Titre : Rien qu'un baiser, chapitre 30
Auteur : Mokoshna
Couple : ZoroXSanji
Fandom : One Piece
Rating : M
Thème : 30. Baiser
Disclaimer : One Piece appartient à Eiichiro Oda. Je ne fais que reprendre ses personnages pour leur faire faire n'importe quoi.

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Chapitre 30 : Baiser

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Regal Donovan était un pirate d'expérience qui avait vu bien des choses surprenantes dans sa vie. Les chutes de Maeinax, la route sinueuse qui va de Férios à l'île des Sextants, les animaux fabuleux qui peuplent le continent Tergalen, il pensait avoir tout croisé dans ses pérégrinations à travers le monde. Bien sûr, il savait que la Route de Tous les Périls avait encore bien des trésors à révéler à qui voulait naviguer en son sein, mais ce n'était plus vraiment son problème, maintenant qu'il était à la retraite. Que la nouvelle génération aille donc chercher fortune là où le vent de l'aventure la porterait ! En tant que pirate, il ne pouvait que leur souhaiter toute la chance possible, sans plus avoir à se soucier des histoires de rivalité qui en découlaient.

C'est pourquoi le jour où deux hommes à l'allure louche se présentèrent au seuil de sa maison pour demander à lui parler, il ne lui vint pas à l'idée de leur refuser une entrevue. Qu'ils soient des pirates ou de la Marine, Regal était bien assez grand pour se défendre ne cas de traîtrise. En outre, il était loin d'être seul. Son épouse bien-aimée l'accompagnait en toutes circonstances. Sania était la femme de sa vie, la mère de son enfant, la compagne de ses voyages. Sa Dame à lui. Qu'on ose donc l'attaquer en sa présence !

— Vous désirez boire quelque chose ? demanda-t-il en leur désignant les sièges en rotin de son salon. Justement, je viens de recevoir toute une caisse de rhum de l'île des Planteurs. Vous m'en direz des nouvelles !

Les nouveaux venus acceptèrent d'un hochement de tête. Sania alla chercher les bouteilles qui étaient bien soigneusement rangées dans le buffet, les yeux rivés sur leurs silhouettes tendues. Ils avaient tous deux le visage caché par les épais capuchons de leurs vestes. Celui qui semblait être le chef avait une manche qui pendait, vide. Un manchot. Ce n'était pas rare parmi les hommes de la mer. Un accident ou une blessure était si vite arrivé !

— Dites-moi tout, fit Regal en se demandant pourquoi l'autre homme lui paraissait si familier. Pourquoi avoir demandé à me voir ? Avez-vous besoin d'un sponsor, êtes-vous à la recherche d'un emploi ? L'hospitalité pélicane veut que je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour aider des invités, à la condition qu'ils l'aient mérité à mes yeux.

— Justement, fit le manchot en acceptant le verre que Sania lui tendait. Je souhaiterais votre aide dans une affaire délicate qui nous concerne, mon compagnon et moi.

— Nous y voilà.

— Seulement, nous n'aurions jamais pensé à venir vous voir si cela ne vous regardait pas aussi, Regal Donovan.

Regal fit un sourire goguenard. Ainsi donc, ces hommes le connaissaient. Ce n'était pas plus mal : cela voulait dire qu'ils ne tenteraient rien de stupide en face des anciens Roi et Reine de Pique. Ils devaient être de sacrés combattants pour venir les voir sans le soutien d'une armée, ou ils étaient simplement fous. Souvent, les deux n'étaient pas incompatibles.

— Vraiment ? C'est en rapport avec mon ancien « métier » ?

— On peut dire ça. Je crois savoir que vous connaissez un certain Zoro Roronoa. Je suis même certain qu'il se trouve dans votre maison en ce moment-même.

— En effet, fit Regal en mettant sa main sur le poignard qu'il portait en permanence sous ses vêtements.

Il vit Sania se déplacer pour se mettre hors de portée d'un coup éventuel, le corps tendu comme une flèche. L'homme devant eux hocha la tête... et baissa sa cagoule, révélant un visage aux traits connus quoique légèrement plus accentués que dans son souvenir. Regal sursauta. Sania aussi.

— Comme je l'ai dit, c'est une affaire complexe, fit Sandoval fils en lui adressant un sourire dénué de chaleur.

L'autre homme baissa aussi sa cagoule après que Sandoval lui eut jeté un regard. De mieux en mieux. Le visage basané de Zoro apparut sous leurs yeux. Regal était persuadé que son vieil ami était encore en train de roupiller bien tranquillement dans son lit après avoir fait la fête toute la nuit avec eux, alors qui était cet homme ?

— Qu'est-ce que ça veut dire ? grogna-t-il. Sandoval ? Zoro ?

— Oui et non, répondit son ancien collègue. Avez-vous le temps d'écouter notre histoire ? Elle est très longue. Cela peut vous paraître contrariant, mais il faut absolument que vous nous fassiez confiance.

— Je crois me souvenir que vous m'aviez dit à peu près la même chose il y a quelques années de cela, mon cher.

— En effet. Je m'en souviens très bien.

— Alors ? Encore un de vos tours temporels, je suppose ?

— Je croyais que nous avions fini avec cette histoire lors du démantèlement d'All Game, intervint Sania. Pourquoi revenir sur ce point ?

