Face à Face
Je crois que le « pas de yaoi » du chapitre précédent a désappointé pas mal de fans qui y ont cru, là, sur le coup :p Désolée hun, mais l'amitié c'est beau aussi vous trouvez pas ? Puis ça a tellement d'importance, suffit de voir le manga en général !
… Bon ok, j'abrège et je passe direct au chapitre pour faire oublier mon incommensurable retard (j'ai honte) ;
(Et je déconne hun, si vous avez envie d'interpréter en shonen-ai, je vous en prie lol. Mais ne vous attendez pas à des bisous…)
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Chapitre 8 : Juste des gosses
Zoro était tranquillement accoudé au bastingage du Vogue Merry d'un air songeur quand il entendit les pas lents de cuistot s'approcher. Sans se retourner, il le devinait s'arrêter non loin derrière lui, l'air désintéressé et songeur, et s'allumer une nouvelle cigarette avec concentration.
- T'as mis le temps, dit finalement l'escrimeur. Ils se sont réveillés ?
Le blond prit le temps d'inhaler longuement la fumée. Il fit encore quelques pas pour s'adosser au bastingage aux côtés de Zoro, avant de répondre en regardant les étoiles :
- Le mien seulement. Il tenait à me dire que finalement, c'était plutôt bon le repas de ce soir.
Les deux compagnons sourirent légèrement.
- Le tien te ressemble déjà, ajouta Sanji d'un air narquois. Même le bruit et les exclamations de Luffy ratant son hamac en voulant sauter dessus n'ont pu le réveiller.
- Parce que le tien ne te ressemble pas peut-être ?
Pour toute réponse, Sanji tourna la tête vers l'escrimeur et lui tira la langue, arrachant un nouveau sourire à ce dernier.
- Baka, fit il.
Puis le silence reprit le contrôle, parfois vaguement troublé par les exhalations de fumée du cuistot. Ni l'un ni l'autre ne savait vraiment quoi dire, ou plutôt par quoi commencer.
C'était si inhabituel, une conversation normale, entre eux.
Ce n'était d'ailleurs pas pour rien que la plupart de leurs conversations se faisaient à base de coups de pieds, de sabres, voire de mains. Jamais pour réellement blesser bien sûr. Mais ça, ce n'était pas précisé, et aucun d'entre eux ne l'admettrait.
Comme ils n'admettraient jamais qu'ils affectionnaient ces petits moments ensembles, quelle que soit la manière dont ils se déroulaient. Qu'importe la trame, la forme est toujours la même.
Sauf que cette fois-ci, ce n'était pas la même chose.
Pour la première fois, ils devaient tenir une conversation normale, soit avec des mots, rien que des mots, et qui plus est, une conversation importante pour eux.
C'était quand même leur passé à tous deux qui les avait rattrapé. C'était pas rien.
- Hum… commença Zoro avec effort.
Sanji ne broncha pas, attendant, espérant peut-être que l'escrimeur poursuivrait.
Mais celui-ci n'ajouta malheureusement pas d'autre son, faisant sombrer son précédent grognement dans l'oubli du silence, si bien que le cuistot soupira longuement.
- Ouais… On est pas sortis si on commence comme ça, murmura-t-il presque.
Le sabreur tourna ses sourcils froncés vers lui.
- Si tu te sens plus inspiré, je t'écoute, grogna-t-il.
- Soit, soupira encore le blond. Voyons, récapitulons, que s'est il passé rien qu'aujourd'hui… ?
Il fit l'ultime effort de se redresser complètement pour regarder dans la même direction que Zoro – la mer -, avant de reprendre.
- Nous… Car c'est de toi et moi, hélas, qu'il s'agit… Débarquons sur une île pas accueillante pour deux sous, nous faisons attaquer par des espèces de corbeaux mutants, tombons sur un autre phénomène qui n'est autre qu'un miroir géant planté en plein milieu d'un champs désert…
- Et on se retrouve en gros avec nos doubles version gamins, oui, tu peux abréger ! s'écria l'escrimeur.
