levier fut immédiat : la colonne bascula grâce à la puissance de frappe du pied et le haut de la colonne, dont l'imposante masse ronde, vint frapper en pleine face la statue.
Le souffle en suspend, Jack regarda la bête tourner lentement la tête sous l'effet du choc avant de s'écrouler de tout son long et se fracasser au sol en une multitude de lourds blocs de roche dans un nuage de poussière asphyxiant. L'impact fut d'une telle violence que le temple tout entier en trembla dans une secousse presque sismique. De plus, grâce à la proximité avec la porte, un énorme roc de pierre servit à bloquer la porte au moment où celle-ci allait se fermer.
Notre capitaine ingénieux s'approcha du monstre en gravier, le tapota du bout de l'index comme il avait l'habitude de le faire pour s'assurer de l'état ou de la véracité des choses qu'il touchait puis se redressa, très satisfait de sa ruse.
- « Plus on est grand, plus dure est la chute », lâcha-t-il, un pied sur une pierre, tel le conquérant glorieux.
Will et Elisabeth le regardaient, atterrés.
- Fou… Il est complètement fou…
- Evidemment sinon, ça ne serait pas moi !
Soudain, un hurlement terrible éclata dans le silence et fit sursauter les aventuriers survivants. Tous firent volte face pour se tourner vers la plate-forme qui servait de poste d'observation à la chaman. Cette dernière avait les mains plaquées sur sa tête et poussait des vociférations et des plaintes de douleur inhumaines. Ses yeux révulsés sortaient presque de leurs orbites et les seuls sons que sa bouche pouvait émettre étaient inarticulés. A la surprise de Jack et des Turner, sa peau commença à se rider à la vitesse de la lumière, ses cheveux se mirent à blanchir et son corps semblait perdre de sa masse corporelle.
- Elle a perdu tout son pouvoir ? fit Elisabeth avec une grimace.
- Il semblerait. La statue devait…
Son mari n'eut pas le temps d'achever sa phrase qu'une nouvelle secousse gronda sous leurs pieds dans un bourdonnement de plus en plus violent. Jack heurta une colline d'or en perdant l'équilibre, ce qui lui évita de se prendre une pierre qui s'était détachée du plafond.
- Tout va s'écrouler ! s'exclama Will.
- Vite ! Il y a urgence ! surenchérit Jack en se retournant.
Les Turner manquèrent de s'écrouler quand ils virent leur ami se précipiter à corps perdu… vers le trésor qu'il voulait sauver désespérément du sort qui l'attendait. Le forgeron attrapa le pirate par le col en lui disant qu'ils n'avaient pas le temps et qu'il fallait récupérer Roseanne. A l'évocation de ce nom, Jack eut un instant de flottement pendant lequel Will en profita pour le tirer plus vivement en arrière et le pousser hors de la salle.
Les trois comparses, imités des pirates de Stroy, se hâtèrent de sortir sous une grêle mortelle de pierres et retournèrent au trou de Shan. Le pauvre Ange avait échappé de peu à la mort par compression : les murs qui l'écrasaient étaient pratiquement à dix centimètres l'un de l'autre, si bien est que sa menotte avait cédé.
- V… Vous êtes vivants ? souffla la jeune fille qui respirait le moins fortement possible.
Grâce à l'aide de tous, Roseanne fut vite extirpée de son piège et toute l'équipée prit ses jambes à son cou pour s'enfuir d'ici en grande vitesse. Murs et sol tremblaient si fort qu'ils trébuchèrent de nombreuses fois, jusqu'au moment où les escaliers qu'ils étaient en train de descendre à toute allure se dérobèrent sous leurs pas.
La chute était si vertigineuse que tous avaient l'impression qu'ils allaient atterrir directement en Enfer. Ils tombaient directement dans les profondeurs de la falaise qui supportait le temple dans un hurlement sonore. Will avait pris Elisabeth dans ses bras. S'ils devaient mourir, ils le feraient ensemble. Le cœur de Shan battait à tout rompre tant la dose d'adrénaline était puissante. Elle agitait vainement les bras lorsqu'on lui prit la main. La jeune fille tourna la tête et croisa le regard foncé de Jack.
- Accroche-toi ! lui lança-t-il.
Ces mots n'étaient rien quand on chutait à plus de cent mètres par le fond, mais ils firent un bien fou à Shan qui en serra fortement la main de Jack dans la sienne. Elle n'était plus toute seule.
La chute durant encore de longue seconde et se fut une rivière souterraine qui leur servit de réceptacle final.
¤¤¤
Un mugissement lointain et régulier allait et venait dans ses oreilles. Une chaleur caressait son visage. Son corps était raide, presque paralysé. Mais son esprit était encore là dans sa tête, elle était toujours vivante. Elle commença d'abord par refermer ses mains lentement en poing. Ses doigts et ses ongles crissèrent sur du sable.
- Elle reprend connaissance ! fit une voix de femme près d'elle.