Le sosie de Zoro but d'un trait son verre. Regal ne savait pas quoi penser de cet homme, car si en apparence il était semblable au Zoro qu'il avait toujours connu, quelque chose en lui était différent. Il y avait comme une part d'ombre qui le troublait. Des relents de ce qui s'était passé à Esperanza, peut-être ? Sania devait aussi penser la même chose puisqu'elle alla se placer derrière lui par précaution.

— Dans peu de temps, vous recevrez la visite d'un autre Sandoval qui viendra vous proposer de reformer All Game, fit le Sandoval qui se trouvait devant lui. Nous sommes là pour empêcher cela.

— Pourquoi ?

— C'est évident, non ? À moins que vous ne vouliez reprendre votre place dans l'organisation ?

— Nous avons quitté cette voie lors du démantèlement d'All Game, dit sèchement Sania. Nous voulons juste vivre comme une famille ordinaire.

— Bonne réponse.

Les lèvres de Sandoval formèrent un rictus dédaigneux. Regal avait envie de lui casser la figure, mais il se retint en sentant le regard menaçant de Zoro. Le bretteur ne semblait pas avoir d'arme à portée de main, mais Regal était bien placé pour savoir qu'il n'en avait pas forcément besoin pour se battre. Sans parler du fait qu'il voulait avoir des réponses. Aux dernières nouvelles, Sandoval avait fini par sauver Zoro au prix d'un sacrifice douloureux et il s'était retiré de sa vie pirate pour devenir un civil. Sora, sa Dame, l'avait accompagné dans cette bonne résolution. Cela faisait des années que le couple Donovan n'avait plus entendu parler d'All Game, et très franchement, cela ne leur manquait pas du tout.

— Croyez-moi, nous aurions largement préféré vous laisser tranquilles, mais cela n'est pas possible, je le crains fort. Que vous le vouliez ou non, All Game est sur le point de se reformer, et il ne tient qu'à nous d'arrêter cela.

— Qu'est-ce qui me dit que vous dites la vérité ? fit Regal. Et d'abord, qui êtes-vous exactement ?

Sandoval soupira.

— Je suis Sandoval. Plus vieux, moins fou, mais Sandoval quand même. Et cet homme est Zero. Zoro. Peu importe. C'est toujours votre ami, mais en plus vieux aussi. Et il a des goûts vestimentaires encore pires qu'avant, hélas.

— Eh ! protesta Zoro. C'est pas moi qui m'ai programmé !

— Quoi ? s'écria Sania.

— Je me comprends.

Sania fit une grimace.

— Combien êtes-vous, exactement, à voyager comme ça à travers le temps ?

— À cette époque, je suis au moins trois. Sanji, Sandoval, et... moi.

— Quoi ?

— C'est... compliqué.

Cet homme, quel qu'il fût, lui fit un sourire un peu triste.

— Pour résumer, on va dire que je suis le Sanji qui a été Sandoval et qui en est mort.

— Pardon ?

Sandoval voulut dire quelque chose, mais alors Sania poussa un petit cri étouffé. Regal regarda en direction de la porte.

Un Zoro échevelé se tenait là, tout confus, et fixait les deux intrus avec une expression proche de la panique.

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Les conditions étaient idéales pour naviguer, ce qui fait que le Going Merry avait un bon rythme de croisière, selon Nami. Plus de vingt noeuds, c'était pas mal. Ils atteindraient bientôt une île habitable, et ainsi ils pourraient renouveler leurs provisions et se détendre. Ce n'était pas refus.

Malgré cette bonne nouvelle, Sanji passait ses journées à fumer cigarette après cigarette. Il n'en avait jamais consommé autant en une période si courte, mais il fallait dire qu'il avait des circonstances atténuantes. Ou pas. Après tout, ce que faisait Zoro de ses escapades ne le regardait pas. Qu'il aille donc faire cavalier seul si cela lui chantait, Sanji était bien là où il était, auprès de Luffy et des autres ! Non, il n'était pas amer. Non, Zoro ne lui manquait pas, absolument pas. Au contraire, il était bien mieux sans ce tire-au-flanc pervers qui le distrayait dans ses tâches ! Qu'on n'aille pas dire qu'il était un piètre coq après ça !

Sanji soupira. Plus ça allait, et plus son raisonnement ne tenait pas debout. En quoi le fait de fréquenter Zoro déterminait son niveau en tant que cuisinier ? Il faisait ce métier bien avant qu'il ne connaisse le bretteur. C'était sa fierté, sa vocation, le travail de toute une vie.

— Sanji, on mange bientôt ? fit la voix plaintive de Luffy. J'ai faim !

— Évidemment, t'as toujours faim ! hurla-t-il à l'intention de son capitaine. Attends l'heure du dîner !

Il lança une poêle sur sa tête en vue de le chasser, mais Luffy l'esquiva sans problème. Ce diable d'homme élastique et ses contorsions inhumaines ! Heureusement pour sa cuisine, Nami veillait au grain : elle attrapa Luffy par l'oreille et ni une ni deux, elle le traîna sur le pont en maugréant. Pipo et Chopper avaient les yeux rivés sur la nourriture étalée sur la table ; ils eurent droit à de copieuses menaces de la part de la navigatrice. Sanji la remercia d'un mouvement amoureux assaisonné de coeurs enthousiastes qui volaient partout, puis il se remit au travail. Le dîner n'allait pas se préparer tout seul, quand même.