- Dis donc la tête d'algue, si t'es pas content, tu pouvais commencer aussi…
Zoro serra les dents. Très fort. Ne pas répondre, même si l'envie l'en démangeait atrocement. Qu'il réponde, et ils étaient repartis pour une conversation habituelle qui ne les mènerait sûrement pas où ils voulaient en arriver.
Respirer. Ils… Auraient… Une conversation… Normale. Mais ne pas s'énerver.
Tandis qu'il essayait vainement de faire le vide dans son esprit pour chasser ses envies d'une bonne bagarre bien saine et du genre qui défoule comme il faut, il se tourna vers le cuistot, qui lui lança un regard de défi. Le sabreur eut l'impression de voir son double. De voir un gamin qui se défendrait d'en être un. Têtu, revanchard, chiant, débrouillard, indépendant, mais un gosse quand même. Juste un gosse.
- Me regarde pas comme ça, dit enfin le blond comme s'il lisait dans les pensées de son compagnon. J'ai l'impression que tu vas m'envoyer au lit avec une fessée. J'ai peuuur…
Cette réplique eut pour effet de redimensionner de manière exagérée les yeux du sabreur, avant que celui-ci n'éclate d'un retentissant fou rire.
- ça y est, qu'est ce que j'ai dit encore…
Mais le cuistot souriait, amusé.
- Je le savais depuis le début en fait, finit par articuler Zoro. T'es qu'un vrai gamin.
- Tu t'es pas regardé ?
- Tiens, qu'est ce que je disais.
- … Va chier…
Le silence revint à nouveau doucement, les deux compagnons se rappelant qu'ils en avaient pour la nuit, et que ce ne serait peut-être pas suffisant pour dire – ou plutôt parvenir à dire – ce qu'ils avaient à dire.
Sanji finit par craquer le premier.
- Bon, fit il, alors les gosses, les vrais, enfin, les doubles quoi… Qu'est ce qu'on va en faire ?
- Ben qu'est ce que tu veux faire, répondit l'escrimeur. T'as bien entendu Nami, on n'a que trois jours pour retrouver l'autre sorcier et renvoyer les doubles d'où ils viennent.
- Oui mais justement…
Zoro releva le regard vers le blondinet, pour l'inciter à exprimer le fond de sa pensée.
- … D'où viennent ils ?
La question n'eut que le temps de perturber l'escrimeur un vague instant. Un hurlement de terreur retentit à bord du Vogue Merry.
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A quelques kilomètres de là, un immense oiseau noir arrivait enfin sur une île, après des heures de vol désespéré au-dessus de la mer.
Il parut aviser une espèce de cabane, perchée sur une colline isolée, et s'y dirigea précipitamment. Un homme l'attendait devant ladite cabane, ses yeux rouges comme le corbeau brillant dans l'obscurité.
L'oiseau se posa en face de lui, et il le considéra un instant en silence.
Soudain, un sourire aiguisa le visage caché par l'obscurité de l'homme, et il dit doucement, une main frottant lentement son menton :
- De la visite, dis tu ? Mhh… Inattendu, et… Intéressant.
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- Mais enfin, euh… Sanji euh… Junior ! Qu'est ce qui t'es arrivé ?
Nami frotta à nouveau ses yeux ensommeillés avant de reporter son regard sur le petit blondinet. Celui-ci regardait d'un air paniqué l'équipage au grand complet qui l'entourait, chacun à sa manière après le cri de l'enfant.
Luffy le regardait, entre surprise et sommeil, depuis le sol, une de ses jambes élastiques encore entortillée dans son hamac, signe d'un réveil brutal.
Chopper essayait de dégager aussi sa petite patte coincée sous le corps inerte d'un Usopp toujours endormi malgré sa chute.