Elisabeth ? Ses paupières avaient presque mal quand elle les rouvrit, mais le soulagement de voir la courageuse épouse Turner penchée au-dessus d'elle avec un sourire heureux lui fit oublier la douleur qui parcourait son corps.
- Doucement… conseilla la jeune femme en la redressa avec précaution. Comment tu te sens ?
- Ca va… souffla Shan en clignant un peu des yeux, éblouie par le soleil.
Elle fut stupéfaite de découvrir devant elle la plage et l'océan d'un bleu turquoise irréel. Sa compagne lui expliqua que la rivière dans laquelle ils étaient tombés les avait emportés jusqu'ici.
- On a eu de la chance ! intervint une voix espiègle. Notre Ange devait veiller sur nous.
Jack et Will venaient rejoindre les filles pour prendre des nouvelles de Shan qui fut bien contente de les savoir vivants tous les deux. Le pirate vint proposer lui quelques fruits pour la remettre un peu d'aplomb, mais l'Ange ne pouvait rien manger, trop occupée à le dévisager avec stupeur.
- Vous… m'avez sauvée ?
Le capitaine du Pearl lui renvoya un sourire fier.
- On dirait que cela t'étonne ?
Il fronça les sourcils et agita un index réprobateur sous le nez de Shan.
- J'ai dû renoncer au trésor du millénaire pour toi ! Alors j'espère que tu vas…
Un petit bruit étouffé par le sable attira leur attention. Jack baissa les yeux et ramassa le petit objet qui venait de glisser de sa poche. Un collier ? Il avait dû tomber par accident dans sa veste pendant qu'il était en train de se débattre avec le trésor. C'était un joli médaillon finement ciselé en or avec un fermoir, enjolivé par la gravure d'une rose dont les pétales étaient faits de minuscules rubis.
Une larme de joie perla l'œil du pirate.
- Ah ! Les dieux étaient vraiment avec moi ! Je ne vais pas rentrer bred… !
- Le collier de maman !
- Hé ?
Roseanne lui prit le collier des mains et l'ouvrit. Sur la première face, une inscription « A vous, pour toujours » y était gravée, souvenir d'Henry Wington pour cette jeune femme qu'il courtisait et qui deviendrait plus tard son épouse, et de l'autre côté, les initiales « M.W » pour Mary Wington faisaient écho au message.
Jack comprit avec bouderie ce que cela signifiait et trépigna comme un enfant :
- Mais non ! Je n'ai même pas pu prendre autre chose que ce… !
Il se tut en voyant les grands yeux bleu glace de la jeune fille emplis de larmes nostalgiques. Si le destin avait produit telle coïncidence, peut-être devait-il s'y plier. Et puis, elle avait déjà vécu l'enfer durant des années. Elle avait enfin le droit à un peu de tranquillité et de paix.
Il soupira de mauvaise grâce.
- Oui, oui, oui… Bon. Je pourrais éventuellement consentir à faire un geste princier… bougonna-t-il comme un vieil ours.
Son œil devint malicieux.
- Mais, permettez que je prenne mes intérêts sur la dette que vous me devez, Mademoiselle Wington.
Aussi fourbe que le renard qu'il était, il profita de l'état bouleversé de Shan pour lui relever un peu le menton et se pencher pour lui voler un baiser, baiser qu'il estimait en retard. Pour lui, il aurait dû l'obtenir depuis la soirée sur le pont et peut-être plus même.
Complètement médusée et rouge comme une tomate, la jeune fille cligna des yeux.
- Mais… Mais…
- Oh ? Le premier ? sourit le pirate avec goguenardise. Je vous rassure, c'était très bien. Si vous voulez rec…
- Je vous hais !!!
¤¤¤
- Will, tu vas ouvrir ?
- J'y vais !
La porte de la forgerie de Port Royal s'ouvrit et un jeune homme sobrement vêtu d'une chemise ample, d'un pantalon et de bottes de cuir sourit à la personne qui venait de frapper. Belle comme le jour, une charmante aristocrate referma son ombrelle et gratifia son hôte d'un sourire radieux qui illuminait son visage à la peau de porcelaine. Ses yeux bleus translucides brillaient même à l'ombre de son grand chapeau coiffé d'une plume de paon.
- Roseanne ! Entrez donc !
- Bonjour, William.
L'homme s'effaça pour la laisser entrer. Roseanne souleva un peu sa lourde robe en brocard bleu outremer à crinoline et s'abaissa un peu pour passer la porte basse de plafond de l'atelier.
L'intérieur de la forgerie avait perdu de son habituelle odeur de fer ou de souffre en ce dimanche du mois de juillet. Il faisait frais, mais cette apparente douce température ne devait pas être au goût du bébé qui pleurait à l'autre bout de la maison.
- Mademoiselle Wington… proposa courtoisement Will avec un sourire.
Elle lui rendit son sourire et se dirigea sans hésitation vers la cuisine où elle découvrit Elisabeth assise à la table. Madame Turner était toujours aussi belle et rayonnante et après sa grossesse, elle avait su retrouver la pureté de sa silhouette de jeune fille. Cette dernière releva un peu la tête et eut un sourire derrière quelques boucles blondes à son invitée.