Il découpa en fines lamelles un peu de poisson cru pour le sashimi qu'il avait prévu, mit une pointe de sel dans sa sauce pour la relever, vérifia que la soupe miso ne brûlait pas. Cela faisait plus d'un mois que Sanji avait la frénésie des plats à base de riz et de poisson, comme les aimait Zoro. Une manière comme une autre de compenser l'absence du bretteur, peut-être ? Sanji était le premier à admettre que c'était assez pathétique, même pour lui.

Pipo hurla soudain quelque chose qu'il n'entendit pas à cause du bruit de l'eau qu'il faisait couler pour laver un restant de vaisselle. Le plancher du Going Merry se mit à vibrer, signe que ses compagnons s'excitaient sur le pont. Sanji délaissa sa cuisine après avoir mis tout en ordre et alla voir, intrigué.

— C'est Zoro ! fit Chopper qui passa en coup de vent près de lui. Il est revenu !

Sanji sursauta. Ses mains tremblaient, mais il n'arrivait pas à bouger de sa position. La gorge sèche, il se força à lever un pied puis l'autre pour se rendre sur le pont, ce qui lui prit bien cinq bonnes minutes. Il eut tout le loisir d'entendre les cris de joie de ses amis qui sautaient sur Zoro ou le prenaient dans leurs bras.

— Zoro ! hurlait Luffy, fou de joie. Cool !

— Tu nous as sacrément manqué, fit Pipo.

— Bienvenue, dit Nami avec le sourire. Tu sais que l'équipage n'était plus le même sans toi ?

Zoro répondait avec moins d'enthousiasme, mais il était évident qu'il était heureux d'être de retour. Sanji resta en retrait, ne sachant que faire. Son coeur battait si fort ! Il aurait été normal qu'il aille se joindre aux autres pour accueillir leur compagnon, mais il ne pouvait se résoudre à bouger. Enfin, Zoro le vit et se dirigea vers lui à pas lents, tandis que les autres regardaient la scène non sans curiosité.

— Salut, fit Zoro d'une voix égale.

— Zoro. Tu nous fais enfin l'honneur de ta présence ?

Sanji se maudit mentalement. Son ton avait été plus sec que ce qu'il avait voulu. Néanmoins, Zoro ne parut pas s'en rendre compte et hocha la tête.

— Oui.

— Tu étais où, d'ailleurs ? demanda Chopper avec des étoiles dans les yeux.

Sacré Chopper. Toujours à montrer la moindre émotion sur son visage et dans ses gestes. Il avait beau essayer de paraître mature, cela ne marchait pas vraiment quand ses yeux étaient semblables à une constellation brillant dans la nuit. Sanji l'enviait un peu sur ce point. Il n'avait aucun mal à montrer sa face perverse à ces demoiselles, alors pourquoi ne pouvait-il pas en faire autant avec ce diable de bretteur ? Son coeur était sans cesse en conflit en présence de Zoro. C'était très désagréable, à la longue.

Zoro parut gêné, mais il finit par dire :

— J'étais chez un ancien ami qui avait besoin d'aide pour sauver son fils qu'un de ses ennemis avait enlevé, dit-il avec force pour que tout le monde l'entende. Ça a pris du temps, mais finalement toute la famille est réunie et je suis de retour.

— Un enlèvement ? s'écria Pipo. Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? On aurait pu vous aider !

— C'était une affaire personnelle, dit Zoro sans quitter Sanji des yeux. Je ne pouvais pas vous mêler à ça, et de toute façon Regal n'aurait pas été d'accord.

— Regal ? fit Nami.

— L'ami dont je vous ai parlé. C'est un pirate à la retraite sur l'île du Pélican.

— Ce fameux port de pêche pirate ? intervint Robin. J'ai lu énormément d'histoires à son sujet. Il paraît que la Marine n'ose pas s'y aventurer parce que toute l'île est pro-pirate.

— Pro-pirate ? fit Pipo. Ce n'est justement pas une raison pour qu'ils y aillent ?

— Non, parce qu'ils sont plutôt pacifiques et en plus, c'est un des meilleurs lieux de pêche du monde. En fait, l'endroit se rapproche un peu de ce que Sanji cherche en matière d'océan poissonneux.

Zoro se rapprocha brusquement de Sanji pour lui prendre la main, à la grande surprise de ce dernier. Sanji n'arrivait toujours pas à trouver sa langue.

— Je t'y emmènerai un jour, dit-il d'une voix qui tremblait étrangement. Il y a beaucoup de coins magnifiques. Et la bouffe est délicieuse. Il y a tout ce qu'il faut pour cuisiner.

— Pourquoi tu me dis ça, tête d'algue ? bégaya Sanji en rougissant violemment.

— Comme ça.

Sanji vit les sourires en coin que s'échangeaient leurs amis, et son embarras monta d'un cran. Il retira sa main.

— Ne repars plus comme ça sans rien dire, ok ? dit-il, sa frustration de tantôt oubliée en faveur de la gêne qui l'habitait à présent. Je... Chopper était super inquiet !

Et sans plus adresser un seul regard à Zoro, il alla se réfugier dans la cuisine, les joues en feu.