Robin se tenait debout auprès de Nami, et toutes deux le regardaient avec une vague inquiétude, de même que l'autre petit double de Zoro, en face de lui sur le sofa.
Et un peu plus à l'arrière, appuyés chacun contre le mur, se tenaient Zoro et Sanji, les versions originales, silencieuses et sérieuses.
Le petit double déglutit lentement, et essuya une goutte de sueur avant de hausser enfin sa petite voix.
- Dé… Désolé de vous avoir réveillé, marmonna-t-il en baissant la tête.
Il paraissait encore effrayé et vulnérable, plus enfant que jamais, terré dans un coin du sofa de la chambre des garçons comme s'il espérait y disparaître. Mais son unique sourcil visible était froncé, et ses petites mains serraient de toute leur force le drap qui le recouvrait.
Nami eut un sourire touché par cette scène, et alla s'asseoir à côté de l'enfant pour le rassurer.
- Ce n'est pas grave, dit elle. Tu as fait un cauchemar n'est ce pas ?
Le petit double hocha la tête, sans cependant la relever. Ou peut-être très légèrement pour jeter un regard indéfini à sa version adulte, immobile au fond de la pièce.
- Bahh, fit Luffy à son tour, toujours la tête par terre. Ça arrive à tout le monde ! Tiens, l'autre nuit moi j'ai rêvé que Sanji – enfin, ton double – tombait à l'eau avec toute la réserve de viande ! Je me suis réveillé en catastrophe, je te dis pas !
- Je suis très ému Luffy… fit le vrai Sanji d'une voix qui affirmait le contraire.
- Euh…
- A… Alors c'est pour ça que tu m'as sauté dessus en pleine nuit en hurlant « NOOON PAS LA VIANDE ! » ? s'écria Usopp, brusquement réveillé.
- Euuh…
- VRAIMENT très ému ! répéta Sanji.
- Non mais j'étais inquiet pour toi tu sais !
- Oui, ben oui, bien sûr… Puisque tu sais pas faire cuire ta viande tout seul.
- Hem…
Robin eut un rire amusé, et vint s'asseoir à son tour, entre le petit Sanji, et le petit Zoro qui dévisageait ce dernier avec curiosité comme au premier jour, tandis que Nami réprimait ses envies d'assommer son capitaine – ce qui fut inutile puisque ledit capitaine se prit une baffe tout seul en dégageant d'un coup sa jambe élastique du hamac.
- Tu fais souvent des cauchemars comme ça ? demanda doucement l'archéologue au blondinet. Tu avais l'air terrifié.
L'enfant ne répondit pas, si bien que le reste de la troupe se tourna vers le cuistot grandeur nature pour avoir la réponse.
- Euhh… fit celui-ci, prit de court. Je… Je faisais beaucoup de cauchemars oui…
- Sur quoi ? demanda innocemment Chopper.
- Ben… ça dépendait… Mais…
- Bon accouche, on a pas toute la nuit, s'énerva Zoro à côté de lui.
Le cuistot fusilla son compagnon du regard, mais s'apprêta néanmoins à donner une réponse, quand cette fois ce fut Zoro Junior qui le coupa, s'adressant à l'autre petit double :
- Pourquoi tu dis pas de quoi t'as rêvé ?
Le blondinet, qui n'avait rouvert la bouche depuis que son homonyme grandeur nature avait pris la relève, posa son seul œil bleu visible sur le petit escrimeur en herbe.
Mais il ne répondit rien.
- T'en as encore peur ? reprit le gamin.
- …
- T'en auras encore peur si tu le gardes pour toi.
- … Je vois pas ce que ça change, marmonna enfin le blondinet, l'air sur le qui vive.
Son petit compagnon ne laissa passer qu'un court temps de silence avant de reprendre, sous les regards curieux des « adultes » dont les enfants paraissaient momentanément faire abstraction.