- Bonjour, Roseanne.
- Bonjour Elisabeth. Et bonjour à toi aussi… souffla Shan avec tendresse en s'approchant du petit être qui se reposait dans les bras de sa mère.
Un beau bébé aux cheveux châtains clairs épars en bataille ouvrit ses grands yeux clairs vers la demoiselle qui s'avançait. Emmailloté dans ses langes, il gigota un peu avec un petit babillement ravi.
- Bon anniversaire, Emma. Un an, ça se fête.
La jeune fille tendit son index que la fillette s'amusa aussitôt à prendre et à serrer avec sa petite force enfantine.
- Tenez, j'ai acheté ces vêtements pour elle plus tard, déclara Roseanne en se redressant pour donner une petite malle aux parents.
Will se chargea de l'ouvrir et en découvrit le riche contenu : il y avait pratiquement une robe pour chaque âge que sa fille unique fêterait à l'avenir. Il y avait aussi des souliers et quelques rubans, le tout fabriqué dans les plus beaux matériaux aux couleurs iridescentes et aux jolis motifs que toute petite fille saurait apprécier.
- C'est trop… s'offusqua le forgeron. Merci beaucoup !
- Vous savez, les affaires vont bien.
Depuis un an qu'elle n'était plus « l'Ange de Mers », Roseanne Wington avait fait beaucoup de chemin. Après avoir quitté l'île maudite en compagnie du Capitaine Sparrow et des Turner, elle était repartie en Angleterre où elle avait pu prouver son identité de dernière héritière de la famille grâce au médaillon de sa mère. De là, elle avait pu reprendre l'empire financier de son père qui se faisait déchirer par une bande de vautours sans scrupules. Quelles ne furen pas leur surprise et leur horreur en découvrant cette soudaine survivante qui venait réclamer « les souvenirs de sa famille ». Evidemment, ils avaient tous espéré la manipuler pour vite l'éjecter. Mais Roseanne avait vécu trop de choses horribles dans sa vie pour se laisser abattre. Elle s'était donc battue comme une lionne pour faire valoir ses droits et redonner une valeur importante à son nom de famille. Depuis, c'était avec une main de fer, une grande détermination et une sage maturité qu'elle dirigeait ses affaires en Angleterre après s'être réinstallée dans le château familial.
Elle n'oublierait jamais ce que ses compagnons d'infortune d'il y a un an et c'était donc avec un grand plaisir qu'elle avait repris le bateau pour les Caraïbes – en tant que passagère bien sûr !- pour aller souhaiter la première année de vie de la petite Emma Turner qui se montrait déjà tout aussi remuante et fière que ses parents.
Elisabeth eut un petit rire alors qu'elle souriait à sa fille.
- En tout cas, tu en reçois de la visite aujourd'hui, n'est-ce pas ma chérie ?
Son époux précisa à l'adresse de leur hôtesse qui avait cligné les yeux de surprise :
- Son parrain par déclaration est parti il y a à peine cinq minutes.
- Jack ?
Ce prénom lui fit une étrange sensation à l'entendre franchir ses lèvres. Le Capitaine Jack Sparrow. Elle ne l'avait plus revu depuis un an maintenant, mais Roseanne s'avoua qu'elle avait beaucoup pensé à lui.
Alors, sans comprendre, presque comme un automatisme, la jeune femme blonde laissa un instant le couple et traversa le reste de la maisonnée pour se rendre dehors. Soulevant à deux mains sa robe qui voletait dans le vent, elle accourut jusqu'à la barrière qui bordait la falaise.
Il était là-bas, juste en contrebas. Imposant, même vu d'aussi loin, les voiles noires gonflées à bloc sous un vent particulièrement bon et puissant ce matin, le Black Pearl reprenait le large vers de nouvelles aventures tel le plus majestueux des esprits. Le fait de le voir après tant de temps donna l'impression à Shan qu'il n'était qu'un fantôme. Et pourtant, l'homme qui devait le diriger était bel et bien réel.
Un sourire vint ourler ses lèvres alors qu'elle empêchait son chapeau de s'envoler à cause du vent.
- Nos horizons se croiseront-ils de nouveau, Jack Sparrow ?
Un bruit de canon tiré du bateau sombre la fit cligner des yeux. Puis, elle eut un rire.
- Pardon… « Capitaine » Jack Sparrow.
FIN
J'aime bien la fin. Après, le passage dans le temple, ça sera à vous de me dire… XD
Une autre fic qui s'achève pour moi. Merci à tous d'être restés à bord et de m'avoir autant encouragée ! Jack Sparrow (qui avait pris possession de mon corps pour me souffler ses phrases qui tuent) vous salue aussi et vous remercie pour le support ! Ah oui, il me dit aussi de vous dire qu'il sait bien imiter les fougères maintenant. XD XD
MERCI A TOUS ! J'espère vous revoir dans d'autres fics !