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« La Belle Sardine » était un bâtiment solide et rapide sous ses airs de bateau de croisière à vocation touristique. Sandoval admira le travail du bois, les voiles en toile de Tunisia qui claquaient fièrement au vent, la manière dont la coque glissait sur l'eau sans émettre le moindre son superflu. Regal n'avait pas exagéré en disant qu'il avait fait appel aux meilleurs constructeurs pour que son navire soit le meilleur.

— Elle est belle, n'est-ce pas ? fit pompeusement Hans, le navigateur. La plus douce et la plus fringante demoiselle du port !

Il bomba le torse pour se rajouter de la contenance. Sandoval rit en voyant cet homme maigre gonfler ses muscles comme s'il était un athlète, ses longs cheveux bruns attachés en catogan flottant derrière lui. Malgré ses faux airs de frimeur, Hans était un navigateur fiable. Il était au service de Regal depuis bientôt quinze ans et n'en regrettait pas une seule journée. Pour sa part, Sandoval le connaissait surtout en tant que Neuf de Pique.

— Magnifique, fit-il avec un regard approbateur. Vous avez fait une bonne affaire.

— Le constructeur de ce bébé est mon cousin. Il est nouveau dans le métier avec moins de trois ans d'expérience en tant que pro, mais il a de l'avenir. J'ai entendu dire que Barbe-Blanche lui-même lui a demandé de réparer son navire. Pas mal, hein ?

Pas de doute, Hans était le roi de l''esbroufe, ou du moins il se plaisait à le faire croire. Il adorait raconter des histoires sur des personnes qu'il connaissait : un tel de ses amis d'enfance était un fameux corsaire qui avait mis à bas la Marine un nombre incalculable de fois, un autre faisait de la contrebande de femmes nobles, un autre encore était si gros qu'il avait fait sombrer une île rien qu'en restant dessus. C'était sans fin. Il aurait été en parfaits termes avec Pipo.

— Encore à vouloir épater la galerie, hein Hans ? dit Regal en arrivant près d'eux.

Sandoval lui fit un clin d'oeil.

— Hans me disait justement que « La Belle Sardine » était quasiment l'égale du navire de Barbe-Blanche.

— Ah ouais ? Quel honneur !

Regal partit d'un rire gai, vite suivi par ses matelots les plus proches. Une chose était sûre, on n'était pas triste dans l'équipage de ce capitaine-là. Sandoval chercha Zero des yeux et le trouva en compagnie de Balton, ancien Valet de Pique de son état. Les deux hommes étaient partis dans une discussion animée qui mentionnait sans doute un bon nombre d'armes blanches, au vu de la façon dont ils jouaient des mains pour décrire la longueur des lames. Ou alors ils comparaient la longueur de leur instrument d'amour. On n'était pas toujours sûr avec ces bougres de pirates à l'esprit tordu. Il esquissa un sourire affectueux.

— Il est bien arrivé, tu crois ? demanda-t-il à Regal sans quitter Zero des yeux.

— Ça... tu sens le moindre changement ?

— Pas vraiment. J'ai bien un peu mal au ventre, mais je crois que c'est plus dû aux talents médiocres de ton maître coq qu'à un quelconque paradoxe temporel.

— Qui vivra verra, fit Regal en haussant les épaules.

Sandoval hocha la tête.

— Il faut que je me réhabitue à être Sandoval, dit-il doucement. Alors que je m'étais résigné à ne plus être que Sanji.

— C'est pas plus mal, non ? Le monde n'a sans doute pas besoin de deux Sanji.

— Ni de deux ou trois Sandoval. Tu as raison, bien sûr.

Hans se mit à siffloter un air connu que les autres marins reprirent en choeur tout en travaillant. Sandoval huma l'air à la recherche du moindre changement, qu'il soit physique ou astral. Il n'y eut rien de tel : la mer était toujours aussi calme, le vent clément et le ciel bleu. La ligne temporelle avait déjà dû être affectée. Pourtant, Sandoval ne se sentait pas moins réel que d'ordinaire. Combien cela prenait-il de temps au temps pour agir sur lui-même ?

— Fichu décalage, grommela-t-il entre les dents. Il faut vraiment que je me décide à rester à une époque une bonne fois pour toutes.

Mais pour l'instant, il n'avait pas encore ce luxe. Le travail était loin d'être fini.

— Il faut penser à y aller, dit-il à Regal. Plus tôt on serra sur l'île de la Tortue, plus vite cette histoire se terminera. J'espère.

Regal donna ses instructions d'une voix forte rodée par des années de pratique. Bientôt, « La Belle Sardine » fila sur l'eau, toutes voiles dehors.

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Zero regarda avec mépris deux pirates miteux se battre pour une prostituée vérolée qui avait bien trois fois son âge. Les critères de qualité étaient décidément bien bas sur l'île de la Tortue. Il regrettait déjà d'avoir débarqué avec Sandoval.

— Qu'est-ce vous voulez, dit le barman en remarquant son regard, les plus belles sont pour Tortuga. Vous restez longtemps au port ?

— Un jour ou deux, le temps de régler une affaire.

Il but d'un trait son verre de rhum, qui était largement coupé d'eau. Sans l'ordre de Sandoval de rester discret, il aurait fait une scène au patron. Autour de lui, les hommes criaient et faisaient des paris pour savoir qui des deux imbéciles gagnerait. Zero n'avait eu besoin que d'un coup d'oeil pour comprendre que le plus petit, celui qui n'avait pas encore tous ses sens imbibés d'alcool, serait le vainqueur.