- J'sais pas trop, avoua le garçon aux cheveux verts. Moi aussi je faisais des cauchemars, et puis on m'a dit qu'il fallait pas garder ses craintes pour soi, qu'en parler ne rendait pas moins fort…
Si tout l'équipage avait les yeux rivés sur les deux gamins, un certain cuistot s'était tourné vers un certain escrimeur qui se tenait à sa droite, posant involontairement sur lui un œil vivement surpris, comme si les paroles précédentes n'émanaient pas du petit, mais du grand.
Beaucoup plus de choses que pour son petit double étaient en conflit dans sa tête ; hésitation, stupeur, souvenirs, crainte, fierté… Et tandis que l'escrimeur tournait la tête vers lui, s'étonnant du regard qu'il avait senti, le jeune cuistot haussa brusquement les épaules pour reporter autant que possible son attention sur le tableau d'un passé qui n'avait jamais eu lieu : deux enfants qui ne devaient pas se rencontrer.
Deux enfants qui étaient à nouveau en train de rire, le blondinet ayant presque chassé les craintes en question pour la nuit, deux enfants qui apprenaient à se connaître, bien mieux que les deux jeunes adultes qu'ils étaient censés représenter.
Juste des gosses.
Et pourtant.
- Pas moins fort, hein… souffla le cuistot pour lui-même.
Au fond de la pièce, les deux compagnons à présent se sentaient vaguement mal à l'aise, et comme vexés de voir leurs doubles s'en sortir mille fois mieux qu'eux. Mais ça, personne ne le remarqua… A part peut-être une jeune archéologue, habituée à observer les gens, qui sourit malicieusement avant de briser le silence ensommeillé de l'équipage :
- Je pense que nous pouvons tous retourner dormir à présent. Plus personne ne fera de cauchemar, ajouta-t-elle en regardant le petit Sanji, qui hocha la tête d'un air décidé avant de sourire avec son petit compagnon.
Les garçons qui en avaient le droit retournèrent à leur hamac sans trop discuter, la fatigue ayant reprit le dessus, et les deux filles quittèrent la chambre, non sans souhaiter un tendre « bonne nuit » aux deux enfants.
Seulement quelques minutes plus tard, Zoro refermait la trappe après Sanji, sans un mot.
Le cuistot avait l'air vaguement gêné ou préoccupé, et ce fut le seul sourcil visible froncé qu'il dit – ou grogna - à son compagnon :
- J'te connaissais pas, marimo.
L'escrimeur releva la tête vers celui-ci, d'un air que très légèrement surpris. Il haussa les épaules alors que des pensées qu'il avait déjà eues lui revenaient en tête.
- J'suppose qu'on est les deux seuls à pas avoir un passé très clair sur ce bateau, du genre subtilement mis de côté, marmonna-t-il. J'te connais toujours pas plus.
Ils ne dirent plus rien, et s'assirent contre le bastingage dans un nouveau mutisme complet et presque boudeur, tous deux songeant que la nuit allait être longue.
Ou peut-être pas.
Car le lendemain, un capitaine affamé sortait de la chambre des garçons pour crier joyeusement sa faim, quand il tomba sur son escrimeur et son cuisinier profondément endormis sur le pont, adossés confortablement l'un contre l'autre.
- Hé ! sourit Luffy alors que Usopp sortait à son tour de la chambre. C'est marrant, leurs doubles dorment comme ça aussi en bas !
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…à suivre
J'aime pas ce chapitre, oooh que j'aime pas ce chapitre… Si stagnant, si maladroit, si… /se descend encore/ Mais il était tellement nécessaire à l'histoire /pleure/ J'espère que vous êtes pas trop déçus TT ça doit se sentir que j'ai eu du mal pour celui-ci…
Mais si ça peut aider à ma défense, le titre du prochain chapitre est tout choisi : Family Portrait.
Vous me détestez pas trop dites ? TT J'peux avoir de petites reviews quand même ? TT Ok je sors… p