— Vous savez où je peux trouver des sabres de qualité dans le coin ? demanda-t-il sans trop y croire.

— On a quelqu' forgerons et des armuriers, pour sûr. C'est quoi qu'vous appelez qualité ?

— Quelque chose comme des sabres mythiques, ou au moins des armes qui se casseront pas au moindre choc violent.

— Faut voir. Kenton est pas mal, mais il fait payer cher. Trop cher selon certains, mais hé, les affaires ce sont les affaires, pas vrai ?

Il fit un sourire édenté des plus déplaisants. Zero retint une grimace de dégoût. Quelle idée il avait eue d'accepter d'attendre Sandoval dans ce bouge ! Il avait à présent des envies de meurtre, entre la clientèle grossière et mesquine, les filles de joie vulgaires et le service pitoyable de l'établissement. Une femme aux seins proéminents de vache à lait lui faisait de l'oeil depuis une demi-heure en exhibant à tout-va son décolleté. Zero avait envie de vomir rien qu'en la regardant se trémousser.

— Fichue mission , grogna-t-il entre les dents. Qu'est-ce qu'il fait, Sandoval ?

Si ce play-boy était parti jouer les jolis coeurs, il l'étriperait, à mains nues s'il le fallait.

— Une autre, dit-il en montrant son verre vide que le barman se fit une joie de remplir.

Deux jours. C'était bien peu pour organiser une mission de sauvetage sur cette île infestée d'hommes à la solde de Tortuga. Zero n'avait rien contre le fait de sauver Layla, Ken et Oeil-de-Bois des griffes de ce sale type, mais cela était tellement une mauvaise idée sur bien des points qu'il ne savait pas par où commencer.

Sandoval et lui n'étaient pas sûr d'exister même deux jours de plus (s'il avait bien compris tout ce que lui avait raconté l'autre homme). Zero n'avait pas de sabre, juste un cimeterre que lui avait prêté Regal pour l'occasion. Sandoval n'était pas au mieux de sa forme. Les personnes à sauver ne coopéreraient peut-être pas. Après tout, ils avaient fait connaissance sous d'autres circonstances, et il était à présent difficile pour Sandoval dont les traits avaient vieilli de se présenter sous l'identité de Leon King, le jeune acteur.

Tant de choses qui pouvaient mal tourner. Si seulement Sandoval avait accepté que Zero l'accompagne dans sa promenade, mais non, il fallait que le bretteur reste dans ce bar miteux pour servir d'intermédiaire. Quoi que cela veuille dire.

— Tu me payes un verre, beau gosse ? fit une voix sirupeuse de femme.

Zero se tourna en direction de la nouvelle venue avec l'intention de l'envoyer paître, mais s'arrêta en voyant le visage souriant de Sora se moquer de lui.

— Sora ?

Il se mit immédiatement sur ses gardes en se souvenant qu'elle était toujours à la solde d'All Game. La jeune fille s'assit à côté de lui et commanda un verre de brandy. Elle n'avait pas changé par rapport à ses souvenirs : menue, jolie, l'air innocent. Une tenue simple d'adolescente. Son sourire même était empli de candeur. Que faisait-elle là ?

— J'ai reçu un message de Sandoval, dit-elle sur un ton plus sérieux, et me voilà. Vous êtes Zero, c'est ça ?

Zero essaya de se souvenir de ce qu'elle savait, mais son esprit restait bloqué. Et d'abord, était-ce son Sandoval ou celui qu'il ne fallait pas qui l'avait contactée ?

— Oui, fit-il prudemment.

— Sandoval m'a dit que vous étiez mercenaire. Drôle d'idée, mais bon, qui suis-je pour discuter les ordres de mon Roi ?

Réfléchir... Ils avaient une semaine d'avance par rapport à leur première arrivée sur l'île. Où était tout le monde à cette époque ?

Zoro était censé être encore sur l'île du Pélican, mais il était à présent de retour au sein de l'équipage du Going Merry avec pour consigne d'éviter soigneusement l'île de la Tortue et ses environs, ainsi que tous les membres connus d'All Game. Sandoval avait eu une assez longue discussion avec lui, cela devait donc aller. Le Sanji qui n'avait encore rien fait était avec Zoro et les autres. Le Sandoval de cette époque récupérait des conséquences de son enfermement dans le Monde de l'Autre Côté. D'ici quelques mois, il mettrait la main sur Zoro qui serait capturé par les Coeurs, mais comme cela avait été évité, il n'y aurait donc pas de Zero. Ou quelque chose dans le genre. C'était difficile de se dire qu'on n'existait pas alors qu'on était soi-même mis devant les faits.

Sora était quant à elle avec son oncle, cet espèce d'amiral de la Marine au nom de fleur. D'après ce que lui avait dit Sandoval, cet homme était celui qui avait vaincu feu Sandoval père des années auparavant. Il devait être un combattant exceptionnel. Quand on voyait ce que donnait la nièce...

— Vous vous trouviez près d'ici ? demanda Zero en essayant de cacher sa nervosité.

— Nous sommes dans la zone de patrouille de mon oncle, dit-elle. Je suppose que Sandoval vous a parlé de lui ?

— Oui.

— Bien. Où est-il ? Il m'a dit de chercher l'homme à la plus forte aura de combat dans ce bar, mais je pensais qu'il plaisantait en parlant de lui-même. Heureusement qu'il avait pensé à vous mentionner...

— Je l'ignore. Il m'a dit d'attendre là. Je ne savais même pas quoi jusqu'à ce que vous apparaissiez.

Sora éclata de rire.

— Je respecte mon Roi, mais ses façons de faire sont toujours trop énigmatiques pour moi. Je ne dois pas avoir les neurones qu'il faut pour le suivre.

— M'en parlez pas, dit Zero avec une grimace. Toujours à comploter. J'obéis aux ordres, mais j'aimerais bien comprendre ce que je fais et pourquoi de temps en temps.

Ce qui ne l'empêcha pas de sourire avec tendresse en pensant à son amant. Peu importe le temps qui leur restait : une fois leur mission terminée, Zero comptait bien profiter au maximum de leur toute nouvelle liberté, si possible dans une chambre confortable à l'abri du monde. Sora lui jeta un drôle de regard.

— Vous n'avez pas peur de lui ?

Zero allait ouvrir la bouche pour répondre, mais le sourire ravi de Sora l'en dissuada. Un bras puissant qui entoura son cou et le toucher froid de lèvres sur sa joue l'avertirent de l'arrivée de Sandoval. Il n'avait pas du tout senti sa présence. Les yeux de Sora reflétaient sa confusion.

— Sandoval ?

Zero remarqua qu'il n'était pas seul. Layla le suivait de près. Elle était telle que dans ses souvenirs : une tenue sexy, un bandeau noir sur les yeux, l'air régalien d'une princesse en visite officielle. Sandoval se mit à lécher la joue de Zero avec ferveur, et les yeux de Sora prirent la taille soucoupes.

— Je vois que tu as trouvé mon nouveau jouet, Sora chérie, dit Sandoval d'une voix suave. Voici Layla. Elle va nous aider à délivrer Trois de Pique et à obtenir l'Enfant-Chance que détient Tortuga.

Zero frémit légèrement en sentant le regard haineux que lui lançait Sora, mais elle ne dit rien et se contenta d'acquiescer en serrant les poings. Layla avait l'air très mal à l'aise. Sandoval leur montra une table un peu à l'écart de l'agitation, tout au fond de la salle. Trois hommes l'occupaient déjà mais il ne fut pas bien difficile de les chasser. Ils prirent peur à la vue de l'expression meurtrière qui se lisait sur les traits de Sora, expression qui ne s'améliora pas quand Sandoval décida de s'installer sur les genoux de Zero plutôt que sur une chaise.

— Donc ton plan, Sandoval ? dit-il précipitamment une fois qu'ils furent sûrs que personne ne les espionnait.

— Comme je l'ai dit, susurra Sandoval, Layla va nous aider. Elle va mettre un somnifère dans la nourriture des gens du palais de Tortuga, et nous pourrons nous faufiler tranquillement pour cueillir nos invités. C'est aussi simple que cela.

— Et l'Enfant-Chance ? grogna Sora. Il nous suivra ?

— C'est mon fils, dit Layla.

Sora fut assez surprise pour quitter Zero des yeux.

— Depuis quand les Enfants-Chance ont-ils des parents ?

— Je l'ai adopté quand il était bébé, clarifia Layla, mais c'est comme s'il était mon fils.

— Et vous êtes ?

— Layla. Seulement Layla.

— C'est une Méduse, dit Sandoval.

Les yeux de Sora pétillèrent.

— Sans blague ? J'ai toujours rêvé d'en croiser une ! Il paraît qu'elles ont les plus belles voix qui existent avec les Sirènes !

— Et Sora est une Arethé, ajouta Sandoval, l'air de rien.

Cette fois, ce fut au tour de Layla de réagir.

— Je croyais que cette race avait disparu avec la dernière guerre des Roses, souffla-t-elle, visiblement impressionnée.

— Non, dit Sora. Il y a eu quelques-uns d'entre nous qui avons été épargnés grâce aux efforts du chasseur de primes Zell D. Tense. Mon oncle et moi faisons partie des survivants.

Les deux femmes s'échangèrent un sourire timide. La tête coincée contre la nuque de Zero, Sandoval riait doucement.

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Le ciel était constellé d'une myriade d'étoiles brillantes, si jolies que Ken aurait voulu les attraper pour les planter dans son jardin. Il savait pertinemment qu'il ne suffisait pas d'étendre le bras pour cela, mais cela ne l'empêchait pas de rêver, n'est-ce pas ? Il était un Enfant-Chance. Il en avait le droit, et quelquefois ses rêves devenaient réalité. Encore fallait-il qu'il y croie assez fort.

Une brise fraîche soufflait dans son jardin, lui donnant la chair de poule. Les plantes qui le composaient luisaient doucement autour de lui ; ce soir, étrangement, la lumière était plus faible que d'habitude. Son arbuste préféré, une petite fille à peine plus haute que sa taille, semblait particulièrement morose. Ken adorait ce jardin et ses habitants qui étaient quasiment ses seuls amis sur l'île à part Layla. Tous les soirs, il venait leur rendre visite, leur jouait de la musique, il allait même jusqu'à leur parler quelquefois. Les plantes ne lui avaient jamais répondu, mais il continuait quand même. Qui sait si en essayant de toutes ses forces, il n'arriverait pas à les faire vivre ?

— Ken ? fit la voix de sa mère bien-aimée, Layla.

Ken se précipita vers elle, ravi. Une étreinte chaleureuse l'accueillit, un baiser tendre, le parfum d'une femme qu'il aimait par-dessus tout. Il la serra fort.

— Layla, tu es revenue ! Où étais-tu, aujourd'hui ? Je me suis inquiété !

— Pardonne-moi, mon chéri, j'avais à faire. Je suis là.

Un groupe d'odeurs nouvelles attira son attention. Trois personnes que Ken ne connaissait pas se trouvait dans l'ombre ; l'une d'elle soutenait du bras un Oeil-de-Bois énormément affaibli.

— Layla ?

— Ce sont des amis, le rassura Layla. Ils sont venus nous aider à nous enfuir d'ici.

— Quoi ? Mais...

— Il faut faire vite, intervint une jeune fille brune qui avait l'air à peine plus âgée que Ken. Layla a endormi une bonne partie des gardes et nous nous sommes occupés de ce qu'il y avait sur notre chemin, mais je doute que Tortuga nous laisse partir aussi facilement en apprenant que son porte-chance est parti.

Ken devait la fixer de manière impolie, puisqu'elle se planta droit devant lui et fit :

— Quoi ? J'ai un truc sur le visage ou quoi ?

L'Enfant-Chance sursauta et se mit à rougir violemment.

— Je suis désolé... c'est juste que vous avez la même odeur que mon jardin...

— Pardon ?

— C'est donc bien une Arethé, chuchota Layla.

— Une quoi ?

— Une créature semblable à celles qui composent ton jardin.

La jeune fille brune parut choquée. Ken ne comprenait rien.

— Tu connaissais leur nom ? Pourquoi ne pas me l'avoir dit ?

Layla eut l'air contrariée.

— Parce que si je t'avais raconté leur histoire, tu aurais voulu les aider... Mais c'est impossible. Je doute que même Sora puisse faire quelque chose pour elles. Pas après ce que je leur ai fait.

— Que voulez-vous dire, Layla ?

Layla se mordit la lèvre, et Ken comprit en un instant. Ces créatures végétales, quelles qu'elles fussent, avaient dû croiser par erreur les yeux de sa mère. Mais pourquoi des plantes ? Les victimes du regard pétrifiant d'une Méduse se changeaient en pierre, normalement.

Alors qu'il se posait la question, le trois hommes qui étaient restés en retrait jusque-là firent un pas en avant.

— Plus tard, les discussions, fit un homme blond dont les traits étaient vaguement familier. Il faut partir avant que la Marine arrive.

Layla acquiesça d'un hochement de tête, et avant que Ken puisse protester, elle l'entraînait déjà avec elle vers la sortie du palais. Les autres les suivaient de près. Quelques gardes tentèrent bien de les arrêter, mais ils furent mis hors d'état de nuire avant même de pouvoir révéler la présence d'intrus. La jeune fille à l'odeur d'Arethé fit le plus gros du travail, ce qui intrigua Ken. Si cette frêle jeune fille pouvait assommer des hommes au moins trois fois plus gros qu'elle d'un simple coup de poing, de quoi étaient capables les autres, ceux qui avaient l'air plus costaud ? L'homme qui portait Oeil-de-Bois devait être très fort, cela se voyait du premier coup d'oeil, mais l'autre ? Il se dégageait de lui une force étrange qui lui faisait un peu peur. Il n'osa pas demander.

— Pourquoi on fuit comme ça, d'abord ? grogna le porteur en s'adressant au manchot. On est bien capable de les ratatiner tous à nous trois !

— La ferme, dit l'homme blond. Je ne veux pas avoir d'avis de recherche, c'est tout.

Son interlocuteur fit une grimace horrifiée.

— Ça serait... bizarre, ouais.

Ken soupira. Il avait l'impression que la nuit serait bien longue.

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Zero s'étira les muscles en poussant un râle satisfait. Il venait de déposer Oeil-de-Bois dans le lit de camp de Sora. La petite embarcation qu'elle avait utilisé pour venir incognito sur l'île de la Tortue n'était pas très spacieuse, mais elle suffisait amplement à accueillir sept personnes pas trop regardantes en matière de confort. La jeune fille lui avait dit que le voyage jusqu'à l'île où se trouvait son oncle prendrait moins d'une semaine, selon que les vents leur soient favorables ou pas. Zero n'en doutait pas, avec l'Enfant-Chance qui les accompagnait.

— Ils vont bien, dit-il à Sandoval qui attendait sur le pont. Sora s'occupe des blessures d'Oeil-de-Bois, elle m'a dit qu'il devrait être sur pied d'ici qu'on arrive. C'est un gars solide.

— Et Layla et Ken ?

— Avec le convalescent. Layla était en train de raconter les événements de la nuit à Ken quand je les ai quittés.

— Bien.

Sandoval ne s'était pas retourné une seule fois pour le regarder dans les yeux. Au lieu de cela, il fixait l'horizon, le bras accoudé sur la rambarde. Zero alla se mettre à côté de lui pour l'imiter.

— Nous sommes encore en vie, chuchota Sandoval au bout d'un long moment.

— Et... c'est pas normal ?

— Je l'ignore. Je doute qu'il y ait un précédent.

— Pourquoi pas ?

— Parce que techniquement, ceux qui ont modifié leur passé de telle sorte qu'ils ne puissent plus exister sont... enfin, ils ne sont plus.

— Oh.

— Et pourtant, nous sommes encore en vie, nous existons. J'espère seulement que ce n'est pas parce que je me suis trompé dans mes calculs.

— Tu n'es pas parfait, même pour ça.

— Je le sais bien.

La voix de Sandoval était tendue. Zero s'approcha d'un peu plus près et mit sa main sur la sienne.

— Et après ? On fait quoi ? Ils font quoi, eux ?

— On ne pas faire grand-chose d'autre. Je parlerai à Sora pour qu'elle abandonne toute idée de rejoindre All Game, mais cela ne devrait pas poser trop de problème. Elle était revenue dans l'organisation surtout à cause de moi, à la base. Maintenant qu'elle a Layla et Ken, elle se calmera.

Zero sourit.

— Espèce d'entremetteur, va.

— Il le faut bien. Ces deux-là sont faites l'une pour l'autre. Elles méritent d'être heureuses.

— Où vont-elles aller ? Avec l'oncle de Sora, là ?

— Tournesol ? Ce serait une solution, mais il ne peut veiller sur elles quand il est en voyage. Et je vois mal Ken et Layla faire partie de la Marine, sans parler d'Oeil-de-Bois qui est un ancien pirate. Non, ce qu'il leur faut, c'est un lieu de résidence tranquille, éloigné de tout conflit.

— Tu penses à un endroit en particulier ?

Sandoval fit un petit sourire en coin. À cette vue, le coeur de Zero fit un bond dans sa poitrine.

— J'ai fait en sorte que ce bateau se dirige vers une île tout ce qu'il y a de sympathique, dit Sandoval avec un clin d'oeil. Elle est encore déserte pour l'instant, mais avec un peu de travail on devrait en faire un havre de paix dédié à la musique.

— L'île du Carillon ?

— Elle-même. J'en ai parlé à Regal avant de venir, en fait. Il doit nous y rejoindre avec son équipage, et s'il aime l'endroit, il se peut qu'il s'y installe avec sa famille.

— Et l'île du Pélican ?

— Il m'a dit qu'il voulait un changement de décor. Je me suis dit que cette île était aussi bien qu'une autre.

Zero éclata de rire.

— T'as pensé à tout, dis donc ! Mais tu n'as pas peur qu'on voie Leon King ?

— J'espère éviter cela, soupira son amant. Je l'avais oublié, celui-là.

— Quoi, ta partie artiste ? Ce serait dommage.

— Ça...

Une brise souleva les cheveux de Sandoval. Il les écarta d'un geste et regarda sa main, ouvrant et refermant les doigts d'un air pensif.

— Nous sommes encore là, répéta-t-il, émerveillé. Nous sommes en vie.

— Un coup de chance, peut-être ? Je commence à croire que les pouvoirs de ce gamin sont bien réels.

Sandoval ne répondit pas.

— Et nous ? Qu'est-ce qu'on fait ? On reste avec eux sur l'île du Carillon ?

— Ce ne serait pas raisonnable. Notre seule présence risque de les mettre en danger, d'une manière ou d'une autre.

— Tu voulais partir ?

— Une fois qu'ils seront hors de danger, oui, je l'ai envisagé.

— Pour aller où ?

Sandoval lui fit un sourire un peu triste.

— Le monde est vaste, dit-il. Il y a encore beaucoup de trésors à découvrir, beaucoup d'endroits à visiter que nous ne connaissons pas. Shanks le savait sans doute quand il est venu me voir, dans le Monde de l'Autre Côté. J'ai encore beaucoup de question à lui poser, d'ailleurs. Tu ne crois pas ?

Zero hocha la tête, la gorge nouée.

— Ce serait un bon début de le chercher, poursuivit Sandoval. Et voir aussi ce que sont devenus nos amis, Luffy et les autres. Qui sait, nous aurons peut-être quelques bonnes surprises ?

Il agrippa la main de son amant, et le coeur de Zero devint léger, léger... Il n'osait plus regarder l'autre homme, tellement il était troublé. Cela ne semblait pas déranger Sandoval qui continua de parler d'une voix sereine.

— J'ai été assez bête pour me convaincre que je pourrais posséder ce monde. Maintenant, je veux juste voir tout ce que je peux y découvrir, tant que je suis encore en vie. Avec toi, Zero.

Et il se pencha vers lui pour lui donner un baiser.

FIN

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Enfin, « Rien qu'un baiser » est terminé ! J'avais commencé le premier chapitre il y a un peu plus d'un an, et les trente chapitres qui l'ont composé furent un challenge sur bien des points. Certaines questions restent sans réponse, mais ma foi, ce n'est pas plus mal. Faites-vous des films. Essayez de combler vous-même les trous, et si vous n'y arrivez pas, eh bien ! Dites-vous que ce monde est trop grand pour ça (ou que je ne suis pas douée, mais ça ma foi c'est un autre problème).

En tout cas, merci à tous d'avoir suivi cette histoire tarabiscotée depuis le début !